[THEME] Paranoïa Bowmanienne [PV Maximilien] [Terminé]

Les vacances de Noël approchaient à grands pas, et bientôt viendrait le temps de remballer ses bagages pour retourner à Manchester, passer un peu de temps avec ses parents et ses frères. Cette pensée réjouissait particulièrement Alexandra, qui était impatiente de retrouver sa famille –même si elle passerait une semaine chez son père, et l’autre chez sa mère- et de fêter le traditionnel Noël en compagnie de Mily et Rémy. Un problème s’était cependant rapidement imposé à elle, à mesure que les semaines défilaient : qu’allait-elle offrir à ses frères ? Cette tache avait toujours été très difficile, puisque même si elle les connaissait, au bout d’une bonne dizaine d’années, on commençait à manquer d’inspiration et d’imagination. Maximilien semblait aimer ce qui était fait main, puisqu’il avait prétendu aimer tous les cadeaux qu’elle lui avait offert et qu’elle avait réalisés elle-même. Après, son sixième sens n’avait pas été capable de détecter si son aîné avait juste fait exprès de s’extasier devant ses créations –pour la plupart très bizarres-, ou s’il les appréciait vraiment. Mais faute de plus d’informations, elle devait se contenter de suivre son parcours habituel pour la confection du cadeau de son frère. Pour Jérémy, les choses seraient plus simples. Il aimait le football, elle allait sûrement lui offrir quelque chose en rapport. Elle avait longtemps pensé à choisir un article drôle à Pré-au-Lard, puisqu’elle avait depuis cette année le droit de visiter le seul village entièrement sorcier de toute la Grande Bretagne, mais Jérémy avait toujours été un peu réticent à la magie, donc il valait mieux éviter. Voilà un point de vue qu’il partageait avec Alexandra, d’ailleurs. Mais le sujet n’était pas là.

Alors qu’elle déambulait dans les couloirs, perdue dans ses pensées comme à son habitude, la jeune Serdaigle avait eu la chance (ou la malchance, cela dépend des points de vue), de croiser Rudy Spencer, Poufsouffle dont la taille était proportionnelle à sa bêtise. La blonde se souvenait de lui comme l’abruti qui trainait derrière la bande qui martyrisait Linwood, et il était même présent le jour où Grayson l’avait poussée contre une armure et envoyée à l’infirmerie, mais elle avait oublié toutes ces tares lorsqu’il avait sauvé son amie la rouquine. Alexandra n’était pas bien rancunière, et elle avait une sorte de sixième sens qui lui permettait de se faire une opinion plutôt juste sur les gens. Il s’agissait peut-être simplement d’un petit caniche qui trainait derrière les plus forts pour ne pas se faire prendre pour cible à son tour –même si avec sa carrure de Troll, la blondinette était à peu près sûre que personne avec un cerveau de bonne constitution n’oserait s’en faire un adversaire-. C’était plutôt stupide, mais son cas n’était pas aussi affreux qu’elle l’avait imaginé à la base. Elle avait d’ailleurs été surprise lorsqu’il était venu s’excuser seul à seul de l’avoir blessée, et elle s’était contentée d’hausser les épaules en lui assurant qu’il n’y était pour rien. Elle avait également eu l’impression qu’elle l’intimidait un petit peu, chose plutôt étrange vu qu’elle devait faire les deux tiers de sa taille à peine, et la moitié de son poids non, il pense juste que tu es une alien, Alex. Quoi qu’il en soit, elle avait remarqué des tas de tissus dans ses bras, et une idée lui avait traversé l’esprit. Elle lui avait donc demandé où il s’était procuré tout ça, et il lui avait donné l’astuce de la Salle sur Demande, plutôt soulagé de pouvoir lui rendre service, comme s’il craignait que la foudre ne lui tombe sur le crâne s’il ne se faisait pas pardonner pour l’avoir blessée.

Ce fut donc toute joyeuse qu’Alexandra revint de la Salle sur Demande –quel endroit merveilleux !-, qu’elle pensait être seulement une remise cachée avec tout un tas d’affaires pour la couture, puisque Rudy ne lui avait pas expliqué de façon convenable son véritable fonctionnement il est bête faut l’excuser. Mais pour le moment, elle avait tout ce qu’il lui fallait dans son sac à dos pour faire un très joli cadeau à Maximilien, qui en plus, ne lui coûterait pas un rond sœur indigne. Maximilien était un véritable mordu de Quidditch. C’était donc sans trop se mouiller qu’elle pouvait avancer qu’un truc en rapport avec son sport favori lui ferait probablement plaisir. Et puis Alexandra avait participé aux sélections pour l’équipe de Quidditch de Serdaigle en cachette, et le capitaine lui avait dit qu’il l’appellerait probablement si une place de titulaire se libérait pour le prochain match contre les Gryffondor, mais qu’elle se débrouillait suffisamment bien pour avoir le droit de jouer si les élèves plus âgés et plus expérimentés n’occupaient pas tous les postes. Une nouvelle plutôt encourageante quand on savait qu’elle n’avait commencé à voler sur un balai que depuis le début de l’année ! Ses entraînements avaient tout de même porté leurs fruits, puisqu’elle parvenait à piloter l’engin avec plus ou moins de réussite, et qu’elle se reposait sur ses talents au Baseball pour faire tout le reste. Elle avait cependant peur de la réaction de Maximilien lorsqu’il l’apprendrait –prochainement, puisqu’un des joueurs de Serdaigle lui en parlerait certainement avant le prochain match, et que si elle avait l’occasion de jouer, il la verrait sur un balai dans même pas un mois-. Toujours est-il que puisqu’elle s’était familiarisée avec le Quidditch –plus ou moins-, grâce à son ami d’enfance Arthur Bey, Alexandra savait à peu près ce qui serait utile ou non à Maximilien durant un match. L’hiver serait bien installé lors du prochain match, et Mily, qui allait sûrement jouer –Alexandra en était sûre, après tout, son frère est le meilleur !-  serait frigorifié si Alexandra ne lui faisait pas de nouveaux gants et une jolie écharpe assortie. Elle avait laissé de côté l’idée du bonnet à pompon, puisqu’elle était persuadée que même si elle l’attaquait à coups de grands yeux bleus humides de tristesse, il ne porterait jamais quelque chose d’aussi ridicule sur un terrain de Quidditch. Il avait encore sa dignité, merci pour lui.

Plutôt fière d’avoir trouvé d’aussi bonnes idées, la jeune fille se dirigea d’un pas chantant vers un banc dans un couloir vide, et sortit tout ce dont elle avait besoin. Elle se souvenait la forme d’un gant de Quidditch pour poursuiveur, étant donné qu’elle avait utilisé les vieux de l’école, mais il n’y aurait pas de mal à les améliorer un peu. Une petite doublure en cuir ou en laine par ci par là, et le froid ne serait plus un problème pour Mily. Elle ne voulait pas qu’il tombe malade, après tout ! L’écharpe le rendrait peut-être moins aérodynamique, mais il fallait absolument qu’il protège son cou. Les grippes étaient le genre de maladies que Madame Pomfresh ne pouvait pas guérir d’un simple coup de baguette magique, alors son frère avait intérêt à se couvrir s’il ne voulait pas passer par la case suppositoire. Alexandra commença donc à coudre, en sifflotant un air de sa propre composition. Elle n’était pas vraiment douée pour tout ce qui était manuel –elle était plutôt le genre sportive un peu bourrine et pas très délicate avec ses doigts-, mais elle faisait toujours de gros efforts pour ses frères. Le résultat final aurait approximativement la même tête que l’idée qu’elle s’en faisait, c’était sûr et certain ! Et puis de toute façon, même si la chose était hideuse, elle était sûre que Maximilien en serait touché.

D’ailleurs, en parlant de lui, voilà qu’il arrivait droit vers elle. Agitant la main pour le saluer, Alexandra lui fit signe de venir s’assoir à côté d’elle. Contrairement aux autres personnes, la Serdaigle n’était pas le genre à cacher ce qu’elle était en train de faire. Et puis il était trop tard à présent, tout remettre dans son sac à dos serait vraiment très louche, Maximilien grillerait tout. Elle n’avait juste qu’à prétendre qu’elle faisait un cadeau pour un de ses amis, et le bobard passerait bien. Et puis, s’il était à côté d’elle, elle pourrait lorgner discrètement sur ses mains et ses poignets pour se faire une idée des tailles. Elle attendit donc avec une mine réjouie que son frère soit assez près d’elle, pour se jeter dans ses bras et lui adresser son habituel sourire candide.

« Mily ! Tu vas bien ? Viens t’assoir un peu à côté de moi. Comment s’est passée ta journée ? » le bombarda-t-elle de questions, en se collant à lui comme une sangsue.

Alexandra était un véritable moulin à parole quand elle s’y mettait. Mais au moins, avec l’entrain qu’elle avait manifesté à l’arrivée de son frère, celui-ci pouvait être sûr que sa présence lui faisait plaisir !

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S'il y avait une raison pour laquelle Maximilien redoutait l'arrivée des vacances de Noël, c'était bien à cause des cadeaux. Oh, comme la vie était douce et paisible lorsqu'il n'avait pas à se creuser la tête pour trouver quoi offrir à sa famille, ou encore ses amis. Tout était tellement plus simple lorsqu'on était un enfant il en est toujours un, mais chut. Personne ne s'attendait à quoi que ce soit de votre part. Bien sûr, Alex' leur offrait à tous des cadeaux faits mains - à l'aspect parfois assez douteux, sa sœur n'était visiblement pas aussi douée en travaux pratiques qu'elle ne l'était en gymnastique, mais il était toujours tellement content de recevoir un cadeau de sa part qu'il n'avait pas la cruauté de lui faire remarquer le côté difforme de ses créations "Alex', juste par curiosité, c'est censé être quoi ?". Et d'accord peut-être lui était-il arrivé, les 'bonnes' années (c'est-à-dire celles où les tensions étaient à leur minimum) de faire des paris avec Jérémy concernant l'identification desdits cadeaux. "Je te parie deux pounds que c'est un poncho." Quoiqu'il en soit, pour sa part, Max' s'abstenait jusqu'à récemment de faire le moindre 'vrai' cadeau. "Ma présence est un cadeau." Mais désormais, il n'y couperait plus.

De ce fait, plus la date fatidique approchait, et plus le blond devait à la fois se soucier du bal et de son retour au bercail. Des devoirs ? Quel est ce mot ? Il avait commandé les cadeaux de son père et de Jér' par la poste moldue, et les avait fait livrer à la poste de Pré-au-Lard. Une pierre, deux coups. Il avait beau avoir des rapports compliqués au mieux avec son frère, il ne pouvait décemment pas se pointer chez eux sans cadeau pour lui. Ce ne serait qu'ajouter de l'huile sur le feu inutilement. Il avait profité de la même sortie pour mettre la main sur le cadeau d'Alex' - tout en tâchant d'esquiver sa sœur, qui était désormais autorisée à se rendre au village sorcier elle aussi maintenant qu'elle était en troisième année - après avoir longuement réfléchi. Connaissant sa passion pour le surnaturel - du moins, ce qu'il y avait de plus surnaturel que d'être un sorcier: alien et compagnie -, il avait opté pour des gadgets trouvés chez Zonko, soi-disant destinés à aider à la localisation de phénomènes paranormaux Ghostbuster.

Néanmoins, les apparences sont parfois trompeuses, car Max' ne passait pas l'intégralité de son temps à vadrouiller dans les rues de la ville en quête de cadeaux. Le premier match de Quidditch de l'équipe de Serdaigle, les opposant à Gryffondor approchait dangereusement, et sauf contre-indication, il y participerait. Les entraînements soutenus étaient donc venus s'ajouter à son programme déjà chargé, aussi le jeune Anglais voyait-il les jours se succéder en se ressemblant à un ou deux détails près. Cela étant, un détail crucial était venu perturber la monotonie de son existence. Un détail qui avait pris la forme d'un élève de sa maison, sourire niais aux lèvres alors qu'il évoquait Alexandra. Individu du sexe masculin. Stop. A prononcé le prénom tabou. Stop. Éradiquer. Stop. "Dis donc Bowman, je ne savais pas que ta sœur jouait au Quidditch !" Curieuse coïncidence: lui non plus ne le savait pas. Il se débarrassa du grand niais en le jetant dans les escaliers, par mesure de prévention. en marmonnant une réponse inaudible avant de filer à l'anglaise histoire d'avoir le temps d'intégrer ce qu'il venait d'entendre. Pardon ? Alexandra jouait au Quidditch ? Sa petite sœur participait à un sport où on s’assommait parfois à coups de battes juste pour le plaisir parce que l'arbitre ne regardait pas ? Un sport qui menait de très nombreux participants droit à l'infirmerie de l'école ? Pourquoi joues-tu déjà, Maximilien ? Pas possible. Et pour couronner le tout, il passait pour un parfait imbécile parce qu'apparemment, tout Serdaigle était déjà au courant à part lui ? Oui bon, une personne, mais ça revient au même.

Cette joyeuse nouvelle avait mis le jeune Serdaigle d'humeur passablement massacrante - il se confiait toujours à Alex', et elle n'était même pas fichue de lui faire savoir qu'elle s'était mise au Quidditch ? Un simple "Hé au fait Mily ! J'ai perdu trois dents en m'entraînant à ton sport préféré hier, qu'est-ce qu'on s'éclate !" aurait suffi. - et faute de mettre la main sur sa sœur, il avait décidé de s'attaquer au cadeau qu'il comptait offrir à leur mère. C'était une potion, or la pratique de cet art avait toujours eu le don de le calmer. Il fallait une concentration infinie pour préparer une potion. La moindre erreur: mauvais ingrédient, mauvais moment, mauvais touillage, pouvait provoquer une véritable catastrophe. Il avait emprunté un chaudron pliable à un de ses camarades de dortoir - le sien était trop encombrant à trimballer - et les ingrédients nécessaires, et s'était lancé en quête d'une salle libre pour se mettre au travail. Il aurait pu demander au professeur Slughorn de lui ouvrir un cachot pour y enfermer Alex' en attendant la réponse du couvent pour pouvoir travailler dans de meilleures conditions, mais ça semblait superflu. La potion qu'il avait en tête n'était pas très compliquée à préparer, et elle ne constituait qu'une partie du cadeau qu'il comptait faire à sa mère.

Vadrouillant dans les couloirs du château en partant de la tour de Serdaigle, Max' était en quête d'une salle. Après être tombé sur plusieurs couples en train de pratiquer des activités pas très catholiques tous des dépravés, il buta sur une porte fermée à clé avant de se retourner, et d'apercevoir une tête blonde familière à quelques mètres de lui. Ça va saigner. Il s'approcha du banc sur lequel sa sœur s'était installée, occupée à faire dieu sait quoi. Un truc de jeune. Trafic de drogue, probablement. Il posa le chaudron à même le sol, les ingrédients dont il avait besoin y étant savamment rangés. Réchauffer le chaudron serait un autre problème, mais si le sortilège ne fonctionnait pas, il s'était équipé de produits récupérés chez Zonko qui pourraient faire substitution. Une fois délesté de ces poids, il ne put réprimer le sourire qui se glissait naturellement sur son visage lorsqu'il posait les yeux sur Alexandra, bien qu'il fut un brin plus crispé qu'à son habitude. « Salut Alex'. Tu fais quoi ? De la contrebande hein ? Avoue ! Je ne te reconnais plus. Qui es-tu devenue ? Tu couds ? » interrogea-t-il, oubliant momentanément son irritation à l'égard de sa sœur. Il aurait pu être plus surpris si Noël n'approchait pas et qu'il n'avait pas l'habitude de se voir offrir des cadeaux étranges à cette période de l'année.

