Eva-Rose - Laura

Je te souhaite une très bonne année 2001.

Les formulations d’usage passées, laisse-moi te demander comment tu vas, après deux longs mois sans nouvelle. Je me doute que tu as été très occupée depuis ta dernière lettre, d’ailleurs tu m’en avais prévenue, mais j’espérais que les vacances de Noël te laisseraient du temps pour penser à tes camarades restés à Poudlard. Qu’importe, je prends les devants, et vais à la rencontre des informations que je cherche, j’avoue qu’à l’écrit c’est bien plus facile.

Les fêtes de Noël seront également finies chez toi quand cette lettre arrivera, et j’espère qu’elles se sont bien passées. Je les ai personnellement passées à Londres, avec ma mère et ma demi-sœur. Cela m’a fait du bien de quitter un peu l’atmosphère de Poudlard, qui devient parfois lourde. On ne peut échapper aux rivalités entre adolescents, et j’ai parfois l’impression que ça devient de pire en pire. Dernier évènement en date – mais qui est déjà vieux d’avant les vacances – la Préfète en Chef Anabelle Montgomery, je ne sais pas si tu vois qui elle est, a été destituée après qu’elle s’est disputée – assez gravement apparemment – avec celle de Gryffondor, Fredericke Maiden. Rien de trop exceptionnel jusque là, mais le problème est que Maiden, elle, reste Préfète. Forcément, ça a révolté pas mal de Poufsouffle, surtout les amis de la première, mais pas que. Ca sonne comme une injustice, ici, je pense que tu n’auras aucun mal à le comprendre, même en tant qu’ancienne Gryffondor.

Bien entendu, le Quidditch n’arrange rien. Franchement, je me demande comment vous pouvez tant aimer ça, toi comme les autres. De mon point de vue, cela sert surtout à exciter les gens et à exacerber les rivalités entre nos maisons. Mais peut être que chez toi, ça n’est pas comme ça ? Ca doit être différent, après tout tu ne vis pas avec tes adversaires et le seul différent que vous pouvez avoir concerne le résultat du match. Or jusqu’à présent – la violence du jeu mise à part – je n’ai rien remarqué de particulièrement choquant sur le terrain, pour les rares fois où je me suis retrouvée dans les tribunes.

En tout cas, je repars demain pour Poudlard, c’est donc là-bas qu’il faudra me renvoyer ta réponse, si jamais tu en as une à faire. Ne voit aucune méchanceté dans ces mots : ignorant ta situation, je ne sais pas quelle disponibilité tu as et si toutes tes activités te laissent du temps pour toi, et dans cet éventuel temps libre, un peu à consacrer à une vie que tu as du abandonner. Je comprendrais que penser à Poudlard n’est pas forcément ce qui te fait le plus plaisir. Je suis également sûre que tu n’oublies pas qu’ici, en Ecosse, il y a encore des gens qui pensent à toi et qui attendent très impatiemment de te revoir.

Je conclus donc là cette lettre, en espérant en recevoir rapidement une réponse de ta part, ainsi que de bonnes nouvelles. Je te fais cependant confiance pour ne rien cacher, s’il devait y en avoir de mauvaises, en admettant que tu veuilles bien en parler.

Je t’embrasse fort, Eva-Rose.

Laura Thinkingen
13 Pulvertreich, Hambourg
Le 5 janvier 2001





J’espère que tu ne m’en voudras pas de tout ce temps pendant lequel je t’ai laissée sans nouvelle – mais n’ait pas peur, tu n’es pas la seule dans ce cas, même ma mère a du me harceler pour m’avoir au téléphone. C’est que j’ai été submergée à un point que tu n’auras aucune peine à imaginer, puisque si je calcule bien, tu es en cinquième année, soit celle des BUSEs. Je n’ai pourtant pas peur pour toi, et je sais bien que tu n’auras aucun problème à toutes les avoir. Le risque est plutôt que tu te tues au travail, donc je te le dis tout de suite : relâche un peu la pression. Ce n’est pas la peine d’arriver morte de fatigue le jour de l’examen parce que tu auras passé toute la nuit à réviser. N’oublie pas de te reposer de temps en temps, et de t’accorder un peu de loisirs.

