De l'aide ?? [PV Eléonore]

Eléonore s'était préparée toute la matinée à rencontrer le soi-disant "Grand Sykes". Pff, même pas peur.. Quoique? Elle qui avait longtemps hésité à lui envoyer une lettre, voila qu'elle se vantait de n'avoir aucune craintes? Non.. Elle avait quand même cette petite boule dans le ventre qui ne s'était pas estompée depuis qu'elle avait reçu la réponse du directeur. Réponse très hautaine d'ailleurs. Comme s'il l'avait mise au défi de venir le voir. Comme si cela semblait irréel de vouloir rencontrer des gens pour des raisons tout à fait plausibles! Ou alors...ou alors, il n'avait pas cru un traître mot de ce qu'elle avait raconté et voulait la jauger au face à face? Ca ne l'aurait pas inquiétée s'il s'agissait d'une quelconque personne, mais malheureusement, elle avait besoin de lui et de ce que l'école pouvait lui apporter. Elle n'avait donc qu'une seule chance, et elle devait faire "bonne" impression dès le début. Mais c'est la toute la difficulté du jeu. Quelle était l'attitude à adopter? Sykes pouvait ne faire qu'une bouchée d'elle si elle restait dans la plus noble des politesses. Il pouvait aussi se sentir outré de la voir adopter un air de défi et de sarcasmes. Ou se trouvait la limite pour un individu pareil?

Elle eut beau se triturer la tête en ce début de journée, elle savait qu'elle aurait la réponse quand elle verrait le blanc de ses yeux. Aussi, elle fit en sorte de laisser ces détails de côté. Après tout, elle n'était pas encore face à lui. Elle n'avait aucune raison de s'inquiéter pour l'instant. Sauf si le regard inquisiteur de Mathias continuait de se poser sur elle.

"-Arrête donc de me regarder de la sorte! Je sais ce que je fais!" dit-elle en farfouillant parmi ses nombreuses fioles.
"-Non justement! Ce gars est timbré! Je comprends même pas ce qui te pousses à vouloir y aller!" répondit-il, les sourcils froncés.
"-C'est une occasion en or de faire connaitre mes talents!" s'enquit-elle, non sans lui tourner le dos.
"-Ouais, c'est ça... A d'autres! N'essaie pas de me faire gober une conner*e pareille! Tu aurais voulu être "connue", tu ne serais jamais venue t'enterrer dans ce coin paumé!" rétorqua t-il

+1. Comment faire gober un mensonge gros comme un terrain de quidditch à quelqu'un qui vous connait depuis Poudlard? Il n'avait pas son pareil pour lui faire admettre ses vérités. Enfin, il ne connaissait toujours pas son pouvoir, même si avait déja essayé de trop nombreuses fois. Elle ne lui répondit pas, préférant la compagnie de ses étagères remplies de substances plus ou moins illicites et dangereuses. Tout comme son prochain rendez-vous. Dangereux et presque illicite, aux yeux de son ami. Un silence pesa, pendant de nombreuses minutes. Elle cherchait quelque chose de bien précis et n'allait pas prendre la peine de lui répondre tant qu'elle n'avait pas trouvé ce qu'elle voulait. Sa boutique était comme son esprit. Embrouillé, brumeux, avec trop peu de repères pour être organisé.

"-Eléo.. dis moi ce qui se passe"

L'instant d'après, elle extirpa triomphante une minuscule fiole, remplit d'un liquide aussi limpide que l'eau. Elle avait mit tellement de temps à faire cette potion qu'elle ne comprit pas comment le flacon avait pu atterrir au beau milieu d'un parfait foutoir. Elle revint, un sourire aux lèvres, oubliant presque Mathias par la même occasion. Déposant la fiole sur son bureau, elle se retourna pour voir que les yeux du jeune homme faisaient des allers-retour sur la potion puis sur elle. Avec ce regard qui ne pouvait dire qu'une seule chose:

"-Sérieusement, tu penses réellement t'en servir contre lui? C'est pas parce qu'il est timbré, qu'il est forcément c*n.."
"-Hé, t'as bientôt fini, oui? Laisse moi faire ce que je veux!"
"-Je t'en empêches pas.. Je te mets en garde!"
"-Et tu reviens, tel le messie, pour prêcher la bonne parole, c'est ça? Arrête un peu avec cette attitude dédaigneuse! T'es sur la route 11 mois sur 12. Et quand tu as la condescendance de revenir, c'est seulement pour faire le fier et mépriser tout ce que j'entreprends!"

Et zuuuut! Voila c'était sorti. Pourquoi, mais pourquoi avait-il fallut qu'elle fasse dans le sarcasme? Il allait être blessé. Elle le savait. Elle releva les yeux sur lui, pour le voir détourner la tête. Silence plombant. Très plombant. Trop même. Elle soupira, esquissa un mouvement, mais se ravisa. Elle n'allait pas dire qu'elle était désolée... Elle avait dit la vérité. Elle aurait pu prendre des gants pour la lui dire, mais... la pression de sa rencontre avec Sykes la mettait dans une bulle d'angoisse. Elle n'avait pas besoin qu'on la sous estime en plus de ça.

"-J'ai une façon bien à moi d'utiliser le véritaserum, ne t'inquiètes pas pour ça." expliqua t-elle, faisant fi de son dernier propos.

Oh, ça oui! Sa sublimation de l'arrêt sur image était sa spécialité après tout. Il fallait être un oeil plus qu'averti pour comprendre la manigance. Mathias n'avait pas bougé, gardant les yeux rivés au sol. Son attitude d'oiseau blessé dans son ego aurait pu faire rire, mais de le voir aussi peiné, elle n'eut qu'une envie: le prendre dans ses bras pour le consoler. Mais, elle aussi avait sa fierté. Alors elle n'en fit rien.
D'ailleurs, il était temps pour elle de partir. Le trajet était long, puisqu'elle devait prendre le ferry. Aussi, elle prit ses clés, sa baguette, se vêtit de sa plus belle cape de sorcier, et n'oublia surtout pas le petit flacon, qu'elle dissimula dans une petite poche intérieure. Celle çi tinta car une autre fiole s'y trouvait déjà. C'était celle qui contenant sa potion à elle, au cas où... Elle regarda ensuite sa tenue. Elle portait une jolie robe, classe et bien coupée, couleur ébène. Pas besoin de se barioler de couleurs devant un homme qui avait la réputation d'être froid, orgueilleux, et sans pitié. Enfin, c'était sa réputation, en plus d'être bizarre. Elle se ferait sa propre opinion de toute façon.

"-J'y vais. N'oublies pas de fermer à clé si tu pars" dit-elle, une main sur la poignée. Mathias leva les yeux vers elle, détaillant par la même occasion sa tenue, avec l'impression de dire "tu vas vraiment y aller comme çà?". Mais, il se ravisa, pas besoin d'en rajouter une louche. Il prit sur lui pour la regarder droit dans les yeux, esquissa un sourire timide et lui dit:

"-Fais attention" Avant d'ajouter, dans sa barbe "je tiens à toi.."

