[DEFI] 30 baisers ~Roze~

1. Regarde-moi [Damian K.]
2. Nouvelle ; lettre [Alexander S.]
3. Scandale [Nathanael M.]
4. Toi et moi [Keira W.]
5. « J’ai quelque chose à te dire… » [Dawn K.]
6. Entre le rêve et la réalité [Drago M.]
7. Superstar [Raphael G.]
8. Jardin secret [Michael S.]
9. Course folle [Quentin M.]
10. #10 [Kaïn H.]
11. Fleur [Neville L.]
12. De bonne humeur [Vincent F.]
13. Liens [Juliet K.]
14. Musique [Axel G.]
15. Le bleu le plus pur [Enry S.]
16. Invincible, sans égal [Michael C.]
17. kHz (kilohertz ; unité de mesure de fréquence) [Roman J.]
18. « Dites ahhh… » [Erwan S.]
19. Rouge [Harry P.]
20. Retour à la maison [Friedrich M.]
21. Violence ; pillage ; extorsion [Gregory G.]
22. Bercer [Keira W.]
23. Bonbon [Nolhan S.]
24. Bonne nuit [Opaline M.]
25. Obstacle [Ernie M.]
26. Si seulement tu étais à moi [Lexy T.]
27. Débordement [Siegfried L.]
28. Médicament [Julien M.]
29. Le bruit des vagues [Christian M.]
30. Baiser [Edward M.]

Roze Maiden avait 16 ans. Elle était belle, riche, intelligente mais on la craignait plus qu’on ne l’aimait. Elle ressemblait à une jolie poupée avec ses grands yeux bleus et ses boucles blondes, pourtant, elle dégageait une certaine froideur. Pas de la méchanceté, plutôt du désintérêt. De fait, elle n’écoutait rien ni personne… Mais elle avait un souhait. Un souhait si important qu’il lui broyait le cœur quand elle se laissait aller à y penser.

Un jour, elle passait devant une maison de style japonais quand elle se sentit irrésistiblement attirée à l’intérieur. Deux petites filles lui prirent les mains dès qu’elle passa le seuil.
« La maîtresse a une invitée !
- La maîtresse a une invitée !
- Mais que…
- Venez, la maîtresse vous attend !
- Non mais… j’ai rendez-vous, je ne… Et puis, je ne sais pas pourquoi je suis ici !
- Votre venue était inéluctable. »
Roze frémit, cette voix venait de derrière les murs en papier de riz qu’ouvrirent les deux petites filles. Une belle femme brune se tenait derrière, une japonaise bien qu’elle fût grande et avait des formes à faire pâlir d’envie les mieux fournit. Roze pouvait vous en dire quelque chose, avec son bonnet C, elle n’était pas à plaindre. « Que… que voulez-vous dire. » Dit Roze doucement, n’osant pas élever la voix tant cette femme l’impressionnait. Elle dégageait quelque chose de fort, de puissant. Elle n’était pas comme les autres, Roze le sentait dans chacune de ses cellules. « Que ce n’est pas le fruit du hasard. Si tu es ici, c’est que tu as un vœu à réaliser. » Elle s’était approchée et prenait maintenant le visage fin et délicat de la petite Roze. Elle scruta son regard un moment, se baissant à sa taille car Roze était toute petite bien qu’elle, elle soit d’origine germanique.

« Moi ? Un vœu ? Non, mais… Enfin ! Où sommes-nous ? Si mon père…
- Dans une boutique, une boutique qui réalise les souhaits. Alors, dis-moi le tien. Mais je te préviens, il faudra me donner une compensation en échange.
- Quoi ? Mais je n’ai rien à donner, enfin, si vous voulez de l’argent je peux…
- Non, pas de l’argent. Mais ici le prix est proportionnel au travail que je dois fournir pour réaliser ton vœu. Cependant, tu dois l’accepter. Dis-moi ce que tu souhaites, je te dirais ce qu’il coûte.
- Je voudrais… C’est tellement stupide…
- Allons, aucun vœu n’est stupide quand c’est celui du cœur.
- J’aimerais changer. J’aimerais pouvoir être capable de faire confiance aux gens, ne plus avoir peur qu’ils en aient après la fortune de mon père – qui n’est même pas la mienne ! -. Voilà, c’est mon souhait. Mais ce n’est pas possible n’est-ce pas ? » La propriétaire de la boutique la fixa un moment et la lâcha enfin. Elle semblait moins souriante, plus sérieuse. Roze comprit qu’elle allait bientôt savoir ce qu’il faudrait qu’elle donne, la compensation.

