{ Alix Davidson } - [ 30 baisers ] - ( 30/30 )

Il avait un an de plus qu’elle, et ne fréquentait pas du tout les mêmes gens qu’elle… Alix était une fille au caractère tranché qui s’attirait beaucoup de regards sombres, peu aimables… Mais elle était aussi ‘une fille parmi tant d’autres’. Inintéressante aux yeux de beaucoup, plate, sans aucun intérêt… Lui, en revanche, était celui qui se faisait remarquer. Et pas forcément en bien, non… Bruyant, agité, parfois même insolent, il était ‘le rebelle’ qu’on préférait éviter pour son propre bien… Alix avait entendu beaucoup de rumeurs à son sujet… Il serait, paraît-il, un garçon violent, irrespectueux, se moquant de tout et de tous. Mais elle, elle n’avait jamais voulu croire aux rumeurs. Et le jour où ils furent en retenue, ensemble, lui à cause de ses trop nombreux tatouages, qui étaient jugés comme étant ‘sales’ et ‘inadapté à un jeune homme de son âge’, elle, parce qu’elle s’était battue en cours de sport (en même temps, Maïlys l’avait bien cherché ! Elle n’arrêtait pas de lui faire de sales coups dans le dos, et forcément, Alix avait fini par craquer… Et aussi petit soit-elle, avec son mètre cinquante, elle cognait fort et drôlement bien.).

Ils étaient obligés de nettoyer le gymnase. Un balai en main, tous les deux, ils observaient l’étendue de la salle, qui se trouvait juste là, devant eux. Ce fut Axel qui prit la parole en premier :

« Tu as fait quoi au juste pour venir ici ? »

Haussant les épaules, s’appuyant sur son balai, la jeune fille répliqua :

« Je me suis inscrite. Comme tout le monde, j’imagine. »

Esquissant un sourire, il reprit :

« Ouai, non, moi je parlais pas du bahut, mais plutôt du gymnase, toi, moi, deux balais et trois heures de retenue devant nous… »

Encrant ses yeux dans ceux d’Axel, elle répliqua :

« J’ai eu une… comment peut-on le formuler… Hum… Une ‘altercation’, oui, voilà… »
« Ha, oui ? Tu as cassé les dents de qui ? »

Réprimant un fou rire, elle répondit :

« Pas la moindre temps de cassée, mais je pense qu’elle va avoir un bon hématome en pleine face. Ca lui apprendra à me faire ch*er… Maïlys. »
« Ha ouai… Bizarrement ça ne m’étonne pas du tout que vous ne soyez pas copines toutes les deux. »

Arquant un sourcil, Alix l’observa d’un air interrogateur, le laissant poursuivre :

« Ben ouai, tu voies… cette fille est la superficialité incarnée, et quand je te voie toi, je ne pense pas ça directement… Tu peux m’arrêter si je me trompe, hein. »

Le sourire d’Alix signifiait que non, il ne se trompait pas.

« Et toi ? Tu fais quoi en colles ? »
« Tatouages. »

Etonnée, elle lui fit répéter :

« Quoi ? »
« Tu as bien entendu… Mes tatouages ne plaisent pas. »

Finalement, Alix esquissa un sourire, lâchant son balai, elle rejoignit son compagnon de colle :

« Vas-y, montre les moi. »
« Pourquoi ? »
« Parce que les tatouages ce n’est pas fait pour être planqués, aux dernières nouvelles, tiens. »
« Ouai, mais ils ne sont peut-être pas faits pour être vus par n’importe qui… Ya peut-être un destinataire. »

Croisant les bras devant elle, l’air fatigué, Alix toisa Axel un instant, avant de reprendre :

« Et qui est le destinataire ? »
« Tous ceux qui me comprennent. »
« Et qu’est ce qui te dit que je ne te comprends pas, au juste ? »


Axel haussa les épaules :

« Je sais pas… Pour l’instant je ne peux pas savoir. »

Un air de défi plaqué sur ses lippes, la brunette répliqua :

« Ben alors testes moi, on verra bien après ! »

Et c’est ainsi que les deux jeunes gens se firent la malle du gymnase, s’attirant sans nul doute des problèmes supplémentaires à venir. Escaladant un grillage, il purent quitter l’école. Axel devant admettre que la petite était drôlement agile…

« Putain, c’est la première fois qu’on va plus vite que moi pour l’escalade de ce grillage ! Tu le fais tous les jours ou quoi ? »

Riant, elle répondit :

« Je te dirais mon secret quand tu me montreras tes tatouages ! »
« Ha ouai, tu veux jouer à ça ? »

Il s’avança vers elle, et, avec bonne humeur, la prit par la taille et lui fit la chatouille. Hurlant de rire, Alix se débattit juste pour la forme. Finalement, ils se trouvèrent allongés dans les herbes hautes, cachés par la verdure, à regarder le ciel.