Avec un grand sourire, elle lui répondit un "T'inquiètes! Je suis une grande fille!" , puis passa la porte.

***
Arrivée devant le ferry, elle avait rencontré un sous-fifre de Sykes apparement. Avery Junior, un truc du genre. Un énergumène qui s'occupe d'un ferry, c'est qu'il a pas peur l'autre cinglé. Enfin... Elle voulait "profiter" du peu de temps qu'il lui restait pour se calmer, mais le capitaine de bord ne semblait pas comprendre le mot silence. D'ailleurs, elle pu aisément écouter sa conversation avec le directeur. Elle n'avait pas vraiment aimé qu'on l'appelle nana, mais sa concentration avait été ailleurs. Sur la voix de Sykes plus précisement. Une voix posée, mais impatiente sur la fin. Ca risquait d'être intéressant en terme de faux-semblant. Qui allait être le plus focu des deux? (xD) Un jeu, voila ce que ça allait être. Ca tombait bien, elle aimait jouer.

Arrivant enfin sur la terre ferme, sur cette fameuse île, elle suivit une petite elfe de maison. Elle n'eut aucun regard, ni remerciement pour l'autre pot de colle du ferry. Il lui fallut ensuite plus d'une vingtaine de minutes pour atteindre ce qui ressemblait à un manoir. L'elfe s'enquit durant tout le trajet de savoir si elle se sentait bien, et après de nombreuses fois à lui répondre "Oui, pas de problème" sans succès pour la faire taire, elle dut se manifester un peu plus fortement. Ca avait marché, ça oui! Mais elle s'était retrouvé avec une elfe tremblotante, n'osant plus lui dire mot, où bégayant à chacune des explications qu'elle devait donner. "Le bu...bureau...de...de..Maî...Maître Sykes....est...est.. par ...là...." Génial. Super le voyage. Levant les yeux au ciel, elle soupira. C'était désépérant. Elle se demanda presque si tout cela n'était pas une blague. Une énorme blague.

L'elfe s'approcha alors de deux grandes portes en bois, et en ouvrit un battant, avant d'annoncer à son interlocuteur:

"M... Maître Sykes... l... la vi... visiteuse. M... Mademoiselle E... Eléonore R... Rodd".

Ca y est. Elle était enfin devant son but premier. Le jeu allait pouvoir commencer, elle s'avança près de la porte.

"Bien, lâcha-t-il d'un ton vain, maintenant laisse-nous".

L'elfe fila alors entre ses jambes, manquant de tomber, et courut sans demander son reste. Eléonore prit une grande bouffée d'air, et rentra dans l'arène. Elle vit Sykes assit derrière son bureau, avec une telle prestance qu'il était difficile de faire mieux. Il semblait serein, détendu, mais il était chez lui après tout. D'ailleurs, pourquoi aurait-il eu peur d'elle? Elle n'était qu'un simple artisan du monde sorcier. Elle s'approcha d'une démarche affirmée, pas de peur, pas d'angoisse, tout était resté derrière la porte.

"Miss Rodd. Bienvenue chez moi"

"-Monsieur Sykes", dit-elle, en claquant les syllabes," heureuse que vous ayez accepté ma demande"

Elle le regarda comme il la regardait. Droit dans les yeux, il croyait être le maître de la situation? Il allait être déçu, elle n'était pas du genre à flancher. Et surtout pas quand on a un atout dans son sac. Un sérieux atout même.

"-Comme je le disais dans ma lettre, je tiens une boutique de potions à Aberdaron. Elle se situe dans une petite ruelle isolée, elle est plutôt bien... dissimulée."

Tout comme son pouvoir, lui aussi était discret, mais puissant. Ou comment faire du sous-entendu bien cacheté.. Un petit sourire malin se dessina sur ses lèvres. Puis, elle ajouta:

"-J'aimerais d'ailleurs discuter tout de suite des modalités d'un arrangement, si arrangement il y a. Je suis très douée en potions, je peux faire beaucoup de choses, plus ou moins licites..."

Il fallait tourner autour du pot, attendre le bon moment pour révéler ses capacités. Ses vraies capacités diront nous. Le jeu pouvait dès à présent commençer.

Après son petit discours, Eléonore s'était attendue à tout sauf à recevoir ce genre de réaction. Il avait littéralement éclaté de rire, ce qui eut le pouvoir de faire taire la jeune femme. Il avait tapé dans ses mains et avait ajouté presque d'un air goguenard :

"Congrâââtz, Miss Rodd ! Des substances douteuses entre les mains des enfants, quelle idée... splendide !".

A cette remarque, elle voulu lever sa main pour le stopper dans son élan, mais n'en eut pas la force. En disant ça, elle ne pensait pas vraiment à alimenter les élèves, mais plutôt les professeurs et autres personnes touchant de près ou de loin à l'école. Elle pensait qu'il aurait au moins compris ces sous-entendus. Ce n'était pas le cas apparament. Juste apparement. Car cet air rigolard qu'il affichait depuis la fin de son temps de parole ne lui semblait pas honnête. Etait-ce ce genre de masque qu'il prenait d'habitude avec toutes les personnes qu'il croisait? Elle n'en était pas vraiment sûre. Cela ressemblait plus à "je prends la chose à la rigolade et je l'enfonce dans ses propos à tel point qu'elle ne pourra pas s'en relever". Haha, drôle drôle...

Mais soudain, il lui prit l'envie de se lever et elle l'observa se poster devant elle, les mains sur les hanches. Cela lui rapppela furtivement les profs mécontents de Poudlard, qui pour paraître plus impressionnants utilisaient souvent ce genre d'attitude supérieure. C'est bien, il savait copier les modèles. Il ajouta d'un sourire carnaire son point de vue sur la chose. Elle le laissa faire. Pas qu'elle ne savait pas quoi lui répondre, mais plutôt qu'elle n'avait pas envie de débattre sur ce genre de discours d'inquisiteur, totalement inutile pour faire avancer le schmilblick.

Non, cela ne l'intéressait pas. En revanche, ce regard plutôt subtil qui la dévisageait de la tête aux pieds était marrant, comme pour trouver "le" truc qui clochait chez elle. Elle haussa un sourcil, gardant les yeux clos à toute intrusion perçante du regard. Elle n'allait pas se débiner devant ça. C'était d'ailleurs plutôt diablement divertissant de voir le directeur dans un tel état d'incompréhension. Elle savait qu'il avait saisi un truc chez elle. C'est bien, au moins il n'était pas aussi empoté que ça. Ceci dit, il ne semblait toujours pas trouver quoi. C'est sur ça qu'elle allait pouvoir le leurrer.

"Si votre boutique peut m'aider en fournissant à mes élèves les ingrédients nécessaires à l'élaboration de potions intéressantes alors oui, nous ferons affaire, c'est certain. Autrement..."

"... je me verrai dans l'obligation d'écourter rapidement cet entretien".