Pour ma part, je n’ai pas vu ces deux semaines de vacances passer : les entraînements ne se sont arrêtés que pour les fêtes de Noël, et les 31 et 1e. Avec en prime, un tournoi amical entre Noël et Nouvel An en France. Il y avait m’a-t-on dit, des responsables de clubs anglais. Ca m’étonne : ils ne recrutent pas avant la fin des études, et principalement à Poudlard, du moins, c’est ce qu’il m’avait semblé entendre. Bref, on s’est fait rétamer, évidemment. L’équipe n’est pas encore au point, malgré toute la bonne volonté des responsables de la ville et du Ministre des Jeux et Sports magiques, qui aimeraient bien faire de Hambourg une équipe de niveau international capable d’aller défier les clubs britanniques. On n’est pas près d’y arriver, si tu veux mon avis. Rien qu’à voir les résultats des adultes : ils se débrouillent bien dans le championnat allemand, mais pour avoir vu quelques matches, le niveau est à peine équivalent à celui de Poudlard, voire au-dessous parfois. Mais bon, je ne vais pas me plaindre : c’est déjà assez exceptionnel que je puisse continuer à jouer, même si je ne suis plus à Poudlard.

Je ne sais pas trop quoi dire sur ce que tu me dits de la violence du sport. Ici, nous n’avons pas autant de spectateurs qu’à Poudlard, surtout pour les jeunes. Le stade se remplit assez bien pour les rencontres de l’équipe senior, mais il n’y a évidemment pas la même ambiance que dans notre chère école. Tu dois également avoir raison : le fait de tout le temps vivre ensemble crée des tensions. C’est un peu comme à l’école moldue : il y a toujours des gens que tu n’aimes pas, mais tu ne vis pas avec eux. Quant à l’histoire des préfètes, c’est à mes yeux encore plus mystérieux, mais MacGonagall devait avoir ses raisons, à moins qu’elle n’aime tout simplement pas l’ex-Préfète en Chef. D’ailleurs, elle a dû être remplacée depuis, que s’est-il passé de nouveau, depuis cela ?

Tu as beau m’accuser de ne pas te donner de nouvelle, tu ne me dis pas non plus grand-chose sur toi, alors plutôt que de rouspéter, dépêche toi toi de me dire comment tu vas. Et d’ailleurs, bonne année ! J’ai faillit oublier, c’est que le temps passe différemment ici, quand on alterne cours et Quidditch, et ce tous les jours.

Je t’embrasse aussi.
Laura.

Eh bien ! Il t’a fallu du temps, mais finalement je l’ai, ta réponse. Enfin, tu n’as pas mis particulièrement été longue pour me renvoyer une lettre, mais pour me donner des nouvelles en général. Bref, je suis bien contente d’enfin en avoir reçu ce matin même. Le pauvre hibou était trempé, le voyage n’a pas d’eu être de tout repos. Il faudra que je pense à en prendre un autre pour t’envoyer cette réponse, ou tu ne la recevras jamais, ce qui serait dommage, pour une fois que tu sembles avoir un peu de temps pour nous. Bref, je ne vais pas retomber dans une plainte à la Caliméro, et passer à des choses plus agréables à écrire.

Comme tu peux le deviner, j’ai également beaucoup de travail, mais je dois avouer que je m’en sors plutôt bien, l’avance prise au cours des années précédentes faisant que pour ce qui est de la théorie au moins l’essentiel n’est que des révisions. Pour la pratique, c’est parfois une autre histoire, mais je n’ai effectivement pas trop de problème pour mémoriser formules et gestes des nouveaux sorts que j’apprends presque chaque jour. Le tout sera de pouvoir m’en souvenir quand j’en aurais vraiment besoin, si tel est le cas un jour. Or, j’espère bien ne pas revivre de sombres années comme celles qui ne sont encore pas si lointaines. Pourtant, quelque chose me dit que malheureusement cette paix ne sera pas éternelle. Malgré ce que certains voudraient nous faire croire, nous ne sommes pas moins humains que les moldus, et je crois qu’il y a dans notre nature quelque chose qui n’aime pas la paix et la stabilité. Je suis peut être trop pessimiste, et j’espère me tromper.

