[THEME] Le point commun entre l'Elfe et le sorcier [TERMINE]

Sagement accoudé contre la rampe des escaliers du 4ème étage, Roman se perdait dans la contemplation du lac noir de Poudlard luisant d'un givre brillant et de la forêt interdite nappée d'une poudreuse immaculée et parfaitement opaque ~~qu'il ne verrait plus, en fait. Jamais. C'est fini.~~. Le jeune homme était depuis la rentrée passablement nostalgique de quitter le château définitivement à la fin de l'année scolaire. Savoir qu'il allait prendre le Poudlard Express pour la dernière fois en juin lui minait passablement le moral. Bon certes, il pourrait voir le château de loin de la petite demeure de Megan, sa sœur, mais ça ne serait plus jamais pareil : Jamais plus il ne pourrait arpenter les couloirs du château, ses passages secrets, plus jamais il ne pourrait prendre un repas ni recevoir du courrier dans la grande salle de l'école, s'ennuyer en cours d'Histoire de la magie, jouer un match de Quidditch ~~piquer une tête dans le lac noir~~, et tant d'autre choses encore qu'il ne pouvait lister faute de temps.

Le préfet sortit de sa torpeur et réalisa qu'en ce samedi matin du mois de décembre, à 9h pétante, il n'avait encore rien prévu de sa journée. Mais alors rien du tout, ce qui ne lui ressemblait vraiment pas. Il avait certes terminé ses devoirs la veille au soir, mais à la fin de l'année Roman passait ses ASPICs, il avait donc pour ainsi dire tout le temps, le besoin impératif de réviser. Tout le monde s'accordait cependant à dire que passer son temps à travailler sans reposer le cerveau n'était pas bénéfique, bien au contraire : on avait aussi besoin de détente, pour bien assimiler, c'était du métabolisme humain après tout, ça, qu'on soit sorcier ou pas c'était pareil.

Roman décida donc de sortir sa tête – pour une journée du moins ~~ce qui équivaut à un isolement d'un quart de siècle en période d'examen~~ – de ses cours de potions, botanique, métamorphoses et autres matières réjouissantes du genre. Aujourd'hui, c'était détente. Ou du moins, évasion ~~ce qui était sensiblement la même chose, pour Roman~~

Et puisqu'on parlait évasion, autant en profiter pour farfouiller un peu dans Poudlard pour voir s'il y'avait un moyen quelconque de retrouver la magie qu'ils avaient perdu (perdu. Normal quoi. Comme on perd une paire de chaussette et son dernier chapitre du cours d'Etudes des Runes), en début d'année. Oui parce qu'en plus des ASPICs, c'était un peu le problème actuel ça aussi : la magie avait disparu, du moins, le fameux problème dont personne ne connaissait la solution rendait les sorciers incapables d'utiliser convenablement ~~utiliser tout court, pour être exact~~ leur baguette. Mince soucis pour un sorcier lambda, nous en conviendrons.

Roman commença presque machinalement par descendre les marches des escaliers sur lequel il était, pour retomber gracieusement dans le couloir lumineux du troisième étage (qui donnait sur le lac, donc naturellement sur beaucoup de clarté). Sans transissions, il descendit les escaliers mouvants pour se rendre dans sa salle commune ~~qu'il ne reverrait plus jamais, elle non plus~~. A vrai dire, il ne savait pas trop par où commencer. La solution au problème actuel ne devait pas se trouver dans des livres, d'un parce que c'était trop facile, et de deux parce que même si elle était, les professeurs auraient déjà commencé à chercher. Puis on était un samedi matin, et Roman n'avait pas trop envie de se heurter à la population massive de Serdaigle qui devait très certainement ~~prendre racine~~ squatter la bibliothèque depuis son ouverture ~~chose qu'il était théoriquement et tactiquement supposé faire, lui aussi~~.

Arrivant au rez-de-chaussée, alors que Roman s'imaginait déjà interroger fantômes, tableaux, et autres créatures de la forêt et du château, Roman se heurta à une réalité écrasante : il avait faim ~~et quand Roman a faim, c'est pas de la rigolade~~. A côté de ça, la quête de la magie, c'était presque devenu une option, en fait.

« Oula. D'abord, ce sera goûter ! »

Et oui, bien sûr, on ne lésinait pas avec les priorités, excusez-moi ! ~~N'est pas Poufsouffle qui veut~~. Roman se souvint d'ailleurs presque immédiatement qu'il devait dans les cuisines sans aucun doute, y avoir des restes de gâteau au chocolat, de tarte au pomme et de flan caramélisé, du petit déjeuner. Et ça, ben c'était tout simplement trop pour Roman : il ne pouvait pas y résister, en particulier quand son estomac criait famine comme maintenant ~~comme maintenant comprendre : comme toutes les deux heures~~.

Alors que le jeune homme descendait les marches des escaliers du grand hall qui menaient aux sous-sols, le préfet des jaunes et noirs reconnut un de ses disciples. Par disciple on entends bien sûr un jaune et noir, un blaireau, un Poufsouffle, un loyal, un juste, ~~un beau et un fier. Un parfait aussi~~, en bref, un élève très noblement réparti chez Helga Poufsouffle. Bien évidemment, Mister Jones ne put s'empêcher de s'arrêter pour échanger quelques mots.