Et elle eut droit au regard de glace de la mort qui tue. Un peu flippant, il faut l'avouer. Et toujours plus sagace. C'est qu'il relachait pas la pression le bougre! Elle savait son secret caché bien au chaud. Ce n'était pas un ex-auror qui allait lui faire cracher le morceau nom de nom ! Bon, d'accord, un ex-auror était surement très dangereux. C'est qu'elle n'a pas peur la tiote. Il est vrai qu'en raisonnant un peu plus sur sa présence içi, on pourrait croire à une quelconque mission suicide. Elle était allé droit dans la gueule du loup. Mais justement, n'était-ce pas pour vérifier que ses capacités fonctionnaient toujours? Et puis, prendre des risques était bien plus palpitant que sa vie tranquille dans une boutique en constant désordre. Il était temps pour elle de prendre les choses en main. De se trouver devant de véritables adversaires. Devant ceux qui savent qu'il y a un truc en plus. Devant le genre de personnage qu'était Sykes en fin de compte.

Elle n'avait pas cillé d'un pouce, alors qu'il continuait son ennuyeux monologue de directeur effarouché. Il avait prit cet air sibyllin et un sourire à la mort-moilneux, du genre "je suis le plus fort, n'essaie même pas de lutter, tu es morte de toute façon, car tu es dans mon domaine". Elle gardait un air mort, c'est vrai, mais tout était en ébullition à l'intérieur. Se coucher était la meilleure solution, elle savait qu'elle gagnerait les prochaines manches.

"Car vos intentions sont, certes, tout à fait louables..."
Et gnagnagna, et gnagnagna, n'avait-il donc pas finit avec ses discours millimétrés à la lettre? C'était toujours la même chose avec les enseignants, ne jamais faire place à l'audace, toujours se conformer aux règles...

Elle ne fut pas déçue.

Déposant sa large paluche sur l'épaule droite de la jeune fille, comme pour vouloir tout contrôler jusque dans ses mouvements, elle releva la tête vers lui, pour l'entendre dire:

"Qu'avez-vous donc à me cacher qui soit si important à vos yeux, hmmmm ?"

Et ce sourire ignoble qui s'encastra dans son visage pour ajouter carnatiquement dans son oreille:

"Et ne vous débinez pas, Mademoiselle. Je sais tout.
Je suis légilimens..."

"Et je serais vous, je commençerais par tout m'avouer...".

Eléonore se glaça sur place en entendant ces mots. Sérieusement...? Depuis le début..? Mais, mais comment...? Pourtant ces regards désappointés, cette attitude, ces questionnements? Ce n'étaient que pur déguisement? Il savait donc tout? Elle eut comme un moment d'absence, et son coeur qui s'était mit à battre à la chamade. Elle ne controlait plus vraiment ses pensées, croyant que ses dires n'étaient que vérité...

Et soudain, elle refit surface. Comme quelqu'un qui venait d'être secouru, en évitant de justesse la noyade. Naïve ! Voila ce qu'elle était. Reprenant ses esprits, elle baissa les yeux, pour ne pas croiser ceux de Sykes qui auraient pu la bouffer. Non, il fallait qu'elle se ressaisisse. Faire preuve de logique et de confiance en soi.

Car, en exprimant ainsi ce pouvoir de légilimencie, il mettait donc en lumière le fait qu'il l'utilisait depuis le début? Tout dans son attitude aurait pu coincider en effet. La seule variable était l'interlocutrice face à lui. Toute personne aurait pu le croire sans problème, car la peur que Sykes infligeait était difficile à gérer pour une personne un temps soit peu normale.
Heureusement, elle n'était pas normale. Toute attaque contre elle, même mentale, faisait stopper le temps. Et ce, de façon aussi consciente, qu'inconsciente...

La conclusion était là, il n'était pas plus légilimens qu'elle pouvait être ministre de la magie. C'était d'un risible... Il avait l'air de ne pas avoir de remords à utiliser ce genre de mensonge. Mensonge plutôt convaincant qui plus est. Bien, il venait d'ouvrir la guerre. Il ne s'en remettrait pas...

Eléonore releva tout doucement son visage, laissant apparaître à son tour un sourire mystérieux et jubilant. Son attitude changea en quelques instants du tout au tout. Elle se redressa, inspira profondement. Elle était soulagée, ça oui! Et elle allait lui montrer à qui il s'adressait. Aussi, elle s'approcha à son tour de son oreille, et sur la pointe des pieds vint lui glisser:

"-Vous mentez très mal. C'est plutôt regrettable"

Et d'un geste, elle balaya la main que Sykes n'avait pas enlevé de son épaule. Elle le regarda de toute sa hauteur, avec le genre de regard dédaigneux que les nobles s'emploient souvent à utiliser devant les plus bas de la classe sociale.

"-Vous me décevez. Je m'attendais à plus venant du "grand Sykes" " ajouta t-elle, en mimant les guillemets.

"-Et vous avez un manque de perspicacité, c'est affolant. En même temps, entouré de tant d'empotés, comme l'autre blaireau du ferry, on ne peut pas aller loin. Je compatis."

Attaquer de front, l'ironie est le meilleur vecteur. Qui sait? Peut-être allait-il s'énerver, et alors là, les choses commenceraient vraiment..

"-Vous ne savez pas à qui vous avez à faire, Mr Sykes"

En effet, il n'était plus question de boutique de potions désormais, mais bien de sa personne. On entrait enfin dans le vif du sujet..

Sykes éclata de rire, un rire si cruellement jubilatoire qu'il en devint presque animal. Ce qu'elle venait de dire n'était pas si faux que ça et il était plaisant de la voir réagir autrement que par la surprise... Elle s'était rebiffée ! Cette jeune femme s'était rebiffée, bravant ses yeux aussi bien que ses sous-entendus, affirmant poings serrés qu'il n'avait rien d'un légilimens. Mais si Gibson avait été là plutôt que de faire le joli coeur avec sa copine là oui ils auraient eu droit à un vrai maître en la matière. Ainsi ne semblait-elle ne pas être convaincue par ses talents ? Ainsi était-elle venue là afin de voir ce que Taliesin et son directeur avait dans le ventre ? Pas mal... pour quelqu'un qui se cache tellement d'avoir une quelconque aura de puissance. Il l'avait senti dès son arrivée copmme celle qu'il pressent à chaque visite d'élèves potentiels : ce pouvoir qui émane de l'être et que seuls les personnes dotées de pouvoirs si spéciaux peuvent reconnaître. Ils formaient un tout et si cette gosse faisait partie de ce tout elle n'était sûrement pas là qu'afin de promulguer ses talents de droguistes.

Ayant fini de s'esclaffer comme un malade il lui fit à nouveau face, cassant son visage d'ange d'un sourire sinistrement désinvolte tandis qu'il ajoutait tout de go :

"C'est vrai que Sid est franchement crétin. Et c'est pas pour rien qu'il est sur mon ferry sinon, lâché dans la nature, il se serait déjà amusé à buter tout le monde et à manger les petits enfants...".