Sur ces pensées encore une fois très joyeuses, tu me permettras de ne pas m’attarder sur ce que tu m’écris à propos du Quidditch : je n’ai pas les connaissances nécessaires sur le sujet pour pouvoir t’apporter beaucoup, mais à mon avis Rory serait très intéressée par cela. Il apparait en tout cas que la domination britannique sur ce sport n’est pas près de s’arrêter. Rien à voir avec les sports moldus, n’est-ce pas ? Les nouveaux – et quelques anciens aussi – en parlent de temps en temps, des conversations saisies dans la salle commune. Encore un point commun entre sorciers et moldus : l’amour du sport, quel qu’il soit. Au fond, le Quidditch n’est qu’une forme de sport magique, pas forcément plus valable que ce à quoi jouent les moldus, si ? Sans doute que les fans qui n’ont jamais joué au football me rétorqueront le contraire, mais qu’en penses-tu, toi qui a vécu les deux expériences ?

Pour l’histoire des préfètes, tout semble s’être tassé. Il y a un tel rythme de vie, ici, qu’on oublie vite. Les septièmes et cinquièmes années ont leurs examens importants, les plus jeunes sont encore tout émerveillés, et les autres s’en fichent, finalement, d’autant qu’ils ne peuvent y faire grand-chose. McGonagall est la directrice, et c’est à elle de choisir les préfets. Ca ne doit pas être la première fois dans l’histoire de Poudlard qu’il y a de tels évènements.

Bref, voilà une nouvelle année qui commence, pour nous deux, et toi tu es toujours aussi loin. Quand reviens-tu en Angleterre ? Seras-tu de nouveau là en février, ou à Pâques ? Cela m’ennuierait de devoir t’attendre jusque août, encore une fois.


Eva-Rose.

P-S : Ah oui…j’ai été nommée préfète.

Laura Thinkingen
13 Pulvertreich, Hambourg
Le 15 janvier 2001







Tu as intérêt à ne plus me faire de reproche, sinon tu n’en recevras vraiment plus, de lettres. Je prends de mon temps pour te répondre, et tu te permets encore de râler, namého, où va le monde ? Ce n’est pas parce que t’es un peu plus vieille que tu as le droit de me faire la morale, ni d’ailleurs parce que tu as toujours été une excellente élève ou que tu es préfète ! Je ne suis plus à Poudlard, donc je fais ce que je veux, d’abord. Et puis même si j’y étais, d’ailleurs. De toute façon, tu as pu remarquer que pour te punir, j’ai attendu toute une semaine pour te répondre.

Bon, d’accord, je ne suis évidemment pas fâchée, tu l’auras compris j’espère, et je n’ai pas fait pas exprès de mettre tant de temps à te répondre. Le rythme – qu’il soit scolaire ou sportif – vient de s’accélérer brusquement et j’ai du me concentrer toute entière sur mon quotidien, de peur de perdre pied. Maintenant, je crois que c’est bon, même si je vais rester vigilante et ne pas me relâcher : je serais sans doute lente à la réaction jusqu’aux prochaines vacances, au début desquelles je participe à un tournoi en Irlande. Je verrais si il y a moyen que je passe par Pré-Au-Lard : je ne sais pas encore si j’irais un moment chez ma mère, puisqu’il faudrait alors que je me débrouille pour le retour, qui est sinon assuré par le club.

En revanche, tu mérites toute ma colère pour ne pas m’avoir prévenue plus tôt de ta nomination. Tu ne croyais quand même pas t’en tirer à si bon compte ! Et ne me raconte pas de salade, je sais bien que tu es au courant depuis bien avant ta dernière lettre. Est-ce faux ? Ne répond pas oui, je ne te croirais pas. Toutes mes félicitations, en tout cas, tu le mérites, et je suis sûre que tu vas très bien te débrouiller. Comment pourrait-il en être autrement ?

Pour répondre à ta question, ce que j’ai plus ou moins fait, mais plus précisément, mes prochaines vacances commencent en mars, et je serais en Irlande les trois premiers jours. Après, c’est l’inconnue totale, mais tu peux être sûre que je te préviendrais dès que j’en saurais un peu plus. Ce dont je suis certaine, en revanche, c’est que je ne serais pas en Angleterre pour Pâques : on approchera alors de la fin de l’année et le rythme ne peut aller qu’en s’accélérant : je suis dans mon avant-dernière année de formation, si tout se passe bien j’aurais mon diplôme à la fin de l’année prochaine, ce n’est donc pas le moment de faire des bêtises, d’autant plus que mon père et mes grands-parents seraient capable de m’empêcher de jouer au Quidditch. En principe, tout est organisé avec l’école pour que je puisse suivre les deux en même temps, mais je suis persuadée que le directeur préfèrera suivre les demandes d’un moldu plutôt que celles d’un sorcier. Il y a encore pas mal de problèmes de communication, malgré tout. Bon, en même temps, c’est mon père, donc c’est sans doute normal. Bref, je ne vais pas t’ennuyer avec ça, et d’ailleurs il commence à faire tard.

