Etre là où il ne faut pas... (PV)

« Seigneur, mais tu t’es fait mal ! » S’exclama fort à propos Fredericke en constatant que Damon, en plus de mal tomber, était aussi fort maladroit. Enfin, vous me direz, elle ne sait toujours pas qu’il s’appelle Damon, mais au moins elle se préoccupe de lui. Il faut dire que Fredericke était plutôt une gentille fille, elle avait vraiment bon fond… par contre, elle était assez cruchette et tête en l’air la pauvre…

« Laisse moi regarder… Tu n’as pas l’air très adroit, tu vas te faire encore plus mal si je te laisse tout seul. » Puis, se souvenant que sa tenue dérangeait le garçon, elle ajouta, magnanime, « Et tu n’as qu’à me passer ta veste pour que je la mette, tu es plus grand que moi, ça fera comme une robe. » Tant de bonté, elle sentait que ça la perdrait. Mais Fredericke avait le sens du devoir, en plus, elle était préfète ! Alors ok, ce n’était pas la situation idéale pour s’occuper de ses congénères placés sous sa responsabilité… mais ce n’était pas non plus un mauvais moment… tant que personne ne passait. Pour être tout à fait honnête, Fredericke ne cachait jamais rien à Vincent, néanmoins, elle pouvait amoindrir les faits pour que ça ne tourne pas aux massacres. Et puis, c’était trop tard non ? Il avait déjà tout vu ! Et ça ne l’intéressait pas en plus. Ou alors il avait trop peur de Vincent pour ça… ce que Fred’ trouvait sensé, ce type arriverait sûrement à survivre en temps de guerre, contrairement à d’autres dans l’école, il avait l’instinct de conservation.

« Et puis… pour Vincent… c’est trop tard de toute façon. Il est très pointilleux sur ce genre de choses… Mais je te protégerais, ne t’inquiète pas. Je suis ta préfète après tout. » Et la cause de ses ennuis, aussi, d’accord, mais elle ne l’avait pas fait exprès ! Elle ne pensait pas tomber sur un garçon ! Pour dire vrai, elle avait bien pris en compte l’éventualité (ce mot est important) d’une présence masculine dans les couloirs mais ça aurait pût être quelqu’un de visiblement plus courageux que cette espèce de larve qui se mélangeait les pinceaux simplement en marchant.

« Et il ne faut pas avoir une trop mauvaise opinion de lui, c’est de ma faute. Je ne réfléchis pas toujours alors il s’inquiète. Mais tu n’as vraiment pas l’air d’un pervers, il comprendra et te laissera tranquille. » Oui, là, elle essaie aussi de se persuader elle-même, mais c’est qu’elle voulait surtout vérifier que Damon ne s’était pas fait plus mal que ça n’en avait l’air. Une foulure c’est très vite arrivé après tout, et quand on avait une salle commune en haut de sept étages, ça pouvait faire très mal ! Elle considérait vraiment qu’il était de son devoir de veiller sur la santé du pauvre garçon… se doutant malgré tout qu’il souhaitait surtout qu’elle parte, mais que voulez-vous, d’une Fred est têtue, de deux, elle n’a pas tout à fait tord : le mal est déjà fait, c’est comme si Damon était déjà mort.

Fredericke était plutôt du genre impulsive et colérique, en plus, elle était duchesse, ce qui lui donnait un certain aplomb, elle était donc loin de se laisser démonter pour si peu. Les paroles de Damon commençaient sérieusement à l’énerver mais comme il ne la regardait, il ne pouvait pas voir ce qui l’attendait, sinon, il se serait peut-être rendu compte qu’il n’avait pas choisi la bonne personne dont se faire une ennemie. Surtout s’il en avait d’autres, des ennemis, parce que mine de rien, Fredericke avait le bras long.