Il haussa les épaules complaisamment puis rentra les mains dans les poches de son pantalon, figure grossière et décadante d'un homme souriant toujours d'un bout d'une oreille à l'autre tandis qu'il la détaillait de la tête aux pieds. Hmm pas mal... même physiquement. Pas mal du tout d'ailleurs, vraiment... vraiment jolie... Mais c'était une adulte elle ne pourrait suivre les cours si elle désirait s'inscrire. Il lui faudrait un professeur particulier... encore fallait-il savoir de quelle pouvoir elle bénéficiait.

"Miss Rodd, je suis navré...".

Et il jeta un regard à ses immenses fenêtres... dont tous les volets claquèrent brusquement afin d'installer une pesante pénombre.

"... mais je ne crois pas que vous soyez seulement intéressée par vous établir ici".

Il fixa deux candélabres situés dans le fond de la pièce, tendit la main et alluma une par une les bougies -des traits de flammes projetés de ses doigts. La pièce s'éclaira d'une lueur tamisée, le feu dansant sur leur deux visages.

"Je pense même que c'est autre chose qui vous a attiré jusqu'à moi... hormis mon physique plus qu'avantageux !".

Il tourna la tête vers les grandes double portes d'où la jeune femme était entrée, claqua dans les doigts pour mieux verrouiller ces dernières tandis que les loquets s'exécutèrent sans effort aucun. Un autre sourire vint casser ce visage rond et bien trop concentré avant qu'il n'ajoute d'une voix toujours aussi calme et mesurée.

"Nous autres "élus" sentons ceux de notre espèce... je vous perçois tout comme vous devez me percevoir, cela va de soi.
Et méfiez-vous, miss Rodd, ici ils ne sont pas tous empotés !".

Son sourire se cassa brusquement, allumant une flamme farouche et sournoise tandis qu'il levait la main vers elle, expirant bien le dernier de ses trois pouvoirs, se laissant aller à ce qu'il provoquerait chez elle... une douleur lente et intense, insupportable. Il la fixa droit dans les yeux, mêlant son regard bleu ciel au sien, grimaçant sous l'effort aussi bien que cette colère rentrée qu'il s'efforçait de maîtriser depuis tout à l'heure. C'était à chaque fois un peu du "lui brut" qui sortait, se libérait, jaïssait pour mieux frapper.

"Certains sorts, Miss Rodd, sont interdits par notre Ministère. Seulement ils ne font pas encore état des êtres tels que nous !
Vous venez de voir les trois que je possède déjà : le flambios, l'impero et l'endoloris...".

Il se rapprocha d'elle, visage crispé.

"Et vous, Mademoiselle ? De quel pouvoir disposez-vous ?".

Juste avant de libérer son emprise et de la propulser quelques mètres plus loin afin de lui laisser le champ libre pour agir.
Sykes se prépara, il n'avait pas besoin de baguette, ni elle non plus... Un sourire en coin traversa son visage, ses yeux fauve s'allumant d'une lueur électrique tandis qu'il se praparait à recevoir ses coups. Quoiqu'il advienne le combat s'avérerait réjouissant.

[HJ : woouhhhoouuhhooouhh !! Here we go, here we goooo !!].

Sans déc' ? Que venait-il de se passer à l'instant ? Avait-il seulement rêvé ou avait-elle éteint les bougies et rouvert les volets ? Avait-il eu un moment d'absence soudain si bien qu'il ne l'avait pas remarqué faire ? Comment aurait-elle pu les bouger, sous son nez, prendre le temps sachant que ces maudits volets étaient lents et lourds à manoeuvrer, et tout ça sans qu'il n'y prenne garde ? Astucieuse cette façon de l'endormir... Mais alors ?! C'était ça son pouvoir ?! Et cette stase dans laquelle il s'était trouvé sans rien demander, comme s'il s'était endormi en plein milieu... Se pouvait-il ?...

Vraiment impressionnant cela dit et il n'en avait encore jamais vu de pareil. Cette gamine se débrouillait plutôt bien dans son genre...
Il soupira, visiblement contrarié, puis déposa deux doigts le long de sa plaie (qui, assurément, lui donnait un p'tit côté "Alexander Anderson" *SBAF!*) qui glissèrent lentement jusqu'à ce qu'il ne contemple le liquide poisseux et cramoisi dans le creux de sa main. Il gloussa. Allez savoir pourquoi mais l'hémoglobine lui avait toujours fait ce genre d'effet ! Quel dommage que l'adversaire en question ne soit pas allé jusqu'au bout de ses attentions histoire de voir, oui, d'admirer l'étendu exacte de ses capacités mais surtout, oui, surtout des ses attraits pour la violence, la sauvagerie... le meurtre.

Sykes, dans un geste désintéressé, nettoya sa main le long de son pantalon puis s'avança tranquillement vers elle, sans animosité aucune -et encore moins le regard de taré profond qui, disons-le nous très franchement, le caractérise si bien... Pour un peu et là aussi il ne comprenait pourquoi mais il se sentait d'humeur joviale ! Il commença à claquer des doigts, instaurant un rythme, l'air pénétré tandis que son corps se mettait en mouvement au gré d'une musique qui, cela va sans dire, devait se jouer uniquement dans sa tête car Merlin sait qu'un Sykes tel que lui n'est JAMAIS vraiment tout seul ! Oui, il peut faire venir tout un orchestre même si ça lui chante.

"Mademoiselle, chantonna-t-il sur un air... de son cru, c'est bien joli tout ça mais je sais même pas ce que vous fichez là ! Et, à vrai dire, je m'en fous ! Mais en tout cas, croyez-moi, prenez-en foi, vous... ne...

... m'impressionnez pas !".

Et une petite pichenette sur le nez histoire qu'elle sente le souffre qui se dégageait de ses doigts. Et na na naaaaaa !! Tout en regagnant son bureau sur le même déhanché...

"Contrôle du sommeil, c'est bien cela ? Lança-t-il par-dessus son épaule en un large sourire, ou alors du temps ? Je ne vous suis pas vraiment très bien, faut avouer que vous êtes assez obscure n'est-il pas ? Hmm ?".

Et de prendre une posture bien droite, torse gonflé, d'une voix de baryton :

"Maaaiiiss gaggeeezz biiieennn que je trouuuuuveeeraaaaiii !!!
Dussé-je pour cela me saigner aux quatre veines, Miss Rodd !!

Miss Rodd, s'arrêta-t-il soudain, ça me dit quelque chose ça... 'fin bref...

Miss Rodd qui, soyons sérieux deux minutes, a tout d'une véritable entrepreneuse, une déesse passée maîtresse dans l'art de manipuler les autres aussi bien que le monde qui nous entoure, pas vrai ?

Mais... -et il se rapprocha d'elle- qui... -encore un pas- ne sait... -un autre- pas... -et encore un- jusqu'où... -one more time- JE SUIS ALLE !!!".