« Si, c’est possible, mais tu devras me donner ce qui compte le plus maintenant à tes yeux en dehors de ton vœu. Changer aussi radicalement, ce n’est pas facile.
- Ce qui compte le plus ?
- Ta relation avec ce jeune homme que je vois dans ton cœur. Il t’oubliera, il t’oubliera pour toujours.
- Damian ? mais…
Damian était très populaire dans leur école, au moins autant qu’elle. Mais tous les deux avaient du mal à s’attacher aux autres, tous les deux étaient des étrangers en Angleterre, c’est comme ça qu’ils s’étaient peu à peu rapproché parce qu’ils n’attendaient pas grand-chose l’un de l’autre mais qu’ils étaient bien ensemble. En plus, ils étaient tous les deux riches, ils n’étaient pas ensemble pour l’argent…
- Ce n’est pas négociable.
- Si… Si j’accepte qu’il m’oublie, je changerais ? Le résultat est garanti ? Elle hésitait. Damian était la personne en dehors de sa famille qui comptait le plus pour elle, son seul lien avec sa vie actuelle, mais elle ne l’aimait pas tant que ça. Elle éprouvait plutôt pour lui de l’attachement, réel mais plus amical qu’amoureux. Pourtant, ça la rendait triste qu’il l’oublie car ils avaient eut plein de bons moments ensemble… mais si c’était pour son vœu…
- Oui, je ne prends pas une compensation que je ne mérite pas.
- Très bien, j’accepte. » Alors, un sceau apparu à ses pieds et un papillon de flamme l’entoura, la frôlant. Mais elle ne sentait pas la chaleur sur sa peau, la seule chose qui semblait fondre était la froideur de son cœur. Quand elle rouvrit les yeux, elle voyait le monde différemment, tous ses souvenirs semblaient comme différents. « Oh mon dieu ! Damian ! »

Elle courut hors de la boutique, laissant Yûko, la sorcière des dimensions, seule. Son serviteur s’approcha et lui demanda, inquiet « Tu penses que ça va aller pour elle ?
- On ne s’aperçoit de ce qu’on a que lorsqu’on l’a perdu et que notre cœur est capable de le voir. Elle ignorait ce à quoi elle s’engageait puisque comme elle l’avouait, son cœur était glacé. Mais elle s’en remettra, son destin n’était pas de finir avec ce garçon. Si cela avait été, cela n’aurait pas été la compensation nécessaire à son vœu. »
Pendant que Yûko expliquait tout ceci à Watanuki, Roze arrivait chez Damian. Elle sonna et comme personne ne répondait, elle entra en grimpant sur un arbre. Quand elle arriva enfin devant Damian, il lui réserva le regard qu’il réservait à ceux qu’il ne connaissait pas, qu’il n’aimait pas, qui n’étaient rien pour lui. « Non… Non…
- Qui êtes vous ?
- Mais voyons Damian ! C’est moi, Roze !
- Navré, j’ignore d’où je suis supposé vous connaître.
- Oh mon dieu… Damian… je t’en prie… regarde-moi, c’est moi, ta… »

Mais non, ce n’était plus elle, leur histoire était finie puisqu’elle avait accepté cette compensation. En échange, elle avait enfin compris qui elle était, comment elle était supposée être réellement. Se mettant sur la pointe des pieds, elle déposa un dernier baiser à Damian qui, sans qu’il sache lui-même pourquoi, ne la repoussa pas. « Pardon Damian, pardon. Mais oui, regarde-moi, tu vas voir, je vais devenir quelqu’un de meilleur. Je te le promets. » Sur quoi, elle essuya ses larmes et prit le chemin du départ tout en murmurant pour elle-même « Un jour tu comprendras. » Et elle releva la tête, toujours fière, toujours elle au fond. Elle croisa alors le binôme de biologie de Damian, Edward Montgomery. Elle passa devant lui sans le voir mais lui, il la vit, lui… qui avait un papillon de flamme brodée sur sa veste.