« Rhys ! Comment vas-tu ? »

Roman veillait toujours sur ses petits protégés, à tel point que dès qu'il en croisait un ou plusieurs dans les couloirs, il se sentait obligé d'aller leur parler et de savoir ce qu'ils allaient faire. Un préfet lambda quoi, normal (non ?). Pas qu'il se sentait indispensable, mais Roman avait le besoin presque maladif d'aller sonder ses camarades pour savoir si tout allait bien, s'ils n'avaient pas besoin d'un ~~carré de chocolat~~ conseil, d'un service, d'une aide, ou même d'une réponse ! Tout pouvait arriver, et Roman connaissait suffisamment sa maison pour savoir que beaucoup de Poufsouffle, se faisaient souvent prier pour aller demander conseil. Pas qu'ils étaient tous timides, mais une grande partie l'était, en particulier chez les plus jeunes !

« Toi, tu as l'air d'avoir faim ! Qu'est-ce que tu fais ? Tu veux m'accompagner dans les cuisines, j'ai un petit creux moi ! »

Si Rhys connaissait particulièrement Roman, il aurait su que ce genre de petit creux était tellement fréquent qu'on n'appelait plus ça des creux, mais des gouffres constants. Manger autant était presque un don chez Roman, qui devait dans un journée, ingurgiter en moyenne presque 5 repas complets, contre 3 pour un élève lambda.

(1031)

Samedi matin. Premier jour du week-end et, théoriquement, la première matinée de la semaine à pouvoir se reposer. Du moins, c’est le cas pour une grande majorité du monde. Il faut croire que Rhys n’est pas comme tout le monde. Certains le prétendent insomniaque, d’autres disent simplement qu’il est cinglé mais, quoi qu’il en soit, il est généralement parmi les premiers debout le matin, samedi et dimanche compris.

Comme quasiment tous les week-ends, le réveil du jeune garçon fait son office à six heures du matin. Comme quasiment tous les week-ends, ses camarades de chambrée le maudissent copieusement avant de se rendormir, accablés par la fatigue accumulée dans la semaine. A l’occasion, sous l’effet d’une colère divine dont même Zeus serait impressionné, Will, un autre Poufsouffle, lance son oreille pour se venger du bruit. Geste généralement stupide puisque le bruit occasionné réveille d’avantage le groupe.

Quoi qu’il en soit, Rhys quitte son lit prestement. Il n’est pas du genre à flâner au lit pendant des heures en se répétant inlassablement « Je suis laaaaarge » quand bien même il lui resterait une unique minute pour se lever, se laver, s’habiller, déjeuner et se rendre en cours. Non, au contraire, Rhys est actif dès le réveil. Dans son pyjama top-sexy-qu-avec-ça-je-reste-puceau-jusqu-a-quarante-ans-et-qu-on-s-attend-a-voir-Bob-l-éponge ~~Si, si, c’est une nouvelle marque très tendance~~, il fait son lit, comme sa maman lui a toujours apprit, et prend son sac, direction la salle de bain commune.

Son sac à dos lui sert de baluchon tous les jours, Mary Poppins pourrait en être jalouse. A l’intérieur se trouve évidemment son kit de toilette comprenant un gel douche doux pour la peau, un shampoing antipelliculaire, deux gants ~~Un pour les zones qui puent, un pour le reste~~ , sa serviette, des cotons-tiges, une brosse-à-dent et son dentifrice 10 en 1. Tellement efficace, c’est qu’en plus de combattre les carries, combattre le tartre et renforcer l’e-mail des dents, il fait la vaisselle et le repassage. Les parents de Rhys étaient très stricts sur le brossage des chicots, à croire qu’ils s’étaient fait agresser par une carie de deux mètres de haut et 180kilos dans leurs jeunesses.

Bref, après un lavage dans les règles de l’art, le blaireau s’habille. Chaussettes, slip sexy, jean, t-shirt et baskets. Frilosité? Pas connaître. Le t-shirt est de rigueur toute l’année. C’est un homme, un vrai. Enfin, sans le poil au menton, la testostérone et le « oh, une jolie paire de fesses ». De toute façon, il n’a pas prévu de sortir dehors de la journée.

Son programme s’articule autour d’un mot : « Apprentissage ». Tel un petit vieux moldu devant son supermarché, Rhys se trouve devant les portes de la bibliothèque avant même qu’elles ne soient ouvertes. Le jaune et noir s’est rapidement senti comme le vilain petit canard, celui qui ne fait pas partie du groupe mais qui s’incruste. En effet, la bibliothèque est envahie très rapidement par les Serdaigles. Les petits, les moyens, les grands, ça pullule autour des tables et de petits regards vers Rhys lui indiquent qu’on ne s’attend pas forcément à voir une autre maison présente. A pas grand chose, il se dirait que c’est une zone protégée et verrait bien un Serdaigle ou deux uriner sur les portes pour délimiter le territoire. Heureusement que les bleus et argents ne sont pas agressifs sinon c’est lui qui se serait uriné dessus.

A l’ordre du jour des révisions, la botanique. Une matière qui résiste encore et toujours au garçon. C’est un doux euphémisme de dire qu’il n’a pas la main verte. Dès qu’il s’agit de faire pousser quelque chose, ça se complique. Ceci dit, il avoue réussir tout de même à faire pousser des cheveux blancs sur la tête de son professeur. Par contre, lorsqu’il s’agit de combattre une plante dangereuse, vous avez trouvé votre homme. Il est le seul à transformer du terreau et de l’engrais en arme de destruction massive pour plante. Il est donc venu ce matin-là pour revoir la théorie, peut-être trouver des ouvrages qu’il n’a pas encore trouvés ou comprendre différemment une information déjà lue. Tout est possible, n’est-il pas à Poudlard?