Jusqu'à se pendre à son cou, le visage tout proche du sien avant de l'entrainer dans une petite balade le long de son large bureau.

"Ca c'est clair, fit-il sur un ton innocent, qu'elle n'est certainement pas passée elle-même par une salle gavée de Détraqueurs, que les Mangemorts ça lui dit rien, qu'une certaine "Bataille du Ministère" elle l'a lu dans les journaux et qu'elle n'a jamais dû croiser ne serait-ce qu'un petit bout de robe de sorcier du très célèbre Voldemort !

Mais moi, ma chérie, ma belle, mon coeur J'AI vu tout ça !
Et t'oses encore prétendre pouvoir m'applatir comme une CREPE ?!QWATSCH !".

Il se saisit de ses mains et l'attira jusqu'à lui :

"Si tu veux, gamine, entrer dans ma danse, dans mon monde, dans mon école, va falloir t'accrocher... Tu as le potentiel, crois-le bien, mais t'es bien encore qu'au stade de grande g*eule ! Pour mon enseignement, faut vendre son âme au diable !!
Mais toi, t'es pas le genre à rester sur les sentiers battus, hein ? Pour venir te confronter à moi, faut avoir des tripes n'est-ce pas ?...

Que recherches-tu, Rodd ? Murmura-t-il en déposant sa main ensanglantée contre sa joue, le pouvoir, la jouissance, la puissance, l'Eternité ? Qu'on puisse te tuer, certes, mais que jamais on ne tue ton nom ? Tu veux tout ça, n'est-ce pas ? C'est ce qu'ils veulent TOUS ici, SANS EXCEPTION !!".

"Et c'est pourquoi ils viennent à moi !".

Il s'éloigna progressivement tout en lui faisant face, claquant deux fois dans ses mains toujours un peu plus fort, toujours sur ce même rythme comme s'il battait la mesure...

"Tu sais ce que je me dis parfois afin d'être plus clément, hmm ?

Je donnerai tout pour avoir un coeur, chantonna-t-il -faux en plus, si j'étais roi j'abandonnerais bien mon royaume...
Les trésors, les couronnes ne vaudraient plus rien...
Si seulement j'avais un coeur, si... seulement j'avais... son... COEUR !!".

Et finissant de claquer trois bonnes fois dans ses mains juste avant qu'un dôme de verre ne sorte de terre, englobant la demoiselle dans un rayon d'un mètre, se refermant en son sommet. De tout côté, plus vraiment de moyen de sortir pour la demoiselle tandis que le directeur lui faisait face, un sourire étrange tracé sur son visage déluré. Il grimaça, haussa les épaules...

"C'est dingue ces systèmes à la c*n, ça marche jamais du premier coup, regarde ! *il frappa à nouveau deux ou trois fois dans ses mains* Mouais, faut deux heures avant que ça fonctionne ! A croire qu'il m'entendait pas, hein ? Hahahaha !
... faut que je revois ça avec mes nains. Soit !".

Il fit mine de tendre l'oreille.

"Pardon ? Je... je t'entends pas, ma belle ? Quoi ?! Raaahh pas moyen !
Le crystal non seulement ça assourdit mais, en plus, ça anihile les sorts... dommage pas vrai ?
Remarque t'aurais fait quoi de plus ? Me trancher l'autre joue ?".

Sykes resta un petit instant à l'observer juste histoire de se dire qu'il avait fait le bon choix... Et puis quoi encore ? Qu'attendait-elle ? Le battre ?! Et sur son propre terrain en plus ! Ah d'ailleurs...

"T'as jamais entendu dire que l'équipe qui recevait chez elle sortait généralement vainqueur ?".

Oui il se devait de le lui certifier quand même...
Et reprenant alors une pose tout à fait stricte, sérieuse, droite, digne, enfin toute professorale somme toute, il plongea son regard bleu acier dans le sien, pernicieux au possible, décadant, puant, Sykesiesque... avant d'ajouter :

"Quand l'envie te sera passée de me mettre la pâté je te libérerai. En attendant, Miss, et étant donné que je ne connais pas tes réelles motivations je préfère encore te tenir "à l'écart".
De quoi te donner à réfléchir, non ?".

Et il prit une chaise, l'installant précisément devant sa captive et s'asseyant de tout son poids avant de croiser les jambes satisfait et fier de lui.

"Alors... et si on parlait ?

J'espère pour toi que tu connais le langage des signes ou que tu as de quoi m'écrire un petit mot".

[c'est pas très très palpitant du coup ^^' par contre, c'est plutôt long xD ça t'apprendra à m'enfermer, non mais x) ]

...Et la cage de verre se referma sur elle. Prise au piège, voila ce qu'elle était. Ah! Elle ne l'avait vraiment pas vu venir celle là! Elle avait été trop horrifiée par la capacité de Sykes à chanter si faux, qu'elle avait oublié de regarder autour d'elle. D'observer ce genre de détail. De comprendre pourquoi il avait été si engageant à la faire circuler dans toute la pièce. Que cela lui serve de leçon : ne plus suivre Sykes n'importe où. Et regarder où elle mettait les pieds aussi..

*Il veut parler, il peut toujours se brosser, tiens!*

Sa première réaction fut la colère. Normal quoi. Elle venait de se faire avoir comme un vulgaire oiseau à qui on tend du pain, elle n'allait pas prendre ça juste à la rigolade. Non, Sykes voulait la mettre hors d'elle? Fuu! Il avait réussi le bougre! Heureusement qu'ils étaient séparés d'un foutu dôme, sinon elle lui aurait sauté dessus il y a bien longtemps! Fulminant de colère, elle fit le tour (rapide le tour xD) de la cage, cherchant d'abord une issue, un quelconque point d'ancrage... mais rien. Pas une lézarde, rien qui puisse lui permettre de prime abord de briser le cristal qui la maintenait prisonnière. Prise au dépourvu, à l'énervement qui prenait le dessus, elle explosa, tapant comme une forcenée sur le matériau. Des pieds, des mains, elle se croyait assez forte pour tenter une ouverture, mais c'était peine perdue. Elle avait juste réussie à bousiller ses chaussures et à faire saigner ses poings. Elle stoppa alors la folie furieuse qui avait bien dû divertir Sykes, pour analyser la situation.
Elle avait affaire à du cristal. Elle l'avait partiellement entendue quand il avait claironné sa victoire, et pire, il annihilait les sorts.
En même temps, qu'aurait-elle pu faire avec sa baguette? Elle avait tellement peu écouté au temps de Poudlard, qu'elle n'aurait même plus été foutue de trouver un sort permettant de briser le cristal sans se blesser par le même coup. Et puis, même si elle les savaient, au fond... elle ne s'en souvenait plus du tout. Ou alors que partiellement, mais dans ce cas là, ils étaient bien cachés.

