[Thème - PV] Magie, fantôme et autres complications.

« Tu viendras pleurer dans mes bras et je te consolerais, voilà comment tu récupéreras Minipouss. Mais je suis sûr que tu t’inquiètes pour rien et que ce n’est pas si grave que ça en l’air. Peut-être même que Martin ressent la même chose que toi, tu verras. » Minipouss c’était comme ça qu’il l’appelait parfois, à cause de sa taille, mais aussi parce qu’elle avait toujours besoin de bouger, et que les Minipouss, dans le dessin animé, courraient tout le temps partout, soit pour monter des plans (sur la comète) soit pour échapper à l’ennemi. Il aimait bien ce dessin animé, même s’il n’était pas fan.

En ce qui concernait son caprice, il se retint de lui faire remarquer que côté syndrome de Peter Pan elle se posait parce qu’elle avait vraiment l’air d’une gamine, là, tout de suite. S’il ne le dit pas, c’est parce que quelque part, il savait qu’elle en avait parfaitement conscience, et il ne voyait pas l’intérêt d’enfoncer encore plus le couteau dans la plaie.

« Mouarf, laisse tomber Alix, te détester ? Cela n’arrivera jamais, d’ailleurs, tu te fais du mal en pensant ainsi. » Il pressa gentiment son épaule, si elle savait combien il l’aimait, elle ne lui dirait pas qu’il pourrait la détester. Il y avait des gens qui par dépit amoureux en venaient à détester l’être aimé, mais ce n’était pas le cas de Camille, ou en tout cas, il ne voulait pas être ce genre de personne, cela lui ferait honte. L’amour, ça ne se contrôle pas, pourquoi le transformer en haine juste parce qu’on n’obtient pas ce qu’on veut ? Cela n’a rien de mature comme comportement bien que cela soit celui de nombreux adultes. Il fallait voir les sentiments comme quelque chose de meilleur, chercher le positif, sinon, en effet, il y avait de quoi devenir dingue !

« Toujours fidèle au poste mon capitaine ! » Sourit-il alors qu’à l’intérieur, quelque part, son cœur se brisait un peu plus. Heureusement, ils finirent par arriver auprès de leur cible, les fantômes venus d’ailleurs que de Poudlard. Cela faisait un paquet de fantômes et il fallait faire bien attention à ne pas les traverser, ce serait à la fois désagréable et impoli. Laissant Alix se diriger de son côté, non sans l’observer d’un œil, il se retrouva avec un petit groupe de fantômes, des hommes, qui parlaient d’une guerre d’autrefois, un truc qui ne disait absolument rien à Camille.

« Bonjour messieurs. Comment allez-vous ? » Suite à quoi, il essaya du mieux possible de suivre la conversation et de les faire parler, mais il n’y eut rien à en tirer. Au bout d’une bonne demi heure à prospecter, Camille rejoignit sa meilleure amie.

« Mesdames, je vais vous emprunter ma camarade, il est grand temps pour nous de rentrer. » Il s’inclina bien bas et tendit la main à Alix sous les pépiements des fantômes qui voyaient en eux un couple. Normal, il l’avait fait exprès, la galanterie, ça fait toujours son petit effet, puis ça l’amusait. Voilà un truc que malgré son âge, il était sûr de faire mieux qu’Axel, les bonnes manières n’avaient pas l’air d’être la première des préoccupations du copain d’Alix. En même temps, ce n’était pas celle non plus d’Alix elle-même, mais Camille lui s’y tenait. Il aurait sûrement eu beaucoup de succès il y a quelques siècles, enfin, à en juger par les gloussements que son arrivée provoquait du moins.

Une fois seuls, il se mit à rire discrètement. « Alors, tu as trouvé quelque chose ? Moi rien du tout. Il semblerait que la disparition de la magie n’intéresse guère les fantômes d’au-dehors. »

En soit, les paroles de Camille tenaient la route… Alix ne prétendait pas le contraire… mais elle ne pouvait pas s’empêcher d’appréhender, c’était bien plus fort qu’elle. Aussi ne répondit-elle rien… Tout simplement parce qu’il n’y avait plus rien à répondre, à présent…Souriant avec douceur à son meilleur ami, Alix hocha doucement la tête en signe d’approbation… Soufflant d’une voix presque imperceptible :

« Espérons-le… »

Quant au reste… La sorcière restait sceptique. C’était plus fort qu’elle, elle avait beau aimer Camille de tout son cœur ou presque, quoi, l’idée est là, hein…, elle ne savait pas si leur relation resterait… D’ailleurs, elle lui confia ses doutes, pensive :

« Mais qu’en sera-t-il quand je serais partie ? Je pars d’ici l’année prochaine… On se verra beaucoup moins… Tu me trouveras peut-être même une remplaçante… Tu ne peux pas savoir ce que l’avenir nous réserve… »

Bon, ce n’était pas qu’elle était défaitiste, mais si, quand même, là !!! Avec Alix il n’y avait que très rarement de demi mesures… Elle pouvait tout donner, et d’autres fois, elle lâchait tout… Très rarement, elle avait une position neutre. Quand elle était impliquée, elle ne le faisait pas qu’à moitié, c’était à la fois une grande qualité et une terrible défaut…


………..