La recherche et la lecture accaparent l’attention du jeune sorcier ~~Un sorcier sans magie est-il vraiment un sorcier? Sortez vos parchemins, vous avez quatre heures~~ durant des heures sans qu’il ne s’en rende compte. En levant le nez à l’occasion, il pourrait repérer un certain mouvement de foule, des gens qui partent une demi-heure avant de venir reprendre leur place comme si de rien était. Il pourrait aussi voir des gens se cacher avec plus ou moins de succès de la surveillante pour manger un morceau. Mais non, il reste le nez dans ses écritures et ne fait pas attention à l’heure du déjeuner qui lui file sous le nez.

Ce n’est que lorsque ses yeux se mettent à le bruler et que ses jambes lui ordonnent de faire quelques pas qu’il se demande où peut bien en être le Soleil dans sa balade quotidienne. Un gargouillis digne du ventre d’un ogre et un coup d’œil à sa montre et c’est une nouvelle connaissance pour son cerveau, presque neuf heures. Petit déjeuner raté. Fatalement, dès que l’on sait que l’on a raté un repas, le ventre crie au monde entier sans désir de nourriture quand bien même, dix secondes plus tôt, il n’en avait cure.

Obéissant aux impératives de monsieur Estomac, Rhys range ses affaires et prend le chemin des cuisines. Son pas se fait lent et hésitant. C’est la première fois pour lui qu’il s’y rend et ne voudrait pas déranger les cuisiniers parce qu’il n’a pas fait attention à l’heure. Le sous-sol rend nerveux le garçon qui associe le lieu à la présence d’araignées, ses ennemies mortelles. Il se déplace avec la main sur sa baguette. Pourquoi une telle chose puisque non seulement elle ne fonctionne pas mais il ne connait pas le moindre sort? Peu importe, ça le rassure. La véritable question est peut-être : « Pourquoi l’a-t-il sur lui ? ».

La réponse est plutôt simple et même évidente si on s’y attarde un petit peu. Il s’agit tout simplement d’un espoir naïf. L’espoir que quelqu’un, peu importe que ce soit un quidam ou un membre du ministère de la magie, ait réussi à trouver la solution au problème qu’est la disparition de la magie. Mieux encore, il espère qu’avec de la magie et une réelle envie d’utiliser la magie, il parviendrait à la faire faillir. Quoi qu’il se soit passer pour en arriver à une telle situation, il est impossible que ce soit définitif, rien n’est plus fort que la magie.

La nuit, lorsqu’il rêve, au chaud sous ses draps, et que ni lui ni les dormeurs autour de lui ne pensent encore à la barre fatidique des six heures, Rhys devient un héro. De ces héros qui font partie du commun des mortels et qui réussissent envers et contre tout. Le preux Rhys Ellis que le courage ~~et pourquoi pas l’amour?~~ pousse à partir à la recherche de la magie perdue. Il affronte les éléments déchainés et les monstres en tout genre mais ne peut recourir aux pouvoirs qu’il recherche à restaurer. Ses exploits sont tels que Poudlard ouvre une cinquième maison à sa gloire et que Harry Potter passe pour un tocard. Tout cela, si possible, sans se faire tuer, ça va de soi, à la rigueur, un peu blessé par fair-play envers ses adversaires.

Ceci dit, au réveil, il n’est plus que Rhys Ellis, le premier année à Poufsouffle, n’aillant de valeur que par son travail acharné ~~Ce qui lui vaut certainement sa place dans la maison~~ et totalement terrorisé par de minuscules araignées même si elles ne sont pas plus dangereuses qu’un moucheron.

Bref, trêve de fantasme enfantin, la gloire est pour les autres et une voix se fait entendre, ce qui ne manque pas de faire sursauter le gosse qui se retourne promptement. Il n’a pas dégainé sa baguette, on ressent l’efficacité de sa défense. Devant lui, le préfet de Poufsouffle, Roman. Décidément, c’est un truc de ses préfets de le faire sursauter. Peut-être une marque de fabrique ou un bizutage.

- Je vais bien. Tu m’as fait peur. Et toi?

Voilà que le grand monsieur de sa propre maison l’invite à se rendre dans les cuisines pour aller manger, à croire qu’il y a un dieu qui veille sur lui. Accompagné d’un préfet, on ne refuserait pas de lui donner un petit quelque chose à grignoter. Au pire, même si on refusait, Roman est réputé dans toute la maison pour être un ventre à pattes, il trouverait quelque chose, quelque part. Nul ne semble pouvoir l’affamé plus de quelques minutes.

- J’allais justement essayer de trouver à manger. Je n’ai pas fait attention à l’heure et j’ai très faim. On a le droit d’aller en cuisine n’importe quand?

Content de la bonne fortune qui lui sourit, il avance avec M. Jones, content à l’idée de ne pas avoir à demander seul et aussi de ne pas à avoir à galérer dans les couloirs pendant une plombe parce qu’il se sera perdu.

1519 mots

Roman sourit au jeune Rhys, manifestement content de voir le petit garçon dans l'école. Ça n'avait rien de très surprenant mais Poudlard était particulièrement grand, il y avait donc assez peu de chance de croiser un élève de sa connaissance à tous les angles de couloirs quand on partait en expédition. Il fallait dire que là il avait un peu forcé la chance, puisque l'escalier allant de la grande salle aux sous-sols, étaient l'unique empruntés par les Poufsouffle pour monter au rez-de-chaussée ou descendre dans leur salle commune.

« Moi ça va très bien ~~Comme un lundi~~ ! Excuse-moi ! »

Tu veux avoir vraiment peur ? Viens donc faire un tour dans les cachots, un soir, tout seul, tu verras ! Roman ne se rendait pas toujours compte qu'il avait la fâcheuse tendance à réagir un peu plus rapidement que la moyenne et surtout un peu trop excessivement. La modération, c'était une notion qu'il avait encore beaucoup de mal à comprendre et à appliquer.