Elle resta hagarde devant sa prison de verre pendant quelques minutes. Comment pouvait-elle sortir de là? Elle glissa sa main le long de la paroi, tout en cherchant une idée. Elle eut soudain le souvenir de son père, encore lui. Il était moldu, chose qui avait toujours poussé Eléonore à rester loin de lui. Pas qu'elle ne l'aimait pas, mais elle trouvait toute la "culture" moldu inintéressante à souhait. Et pourtant... Ah! Si seulement elle l'avait écouté, ne serait qu'un tout petit peu! Car il était passionné de toutes ces choses "scientifiques": l'électricité, la chimie, la physique. La physique, voila, c'est ça qui aurait pu la sauver en ce moment.. Mais se souvenir de la façon exacte de lutter contre du verre lui semblait bien lointain.
Il lui avait montré qu'on pouvait briser un matériau que l'on pense solide, avec un son. Car les objets faits de cristaux, comme le verre, le cristal, tout ça ont des "longueurs d'ondes" bien spécifiques, et qu'il suffisait de trouver la bonne fréquence pour briser l'objet. Oui, sur le papier ça parait simple. Mais comment faire, sans équipement? Privé de repaire ou d'espace? Même si la voix de Sykes aurait pu faire l'affaire, elle avait comme un gros doute sur l'envie de l'entendre chanter aussi faux et fort que tout à l'heure (mouahaha).
Réfléchissant toujours à cette idée, elle se souvint du bruit strident du couteau sur l'assiette. Elle fouilla alors dans sa poche pour ressortir le fameux canif, et déplia la lame. Celle çi était couverte du sang de Sykes, bwah. Elle voulut l'essuyer sur le dos de sa main, mais celui-çi avait séché. Double bwah. Elle laissa de côté l'idée repoussante de devoir se mettre à la nettoyer, et se mit ce pourquoi elle était là.

Appuyant la pointe du couteau sur la paroi, elle se mit à la balader dans tous les sens pour obtenir le son le plus cinglant possible. Elle devait avoir l'air d'une tarée à vouloir découper ainsi le verre, mais elle n'était pas là pour se soucier de son public. D'un public qui prenait un malin plaisir à la détailler. *C'est ça, continue ton petit jeu, tu verras quand je serais dehors, tu feras moins le malin...* se mit-elle à penser, osant un regard aussi furtif qu'inexpressif.
Misant sur sa volonté de réussir, il était fort à penser qu'elle allait y arriver (et puis, on est dans un rp, tout peut arriver...), mais en s'aventurant dans le souvenir des probabilités, elle avait en fait...une chance sur zéro de parvenir à ses fins.

Sérieusement... Obtenir une fréquence parfaite et stridente pour briser un dôme verre, vous croyez vraiment qu'elle avait une once de chance d'y arriver? Evidemment que non... C'était histoire de se dire, j'ai tout essayé, même le plus stupide des moyens. On pouvait au moins dire qu'elle allait au bout des choses. Se savoir sans issue était un fait, mais garder la hargne n'était pas à la portée de tous.
A blablater toute seule dans sa tête, elle tournait en rond. Elle referma soigneusement la lame et la rangea de nouveau dans sa poche. Elle ne savait pas quoi faire d'autre.

Alors, elle releva la tête. Sykes la regardait toujours. En même temps, il ne l'avait pas mise là pour partir ensuite faire des emplettes. Soit il voulait voir comment elle réagirait en situation difficile - car son don était des plus inutiles, elle l'avait su dès l'instant où le dôme s'était refermé - ; soit il ne savait plus quoi faire contre elle. Dur de diriger quelqu'un qui pouvait vous filer sous les yeux sans possibilité de le retenir. C'était une situation des plus étranges, mais en même temps, cela prouvait que le don de Sykes était aussi faillible que le sien.
Alors, elle se mit à l'observer elle aussi. Plus de colère, plus d'acharnement à vouloir sortir, elle était d'un calme olympien. Les mains dans les poches, debout, le regard, non pas vide, mais silencieux et sans aucune inimitié. Juste de l'observation. C'était d'ailleurs un de ses talents premier.

Et après tout, elle aussi était protégée derrière ce cristal. Il ne pouvait pas non plus l'atteindre. Certes, sa pièce à elle était minuscule, mais suffisante en vérité. Elle n'avait jamais eu besoin de beaucoup d'espace dans sa vie. Sa propre boutique était minuscule. Il le fallait, elle aurait perdu beaucoup de choses à vouloir tout en grand. Et à y faire le parallèle, sa mémoire aussi était minuscule. C'était celle d'un moineau. Et voila qu'elle était en cage. Drôle de corrélation, tout de même.

Eléonore se mit alors à détailler le directeur de Taliesin. Son regard se posa directement sur la balafre qu'elle venait de lui infliger. Au moins une chose dont elle pouvait être fière: réussir à blesser Sykes, on devrait lui donner une médaille pour ça, tiens! Du sang en coulait encore, la blessure était plus profonde que ça en avait l'air. Bah, il l'avait mérité de toute façon.
Elle continua son cheminement, observa ses yeux, d'un bleu glacial. Elle n'aurait pu dire à quoi il pensait véritablement, mais il semblait vouloir posséder tout ce mettait en travers de son chemin. Il avait le pouvoir pour ça, mais semblait à ce moment même presque remit en total questionnement. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Il pouvait très bien lui faire croire ce qu'il voulait. Mais, c'est ce qui semblait transparaitre, ne serait-ce qu'avec son comportement, son assise, sa tenue impeccable. Le seul bémol qui gâchait la couverture de mode? Le sang qui lui coulait sur la joue. Oui, elle avait été l'élément perturbateur de sa surpuissance. Celle qui pouvait le battre à ce moment même. Sinon, pourquoi était-elle emprisonnée?

Elle l'observa un moment comme ça, comme pour vouloir dire *je suis bien où je suis moi*. Elle esquissa même un petit sourire. Pas le sourire de victoire, mais celui qui disait *peu importe*. D'ailleurs, comme pour prouver qu'elle n'était pas mal à l'aise ou en total flip de rester coincée, elle s'approcha le plus possible de la paroi de verre, et fit de la buée, pour pouvoir marquer de ses doigts et à l'envers (cad dans le sens de lecture de Sykes): BUBBLE.
Bulle. Elle était dans sa bulle. Ce n'est pas en voulant l'enfermer qu'elle allait perdre l'envie de vivre, ou de je ne sais quoi. Bien au contraire, au moins une fois dans sa vie, elle était protégée de toute attaque extérieure. Elle eut un soupir, et, comme pour appuyer ses dires, elle haussa les épaules, se débarassa des ses chaussures qui commençaient à lui donner des ampoules, et elle se laissa glisser à terre, le dos collé au verre.

Là, elle pouvait laisser son esprit vagabonder comme bon lui semblait. Pas besoin de rester en constante concentration pour faire marcher son réflexe, elle était au repos.
Elle fixa longtemps le dôme de verre, le regard vague, qui ne s'accroche à rien. Elle continua ainsi son cheminement de pensée, et elle se souvint d'une chose que Sykes avait dite. Il disait qu'il n'avait plus de coeur, ou quelque chose comme ça? Qu'il en voulait un?