« Tu sais quoi ? »
« Non, quoi ? »
« Tu es un mec vraiment surprenant, Axel. »
« Pas plus que tu ne l’es, toi. »

Doucement, il s’avança vers elle et l’embrassa sur la bouche. Glissant ses bras autour du cou du jeune homme, elle resta allongée, à l’embrasser, lui au-dessus d’elle. Doucement, il retira son T shirt, et elle pu, alors, admirer ses tatouages… Un sourire aux lèvres, elle souffla :

« Ils sont magnifiques… »

Tout sourire, Axel répondit :

« Merci. Et ton secret, alors ? »
« Je suis gymnaste. »

Puis elle tira doucement le jeune homme par le coup pour qu’il revienne contre elle, l’embrassant de nouveau… Ils allaient sans doute se faire dégommer lorsqu’ils retourneraient au lycée, mais là, tout de suite, ils ne pensaient pas du tout à leurs débordements… Ils ne songeaient qu’à l’instant présent, qui se conjuguait à deux.

Ca faisait deux mois qu’ils sortaient ensemble. Alix et Axel étaient le couple improbable du lycée. Personne, même pas eux, n’aurait jamais pu imaginer qu’ils puissent un jour en venir à se fréquenter et encore moins à sortir ensemble ! C’était tellement… Ridicule, comme idée ! Et pourtant ils étaient là, bel et bien ensemble… Et ça marchait très bien entre eux. Ils se comprenaient très bien, passant leur temps libre ensemble. De plus, leurs activités respectives leur prenant, à tous deux, énormément de temps, ils parvenaient très bien à tout concilier. Alix passait toutes ses matinées (dès 5h) et ses soirées (jusqu’à 21h) au gymnase, allant au lycée le restant de la journée. Axel, lui, passait toutes ses soirées (jusqu’à 23h) à répéter avec son groupe. Aussi sortaient-ils ensemble les week end. Alix s’était arrangée pour s’entraîner pendant que le groupe d’Axel répétait, et ainsi, dès que l’un sortait, le second était disponible…

Nous étions un samedi soir, et pour la première fois, Alix allait enfin voir son petit ami jouer. Elle n’avait jamais pu voir une seule répétition et c’était là le premier concert auquel elle pouvait assister. Axel la conduisit jusqu’à la salle. Ils arrivèrent en avance, mais peu importait. Laissant Axel s’occuper de l’installation, la brunette fit un tour dans le quartier, afin de ne pas trop déranger le groupe par sa présence.

A l’heure du concert, Alix était là, assise au bar. Le groupe jouait devant des personnes qui n’étaient pas forcément venues pour les voir eux. Ils n’applaudissaient pas toujours aux chansons et passaient plus de temps à discuter entre eux qu’à vraiment écouter les musiques, exceptées quelques personnes… Puis ce fut terminé. Alix avait encouragé le groupe, applaudit à chaque fin de morceaux… Il y avait un petit groupe qui, comme elle, était venu juste pour voir le groupe joué ce soir… Ils avaient fini part se rejoindre, tous et la jeune fille avait, ainsi, fait la connaissance du ‘groupe de fidèle’ qui suivait le groupe depuis leurs débuts, ou presque. Le temps était vite passé, et quand les musiciens eurent tout rangés, ils rejoignirent le groupe en question. Axel serra des mains, embrassa quelques joues, discutant avec bonne humeur et entrain avec les ‘fans’ puis, finalement, il vint s’asseoir à côté d’Alix, lui adressant un sourire complice :

« Alors, tu en as pensé quoi ? »

Le regard brillant, comme si un ciel étoilé venait d’allumer ses pupilles, la jeune fille répondit avec entrain :

« C’était tellement génial !!! »