« Euh, à vrai dire, l'accès aux cuisines est supposé rester secret... Mais nous les Poufsouffle nous avons la chance ~~de nous transmettre la connaissance de l'emplacement de génération en génération~~ de connaître son emplacement et d'y aller plus ou moins quand ça nous chante ~~'nous' c'est surtout plus ou moins moi, en fait~~... Mais ça ne veut pas dire que tu peux y aller après le couvre-feu, hein ! Attention ! »

Même si sur bien des sujets, Roman était du genre préfet cool (jeux tardifs dans les dortoirs, passage des garçons dans les dortoirs des filles et inversement), sur l'heure du couvre-feu dans l'école, il était intransigeant. Par le passé il y'avait suffisamment eut d'incident pour ne pas mettre Roman en confiance du tout. Puis, pas qu'il ait peur du noir, mais imaginer un de ses élèves – sans baguette en plus ! - la nuit, dans le château, avec tout ce qui pouvait surgir de partout ~~Une Acromentula, un Dragon, un Basilic, par exemple~~, l'angoissait plus qu'il ne fallait. Sans bien entendu parler du fait que s'ils tombaient sur un préfet d'une autre maison, les points de leurs sabliers n'allaient pas faire long feu dans le bon côté de la balance.

« Bon, je t'y amènes ? Tu vas découvrir le paradis de Poudlard, enfin ! »

Roman ne lui avait pas demandé, mais à cette période de l'année, avec un nouveau élève, il était pratiquement certains que personne ne lui avait montré l'emplacement des cuisines. Même Roman, lui, n'avait pas découvert les cuisines en 1ère année ! C'était Megan qui lui avait montré comment y aller, en fait... Ou Elizabeth... Roman ne savait plus ! Ça faisait tellement longtemps et il y était allé tellement de fois qu'il ne s'en rappelait même plus, tiens! De toute façon, même si ça n'avait été ni l'une, ni l'autre, Roman aurait trouvé un autre moyen de parvenir à ses fins. Après tout, parvenir à ses fins, ce n'était pas une expression typiquement Romanesque, ça ?!

« En plus de cela j'ai des choses à y faire... Pour tout t'avouer, j'espère bien trouver un moyen de retrouver la magie. Non, non, ne me lance pas ce regard, je n'ai pas l'intention de récupérer mes pouvoirs en faisant une soupe de carotte... »

Quoique, si ça pouvait marcher !

(553)

Rhys ne tenait pas rancune à son ainée pour lui avoir fait peur. En fait, pour dire vrai, ce n’était pas Roman qui l’avait effrayé mais il l’avait fait tout seul en circulant dans une zone déserte sans prêter l’oreille un peu plus attentivement à ce qui l’entourait. Avec un peu d’attention, il aurait probablement entendu des bruits de pas avant la voix. Et, de toute façon, même s’il voulait se venger, qu’est-ce qu’il aurait pu faire? Lui sauter à la gorge et l’étrangler de ses petites mains auxquelles il manquait plus de la moitié des muscles? Ca aurait sûrement été hilarant, vu la brindille qui lui sert de corps, il n’aurait certainement pas réussi à attaquer plus haut que la ceinture et se serait fait mal tout seul. Alors, peut-être une technique psychologique? Attendre que le préfet quitte l’école à la fin de l’année pour lui envoyer des photos de Poudlard et provoquer la nostalgie? Non, trop long à mettre en place. Finalement ne pas être rancunier, c’était tout de même beaucoup plus facile.

Le passage vers les cuisines était donc tenue secret… Pas étonnant qu’il ne trouvait pas. Faut dire, si on ne lui dit pas, il ne peut pas tout deviner. D’un coup, il voyait Roman comme son sauveur, un héro du nom de « Blondinetman » qui l’avait tiré du labyrinthe des sous-sols avant que le jeunot ne décède de soif ou de faim. En plus, le pire quand on est mort ~~En plus de ne plus être vivant, et ça, c’est chiant~~, c’est qu’on finit toujours pas mourir près de son but. Du genre, à s’adosser contre un mur pour son dernier repos et que, pile au moment où le cœur cesse de battre, le mur s’ouvre pour laisser la place à un serveur chargé de plat. Et vu que le serveur trébuche, on finit mort avec une saucisse de Strasbourg dans l’œil et une branche de brocoli qui sort du nez. Trop la loose.

- Si c’est secret, il faudrait faire attention à ne pas croiser un préfet. Il pourrait râler.

Il adressait un large sourire à Roman. Le sarcasme dans la bouche d’un enfant de son âge est souvent surprenant. En tout cas, ça avant étonné le garçon lui-même, après coup. Prendre une liberté pareille ne lui ressemblait pas, même pour de l’humour. Finalement, les quelques mois passés à l’école devaient probablement avoir de l’influence sur lui. Fatalement, quand des personnes d’une aussi large fourchette d’âge se fréquentaient très souvent, les petiots grandissaient plus vite que la normale et les anciens devaient peut-être garder une âme d’enfant plus longtemps, sans pour autant arrêter de murir.

En tout cas, que Roman lui transmettre un secret que peu d’élèves connaissaient lui faisait chaud au cœur. C’était un peu comme une consécration même s’il n’y avait rien à consécrationner ~~Si si, ça existe~~ vu le peu de relation qu’ils avaient. Mais, à n’en pas douter, ce devait être une décision difficile pour le préfet que de divulguer la chose qui avait le plus de valeur à ses yeux. Offrez-lui la jeunesse éternelle ou une cuisine toujours remplie pour voir. Quoi que, d’un côté, la jeunesse éternelle pourrait permettre de manger plus longtemps sans problème de digestion dû à l’âge. Pas négligeable.