« Grand couillon va ! » (Oui, tout ça) « Si j’avais mes vêtements, je les aurais mis ! Et tu vas jamais à la plage dis moi ? Parce que je ne suis pas plus exhibitionniste qu’une autre ! » On dirait Vincent, en moins beau et en plus con elle n’est pas du tout en train de se fâcher. « Pour ton information, j’ai un emploi du temps hyper chargé et les midinettes qui nous servent de camarades squattent la salle de bain pour se maquiller comme des princesses alors que j’ai pas toute la vie devant moi ! » En plus, c’était le genre de chose que Fred’ – qui ne se maquillait presque jamais – ne pouvait absolument pas comprendre. « Aucun garçon digne de ce nom ne se casse la figure quand il voit une fille nom d’un chien, au pire j’pensais devoir foutre une tarte à quelqu’un pour lui apprendre à vivre et ça s’arrêtait là ! » Parce qu’on avait oublié de vous dire que l’un des rares points communs entre Vincent et sa chère et tendre petite amie… c’est la violence. Sauf que depuis qu’elle le connaît, il l’est tellement plus qu’elle qu’elle ne frappe presque plus personne tant ça la traumatise de le voir faire lui (souvent à cause d’elle).

« Tu mériterais que je t’empêche d’y aller dans ta précieuse salle de bain mais tu me fais déjà perdre mon temps. » cela aurait pût s’arrêter là si Damon n’avait pas poursuivit, creusant ainsi sa propre tombe. Comme Oliver à une époque, Damon venait de faire passer Fred’ du côté obscur de la force le pauvre. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait été la première personne qui avait sût imposer le respect à Vincent…

Attrapant Damon par le col, elle le plaqua violemment contre le mur et lui flanqua une gifle retentissante en y mettant toutes ses forces. Pour ça, elle aurait dû s’enlever des points, mais bon, il l’avait cherché. « Calme toi ou c’est moi qui te démolit pauvre larve. » Elle le fusillait du regard, en apparence parfaitement calme mais on sait que ce sont toujours les pires volcans qui préviennent le moins avant d’exploser.

« C’est mon corps, j’en fais ce que je veux. Si tu as quelque chose contre moi, vas y, continue, j’ai essayé d’être gentille mais puisque tu préfères être dans la liste des ennemis de Vincent et des miens en prime, j’t’en prie… poursuis. Et quand tu auras un problème, ne compte pas sur moi, après tout, tu n’as pas besoin d’une préfète puisque je te prends pour un abruti quand je veux t’aider. » Elle le secoua encore une fois et le lâcha avec un regard emplie de mépris. Chopant sa baguette non, pas pour lui lancer un avada kedavra, elle ferma les yeux et lança un « Accio uniforme » qui à défaut d’être discret allait lui permettre de s’habiller avec ses propres vêtements. Quand celui-ci arriva, elle le passa avec lenteur (elle était toujours fâchée, donc c’était normal) et une fois son dernier bouton de chemise fermé, observa Damon en silence. « Eh l’abruti. » bah quoi, c’est lui qui avait dit qu’elle le prenait pour un abruti non ? « Donne moi ton nom. » Pourquoi faire ? Ahah… parce qu’une fois que Fred a quelqu’un dans le colimateur… c’est pour longtemps.

« Simple oubli de ma part. » Si Damon n’était pas en train de l’agresser (si, si, elle se sentait agressée), elle aurait ajouté que c’était assez habituel chez elle d’oublier les choses. Elle avait une mémoire vive de 2 octets, pas plus. Si elle tenait un journal, c’était justement pour ne rien oublier des moments importants de sa vie parce qu’elle se laissait facilement déborder et son cerveau faisait le ménage, virant tout ce qu’il ne jugeait pas nécessaire. Fredericke manquant indéniablement de pudeur (c’est tout relatif cela dit, c’est juste en sous-vêtement que ça ne la dérange pas, elle ne ferait pas du topless), les vêtements restés sur son lit n’étaient pas une priorité.