Revenez mon cher Alexander, revenez : que faites vous, que pouvez-vous faire chez votre mère dont tous les biens vous sont substitués ? Partez sur le champ, j’ai besoin de vous. Il m’est venu une excellente idée, et je veux bien vous en confiez l’exécution. Ce peu de mots devrait suffire ; et trop honoré de mon choix, vous devriez venir, avec empressement, prendre mes ordres à genoux : mais vous abusez de mes bontés, même depuis que vous n’en usez plus ; et depuis l’alternative d’une haine éternelle ou d’une excessive indulgence, votre bonheur veut que ma bonté l’emporte. Je veux donc bien vous instruire de mes projets : mais jurez-moi que vous n’aurez de repos que cette mission soit remplie ! Ce projet, s’il est mené à son terme, restera pour toujours dans les Mémoires des Sorciers comme un grand coup d’éclat.
Mais revenons-en à ce qui m’occupe. Dawn Kostovak marie sa fille cet été. Elle qui prônait l’amour à nous en rebattre les oreilles décide que sa fille fera un mariage de raison. Voilà ce qu’on gagne à se mettre en ménage avec un homme de peu de vertu. Vous n’êtes pas sans savoir la haine que je porte à cette femme depuis qu’elle a joué avec Edward, il y a de cela fort longtemps. Ce n’est pourtant pas ce qui me pousse à vous écrire. Si ma rancune est tenace, on ne peut pas dire qu’il y est ici lieu de l’être bien que je ne l’aimasse point et ne l’aimerait jamais. En revanche, devinez qui est l’outrecuidant qui prétend épouser la jeune Kostovak ? Le second fils de Symphonie, Jeffrey… Je ne permettrais pas ce mariage. Prouvons lui donc qu’il n’est qu’un sot : il le sera sans doute un jour ; ce n’est pas là ce qui m’embarrasse : mais le plaisant serait qu’il débuta par là. Comme nous nous amuserions le lendemain en l’entendant se vanter ! Car il se vantera, et si une fois que nous aurons formé cette petite fille, il serait malheureux qu’il ne devienne pas, comme un autre, la fable de Londres.
Vous recevrez cette lettre demain matin. J’exige que demain à sept heures du soir vous soyez chez moi. Je ne recevrais personne jusqu’à huit, même pas mon fils : il n’a pas assez de tête pour une aussi grande affaire. Vous voyez que l’amour ne m’aveugle pas. Adieu, il est midi passé : bientôt je ne m’occuperais plus de vous.


Vos ordres sont charmants, votre façon de les donner est plus aimable encore, vous feriez chérir le despotisme.
Ne vous fâchez pas et écoutez moi. Dépositaire de tous les secrets de mon cœur, je vais vous confier le plus grand projet que j’aie jamais formé. J’ai voyez-vous pris la décision d’adopter un jeune garçon de déjà 17 ans pour hériter à ma suite du nom de mon honorable famille. Je l’éduque et lui apprends tout, rien n’est plus charmant à voir (si ce n’est vous) que ses progrès. Jade l’aurait sûrement beaucoup aimé elle aussi si seulement… Malheureusement, tout ceci est loin derrière nous maintenant. Jade n’est plus là, Edward non plus, et nous sommes seuls désormais. Seuls mais ensemble. Je conçois votre ressentiment, je le partage, qui plus est je n’aime pas beaucoup plus les Kostovak que vous, mais mon fils est plus important que tout le reste voyez-vous.
Adieu ma très belle amie, sans rancune.


Croyez-vous sincèrement qu’éduquer un fils qui n’est pas le vôtre remplacera celui que vous n’aurez jamais à cause de Jeffrey ? Je mets sur votre conscience les âmes de ceux que nous avons perdu. Adieu.