« Oh, tu sais, rien de spécial. Petit-déjeuner avec Ally et Arthur, double cours de métamorphose avec les Poufsouffle - j'ai cru que Spencer allait s'évanouir quand le prof l'a interrogé -, histoire de la magie et potions l'après-midi - un type a fait exploser son chaudron alors qu'il était assis juste à côté de Nasira, je suis pratiquement sûr qu'il s'est fait pipi dessus après qu'elle l'ait foudroyé du regard. Je crois que c'est tout, journée banale... » conclut-il avec calme. « Ah, attends ! » fit-il semblant de se remémorer, se frappant le front avec exagération les cours de théâtre prodigués par leur prof de primaire portaient finalement leurs fruits. « Tu vas rire, un grand dadais de mon dortoir, Tyler meurs Tyler, meurs m'a raconté un truc dingue. Il m'a dit que ma sœur jouait au Quidditch ! Et ce qui est vrament marrant, c'est que je n'ai qu'une seule sœur et je suis pratiquement sûr qu'elle me l'aurait dit si jamais elle comptait rejoindre l'équipe dont j'ai déjà fait partie ? » continua-t-il en fixant sa cadette sans ciller. L'heure de vérité. Elle n'oserait quand même pas lui mentir au visage, si ? Et peut-être qu'il en faisait trop, mais franchement elle l'avait mérité. Depuis quand ça durait ?

Sa tirade l'ayant mis à nouveau sur les nerfs, il s'assit par terre, s'adossant au banc, et déplia le chaudron, en sortant ce dont il avait immédiatement besoin. S'il était là, initialement, c'était pour découper Alex' en rondelles préparer un cadeau. Il commença à couper des ingrédients quand une révélation s'imposa brutalement à lui. Quidditch. Il leva la tête, se redressant pour observer la création d'Alex'. « C'est une girafe des gants de Quidditch ? Ils ont l'air trop grands pour toi. » lui fit-il remarquer bien que lesdits gants ne ressemblent pour l'instant pas à grand-chose. Mais il en avait vu suffisamment pour pouvoir les reconnaître, même au stade où ils étaient actuellement. Il se sentait un peu coupable d'avoir coupé l'enthousiasme avec lequel sa sœur l'avait accueilli avec des commentaires bourrés de sarcasmes et de reproches, mais il songea que tant qu'ils crevaient les abcès autant y aller à fond. Contrairement à Alex', il n'attendait pas le dernier moment pour annoncer les nouvelles. « Au fait, je vais aller au bal cette année, je ne rentrerai pas en même temps que toi. » ajouta-t-il en évitant consciencieusement le regard de la blondinette pour en revenir à ses ingrédients. Bon, à ce niveau-là, il la lâchait peut-être un peu, et c'était pas très sympa, mais au rythme où ils allaient, elle allait peut-être balancer une nouvelle bombe en lui apprenant que "Surprise ! Je vais au bal moi aussi ! Ce bel étalon tatoué / piercingé aux allures de gorille transgénique est mon cavalier. Dis bonjour à Timmy !". Charmante perspective.

A mesure qu’il s’approchait d’elle, Alexandra remarqua quelques détails plutôt inhabituels chez son grand frère. Tout d’abord, son sourire avait quelque chose de différent, comme s’il était un petit peu tendu. Avait-il des problèmes de constipation ? Dernièrement, à cause de toute la foule d’évènements qui s’étaient produits à Poudlard, elle en avait oublié de lorgner discrètement sur l’assiette de Maximilien afin de déterminer si oui ou non, son régime alimentaire était convenable. Il n’avait peut-être pas assez mangé de verdure, et elle n’avait même pas eu le réflexe de lui glisser un brocoli l’air de rien, histoire de lui éviter des troubles futurs. Quelle sœur indigne ! Alexandra se jura d’y remédier très prochainement, mais dans l’immédiat, elle ne pouvait que lui conseiller de se rendre à l’Infirmerie quémander un quelconque laxatif qui le soulagerait un petit peu. Mais il fallait qu’elle pense à une façon d’amener ce sujet discrètement, et préférait le garder pour plus tard, ne souhaitant pas démarrer une conversation par quelque chose d’aussi glauque. Le second détail inhabituel, et pas des moindres, était donc l’énorme chaudron qu’il se traînait avec lui, et qu’elle avait tout d’abord prit pour son sac à dos –énorme certes, mais connaissant son frère, il y cachait peut-être un cadavre celui de Tyler évidemment-. Que pouvait bien faire Maximilien avec un chaudron au beau milieu d’une après-midi sans cours ? Il était peu probable –et même impossible- que Slughorn l’ait collé pour une quelconque raison ; après tout, c’était son Maximilien : parfait, sérieux, et toujours élève modèle. Pourquoi diable avait-il donc son matériel de potion avec lui ? Mystère et boule de gomme. Alexandra se contenta donc d’écouter les salutations de son frère, et ses interrogations sur l’activité qu’elle était en train de pratiquer. Visiblement, elle s’y prenait assez bien pour qu’il devine qu’elle était en train de coudre on ne sait jamais avec Alex, elle était peut-être en train de faire du jardinage avec des aiguilles et du tissu, tête en l’air comme elle l’était. Elle hocha donc la tête de haut en bas, tandis qu’il poursuivait par le récit de son début de journée. Petit-déjeuner avec Ally et Arty –c’était donc pour ça qu’elle ne l’avait pas vu à la table des Serdaigles le matin même ! Elle qui croyait qu’il avait encore eu du mal à se lever- et ses cours de métamorphose, histoire de la magie et potion. La blondinette eut un petit rire lorsqu’il mentionna le regard meurtrier de Nasira, et les malchances de Spencer.

« Rudy ? » demanda-t-elle pour s’assurer qu’il s’agissait bien de ce Spencer là, dans un éclat de rire.
Après tout, elle ne connaissait pas la fratrie entière –juste Connor, Rudy, et Drake-. Qui sait, peut-être y avait-il un jumeau Spencer en quatrième année ? ; tout était possible, vu qu’ils semblaient se multiplier comme des têtards. Elle avait cependant appelé Rudy par son prénom, chose bénigne pour elle, puisqu’elle n’allait pas lui demander l’identité du Spencer dont il s’agissait en lui disant juste son nom de famille. Cependant, Maximilien avait toutes les chances de se braquer et de considérer Rudy comme un prétendant potentiel de sa petite sœur. Il était tellement paranoïaque quand il s’y mettait ! Quoi ? Alex aussi ? Noooon ! Aussi décida-t-elle de changer de sujet rapidement, avant que la tempête ne se lève. « Pauvre Nasty, elle ne s’est pas reçue trop de projections de je-ne-sais-quelle-potion-bizarre ? Elle va bien ? » ajouta Alexandra, inquiète pour son amie de Poufsouffle tout de même. Elle avait déjà vu des élèves de sa classe entrer en contact avec les mixtures louches demandées par le maître des potions, et le résultat n’était en général pas des plus ragoutants.

Mais la blonde eut à peine le temps de faire ses commentaires sur cette histoire, que déjà Maximilien changeait de sujet, en lui balançant une petite remarque sarcastique oui, Alexandra reconnaît le sarcasme, pas comme un benêt de Poufsouffle dont on ne citera pas le nom sur le Quidditch. Eh zut. Elle qui pensait avoir un petit peu plus de temps pour peaufiner sa défense face à la réaction de Mily, voilà qu’il la prenait de court. Où diable avait-il apprit ça ? Un Serdaigle de son dortoir ? Qui est-ce que c’était ? Qu’elle aille immédiatement le découper en morceau et balancer des parties de son anatomie au calmar géant après avoir maudit toutes ses prochaines vies. De quel droit parlait-il d’elle, et en plus à son frère ? Poudlard était vraiment rempli de commères. La blonde rentra tout de même la tête dans les épaules lorsque son aîné lui reprocha –indirectement, certes, mais le son de sa voix ne laissait aucun doute possible- le fait qu’elle ne lui ait rien dit. Oh pauvre Maximilien, s’il savait toutes les choses qu’elle ne lui disait pas. Mais le moment était mal venu pour lui parler de Baseball ou de quoi que ce soit qui avait un rapport avec tous les mensonges –ou les non-dits plutôt- qu’elle lui servait depuis tout ce temps. Comment allait-elle se sortir de cette situation ? Elle n’osait pas lui mentir là-dessus, même si elle ne pouvait décidément pas lui dire la vérité non plus. Si elle lâchait cette bombe, ils allaient se disputer toute l’après-midi, et ce n’était pas une perspective qui l’enchantait grandement. Elle détestait les conflits. Et Maximilien était bien la dernière personne avec qui elle avait envie d’être en froid. Elle se contenta donc de lever ses grands yeux bleus mouillés vers lui, en prenant une mine innocente pour le faire craquer. « Je… je voulais te faire une surprise, c’est tout. » répondit-elle piteusement en se recroquevillant sur elle-même comme lorsqu’elle boudait parce qu’on lui reprochait injustement d’avoir mangé les dernières glaces.

En soit, c’était la vérité, en partie. Si Alexandra s’était mise au Quidditch, c’était surtout parce que Maximilien adorait ce sport, et qu’elle voulait partager quelque chose d’autre avec lui que leur lien de sang. Elle ne lui avait pas dit parce qu’elle souhaitait le surprendre au dernier moment (« Ta-dah ! Surprise j’ai un cocard et une jambe cassée, mais tout va bien, le Quidditch c’est trooop cool ! »), et aussi parce qu’elle s’était fait la réflexion que si elle était acceptée dans l’équipe, il ne trouverait rien à y redire là-dessus, et ne tenterait pas de l’empêcher de jouer. Alors que si elle lui avait annoncé dès le départ qu’elle comptait s’y mettre, les choses se seraient sûrement passées différemment… « Parce que, tu aimes tellement ce sport que je voulais jouer avec toi. Quand on était petits, Rémy et toi m’interdisiez toujours de venir jouer au football avec vous parce que vous aviez peur que je tombe et me blesse. Tu ne peux pas savoir à quel point j’avais envie de vous rejoindre et qu’on m’envoie la balle. » ajouta-t-elle en fixant ses chaussures, pour ne pas avoir à affronter le regard inquisiteur –et certainement désapprobateur- de Maximilien.

Mais dans tous les cas, maintenant qu’elle lui avait tout avoué, elle se sentait bien. Elle espérait juste qu’il comprenne et soit moins en colère. Elle n’était pas d’humeur pour une dispute, surtout alors qu’elle était tellement joyeuse à l’idée de lui confectionner son cadeau de Noël. Malgré tout, Mily finit par s’assoir sur le sol, chose qui prouvait qu’il n’était pas assez furieux pour aller bouder dans son coin. Alexandra l’observa un moment sortir son chaudron et du matériel qu’elle avait du mal à identifier à cette distance, en se demandant que diable son frère était en train de trafiquer une potion mortelle pour empoisonner Tyler, avoue. Alors qu’elle songeait à lui poser la question, Maximilien la devança de nouveau en l’interrogeant sur ce qu’elle était en train de coudre. Oh ! Il avait deviné ! Esquissant un sourire malgré elle, contente qu’il arrive à l’identifier du premier coup –elle-même avait parfois du mal à savoir ce qu’elle était en train de faire-, elle acquiesça avec enthousiasme. « Oui ce sont des gants de Quidditch ! Oh et ils ne sont pas pour moi… mais pour un garçon. » répondit-elle en reprenant sa couture.

Elle ne voulait pas avouer à Maximilien que c’était précisément son cadeau de Noël bonjour la surprise, quoi, et avait donc opté pour la réponse la plus simple. Elle avait les pensées tellement préoccupées qu’elle n’avait même pas songé au fait que le Serdaigle risquait de le prendre très très mal. Car, en dehors de Jérémy –qui ne savait même pas ce qu’était le Quidditch, et aurait sûrement pensé qu’il s’agissait d’une plat alsacien-, à qui Alex pourrait-elle offrir quelque chose ? Du fait main en plus ? Le futur chanceux serait mort. Carrément mort.

« Et toi, qu'est ce que tu prépares ? » lui demanda-t-elle en jetant un nouveau bref coup d’œil au contenu du chaudron.

Tandis qu’elle était en train de planter l’aiguille dans un morceau de tissu, Maximilien lui annonça tout à coup qu’il irait au bal de Noël cette année, et qu’elle devrait donc retourner à Manchester toute seule. La nouvelle eut un effet magistral. Alexandra se redressa vivement, et dévisagea son grand-frère comme si on l’avait remplacé par une autre personne par une quelconque sorcellerie. Les mots se remirent dans le bon ordre dans sa tête, mais elle ne voulait pas le croire. Son frère ? Au bal ? Son expression fuyarde fit office d’aveu, et la blonde lâcha son matériel qui tomba sur le sol dans un bruit de chiffon. « Tu… heu… quoi ? » demanda-t-elle, plus pour avoir une explication que parce qu’elle n’était pas sûre d’avoir bien entendu.
Aélys allait au bal avec Arthur. De ce fait, avec qui Mily allait-il s’y rendre ? Il n’avait jamais manifesté un grand intérêt pour les filles jusqu’à présent. Se vengeait-il du fait qu’elle lui ait caché des choses ? Dans tous les cas, c’était réussi, parce que la petite blonde n’en revenait juste pas. Elle espérait encore qu’il se mette à sourire en lui annonçant un joli « Mais non je rigole, t’y as cru, hein ? », avant d’éclater de rire. Mais visiblement, si c’était une blague, il prenait un malin plaisir à la faire durer le plus longtemps possible. Ce qui n’était pas le cas de Maximilien et ne pouvait signifier qu’une seule chose : c’était bel et bien la vérité. Alexandra le fixa sans rien ajouter, en essayant de tout lui faire avouer par la seule force de son regard. Qui sait, peut-être que s’il la rassurait en lui disant qu’il y allait avec une amie, comme Linwood ou Nasira, ça pourrait passer. Même s’il lui semblait que la préfète avait déjà un cavalier. Dans tous les cas, il comptait l’abandonner. Et rien que cette perspective était impardonnable. Jérémy en serait fou de rage s’il l’apprenait ! Laisser Alexandra rentrer toute seule à Manchester ? Voilà qui allait sûrement déclencher une nouvelle bagarre entre les deux cro-magnons de la fratrie Bowman.

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Rudy ? Rudy ? Depuis quand sa petite sœur et cette grande brute de Spencer s'appelaient par leurs petits noms ? Enfin il n'avait pas été vérifié du côté de Spencer, mais ça ne saurait tarder désormais ! Ils n'étaient même pas dans la même classe, ou la même maison. Maximilien commençait vaguement à avoir l'impression qu'Alexandra menait toute une vie secrète dont il n'était pas au courant. Si tu savais. Elle participait à des sports dangereux, sympathisait avec des individus plus proches du tyrannosaure que de l'être humain... Sa sœur avait-elle vraiment autant échappé à sa vigilance ? Quels autres secrets sordides pouvait-elle encore lui cacher ? Si Jérémy apprenait qu'il avait laissé leur petite sœur vagabonder à son bon vouloir dans les couloirs de l'école, entourée d'individus douteux et risquant de se faire assommer à coups de batte à tout instant, il allait le trucider. (Passons sur le fait que Jér' n'avait en revanche aucun problème avec l'idée que Max' se fasse assommer à coups de batte. Chacun ses priorités.) Il toussota. « Hum, ouais, Rudy. » répondit-il donc avec réserve, observant le visage de sa cadette avec circonspection. Il était loin d'être un spécialiste de la famille Spencer, aussi lui avait-il paru logique qu'il évoquait l'individu se trouvant dans son année. Encore heureux que contrairement à ce babouin de Tyler, Rudy ne lorgnait pas sur McCornick - à sa connaissance -, sinon il se serait attiré d'autant plus d'antipathie provenant de Max'. Quoique, il semblait qu'il puisse lorgner sur Alex', à la place ? Psychose.