Ils arrivèrent vers les fantômes et se séparèrent alors. Alix se trouva avec des femmes (enfin… des femmes du temps de leur vivant, peut-être était-il préférable de le formuler ainsi ?). Ces dernières correspondaient très exactement aux filles que la jeune Lionne ne pouvait supporter… Elle su se contenir cependant et ne pas leur balancer ce qu’elle pensait vraiment en pleine figure… Camille savait ce qu’il lui en coûtait, néanmoins…. Et elle accueillit son intervention avec plaisir.

*Sauvée !*

La Lionne souriant alors aux fantômes (qui n’étaient pas méchantes, juste trop ‘femmes’ pour plaire à Alix…) cette dernière les quitta, accompagnée de Camille. Les manières de Camille n’étaient, pour information, pas du tout un truc qui avait plu à Alix. Contrairement aux autres filles, les règles de bienséance et les garçons bien saillant n’étaient pas du tout une priorité pour la sorcière. En fait, tout ce qui était ‘galanterie’ agaçait la sorcière… Par exemple, elle ne supportait pas qu’on lui tienne la porte… C’était comme ça, ça ne s’expliquait pas…

Camille demanda ensuite à Alix si elle avait trouvé quelque chose, de son côté à lui c’était le vide intégral, visiblement… Soupirant, la sorcière répondit :

« Et bien j’ai la peau sèche, le teint terne, je ne fais pas du tout attention à moi et c’est très mal. Je me ronge les ongles, et ça les abîme, je devrais faire un soin. Que ce soit pour avoir de plus jolis ongles ou une plus belle peau… mais j’ai de très beaux cheveux, heureusement, hein ? »

Elle disait ça avec ironie, évidemment, aussi compléta-t-elle :

« Mais niveau magie disparue, rien pu obtenir de concret… Elles s’en fichaient royalement, leur truc à elle, visiblement, c’est plutôt la ‘séduction’… »

Ce qui laissa la jeune sorcière muette un instant, avant de poursuivre :

« D’ailleurs, jusqu’à ce soit, je ne m’étais jamais imaginé que des fantômes puissent encore penser à ce genre de choses… c’est… très surprenant… »

Tout en discutant, ils remontaient en direction de leurs dortoirs. Alix avait plus ou moins oublié ses soucis, grâce à la diversion ‘fantôme’ ce n’était, évidemment, que transitoire, mais au moins avait-elle retrouvé le sourire, et c’était toujours ça de pris après tout ! Ils arrivèrent dans la Salle Commune, finalement, et cette dernière avait été sacrément désertée depuis leur départ. La Lionne n’ayant pas envie d’être séparée de son meilleur ami lui demanda doucement :

« Tu restes un peu avec moi ? »


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« Tu racontes vraiment n’importe quoi, il ne faut pas croire tout ce qu’on dit, la distance, ça ne sépare pas les gens au niveau des sentiments. » Et à son ton catégorique, il était aisé de comprendre qu’il ne voulait plus qu’ils parlent de ça, Alix se faisait bien trop de mal toute seule, ça en devenait vraiment malsain trouvait-il !

Heureusement, leur arrivée chez les fantômes fut une sortie de cette conversation des plus faciles et à la suite, lorsqu’ils se retrouvèrent, ils semblaient aller tous les deux mieux. En apparence du moins, puisque Camille au fond de lui était toujours aussi brisé. Pas au point d’agir – comme le lui reprochera quelques jours plus tard Nina – mais bien achevé quand même. Ils avaient vraiment trop de préoccupations ces derniers temps. Il regrettait l’époque où tout était plus simple et où il menait des conciliabules avec Alix pour savoir comment séparer Nina et Martin du reste du monde. C’était peut-être stupide, mais au moins c’était amusant.

« Je les trouve pas si mal que ça moi ta peau et tes ongles. Les ongles long ça griffe, c’est chiant. » Mais il était d’accord sur les cheveux, même s’il se tut, car trop de compliment tue le compliment, et puis, il restait à sa place, il devenait vraiment bon à ce jeu.