- Pas d’inquiétude, Monsieur. Je ne sors de la maison que pour aller à la bibliothèque ou en cours et aucun des deux n’est ouvert après le couvre-feu. Au pire, à l’heure de dormir, je travaille.

Le pire, c’est qu’il ne mentait pas, il ne mettait quasiment jamais les pieds en dehors de sa maison. Son lit, ses affaires, ses bouquins et ses amis s’y trouvaient. Se balader dans le parc ne lui apporterait rien de plus alors pourquoi y aller? Quelques-uns répondront que c’est pour se faire de nouveaux amis mais ça ne lui semblait pas nécessaire. Il n’était pas asocial, il discutait volontiers avec les autres maisons si l’occasion se présentait, mais il avait tout ce qui lui fallait chez lui.

Le duo finit par se remettre en route vers le « Paradis de Poudlard ». Personnellement, pour lui, il se serait plutôt agit d’une grande salle pour pratiquer la magie à dos de dragon mais chacun ses gouts. Avec la famine qui l’attendait au tournant, il n’allait pas chipoter pour une tournure de phrase.

Pendant la marche, il essayait de se souvenir des virages, des repères qu’il pourrait reconnaître pour un possible retour ultérieur. Ce n’est qu’après une vingtaine d’indications qu’il s’est enfin dit que c’était super stupide ce qu’il faisait. Non seulement, il ne serait pas capable de tout retenir mais il était déjà perdu lorsqu’il avait commencé son jeu de mémoire. Malgré tout, bien involontairement, il n’abandonna pas son marquage mental. Son cerveau n’aimant pas trop rester au repos, il cherchait tout seul un détail par-ci, un détail par-là. Ah, cette merveilleuse capacité de la mémoire à ne pas retenir ce que l’on désire mais qui stocke toutes les conneries qu’on peut croiser.

Durant la marche, le jaune et marron version grand modèle lui annonça qu’il souhaitait retrouver la magie dans la cuisine. Son visage a du violemment se modifier dans une grimace d’incompréhension, ce genre de grimace tellement incontrôlée qu’on ne pourrait pas la refaire mais que, de toute façon, on ne veut absolument pas la recommencer parce que ce n’était pas glorieux.

Qu’est-ce qu’il allait chercher la magie dans la cuisine? Est-ce qu’il avait fait un bête syllogisme? La magie est importante, la nourriture est très importante, la nourriture est dans la cuisine donc…TADA… La magie est dans la cuisine.

Quoi qu’il en soit, quand on parlait de restaurer la magie, Rhys se sentait concerné. Toujours ce défaut que de vouloir absolument apprendre à lancer des sorts et ne pas faire comme tout le monde, accepter la situation et prendre son mal en patience. Pour l’instant, ça allait encore mais si ça venait à s’éterniser, ça pourrait finir par le ronger de l’intérieur, petit à petit.

- Je ne suis peut-être pas aussi courageux qu’un rouge, pas aussi intelligent qu’un bleu et aussi… rien ne me vient donc on va dire vert. Mais si un Poufsouffle a besoin d’un coup de main, je réponds présent. Bon, faut dire aussi que je ne serais pas capable de rentrer tout seul et j’ai faim.

De toute façon, c’est bien connu chez les adultes. Un petit jaune, c’est comme les seins, un ce n’est pas assez, trois, c’est trop.

1078 mots

Roman était pour ainsi dire épaté par la maturité dont faisait preuve le petit Rhys ~~Lui par exemple, il n'avait pas raisonné comme ça avant sa 6ème année. Et maintenant encore il trouvait que le 2ème année faisait plus preuve de maturité que lui, c'était dire...~~ . Devant sa remarque humoristique sur l'intervention possible d'un préfet, Roman ne put s'empêcher de rester quelques secondes (une paire, à tout casser) à fixer Rhys dans les yeux, pour tenter de comprendre s'il avait bien compris ce qu'il avait dit. Après l'étape de la compréhension, Roman ne put s'empêcher d'étirer un fin sourire sur ses lèvres. Sérieusement, Rhys avait dit ça ? Mais il avait bien 12 ans, hein ? A moins que ce ne soit un adulte qui avait subit une malédiction et qui avait donc était contraint de rester ~~nain~~ petit toute sa vie. C'était en tout cas incroyablement déstabilisant et Roman se promit de raconter la réflexion du petit garçon à Ophélia ou à un autre de ses amis.

Ne répondant pas à la boutade du petit garçon (Roman était encore trop scotché), Roman continua de marcher, son sourire toujours accroché à ses lèvres, écoutant toujours le petit garçon. Il prit une nouvelle fois la parole et une seconde fois, le préfet des jaunes et noirs ne put qu'être admiratif. Très franchement, ce petit avait l'air d'avoir bien plus que son âge, les jeunes devaient prendre exemple sur lui !

« D'un côté je devrais te dire de ne pas veiller après le couvre-feu de la salle commune étant donné que tu finiras par prendre de la fatigue et donc à être moins attentif en cours. Mais d'un autre, je ne peux que te féliciter de travailler avec autant de sérieux pour un garçon de ton âge. »

Et le jaune et noir, rajouta, manifestement piqué de s'être fait appeler Monsieur :

« Et tu peux m'appeler Roman... »

C'était quand même la moindre des choses, qu'il ai 12, 11 ans, ou même 6. C'était la base !

