Souvenirs du passé (PV)

Aberdaron ... La dernière fois que Lea y était venue, c'était lorsqu'elle travaillait toujours à Taliesin. Elle avait passé un bref moment à travailler comme surveillante à cette école de magie particulière. Elle avait bien aimé son expérience mais malheureusement, l'école avait dû fermer ses portes faute de fréquentation. Mais la jeune femme avait été bien loin de se retrouver sans restes. Au contraire, cela lui avait permit de poursuivre sa carrière de pianiste. Si au départ, avant qu'elle ne décroche cet emploi à Taliesin, elle avait eu un peu de difficulté à trouver des contrats dans le domaine musical, cette fois, c'était complètement différent. Depuis la dernière année, c'était contrat par-dessus contrat. Jamais elle ne s'y serait attendue, pour tout dire. Car il fallait bien admettre que la musique était un domaine difficile vu le nombre de travailleurs plus grand que le nombre d'emplois disponibles. Pourtant, elle avait réussi à s'y tailler une place. Heureusement. Sans quoi, elle aurait bien mal imaginé ce qu'elle aurait fait ... Il fallait dire que, bien que douée à l'école par le passée, elle n'avait jamais vraiment aimé cela. Elle avait toujours préféré les arts et pour elle, Poudlard avait été en quelque sorte une punition, puisqu'elle n'avait pas l'occasion d'y jouer du piano. Elle devait toujours attendre l'été pour en jouer lorsqu'elle revenait chez elle. Et lorsque l'été arrivait, elle pouvait passer jusqu'à cinq heures par jour à jouer, au grand désespoir de ses frères et soeurs. Non, elle n'était faite pour nul autre métier que celui de musicienne, elle en était convaincue.

Maintenant que les contrats allaient bon train, Lea avait décidé qu'il serait temps de partir de chez elle, de voler de ses propres ailes, ce qui expliquait, entre autres, sa présence dans le quartier aujourd'hui même. Elle revenait visiter le quartier résidentiel, question de voir s'il n'y aurait pas un logement à prix plus abordable qu'à Londres. Car elle ne pouvait le nier, habiter à Londres aurait été beaucoup plus pratique pour elle, en particulier les soirs de concert. Mais les coûts des habitations étaient nettement trop élevés pour ses revenus. Voilà pourquoi elle avait cru bon d'aller chercher ailleurs. Elle avait déjà visité Pré-au-Lard, mais il ne restait pas grand chose, du moins, qui conviendrait à une musicienne. (Car il fallait un logement assez isolé pour que les voisins ne se plaignent pas sans arrêt du dérangement.) Durant son "expédition" de la matinée, elle nota trois endroits possiblement corrects, bien insonorisés et à prix relativement abordables. Elle fût relativement heureuse d'avoir trouvé quelque chose, ce qui n'avait pas été le cas dans les villes précédentes. Si elle avait été très heureuse que Mark, le père de sa demie-soeur Elena, l'ait accueillie lorsqu'elle avait été livrée à elle-même, elle ne comptait pas y rester trop longtemps non plus. Elle avait bien apprécié, mais elle pensait également qu'il ne fallait pas abuser.

De passage dans la ville, avant de retourner chez elle, elle décida d'aller faire un tour dans le village. Elle avait toujours aimé cet endroit, pour une raison qu'elle n'aurait su expliquer. Sans doute à cause des souvenirs que cela lui remémorait. Elle passa par le centre ville, qu'elle connaissait assez bien. Elle passa devant un petit bar. En tendant l'oreille, elle perçut de la musique. Du jazz, pour être plus précise. Ainsi, il y avait un bar jazz dans le coin ... Étonnant qu'elle ne l'ait pas vu auparavant. Elle sourit avant de pousser la porte, comme toujours attirée par la musique. C'était maintenant l'heure du midi, et le bar semblait se peupler au fur et à mesure que l'heure avançait. Il n'y avait aucune table de libre pour le moment. Elle s'avança près de la petite scène, et y repéra une table occupée par un seul homme. Il y restait deux places vacances. Elle s'avança.
"Je peux ?" lui demanda-t-elle simplement, en désignant une des deux places vacantes.
Pour l'heure, elle n'était pas du tout pressée, n'ayant pas concert cette journée-là. Si son interlocuteur ne voyait pas d'inconvénient à sa présence, elle resterait sans doute un moment écouter le groupe qui se trouvait à quelques pas d'eux.