Lui rendant son sourire, il glissa ses doigts dans les cheveux d’Alix et l’embrassa avec passion. Ils restèrent un moment avec tout le monde à boire, discuter et rire… Puis, se levant, Axel prit la main d’Alix et ils saluèrent tout ce beau monde, filant à leur tour. Le lendemain, Alix devait s’entraîner au moins cinq heures… mais même si elle risquait d’être fatiguée, elle ne regretterait jamais d’avoir eu cette soirée musicale… Voire Axel sur scène… C’avait été magique ! Marchant côte à côte, ils parlèrent avec bonne humeur, puis rentrèrent à pied (Axel ayant bu, c’était bien mieux ainsi…). Il raccompagna Alix chez elle, et, alors qu’ils s’embrassaient sur le pas de la porte, Alix souffla doucement, à son oreille :

« Tu ne veux pas rester dormir ? »

Axel l’observa en silence, comme s’il allait protester :

« Je ne sais pas si c’est une bonne idée, Alix… Je préfèrerais être sobre, et que tu le sois, toi aussi… »
« Je ne te demande pas autre chose que de rester dormir, tu sais ? On sera sages. »

Il sourit doucement, et finit par capituler. Ils finirent par s’endormir, l’un contre l’autre, bien plus vite qu’ils ne s’y étaient attendus. La fatigue pesant sur les jeunes épaules.

Axel Griffins était un des musiciens ‘qui en sont’. Il avait débuté très jeune, dans un garage, avec des potes, rêvant de gloire et d’étoiles… Il était allé au lycée, parce que ses parents n’avaient jamais cru à ses rêves, à un possible avenir dans la musique… Il avait était un garçon dissipé, rêveur, parfois insolent. Il n’était pas compris… Lui, ce qu’il désirait, ce qui lui donnait envie de se lever le matin, ce qui lui permettait de respirer et ce qui maintenant les battements de son cœur en activité, c’était sa musique… Juste ça… la musique… mais ils ne le comprenaient pas, ils le méprisaient, le rabaissaient… Comme s’il n’était pas capable d’aimer les bonnes choses, de savoir quelle voie choisir. Comme s’il n’était qu’un gosse immature qui devait être réprimé. Mais ils s’étaient tous trompés. Ils avaient voulu le faire taire, le maintenir dans les rangs, mais il s’était accroché. Et aujourd’hui, il se tenait là, sur cette scène immense, devant plus de dix mille personnes. Il faisait sa musique, vivait d’elle et ne respirait que par elle. Il était devenu célèbre, il faisait la une de magasines, il faisait entendre sa voix partout où il se rendait, les radios passaient sa musique et certaines émission télévisées lui étaient consacrées ! Il était né pour faire de la musique, à présent, il vivait avec elle, jour et nuit, nuit et jour. Elle était sa raison de vivre. Il était : une superstar.

Il était plus de deux heures du matin, quand il rentra chez lui. Alix était là, endormie. Elle voulait venir le voir au concert, mais ils savaient, tous les deux, que c’était de la folie. Si elle l’avait suivi depuis le tout début de leur relation, à présent, elle devait s’arrêter… Au moins quelques mois encore… Un an maximum. Mais c’était clair qu’il était trop risqué pour elle de rester au milieu d’une foule aussi agitée… Et puis il fallait qu’elle se repose. Sur le seuil de la porte, Axel l’observait en silence, la lumière qu’elle avait laissée allumée dans le salon. Elle était si paisible, allongée sur le sofa. Il n’avait même pas besoin de l’interroger, elle avait voulu l’attendre… mais le sommeil avait eu raison d’elle. Souriant, il s’approcha d’elle tout doucement, et s’agenouilla à ses côtés. Il était couvert de sueur, il sentait la cigarette et sans doute l’alcool, mais elle ne bougea pas d’un millimètre lorsqu’il déposa ses lèvres sur celles de la jeune femme. Caressant son front, y chassant sa longue frange, il ne pu réprimer un sourire tendre et murmura doucement à l’oreille de sa belle :

« Alix… »

Elle fronça les sourcils, gémissant. Il sourit d’avantage encore, et la secoua tout en douceur :

« Aller, on se lève… Tu aurais pu aller te coucher au lieu de m’attendre là… »

Elle avait fini par ouvrir les yeux, encrant ses prunelles chocolatées dans celles du musicien. Elle eut l’air perdu avant de prendre un air plus fâché :

« Oh non… Je voulais t’accueillir quand tu rentrerais… je suis trop nulle. »

Axel sourit et l’embrassa de nouveau :

« Mais non, c’est normal que tu sois fatiguée… Bientôt tu pourras de nouveau m’accompagner. »

Il l’aida à se lever, et l’accompagna jusqu’à la chambre. Elle tendit les mains vers lui quand il commença à s’éloigner :

« Reste… »
« Je ne pars pas loin, je vais juste me doucher. »
« Alors je viens avec toi. »