« Je suis restée parce que tu t’étais fait mal, Blödman. D’ailleurs, t’as raison, j’sais même pas pourquoi je te parle puisque visiblement tu préfères rester dans ta merde, plonge toi dedans jusqu’à la lie. » Mince alors quoi ! Elle avait vraiment voulu être gentille et tout… mais il devait être totalement maso en fait. Elle ne voyait que ça, surtout quand il lui dit qu’elle aurait pût faire le sortilège d’attraction de la salle de bain. Un uniforme de fille qui vole dans les couloirs vers la salle de bain des mecs, il ne trouve pas ça un peu voyant ?

« Non mais tu réfléchis 5 minutes ça va… » Elle ne termina pas sa phrase parce qu’elle entendait du bruit, quelqu'un arrivait. Elle fronça les sourcils et reporta son regard azur sur l’imbécile qui continuait son numéro de martyr. En fait, elle savait pourquoi il l’énervait autant, il ressemblait à Friedrich !!! Pas physiquement bien entendu, mais de caractère, c’était lui tout craché ! Y compris cette manière de l’envoyer bouler quand elle essayait d’être gentille. Et puis, elle détestait les défaitistes. Vincent n’était qu’un homme, il n’était pas non plus une machine à tuer. Il y avait des moyens de lui échapper (mettre en colère Fred’ n’en était pas un, au cas où vous auriez pas saisi c’était même une circonstance aggravante), mais lui, il était juste là, à se plaindre. Cela donnait juste envie à Fred’ de lui montrer qu’elle pouvait taper plus fort mais elle se retint en se disant comme une litanie tu es préfète, tu es préfète, tu es préfète. Pas très efficace pour l’énervement, mais elle arrivait à garder ses poings fermés le long de son corps.

« Et t’es fier d’être un punching ball ? T’as pas envie d’être autre chose que ça ? T’as pas l’air plus fluet qu’un autre, pourquoi tu ne te défends pas ? Tu veux continuer à être une larve toute ta vie ? » Elle aurait volontiers continué, mais Steevy arriva sur ces entrefaits. Cela valait peut-être mieux parce que la voix de Fred’ commençait à se faire menaçante. Friedrich s’était tellement longtemps laissé tapé dessus (contre l’avis de sa sœur) qu’il avait fini par disparaître à la première difficulté (sa rupture avec Helena), laissant sa benjamine seule au monde avec les problèmes de leurs parents et tout le reste. Elle aurait aimé parler à son frère de l’évolution de sa relation avec Vincent, de ses craintes, se confier à lui pour rattraper tout ce qu’ils avaient loupé… mais elle ne le pouvait plus maintenant qu’il n’était plus là. Et Damon ferait sûrement subir la même chose à quelqu’un aussi avec sa lâcheté et sa faiblesse. D’ailleurs, qu’est-ce qu’il foutait à Gryffondor celui-là ?

« Eh, Fred’, j’ai vu ton uniforme passé, qu’est-ce que tu fous là ? » Fredericke leva les yeux sur son ami et un éclair de tristesse passa sur son visage qui fit que Steevy tendit la main vers elle mais elle reprit vite contenance et repoussa la main de son ami. Un mort dans la journée serait suffisant, non ? « J’ai pris une douche. » Steevy regarda Damon sans comprendre et revint à Fred’ « Heu… bah j’aurais bien aimé voir ça. » Cette réplique fit rire Fred’ (c’était le but) qui montra Damon du doigt « Y’en a qui m’ont vu sortir sans mon uniforme et qui en font tout un fromage. D’ailleurs, il ne veut pas me dire son nom. Tu le connais ? » Elle s’approcha de Steevy, et tous les deux, ils observèrent Damon mais pas pour les mêmes raisons. Fred’ essayait de chasser l’image de son frère qui s’était superposé à celle de son camarade. « J’crois que son prénom c’est Damon mais je sais plus son nom. Il t’a ennuyé ? J’peux m’en charger si tu veux. » Oui, bon, d’accord… tous les garçons de l’entourage de Fred’ avaient une forte propension à la violence, mais elle avait déjà failli se faire violé une fois et pour le coup s’était vraiment faites tabassé il y a à peine 6 mois, ils avaient des raisons d’être aussi protecteur. Ceci dit, il suffisait de voir Damon devant sa porte de salle de bain pour comprendre qu’il n’aurait rien fait à la nouvelle préfète. Sa seule envie était de la fuir.