Bisous, Laura.

Ma petite Laulau,




j’ai presque faillit croire à ta colère, si si, je te le jure ! Tu as un don pour écrire les choses méchamment, tu sais. A mon avis tu n’aurais aucun mal à écrire une lettre incendiaire à un éventuel ex-petit ami. Enfin, ne parlons pas de malheur, il y a tant d’autres choses à se raconter, n’est-ce pas ? Mieux vaut ne pas anticiper sur ce que la vie nous réserve au risque de précipiter les choses, ce qui n’est jamais bon. Certes, ça peut faire rire venant de quelqu’un qui aime la divination, mais connaître le futur ne veut pas dire le changer. Bref, je vais encore t’ennuyer si je n’abrège pas à ce sujet.

Bon courage à toi pour tout ce que tu as à faire. Avoir autant de Quidditch que de cours ne doit pas être facile dans la mesure où ton emploi du temps doit être très chargé. Personnellement, je ne crois pas que je pourrais tenir à ce rythme, d’autant que tu as eu le contrecoup du changement, même si je me doute bien que c’est passé, à présent. Pourquoi faut-il, nom d’un hippogriffe, que je revienne toujours à de tels sujets ? La prochaine fois, promis, je ne termine pas cette lettre et en recommence une dont le but n’est pas de te mettre le moral à zéro.

Pour mars, c’est noté. J’attends donc de tes nouvelles au plus vite, ce serait avec grand plaisir que je te rencontrerais à Pré-Au-Lard si jamais tu avais la possibilité d’un passer un samedi où une sortie est prévue. Je sais bien que cela fait beaucoup de si, mais tu sais autant que moi qu’il est difficile de sortir de Poudlard, même si ça n’est pas une prison. Impossible en tout cas d’aller te retrouver en dehors des horaires prévus par la direction, mais tu t’en seras doutée, tu n’as pas besoin de moi pour le savoir.

Permet moi de te souhaiter encore une fois bon courage pour ta fin d’année, la mienne ne va à vrai dire pas être beaucoup plus facile. Mais je penserais à toi, histoire de t’envoyer les résidus de motivation et de courage qu’il me restera après les épreuves des BUSEs. Je ne sais pas si tu en auras besoin, mais sait-on jamais, ça peut toujours servir. Quant à toi, si tu as un peu d’énergie à revendre – je sais que tu en manques rarement – n’hésite pas. Nos fins d’années vont être un peu fatigantes, je le crains, mais nous passerons cette épreuve avec succès, tu peux en être sûre, et serons bien contentes d’être en vacances. Enfin, d’abord il reste six mois à passer.

Pour ce qui du préfectorat, j’espère bien que je vais pouvoir m’en sortir – j’ai peur d’accumuler les gaffes. Rien que la semaine dernière, par exemple, j’ai faillit tuer une première année pendant que je m’entraînais au sortilège de disparition, une simple formalité, d’habitude, mais elle est entrée et ça m’a fait peur. Et après, évidemment, comme je ne suis pas préfète depuis longtemps, je ne me suis pas encore amusée à apprendre les prénoms de tous les élèves de Poufsouffle, alors tu imagines la situation !

On me demande d’éteindre la lumière, je m’arrête donc là.
Bisous, Laura.

Laura Thinkingen
Neuhof am Ring, München
Le 30 janvier 2001






Je ne t’écris pas depuis Hambourg, aujourd’hui. Je suis à Munich pour un match de Quidditch contre l’équipe bavaroise qui domine le championnat. Inutile de te dire que ce ne sera pas facile. Les entrainements ont été très durs toute la semaine pour que nous soyons prêts à les affronter, et notre coach pense que nous pouvons jouer notre chance, peut être au moins pour accrocher un match nul. Pour cela, il faudrait mettre beaucoup de buts sans en prendre, je vais donc avoir un travail non négligeable. A vrai dire, je me sens assez stressée, et je compte sur cette lettre pour faire retomber la pression d’ici tout à l’heure. L’échauffement est prévu pour dans deux heures, et en attendant chacun à sa méthode pour sa calmer. Moi je te réponds, puisque j’en ai l’occasion et que j’espère bien que ça marchera ! Enfin, pas à parler de Quidditch, certes, donc je passe à autre chose.