Réprimant un sourire, Axel leva les yeux au ciel :

« C’est ridicule, tu sens bon la framboise, déjà… Moi en revanche j’ai besoin de me décrasser. »

Debout, Alix protesta :

« Peut-être, mais tu nous as manqué, on veut toutes les deux passer tout notre temps avec toi, donc on vient à la douche nous aussi. »

Elle posa un regard sévère sur le jeune homme qui capitula, souriant :

« Ok, ok, j’ai compris… »

Il aida Alix à se déplacer jusqu’à la salle de bain, puis, lorsqu’ils furent dans la douche, il passa tendrement sa main sur le ventre gonflé de sa compagne, et tous deux sourirent, murmurant en cœur :

« Plus qu’un mois… »

A la base, c’était une idée de Roman ce barbecue. Il avait la maison pour lui tout seul, le temps d’un week-end et avait donc invité ses amis à venir à la maison. Il y avait donc eu Camille, Damon, Tosca et Alix. Pas trop de mondes, juste ce qu’il fallait pour passer une bonne petite soirée entre amis ! Roman avait préparé le dessert, tandis que Damon et Tosca prenaient de la viande. Camille avait apporté un accompagnement (salade et taboulé), tandis qu’Alix avait pris de quoi boire (boissons sans alcool s’il vous plait !). Le groupe d’amis s’était installé dans le jardin et la soirée avait pu commencer.

Riant, Alix ouvrit une bouteille de thé glacé, tandis qu’elle jetait un regard amusé à Camille et Damon qui luttaient avec acharnement contre ‘l’ouverture facile’ des saucisses. Tosca, morte de rire, finit par déclarer :

« Insistez pas, les gars, c’est pas grave, on va faire griller un de vous deux au pire… On fait quoi ? On tire à la courte paille ? »

Un habile coup de couteau de Roman mit fin au dilemme, Alix maugréant :

« Et mince, j’aurais bien grignoté un petit bout de Damon, moi ce soir ! »

Recevant alors un torchon au visage, elle se mit à rire de plus belle et ils purent commencer à faire cuire la viande. Tosca et Alix parlaient de sport, pendant que Camille expliquait les modalités du dessin à Roman, ce dernier voulant avoir quelques astuces pour pouvoir décorer ses desserts prochainement… Damon, quant à lui, se battait avec les saucisses récalcitrantes. Alix vint finalement l’aider et tous deux s’en sortirent sans trop de blessures (les saucisses, en revanche, ce n’était pas trop ça…).

Quand la viande fut servie, ils mangèrent avec appétit (en même temps ils s’étaient tous tellement battus avec qu’ils n’allaient pas la bouder à présent !!!). Puis lorsque deux heures du matin sonnèrent, tous, exténués, filèrent se coucher. Roman avait monter une grande tente dans son jardin, ainsi, tout le monde pourrait dormir ensemble. De droite à gauche, il y avait Tosca, puis Alix, Camille, Roman et Damon. Chacun rentra dans son duvet, baillant à qui mieux mieux et, bien que Damon et Tosca jouent les résistants à bavarder après s’être mis au lit, ils finirent par tous s’endormir. C’est seulement sur les coups de quatre heures et demi du matin qu’Alix ouvrit les yeux, frissonnant. S’il avait fait chaud toute la journée, la nuit n’en n’était pas moins glacée. Se recroquevillant sur elle-même, pour garder le plus possible la chaleur, elle vit Camille à côté d’elle, ouvrir les yeux à son tour. Il lui adressa un sourire, et elle le lui rendit. Puis, sans qu’elle n’ait rien à dire, il se rapprocha d’elle, pour la serrer contre lui, la réchauffant alors de son corps. C’est ainsi que tous deux se réveillèrent, quelques heures plus tard, blottis l’un contre l’autre. Les autres dormaient toujours, mais ni l’un, ni l’autre, ne pouvait se résoudre à se rendormir, leurs cœurs battant à tout rompre. Ce fut Camille qui donna le signal, embrassant doucement le cou d’Alix, frémissant de surprise, mais aussi de plaisir, elle encra alors ses prunelles dans celles azur du jeune garçon, et doucement, l’embrassa sur la joue, pour finalement, s’embrasser sur les lèvres. Ce n’était pas du tout prévu, jamais elle n’avait imaginé qu’elle sortirait avec Camille, mais ça c’était fait ainsi… A eux de voir, à présent, si l’histoire allait fonctionner…

