Protecteur un jour, protecteur toujours [PV. Amber]

La situation était assez cocasse, Zeno Rowle, Gryffondor de septième année, essayant de savoir ce qui faisait pleurer Amber James, Serpentard de cinquième année, le tout dans les toilettes des filles. Oui, si quelqu'un connaissant les deux protagonistes rentrait dans cette petite salle, il hallucinerait sans aucun doute ; c'était vrai que peu de personnes savaient que les deux joueurs de Quidditch étaient ce qu'on pouvait appeler amis, même s'ils ne s'en cachaient pas. Les gouttelettes d'eau qui tombaient des grands robinets de la salle provoquaient un vacarme assourdissant aux oreilles de la jeune fille, comme ces caricatures de personnages n'ayant rien dans la tête et où le bruit se répercutaient avec force. De plus, l'odeur de l'endroit n'était pas ce qu'il y avait de plus agréable, à croire que els toilettes des filles -et sans doute des garçons- n'avaient plus été nettoyées depuis longtemps. D'un autre côté, avec Rusard comme concierge, on n'en attendait pas beaucoup plus.

Amber esquissa un sourire amusé, étirant ses lèvres légèrement gercées, face à la réplique du rouge et or ; ah, ces Gryffondors, tous avec le même sens de la réplique, c'en était presque décevant si ça n'avait pas été ce Gryffondor devant elle. La blonde pouvait bien lui pardonner ça, non ? Tout le monde n'avait pas la chance de tomber dans la noble maison de Salazard Serpentard, n'est-ce pas ?

" Mon humour t'emm*rde, Zeno. Et je mens très bien, tu m'as juste prise au dépourvu. "

Néanmoins, la jeune fille ne s'étendit pas plus sur ce "coup de blues", n'aimant pas spécialement se confier à tout ce qui passait. Bon, d'accord, Zeno faisait partie de ces rares personnes qu'elle appréciait un minimum, mais de là à lui dire toutes les misères de sa vie ? Amber ne supporterait pas la pitié dans une paire d'yeux de plus. Et pis, de toute façon, qu'est-ce qu'il en avait à faire, d'elle ? C'était juste par politesse -Gryffondor, tous les mêmes ... sauf Stevens, lui, en plus, c'était un c*n.-, parce qu'il l'avait vu pleurer et que magré tout, c'était un rouge et or sympas, malgré qu'elle soit une Serpentard avec la réputation d'être très ... orageuse. Après tout, c'était un Gryffondor, avec une petite amie ? (elle ne se souvenait plus, mais c'était fort probable, une autre rouge et or si elle se souvenait bien), un groupe de fans derrière lui, le " Zen Club " ou une connerie du genre, bref, typiquement le type de mec qui ne devrait rien en avoir à faire, d'elle, la petite blondasse capitaine de Quidditch.

Après avoir fini d'attacher son bandage, non sans une grimace, même si le travail de Zeno avait été tout ce qu'il y avait de plus pitoyable, le sien ne restait que correct -et quand on se trouve dans un lieu aussi hygiénique que les toilettes des filles de Poudlard, les infections, ça s'attrape vite u.u-, Amber releva, légèrement gênée (sans comprendre la réelle raison, elle n'était jamais gênée, d'habitude), son regard vers celui du gardien des Gryffondor.

" Oh, les nouveaux Gryffondors ... Les Gryffondors tout court en fait. Tous des plaies. "

La capitaine avait dit cela avec un sourire mi-provocateur, mi-amusé ; bien sûr, elle ne le pensait pas, enfin, disons plutôt que certaines Gryffondors dérogeaient à la règles. Après tout, elle était sortie avec un Gryffondor, non ? Son meilleur ami en était un aussi, non ? Ca ne faisaient que trois exceptions si l'on comptait Zeno, pas tant que ça sous l'immense montagne qu'étaient ces lions. Amber n'aimait pas les nouveaux, et toutes maisons confondues, trop immatures, se prenant pour le centre du monde -non, elle, elle ne se prend pas pour le centre du monde, j'vous jure !-, sûr(e)s et certain(e)s qu'ils peuvent mettre une raclée à tous les grands, autant magiquement parlant que manuellement. La pitié réincarnée dans une classe de jeunesse quoi. Et on ne parle même pas de ceux qui "rêvent" de rentrer dans l'équipe de Quidditch, simplement pour faire genre et qui n'ont aucuns talents. Quoi ?

" Je devrais peut-être aller à l'infirmerie alors, j'imagine ? "

Faible tentative d'humour ratée, une fois de plus. Oh, et pis, de toute façon, Amber n'avait jamais prétendu avoir de l'humour, chacun son truc.

" T'es vraiment ch*ant, tu sais ? Je me sens juste incomprise, c'est tout. "

Ca, c'était du résumé Amber, bravo.