Il n’est donc pas de femme qui n’abuse pas de l’empire qu’elle a su prendre !
Soit Comtesse, me voici repentant à vos pieds et prêt à venger les morts de nos époux et de nos enfants. Jeffrey sera la risée de tout Londres à défaut de pourrir en prison, c’est le moins que nous puissions faire que de le priver d’un honneur qu’il ne mérite pas. J’ai toujours eu scrupule à me venger à cause de cette pauvre Myrielle dont l’engeance n’est pas à son image, mais soit, ceci ne devrait pas lui faire trop de mal.
Votre machiavélisme n’a d’égal que votre beauté et je me réjouis déjà de vous revoir.

Le plan de Roze était assez simple et finalement Alexander chargea son fils adoptif du plus gros du travail, à savoir déflorer la belle et le faire savoir avant son mariage arrangé. Ce fut presque trop facile, Jeffrey n’avait pas franchement la quote et Roze put se réjouir avec Alex’, son ami et ancien amant - à une époque où leur tristesse avait eut besoin d’un peu plus que d’un mouchoir -. La fille Kostovak avait au moins du goût, le fils adoptif d’Alexander était charmant, il était même possible (comble de l’ironie) que la relation se poursuive. Roze voyait ça plutôt d’un bon œil même si ce n’était pas le cas de l’ancien Poufsouffle. Cette petite vengeance n’avait pas fait revenir Jade, Edward et Prudence mais au moins ça avait eut l’heur de les distraire un peu. Lorsque Jeffrey avait tué ces trois êtres, il n’avait que 10 ans, il avait volé la pièce magique de sa mère et l’avait utilisé lors du baptême de sa sœur alors bébé. Depuis lors, Alexander et Roze étaient en froid avec Myrielle, la perte les rapprochant ainsi que la haine envers cet enfant. Myrielle pensait qu’il ne l’avait pas fait exprès mais Roze avait vu son regard lorsqu’il avait visé l’assemblée, c’était le regard d’un tueur… et pas dans le genre gentil comme sa mère, plutôt comme son oncle Nathan Symphonie. Il ne méritait pas un beau mariage, quoi qu’on puisse en dire. Ce gosse était mauvais jusqu’au plus profond de son être.

Elle buvait un verre de vin tout en caressant la tête de son labrador lorsqu’on entra avec pertes et fracas chez elle. Elle se leva fièrement et fit face. Jeffrey montrait son vrai visage, il allait la tuer aussi, il avait les mêmes yeux que ce jour là. Alexander, qui était dans la pièce à côté, tenta l’impossible mais il ne parvint à rien. Roze s’effondra.

Alex’ la prit dans ses bras, il lui avait envoyé un sortilège en plein cœur. Il y eut derrière lui un fracas qu’il ne réussit pas à regarder, tout concentrer qu’il était sur Roze rendant son dernier soupir. « Oh mon ami… vous pleurez ? Croyez-moi, rejoindre… Edward… ne me fais pas peur. Trouvez vous une autre maîtresse et… veillez sur… » Elle ne termina pas, mais il se doutait de ce qu’elle avait voulu dire. Il l’embrassa une dernière fois, elle qui n’avait jamais été un amour, seulement une amie, mais qu’il avait si souvent serrée contre lui depuis le drame qui avait chamboulé leurs vies…

« Oh… Alex’… Roze… Je suis… je suis… si désolée… » Il sentit la présence de Myrielle et sa chaleur. Jeffrey était étendu sur le sol, inconscient, et elle pleurait pour ses fautes qu’elle n’avait pas su voir… alors que maintenant, il était trop tard.