Il faut bien que je le reconnaisse, pour une fois, je travaille sans doute presque autant que toi, si jamais le Quidditch devait être compté comme un travail. C’est vrai que j’espère pouvoir en faire un jour mon métier, mais c’est avant tout une passion. Mais bordel, je me remets à écrire à ce sujet, alors que je voulais l’éviter. Je te remercie en tout cas de tes encouragements, et te transmets les miens. Pour ce qui est de mon énergie, je t’échangerais volontiers mes surplus contre ta motivation, mais bon, on verra d’ici là ! Pour ma part, je préfèrerais finalement ne pas penser tout de suite à tout ce qui m’attend. Prendre les évènements comme ils viennent, c’est là bien ce que je sais faire, même si évidemment il va me falloir me préparer pour les examens, en temps voulu.

Pour le reste, ma petite vie quotidienne continue tout à fait normalement, pour autant que la vie d’une jeune sorcière dans le monde moldu puisse être normale à tout point de vue. Je suis une espèce d’hybride des deux mondes, tu sais. Enfin, je ne m’en plains pas, n’est-ce pas. Ca pourrait être pire, j’imagine, et je suis plutôt contente. Rien de nouveau sous le soleil, quoi. Ou plutôt la neige, parce qu’il neige, ici, à Munich et j’imagine déjà bien comment ça va être tout à l’heure. Enfin, la ville est magnifique, recouverte de sons manteau blanc, et j’espère pouvoir prochainement t’envoyer des photos : la journée de demain est dédiée à la visite, au tourisme. Et, lundi, on reprend les cours, comme d’habitude, n’est-ce pas ? Bref.

J’aurais aimé être là pour voir ta tentative d’assassinat. La pauvre a du le sentir passé, mais comment as-tu fait pour louper un sortilège ? Depuis que je te connais, je n’ai jamais vu cela arriver. Pourquoi faut-il que cela arrive quand je ne suis pas là ? Je suis sûre que même en le faisant exprès, tu n’aurais pas pu me montrer l’échec d’un de tes sorts. Mais là je suis méchante, ce n’est pas bien de se moquer des autres. C’est juste que ça fait plaisir de voir que finalement, tu as encore en toi une part de normalité et que tu n’es pas une extraterrestre.

On toque à ma porte, il faut que j’y aille. Le hibou part tout de suite, gros bisous.

Laura.

Considère, ma chère Laura, que cette fois-ci je n’ai pas attendu pour te répondre, puisque j’espère que tu pourras recevoir cette lettre à Munich, si le hibou que j’ai emprunté arrive à faire le voyage assez vite, même si ça me parait finalement peu probable. Après tout, on ne sait jamais, et comme de toute façon on est dimanche matin, j’avais le temps pour t’écrire, alors pourquoi ne pas en profiter ? A tout remettre à plus tard, on ne fait finalement plus rien, et autant prendre ce plaisir avant la journée de travail qui m’attend. Je n’ai en effet pas le loisir de pouvoir faire du tourisme. En même temps, depuis cinq ans que je suis à Poudlard, je commence à bien connaître le château, d’autant plus que je n’ai jamais eu tes problèmes d’orientation, qui t’auront néanmoins amené à faire quelques belles rencontres, n’est-ce pas ? Malgré tes plaintes à ce sujet, il me semble que tu n’as pas toujours regretté t’être trompée de chemin.

J’espère que ton match d’hier s’est bien passé et que tu les as tous éblouis, comme tu savais si bien le faire ici, à Poudlard. D’ailleurs, je ne sais pas si je te l’ai déjà dit – et je ne crois pas que tu me l’aies demandé – mais ton remplaçant à Gryffondor s’appelle Zeno Rowle. Je ne sais pas si tu le connais, moi oui, en tout cas, et c’est un garçon très sympa, il en septième année maintenant et ne va donc pas tarder à quitter l’école. C’est dommage, je l’aime bien, mais je suppose qu’il va finir par en avoir assez, si ce n’est pas déjà fait. Sept ans à Poudlard, c’est long, et à mon avis je serais également bien contente une fois que les ASPICs seront passés. Enfin, pour l’instant, je n’en suis qu’aux BUSEs, n’est-ce pas ? C’est déjà bien suffisant, si tu veux mon avis.