« Tu vois, l'entrée c'est ce tableau là... Tu trouves la poire, et le but est de la chatouiller pour la faire rire. Quand c'est fait, elle se transforme en poignée de porte. Et voilà, on peut entrer ! »

Arrivant au tableau représentant la corbeille de fruits, juste après avoir prit l'escalier des sous-sols (de la grande salle ou le grand hall, comme vous préfériez), Roman chatouilla la poire pour illustrer ses propos. Après avoir légèrement vibré, la poire se mit à franchement bouger, et à rire, avant de se transformer en poignée. Que c'était beau de voir encore un peu de magie, tiens, franchement ~~ça m'arracherait presque une petite larmichette~~.

Roman abaissa la poignée et entra dans les cuisines comme s'il s'agissait de la même salle de cours qu'il empruntait pour la 4ème fois de la journée. Il n'avait pas passé plus de temps ici que dans sa salle commune, mais presque, au fil des années précédentes (préparer un diplôme en pâtisserie, ça aide !).

« Bonjour les elfes,vous allez bien ?! Je prendrais bien un morceau de tarte aux pommes, moi, s'il vous plait ! Merci bien ! »

Comme à chaque fois, dès qu'on entrait, les elfes se précipitaient sur vous pour vous demander ce qui vous ferait plaisir. Si au début Roman avait éprouvé quelques scrupules à se faire servir ~~threuh threuh~~, ce n'était à présent plus le cas. Il était carrément dans sa propre cuisine, et était le maître des lieux, donc il agissait comme tel.

« Tu veux manger quelque chose Rhys ? Je sais qu'il y'a de la tarte au pomme, du flan, du gâteau au chocolat, des croissants du petit-déjeuner, des pains au chocolat et puis il y'a certainement une quantité d'autres choses qu'on ne voit pas et qui sont toutes aussi bonnes ! N'hésite pas à demander ! »

Forcément, dans ce paradis culinaire, il y'avait quelque chose pour lui, ce n'était qu'une question de bon sens ! Roman n'attendit pas plus longtemps et se posa sur une des 4 grandes tables, en bout, pour commencer à manger sa petite tarte ~~petite, façon de parler : pas plus de 500 grammes~~ aux pommes. Ce qu'il préférait, en dehors du traditionnel bon goût de la pomme, c'était la pâte sablée (dont il était friand) et surtout la petite touche de cannelle qu'ils ajoutaient à la préparation. C'était le petit plus qui faisait qu'on était obligé de se resservir une seconde fois ~~dans le cas de Roman, une 5ème fois~~.

Après plusieurs minutes à discuter avec Rhys (de tout de rien, de nourriture, de desserts, de cours, d'élèves, de professeurs, de la pluie et du beau temps, etc...), Roman se rappela qu'il était ici pour une bonne raison. Oui, il avait certains faim, il avait cependant quelques recherches à faire, aussi, et dans ses plans ça devait commencer par les cuisines, et surtout par les elfes ! Après tout, les elfes avaient encore leur magie, ils pouvaient donc peut être les aider sur un certains points et ils étaient aussi assez âgés, ils connaissaient donc peut être une solution à cet épineux problème.

« Noly, viens ici, viens voir s'il te plait ! Tiens assis-toi... Si, si, j'insiste, assis-toi ! Il faut que je te parle. »

Après son traditionnel 'Oui, Maître', Roman put commencer à lui parler, sachant que là elle l'écouterait et lui répondrait avec franchise.

« Tu sais que les sorciers ont perdus, leur magie, hein ? Et bien je suis venu pour avoir votre aide. Les elfes de maison ne sauraient pas pourquoi les baguettes des sorciers ne marchent pas, d'où ça peut venir ? Si dans le passé, c'était déjà arrivé ? Ou bien quelque chose de similaire hein, tu vois ? Tu crois que tu pourrais m'aider ? »

Roman avait lancé les questions, planté une graine, maintenant ne lui restait plus qu'à faire son bonhomme de chemin et la laisse germer. Très franchement, Roman comptait beaucoup sur les elfes pour l'aider et il ne se voyait en réalité pas ne RIEN trouver. Après tout, les elfes – et Noly en priorité – étaient très gentils, lui étaient très dévoués et s'ils savaient quelques choses, il n'y avait aucun doute qu'ils l'aideraient.

(1044)

Rhys avait marché dans les couloirs pendant un temps qui lui paraissait très long – Ca paraît toujours long quand on se contente de suivre quelqu’un sans connaître ni l’itinéraire ni la destination – et était resté silencieux en dehors de ses quelques remarques précédentes.

A vrai dire, le compliment de Roman l’avait un peu refroidit. Non pas qu’il n’acceptait pas qu’on lui dise quelque chose de gentil mais il essayait généralement de rester discret voire de passer inaperçu. Attirer l’attention ne lui avait jamais paru une chose à faire, ne serait-ce pour sa timidité. Se taire lui avait semblé encore plus utile lorsque Roman lui a demandé de l’appeler par son prénom. D’accord le garçonnet faisait déjà l’effort de le tutoyer mais utiliser un prénom allait prendre un peu plus de temps. C’était une chose qu’il avait gardé depuis son entrée dans l’école, son respect pour ses ainés. Dans la majorité, il se forçait à ne plus les vouvoyer, puisque telle est la règle en vigueur chez les Poufsouffles, mais en dehors de ça, il servait du « monsieur » et « madame » à qui en voulait. Tant qu’on ne lui spécifiait pas qu’il pouvait ~~Non, qu’il devait~~ oublier les formalités, il s’y tenait. Pour ainsi dire, il n’y avait qu’avec sa préfète qu’il parlait parmi les anciens de la maison.