Alexandra sembla sentir que le vent ne soufflait pas en sa faveur, car elle changea vite de sujet, préférant se concentrer sur le reste du récit de Max'. Ménageant en effet l'annonce de sa découverte récente, le blond avait préféré commencer par répondre innocemment à la question de sa sœur, évoquant ses aventures - somme toute banales - du jour. Spencer refuse de participer à un cours pratique, Nasira effraie quelqu'un, une journée ordinaire dans la vie des 4e années de Poufsouffle. Cela dit, si son amie avait effectivement été blessée lors de l'explosion-du-chaudron de Tyler, probablement, que quelqu'un élimine ce type s'il vous plait, Max' n'aurait clairement pas plaisanté sur le sujet comme il venait de le faire. « Non, ça va, Rudy s'est jeté sur elle pour la protéger, il s'est sûrement dit que ça lui ferait gagner des points. Dommage qu'elle l'ait pris comme une attaque surprise et ait en conséquence démoli ses bijoux de famille. elle s'est abritée à temps. Ce type est une vraie calamité, les gens sont sur le qui-vive dès qu'ils se retrouvent assis à proximité de lui. Mais le regard qu'elle lui a lancé... Je ne voudrais vraiment pas être à sa place. » commenta-t-il en haussant les épaules avec nonchalance. Eh, après tout, il n'était pas à sa place, il était donc tranquille. Nasira était absolument charmante tant qu'on ne l'irritait pas, et Max' s'était toujours débrouillé pour éviter de se mettre dans une telle situation.

Cependant, la rubrique 'faits divers' de leur conversation prit fin aussi rapidement qu'elle avait commencé, Maximilien en venant finalement au vif du sujet. Le Quidditch. Jamais il n'aurait cru que parler de son sport préféré puisse l'agacer à ce point. Bravo Alex', tu as détruit sa joie de vivre ! Il ne savait pas ce qui le rendait le plus furieux: le fait qu'elle joue au Quidditch, ou le fait qu'elle ait jugé que ne pas lui en parler était une bonne idée. Comment ça s'était passé ? Elle avait enfourché un balai, heurté deux ou trois gradins décidé qu'elle voulait participer aux matchs et quand l'occasion de lui en parler s'était présentée elle s'était dit "Dire à Maximilien que je vais jouer au Quidditch ? Pas la peine, ça ne l'intéressera sûrement pas. Mieux vaut qu'il le découvre au premier match de l'année, comme ça il pourra s'encastrer dans un gradin sous l'effet de la surprise. C'est plus vendeur." ? C'était surréaliste ! Il avait toujours eu une confiance absolue en Alex', mais il s'apercevait que visiblement, ça n'était pas réciproque. Ce qui répondait également à son interrogation initiale: il lui en voulait de ne pas lui avoir dit. « Une... surprise ? » répéta-t-il lentement, canalisant toute son énergie pour ne pas craquer devant le regard que lui lançait sa sœur. C'était tellement injuste ! Elle n'avait pas le droit d'user de ce pouvoir là dans une situation pareille.

Même s'il conserva son air buté, bien décidé à ne pas se laisser attendrir aussi facilement, Alexandra réussit à lui arracher son silence, le temps de fournir quelques explications. Nul doute que s'il avait continué sur sa lancée, Alex' n'aurait pas eu le temps d'en caser une. "Complètement irresponsable ! Dentition parfaite ! Tu crois vraiment que c'est le moment d'avoir un appareil ? Pas les moyens ! Trop dangereux ! etc, etc". Quand il s'y mettait, il tombait rarement à court de mots. Néanmoins, ses résolutions furent mises à mal quand la blondinette lui apprit qu'elle voulait jouer au Quidditch pour être avec lui. Oh. « C'est trop dangereux, Alex' ! » déclara-t-il finalement avec agitation. Certes, ses intentions étaient louables, et bien sûr qu'il voulait passer du temps avec sa sœur, mais au prix de sa santé ? Certainement pas ! « Tu sais combien de joueurs sont blessés chaque année ? Les contacts sont censés être interdits, mais dans la pratique c'est complétement différent ! T'as vu la carrure d'un gars comme Rudy Spencer ? Si ce type te rentre dedans, tu finis en compote ! » reprit-il, en quête d'un moyen de faire changer sa sœur d'avis. Seulement, il y avait un truc à savoir sur les Bowman. Quelles que soient leurs différents (et différences), une caractéristique principale les unissait: ils étaient têtus. Impossible de les faire changer d'avis lorsqu'ils avaient une idée en tête. En soit, il restait une bonne chance pour qu'Alex' ne soit pas prise dans l'équipe, après tout elle n'était qu'une débutante. Il ne savait pas comment elle se débrouillait. « Tu veux jouer à quel poste ? » soupira-t-il après quelques instants de lutte intérieure, espérant un peu qu'elle avait choisi de devenir batteuse, ne serait-ce que parce qu'au moins elle aurait de quoi se défendre. « Et... Comment / quand est-ce que tu t'es entraînée ? » Maintenant qu'ils y étaient, autant qu'il pose ses questions. Mieux il serait informé, mieux il pourrait aviser ensuite. Après tout, rien ne l'empêchait de voler sur un balai, ou de faire quelques passes avec des amis, Max' aimait l'idée de pouvoir partager sa passion avec sa sœur. Mais elle n'avait pas besoin de participer aux matchs pour autant. Il y avait sûrement quelque chose à faire.

Préférant essayer de se calmer un peu - ses discours étaient bien plus articulés quand il avait eu le temps de réfléchir rationnellement à la question, beugler de manière désordonnée sur Alex' n'arrangerait rien -, Maximilien déballa les affaires qu'il avait prises avec lui. A quoi bon chercher une salle, à présent. Le couloir était désert, et si quelqu'un voulait passer, il n'aurait qu'à enjamber son chaudron à ses risques et périls. Il sentait qu'Alex' l'observait mais ne commenta pas, mieux valait qu'il se concentre sur son ouvrage pour l'instant. Les potions étaient une affaire de sérénité. Et c'était souvent lorsqu'il travaillait cette matière qu'il réfléchissait le mieux. En l'occurrence, la découpe des ingrédients dont la forme lui rappelait étrangement la tête de Tyler lui permit d'avoir une illumination concernant l'objet que sa sœur était occupée à coudre. Debout à nouveau, il contemplait ce qui ressemblait vaguement à... des gants de Quidditch. D'après leur taille actuelle, il était en mesure d'affirmer qu'elle ne comptait pas se les offrir à elle-même appelez moi Sherlock. L'idée qu'elle veuille les lui donner lui traversa brièvement l'esprit mais d'un, bravo pour l'effet de surprise, et deux, quand il lui posa la question, elle répondit qu'elle les destinait à un... garçon ? Répète un peu pour voir ? Depuis quand Alexandra offrait-elle des cadeaux à des 'garçons' ? N'avait-il pas déjà éliminé toute leur race ? « Et c'est ce qui ce garçon ? Rudy ? » proposa-t-il d'un air mi-sceptique mi-horrifié. Elle ne pouvait pas être sérieuse. Était-ce pour ça qu'elle avait évoqué le Poufsouffle un peu plus tôt ? C'était sa façon à elle d'être subtile ? Il préfère encore quand elle ne lui disait rien, finalement.

Décidément, il voguait de surprise en surprise. Pas sûr qu'il survivrait à la prochaine. Se rasseyant, il se remit à sa potion en tâchant de retrouver sa concentration initiale. C'était pas gagné. « Une potion de sommeil pour maman, pour ses insomnies. Ça ne sera pas aussi efficace que la Goutte du Mort-Vivant, mais j'ai ni le niveau, ni les ingrédients pour ça. Je pense que ça pourrait être plus rentable que ce qu'on lui donne à la pharmacie. » répondit-il sans détourner les yeux de son chaudron, s'assurant qu'il n'avait rien oublié. Il n'avait pas franchement envie d'empoisonner leur mère au lieu d'essayer de faciliter ses nuits. En soi, ce n'était pas le cadeau le plus adorable qui soit, mais ça pourrait s'avérer utile s'il arrivait à ses fins. La différence avec les produits vendus en pharmacie, c'était qu'il pouvait choisir lui-même les ingrédients et les adapter à ce qu'il savait des intolérances de leur mère. Comme quoi il lui arrivait d'être attentif de temps en temps.

Travaillant en silence pendant quelques instants, Maximilien songea que s'il voulait se différencier de sa sœur - qui s'amusait visiblement à lui cacher des faits majeurs -, il se devait de lui faire savoir dès maintenant qu'il rentrerait chez eux un peu plus tard qu'elle. Bien que n'ayant aucune idée de la réaction qu'elle aurait à cette nouvelle, il devait savoir au fond lui qu'elle ne serait pas enchantée, parce que durant tout le temps où il s'exprima, il évita consciencieusement de la regarder, préférant admirer son couteau. Néanmoins, les divers bruits émis par Alex' - chute d'objets et redressement soudain - lui firent lever la tête et ses yeux croisèrent le regard visiblement secoué de sa sœur. Help. Il se gratta machinalement le nez. « Je vais au bal. » répéta-t-il en ayant vaguement l'impression d'avoir tout juste balancé sa sœur du haut d'une falaise. Du moins, c'était la sensation que ses entrailles semblaient vouloir lui transmettre. « Avec Ava McCornick, elle est préfète de Poufsouffle, mais de mon année, contrairement à Linwood. Tu l'as sûrement déjà croisée... Mais au final ça ne change presque rien, je serai juste absent le premier soir. Je suis sûr que j'aurais pas du tout l'air à ma place là-bas en plus, tous ces gens qui dansent et qui euh... raffolent de la dentelle. » reprit-il à un débit plus élevé et dans une triste tentative de plaisanterie, comme souvent lorsqu'il était stressé. Le regard avec lequel elle continuait de le fixer lui donnait envie de se ratatiner sur place et de mourir. Il allait au bal, avec quelqu'un qu'il aimait bien qui plus est. Alors pourquoi avait-il l'impression d'avoir commis un acte si terrible ? Ce ne serait peut-être pas si dramatique si Alex' restait à Poudlard elle aussi, comme ça ils auraient pu rentrer en même temps malgré tout...

Alexandra se rendit rapidement compte de l’erreur qu’elle avait faite en prononçant le prénom de Rudy Spencer, lorsqu’elle vit littéralement les rouages du cerveau de Mily tourner à toute vitesse. Elle sentait également son regard inquisiteur fixé sur sa nuque, mais fit semblant de s’intéresser à sa couture et de ne pas remarquer qu’il tentait de lui poser milles questions juste par la force de son esprit. ( « Où tu l’as rencontré ce gros bêta ? Quelles sont vos relations ? Et la fréquence de vos rendez-vous ? Est-ce qu’il a une allergie mortelle à l’arachide, comme toi ? Car si c’est le cas, je lui offrirai bien un paquet de M&Ms, tu sais ? » ) De toute façon, il était passé sur son mode automatique de ‘grand-frère surprotecteur avec un énorme complexe envers sa petite sœur’, et était donc devenu impossible à raisonner. Elle aurait pu lui dire tout ce qu’elle voulait, la seule chose qu’il en retiendrait serait « Rudy ? Rudy ? Tu l’appelles par son prénom ? ». D’autant plus que comble de malchance, ce Spencer-là avait précisément un prénom qui finissait par la lettre « y ». Or, il était de notoriété publique qu’Alexandra donnait des petits surnoms avec cette terminaison à toutes les personnes qu’elle appréciait et qu’elle considérait comme étant proches d’elle. Maximilien n’y verrait là qu’un terrible affront envers lui de la part de son collègue de Poufsouffle, même si ce pauvre garçon n’avait rien fait de particulier qui puisse mériter les foudres du poursuiveur des Serdaigles –à part le fait d’avoir un prénom de merde, merci papa-. Au contraire, il tentait même d’éviter Alexandra –et ses pouvoirs mystiques d’alien- comme la peste, mais pas de chance pour lui Spencer est vraiment vernis, comme mec, il était tombé sur elle ce jour-ci qui serait probablement également son dernier, une fois que Maximilien lui aurait mis la main dessus. « Ah d’accord. » finit-elle par répondre pour essayer de faire dévier les pensées assassines de son frère vers de meilleurs horizons. « Ils pullulent tellement sont tellement nombreux que je me suis demandée s’il n’y avait pas la possibilité qu’il existe un jumeau Spencer ou je ne savais quoi dans ton année. Je ne connais même pas la composition exacte de la famille, et pourtant, j’en ai un dans ma classe ! » ajouta-t-elle comme pour le rassurer sur le fait que non, elle n’était pas intime avec Rudy, avec pour preuve à l’appui qu’elle ne connaissait même pas le reste de sa fratrie.

Toujours est-il que la petite blonde avait fait une tentative –plutôt vaine, quand on connaissait l’entêtement de Maximilien, mais au moins, elle gagnait un peu de temps- pour changer de sujet, et que celle-ci avait plutôt bien marché. Un nouveau sourire éclaira son visage lorsqu’elle apprit que Nasira n’avait rien eu, et qu’elle avait pu se protéger dans les temps pour ne pas finir défigurée à vie –enfin défigurée jusqu’à son arrivée chez Madame Pomfresh, mais pour la beauté exotique, ça lui aurait certainement bousillé toute son existence-. Les réflexes de la demoiselle étaient vraiment impressionnants ! Normal, elle fait du Krav Maga Alex’ eut cependant une moue dépréciative lorsque son frère parla de l’espèce de babouin qui, systématiquement, semblait tout faire exploser. Elle hocha la tête avec désespoir. « On devrait interdire de mettre des baguettes ou de ingrédients capables de produire la puissance d’une bombe dans les mains de quelqu’un qui a visiblement un talent pour la destruction massive. » commenta-t-elle en continuant sa couture. Non mais c’était vrai quoi ! Comme si les moldus donnaient à un collégien dérangé un fusil d’assaut en lui disant qu’il pouvait aller s’entraîner avec à en faire sortir des papillons roses. Ce camarade de Maximilien avait bien mérité le regard noir de Nasira –qu’Alexandra connaissait pour l’avoir vu quand son amie parlait de Rudy Spencer, une fois encore lui, il est partout ma parole-. « Il devrait faire attention à lui. » ajouta Alexandra avec un petit rire. « J’ai entendu Nasty dire une fois que des gens de l’école semblaient croire qu’elle faisait du Krav Maga, et elle ne me l’a pas démenti. » Même si, avec son petit clin d’œil mystérieux, Alexandra n’avait pas pu deviner si elle la taquinait ou non. « S’il tombe sur elle seul à seul dans un couloir sombre, je ne garantis pas son état une fois qu’elle en aura fini avec lui. » Car oui, même si Nasira était sa grande idole et digne d’être un mannequin à ses yeux, il fallait reconnaître qu’il n’était vraiment pas recommandé de s’en faire une ennemie.

Le vent de légèreté se transforma cependant rapidement en une tempête, et le sujet du Quidditch revint sur le plat. Maximilien semblait véritablement furieux, mais même si c’était le cas, il prenait sur lui pour rester le plus calme possible, et ne pas exploser maintenant. Alexandra connaissait ce signe avant-coureur que l’argumentaire qui allait s’en suivre serait sanglant. Elle n’avait jamais eu de grosse dispute avec son aîné, même s’il ne lésinait pas sur les reproches de temps à autres –ceci dit, elle l’avait en général bien mérité, et oubliait tout dès qu’il venait la voir pour la prendre dans ses bras et pour la rassurer sur le fait qu’ils n’étaient pas en froid-. Mais Maximilien avait souvent ce genre d’attitude envers ses parents et Rémy, et ça ne sentait pas bon du tout. Alex’ eut dans un petit éclair, la vision furtive de la conversation qu’ils avaient eue cet été à Manchester, lorsqu’ils parlaient justement du fait qu’ils finiraient peut-être un jour par se taper dessus comme des Cro-Magnons. Avait-elle accéléré la chose en la mentionnant cette après-midi-là ? Etait-ce comme dans les films d’épouvante, ou prononcer le nom d’une créature trois fois d’affilée faisait sortir les pires horreurs d’un miroir ? et dans le cas présent, c’était un Maximilien sauvage et enragé
La petite blonde soutint néanmoins le regard de son frère, en conservant sa moue piteuse Craque Mily, craque !, tandis qu’il détachait les syllabes en répétant le mot de « surprise ». Ok. Ça sentait clairement le roussi pour elle.