« Ouai… je vois. Bah moi ils m’ont parlé de la guerre de je ne sais plus trop quand jusqu’à ce que je fasse une bourde en me trompant à propos de la guerre des deux roses. Là j’ai laissé tombé. L’histoire ça n’a jamais été mon fort, et ça, c’est des trucs que j’ai vu en primaire, c’est trop loin. Du coup je suis venu te chercher… bah… on a fait chou blanc. Tant pis hein ? En tout cas, ce qui est spur, c’est que les fantômes sont vraiment terre à terre, pas du tout comme dans les livres. Des vrais bons à rien. » Ce n’était pas comme si Camille pensait vraiment trouver quelque chose, mais au moins, ça leur avait permis de parler… que ce soit en bien, ou en mal. Camille préférait que tout soit bien à plat, même si ça devait lui faire mal… il préférerait d’ailleurs être le seul à souffrir, mais il ne savait pas comment réconforter pour de bon Alix au sujet de ses craintes pour le futur. Lui était persuadé qu’elle se trompait, mais bon, il était vrai aussi qu’il n’était pas médium et qu’il pouvait très bien arriver des évènements imprévus qui les séparent plus que physiquement… mais bon, au niveau des probabilités, c’était quand même assez faible.

Finalement, ils rentrèrent, et Alix lui demanda s’il pouvait rester, ce qui ne le dérangeait pas. Au contraire, il aimait être avec elle. Et puis, elle semblait bien mieux depuis qu’ils avaient vu les fantômes, elle souriait, et il était évident qu’il aimait ce sourire plus que tout au monde. S’il ne lui avait pas été si cher, peut-être se comporterait-il de manière plus combative, mais il n’était pas capable de faire quoi que ce soit qui puisse troubler sa meilleure amie.

« Oui, tant que tu veux, même si un bon préfet te dirait que l’heure de dormir est passé depuis longtemps. » Mais il fallait croire, justement, qu’il n’était pas un bon préfet.

Camille semblait si sûr de lui… Alix souhaitait qu’il ait raison. Vraiment… Aux compliments formulés par le jeune préfet, elle eut un petit sourire pas forcément hyper enchanté, mais plutôt ‘basique’ –parce que ces trucs là, ce n’était pas du tout ses centres d’intérêt de toute façon, mais s’entendre dire ce genre de chose faisait quand même toujours un petit peu plaisir… Surtout quand ça vient de quelqu’un que l’on apprécie comme Alix avec Camille !- Le tout, accompagné d’un haussement d’épaules. Elle, elle s’en moquait pas mal de ses ongles, son teint… Moins de ses cheveux, mais ça c’était sa seule ‘lubie’ féminine, donc bon… On respectait, hein…

Camille expliqua ensuite à Alix que ses fantômes à lui avaient parlé de guerre… Et pendant un instant, la Lionne se demanda quel sujet elle aurait préférait avoir ce soir… Entre la guerre et les soins de beauté… non, étant donné ses connaissances dans les deux domaines, ç’aurait sans nul doute était aussi catastrophique dans le premier cas que dans le second… Hochant la tête positivement, à l’intention de Camille, elle ajouta :

« En même temps, ils sont morts, donc je comprends qu’ils ne se sentent pas vraiment concernés… »

Après tout… Ce n’était pas si illogique que ça… Que faisaient-ils de leurs journées ? Pas de magie, c’est certain (puisque non, traverser les murs n’est pas considéré comme de la magie, lorsqu’on est un fantôme… pas plus que la lévitation…).

Regagnant leur salle commune, Alix fut heureuse d’arriver, mais parallèlement, elle n’avait pas très envie de se séparer de Camille maintenant… Elle était attachée au jeune homme c’était un fait. Elle pensait que c’était une simple amitié (et vu que de toute façon à part lui, elle n’a pas d’amis, elle ne pouvait pas vraiment faire de comparaison…). Mais pour une tierce personne, leur relation était autre qu’une simple relation amicale… Même si Alix n’e n’avait pas du tout conscience, son subconscient, lui, s’activait ardemment pour qu’elle daigne ouvrir les yeux (mais ce n’était pas gagné !). Alors qu’elle avait la réponse de Camille, positive, Alix sourit avec bonne humeur :

« Heureusement que tu n’es pas un bon préfet alors… »

Un clin d’œil complice, et elle se laissa tomber sur un sofa, Camille venant à ses côtés, elle s’allongea, posant sa tête sur les genoux de Camille, encrant ses yeux dans les siens avant de poursuivre, toute songeuse qu’elle était :

« C’est vrai ça… Tu me fais sortir après le couvre feux, tu ne me dis rien quand je squatte la salle commune à pas d’heure… »

Esquissant un sourire taquin, elle ferma les yeux et chuchota doucement :

« Tu sais Camille, ça m’a fait vraiment plaisir d’avoir pu discuter de tout ça avec toi ce soir… Tu es le seul qui puisse me comprendre… »

Rouvrant les yeux, elle ajouta en l’observant depuis ses genoux :