La soirée battait son plein, les jeunes étaient partout, en couple, en groupe, mais jamais seuls. J’étais là, avec ma meilleure amie, Faith, et mon petit ami : Luc. Depuis peu, au ranch d’Alix se trouvait un nouvel employé : Kaïn Haner. Il était de passage, en test… C’était la mère d’Alix qui avait insisté pour qu’il soit accueilli au ranch. Il était en période probatoire, Alix ne savait pas ce qui lui avait valu d’avoir des problèmes avec la justice, et elle préférait l’ignorer… Elle préférait apprendre à connaître le jeune homme qu’il était à présent plutôt que de savoir son passé. Lorsqu4Alix était partie pour la soirée, Kaïn était toujours occupé à décharger le foin.

Ce n’est que quelques heures après l’arrivée du trio formé par le couple et Faith que Kaïn fit son apparition. Keira le vit lorsque Faith le désigna d’un mouvement de menton :

« Oh, mais c’est pas le nouveau venu au ranch, lui, au fait ??? »

Le matant sans aucune discrétion, elle se mordilla la lèvre, l’air enchanté :

« Oh mon Dieu, il est trop canon !!!! »

Haussant les épaules, Alix sourit doucement à son amie qui fut néanmoins prise de vitesse par Victoria. De toute façon, ce n’était pas du tout étonnant, connaissant cette dernière…. Victoria était connue pour être un véritable rapace avec les mecs ! Tout le monde était au courant…. Ben sauf Kaïn, en fait, puisqu’il venait tout juste d’arriver !

Laissant Victoria allumer Kaïn, Alix retourna à sa conversation. Ceci étant, Luc commençait à être plus que saoul et donc sacrément lourd… Bon que l’on soit bien clair : Luc était un garçon gentil, vraiment très gentil… Mignon, altruiste et tout ce qui s’en suit… Sauf que là, il commençait à être désagréable. Agacée, Alix le repoussa alors qu’il s’était penché vers elle pour l’embrasser :

« Arrête, Luc… Tu as trop bu ! Je fais comment pour rentrer, moi maintenant ??? »

La retenant par le poigné, cependant, il plaqua malgré tout ses lèvres contre celles d’Alix qui cria :

« Mais arrête !!! Lâches moi, je veux rentrer ! »

C’est alors que Kaïn les rejoignit. Dégageant le poigné d’Alix de la poigne ferme de Luc, il ne réfléchit pas une seconde de plus et frappa. Le coup de point partit telle une fusée, renversant à terre le jeune homme. Le souffle coupé, Luc observa Kaïn, sans trop comprendre ce qui s’était passé. Alix quant à elle posa un regard glacé sur Kaïn, sifflant :

« Non mais tu es complètement malade toi ! »

Il n’eut le temps que d’appeler son nom :

« Alix ! »

Mais c’était déjà trop tard, elle était partie de la fête. Victoria, quant à elle, approchait de Kaïn, riant sous cape :

« Il semblerait que l’intervention du prince charmant n’ait pas eue l’effet espéré… Je me trompe ? »

Elle se mordilla la lèvre, amusée, et repartit sans un mot. Faith, quant à elle, s’était penchée sur Luc :

« Tu ferais mieux d’aller te coucher, Luc. »

Ce dernier se frottait la mâchoire, et chercha du regard Kaïn, lorsqu’il se releva… Mais il était introuvable… Il était déjà parti.

Kaïn avait couru jusqu’à sa voiture. Grimpant rapidement à bord, il démarra et quitta lentement la maison où avait lieu la fameuse soirée. Les feux allumés, il roulait prudemment sur la route enneigée et parfois gelée à quelques endroits. L’hiver, dans ces montagnes, était sans pitié. Les accidents étaient très nombreux, et il fallait donc être extrêmement prudent, dès que l’on y prenait la route… Conduisant prudemment, donc, Kaïn s’éloigna de la maison bruyante et poursuivit sa route dans la froide campagne. Ce n’est qu’après plus de quatre (voire cinq ou six) minutes de routes qu’il la vit…

Alix marchait d’un pas rapide mais on ne peut plus sûr, emmitouflée dans une grosse veste, les bras croisés contre son torse pour se tenir chaud. Freinant à sa hauteur, et voyant qu’elle poursuivait malgré tout sa route, Kaïn prit la parole, depuis la fenêtre ouverte du véhicule :

« Tu comptes rentrer à pied, si je comprends bien ? »

Ne recevant pas la moindre réponse (ni même le plus petit coup d’œil) il reprit :