Raphaël avait prévu aujourd'hui de retourner à Aberdaron. Il n'y était pas allé depuis...plus d'un an. Syanis s'y rendait pour continuer à s'occuper des lieux et à garder la résidence propre et toujours accueillante, mais le fils Gibson avait décidé de vendre. Il ne comptait pas revenir ici à l'avenir. Il y avait de bons comme de mauvais souvenirs ici.
S'il était revenu, c'était pour récupérer une partie de ses affaires. Les plus importantes étaient déjà à Londres. Mais il voulait ramener sur la Capitale le plus de chose possible avant que les déménageurs n'arrivent. Une de ses guitares étaient encore à Aberdaron et il tenait à la récupérer. Quant à son piano, il ne savait pas trop quoi en faire. Il en avait déjà un à Londres qui trônait dans le salon. Un deuxième serait bien superflu. Quelques partitions, des bouquins, des vêtements restés dans son dressing, quelques toiles de grands maîtres.
S'il vendait, c'était aussi parce qu'il comptait acheter une résidence secondaire à l'étranger, mais il voulait d'abord voir avec Heaven si elle avait un pays -ou une île- de prédilection. Après tout, ils étaient fiancés, et il ne pouvait plus se permettre de tout décider pour autrui. La décision se prendrait donc d'un commun accord.

Il s'était arrêté à la pâtisserie Warldof car il savait que la jolie brune qui partageait sa vie raffolait des sucreries et autres douceurs en tout genre. Bien mal lui en prit car il tomba nez à nez avec Astoria Greengrass, la sœur de Daphné. Visiblement, elle travaillait ici, ce qu'il ne savait pas. Il la salua poliment, comme si de rien n'était et demanda un assortiment viennoiseries au chocolat, mais arrivé dehors, il préféra les jeter dans une poubelle à quelques rues de là. Non pas que ces pâtisseries ne lui donnaient pas envie, mais sachant la rancune qu'avait gardé Astoria pour lui, il ne voulait pas prendre le risque d'empoisonner Heaven par mégarde. Tant pis, il passerait par Pré-au-Lard en retournant sur Londres.

Après cette rencontre qui l'avait un peu mis mal à l'aise, il poursuivit sa route à pied jusqu'à chez lui. Mais au détour d'une rue, il tomba sur le bar jazz qu'il avait l'habitude de côtoyer il y a peu encore. Il était venu ici à de nombreuses reprises. Souvent avec Apophis d'ailleurs. Parfois seul lorsque le moral était en berne. Il se souvint avoir passé de très bonnes soirées en compagnie de...de qui d'ailleurs? Son mentor? Patron? Ami? Leur relation était ambiguë dans le sens où ce qui liait les deux hommes était un mélange de divers sentiments contradictoires comme l'admiration ou le dégoût. Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient pas revu et il avait beau ne rien laisser paraître, il aurait aimer le revoir. Passer un peu de temps ensemble. Qu'il lui prenne la tête en partant dans ses délires psychopathes comme lui seul savait le faire. Mais il semblait avoir disparu de la circulation et ne semblait pas vouloir être retrouvé.

Par nostalgie du bon vieux temps, il se décida à entrer. La musique qu'il avait entendu jusque sur le trottoir l'avait persuadé que ce n'était pas une si mauvaise idée que ça. Il avait prévenu Heaven qu'il en aurait peut-être pour un peu plus longtemps que prévu. Elle ne s'inquiéterait donc pas s'il devait s'éterniser ici. Du moment qu'il n'y passait pas la nuit...

Le patron des lieux le reconnu tout de suite. C'était un habitué après tout. Certes, il n'avait pas remis les pieds dans le bar depuis des mois, mais dans un village comme Aberdaron, on reconnaissait vite les étrangers des habitués.