Elle avait tenté de l’attendrir un peu en lui avouant tout, mais Maximilien ne semblait pas réellement sensible à tout ça. Ou au moins, il ne le montrait pas et gardait la tête qu’il tirait lorsqu’il était en plein débat et qu’il restait campé sur ses positions. Sourcils légèrement froncés, sans aucun sourire, et l’une des ailes de son nez un peu frétillante. Le convaincre allait être une tâche réellement difficile. Mais elle était aussi têtue que lui, si ce n’était plus. Au final, il ne pourrait pas lui interdire de jouer le prochain match, si jamais l’équipe avait une place pour elle. Ou alors il devrait aller s’expliquer avec son Capitaine, mais Alexandra doutait fort qu’il ne le fasse ben tiens, il allait se gêner, voyons. Alors qu’elle attendait patiemment la moindre réaction, la sentence tomba comme un couperet. Sport trop dangereux. Voilà, elle en était sûre. Maximilien avait dit exactement la phrase qui prouvait qu’elle avait eu raison de tout lui cacher depuis le début de l’année. Il n’avait même pas besoin de continuer son argumentaire ; elle savait d’ors et déjà qu’il ne comptait pas la laisser jouer au Quidditch. Elle ouvrit la bouche pour en placer une, mais Mily était lancé et lui déballa tout un tas de choses sur le nombre de blessés, Rudy Spencer qui risquait de la réduire en compote, et tutti quanti. « Je sais, je sais. » répondit-elle en prenant sur elle pour ne pas que sa voix défaille. Elle avait en effet eu peur au début de l’année de tomber de son balai –mais bon les Cognards à la rigueur, elle s’en fichait un peu, elle ne s’en était pas encore pris un en plein dans la figure-, mais c’était un problème qui ne se posait plus à présent. « Spencer a beau être un babouin décérébré, il vole plutôt bien, et je pense qu’il aura au moins la présence d’esprit de ne pas me foncer en plein dedans. » ajouta-t-elle, plus pour son propre argumentaire que pour défendre les capacités de Rudy à piloter un balai.  Et puis même, le Poufsouffle était peut-être énorme, mais sa carrure le ralentissait clairement. Alexandra volait à une tout autre vitesse, en comparaison. faut pas croire, elle était pas aussi nulle que ça

Maximilien sembla tout de même se calmer un petit peu –dans le genre très légèrement, au moins pour essayer de s’intéresser à tous les efforts qu’elle avait fait pour intégrer l’équipe-, et lui posa quelques questions. Alexandra su tout de suite qu’il ne faisait ça que pour se rassurer –certains postes étaient visiblement moins dangereux que d’autre, même si la Serdaigle considérait que du moment qu’on se trouvait à voler sur un bout de bois à plusieurs mètres du sol, c’était déjà mal barré-, et non pas pour lui dire qu’après coup, elle pouvait jouer si elle ne voulait. C’était Maximilien après tout, il ne fallait pas rêver. « J’aimerais bien être poursuiveuse, comme toi. » répondit-elle, sans parvenir à retenir les étoiles dans ses yeux. Elle avait en effet rapidement calqué son choix sur celui de son frère, même si la perspective de le défendre en étant batteuse n’était pas négligeable non plus. Mais elle avait bien plus une carrure de poursuiveuse ou d’attrapeur que de batteuse. Et puis, Maximilien se douterait de quelque chose si jamais il la voyait manier une batte –surtout qu’elle pétait réellement un plomb lorsqu’elle faisait du sport et qu’elle ne gagnait pas bonjour, je suis également schizophrène mais à part ça, je suis adorable. Vu la façon dont il avait bien prit le fait qu’elle veuille faire du Quidditch, il ne supporterait pas sa pratique du baseball. Et puis là, elle n’aurait pas l’excuse du « Je voulais jouer avec toi *yeux de chat Potté* » si jamais il l’apprenait. Il l’enterrerait vivante, ouais.

Mais bien peu satisfait de poser une question, Maximilien porta son dévolu sur le pourquoi du comment. Hm. Là, elle serait carrément dans la panade, puisqu’elle était loin d’avoir appris à voler sur un balai seule –et elle savait que Maximilien était au courant de son absence lors des cours de vol de la première année, puisqu’il s’en était grandement réjouis et ne cessait de lui demander comment allait son poignet toutes les deux minutes-. Elle avait cependant prit le parti de ne pas lui mentir –plus ou moins-, et préféra donc dire la vérité, puisque de toute façon, il l’apprendrait tôt ou tard.
« C’est Arty qui m’a appris à voler sur un balai au début de l’année. Et puis une fois que j’y arrivais bien, je me suis entraînée toute seule les week ends très tôt le matin, quand il n’y avait personne sur le terrain. » répondit-elle sur un ton léger, pour éviter d’accentuer le côté vraiment dramatique du truc. Arthur lui avait donné des cours, et sur la demande d’Alexandra, il n’en avait rien dit à Maximilien. Mais le jumeau Bey en avait certainement parlé à Aélys, et là, ça causait un réel problème. Après tout, elle était la meilleure amie de Mily, et elle lui avait caché une information aussi cruciale –ceci dit, ce n’était pas comme s’il ne lui cachait rien non plus, mais bon, ça paraissait toujours plus grave quand l’autre vous faisait le coup-. Alexandra espérait que cette simple phrase n’allait pas provoquer de gros dégâts entre Arthur, Aélys et Maximilien. Parce qu’au final, tout était de sa faute, même si elle n’avait jamais dit au Serpentard qu’il pouvait en parler à sa sœur, et qu’elle n’avait jamais discuté avec Aélys pour lui faire promettre de garder le secret. Ceci dit, au vu des évènements, la solidarité féminine avait pris le dessus, et elle en était reconnaissance envers la blonde.

Concernant le destinataire du cadeau, Alexandra leva les yeux au ciel lorsque Maximilien lui demanda son identité –il était tellement prévisible !- mais éclata de rire quand il émit l’hypothèse qu’il puisse s’agir de Rudy. Sacrés dieux ! Même dans ses rêves les plus bizarres, Alexandra n’aurait jamais imaginé qu’il puisse y avoir quoi que ce soit entre Spencer et elle. Que ce soit de l’amitié, de l’affection, ou un semblant de romance, tout cela semblait tellement incohérent qu’elle ne pouvait s’arrêter de rigoler. Les capacités de déduction de Maximilien étaient vraiment à leur niveau le plus bas, là ! Avec Rudy Spencer ! Il fallait qu’elle le consigne dans son journal intime ça, c’était tellement drôle. « Pour Spencer ?! » répéta-t-elle dans un éclat de rire, toujours abasourdie qu’il ait pu sortir un truc pareil. « J’espère que tu rigoles, je n’offrirai jamais quelque chose à ce type ! Et en plus, je crois qu’il a peur de moi. A chaque fois qu’on se croise, il regarde ailleurs en transpirant à grosses gouttes, et en récitant une drôle de prière silencieuse –mais j’arrive à lire sur les lèvres assez bien, à force de te regarder lancer des insultes muettes à Rémy-. Je me demande bien ce que j’ai pu lui faire. » Elle s’arrêta de rire un moment, et ne prit même pas la peine de répondre à la première question de son frère. Chose qui signifiait assez clairement dans son jargon qu’elle ne souhaitait pas apporter de précisions supplémentaires, et qu’il n’avait pas intérêt à insister.

Sans attendre que Maximilien n’explose suite à cette énième bombe qu’elle avait lâchée Alexandra avait-elle un trop plein de gaz aujourd’hui ? #PAF#, elle approuva rapidement l’idée de son frère de confectionner un somnifère pour leur mère. « Oh, c’est une très bonne initiative ! » lui confia-t-elle, plus pour le mettre de meilleure humeur qu’autre chose, même si effectivement, elle trouvait que ça ferait un chouette cadeau, à la fois pratique et fait-main. des choses qu’Alexandra ne maîtrisait vraiment pas. Concernant son cadeau à sa mère à elle, eh bien… elle avait opté pour du tricot, et s’était aidée de livres. Mais au final, la chose ressemblait si peu à ce qu’elle avait voulu faire, qu’elle avait elle-même des réserves sur son identité. Bah. Sa mère trouverait bien quoi faire avec l’espèce de pull-poncho-écharpe-bonnet –oui, tout ça à la fois- qu’elle lui avait tricoté. A moins qu’elle ne le destine à en faire un tapis de salle de bain. « J’ai déjà fait le cadeau de maman, et aussi celui de papa. » annonça joyeusement Alexandra, tout en évitant soigneusement d’aborder ceux de Jérémy et de Maximilien. Son frère aurait probablement fait une crise de jalousie si elle lui avait dit que le cadeau de Rémy était déjà achevé, et que le sien ressemblait encore à… pas grand-chose.

Son sourire disparu bien rapidement lorsque Maximilien lui répéta qu’il irait au bal. Comme il devait se douter qu’elle avait très bien entendu, le jeune homme trouva bon d’ajouter quelques détails, qui ne réussirent qu’à faire sombrer Alexandra un peu plus dans les abîmes. Ava McCornick. Qui était cette fille ? La préfète de Poufsouffle ? Elle ne l’avait jamais rencontrée, et ne s’en était jamais inquiétée, mais visiblement, elle aurait dut la surveiller d’un peu plus près. Autant Alexandra savait que Jade tournait autour de son aîné, autant cette nouvelle… péronnelle lui était complètement inconnue. Il y avait une sérieuse faille dans son système d’espionnage de Mily. Lui lançant un regard de chameau courroucé prêt à lui cracher à la figure, Alexandra écouta Maximilien essayer de se justifier en lui disant qu’il ne serait absent que le premier soir, et que ça ne changerait rien. Il ne pouvait pas parler sérieusement ! Toutes ces années, ils étaient toujours rentrés et partis ensemble à Poudlard. Et cette fois-ci, il voulait la lâcher pour une… une… *biiiiiiippppp, vocabulaire censuré pour ne pas choquer la sensibilité des plus jeunes* Il avait complètement perdu la boule ?

Sans tenter de masquer sa stupeur contrariée, Alexandra ne fut même pas sensible à la tentative de Maximilien d’arranger les choses en faisant une petite blague. Ah et bien ça, c’était certain qu’il n’aurait pas l’air à sa place ! Maximilien Bowman ne pouvait pas aller à un bal. Et surtout avec une fille. C’était contre les codes moraux de la famille ! « Tu aurais peut-être mieux ta place dans le Poudlard Express, assis à côté de moi ? » suggéra Alexandra avec mauvaise humeur, en enfonçant bien profondément son aiguille dans le tissu, comme si elle essayait de crever un œil à McCornick avec. Elle avait conscience qu’elle était injuste avec lui oui, mais non, et qu’il avait bien le droit de fréquenter d’autres gens que elle et ses amis kof kof kof, pardon, répétez ça un peu ?. Et surtout, qu’elle ne méritait peut-être même pas qu’il fasse un effort pour rentrer en même temps qu’elle, alors qu’elle lui avait caché sa pratique du Quidditch –entre autre-. Mais elle n’y pouvait rien, elle le prenait juste vraiment très mal. « Est-ce que ça a un rapport avec notre discussion cet été, sur le fait que tu aimerais bien ne pas voir Rémy trop longtemps ? » ajouta finalement Alexandra en soupirant, consciente qu’elle lui jetait là une bouée de sauvetage, et qu’elle accepterait probablement qu’il puisse l’abandonner si c’était pour cette raison. Après tout, elle n’était pas une si mauvaise sœur que ça. Mais si c’était uniquement pour aller s’amuser avec cette McCornick –* Crève succube, crèèèèveee * pensa Alexandra en tranchant le fil d’un coup sec de ciseaux-, elle lui ferait la tête pendant vraiment longtemps. La Serdaigle pouvait avoir la rancune tenace, lorsqu’elle s’y mettait !

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L'idée que sa sœur ait fait ami-ami voire plus si affinité avec nul autre que Rudy Spencer perturbait grandement Maximilien. De fait, Spencer n'était pas exactement un enfant de chœur. Être bête et réputé violent, ou comment entrer directement dans le top 5 des individus préférés de Max'. Il ne pouvait même pas savoir à quel point elle appréciait l'énergumène, étant donné que son prénom avait le malheur de terminer par un 'y'. "Rien que pour ça, je n'ai d'autre choix que de te jeter du haut de la tour d'astronomie, Spencer. Sans rancune !" Il ne voulait pas entrer dans le cercle infernal de la psychose sans raisons valables, mais après les choses qu'il avait appris dernièrement concernant Alexandra, il avait tendance à ne plus lui accorder qu'un crédit très limité. Préférant éviter de la bombarder de questions, et de risquer de la brusquer, Max' se contenta de répondre positivement à sa question, encore que son ton ne laisse aucune place au doute: Rudy Spencer n'était pas le bienvenue dans l'arbre familial. Les précisions apportées par Alex' suffirent à le rassurer quelque peu, même s'il resta méfiant. Un autre Spencer dans sa classe ? Restait à espérer qu'il était moins prompt à la catastrophe que son aîné. « Non, encore heureux, il n'existe qu'en un seul exemplaire. J'ose même pas imaginer le genre de désastres qu'ils pourraient provoquer à deux. » commenta-t-il en grimaçant, vaguement mal à l'aise à cette idée. Après tout, deux grandes brutes au lieu d'une ? Il ne faisait déjà pas le poids face à la bande de Grayson dans l'état actuel des choses, s'il ajoutait un nouveau bulldozer à sa collection, cet imbécile deviendrait pratiquement invincible. Laissant le sujet 'Rudy et autres congénères' de côté - visiblement, Alex' n'était pas amie avec lui, ou son frère *kof kof* -, Max' enchaîna sur le reste de sa journée.

Nasira Orwell n'était pas une personne qu'on voulait compter parmi ses ennemis. En trois ans de scolarité, Maximilien n'avait jamais eu le moindre problème avec elle. Il était conscient que sa sœur l'admirait, puisqu'il avait déjà eu l'occasion d'observer son comportement en présence de la brune. Il trouvait ça plutôt mignon bien qu'alarmant étant donné les tendances 'libertines' de Nasira, ne débauche pas ma petite sœur !, qui plus est Nasira était une fille plutôt cool - ce qui restait surprenant étant donné le comportement de son frère aîné, Mattew, avec qui Max' n'avait aucun atome crochu -, elle gagnait à être connue. Tout cela étant dit, il ressentait malgré tout une faible once de pitié envers le clown qui avait manqué de l'ébouillanter. Il avait probablement vu sa vie défiler devant ses yeux tandis que Nasira se relevait, lentement mais sûrement, arborant le regard qui semblait crier "Je vais t'arracher les yeux puis te les ré-enfoncer dans le crâne par les trous de nez". Nasira, la terreur des sept mers. Il n'y avait aucun souci à se faire pour Nasira, elle savait clairement se défendre. Contrairement à Alex', qui sympathise avec des alcooliques notoires et les invite à prendre le thé. « Il faut vraiment le vouloir pour être aussi nul. » confirma-t-il non sans une certaine condescendance. « De toute façon, il ne reste plus que cette année et la suivante à tenir, il est littéralement impossible qu'il ait une note suffisante pour continuer après les BUSEs. » reprit-il, impatient d'être débarrassé des incapables. Quand il pensait que certains sorciers étaient fermement convaincus que les nés-moldus n'avaient pas leur place à Poudlard... Il était cent fois plus capable que cet idiot pourtant, non ? Néanmoins, il n'en savait pas encore suffisamment sur la seconde guerre pour être conscient que les sorciers en question prétendaient que les nés-moldus avaient justement 'volé' le pouvoir d'autres sang purs ou mêlés.