Roze avait tout perdu à cause d’un mauvais coup du hasard. Elle n’avait plus rien. Edward était mort à la dernière guerre sorcière… Les derniers temps, inconsciente du peu de temps qu’ils leur restaient ensemble, elle avait été irritable à cause de leurs problèmes d’argent et du fait qu’on lui ait retiré son fils. Comme Roze ne pouvait soi-disant plus assuré l’éducation de son fils (à cause de sa maladie) et que la famille d’Edward ne l’avait jamais aimé, les Montgomery avaient envoyés Lucas dans une pension de renom chez les moldus qui coûtait très cher et dont il sortait trop peu aux yeux de sa mère qui le pleurait souvent. Elle pleura encore plus lorsqu’elle perdit aussi son époux. Les regrets se faisant de plus en plus fort, elle s’exila dans un autre pays, les Indes. Elle avait abandonné au passage CS dont les membres ignoraient tous ce qui s’était passé dans la vie de la blondinette. Elle en revanche avait bien su qu’elle n’était pas la seule qui avait malencontreusement chuté. Son amie Keira l’avait fait aussi d’une manière différente en se droguant et en entraînant Nathanael dans sa folie. A moins que ce ne soit l’inverse ? Sur ce point, Roze ignorait tout. Courtisane d’un puissant financier de Delhi, elle n’était que l’ombre d’elle-même et ne chercha plus pendant au moins trois ans à prendre contact avec sa famille ou ce qu’il restait de ses amis.

Un beau jour, pourtant, Fredericke passa sa porte accompagnée par son mari Vincent Fayr. Ce dernier lançait des regards de haine à la cour du palais où résidait Roze. Il n’avait pas vraiment été d’accord avec sa femme sur le fait d’aller chercher Roze dans cet endroit de perdition, ou plutôt, il voulait bien aller la chercher mais seul. Quand on avait appris où avait fini la grande Roze Maiden, ça avait été un scandale qui avait secoué toute la population bien pensante… Mais Fredericke ne l’avait pas entendu de cette oreille, elle avait absolument tenu à venir pour persuader sa cousine de revenir en Angleterre. Keira et Nathanael avaient besoin d’elle, et Lucas aussi. Elle ne pouvait pas rester une prostituée de luxe sur un autre continent.

Roze ne s’était pas du tout attendue à cette visite. Elle resta sans voix lorsqu’elle vit les deux jeunes gens mais elle reprit rapidement contenance, replaçant ses voiles, elle glissant machinalement la main dans les cheveux de sa pupille Psychée.

« Roze ! » Fredericke sauta dans les bras de sa cousine et la serra contre elle avec force. Roze la repoussa sans ménagement ce qui lui valu un froncement de sourcil désapprobateur de la part de son cousin par alliance et aussi ex-pupille.

« Désolée. Fredericke, ce ne sont pas des manières dans cet endroit. Puis-je savoir ce que tu fais ici ?
- Il faut que tu reviennes Roze, je t’en prie, nous avons besoin de toi !
- J’t’en prie Fred’, ne m’inclus pas dans ce nous.
- Toujours aussi charmant Vincent. Dit Roze en souriant à son ancien protégé avant de jauger froidement sa cousine, toute trace d’amusement disparu sur son visage plus pâle que dans le souvenir des jeunes gens. Je ne peux malheureusement pas accéder à ta demande. Je me suis vendue pour sauver le domaine et je ne peux pas partir juste parce que tu l’as décidé.
- Bien sûr que si tu peux ! Je le sais ! Tout ça ce ne sont que des prétextes que tu as pris pour nous fuir, pour fuir ceux qui t’aiment ! Mais ça suffit maintenant Roze, te salir ne te rendra pas Edward !
- Qui sait… peut-être que si… » Roze s’étendit sur le sofa et laissa Psychée poser la tête sur son ventre dénudé. Au début, Roze n’avait pas voulu s’occuper de cette enfant, mais sa mère était aussi une courtisane anglaise de leur maître et elle était morte en couche. Il avait semblé que la sorcière soit la plus qualifiée puisqu’elle était de la même nationalité (plus ou moins toujours) et qu’elle avait déjà eu un enfant. Maintenant, Psychée avait presque deux ans et elle collait Roze en permanence comme un petit chat en manque d’affection. Il faut dire que la blondinette en était avare, surtout en parole. Elle sentait son cœur sec…