« Merci, j'avais remarqué. »

Amber jeta un regard à son visage qui se reflétait sur un miroir un peu délabré des toilettes, rongé par la rouille, le temps et sans doute d'autres choses dont la blondinette ne préférait pas connaître la consistance. Elle ne pouvait le nier, Zeno avait raison, elle faisait peine à voir. Quand elle avait commencé à se laisser aller, la vipère avait juste voulu par là qu'on arrête de la regarder, qu'on arrête de la placer au milieu des ragots, d'être le sujet des discussions de pipelettes, de regards perçants, insinue, amusés ou peinés. Mais les réactions avaient été tout autre, on la regardait encore plus qu'avant, les ragots ne parlaient plus que des défaites de Serpentard, dont elle était la cause, elle le savait bien. Sans parler de sa rupture avec Daniel, même si elle datait maintenant d'un bon moment, qui faisait jaser tout le monde, autant les garçons, que les filles et les rires qui s'entendaient sur son chemin étaient insupportables. Plusieurs bécasses l'avaient déjà regretté d'ailleurs. On disait qu'il l'avait largué parce qu'elle était trop bizarre, qu'elle ne souriait jamais, pour aller se faire Elizabeth Harris -et même si la vipère avait beaucoup de respect pour la préfète, elle ne pouvait s'empêcher d'y croire un minimum, à cette rumeur-, parce qu'elle embrassait mal, qu'elle devait être aussi frigide qu'elle était froide -ceci dit, après quelques claques et quelques coups d'œil meurtriers, cette rumeur-là s'était vite éteinte-. Amber poussa un long et profond soupir, tremblotant de la boule qu'elle avait dans la gorge. Elle avait tout gâché. Il avait tout gâché. En fait, personne ne savait rien à cette saleté de rupture, juste qu'ils avaient décidé à deux de tout gâcher. La blonde détourna simplement ses yeux humides de la glace, fuir, c'était plus facile.

« Fais attention quand même, la popularité, ça a toujours un revers, je sais de quoi je parle. Enfin, je ne dis pas que je suis populaire, mais on sait qui je suis dans l'école, même si c'est rarement positif. »

Bien qu'Amber ne vit pas en quoi la popularité de Zeno pouvait lui causer du tort, après tout, il était bien aimé de tout le monde -enfin, de ce que la blonde en savait-, son fan club venait sans doute d'un bon caractère, non ? Ou alors, ces filles n'étaient pas normales -ce qui, en soi, n'était pas impossible non plus, vu les filles présentes en Poudlard-, et pis, sans pour autant qu'il l'intéresse un minimum, la capitaine ne pouvait nier que le Gryffondor devant elle avait du charme. Elle le regarda timidement sourire et la jeune James s'en voulut un peu de l'avoir attaqué sur ce sujet de club ; après tout, lui avait-il dit quoi que ce soit sur toutes les rumeurs sur elle ? Pitoyable, Amber, tu es vraiment pitoyable, songea-t-elle en détournant les yeux.

Pourquoi se retrouvait-elle, là, dans ses bras ? Amber ne savait pas trop. Juste que pour la première fois de sa vie ou presque, elle se sentait bien dans les bras d'un garçon, sans qu'il y ait quoi que ce soit derrière et lorsqu'il lui disait que tout irait bien, la vipère y croyait vraiment, chose qu'elle ne faisait plus depuis trop longtemps. Elle se laissa aller dans ses bras, les larmes semblant ne plus vouloir s'arrêter ; sans vraiment se rendre compte de la présence de son mentor pour cette fois, elle n'arrêtait pas de murmurer des " C'est la faute ", " Je suis trop nulle ", " Je suis désolée ", sans queue ni tête pour quelqu'un d'autre qu'elle. Ah. Elle en avait perdu de sa superbe, cette poursuiveuse digne d'Heaven Clarks de première année ! Celle qui, sans se vanter, avait pas mal de garçons qui voulaient d'elle -pas que ce ne soit plus le cas, mais ce n'était plus vraiment pour les mêmes objectifs, les hommes et leurs hormones, que voulez-vous ?-, celle qui excellait dans toutes les matières, qui menait son équipe à la victoire, qui respectait ses professeurs, qui tenait tête à son frère, bref, tout l'inverse de la petite chose fragile qu'elle était devenue, qui se faisait écrasée par son frère, accessoirement célibataire au cœur brisé, qui tressaillait au moindre regard appuyé, qui avait peu d'amis -quoi qu'en soit, ça, ça n'avait pas vraiment changé- et qui se mettait à pleurer dans les bras d'un Gryffondor.

Amber se dégagea, secouée encore par quelques derniers sanglots sans larmes, récupérant difficilement sa respiration, le regard fixé sur ses pieds joints, n'osant plus du tout regarder le lion après tout ce qu'elle lui avait dit. Il devait la prendre pour une belle idiote, qui ne savait pas se contrôler et qui se plaignait pour rien. Une petite marionnette sans caractère. Une bête Poufsouffle. Et encore ... La verte et argent accrocha le regard de Zeno alors qu'elle allait lui répondre.

« Je .. Je sais pas. Tu ne me prends pas pour une gourde ? Me mettre à pleurer, comme ça, comme une idiote ... Tu m'as vue ? Manger en dehors des repas, je suis bien assez grosse comme ça ... »

Honteuse, elle re-détourna le regard. La fuite. Encore.