« Bon tu pourrais arriver un peu avant le lever du soleil avec un peu de chance… Après, tu peux aussi mourir de froid avant, parce que là on doit être à quoi… -10 ? -15 ? D’ici une heure on sera peut-être arrivés aux -20 ? »

Ne recevant toujours aucune réponse, il freina d’un coup sec et cria :

« Ecoute, je suis désolé, ok ? »

Le positif, c’était qu’elle avait fini par s’arrêter et le regarder toujours, les bras croisés. Kaïn en profita donc pour embrayer :

« Je pensais qu’il… Ben qu’il était en train de te faire du mal, alors… Ben j’ai pas pu m’empêcher d’intervenir… je suis désolé, d’accord ? »

Le toisant du regard, Alix demeura muette un moment avant de finalement, prendre la parole à son tour :

« Tu as le chauffage ? »

Tout sourire, Kaïn répondit donc en haussant les épaules, du ton de l’évidence :

« Bien sûr ! »

Alix contourna donc le véhicule et monta à bord. Lorsqu’elle fut assise et attaché, Kaïn démarra et ajouta :

« Mais il marche pas. »

Alix fut alors prise d’un éclat de rire que Kaïn suivit sans la moindre hésitation. Le reste de la route se passa fort bien. Kaïn restait prudent et allait assez doucement. Ils mirent quand même plus d’une demi heure à arriver à la maison. Lorsque Kaïn coupa le moteur, Alix se tourna vers lui :

« Merci… Merci pour tout, pour ce soir… »

Il lui rendit son sourire, et, sans qu’il ne s’y attende, reçu un simple baiser, sans prétention, sur la bouche. Aussi tôt ce baiser donner, Alix quitta le véhicule réchauffé par la seule chaleur de leurs deux corps et couru dans la maison. Kaïn l’observa en silence, amusé, et rejoignit sa propre chambre, située au dessus de la sellerie. Cette fille était vraiment trop bizarre… mais il était un peu… touché (oui c’est le mot) par sa façon d’être, sa personnalité… Son tempéremment…

Posté à sa fenêtre, Martin observait sa sœur. Ils avaient toujours été si proches, complémentaires… Inséparables ! Mais ils grandissaient, et plus ils vieillissaient, au fur et à mesure que les jours passaient… Moins ils se suivaient, moins ils se comprenaient. Martin sentait une sorte de fossé se creuser entre sa sœur et lui. Il sentait que la fin était proche, qu’elle arrivait, doucement mais sûrement… Et il avait peur. Peur de la séparation, peur que leur union ne prenne fin définitivement, sans aucun retour en arrière possible… Grimaçant de dégoût, il vit sa sœur déposer un baiser sur les lèvres de Camille qui l’avait raccompagnée chez eux. Martin bouillonnait de rage, de colère, d’incompréhension. Pourquoi ce mec s’était-il donc interposé entre eux ? De quel droit se plaçait-il sur leurs chemins ? Qui l’avait autorisait à ne serait-ce que tenter de les séparer… ? Martin et Alix étaient jumeaux ! Ils étaient liés par le sang, mais pas seulement ! Ils avaient ce lien, un lien qu’on en pouvait briser ! Ils avaient ce lien si puissant qu’on ne pouvait pas l’effacer, surtout pas l’oublier et encore moins le piétiner.

Lorsqu’Alix entra, Martin écouta la porte d’entrée se refermer, sans même se déplacer de son poste d’observation. Il vit Camille regarder un instant en direction de la porte d’entrée à présent clos, puis finir par s’en aller, enfonçant ses mains dans ses poches. Furieux, Martin resta planté là, devant sa fenêtre, se préparant à se trouver face à sa sœur… cette dernière poussa la porte de leur chambre en silence, et contempla, avec incrédulité, la silhouette de son frère, ; toujours debout, à la fenêtre :

« Martin ?! »

Son jumeau se contenta de se tourner vers elle, sans dire un mot. Alix inspira profondément et fit un pas dans sa direction :

« Qu’est ce que tu fais encore debout ? Tu as vu l’heure ? »

Dans une parfaite synchronisation, ils se tournèrent tous deux vers leurs réveils respectifs. Puis se regardèrent de nouveau, dans les yeux. Soupirant, Alix alla s’asseoir sur son lit, observant son frère en biais. Martin ne se décidant pas à prendre la parole, la jeune fille se lança :

« Alors ? »

Martin la dévisageait d’une drôle d’expression, avant de finalement (et enfin !) se décider à prendre la parole :