« Keira va mourir si tu n’interviens pas ! » Malgré elle, Roze se releva brusquement, posant une main crispée sur sa fille adoptive. Voyant qu’elle faisait mouche, elle poursuivit « Et Lucas est malade, il a développé la même forme de schizophrénie que toi. Il faut que tu rentres avec nous. » Roze les renvoya du geste. « Je vais y réfléchir. » Puis, elle passa un long moment à regarder jouer Psychée tout en repensant à ce que lui avait dit sa cousine, et si elle avait menti ? Elle chassa cette idée, Fred’ avait toujours été très mauvaise menteuse. Le lendemain, elle demanda son congé et la permission d’emmener Psychée en Angleterre. Le financier considérait Roze comme un joli bijou dans sa collection mais rien de plus, il lui donna sa permission tout en lui rappelant qu’elle continuait néanmoins à lui appartenir, elle n’avait pas le droit de se remarier. « Voilà qui n’a jamais été dans mon intention. » déclara-t-elle froidement.

Une fois en Angleterre, la première étape fût l’hôpital Sainte Mangouste où Keira était dans un coma profond. Roze sortit dans une robe noire longue qui couvrait tout avec une extrême lenteur. Devant la cabine menant à cet hôpital l’attendait Nath’ qui la fixait froidement. « La poule de luxe est revenue parmi nous ? Alleluia.
- Bordel MacGowan, ferme la !
- C’est bon Fredericke, peu m’importe ce qu’il pense. » Sans prendre plus attention à son ancien ami, Roze aida sa fille à sortir de la voiture. La petite était vêtue avec soin et goût d’une petite robe d’hiver rose et d’une petite cape blanche. Elle avait des cheveux noirs et des yeux clairs qui observait le monde avec curiosité, elle qui n’était jamais sorti du palais des courtisanes.

Elle allait passer devant Nath’ mais il l’attrapa et posa viollement ses lèvres sur les siennes, Vincent intervint aussitôt pour les séparer et de toutes ses maigres forces, Roze gifla le jeune homme. « Tu peux me déconsidérer et me traiter comme une putain mais retiens bien une chose… » Nath’ avait fini par terre, moins fort que Vincent dans la bagarre. « Je suis bien trop cher pour toi. » Elle souleva Psychée et entra fièrement dans l’hôpital où se trouvait deux des personnes qu’elle aimait le plus au monde bien que cette idée lui fit mal…

C’est d’un pas sûr que Roze entra dans l’hôpital. Voilà bien longtemps qu’elle n’était pas venue dans cet endroit. Ces dernières années, elle avait vécu avec ses cauchemars sans s’en préoccuper tant ils lui semblaient préférables à sa réalité. La vie sans Edward n’avait plus aucun intérêt, surtout sans son fils. Roze maudissait sa malchance tout en se laissant couler peu à peu jusqu’à sombrer. Elle s’était offerte contre un peu de tranquillité et de solitude et elle considérait que ça le valait bien, surtout quand on était une au milieu de tant d’autres. Serrant Psychée contre elle à cette pensée, elle s’arrêta devant la première porte, celle derrière laquelle son fils était enfermé à cause de ses visions. La blondinette se mordit la lèvre et posa la main sur la poignée. Il devait être si grand maintenant… Elle entra néanmoins, à regret, et vit son fils dans un coin de la pièce, l’air hagard. Il la regarda, s’attendant sans doute à voir une infirmière, et il poussa un petit glapissement en reconnaissant la femme qui l’avait mise au monde et qu’il n’avait plus vu depuis qu’il avait 5 ans, à l’enterrement de son père.