Alors c'était ça? Lui aussi avait perdu quelque chose dans la grande danse des Dons? Même si la remarque aurait pu être anodine, elle n'était pas forcément fausse. S'il avait essuyé autant de choses dans sa vie, il pouvait aussi avoir perdu beaucoup d'autres choses. Pas en terme de quantité, mais bien de qualité. Voldemort, mangemorts, ...détraqueurs... Brr, voila une chose où elle était sûre de ne jamais avoir à faire, parce que pour le coup, elle pouvait s'en protéger.

Son fil de pensée n'était jamais clairement défini. Les idées défilaient dans sa tête, mais elles ne se stoppaient jamais, et ne pouvait donc en dégager de véritables conclusions.

Elle tourna alors la tête vers Sykes. Le temps commençait à se faire long, mais cela ne gênait pas la jeune femme. S'il voulait savoir qui craquerait en premier des deux, il pouvait toujours courir! D'ailleurs, lequel des deux avait la maîtrise du Temps, hmm? Oui, hein... Elle savait l'apprivoiser, elle, même quand elle devait attendre...

Tic, tac, tic, tac, tic, tac... c'était marrant, tripant, bandant, le temps passait à une VITESSE !!

Tic, tac, tic, tac, tic, tac... aurait-elle seulement la patience de lui résister encore longtemps, elle, pauvre ère, seule dans son dôme de crystal, emprisonnée dans un mutisme forcé ? Tandis que lui l'observait depuis "l'extérieur" -monstrueux, terrifiant sous son sourire démesurément élargi et la plaie béante de sa joue qui lui faisait une autre bouche.

Tic, tac, tic, tac, tic, tac... bientôt ses faibles petits poings achéveraient de bêtement marteler cette surface délibérément incassable et elle s'attaquerait à autre chose sur laquelle se venger. Lui, par exemple ? Oh ! Le doux regard qu'elle lui tendait, pleine d'une haine absolument orgasmique. Pour un peu il serait tombé dans le piège des pulsions. Mais pas cette fois, ha ha haaaa, pas ceeetttee foooiiiss !!

Tic, tac, tic... mais... n'était-ce pas exactement le bruit pathétique de cette tentative puéril pour briser le crystal ? Son petit couteau de fortune, son échappatoire transformé en radeau du Poulpe (oui Sykes et la culture moldue c'est... pas ça) qu'elle tenait dans sa main et qu'elle faisait glisser dans l'espoir que QUOI ?! QU'ELLE... S'ECHAPPE ?!! BBBBVVWWAAAHAHAHAHAAA !!! Fou-taises...

Non vraiment, il n'en perdait pas une miette.

Le salaud...

"Me manquerait plus qu'un verre de Pina Coloda et que deux ou trois cacahuettes, nan ?".

Il ricana -bêtement, faut-il préciser ?-, faisant gigoter ses larges épaules de gorilles -à noter que la chemise qu'il portait menaçait de craquer à chaque sursaut de rire étant donné qu'il avait un peu grossi ces derniers temps et que du coup elle avait "rapetissé"... dixit Apophis- et laissant se découvrir des crocs luisants de bêtes fauves. Un véritable dogue en train de se poiler ! Il prit place sur le recoin de son bureau, les mains entre les genoux et se mit ainsi à la fixer longuement.

Toujours ce sourire abruti. Toujours ces yeux d'ange dépravé. Toujours cette étincelle inquiétante lovée dans sa pupille bleue roi. Toujours ces traits diaboliquement crispés d'un plaisir que seul Apophis Sykes pouvait bien cerner -sinon bien connaître.
Il balança doucement ses pieds en cadence, les observant avec grande attention, comme une enfant qui va au square et qui s'en fait toute une fête. Qui à ce moment précis pouvait murmurer à son oreille ? Où était-il seulement et comme il le prétendait "réellement" le seul maître de son esprit ?

*"Alors... qu'est-ce que je fais ? Je la relâche, je la laisse partir, j'm'excuse ?... Elle m'oubliera, non ? Ou alors pas du tout et je me ramasserai la plus grande râclée de ma vie...".

*Toussottements* "Hmm, Apophis ?".

"... moui ?".

"Peut-être serait-il intelligent voire pertinent d'en rester là, sais-tu ? Tu n'es pas encore allé au-delà de l'illégalité ni même de l'immoralité. M'est avis qu'il serait plus sain et sans nul doute meilleur pour vous deux que vous vous quittiez en bons termes".

"Hhmm... tu penses ?".

"Ce n'est pas une pensée, c'est une certitude".

"Ohh l'écoute pas, grand ! Quoi ?! Tu vas t'laisser impressionner par tout ce débitage de conn*ries à la pelle, hein ?".

"De quoi ?...".

"Attends, vieux ! Ca s'voit trop qu'cette nana elle est là pour t'entourlouper ! Enfin quoi, tu le sens pas ? T'laisses pas faire, ma caille, c'est pas bon pour toi ! Nan, pas bon pour ta pomme DU TOUT !".

"Tu le crois ?".

"Si j'te l'dis, vieux. Puis m*rde, que j'sois bouffé tout cru mais... elle est diablement bonne !".

"Est-ce là façon de parler d'une dame ?".

"Ohh toi la Sagesse, ta g*eule !".

"Je m'exprime si je veux ! Nous sommes encore en démocratie et...".

"Ouais, ouais, ouais ta g*eule ! Ta démocratie t'peut t'la foutre ou j'pense. Hey Apo', la nana elle..."*.

"FERMEZ-LA !!!!!", hurla-t-il... puis regagnant son calme, se tassant sur son bureau.

*"Je vous écoute...".

"Sérieusement, elle est canon...".

"C'est ridicule... Laisse-la partir".

"Je suis paumé là... réellement".

"Bah voila, tu l'embrouilles !".

"Ce n'est pas moi mais toi qui t'interposes à sa raison !".

"J'ai peur, moi... Si jamais... si... si jamais elle se retourne contre moi je... je fais quoi ? Elle... elle va me bousiller ma réputation et je n'aurais plus qu'à retourner en prison, fermer Taliesin et mourir !!!".

"Oh toi, la frousse, boucle-la !!".

"Mais qui est-ce ?".

"C'est la voix "fillette" d'Apophis, son côté tantouze".

"Ahh".

"Bon, c'est pas bientôt fini ? Je n'ai toujours pas décidé, je vous rappelle...".

"Apophis, mon cher, tâche de garder en tête que...".

"TUUEERRRR, EVEEENNTRREERRR, DEVAASSTTEERRR !!".

"Ohh naan, pas elle...".

"MEEEUURRTTREEE !!!!".

"Et si, hélas...".

"Muuahahahahaaa...".

"J'en ai marre... à la regarder comme ça elle va se demander ce que je lui veux à force...".

"Non, NON APOPHIS !! NE LA REGARDE PAS, IL EN VA DE TON RENOM, DE TA CELEBRITE, DE TON HONNEUR !! PITIIIEE !!".