Maximilien esquissa un sourire amusé lorsqu'Alexandra lui parla des rumeurs circulant concernant Nasira. Il en avait vaguement eu vent lui aussi, une histoire de méthode d'autodéfense israélienne, qu'elle maîtriserait à la perfection. Certes, Max' trouvait la jeune fille impressionnante, mais il doutait qu'elle soit adepte de cette pratique. « Pas étonnant qu'elle n'ait pas démenti, ça en jette comme réputation. » Son ton laissait malgré tout entendre qu'il n'était pour sa part pas convaincu par la rumeur. S'il assistait un jour à une démonstration, peut-être, mais d'ici là il continuerait à croire qu'on ne faisait que grandir les capacités de combat de Nasira. Tu cours à ta perte, Max'. « Si un avis de recherche est lancé le concernant d'ici demain, on saura ce qui s'est passé ! » ajouta-t-il pour appuyer les propos de sa sœur, ne pouvant que trouver divertissants les malheurs de son camarade. Eh, il n'avait qu'à ne pas s'asseoir à côté d'Orwell, si c'était pour lui faire exploser un chaudron à la tronche. Un peu de jugeote, ça n'était quand même pas si compliqué que ça. Pour sa part, avoir une réputation de gros bras, un peu similaire à celle de Nasira n'aurait pas dérangé Max', qui ne faisait pas franchement partie des élèves les plus craints. Le fait était que s'il se battait régulièrement avec son aîné lorsqu'il était à la maison, il évitait consciencieusement de se mettre dans ce genre de situation une fois de retour à Poudlard. Et ce n'était pas tant pour éviter les ennuis mais plutôt par souci de préservation. Il n'était pas un cogneur dans l'âme. Il préférait se battre par les mots que par les poings, ce qui était malheureusement un concept échappant complètement à Jérémy.

Cependant, même s'il appréciait ces moments passés à plaisanter avec sa sœur, Max' n'oubliait pas le sujet qui lui trottait dans la tête depuis sa brève conversation avec Tyler. Il ne se fit par prier pour en parler à Alex', à grands renforts de sarcasmes et de regards à la fois déçus et furieux. Il sut faire fi de son air censé l'attendrir - il la connaissait depuis le temps, ses techniques pour calmer les conflits n'avaient rien de nouveau. Si ça pouvait être efficace quand un yaourt lui avait atterri sur la tête suite à un mauvais positionnement true story ne nie pas, ça ne marcherait pas cette fois. C'était trop sérieux pour qu'il se calme aussi rapidement. - et exprima clairement ce qu'il pensait de ce choix d'activité: c'était bien trop dangereux. Bon sang, il était bien placé pour le savoir ! Trois ans à suivre tous les matchs de la ligue, à s'informer sur l'histoire du Quidditch, et depuis l'année précédente à participer aux matchs. Il ne disait pas que c'était un sport réservé aux mecs, loin de là, Tamarah Filean, la batteuse de Gryffondor en était la preuve vivante. Mais Alex' était loin d'être aussi belliqueuse que la jeune fille que tu crois. Et puis, elle pratiquait déjà la gymnastique très sérieusement. S'il lui arrivait quelque chose en jouant au Quidditch et qu'elle ne pouvait plus concourir, ce serait impardonnable.

Pour l'heure, Max' tâchait patiemment (plus ou moins, certes) de raisonner sa sœur. Mais le cas échéant, il n'hésiterait pas à aller parler au capitaine de l'équipe. Cela dit, le fait était que si Alex' était suffisamment bonne pour jouer, il ne pourrait probablement pas l'en empêcher. Si elle était jugée capable d'endurer la rudesse des entraînements, et la pression des matchs, comment pourrait-il s'y opposer ? Ce n'était pas comme si Serdaigle bénéficiait de bons joueurs à foison. Mais pour l'instant, ça n'était pas le sujet. Il ne connaissait pas le niveau d'Alex', il ne savait pas à quel point c'était sérieux. Suffisamment pour qu'elle le lui cache en tout cas, ce qui avait tendance à l'inquiéter. « C'est pas aussi facile que ça ! Une fois que le match a démarré, il n'y a plus de 'présence d'esprit' qui tienne. On voit à peine le visage des autres joueurs. Et puis il n'y a pas que lui, des violents, des mauvais joueurs, il y en a dans toutes les équipes. Tu t'es déjà pris un cognard dans la tronche ? Tu penses pouvoir rester sur ton balai avec un nez brisé, et le sang qui t'aveugle ? On ne remplace pas de joueur, au Quidditch. Une fois que t'as décollé, t'es engagé pour l'intégralité du jeu. » reprit-il avec passion, les scénario catastrophes se multipliant dans son esprit: Alex' tombant de son balai, Alex' blessée par un cognard, Alex' à l'infirmerie... Serdaigle perdant la coupe à cause de cette empotée.

Il n'était pas convaincu que sa sœur réalise l'ampleur de ce dans quoi elle souhaitait s'engager, mais le blond fit des efforts pour se raisonner, l'interrogeant sur des sujets moins délicats: le poste qu'elle avait choisi, la façon dont elle s'était entraînée. Il ravala sa salive quand elle lui annonça qu'elle voulait être poursuiveuse, comme lui. L'idée était tentante. Les fratries étaient réputées pour jouer de manière plus complémentaire, plus efficace. Ils pourraient former un duo du tonnerre. « Oh. » commenta-t-il faiblement, se grattant la tête sans trop savoir quoi ajouter. Au pire, ils pourraient lui payer un dentier. Il n'eût cependant pas le temps de s'attarder sur la question, car ce qu'il apprit ensuite le laissa bouche bée. Arty ? C'est-à-dire Arthur Bey, le frère jumeau de sa meilleure amie ? Non, pas celui-là, l'autre Arty. Son ami d'enfance était au courant et ne lui avait rien dit ? Donc, personne ne pensait que c'était le genre d'information qu'on devrait lui transmettre. Sa sœur n'avait même pas assisté aux cours de vol de première année. Elle était une novice totale. Elle n'avait pas de balai, ce qui signifiait qu'elle avait soit emprunté celui d'Arthur - qui était vraiment stylé -, soit ceux de l'école, qui étaient moisis et parfois défaillants. Bah voyons. Il avait gentiment l'impression de s'être effectivement encastré dans un gradin, dans l'immédiat, et pourtant il avait échappé à ce sort grâce à cet idiot de Tyler je te reverserai les royalties, Monoï. « Bien, bien, bien. Je te laisse, je dois aller assassiner quelqu'un. Bisous ! Arthur était au courant ? » demanda-t-il lentement, bien que doté d'une ouïe parfaitement fonctionnelle malgré les beuglements - que McCornick considérait comme le volume d'expression normal - occasionnels auxquels il était soumis. « T'as demandé à Arthur de t'aider, mais tu ne pouvais pas me le dire à moi ? » reprit-il, sincèrement trahi à présent. Certes, il pouvait comprendre, étant donné sa réaction d'il y a à peine quelques minutes qu'elle ait eu des réserves à lui en parler, mais il n'était pas non plus un abruti fini. Quitte à voir sa sœur s'entraîner au Quidditch, il aurait préféré être là pour s'assurer que tout sa passait bien. « C'est dingue ! C'est complètement fou que tu aies aussi peu confiance en moi. Tu sais quoi ? Le problème c'est même pas que tu risques de finir complètement édentée en jouant au Quidditch. C'est juste que t'aies pas eu la décence de m'en parler. C'était quoi ton plan, tu croyais que je m'en serais pas rendu compte en te voyant dans les vestiaires avant le match ? » Il fixait sa sœur, ne trouvant même plus les mots pour continuer. Il lui en voulait tellement qu'Arthur - et potentiellement Aélys, il était de notoriété publique que ces deux-là se disaient tout - avait totalement quitté son esprit. A la limite, il préférait encore que ce soit lui, étant donné qu'il l'avait aidé à se préparer pour les sélections l'année précédente et qu'il le savait bon joueur et - relativement - fiable. Au moins ce n'était pas un sombre abruti inconnu au bataillon. Pour ce qui était de ne pas le lui avoir dit, oui, il était agacé, mais au final, il n'oubliait pas que c'était à Alexandra de lui en faire part, c'était indéniable.

Dans l'optique de laisser une chance à sa sœur, et de ne pas tourner les talons tel un gamin blessé, Max' détourna les yeux d'Alexandra pour se concentrer sur sa potion. Il avait commencé à mélanger les ingrédients de toute façon, et créé un faible feu pour chauffer le tout. Il n'était plus en mesure de se déplacer tant que sa préparation n'était pas terminée, ce qui était fâcheux étant donné que son désir de rester en présence d'Alex' était passé dans les négatifs. Il préférait encore ses disputes avec Jérémy, où ils se cognaient dessus comme des gorilles en manque de sensations fortes, mais durant lesquelles il ne se sentait jamais aussi trahi qu'il l'avait été par Alex' à l'instant. Peut-être était-ce aussi dû au fait qu'il avait aveuglément confiance en elle jusqu'à maintenant. A part quand il menaçait de mort les individus de sexe masculin ayant osé lui adresser la parole. "Si vous lui dites un mot de plus, vous êtes mort, Argus. Capice ?"

Une inspiration soudaine l'amena à identifier le cadeau que sa cadette était occupée à préparer, et il se releva malgré lui pour en avoir le cœur net. Ouaip, gants de Quidditch. Pour qui ? Là était la question. S'ils n'étaient ni pour elle, ni pour Max', alors de nombreuses options étaient envisageables. Max' opta pour la plus évidente - et la plus stupide -, à savoir Rudy Spencer. Le Poufsouffle était batteur de l'équipe de sa maison, et venait d'être évoqué par la blondinette. Au stade où ils en étaient, qu'est-ce qui lui garantissait qu'elle ne confectionnait pas un présent pour cette face de triton ? La réaction de sa sœur vînt toutefois l'en dissuader - sauf si elle mentait à la perfection, et dans ce cas-là il avait alors définitivement perdu sa cadette -, aussi alla-t-il se rasseoir, non sans avoir esquissé un bref sourire amusé à l'idée d'un Rudy Spencer tremblant dans ses chaussettes à la vue d'Alex'. « Peut-être qu'il croit que tu fais partie du même club de combat que Nasira. Taekwondo ? » proposa-t-il, perdant de sa crispation le temps d'un instant. Néanmoins, elle n'avait toujours pas répondu à sa question, et il fronça les sourcils. Qui, alors ? Arthur ? Peut-être que ces 'leçons de Quidditch' cachaient autre chose. Ou bien Aiden, Alex' s'était rendu chez les Saroyan pendant les vacances, après tout. Il adressa un regard perçant à sa sœur, mais réalisa qu'il ne voulait même plus savoir. Après tout, en admettant qu'elle lui donne une réponse, comment savoir si c'était la vérité ?

Il acquiesça d'un hochement de tête en ce qui concernait les cadeaux de leurs parents, le regard toujours rivé sur son chaudron. Il hésita brièvement à lui demander ce qu'elle avait préparé, histoire de comparer à ses propres choix, mais y renonça. Il n'avait pas le temps, ou l'argent de changer à présent. Son argent de poche était en soi limité, et n'ayant pas de don particulier pour la création - hormis ses talents en potion -, il n'était pas en mesure de fabriquer les cadeaux de tout le monde même si ça n'empêche pas Alex' de le faire. Il avait vendu quelques affaires qu'il n'utilisait plus pour financer ce qu'il offrirait, et n'était pas en mesure de faire plus. Ce n'était pas comme s'il restait encore d'autres sorties à Pré-au-Lard avant les vacances, de toute façon.

Maximilien connaissait Ava depuis sa première année à Poudlard. Bien qu’appartenant à des maisons différentes, ils avaient le même âge, et certains points communs sur le plan familial qui avaient fini de les unir. S'il avait passé la majeure partie de ces premières années à enquiquiner son amie à la première occasion venue, il avait désormais quelque peu mûri, quoique leurs chamailleries n'aient pas cessé pour autant. Pourtant, bien qu'il avait toujours apprécié la compagnie de l’Écossaise, il passait la majeure partie de son temps avec Aélys, aussi n'était-il pas si surprenant que McCornick ait échappé aux radars de sa sœur (même s'il ne fut nullement conscient de l'existence desdits radars). Elle ne faisait pas partie de l'entourage qu'il avait en commun avec Alexandra. Dans tous les cas, il se rendait au bal avec elle cette année, et cette annonce ne sembla malheureusement pas réjouir sa cadette. Quoique toujours fortement agacé à son égard, il ne put éviter son regard plus longtemps et comprit une chose: il se trouvait sur une pente glissante. Il était conscient de la laisser tomber, mais tâcha de minimiser l'ampleur de la chose, lui faisant remarquer qu'il ne s'agissait que d'une journée d'écart, et qu'au final, il serait rentré avant qu'elle n'ait eu le temps de s'en rendre compte.

Mal à l'aise devant le regard trahi et le silence d'Alexandra, Max' conclut sa tirade par une plaisanterie qui ne resterait certainement pas dans l'histoire. Touillant la potion en prenant garde de ne pas se planter sous le coup du stress, il déglutit lorsque sa sœur prit finalement la parole. Seulement, ses paroles emplies d'amertume l'auraient sans doute fait culpabiliser davantage s'il n'était pas encore furieux à son égard concernant le Quidditch. Chacun ses déceptions. En aucun cas il ne faisait cela pour se 'venger', il avait choisi d'aller au bal avec McCornick bien avant que d'être au courant des activités extra-scolaires d'Alex'. Et contrairement à elle, il n'avait pas attendu qu'un sombre crétin la mette au courant. « Je rentrerai le jour suivant, c'est pas la fin du monde. » répondit-il à son tour, vaguement irrité à nouveau. Pourquoi aurait-elle l'autorisation de lui en vouloir ? Il avait quand même le droit de participer à certaines activités sans sa sœur. Il aurait été cent fois plus rassuré si elle venait au bal, elle aussi, mais ça n'était pas le cas, et il n'y pouvait rien. Au final, c'était une partie intégrante de la vie à Poudlard, et il n'était pas complètement fantaisiste qu'il y participe, aussi piètre danseur soit-il. « Entre autres, oui. Et regarde le bon côté des choses: t'auras une soirée tranquille avec lui et papa, sans que personne ne se tape dessus. T'es toute l'année avec moi, à Poudlard, ce sera l'occasion de passer du temps avec Jérémy. » lui fit-il remarquer en ajoutant les derniers ingrédients à sa potion. Et d'accord, échapper à Jérémy n'était pas l'unique motivation qui le poussait à rester à Poudlard, et encore heureux ! Il ne se servait pas d'autres gens comme excuses pour fuir son frère, il était quand même un peu plus brave que ça. Seulement il était évident qu'Alex' était décidée à lui en vouloir, et s'échauffer davantage n'arrangerait pas son cas. Il avait presque l'impression d'être passé dans la quatrième dimension, là tout de suite. Il ne manquerait plus qu'il rentre à Manchester et qu'il s'entende à la perfection avec Jérémy, et ses soupçons seraient confirmés.