Posant Psychée, Roze intima à la petite de rester à la porte, immobile et silencieuse. Elle s’approcha ensuite doucement de son fils et s’agenouilla devant lui. « Mon pauvre chéri… » Dit-elle tout doucement avant de serrer le jeune garçon blond dans ses bras avec force. Elle versa quelques larmes et le berça avec douceur. « Maman… ? » Roze regarda le visage de Lucas un instant après l’avoir lâché. « Oui, c’est moi mon cœur, ne t’inquiète pas, maman va t’aider à sortir d’ici. » Lucas secoua alors la tête, l’air hagard. « Non… je… dehors…
- Chut… mon tout petit… ne t’en fais pas. Moi aussi je vois des choses qui n’existent pas, mais elles ne sont pas dangereuses. Elles ne peuvent pas te toucher.
- Si, elles…
- Non, elles ne peuvent pas. Mais tu apprendras à le comprendre. Je t’aiderais. Je suis tellement désolée… » C’était entièrement sa faute, c’était sa maladie à elle qu’elle lui avait transmis, une fragilité psychique, mais elle avait été soignée et il pouvait l’être aussi. Son enfant, le fruit de son amour…

« Psychée, viens s’il te plaît. » La petite s’approcha à pas prudent. « Je te présente ton grand frère d’adoption, Lucas… Montgomery. » Le nom de famille qu’elle ne considérait plus comme le sien depuis son veuvage mourût dans sa gorge. Ne désirant pas céder à l’émotion, elle se leva précipitamment. “Faites donc connaissance, j’ai à faire.”

Laissant les deux enfants ensemble, Roze passa à la chambre suivante… celle de Keira. Déjà son 5ème coma éthylique en deux mois, sa santé se dégradant de plus en plus. Pour le moment, elle n’était pas réveillée. Roze posa sa petite main sur le front de son amie. « Mon dieu… Keira… qu’est-ce que tu as fais ? » Murmura la petite blonde. C’est à cet instant que la rouquine ouvrit les yeux, elle cligna plusieurs fois des yeux avant d’articuler difficilement « Ro… Roze ? » Elle tenta de se relever mais n’y parvint pas, trop faible. Sous alimentée, seulement nourrie par le sucre contenu dans l’alcool, Keira n’était plus que l’ombre d’elle-même mais Roze savait bien que dans son entourage, c’était bien la seule qui jamais ne la jugerait pour ce qu’elle avait fait.

« Je suis revenue Keira… Je vais t’aider à t’en sortir. » Elle prit son amie dans ses bras et donna de chastes baisers à son amie sur les lèvres et le front, comme le ferait une mère. « Toi et moi… on va s’en sortir ma chérie. Tu n’es plus seule… je suis là maintenant. »

Même si le chemin sera toujours parsemé d’embûches, peut-être qu’ensemble, en ayant touché le fond, elles ne pouvaient que remonter…

Roze tapotait ses doigts sur la table d’un air visiblement agacé. Cela faisait déjà trois heures qu’elle attendait qu’Edward arrive, elle commençait à en avoir marre ! Comme s’ils n’avaient pas une mission très importante à remplir franchement ! Le ministère avait confié à leur couple un très grand secret, celui des nymphes célestes. Hors, en ce moment même, un gros groupe financier japonais chercher à éveiller toutes les porteuses du gène C, les gènes des nymphes. Ces femmes étaient des espèces de créatures magiques sans forme qui prenaient celle d’une belle femme pour faire des enfants. Roze trouvait ça dégueulasse, mais soit, après tout… il y avait des femmes comme ça même chez les moldus et les sorciers, et ce n’était pas non plus une raison pour faire des descendantes de ces créatures des objets de recherches. C’était bien une idée de moldu ça tiens ! A priori c’était au Japon que tout avait lieu même s’il fallait déjà endiguer le problème en Angleterre – Comme toujours avec Roze, les autres on s’en fout -. Le vieux continent n’avait aucune envie de voir une partie de sa population décimée à cause de cet étrange médicament qui était sensé mettre en éveil les pouvoirs sous-jacents de ces créatures.

Lorsqu’Edward lui apporta enfin ce fameux dossier, celui qu’il avait mis tant de temps à trouver, Roze l’ouvrit et le parcourut rapidement. « Oh non… ne me dit pas que ce que je lis ce que je lis…
- Hum… d’accord, je ne te le dis pas.
- Argh ! je le savais que cette peste n’avait rien d’humain.
- Roze…
- Oui, oui, je sais… » Même s’ils ne l’aimaient pas, ils devaient la sauver du groupe Mikage. Si ces gens avaient seulement conscience de l’existence des sorciers sur terre, ils arrêteraient peut-être de jouer avec la science à tout bout de champ, au point de créer des catastrophes.