Ainsi donc, c’était dans le silence qu’ils étaient arrivés devant le tableau qui couvrait l’entrée de la cuisine. Roman, donnant vie à ses explications, se mit à chatouiller une poire? Et en plus, voilà que celle-ci se mettait à rire. Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce qu’avait fumé le type qui avait eut ce genre d’idée? A ce niveau là, il faut quand même que le gars ait quelques problèmes psychologiques, qu’il se drogue et que sa consommation d’alcool soit débridée. Y avait-il un groupe, pour préparer tous les passages de l’école, en train de se poiler sévèrement entre eux ?

- Hey les gars, pour la cuisine, on va se chatouiller un fruit, annonça un d’entre eux.
- Oh, Oh. J’en ai une. Pour la réserve des ingrédients des potions, si on obligeait le prof à imiter le cri d’un dindon Allemand, mais attention… En verlan.

Bref, quels que soient les propriétaires de ses idées imaginatives, le processus ne laissait pas indifférent le Poufsouffle. Bien qu’il essayait de le cacher, voir l’usage de la magie le minait toujours et sa seule occasion de la « pratiquer » était bien d’activer des passages comme ceux-ci. Il mourrait d’envie de lui chatouiller la poire à cette peinture, mais elle était déjà ouverte à présent. Il finit par se reprendre en se disant qu’il était stupide. Vu le nombre de fois où il pouvait se le répéter et les résultats que ça donnait, il était évident que ce n’avait pas la moindre utilité.

Ils entrèrent dans la pièce qui était en pleine activité. Les sens de Rhys furent submergés. Enfin principalement deux, ou un et demi pour être plus exact. Comme commencer, une odeur de nourriture envahissait les lieux ~~Rien de bien surprenante me direz-vous~~ mais l’odeur n’était pas désagréable. On pouvait différencier un grand nombre de plats distincts, pour peu que l’on ait le nez assez expert, mais jamais les arômes ne se mélangeaient dans le dessein de donner la nausée. C’était la plus grande magie donnée à un cuisinier.

L’autre sensation était plus diffuse. A vrai dire, Rhys n’aurait pu dire d’où elle venait. Il ne la sentait pas. Il ne la voyait pas. Il ne l’entendait pas, pas plus qu’il ne pouvait la toucher ou la gouter. Ca touchait son être et non son corps. Etait-ce cela que la magie? A cette idée, c’était comme conjuguer un coup de masse sur la tête, un nutshot et un uppercut dans l’estomac du garçon qui resta sur place alors qu’on s’empressait de savoir ce qu’il voulait manger. Si tous les lieux censément secrets étaient aussi accueillant comment pouvaient-ils espérer pouvoir le rester?

Pousser par son préfet, il finit par demander une part de clafouti à la cerise, son pécher mignon. Il s’était montré aussi timide qu’il était humainement possible, désolé de les déranger en plein travail. Il allait devoir faire attention, ce n’était pas le lieu idéal pour devenir aussi rouge qu’une tomate. Une fois servi, il est allé s’installer à une place à côté de Roman qui a engagé la conversation. Tant qu’il le pouvait, Rhys essayait de rester sur des banalités et éviter les choses personnelles, ainsi il ne partait pas dans une série de bégaiements. En tout cas, une chose était sûr, c’était plus facile avec Roman qu’avec d’autres, c’était un garçon. Un garçon, c’est cool, ce n’est pas compliqué, il n’y a pas à chercher une explication derrière chaque mot. Un vrai gain de temps et d’effort.

Lorsque la mission primordiale fut remplie, celle de se remplir l’estomac (et pourquoi pas faire des stocks en cas de fringale), il fallait s’atteler à l’autre, sauver le monde, rien de moins. Il n’était rien de dire que Rhys ne se sentait pas plus utile qu’un magasin de peigne au pays des chauves manchots. Lorsque Rhys s’était porté volontaire pour donner un coup de main, ça partait d’un bon sentiment mais il n’avait strictement aucune aide à offrir en dehors de sa présence. Comment pouvait-il trouver un objet censé l’aider à rétablir quelque chose qu’il n’avait jamais connu? Roman, quant à lui, avait l’air décontracté, visiblement chez lui dans cette cuisine, à interpeler une elfe de maison par son nom et lui poser toute une batterie de question en rapport avec la disparition et la réapparition potentielle de la magie.

Le jaune et noir ne voulait pas rester totalement de marbre ou, pire encore, rester assis sur sa chaise à attendre que les autres fassent le travail alors il se leva, doucement, et sourit à Noly. Etait-ce bien ça son nom?

- S’il vous plait.

Ce n’était pas son intervention qui allait changer la face du monde mais il avait participé et, après tout, une marque de politesse et de respect ne fait jamais de mal.

1015 mots

Roman mangeait sa part de tarte tout en écoutant ce que l'elfe de maison avait à lui dire. Au fur et à mesure qu'elle lui répondait (par la négative, en fait) Roman perdait progressivement de son appétit et de sa motivation. A chaque bouffée de rondelles de pommes, il perdait de la motivation alors vu la descente de Roman, on vous laisse imaginer à quelle vitesse ça dégringolait.