« Ah M'sieur Gibson, ça f'sait longtemps. Alors vous nous avez quitté, vous comptez revenir? J'vous sers la même chose, M'sieur? » demanda-t-il d'une traite.

Raphaël se demanda s'il avait pris le temps de respirer, puis prit la peine de répondre.

« J'ai bien peur que non Monsieur Figgins, je vends ma propriété. Sinon, je prendrais un café cette fois-ci, sans lait, sans sucre. »

Puis il laissa le patron pour rejoindre une des tables qui restaient encore libre. Coïncidence ou pas, mais celle qui repéra était prête de la scène. D'habitude, c'était lui qui jouait, avec Canal Spark. Là, il comptait rester spectateur. Quelques personnes s'étaient retournés sur son passage. Certains le reconnaissant et le saluant parce qu'ils le connaissaient de vu et qu'ils étaient des habitants du village, d'autres parce qu'ils le reconnaissaient comme étant le guitariste du groupe de rock Canal Spark. Mais personne ne vint l'importuner. Ce qu'il apprécia d'ailleurs. Il n'était pas ici pour ça.
Il remercia le serveur lorsqu'il lui apporta sa commande, puis reporta son attention sur le groupe de jazz qui revisitait un morceau de Deep Purple, version jazz. Pas mal.
Sa tasse à moitié pleine, et après son 4ème morceau jazzy, il fut interpellé par une jeune femme brune. Il craint un moment qu'il ne s'agisse d'une fan -comment ça il est parano? Pas du tout!-, mais elle ne semblait pas être dans cette catégorie après l'avoir étudié plus attentivement.
Elle ne souhaitait que prendre place. Effectivement, la salle était pleine. Il n'y avait plus trop de choix.

« Je vous en prie. » répondit-il tout simplement, d'un geste de la main.

Il l'observa d'un œil discret. A première vue, il n'avait pas fait spécialement attention. Mais en étant plus attentive, il avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Il ne savait seulement pas où, ni quand. D'habitude, sa mémoire était infaillible. Mais aujourd'hui, elle semblait lui jouer des tours. Après quelques hésitations, il se lança.

« Excusez-moi, mais j'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part. » dit-il en cherchant toujours qui elle était.

Brune aux yeux verts, il fallait être aveugle pour ne pas voir que cette jeune femme était ravissante. Mais loin de lui l'idée autre que d'apprendre qui elle était pour se remémorer où il l'avait déjà croisé.