Ton attitude vis-à-vis du futur est à mon avis la plus sage, mais je crois bien que ça ne peut décidemment pas être la mienne. Pour mon malheur, je pense trop au futur, peut être à cause de la divination. Je n’ai pas eu comme toi le loisir d’apprendre que la vie est bien trop courte, sans expérience, on ne peut en être vraiment consciente, il me semble. Ne te trompe pas sur le sens de mes mots : je ne souhaite évidemment pas vivre ce que tu as vécu et qui a du être difficile, bien plus même – excuse moi de te le rappeler je te prie – mais au final, j’ai peur que ça soit moi qui finisse par regretter tout ce que je n’ai pas fait par peur, par timidité, ou pour toutes sortes d’autres raisons. Enfin, nous verrons, n’est-ce pas ? Qui peut savoir ce que la vie nous réserve ?

A Poudlard, la neige commence tout doucement à se retirer, la température à se réchauffer, même si l’on est encore dans la partie la plus froide de la saison. Février, puis mars arrivent, plus vite qu’on ne le pense ! Je serais en tout cas très contente de recevoir des photos de ta part. Je t’en enverrais bien également, mais ne n’en ai pas à moi. J’essayerai de trouver, si je le peux, un élève qui possède un, au moins à Poufsouffle. Ca doit être possible.

Pour ce qui est de mon échec retentissant, tu m’excuseras si je ne le réitère pas devant toi la prochaine fois que nous nous verrons : j’aurais trop peur de t’assassiner comme ça a faillit être le cas de cette pauvre fille. Imagines-tu seulement ce qu’il se serait passé ? On m’aurait peut être envoyé à Azkaban ! Même sans Détraqueur, ce n’est pas particulièrement attirant.

Je te laisse pour mes révisions désormais, cela te fera bien assez de lecture.
Eva-Rose.

EXPRESS
[Tous comptés]

Laura Thinkingen
13 Pulvertreich, Hambourg
Le 15 février 2001





désolée pour le retard, Eva-Rose, mais depuis ma dernière lettre, et un peu comme d’habitude, je n’ai pas vraiment eu le temps de te répondre, et je dois avouer que c’est aussi un peu de ma faute, à moi qui ne sait toujours pas bien m’organiser, qui n’ai pas encore appris à travailler en avance. Tout au dernier moment, voilà une constante chez moi, après tout ça ne m’a pas encore porté préjudice, donc pourquoi changer ? Mon père et mes grands-parents n’arrêtent pas de me répéter que je ferais bien de faire attention, que ça me nuira dans le futur, mais bon, ça ne me pousse pas vraiment dans le bon sens. Ni dans le mauvais, d’ailleurs, j’y reste indifférente, ça ne me touche pas, et je ne m’en plains pas.

Le hibou est arrivé dimanche soir, alors que j’allais entrer dans la cheminée qui devait me ramener à Hambourg. Encore un peu, et la pauvre bête allait devoir faire une flopée de kilomètres de plus, déjà qu’elle avait l’air fatiguée. Heureusement, elle a eu le temps de se reposer, depuis. Je ne vais pas m’appesantir sur le résultat, ce fut une défaite assourdissante ; il faut croire que les espoirs du coach n’étaient pas fondés, mais ce n’est pas si grave, on s’est rattrapés hier soir, tu aurais du voir, un vrai massacre, les pauvres faisaient peine à voir. On n’est pas particulièrement bons, mais là…à se demander s’ils font bien de jouer au Quidditch. Je ne connais pas ce Zeno Rowle. Je ne suis pas restée assez longtemps à Poudlard pour vraiment connaître les élèves des années supérieures, surtout que certaines périodes ont été disons….spéciales ? En tout cas, tu m’impressionnes, si tu parles même aux garçons, maintenant.