Même si Alexandra était parvenue –avec plus ou moins de réussite- à souffler les soupçons de Maximilien au loin, en lui affirmant qu’elle ne connaissait pas la composition exacte de la famille Spencer, il lui était encore possible de voir qu’il restait méfiant. Il la fixait d’ailleurs avec ses petits yeux chafouins à dire avec un bon accent Agenais, sinon ce n’est pas drôle, comme s’il essayait de sonder les profondeurs de son esprit Arrière Rogue ! Elle lui bloqua cependant l’accès à son cerveau, en revêtant un masque impassible et en continuant de coudre son gant difforme, avec une concentration presque indécente. Elle releva tout de même la tête quand Mily recommença à parler, insistant sur la chance qu’ils avaient de n’avoir qu’un seul Rudy Spencer. Enfin, tout était relatif, pensa Alexandra ; le Poufsouffle n’était certainement pas un cadeau que la nature avait offert à Poudlard –plutôt une plaie, d’ailleurs.-. Mais sans lui, elle n’aurait jamais eu tout le matériel nécessaire pour pouvoir confectionner le cadeau de Mily. Ce qu’elle ne savait pas par contre, c’était qu’en demandant l’information à n’importe quel autre élève d’année assez avancée, elle aurait pu apprendre l’existence de la Salle sur Demande. Mais bon, il fallait bien qu’on félicite ce pauvre Poufsouffle de temps à autres. « Imagine un jour sombre, très sombre, dans les cachots, pendant un cours de potion... Rudy Spencer essaye de préparer sa potion de Sommeil… » commença Alexandra en faisant prendre à sa voix des teintes dramatiques et effrayantes. « Il se trompe dans un ingrédient, lâche une queue de rat au lieu d’yeux de scarabées et… POUF ! Il en existe deux comme lui ! » s’exclama-t-elle d’un coup, en faisant de grands gestes avec ses mains histoire de faire sursauter son frère. Elle éclata ensuite de rire devant la mine de Maximilien. «  Ça ferait un bon résumé d’histoire pour un film d’horreur, non ? » suggéra-t-elle sans cesser de sourire bêtement. « Ceci dit, le reste de la famille n’est pas si catastrophique que lui. J’ai entendu dire que celui qui est en première année avait des notes excellentes. Et Conn-or, qui est dans ma classe, est vraiment bon pour lancer des sorts. » ajouta-t-elle en se rappelant des bruits de couloirs, et de ceux que des premières années lui avaient rapportés sur le dernier de la fratrie Spencer. Elle avait cependant buté sur le prénom de Connor –qu’elle appelait Conny en général-, mais ne voulait pas donner à Maximilien plus d’occasions de s’inquiéter. Il était déjà bien assez paranoïaque tout seul, ce n’était pas la peine de le faire psychoter encore plus pour un « y ». « Oh et puis il faut dire qu’il n’est pas si maladroit que ça sur un balai, non ? D’ailleurs, Arty m’a dit que si tu me trouvais maladroite, il fallait que je te rappelle que tu avais un sacré énergumène dans ta classe. Aloooors, qu’est ce qui est pire ? Spencer ou les yaourts ? » demanda Alexandra dans un éclat de rire, même si le visage de Maximilien semblait toujours aussi tendu par sa constipation imminente –il fallait vraiment qu’elle aille demander des laxatifs pour lui à Madame Pomfresh, et qu’elle les glisse incognito dans son jus de citrouille le matin, ça n’allait pas, mais alors pas du tout !-.

Le sujet revint ensuite sur Nasira, beauté exotique, tombeuse de ces messieurs, et idole d’Alexandra, malgré une légère tendance pour les relations libertines ahahaha. Enfin pas réellement sur elle, mais plutôt sur l’espèce de crétin qui avait eu l’audace de lui faire exploser son chaudron à la figure pauvre type, il ne l’avait sûrement pas fait exprès. La blonde haussa les épaules à la première réplique de son frère. Elle n’avait jamais eu de mal dans n’importe quelle matière, et en particulier les potions où il suffisait de suivre une recette à la lettre –son côté tête en l’air semblait totalement neutralisé par les vapeurs émanant du chaudron du Professeur Slughorn lorsqu’elle était dans les cachots, ce qui était une bonne chose-. Aussi ne comprenait-elle pas vraiment comment des personnes pouvaient faire jusqu’à exploser leur matériel. Même si elle n’avait rien contre les gens bêtes, au final. Maximilien semblait cependant séduit par la perspective d’être débarrassé de certains de ses camarades après les BUSEs. Alexandra ne s’était jamais renseignée sur ces examens là –après tout, elle ne savait même pas quand étaient ses propres examens-, aussi osa-t-elle poser des questions supplémentaires à son frère. « Comment est-ce que ça se passe les BUSEs ? Ceux qui n’ont pas les notes nécessaires redoublent ? Oh non, je ne veux pas l’avoir dans ma classe. » s’affola Alexandra en s’imaginant tous les cours assise à côté d’un chaudron qui risquait de lui exploser à la figure. Entre ça et la tornade, elle ne savait même pas lequel des deux était pire. « Quoique, avec un peu de chance je serai avec les Serpentards pour les cours de Potion en commun. Je ne pense pas que ce soit possible que ce type soit chez Serdaigle. » Pas que Poufsouffle regroupe des cancres ou quoi que ce soit. Après tout, c’était la maison de Linwood et de Nasira bon, également celle de Rudy, mais on ne le mentionnera pas, ce n’est pas terrible pour l’image marketing. Mais bon, Serdaigle était censé regrouper tous les élèves qui avaient des capacités intellectuelles supérieures à la moyenne, et qui avaient une certaine soif de connaissance. Ou sinon, le mouton noir du troupeau se serait rapidement retrouvé coincé hors de la Salle Commune, sans savoir quoi répondre à la tête d’aigle qui permettait ou non l’accès à la demeure des Bleus & Bronze. Et comme ce n’était encore jamais arrivé, Alexandra en déduisit que le Choixpeau ne répartissait pas vraiment les élèves au hasard. Elle ne savait cependant pas que les redoublements n’étaient pas monnaie courante à Poudlard, et qu’elle ne pourrait donc pas se retrouver avec l’effrayant maladroit de quatrième année. Mais ça, Maximilien se ferait sans doute une joie de le lui apprendre.

Pour ce qui était des bruits de couloir, Alexandra hocha vivement la tête de haut en bas lorsque son frère qualifia la réputation de Nasira comme étant cool. Même si le Krav Maga était probablement plus dédié aux hommes qu’aux femmes, la petite Serdaigle trouvait qu’être aussi belle que la Orwell, et pouvoir se battre était le summum du classe. Ceci dit, elle n’était pas vraiment objective sur le sujet ; Nasira aurait très bien pu faire des claquettes ou jouer du triangle, elle l’aurait trouvée fantastique dans chacune de ces disciplines. Malgré tout, Maximilien avait l’air tellement amusé qu’Alex en déduisit qu’il ne croyait pas un mot de ce qui pouvait se dire sur la jeune fille. Il était vrai qu’elle semblait trop gracieuse pour pouvoir se battre comme un titan. De l’avis de la blondinette, Nasira était plutôt comme Méduse la Gorgone. Belle, mais terrifiante. Avec la capacité de vous pétrifier d’un regard. Demandez à Rudy, il l’a déjà expérimenté plusieurs fois Alexandra éclata cependant de rire quand son aîné parla carrément d’avis de recherche. « Au moins, je n’aurais plus à m’en faire qu’il tombe dans ma classe, et tu ne l’auras plus dans la tienne. Problèmes résolus ! » annonça-t-elle joyeusement en essuyant ses yeux larmoyants.

Son expression changea cependant du tout au tout lorsqu’elle vit le regard que lui jetait son frère. Elle l’avait rarement vu dans cet état là ; en général, il avait plutôt une expression insolente quand il se querellait avec Jérémy, ou même ses parents. Mais jamais cet air-là, qui lui fit dresser les cheveux sur la tête. Au final, elle aurait peut-être préféré qu’ils se tapent dessus comme des Cro-Magnon, c’aurait été moins douloureux. Elle n’avait cependant pas encore dit son dernier mot, et resterait campée sur ses positions comme une moule à son rocher. On était un Bowman ou on n’en était pas ! Ne comprenait-il pas tous les efforts qu’elle avait pu faire pour espérer jouer en sa compagnie ? Certes, cette année, et pour ce match-ci, ce serait probablement trop tôt. Elle avait beau n’être réellement pas mauvaise, et voler avec une certaine virtuosité, elle n’avait pas le niveau d’un bon joueur de Quidditch. Ceci dit, même si sa façon de piloter un balai restait –à son humble avis, elle ne s’y connaissait pas assez dans ce sport pour estimer son réel niveau-, assez limitée, elle avait plusieurs atouts dans sa manche, qu’elle n’avait pas encore montrés au Capitaine de l’équipe des Serdaigles. Et puis elle était fine et rapide ; elle pouvait voler à grande vitesse, et n’avait plus peur de glisser de son balai, ce qui lui permettait de faire des figures assez compliquées, et de jouer sans se soucier du danger. Et puis quand on était gymnaste, doublée d’une joueuse de baseball redoutable, ça permettait plusieurs extravagances au niveau de son style de vol.  Aussi leva-t-elle les yeux au ciel durant la tentative de dissuasion de Maximilien. Elle n’avait pas eu de nez cassés, certes, mais il lui était arrivé plusieurs fois de se blesser lorsqu’elle jouait au baseball. Balle morte lorsqu’elle était à son tour de batte. Le poignet qui se dévisse lorsqu’elle lançait mal une balle à effet. Les mauvais swings quand elle voulait atteindre un tir à particulièrement compliqué. Malgré la douleur, jamais elle n’avait quitté un match et abandonné son équipe. Le point commun entre tous ces accidents ? Simple. Elle était toujours pratiquement immobile. Il n’y avait pas d’esquive qui tienne au baseball. Esquiver, c’était prendre le risque de perdre. Et Alexandra Bowman détestait perdre. Si jamais il fallait qu’elle se prenne un Cognard en pleine tête pour permettre à Serdaigle de gagner le match, elle l’aurait accueilli les bras grands ouverts. Mais dans le cas contraire, il lui restait toujours la solution de l’esquive, qu’elle n’avait jamais eue au baseball. « Je n’abandonnerais jamais mon poste. » trancha Alexandra, fermement. Elle se calma cependant assez vite ; se confronter avec Maximilien de cette façon n’était pas la bonne solution, elle le savait bien. Aussi se rapprocha-t-elle de lui et plongea ses yeux dans les siens. « Regarde-moi voler rien qu’une fois, Mily. Regarde attentivement, et tu comprendras que je ne me ferai pas désarçonner par un Cognard si facilement. » lui dit-elle, presque suppliante.

Il était fort à parier que s’il voyait son style de jeu, il ne la laisserait jamais intégrer un match. Mais c’était un risque à prendre, et la meilleure solution qu’elle pouvait lui proposer pour contenter tout le monde. Le fait est qu’Alexandra ne se contentait pas d’éviter les Cognards de façon conventionnelle, en plongeant, remontant en chandelle, ou faisant une quelconque culbute. Elle n’avait d’ailleurs jamais montré ça à personne, pas même à Arthur avec qui elle n’avait appris que les bases les deux premiers mois de rentrée, mais ses capacités aux barres asymétriques lui étaient fortement utiles au Quidditch. Aussi pouvait-elle se balancer dans le vide et décrire des arcs de cercle en se retenant par une seule main au manche. Voire quelques fois, totalement lâcher prise et se rattraper in extremis. Elle ne se laisserait jamais toucher aussi facilement par un Cognard, c’était sûr et certain. Même si, après l’avoir vue voler, Mily aurait des soucis différents. Celui de la voir rater une figure et tomber en chute libre, par exemple. Il allait falloir qu’elle lui en mette plein la vue, sans trop le brusquer. Un entraînement supplémentaire s’imposait…

Ces supplications semblèrent créer leur petit effet, car le Serdaigle sembla en proie à un véritable dilemme. Comme si, d’un côté, il souhaitait la laisser jouer, mais que de l’autre, son statut de grand-frère surprotecteur l’en empêchait.  Tout ça fut rapidement balayé par son aveu concernant Arthur, et les cours qu’il lui avait donnés depuis le début de l’année. Le sentiment de trahison sembla s’intensifier et gonfler dans la poitrine de Maximilien, qui devait certainement prendre sur lui pour ne pas lui crier dessus. Il lui demanda si Arthur était en courant, en détachant chaque lettre, comme s’il n’en revenait pas, mais resta relativement calme. Alexandra savait bien qu’il ne s’agissait que du calme avant la tempête, et ne fut pas déçue du résultat ; le tonnerre gronda, et elle fut inondée d’un millions de postillons il l’attaqua à coups de regards de chameau outré, en s’emportant et pestant contre son manque de confidences. Alors là c’était le pompon ! Il lui reprochait tout un tas de chose, mais agissait exactement comme elle l’avait prévu ; et plus il s’énervait contre elle, moins elle se sentait coupable de lui avoir tout caché. « Je te connais assez bien pour savoir que tu ne m’aurais jamais laissé essayer, Mily ! » lui balança-t-elle dans une imitation tellement fidèle de leur mère lorsqu’elle était en colère que ses yeux bleus océans avaient pris des teintes de mer orageuse. « Ne prétends pas le contraire, tu me laissais même pas ne serai-ce que m’assoir sur le banc de touche quand vous étiez en train de jouer au football avec Rémy ! Ce qui est dingue, c’est que toi tu ne me fasses pas confiance quand je te dis que je peux jouer. Et je ne vois pas pourquoi toi tu pourrais jouer au Quidditch, et moi pas. Tu sais très bien à quel point je déteste te voir blessé, et pourtant, je te laisse faire ce que tu veux. Alors je suis d’accord sur le fait que j’aurais dû t’en parler, c’est vrai. Mais voir la façon dont tu réagis ne me fait que confirmer mes choix. Et si j’ai demandé à Arty de m’aider, c’était parce que lui, il ne m’a jamais empêchée de me lancer. Pas une seule fois ! » acheva-t-elle. Elle avait été à la limite de crier, mais elle parvenait encore à rester civilisée, encore heureux pour elle. Et puis hurler sur son frère ne résoudrait rien. Elle s’était emportée, c’était vrai, mais au moins, elle avait dit tout ce qu’elle avait sur le cœur. Après ça, libre à lui de lui faire la tête ou non pendant des décennies. Elle avait hésité un instant à tout lui révéler sur le baseball, car il s’agissait visiblement d’un secret qu’elle ne pourrait emporter dans sa tombe. Mais le moment était certainement très mal choisi pour un énième coup dur. Peut-être qu’ils seraient plus aptes à discuter de tout ça une fois qu’ils seraient tous les deux calmés, et que leur relation serait redevenue identique.

Toujours aussi buté, Maximilien cessa de la regarder et fit semblant de s’intéresser à sa potion, ce qui agaça encore plus Alexandra. Elle pinça des lèvres pour se retenir de pleurer et/ou de lui balancer son gant difforme à la figure, mais elle se calma rapidement tandis que ses mains se crispaient sur le bout de tissu. Ce gant, c’était le cadeau qu’elle allait offrir à Maximilien. Au final, il restait son frère ; avec ses défauts, ses qualités, et ses sautes d’humeur. Même si elle avait une forte envie de lui enfoncer la tête dans son chaudron à cet instant précis, elle l’aimait de tout son cœur, et il restait la personne la plus importante pour elle. Elle n’avait pas envie de gâcher tout ça, et d’être en mauvais termes avec lui. Aussi laissa-t-elle volontiers un silence s’installer entre eux, tandis qu’ils s’attelaient à la tâche de réaliser leurs cadeaux de Noël. Le simple fait que Mily n’ait pas remballé toutes ses affaires prouvait qu’il arrivait encore à la supporter, et qu’il n’était pas fermé à toute tentative de réconciliation. Cependant, s’il souhaitait des excuses ou pire, une promesse qu’elle ne jouerait pas même si le Capitaine lui proposait une place, il pouvait se tamponner avec des feuilles de bananier. Et il en était de même pour le destinataire de ce cadeau. Ceci dit, Maximilien sembla s’en désintéresser –ou à défaut, ne pas insister-, et fit une petite tentative pour faire de l’humour.
Malgré son agacement avancé, Alexandra eut un petit sourire, même si elle n’osait toujours pas regarder de nouveau son frère dans les yeux. De toute façon, il était fort probable qu’il évitait soigneusement de croiser son regard également. « Je crois que je préfère le Kung-Fu. Un peu plus élégant. » répondit-elle en se rendant compte avec soulagement, qu’il n’y avait aucune animosité dans sa voix.