Son interlocuteur lui fit signe de s'asseoir, signe auquel la jeune femme répondit par un simple sourire. Il aurait été plutôt embarrassant si elle était tombée sur quelqu'un qui ne souhaitait pas avoir de compagnie, bien qu'elle aurait parfaitement pu comprendre cette idée, elle-même étant plutôt solitaire de manière générale. Cependant, il fallait dire qu'il aurait été plutôt étrange de s'aventurer dans un tel lieu avec l'idée de départ de ne pas être importuné par qui que ce soit ... Enfin, toujours est-il qu'elle prit place en face du jeune homme, qu'elle ne reconnut pas sur le coup. Il fallait admettre que Lea n'était pas spécifiquement douée pour retenir les noms et les visages des gens, surtout ceux avec qui elle n'avait parlé qu'à quelques reprises. Mais hormis ce fait, il fallait également souligner qu'elle n'avait pas porté une attention très particulièrement au visage de l'homme, ce qui était sans doute une bonne raison pour ne pas l'avoir replacé. Elle écouta la musique un moment lorsque son ex-collègue la tira de ses pensées. Selon ses dires, il croyait l'avoir déjà vue quelque part. Elle se tourna alors vers lui, se demandant qui elle n'avait pas reconnu. Au premier abord, elle avait cette même impression de déjà-vu mais sans plus. Elle ne se rappelait pas où elle aurait pu le voir par le passé. Bien sûr, il fallait souligner que même si le groupe dont le jeune homme faisait parti était pour le moins assez populaire dans le monde sorcier, Lea avait une connaissance de la musique classique et jazz beaucoup plus étendue que celle de la musique rock, ce qui expliqua qu'elle ne se rappela pas l'avoir déjà entendu lors d'un concert. Elle n'était pas une inculte, non, lorsqu'elle avait la possibilité de s'informer sur d'autres types de musiques ou même des sujets complètement différents, elle la prenait. Mais il restait qu'en étant dans un domaine particulier, vos connaissances restaient plus centrées, de manière générale, sur celui-ci que sur les domaines externes. Elle fronça les sourcils, troublée. Ce n'est qu'un court instant plus tard qu'elle se rappelait où elle l'avait déjà vu. À Taliesin, bien sûr ! Elle ne se rappelait pas du tout pourquoi il y était (il ne fallait pas trop en demander, quand même) mais elle se rappelait l'avoir croisé à quelques reprises dans les couloirs de l'école. Elle ne sût cependant mettre un nom sur ce visage, qui ne lui était pas totalement inconnu.
"On ne se serait pas rencontrés à Taliesin, par hasard ?"
Ben quoi, il fallait bien tenter le coup, sinon, ils ne le sauraient jamais. Et puis, la pire chose qui pourrait arriver serait qu'elle se soit trompée, ce qui serait bien loin d'être la fin du monde, après tout ...
"J'y ai travaillé un moment, lui expliqua-t-elle, au bout d'un court instant. J'y étais surveillante."
*Toujours plaisant ..., songea-t-elle, en son fort intérieur. J'étais comme Rusard mais version femme ...*
Si son hypothèse s'avérait exacte, il était alors fort probable qu'ils se soient déjà parlés par le passé, bien qu'aucun d'entre eux ne semblait en garder souvenir, pour l'instant du moins. Mais il fallait dire qu'en tant que surveillante, elle était souvent occupée ailleurs dans l'école. Elle n'était pas toujours à la même table que les autres employés de l'école, trop occupée à surveiller les faits et gestes des élèves, dont sa soeur cadette qui s'était avérée un vrai petit monstre durant ses quatre années à Taliesin. Au moins, elle avait une certitude, son interlocuteur ne devait pas être un surveillant, sans quoi, elle s'en serait certainement souvenue.

En temps normal, il arrivait facilement à remettre quelqu'un, mais cette fois-ci, il n'arrivait pas à associer la jeune femme à quoi que se soit. Ou à qui que se soit d'ailleurs. Et pourtant, il était sûr de l'avoir vu. A plusieurs reprises d'ailleurs. Comme si elle avait fait parti de son environnement sans qu'il n'y fasse attention. Ce n'était pas intentionnel. D'ailleurs, il ne fallait pas mal le prendre s'il ne vous accordait que peu d'égard. Raphaël était du genre à faire le tri rapidement en ce qu'il considérait comme important ou pas.
Taliesin faisant à présent parti de son passé, il avait tiré une croix dessus. Certes, il n'avait pas tout oublié, mais assez pour ne pas y repenser. Seul Apophis, son mentor, revenait parfois le hanter lorsqu'il s'y attendait le moins.
Il reconnaissait certains de ses anciens élèves aussi. Surtout les plus prometteurs et comme ils n'étaient pas nombreux (les prometteurs), il n'avait pas le cerveau rempli de prénoms inutiles.

Raphaël était du genre solitaire. Il n'avait pas besoin d'être continuellement entouré pour se sentir exister.
Heaven d'ailleurs le savait parfaitement, surtout lorsqu'il s'enfermait dans son bureau pendant des heures. Elle savait qu'il ne fallait pas le déranger, sauf impératif. Attention, il n'était pas asocial. Il aimait juste être seul de temps en temps.
Il aurait été indélicat de sa part de renvoyer la jeune femme et de lui dire d'aller voir ailleurs. Tout d'abord parce qu'il n'y avait plus de place dans ce bar, mais surtout parce que comme tout gentleman qui se respecte, il ne pouvait décemment pas traiter une femme de la sorte. De plus, elle s'était montrée courtoise. Certes, il ne cherchait aucune compagnie, car il venait plus ici comme un recueillement que pour discuter avec quiconque. Surtout avec une étrangère. Enfin...étrangère, c'est peut-être vite dit.