« Alors quoi ? »
« Alors qu’est ce que tu as à rester muet là, comme ça, et à fixer l’horizon à cette heure-ci ? »

Martin affronta sa sœur du regard, lâchant avec agacement :

« Je ne regardais pas l’horizon. »

Levant les yeux au ciel, Alix répliqua :

« C’était une façon ‘pas trop désagréable’ pour moi de dire que tu m’espionner ouvertement ! »
« Je ne t’espionnais pas, Alix. »
« Non, sans blague ? Et tu faisait quoi, alors ? »
« Je… »

Tous deux s’affrontaient du regard, Martin hésita un instant, le temps qui suffit pour Alix de reprendre, avec agacement :

« Tu quoi ? »
« Je m’inquiétais pour toi, voilà tout ! »

Ils s’observèrent à nouveau en silence, et Alix se leva, finalement, pour aller serrer son frère dans ses bras. Elle venait de lire, dans son regard, tellement de détresse et de peine, qu’elle sentait son propre cœur se briser :

« Oh, Martin… »
« Tu avais di… tu avais di que tu rentrerais à 1h… »
« Et il n’est que 1h30… On a juste été un peu retardé à la soirée… »

Martin se défit un peu des bras de sa sœur pour souffler :

« Ben je m’inquiétais… »

Souriant doucement, Alix embrassa son frère sur le front, et murmura à son oreille :

« Je te préviendrais la prochaine fois. Promis juré. »

A présent qu’elle était là, contre lui, il se sentait de nouveau apaisé. L’absence de sa sœur lui pesait toujours… trop, mais ça, il ne pouvait pas le diriger… Mais dès le moment où ils étaient réunis, leur Lien, si unique et inviolable semblait se reformer et tout devenait plus clair, plus simple… Mais aussi plus limpide.

Alix était une fille comme n’importe quelle autre. Banale, elle était celle qu’on ne remarquait pas dans la masse mais qui savait, parfois, faire quelque chose d’à part… Avoir un A, par exemple, ou encore être soliste à la chorale de l’école pour une chanson… Elle n’était pas une leader, elle n’était pas charismatique et elle n’aimait pas plus que ça qu’on la remarque. Evidemment, le rôle de la fille invisible ne lui plaisait pas forcément constamment, mais au moins s’agissait-il d’une agréable couverture… Sa vie était simple, plutôt facile, en réalité… Enfin comme celle de n’importe quelle autre lycéenne ‘normale’ de la planète !

Tous les matins, son réveil sonnait à 6h30. Elle se levait et prenait alors son petit déjeuner avec son frère et sa mère, dans la cuisine. Son père les rejoignait à 7h00, déjà habillé, parfumé. Il buvait un café, se lavait les dents et partait travailler… Puis les jumeaux se douchaient, et à 7h30, ils prenaient le bus (un énorme truc jaune) qui les emmenait au lycée.

Là, ils se séparaient. Martin rejoignait son groupe d’amis, dans lequel se trouvait une fille qui n’arrêtait pas de lui faire les yeux doux depuis quelques semaines (ce qui faisait plaisir à Alix…), tandis qu’elle, elle était rejointe par son petit ami : camille. Ca faisait neuf mois qu’ils étaient ensemble et tout roulait pour eux ! Il l’embrassait, puis, main dans la main, ils se dirigeaient vers leur cours de 8h qu’ils avaient en commun : celui de mathématiques. Ils travaillaient sur les équations pendant deux heures, puis, quand l’horloge sonnait, c’était la séparation. Alix partait travailler en Chimie, tandis que lui se retrouvait en Littérature comparée. A midi ils déjeunaient ensemble les lundi et mercredi. Les autres jours de la semaine, ils restaient avec leurs groupes d’amis respectifs et quelques fois, les deux groupes se mélangeaient (ça arrivait en moyenne quatre à cinq fois par mois…).

Les après midi, c’était Sport, pour Alix et dessin pour Camille. Le soir, ils sortaient parfois ensemble à al fin des cours, et tous les week-end, Camille aidait Alix en Anglais, tandis qu’elle lui expliquait la chimie. Leur vie était toute réglée, paisible… parfois, elle était agitée par quelques facteurs dérangeants… Une plaisanterie de la part des gros bras du lycée, une mauvaise note accompagnée d’une interdiction de sortie… mais jamais Alix ne songerait à se plaindre de sa vie actuelle, parce qu’elle lui convenait parfaitement. Certains chuchoteraient routine, elle se contentera de répondre : bonheur. Elle n’avait pas de mauvaise surprise, savait où elle allait et, qui sait, dans quelques années, Camille et elle se marieraient ? S’ils parlaient de vivre ensemble à la fin de leurs études, ils n’avaient pas encore abordé le sujet du mariage… Chaque chose en son temps, après tout ! Ils étaient encore bien jeunes, ils n’étaient pas pressés.