Le Serdaigle sembla tout de même plus enclin à la conversation lorsqu’ils parlèrent du bal, et son silence borné se transforma en gêne. Cette fois, c’était au tour d’Alexandra de se sentir profondément trahie le renvoi de balle Bowmanien, un sport national, même si la culpabilité de Maximilien se transforma rapidement en irritation. ‘Pas la fin du monde’. Alexandra évita soigneusement de croiser le regard de son frère, et renifla dédaigneusement. Il tenta ensuite de lui faire un exposé de toutes les bonnes choses qu’elle pourrait faire sans lui, avec son père et Jérémy. Même si, au fond, Alexandra savait que ce refus de rentrer le plus tôt possible ne se traduirait que par une vague d’ennuis supplémentaires à la maison. Jérémy se sentant encore plus agacé du fait que Maximilien veuille l’éviter ; et pire encore, qu’il ose faire rentrer Alexandra un jour plus tôt, sans l’accompagner pour se rendre à un stupide bal. Au final, la solution la plus simple pour la blonde était peut-être d’attendre la fin du bal pour retourner à Manchester avec Mily et puis, elle se serait probablement perdue sans lui. Ça lui donnait peut-être même une occasion d’inviter un garçon à l’accompagner, et de voir si ce n’était pas ‘la fin du monde’. « Ou alors, je pourrais faire un effort et rester avec toi. » suggéra-t-elle, en se faisant violence pour refouler son côté sournois. « Comme ça je pourrais inviter un garçon à m’accompagner au bal, on ferait la fête tous ensemble, et on rentrerait tous les deux le lendemain. C’est une bonne idée, non ? »

Elle lui décocha un sourire candide, conscience qu’elle était mesquine avec Maximilien. Elle savait très bien comment il réagissait lorsqu’un garçon venait lui adresser la parole –ou ne posait ne serai-ce qu’un œil sur elle, d’ailleurs-. Mais au final, elle ne comptait pas réellement assister au bal. Elle voulait juste voir la réaction de son frère. Ceci dit, même si elle n’allait pas au bal, ça ne serai pas la mort pour elle de rester toute seule dans la Salle Commune des Serdaigles à lire un bouquin ou deux, pendant que Maximilien irait s’amuser avec les autres. Même si l’idée de le suivre pour le surveiller était tentante, un problème persistait : elle n’avait pas de robe de bal, et pas les moyens de s’en offrir une. Et puis, demander à ses parents de débourser ses sommes astronomiques pour une soirée ? Totalement insensé ! Alexandra attendit donc que Maximilien réagisse à sa sournoise proposition, en continuant de confectionner son gant.

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Rudy Spencer oui, encore lui semblait être une source d'inspiration pour Alexandra, car sans crier gare, la jeune Serdaigle se mit à inventer une histoire d'épouvante le concernant. Intrigué, Maximilien se rapprocha stupidement de sa sœur pour ne pas rater une miette de la chute. Et il ne fut pas déçu. Il sursauta devant les mouvements de bras inopinés d'Alex' et recula inconsciemment, manquant d'écraser des œufs de Serpencendre au passage. Il se remercia intérieurement de ne pas avoir poussé de cri de fillette suite à la petite blague de sa cadette. Déjà qu'il lui restait peu de dignité à force de se laisser appeler Maximilixounet (surtout qu'Ally avait adopté le sobriquet elle aussi, désormais, il n'arrivait pas à croire que McCornick l'ait vendu comme ça ! Les filles auraient sa peau.), s'il se mettait en plus à gazouiller à tout va, il était bon pour devenir la prochaine victime de la bande de Grayson. La mine déconfite, Max' regarda sa sœur lui rire au nez - c'était un évènement qui se produisait un peu trop souvent en sa compagnie, dernièrement -, avant d'esquisser un sourire amusé. « Terrifiant. Le pire, c'est que ça pourrait presque se produire dans la réalité. » commenta-t-il solennellement, bien décidé à ne pas insister sur sa mésaventure d'il y a un instant. Pour ce qui était de cloner les Rudy Spencer, fort heureusement, ça n'était pas au programme. A sa connaissance phénoménale pour un enfant de quatorze ans, si, si, personne n'avait jamais réussi à accomplir un tel exploit. « En même temps, si toute sa famille était comme lui, ce serait inquiétant. C'est un peu comme nous en fait, toi t'es Rudy, et moi le petit frère brillant en première année. » ajouta-t-il en adressant un sourire resplendissant à sa cadette. Eh, eh. Ok, maintenant elle risquait de l'éborgner avec ses petits doigts crochus, mais franchement, il ne regrettait pas. Il faut savoir vivre dangereusement.

Pour ce qui était du Quidditch, Spencer se débrouillait effectivement bien. L'idée de devoir l'affronter sur le terrain inquiétait quelque peu le blond, qui n'avait pas très envie de finir ses jours à l'infirmerie. Entre Filean à Gryffondor, et Spencer à Poufsouffle, il allait falloir se montrer agile, s'il voulait échapper aux cognards. Ces gens là étaient dangereux. « C'est vrai qu'il est bon, on ne s'y attend pas en le voyant sur la terre ferme, en train de provoquer des désastres apocalyptiques. » acquiesça-t-il en exagérant juste un tout petit peu. En plus, il avait déjà vu Spencer traîner avec Roy Bradley, et franchement, est-ce que ce n'était pas le signe que la fin du monde était proche, ça ? Déjà que séparément chacun d'eux était un danger public ambulant, mais alors ensemble... Poudlard pouvait exploser à tout instant. Laissant ces pensées funestes de côté, il afficha un air de réflexion intense quand sa sœur lui posa un dilemme cornélien. Spencer ou Alex' ? Il fit mine d'hésiter pendant quelques instants, avant de soupirer avec dramatisme. « Bon, si je devais vraiment choisir... J'imagine que je préfère être assommé par un yaourt que par une des énormes paluches de Spencer. » concéda-t-il avec bonne foi. Quoique, pour sauver son honneur, mieux valait qu'il meure dans un accident massif orchestré par Rudy Spencer, plutôt que genre, malencontreusement poussé du haut d'une falaise par Alexandra Bowman. Dilemme, dilemme. Mais bon, autant faire plaisir à sa cadette en lui disant qu'il la choisissait ! Quel gentleman.

Il fut ensuite question de Nasira Orwell, et surtout, du pauvre fou qui avait osé s'asseoir à ses côtés alors qu'il savait parfaitement qu'il était prompt aux explosions. A partir de l'instant où il avait posé ses fesses à côté de la brune, le compte à rebours était lancé. Max' avait échangé un regard entendu avec un de ses camarades de dortoir, celui-ci posant négligemment sa montre sur la table. Il restait à espérer que l'idiot avait déjà rédigé ses dernières volontés, parce qu'il n'avait plus beaucoup de temps à vivre. Il ne faisait pas le poids face à Orwell, d'autant plus si son aîné se mettait en tête de venir lui prêter main forte. Amusé tandis qu'il évoquait le sujet, Max' retrouva un minimum de sérieux lorsqu'Alex' l'interrogea concernant les BUSEs. Il n'était lui-même pas ultra au courant avant cette année, mais dès la rentrée les professeurs s'étaient mis en tête de faire paniquer les plus faibles, et il en savait désormais bien plus qu'il ne l'aurait souhaité. Certains Serdaigle étaient entrés dans un niveau de psychose encore jamais atteint jusque là. « Non, je crois qu'ils font rarement redoubler des gens, ici. Faudrait pas augmenter les effectifs. » la détrompa-t-il avec une pointe d'hésitation. « Sinon ils auraient sûrement déjà proposé ça à Spencer, ou au Détonateur. » ajouta-t-il, un sourire fugitif aux lèvres quand il prononça le surnom de la catastrophe sur pattes. Il n'avait jamais cherché à retenir son nom. « Tu passes toutes les matières, et selon tes résultats aux examens, tu peux choisir de continuer ou non chacune d'entre elles en sixième année. Après, la note à obtenir dépend du professeur. Certains ne prennent aucun élève en-dessous de l'Optimal, apparemment. » expliqua-t-il de son ton professoral. Les BUSEs seraient également l'occasion d'abandonner les matières qui ne lui plaisaient pas, ou qui ne lui serviraient à rien à l'avenir. Mais étant donné qu'il n'avait aucune idée de la voie qu'il souhaitait prendre, il valait mieux qu'il assure un maximum de bonnes notes, pour l'instant. « Il est à Poufsouffle. » confirma-t-il finalement, trouvant le fait plutôt comique: il ne pourrait en aucun cas échapper à Orwell. Et il était vrai que maintenant qu'il y réfléchissait, cette maison regroupait pas mal de cas sociaux: Spencer, Bradley, le Détonateur... C'était un poil inquiétant. Mais bon, ils avaient aussi McCornick, Linwood, Nasira, et le batteur de leur équipe, Bishop, alors peut-être que ça suffisait à compenser. Et puis, à Serdaigle, ils avaient Tyler-face-de-rat, donc il n'y avait pas de quoi se vanter.

« T'inquiètes pas pour ça, il m'est réservé jusqu'à la fin de ma scolarité, en admettant que Nasira ne l'ait pas encore réduit en bouillie à l'heure qu'il est. » reprit-il avec légèreté, observant sa sœur rire avec lui plutôt que de lui cette fois-ci. Il y avait du progrès ! Dommage que tout doive être réduit à néant en évoquant un sujet bien moins hilarant. Maximilien se sentait responsable de sa sœur, lorsqu'il était à Poudlard et apprendre par quelqu'un d'autre - et pas n'importe qui - qu'elle s'entraînait au Quidditch et ne lui en avait pas dit un mot l'affectait réellement. Il lui exposa les dangers de ce sport, n'ayant même pas à exagérer les faits: le Quidditch était un sport brutal. Les matchs de Poudlard étaient, certes, plus supervisés et finissaient rarement en bains de sang, mais ça n'était pas un scénario à exclure. Un coup de batte dans le crâne, même accidentel, pouvait se montrer dévastateur. Et ça, c'était sans parler des Cognards, des chutes, des joueurs qui trichaient et fautaient sans la moindre mauvaise conscience... Cela étant, il était bien conscient que sa sœur était sportive, et que bien que parfois maladroite et étourdie au jour le jour, ça n'était plus le cas une fois sur le terrain. Il ne savait plus trop quoi penser. Et si une petite part de lui était dubitative parce qu'il aurait préféré que le Quidditch reste son activité ? Etait-il vraiment aussi égocentrique ? Ce n'était même pas comme si lui-même comptait jouer à la base, il voulait seulement commenter les matchs lorsqu'il était arrivé à l'école et avait découvert le sport... « D'accord. » céda-t-il dans un soupir. Et si elle avait un vrai talent pour le Quidditch ? Ils pourraient s'entraîner ensemble, former un duo imbattable... C'était terriblement tentant. Ils deviendraient à Serdaigle ce que les Weasley avaient été à Gryffondor.

Cependant, la bonne volonté de Maximilien atteignit ses limites lorsqu'Alex' lui apprit qu'elle s'était entraînée à voler avec Arthur. Arthur au courant signifiait qu'Aélys l'était aussi, et tout d'un coup, des gens proches de lui qu'il n'aurait jamais soupçonnés se retrouvaient impliqués dans cette histoire. Le sentiment de trahison prit largement le dessus sur son inquiétude et il laissa son amertume s'exprimer dans toute sa splendeur. Il ne savait même plus quoi ajouter. C'était fait après tout. Revenir en arrière était impossible: Alex' avait choisi de lui cacher la vérité (technique Bowman pour se défausser de toute responsabilité), et avait préféré faire confiance à leurs amis d'enfance. Si Alex' avait des airs de harpies en pétard madame Bowman, donc, Maximilien n'était pas en reste. Il était furieux. Et les paroles suivantes de sa sœur ne le calmèrent en rien, au contraire. « Donc maintenant tu décides de mes réactions à l'avance ? Tu ne m'as même pas laissé une chance. Tu me connais si bien que ça ne vaut même pas le coup, hein ? Autant me le cacher pendant des mois en mettant ma meilleure amie au courant, mais pas moi. Et s'il t'était arrivé un truc ? Si on était venu m'annoncer que ma petite sœur était à l'infirmerie après un accident de Quidditch, tu t'es demandée comment je réagirais dans ce cas là ? » tempêta-t-il en se détournant complètement de la potion. « Comment veux-tu que je réagisse ? C'est même pas toi qui m'en as parlé, c'est un abruti de ma classe. Dis-moi, si je ne t'en avais pas parlé aujourd'hui, tu me l'aurais dit ? » Il s'interrompit, la fixant sans ciller. Pour ce qui était du football, il n'était pas en mesure de le nier, et il n'était pas suffisamment puérile pour s'abaisser à lui faire remarquer que c'était également le choix de Jérémy. « C'était différent. Tu me juges sur mon comportement de l'époque sans m'accorder le moindre crédit. Bien sûr que je n'aurais pas été ravi, initialement, mais je ne suis pas complètement idiot, contrairement à ce que tu sembles croire. C'est ton choix, pas le mien. Et Arthur ? Bien sûr qu'il n'allait pas t'en empêcher, pourquoi le ferait-il ? C'est pas ton frère, il n'a aucune responsabilité vis-à-vis de toi. » conclut-il avec agacement, lançant un dernier regard à sa sœur avant de retourner à sa potion. Ils avaient des parents, et un frère aîné, ce n'était pas à lui de se charger d'Alex', mais le fait était que lorsqu'ils étaient à Poudlard, il était le seul présent, et c'était à lui de faire en sorte qu'il ne lui arrive rien. Il avait déjà échoué dans les serres, mais si en plus sa cadette s'amusait à jouer les agents doubles...

Aussi énervé soit-il, Max' ne fit aucun mouvement pour s'en aller. Il se concentra sur le cadeau pour leur mère, retrouvant petit à petit son calme. Il n'était pas aussi obtus qu'Alex' semblait le croire. Il était même curieux à l'idée de la voir voler sur un balai, même si la possibilité qu'elle en tombe et se fracasse la tête sur la pelouse n'était jamais loin de son esprit. Il ne pouvait pas prédire la réaction qu'il aurait eue si elle lui en avait parlé dès le début. Tout ce dont il était sûr, c'était que ça n'aurait rien été d'aussi dramatique. Le fait qu'il ait dû l'entendre de la bouche de Tyler... Il s'était senti tellement bête. Un petit sourire en coin se dessina malgré tout sur ses lèvres après sa tentative d'humour concernant Spencer, et la réponse de sa sœur. Ils n'avaient jamais été fâchés longtemps, ils se réconciliaient toujours tôt ou tard, car sa relation avec Alex' était différente de celle qu'il avait avec Jérémy. Il était incapable d'en vouloir à sa sœur indéfiniment, il avait trop besoin d'elle auprès de lui.

Maximilien n'avait pas tellement réfléchi à la réaction qu'aurait son aîné s'il voyait Alexandra rentrer à la maison un jour plus tôt que lui. Il n'en serait certainement pas ravi, et il était clair que faire le voyage ensemble était la solution la plus simple. Seulement, aux dernières nouvelles, Alex' n'allait pas au bal. Il avait failli lui suggérer de le faire, au début de leur discussion, mais s'était retenu en raison d'un détail fondamental: avec qui irait-elle ? Il tâcha plutôt de convaincre sa sœur du bienfondé de son choix, mais nota bien qu'elle n'était pas conquise. Après le coup qu'elle lui avait fait, il comprenait difficilement qu'elle puisse lui en vouloir, surtout qu'il la mettait au courant avant que ça ne fasse partie des ragots de l'école. Il leva la tête avec surprise quand Alex' reprit finalement la parole, énonçant l'idée la plus évidente, et la plus problématique. Il haussa les épaules. « Tu pourrais, on rentrerait ensemble comme ça au moins. » acquiesça-t-il calmement, les yeux toujours rivés sur son chaudron pour s'assurer que la potion prenait la bonne couleur. Néanmoins, la suggestion suivante de sa sœur l'arracha à ses observations. Il n'avait pas envie de passer pour le grand frère surprotecteur encore une fois, il avait suffisamment laissé cette part de sa personnalité s'exprimer précédemment. Il recommença à touiller le mélange. « Avec qui ? » interrogea-t-il après quelques secondes, d'un ton étonnamment calme et civilisé. La situation était sous contrôle. Donne-moi des noms, que j'aille les éliminer un à un. Arthur aurait pu être une option valide, mais le Serpentard s'y rendait déjà avec Ally. Il ne connaissait pas suffisamment bien les élèves de troisième année pour savoir quelles options cela laissait. Pitié, pas Timmy.

