Je te jure qu'on est dans la même classe! (Berenice)

Pour quelqu’un d’aussi discret, la petite et timide Bérénice était plutôt… comment dire… très soignée ? Hum, non, ce n’était pas le mot. En fait, la brunette de la famille Bones avait pour objectif dans sa petite existence de devenir « belle ». Non pas qu’elle soit à proprement parler moche, mais elle était tellement bourrée de complexe qu’elle ne se rendait même pas compte que, comme la plupart des adolescentes dans son cas, il suffirait d’un petit relooking et d’une nouvelle coiffure pour qu’elle soit aussi belle qu’elle le rêvait. Toutefois, Bérénice lisait beaucoup de magazines pour les jeunes, alors, comme elle était très sérieuse, elle suivait leurs conseils. Elle n’avait pas réussi à se résoudre à aller chez le coiffeur parce que le rideau de ses longues mèches brunes lui donnait un minimum de confiance en elle, comme si cela faisait barrage avec les autres vous voyez ? Par contre, elle s’était mise au maquillage. L’acné (bien que légère) ne l’épargnant pas, elle s’était acheté avec son argent de poche plein de produits qui avait éliminé ce problème (c’est toujours ça de pris) et elle se maquillait légèrement les yeux. C’était un peu idiot puisqu’on ne les voyait pas derrière ses cheveux (ou si peu…) mais elle se disait qu’au moins, quand elle devait relever la tête pour regarder au tableau en classe, elle n’avait plus trop à avoir honte de sa tête. Plus trop. C’était déjà un progrès. Le fait que maintenant tout le monde connaisse son nom parce qu’elle dirigeait le Hibou Bavard avait aussi motivé sa décision. Elle avait plus de mal qu’avant à raser les murs sans se faire remarquer alors il fallait qu’elle assure… un peu… ou pas ?

Si elle entrait dans la salle de bain des filles, c’était donc bien à cause de son maquillage, il fallait qu’elle enlève le mascara qu’elle se mettait maintenant tous les matins avant de se coucher. N’importe quel magazine vous expliquerez pourquoi c’était vital ! Armée de sa trousse de toilette, Bérénice fit donc son entrée en pensant qu’à cette heure ci il n’y aurait personne mais en fait, si… Comme c’était une fille de sa classe et de son dortoir (à qui elle n’avait jamais parlé au demeurant), elle retint l’envie irrésistible de prendre la fuite qui la prenait aux tripes et s’approcha d’un miroir à côté de celui d’Eva-Rose (dont pour l’heure Bérénice cherchait encore le prénom) et répondit un bref « Salut. » avant de baisser la tête pour se cacher derrière ses mèches et sortir son démaquillant. C’est alors qu’elle croisa ses propres prunelles azur dans son reflet et réalisa non sans panique qu’elle allait devoir dévoiler son visage pour se démaquiller. Regardant le coton qu’elle tenait comme si il allait la mordre, elle se mordit la lèvre inférieure et se résigna à son sort. Il allait falloir qu’elle montre son horrible frimousse (rien que ça) à sa camarade. C’était bien la peine de passer autant de temps et d’énergie à la planquer si c’était pour en arriver à cette constatation vous ne trouvez pas ? Mettant donc lentement les longues mèches qui tombaient devant ses yeux derrière ses oreilles, elle jeta un coup d’œil à sa camarade et lui fit un petit sourire timide de pure Bones. Elle mit ensuite le produit sur le coton et reposa le flacon (trop) brusquement sur le rebord du lavabo. Il glissa sur la surface lisse et légèrement savonneuse pour tomber aux pieds de l’autre Poufsouffle. Bérénice sentit le rouge monter à ses joues et balbutia « Oh… heu… je… je suis désolée. Attends, je vais le ramasser ! » Elle se baissa vite et manqua de peu de se cogner la tête au passage. Elle récupéra son précieux démaquillant et se releva à toute vitesse, cette fois n’échappant pas à son triste sort. « Ouille ! » Et oui, le rebord était plus proche qu’elle ne l’imaginait, elle s’était cognée la tête…

Bérénice n’en revenait pas de sa propre stupidité et de sa maladresse si énorme qu’elle n’avait même pas de nom. Cependant, elle aurait bien été incapable de formuler ses pensées à haute voix parce que sa douleur à la tête (elle allait avoir une super grosse bosse !) et le fait que sa camarade lui parle l’en empêchait. Intérieurement pourtant c’était l’ébullition, mais extérieurement, Bérénice était complètement paralysée. Ce n’était pas tant le choc de s’être pris le rebord du lavabo sur le haut du crâne avec violence que du fait qu’on s’adresse à elle. Totalement asociale… et oui… Toutefois, quand elle eut à peu près repris ses esprits, elle se releva juste assez pour que ses yeux clairs détaillent la jeune fille en face d’elle. Instinctivement, elle avait ramené sa main sur la bosse en devenir et elle grimaçait… mais elle ne pensait plus à baisser la tête, du moins le temps de répondre faiblement – une fois qu’elle eut pris conscience que c’était ce qu’on attendait d’elle -.