« Non, c’est bon, il m’a juste fait pensé à Fried’ mais ça ira, laisse le tranquille, dis aux autres de faire pareil. De toute façon… » Elle se tourna lentement vers la sortie. « Il n’en vaut pas la peine. » Et sa voix était plus triste et résignée que jamais.

« Je te souhaite de ne pas connaître une vraie guerre alors parce que tu ne vivrais pas longtemps avec ce genre de philosophie à la noix. » Et ce furent les derniers mots qu’ils échangèrent directement. En effet, l’arrivée de Steevy coupa toute envie à Fredericke de continuer cette conversation. D’expérience, elle savait que ça ne mènerait à rien de toute façon. Après tout, elle avait déjà parlé de ça avec son frère des millions et des millions de fois, et ça n’avait rien donné… alors qu’ils étaient de la même famille. Elle ne parviendrait donc pas à persuader quelqu’un pour qui elle n’était rien (si ce n’est une gêneuse). Pourtant, si elle avait voulu jouer sur les mots, il refusait assez mal qu’on lui fasse quoi que ce soit en ne répondant pas. Finalement, c’est l’histoire du serpent qui se mord la queue… Voilà qui est bête pour un Gryffondor.

Comme son ami traînait, elle se retourna une dernière fois et le tira par le bras. Elle ne tenait pas à s’attarder plus longtemps, après tout, Damon pouvait être heureux, il allait pouvoir profiter de sa salle de bain ! « Viens Steevy, on s’en va, j’ai des choses à faire. » Elle regarda sa montre, elle n’était pas encore trop en retard sur son planning dans la mesure où elle n’avait pas passé une heure à attendre que les filles passent à la douche. Elles feraient tout aussi bien de se noyer dedans vu le résultat de leur pomponage excessif. Maintenant, Fred’ se sentait relativement déprimée. Friedrich n’était pas revenu à Poudlard, il avait complètement disparu… et Fred’ s’inquiétait pour lui. Malheureusement, elle ne pouvait rien faire, ni pour le caractère visiblement autodestructeur de Damon, ni pour son frère aîné. Ce n’était pas faute d’essayer pourtant… mais il y a des combats qu’il vaut mieux abandonner. Elle tenta donc – avec plus ou moins de réussite – de chasser de son esprit toutes ces idées parasites et entraîna Steevy à sa suite. Elle ne pouvait pas se douter à ce moment là que cette petite affaire aurait d’autres répercussions que celles attendus, elle ne savait rien de Damon après tout… alors quand plus tard elle parlerait à Zeno, ce serait en toute innocence. Mais ce moment n’était pas encore là, dans l’immédiat notre jeune Gryffondor se promettait de régler le problème de Vincent sans pour autant faire de mensonge par omission et se disait qu’elle allait devoir faire preuve d’une grade diplomatie ainsi que de doigter. Elle remit néanmoins le moment fatidique au lendemain parce que là c’était sa première journée en tant que préfète et, pour être honnête, ça commençait quand même assez mal ! En quelques heures de mandat seulement, elle s’était déjà mise un élève à dos ! Et pour des broutilles qui plus est, car au fond, peut-être que Vincent ne lui ferait rien à Damon hein… il n’avait jamais frappé Axel après tout.

Enfin… Tant pis, dans le pire des cas , elle ferait avec, rien ne pouvait abattre la tornade Fredericke Maiden, nouvelle préfète des Gryffondors !