"Aie donc confiance en toi, mon jeune ami ! N'est victoire trop prompte à qui saurait l'atteindre ! Prends patience !".

"Mais... ça veut rien dire ça".

"C'est la conscience moralisante de notre hôte. Ca marche pas fort en ce moment pour elle...".

"J'vois ça...".

"FOUTEZ-MOI LA PAIX !!! JE DEVIENS FOU !!! JE VAIS FINIR PAR HURLER EN VRAI !!!".

"NON, NE HURLE PAS !! IL EN VA DE TA REPUTATION, TON HONNEUR ET...".

"SAAANNGGGG !!! DETRUIRE !!!! BROYER !!!! DECOUPER !! LACEEEREEERRR !!*.

Et Sykes souffla un grand et dernier coup, laissant s'échapper par cette brise toutes les tensiosn et interrogations que son être pouvaient contenir. Il ferma les yeux, cherchant à se détendre et quittant ainsi le regard de la demoiselle -ce qui, en soi, n'était pas un mal puisqu'il craignait qu'en étant trop insistant il n'y en aille de sa réputation, de son honneur, de son renom etc... et qu'il doive fermer Taliesin et mourir après ! Soit.
Un peu fatigué par tout ce remue-ménage, et n'ayant d'ailleurs pas encore pris de réelle décision, il préféra garder le silence et ainsqi demeurer plus serein... jusqu'à ce qu'une pensée étrange lui traverse l'esprit -voix qui s'élève toujours un peu plus haut celle-là.

Il la suivit et afficha progressivement un sourire d'une jovialité détonnante sur son visage de gamin blond aux yeux bleus, véritable petit chérubin... aux yeux troublants et dérangeants tandis que s'immiscait en son esprit des pensées sombres et sans doute loin d'être très catholiques. Ses traits déclinèrent et se fondirent en une moue plus prédatrice sur un sourire de loup dévoreur de petits enfants. Pour un peu qu'elle fut une biche, il l'aurait becter !
Nul besoin de détailler plus ce qui pouvait se trouver dans sa tête de maniaque ; son humeur, son expression parlait en son nom. Ses yeux crystallin parcoururent la silhouette de la jeune femme, s'arrêtant sur les courbes avantageuses de son corps, s'attardant sur les parties qu'il préférait dans toute l'anatomie féminine : celle qu'il aurait, en d'autres circonstances, mangé de plaisir... Il décroisa les jambes, poussa sur ses mains et alla la rejoindre afin de mieux l'inspecter sous toutes les coutures.

*C'est vrai, l'autre m'a pas menti... elle est... pas mal*.

Et de lui tourner autour, notant dans sa tête ce qu'il y avait d'intéressant chez Eléonore et ce qu'il laisserait sans doute, cherchant les morceaux qu'il adorait par-dessus tout : courbe des reins, fessiers, nuque fuyante sur une poitrine parfaite. Bref, pas mal du tout même...
Il se planta devant elle et au même instant il se sentit pénétré par toute autre chose que ce qui captait son attention à l'instant. Il décocha un bref regard à son bureau et en revint à elle, gloussant, s'efforçant d'étouffer ce ricanement peu... pudique. Il leva les mains en signe d'impuissance, mine faussement navrée... juste avant que son doigt ne gratte la croûte que le sang séche avait faite et qu'il ne laisse s'écouler assez d'hémoglobine pour le satisfaire.
Et tout comme elle lui fit signifier qu'elle était bien chez lui, dans sa "bulle" il lui fit comprendre encore autre chose, en lettre de sang, sur le crystal translucide :

"BYE-BYE".

Juste avant qu'il ne se retourne brusquement vers son bureau, qu'il ne projette sa main en direction d'un chandelier qui bascula sur le côté... et fit se dérober le sol sous les pieds de la demoiselle.
Il l'observa disparaître dans le néant d'un grand tuyau noir, droit oui droit vers les géôles de Taliesin, là où elle l'attendrait tandis qu'elle serait gardée captive jusqu'à son arrivée dans une cellule de quatre mètres sur quatre, à la porte sans jour avec pour seule compagnie... elle-même. De quoi la laisser réfléchir...

*"Hahahahahahahahhaahaa !!".

"Hhihihihhhahahahahahhahahahaaaa !!".

"MUAHAHAHAAHAHAHAHAHAHAHAHHAAAAAA !!!".

"Huhu..."*.

"KYYYYAAAAAAAAAHAHAHAHAHHAHAAHHAHAHAHAHAHAHAHAHAAA !!!!
HAAAAAAAAAAAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHHAAAAA !!!".

"Victoire, conclut-il, redevenu calme, elle est faite".

Il contourna son bureau, appuya sur quelques boutons à sa portée et demanda d'une voix claire après s'être râclé préalablement la gorge :

"Sidney, j'ai besoin de tes services...".

"Ouais, lequel ? Attends, pardon... Lequel, Maître ?".

Il leva les yeux au ciel. Consternant...

"Appelle-le. Il devait venir après-demain mais dis-lui que c'est urgent, s'il te plaît".

"Entendu, mais... où j'le trouve moi ?".

"A Aberdaron sûrement... Cherche Sid !".

"NE M'APPELLE PAS, SI...".

*Clic!*

"Huhu... trop tard.
Ouais, pas de souci, je t'appelerai plus "Sidney". Mais en attendant...".

Et il marcha d'un pas ample et souple jusqu'aux double-portes de son bureau, espérant qu'une fois sortie et rendu jusqu'aux cachots un elfe de maison aurait bien la gentillesse d'aiguiller son petit protégé jusque là...
Pour le moment Miss Rodd ne devait pas être dans une posture plus avantageuse. Elle était descendue, non sans douceur et délicatesse, par le biais dans grand tuyau d'air chaud qui l'avait fait tomber quelques 500 mètres sous la terre, là où se trouvait sa cellule parmi tant d'autres... pour les enfants pas gentils, colériques et braillards ! A l'heure qu'il était elle se trouvait donc dans une pièce carré, faite de murs de grosses pierres avec pour seule "ouverture" sur l'extérieure une porte blindée d'un alliage nain tout à fait particulier. Essayez seulement un expecto ou un flambios quelconque là-dessus, elle ne bougera pas. La serrure ? Occulaire. Seul Sykes pouvait l'ouvrir. Ou l'oeil de Sykes...

Il marchait d'un pas conquérant à travers ses couloirs. Il marchait, toujours ce sourire éminament c*n sur son visage de blonde fadasse. Il marchait droit vers elle, Eléonore Rodd.

"Rodd !! Mais bon sang, c'est ça ! S'exclama-t-il en stoppant net, Rodd comme dans Sweeney Rodd, l'histoire de ce barbier fou qui exécutait ses victimes par vengeance ! C'est bien sûr !".

Et il se remit en marche...

Quand je vous disais qu'Apophis et la culture moldue c'était pas ça...