« Tout va bien… je me suis juste… cognée. » Oui, ça, Eva-Rose avait certainement pu le constater puisqu’elle était présente mais Bérénice n’était jamais très cohérente alors vous pensez bien que c’était pire lorsqu’elle venait de se cogner la tête. S’appuyant sur le rebord du lavabo qui lui avait fait si mal, elle cligna plusieurs fois des yeux et tourna enfin la tête vers sa camarade pour lui faire ce fameux sourire d’excuse…

« Je suis désolée, ne t’inquiète pas, je ne vais plus t’embêter. » Encore une fois, Bérénice n’avait rien compris… Mais c’était ce qui faisait une partie de son charme à elle et celui des jeunes Poufsouffles timides non ? Car dans le fond, Bérénice n’était pas si différente de sa cousine Susan et cette dernière avait toujours eut beaucoup de succès. Les hommes aiment les filles dociles… même quand ils sont des poupées d’ailleurs car la brunette ne s’était jamais si bien entendu qu’avec l’imbuvable Raven, homme transformé en poupée un peu à côté de la plaque. D’ailleurs, en parlant de lui, il fallait qu’elle trouve un moyen de lui venir en aide… la question était de savoir comment… Et elle n’était pas à l’ordre du jour.

Bérénice cligna plusieurs fois des yeux. Ce mouvement, pour aussi petit qu’il fut, lui tirer l’arrière du crâne et lui faisait un peu mal à cause de sa bosse naissante. Pourquoi n’y avait-il jamais d’arnica quand on en avait besoin ? Quoi qu’elle n’était pas très sûre, notre chère petite Poufsouffle, de réellement vouloir se mettre de la pommade grasse sur ses cheveux. Parce qu’ils étaient un peu sa seule fierté. Pas pour leur couleur – elle aurait voulu être blonde – mais pour leur texture. Ils étaient toujours facile à coiffer et tout doux. Alors les faire devenir gras pour une simple bosse, merci mais non merci. De fait, ce clignement des yeux, pour aussi douloureux soit-il, était l’expression discrète de la surprise de Bérénice. Eva-Rose ne se moquait pas d’elle, elle ne l’attaquait pas non plus. Elle était… gentille ? Ok, ok, on était à Poufsouffle, pas à Serpentard, mais en général, quand Béré’ la maladroite était de sorti, elle récoltait plutôt moquerie et quolibet que gentillesse et prévenance. La brunette avait fini par voir là-dedans une vérité générale tenant presque de la malédiction divine, ni plus, ni moins. Ce n’était pas pour rien qu’elle portait le prénom d’un personnage de tragédie, elle avait tendance à tout dramatiser.

Le fait est que malgré son attitude amicale, Eva-Rose parlait vraiment très vite. C’est la raison pour laquelle la brunette ne répondit pas aussitôt, il lui fallut plusieurs secondes pour comprendre et encore, elle était persuadée d’avoir loupé des mots. Mais elle avait bien compris « ouverte » alors elle passa la main sur sa bosse et finit par dire d’une toute petite voix « Non… non… je crois que… c’est juste une bosse. » En fait, elle en était certaine mais l’une des particularités d’une jeune fille comme Bérénice c’est qu’elle avait beaucoup de mal à affirmer ce qu’elle disais elle croyait, elle pensait, mais elle ne semblait jamais être sûre ou certaine.

Cherchant son démaquillant (elle était venue pour ça à la base), elle se mordit la lèvre inférieure et murmura, contrariée « Où est-il ? je l’avais il n’y a pas une minute… » elle était sûre qu’après l’avoir fait tombé et avant l’incident avec le rebord du lavabo, elle l’avait posé là… « Tu… Tu n’aurais pas vu mon flacon ? Il… a… il a encore disparu. » un vrai feu follet ce démaquillant. Elle songeait déjà à changer de marque !