Alors qu'il se creusait la tête pour la situer, elle aussi semblait aussi se concentrer de son côté. Si ça se trouve, il avait fait une bourde et ils ne s'étaient peut-être jamais croisés. Qui sait? Elle semblait troublée et lui frustré à vrai dire. Heureusement, elle vint à son secours. Car quand elle prononça le mot magique de « Taliesin », il eu comme un flash, le replongeant deux ou trois ans en arrière. Ils ne fréquentaient pas vraiment les mêmes lieux au même moment en fait. Être collègue ne voulait pas forcément dire ami. Encore moins passer son temps ensemble. La preuve, il avait du échanger que quelques mots avec cette jeune femme dont le nom lui échappait totalement. Mémoire sélective en cause sûrement...
A vrai dire, quand il était à Taliesin, il ne passait que très peu de temps avec ses collègues. Il préparait ses cours chez lui ou dans son bureau dans lequel il passait de nombreuses heures. Il faisait ses cours et le temps restant, il le passait à s'entraîner avec Apophis. Dès qu'il en avait fini avec Taliesin, soit il rentrait à Aberdaron ou il transplanait directement à Londres pour rejoindre Daphné, son ex petite amie de l'époque.

Il ne fréquentait pas trop ses collègues, excepté Jason Harris, le meilleur ami de Sam, son frère. N'allez pas croire qu'il était un sauvage. Juste un homme occupé et n'aimant pas perdre son temps. Néanmoins, il se souvenait vaguement avoir discuté avec la jolie brune à de rares occasions.

« Maintenant que vous me le dites, oui, je me souviens vous y avoir croisé. » dit-il en hochant la tête en signe d'assentiment.

Surveillante? Ah en effet, il en fallait pour cadrer des élèves. Du coup, il supposait que bien que jeune, elle devait avoir une certaine rigueur.

« J'y travaillais comme professeur. »

Il préféra ne pas préciser la matière qu'il enseignait. Il évitait d'aborder le sujet avec n'importe qui. Très discret par rapport à cette époque, il n'en parlait d'ailleurs jamais. Il ne préférait pas qu'on découvre le secret familial qu'il cachait même à celle qui partageait sa vie. Et si on lui posait la question, il répondait toujours à côté ou de manière évasive. Au pire, un tour de passe-passe de l'esprit lui permettait de se tirer d'affaire aussi simplement qu'un « bonjour ». Et il n'était plus importuné.
Une idée lui traversa l'esprit. Si elle ne travaillait plus à Taliesin, que devenait-elle? Non pas qu'il s'y intéresse vraiment, mais elle était jeune, et retrouver un travail n'était jamais évident.

« Du coup, Taliesin ayant fermé, que faites-vous? » demanda-t-il intéressé quand même.

Puis il se souvint du plus élémentaire. Oui, quand même, mais se présenter à la base était le minimum requis entre deux individus bien élevés. Son père l'aurait sûrement taclé pour s'être montré aussi grossier. Et pour une fois, il était bien d'accord avec lui. Surtout envers une femme. Il était donc temps d'y remédier au plus vite.

« Veuillez m'excuser mais je ne me suis pas présenté. Raphaël, et vous? » dit-il en lui tendant la main pour une brève poignée de main juste en signe de présentation.

Il évitait de dire qu'il était un Gibson en règle générale. Lorsque les gens ne le connaissaient pas, ils avaient soit un mouvement de recul, soit ils le collaient comme une sangsue. Non pas parce qu'il avait sorti une grossièreté, mais parce que le nom de sa famille provoquait toujours le respect mais aussi la crainte. Ils se faisaient des idées, des a priori et se méfiaient de lui. Pourtant, Raphaël n'était pas Julian. Héé oui, papa Gibson était le ministre du ministère de la justice magique. Il était connu et redouté. Sans parler de Samuel Gibson, son frère aîné, qui était un grand joueur de Quidditch internationale, capitaine de l'équipe d'Angleterre. Alors s'il pouvait éviter de prononcer son nom de famille, il ne s'en privait pas.