De bonne humeur, la jeune fille embrassa Camille, ce matin là. Nous étions un Lundi, et la semaine s’annonçait drôlement bien. Il pleuvait, mais elle s’en fichait, parce que son soleil était là, juste à côté d’elle et qu’avec lui, tout prenait un tout nouveau sens… magique !

Allongée dans l’herbe, les yeux clos, Alix laissait la légère brise caresser son visage, les herbes hautes, dansant autour d’elle la cachait des yeux du monde, et c’est dans cet univers enchanté, où la nature vivait en maître qu’elle se sentait la plus libre… Une voix attirant son attention la fit se redresser. Dans son dos, deux ailes d’une finesse telle qu’on pouvait voir au travers tremblotèrent, tandis qu’elle tendait l’oreille. Des humains… Encore… Lasse, elle soupira et rentra, à regret, sa paire d’ailes aux reflets mauves. Assise, à présent, sans la moindre trace surnaturelle à ses côtés, elle écoutait les jeunes gens se rapprochaient et finalement, ils arrivèrent à sa hauteur. Ils étaient quatre et elle les connaissait bien… Il y avait Alek, le dragueur de la bande, celui qu’elle ne pouvait pas supporter, parce qu’en plus d’arrogance, il était terriblement orgueilleux et désagréable… Puis suivaient Nicolas, un autre garçon dragueur, mais plus agréable… moins vaniteux. Axel, leur ami, qui était sans doute le plus fréquentable des trois, même s’il avait une étrange apparence avec tous ses tatouages qui gâchaient sa si jolie peau (de l’avis de la fée). Avec eux, deux filles, des différentes de la veille… Encore… lasse, Alix allait s’en aller quand elle sentit une pression sur son bras. Stupéfaite, elle posa ses prunelles violettes sur Alek, qui se tenait derrière elle, ce vilain sourire pédant accroché aux lèvres. Agacée, Alix tenta de se détacher, mais sans y parvenir… Souriant de plus belle, il lâcha :

« Pars pas comme ça, on n’a pas eu le temps de faire connaissance ! »

Les sourcils froncés, elle répliqua froidement :

« Et je n’y tiens pas plus que ça. Laisse moi passer ! »

Mais il gardait sa prise, fermement… Et puis il était saoul… Elle le sentait… Il n’était plus lui-même, alors déjà que sobre, il était sacrément gonflé, là, ce n’était même plus possible de discuter avec lui. Serrant la mâchoire, la jeune fée reprit :

« Lâche moi, je ne le répèterais pas. »
« Et mois j’ai pas envie je te dis, tu es chiante à la fin ! »

Et il s’avança… dangereusement. Le repoussant, elle n’eut pas assez de force, et il plaqua ses lèvres sur les siennes, l’air satisfait, tandis qu’elle-même était horrifiée. Alors qu’il arborait un air ravi, elle souffla plus désespérée que vraiment énervée :

« Qu’as-tu fait… »

L’idiot s’était maudit tout seul… les fées arboraient une beauté sans égale, mais cette beauté avait un prix qu’elles n’apprenaient qu’à leur dépend, hélas… Alix avait passé un pacte, il y a des siècles, à présent, pour avoir la beauté éternelle… Elle ‘lavait obtenue… mais en échange, chaque homme qui l’embrasserait se verrait maudit. Et alors qu’Alek se transformait sous le regard horrifié de ses amis et peiné de la fée, cette dernière murmura :

« Tu auras 10 mois pour apprendre le respect. 10 mois pour apprendre à aimer. Par delà les apparences, tu devras passer, pour qu’à ton tour, tu saches être apprécié. »

Il n’aurait jamais dû… L’idiot… Droite, elle le fixait dans les yeux, tandis que tout se brouillait pour le groupe d’amis.

Quand ils s’éveillèrent, la fée n’était plus là. Alek avait disparu, lui aussi… Monstre, il avait fui pour qu’on ne le regarde pas… Son apparence était devenue repoussante et dans sa tête, les paroles de la fée ne cessaient d’être répétées, en boucle… 10 mois.