« Je ne t’échangerais pour rien au monde… »

Se redressant, elle déposa un baiser sur la joue de son meilleur ami avant de souffler son oreille, de sorte qu’aucune tierce personne ne puisse entendre ce qu’elle disait (même si la salle était quasi déserte…) :

« Même pas contre une possible réconciliation avec Martin. »

Ce qui équivalait à une grande déclaration, si l’on veut… Puisque Alix aimait Martin comme personne… Mais dernièrement, elle avait pu vivre sans lui… Vivre sans Camille, en revanche, elle n’avait jamais eu à essayer, et elle n’avait pas du tout envie de tester… Souriant doucement, elle laissa sa tête retomber sur les genoux de Camille, ses yeux se refermant. Elle se sentait apaisée, et c’est sans s’en rendre compte, qu’elle s’assoupit dans les quelques minutes qui suivirent, sur les genoux du jeune préfet… Elle n’avait pas senti la fatigue arriver, mais cette dernière ne l’avait pas épargnée. En quelques minutes à peine, Morphée avait fauché la jeune femme dans sa course nocturne…


FINI POUR ALIX


[651]

Ouai. Comme préfet, il ne valait pas deux mornilles. Mais bon, ça allait, il le vivait plutôt pas mal, après tout, c’était pour être avec sa meilleure amie, et même s’ils enfreignaient quelques règles par ci, par là, ils ne faisaient de mal à personne. Puis, comme le dirait si bien Nina, les règles sont faites pour être transgressées. Et c’est en pensant ainsi qu’il la laissa s’installer sur ses genoux. Il caressait machinalement ses cheveux, jouant particulièrement avec une mèche, il le faisait sans même y penser, il était un peu fatigué, il avait eu trop d’émotion en cette seule soirée.

« Ce n’est pas si grave, tu es avec moi, je sais que ce n’est pas pour faire des bêtises. » Mais ce n’était peut-être pas tout à fait une circonstance atténuante aux yeux des professeurs bien que, pour Alix, ce serait la sienne. Comment lui refuser de rester avec elle de toute façon ? Il avait déjà du mal à dire non à Nina lorsqu’elle lui demandait quelque chose alors qu’il prenait très à cœur son rôle de frère responsable, alors avec sa meilleure amie… il était tout mou, un vrai marshmallow rose de préférence. Son estime personnelle ne ressortit pas grandi de cette comparaison, mais il s’en fichait, il ferma lui aussi les yeux, repensant à cette folle soirée, et se disant qu’au moins, même s’il était un gamin, il restait indispensable. On se console comme on peut après tout.

« On refait ça quand tu veux. Ce n’est pas comme si j’avais des folles soirées de prévues prochainement. » Sa tentative d’humour sonna à la fois grinçante et ratée à ses oreilles. Bah, peu importait, il était trop fatigué pour se justifier et Alix trop endormie pour réellement l’écouter. Parti comme c’était parti, ils allaient pioncer dans la salle commune, la loose… parce que 1) il allait avoir mal au dos, 2) ça ne faisait pas sérieux quand même. Et il s’en foutait. Pour l’instant du moins, sûrement qu’il changerait d’avis plus tard.

Lorsqu’elle l’embrassa sur la joue, il resta parfaitement immobile. Son cœur avait manqué un battement, mais sinon, il restait calme. Quelque part dans son cœur, une calme résolution venait de pointer le bout de son nez, il savait déjà qu’il éprouvait quelque chose pour Alix, quelque chose de très proche de l’amour, mais maintenant, il pouvait le penser sans honte. Il l’aimait. Et parce qu’il arrêtait de nier l’évidence (chose qui était devenue de plus en plus difficile avec les jours et carrément impossible les dernières heures écoulées), il se sentait plus en paix. Extrêmement triste, mais en paix. Ce n’est pas incompatible, c’est juste bien plus dévastateur.

« Moi non plus je ne t’échangerais contre rien au monde, même pas contre la possibilité de rester pour toujours avec Nina. » Il avait murmuré ces paroles qui n’étaient que le miroir de celles d’Alix. Cela ne leur ôtait pas leur valeur, cela montrait seulement combien ils se ressemblaient tous les deux.

Camille resta éveillé plus longtemps qu’Alix qui, comme il l’avait deviné, avait fini par s’endormir sur ses genoux. Il continua à lui caresser les cheveux distraitement, le regard posé sur elle d’un air doux qui, si quelqu’un l’avait vu en cet instant, aurait trahi son secret. Au bout d’un moment, il se pencha et l’embrassa sur la tempe. « Bonne nuit ma belle au bois dormant. » Et il se cala au fond du canapé, fermant les yeux à son tour, et renonçant pour cette nuit à retrouver son lit.