A Hambourg, il fait froid, c’est peu dire. Le fleuve local, l’Alster, est gelé par endroits, et il faut faire attention quand on marche : il y a parfois plus de glace que de neige. Plus rien ne tombe cependant, et ça finira bien par fondre. Encore deux semaines à en profiter, selon mes grands-parents, peut être moins. Ils parlent de réchauffement climatique – un truc dans le genre, dont j’ai entendu quelque chose une fois à la télé, mais c’est un peu compliqué – et qu’on ne pourra plus jamais aller marcher sur le fleuve. Figure toi qu’avant – la dernière fois c’était il y a quatre hivers, mais ce n’est pas régulier – ils installaient des stands de vin chaud sur le fleuve ! Je n’ai jamais pu y assister, vu que je n’allais en Allemagne que l’été, mais ça devait être assez énorme, tu ne crois pas ? En parlant de ça, il faudra que tu viennes un de ces hivers, que je te fasse goûter du vin chaud, au marché de Noël. C’est complètement différent du jus de citrouille, évidemment, mais ça vaut le déplacement. Enfin, peut être pas d’Angleterre, mais il y a tellement à voir ici.

Tu as raison pour Azkaban ! Alors fais en sorte de ne plus louper tes sorts. Encore que ça m’arrive à moi serait compréhensible, mais pour une aussi bonne élève, quand même, ça n’est pas normal !

On m’appelle pour manger, je m’arrête donc ici.
Gros bisous, Laura.

Une semaine que je suis rentrée, trois depuis que nous nous sommes vues chez toi pour ton anniversaire – enfin, tu le sais, alors je ne vois pas pourquoi je te raconte ça – et tu me manques déjà, tellement nous avons rit, et tant ça m’a fait plaisir d’enfin pouvoir passer un peu de temps avec toi. Vivement l’année prochaine, que nous nous revoyions, si ce n’est pas possible avant, ce qui est très probable vu le programme que nous avons l’une comme l’autre. Rien de très réjouissant, donc, mais le but de cette lettre n’est pas de te plomber le moral, et de te donner le mal du pays, alors pardonne moi, s’il te plait, de commencer par une si piètre introduction.

Ma rentrée s’est bien passée, l’accueil des nouveaux n’a pas été trop dur, il n’y en a pas énormément en même temps, et nous sommes trois à Poufsouffle. La semaine, je n’ai pas arrêté de courir, d’un cours à l’autre, d’un rendez-vous à l’autre – je ne sais toujours pas quoi faire après Poudlard et je préfèrerais éviter de garder toutes les matières pendant encore deux ans – sans compter les rondes, les réunions, et les petits à aider. Bref, j’aurais voulu t’écrire plus tôt, mais je n’en ai pas eu le temps, alors j’espère que pour toi le rythme est moins rapide et que tu arrives à t’en sortir.

Ici, le temps est…de septembre ? Tu connais aussi bien que moi quelle est la météo à Poudlard, et bien ça ne change pas de d’habitude, les derniers jours de soleil, il y en a de moins en moins et déjà je sens les premiers nuages arriver. Heureusement, la grande salle est là pour nous rassurer de temps en temps. Enfin, tant qu’on peut rester encore un peu dans le parc, moi ça me va. Mais j’ai peur du coup de fatigue qui va inévitable arriver en décembre. Et s’il était pire que d’habitude ? Franchement, ma chère Laura, je commence à m’inquiéter pour mon avenir. J’ai peur de ne pas supporter la pression de ces deux ans à venir, alors que celle-ci ne fait que commencer. Qu’est-ce que tu en penses ?

Bon, toujours rien de très réjouissant, quelle bonne nouvelle pourrais-je donc t’annoncer ? Les détails de ma vie à Poudlard risqueraient de te faire t’endormir sur ma lettre, et j’aimerais que tu arrives jusqu’à la fin, si possible de bonne humeur et pas à moitié en pleurant parce que je ne te parle de rien de beau. C’est qu’il n’y a malheureusement pas grand-chose à raconter ; pas parce que je ne me plais plus à Poudlard, malgré ce que j’ai pu laisser entendre – ou du moins lire – mais parce qu’à quoi est-ce que ça pourrait bien servir de t’expliquer mes relations avec Charisma Kostovak ou Tomas Habsbourg ? Tu sais aussi bien que moi que je n’aime pas vraiment raconter ma vie, même si c’est toujours plus facile par écrit qu’en parlant. Ah si, tu serais peut être contente d’apprendre que j’ai réussi à discuter à peu près correctement le jour du banquet de rentrée et à accueillir correctement les nouveaux, ils n’ont pas eu l’air d’avoir envie de filer à Gryffondor.

J’arrête ici, gros bisous.
Eva-Rose