« Mais tu es sûre ? Rien de similaire ? »

La perte d'un sorcier ? La perte d'une baguette ? La perte d'un bout de bois ? Non, rien du tout ? Bouuh, que le monde était injuste ! Roman qui se voyait déjà grand sauveur de la situation, héros de l'histoire ! Le préfet de Poufsouffle de Poudlard a rétabli la magie dans le monde entier ! Il a reçu l'ordre de Merlin, a directement été nommé Ministre de la Magie, a obtenu toutes ses ASPICs avec Optimal et surtout, surtout a dorénavant une carte de Chocogrenouille à son nom ! Que la vie aurait été belle, franchement ! Mais ce n'était hélas pas demain la veille, que Roman pourrait tranquillement manger des Chocogrenouille et tomber sur une carte à son nom avec écrit au dos « Roman Jones, inventeur de pas moins de 20 sucreries extraordinaires, 20 chocolats détonants mais également, héros légendaire qui a rendu la magie aux sorciers du monde entier pendant la célèbre crise de 2002.

« Bon, et bien tant pis... »

Roman finit sa part de tarte, lança un regard déconfit à Rhys, et reporta son regard sur son assiette. Ils n'allaient pas prendre racine là pour rien, hein ! Roman n'avait hélas plus rien à faire et il y'avait fort à parier que Rhys non plus ! A vrai dire au cuisine, à moins de vouloir s'isoler, on ne faisait qu'y passer pour prendre à manger. Bon certes, Roman y était resté plus longtemps que la plupart des Poufsouffle moyen, à force de pâtisser et de pâtisser avec Ophélia les années passées, mais globalement, c'était ça.

« Tu veux autre chose Rhys ? On prends des trucs en route ? »

Oui parce que pour Roman, ressortir des cuisines sans rien en main, c'était tout simplement inconcevable. La plupart du temps il s'y rendait avec une tablette de chocolat de sa réserve personnelle, et en ressortait avec des gâteaux, des jus de fruits ou tout autre chose de comestible directement fait par les elfes. Et oui ! A quoi bon, sinon ! Il lui fallait bien quelque chose pour manger le temps d'arriver à son lit, non ? Roman avait pas loin de 4 en-cas dans la journée, en plus des 4 repas principaux bien entendu, et des fringales imprévues. Fort heureusement il compensait en faisant beaucoup de sport, en courant toujours partout mais surtout grâce à une morphologie qui l'empêchait de prendre trop de poids. Un gros avantage pour le métier qu'il voulait faire, ô ça oui ! C'est d'ailleurs peut être pour ça qu'il voulait devenir pâtissier, confiseur, chocolatier et glacier, en fait ! Parce que manger n'avait jamais été un problème pour lui : ça avait même souvent été une solution !

(532)

[TERMINE]

Les rêves de grandeurs du garçon venaient de prendre un sérieux coup de manchette derrière la nuque. Que de gloire ça aurait été pour sa maison, pour son école et aussi pour lui d’avoir fait parti du groupe qui aurait permit de restaurer la magie dans le monde entier. Enfin, pour ça, il aurait fallu que Roman accepte de le citer, ce qui aurait été un grand geste de sa part, parce que franchement, il ne servait strictement à rien.

L’elfe avait répondu de manière négative à toutes les questions qui lui avait été posées et ce n’était pas la politesse de son « s’il te plait » qui avait changé quoi que ce soit. Quand on ne sait pas, on ne sait pas. Bon ok, certaines personnes savent et ne veulent pas dire mais ce n’était pas le cas de l’elfe qui semblait très sincère dans sa réponse.

Quand même, Rhys aurait au moins voulu savoir pourquoi les elfes pouvaient toujours utiliser la magie et que les humains non. N’en étaient-ils pas assez dignes? Pendant un moment, le garçon s’était demandé s’il y avait un moyen pour se faire transformer en elfe mais cette idée ne s’installa pas, c’était loufoque. Quoi que… il avait presque la taille requise, le reste, ce n’était que des détails, non?

Lorsque son préfet lui demanda s’il avait quelque chose à ajouter, il ne pu former le moindre mot, une boule s’était formé dans sa gorge. Ce ne serait pas pour cette fois encore. L’arrivée du grand Rhys Ellis dans l’univers de la sorcellerie devrait attendre encore un peu.

A défaut de pouvoir servir à quoi que ce soit pour le monde en général, il pourrait bien servir un tout petit peu pour les gens de sa maison. Rapporter de la nourriture serait une maigre consolation mais c’était toujours ça de pris. Enfin sauf pour Roman lui-même peut-être bien que Rhys avait remit en cause sa gourmandise le voyant avaler de moins en moins vite au fur et à mesure que les mauvaise nouvelles leur tombaient dessus.

S’oubliant un peu, il voulait soutenir son ainé et reprit le contrôle de sa gorge.

- Si je te ramène une tarte aux pommes, tu seras moins déçu du voyage.

Le sourire était là mais il n’avait pas la vitalité qu’on lui connaissait d’ordinaire, il était bien fade. Même bien triste en réalité. Il allait devoir se remettre à la botanique pour compenser le manque de pratique magique.

Remerciant tout de même les elfes avec le plus de politesse dont il pouvait faire preuve, il se chargea les bras, qui n’étaient pas bien épais, de gâteaux et de friandises.

- Je pense que je ne peux pas voyager plus charger que ça. On y va?

Il se mit en marche en direction de la porte et se tourna une dernière fois pour dire au revoir, pas du tout rancunier pour le peu d’aide qu’on leur avait apporter. La vie est comme ça, parfois ça marche, parfois ça ne marche pas.

503 mots

Terminé

QUÊTE

» THEME l Entre la haine et l'amour [TERMINE]
» [THEME] Les échecs version sorcier ? PV Sally
» [TERMINE] Point de vue opposé... [PV]
» Petite mise au point entre garçons... [Pv Liam]
» THEME l Entre toi et moi