A contre cœur, Roze suivit Edward à l’hôpital Sainte Mangouste, là où était la descendante des nymphes qui risquait gros si elle s’éveillait… Dawn Kostovak. Une des filles que Roze pouvait le moins piffrer dans toutes ses anciennes camarades de classe (et pourtant, l’échelle de haine de Roze est assez haute). Il faut dire qu’elle avait jugé malin de voler le premier baiser d’Edward alors que la jeune femme considérait à l’époque – et encore maintenant – qu’il aurait dû lui être réservé, préfète de Serpentard ou non, surtout que ce n’était qu’un jeu pour la russe.

Dès qu’ils arrivèrent en vu des lieux, ils s’aperçurent bien vite qu’il y avait un problème. Un homme attaquait l’endroit, cherchant à en percer les défenses magiques. « Merde, ils l’ont trouvé. » Commenta Roze en se mordant la lèvre inférieure, préoccupée mais pas tant que ça. « Et l’autre mauvaise nouvelle c’est que Dawn s’est éveillé, regarde. » Une femme brune parfaitement reconnaissable pour notre couple s’avançait, faisant s’écrouler le sol un peu plus à chaque pas. Roze n’avait jamais vu son ancienne camarade aussi désemparée. *Bien fait* pensa-t-elle avec son esprit de rancune habituel. Mais même si elle n’en avait aucune envie, il fallait prendre la baguette et s’en aller combattre à la fois l’envoyé des Mikage mais aussi la folie destructrice du pouvoir de Nymphe de Dawn. Quelle idée avait donc ces énergumènes de japonais que de faire ces choses, ça ne menait vraiment à rien !

« Kostovak ! Arrête de bouger imbécile, tu vois pas que t’es en train de tout détruire autour de toi ? » Oui, ça c’était Roze. « Essaie de rester calme et ne panique pas, on va t’aider. » Mais bien entendu, l’homme venu capturer Dawn n’était pas de cet avis, si le pouvoir s’éteignait à ce stade, il se rendormirait – peut-être pour de bon -. « Je m’occupe de lui ! Charge toi de Dawn ! » Roze lança un regard noir à son mari à ces mots mais préféra remettre à plus tard la scène de ménage. Mettant sa baguette devant elle et tenta de son mieux de contrer le pouvoir incontrôlable de Dawn (non sans y laisser quelques lambeaux de vêtements), elle réussit à l’atteindre mais elle ne savait pas ce qu’elle devait faire. C’est là qu’Edward, qui avait presque réussi à se débarrasser de son adversaire, lui lança « Il faut l’embrasser ! » Roze se tourna légèrement (elle ne pouvait pas le faire franchement avec le vent magique qui lui fouettait le visage) « QUOI ? » Il semblait sérieux et elle comprit subitement pourquoi elle et pas lui. Prudent, comme toujours, bah… Attrapant Dawn par sa tignasse brune, elle la baissa de force, y mettant tout ce qu’elle avait dans ses petits muscles, et embrassa Dawn. Le souffle cessa brusquement et Roze tomba par terre, ainsi que l’ex-Serpentard. Edward avait vaincu le moldu (qui devait sûrement avoir du sang d’une quelconque créature lui aussi). Et Roze était toujours au sol, complètement épuisée et couverte d’égratignures.

« C’est bon, tu n’as rien de cassé ? Tu ceux que je t’emmène… » Roze le fit taire du geste, reprenant son souffle. Dawn commençait à se lever et à s’épousseter. « Ah, je me sens mieux ! » Puis « C’est à vous que je le dois je suppose ? Merci bien. » Et elle tourna les talons. « Attends Kostovak, j’ai quelque chose à te dire… » Dawn se retourna et Roze se mit sur les coudes « J’te déteste. » Bon, bah ça c’était fait, mais en même temps… c’était pas neuf du jour !