La réaction de Maximilien à la blague aux allures de film d’horreur qu’Alexandra avait racontée fut probablement la meilleure chose de la journée. Sa curiosité l’avait encore une fois amené à se rapprocher de sa petite sœur pour mieux écouter ; grossière erreur. Son objectif premier avait juste été de le faire sursauter, mais ce qui se produisit dépassa toutes ses attentes ; Maximilien battit en retraite précipitamment, manquant presque d’écrabouiller ses œufs, avant d’afficher une mine amusée. La petite blonde se moqua tellement de lui qu’elle en avait mal au ventre. Il était tellement mignon lorsqu’il agissait comme ça, et non pas comme le grand frère surprotecteur invincible et coincé à souhait. C’était ce Maximilien là qu’elle adorait, même si elle acceptait l’autre sans rechigner. Après tout, c’était son frère et tu l’touches t’es mort. Elle reprit cependant son attitude sérieuse à l’idée que son histoire puisse réellement se réaliser. Ils avaient déjà bien assez d’un Rudy Spencer. Imaginer qu’il puisse en exister un second lui fit dresser les cheveux sur la tête, même si au final, elle était à peu près immunisée contre lui ; après tout, il avait peur d’elle et ne s’approchait jamais d’elle à moins de dix mètres. Il fallait vraiment être terriblement maladroit pour qu’elle puisse subir les conséquences de ses bêtises à l’autre bout du couloir ne parle pas trop vite, Alex ! « Tu… tu crois vraiment qu’il existe une potion qui puisse assez mal tourner pour qu’on se retrouve avec deux Rudy Spencer ? Je croyais que le dédoublement était quelque chose de tabou et d’impossible dans le monde de la magie ; enfin, si on exclut la prise d’apparence d’un autre par le Polynectar, mais ce n’est pas pareil. S’il arrive à faire ça, je ne saurai pas si je dois le considérer comme un idiot ou comme un génie. » déclara Alexandra en prenant le même ton solennel que celui de son frère. Non je vous jure qu’elle ne se moque pas de lui. Elle eut cependant une expression outrée quand Maximilien la compara à Rudy Spencer. Comme si elle avait quoi que ce soit à voir avec le roi des babouins de Poufsouffle ! Déjà, sa stature de crevette n’avait rien de similaire à la carrure de Troll de Spencer. Et puis elle avait un cerveau, elle, même si elle n’avait pas envie de s’embêter à travailler pour ses examens et qu’elle était très tête en l’air, ainsi que capable de se perdre dans son propre quartier. Et puis elle était douée en magie, et pas une espèce de décérébré qui pensait qu’une baguette magique était ni plus ni moins qu’un cure-dent ou un outil à s’enfoncer dans les narines mens pas Spencer, je t’ai déjà vu faire. « Je n’ai rien à voir avec Rudy Spencer. » déclara-t-elle avec majesté. « A la rigueur, je serai plutôt comme… Riley, tiens. » ajouta-t-elle en se disant que quitte à choisir un Spencer, autant prendre le plus cool et le plus beau de tous. Même si Riley ne faisait pas partie de sa stalk-list, parce qu’il avait une petite copine différente toutes les semaines et qu’il était impossible qu’elle invente un scénario romantique avec lui, il fallait avouer qu’il était carrément charmant. Enfin elle préférait se comparer à Riley, qui était populaire comme elle l’était bien qu’en restant plutôt discrète, plutôt qu’à un autre. Mais en aucun cas elle n’avait les mêmes tendances que lui à changer de grand amour comme de chemise.

« Rudy c’est plutôt Rémy. » annonça-t-elle en croisant les bras, offusquée. « Et toi tu peux être le première année si tu veux, mais je dois te prévenir que j’ai entendu dire qu’il s’agissait d’un véritable vantard, et qu’il serait une tête à claque si les gens n’avaient pas peur des représailles avec Rudy. » Ce qui au fond, ne faisait que confirmer le fait que Maximilien ressemblait au dernier de la fratrie Spencer pas taper Mily !. Car il fallait bien avouer que Maximilien était ce qui se faisait de plus égocentrique à Poudlard, même s’il tentait de le cacher plutôt habilement. Mais après avoir vécu treize années de sa vie avec lui, on finissait par bien connaître le bougre. « Espèce de truffe. » ajouta-t-elle en lui tirant la langue, dans une tentative puérile pour l’embêter.
Maximilien revint ensuite au sujet de Rudy et du Quidditch ; effectivement, lorsqu’on voyait Rudy se prendre les pieds dans un seau posé par Rusard au beau milieu du couloir, on pouvait avoir quelques réserves à le laisser monter sur un balai ( « Non mais Spencer, n’essaye pas hein, tiens vas-y, tiens le plutôt comme ça et déblaye cette salle de classe avec. Ouais, comme ça ! » ) Alexandra était certaine que si ce type tentait de suivre quelqu’un comme elle le faisait si souvent, il se ferait griller au bout de trois secondes après avoir trébuché sur un quelconque outil posé par le concierge dans le but de piéger les plus stupides et accourser par Nasira qui lui beuglerait quelque chose comme « POURQUOI ES TU EN TRAIN DE SUIVRE LINWOOD ESPECE D’ABRUTI FINI ! SOMBRE CRETIN ! ». Le fait que Rudy Spencer soit au final un bon joueur de Quidditch avait donc été une grande surprise pour Alexandra, qui se demandait comment un pauvre bout de bois pouvait supporter sa masse de cachalot. Un des grands mystères de Poudlard. « On devrait peut-être le mettre tout le temps sur un balai. » suggéra Alexandra avec sérieux. « Il serait peut-être plus adroit comme ça. » Même si elle doutait qu’il puisse changer son éternelle image de ‘Rudy-Spencer-à-la-maladresse-légendaire’.

Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres en entendant que son frère préférait ses yaourts kamikazes à Rudy Spencer. Certes, vu le ton de Maximilien, elle savait très bien qu’il disait ça pour lui faire plaisir, mais c’était déjà une victoire en soi. « Après tout, 100g de yaourt nature contre 100kg de pur muscle, le choix est vite fait. » ricana-t-elle, consciente d’avoir exagéré le poids du Poufsouffle. Un élève de quatrième année ne pouvait pas peser autant ! Même si Rudy Spencer était anormalement grand et musclé –c’est un Demi-Troll, voilà qui expliquerait certaines choses !-. Et au final, Alexandra était contente que ni lui, ni le Détonateur –comme son frère appelait celui qui avait tenté de se suicider en s’asseyant à côté de Nasira Orwell durant le cours de Potions- ne puissent redoubler et atterrir dans sa classe. « Encore heureux, sinon j’aurais eu à me les coltiner dès ma première année. » répondit Alexandra avec un sourire béat, consciente de narguer son grand-frère qui lui, ne pouvait pas se payer le luxe de se débarrasser des deux Poufsouffles. La Serdaigle n’aurait cependant jamais pensé que le système des BUSEs serait tel que Mily le lui expliqua ; pour elle, échouer dans la globalité, signifiait échouer toute son année et devoir tout repasser celle d’après. Elle n’avait pas songé à ce que les Professeurs puissent accepter certains élèves ou non dans leurs classes. « Et si un élève n’obtient les notes requises dans aucune discipline, qu’est-ce qu’il se passe ? Il se fait virer ? » demanda Alexandra avec une pointe d’excitation. Se débarrasser de Spencer et du Détonateur ? Si cela lui permettait de ne pas se les coltiner dans sa classe, elle n’hésiterait pas un seul instant. Elle n’était pas inquiète pour ses BUSEs, ceci dit ; elle savait qu’elle avait les capacités pour tout réussir, et comptait se mettre à travailler sérieusement à partir de sa cinquième année. Dans le but, justement, de ne pas se retrouver comme Spencer et tous les autres idiots, à se demander quoi faire avec la note requise en Divination uniquement. « En tout cas, le prof qui demandera des mentions Optimale, n’aura pas beaucoup d’élèves l’année suivante. » déclara Alexandra dans un haussement d’épaule. Après tout, vu le niveau de certains, il valait mieux revoir ses standards à la baisse.

Elle soupira en apprenant que le Détonateur était chez Poufsouffle. « Il y a de sacrés cas, là-bas. » dit-elle, comme désespérée par tant de stupidité. « Heureusement qu’il y a des élèves comme Nasira ou Linwood pour remonter le niveau. »
Et Dan évidemment. Mais Maximilien serait certainement devenu méfiant si elle avait prononcé son nom. Il n’y avait qu’à voir la façon dont il avait réagi pour Rudy, alors que c’était tellement improbable. Elle eut cependant un petit rire à la mention de Nasira, et prit une expression détachée. « Dans ce cas tout va bien pour toi. C’était probablement la dernière fois que tu le voyais. Tu lui as fait tes adieux, j’espère ? » dit-elle en essayant de rester à peu près sérieuse ; tâche difficile, puisque la situation était tellement comique qu’elle la voyait défiler dans sa tête comme un film français de Louis de Funès. Avec Nasira courant comme une dératée derrière son collègue de Poufsouffle qui affichait une expression terrorisée exagérée.

La conversation devint rapidement moins légère à mesure qu’ils parlaient de Quidditch, mais Alexandra parvint à calmer la situation en proposant une alternative qui les arrangeait certainement tous les deux. Maximilien accepta presque à contrecœur, mais au moins, il n’avait pas tenté d’argumenter de nouveau pour la dissuader complètement d’arrêter le Quidditch, ce qui était un bon début. La blonde était presque prête à crier victoire, lorsque le vent tourna et que Maximilien se braqua brusquement. Il avait même lâché complètement sa potion pour lui beugler dessus, qu’elle était irresponsable, qu’elle n’aurait pas dut lui cacher tant de chose, et qu’elle ne se mettait jamais à sa place. Alexandra sursauta tant elle fut surprise par le volume de la voix de son frère, mais soutint son regard en refoulant son irrépressible envie de prendre les jambes à son cou et d’aller pleurer tout son saoul dans les toilettes des filles. « Bien sûr que je me le suis demandé, tu joues tellement bien ton rôle de grand frère surprotecteur que ça ne pouvait pas ne pas me traverser l’esprit ! » grinça-t-elle entre ses dents avec amertume. « Et sache que je n’en ai pas parlé à Ally, elle n’y est pour rien dans tout ça. » ajouta Alexandra dans une tentative pour laver la jumelle Bey de tout soupçon. Quant au reste, il fallait admettre qu’il n’avait pas tort, même si elle restait persuadée qu’elle avait eu toutes les bonnes raisons de faire les choses derrière son dos. « Mais il ne m’est rien arrivé durant tout ce temps, alors je ne vois pas pourquoi tu en fais un tel drame ! Et oui, je comptais te le dire, mais ce n’était jamais le bon moment. D’abord parce que je ne faisais que voler et pas jouer au Quidditch ; ce n’était pas bien grave du moment que je ne faisais que monter sur un balai, non ? Que je sache, tu ne me racontes pas non plus tout ce que tu fais à Poudlard. » Sinon, il y a longtemps qu’elle aurait entendu parler de McCornick. Mais passons. « Et puis après il y a eu la tornade, et là, je me suis dit que tu ne voudrais pas m’exposer à un nouveau danger, et que ton non serait catégorique. » Sans parler du match contre Poufsouffle juste après, qui aurait définitivement fait pencher la balise du côté du refus, à cause de Rudy Spencer et ses rafales de Cognards.

Elle s’enferma ensuite dans un silence buté, bras croisés, écoutant ses arguments quant à son comportement d’antan, sous-entendant qu’à présent, il était probablement différent. Ben voyons, rien n’avait changé, il était toujours le même. « Je ne pense pas que tu es idiot, juste incroyablement buté. » lui dit-elle en se retenant de lui lancer un regard assassin. Elle ne voulait pas que les relations se dégradent plus entre eux, mais elle était clairement à deux doigts de craquer. Et Arthur dans tout ça ? Certes, il n’avait pas cette fichue responsabilité de grand-frère que Maximilien avait envers elle. Mais ce n’était pas pour ça qu’il avait accepté de lui donner des cours ; car lui, contrairement à son frère, ne faisait pas tout une montagne d’une taupinière. Alexandra détourna les yeux en même temps que Mily, et essuya silencieusement une larme qui roulait sur sa joue. Elle renifla un instant, blessée de s’être fait passer un savon, mais savait que tout ça s'arrangerait bientôt. Il faudrait juste un peu de temps à Mily pour digérer la nouvelle, et il lui en faudrait également pour lui pardonner tout ce qu’il lui avait balancé à la figure. Pour une première querelle entre le frère et la sœur Bowman, ce n’était pas vraiment agréable ; étais-ce genre de choses qui se produisaient entre Rémy et Mily ? Et entre son père et sa mère ? Les reproches, l’incompréhension mutuelle… Le refus de laisser l’autre faire comme bon lui semblait. Alexandra avait clairement l’impression que Maximilien lui coupait les ailes, et qu’il l’enfermait dans sa cage dorée avec pour interdiction d’en sortir. Et lorsqu’elle essayait de crocheter discrètement la serrure pour aller s’amuser un peu, il la repoussait sans ménagement à l’intérieur de la cage en s’offusquant de ne pas avoir été prévenu. Elle était d’accord avec le fait qu’il ne faisait probablement que s’inquiéter pour elle. Mais il était juste étouffant. Autant que Jérémy.

Sa colère désenfla cependant comme un soufflé lorsqu’ils parlèrent du bal. La tension s’était quelque peu amenuisée, et Alexandra continua de coudre tranquillement, non sans être satisfaite de la forme que commençait à prendre son cadeau pour Maximilien. Elle ne savait cependant toujours pas si elle avait encore envie de rentrer avec son frère ou non, après leur querelle. Peut-être tenait-elle là l’occasion d’avoir un jour pour souffler, loin de l’emprise incessante qu’il avait sur elle ? Mais étrangement, pour une raison qui lui échappait, elle avait quelques réserves à s’éloigner de lui. Tout un tas de pensées paradoxales se livrèrent une guerre sans merci dans son esprit, et elle ne fut même pas exaspérée lorsque Maximilien lui demanda, l’air de rien, avec qui elle comptait aller au bal. Elle n’avait malheureusement pas encore de réponse précise à lui donner, puisqu’elle n’en savait fichtrement rien, mais opta pour rester évasive. « Je ne sais pas encore, j’ai reçu plusieurs propositions, mais je n’ai pas fait mon choix… » dit-elle en guettant attentivement la réaction de Maximilien. « Enfin ce n’est pas pressé, j’ai encore le temps d’y réfléchir. » conclut-elle, avant de ranger ses affaires dans son sac et de passer ce dernier sur son épaule.

L’heure du goûter arrivait, et elle devait filer à Grande Salle si elle comptait espérer attraper quelque chose à grignoter. Et en plus, il fallait qu’elle passe un peu d’eau sur son visage, parce qu’à force de se retenir de pleurer, ses yeux étaient un peu rouges. Elle ne voulait pas que Maximilien puisse voir que tout ce qu’il lui avait dit l’avait atteinte d’une façon ou d’une autre. « Je pars avant, fini bien ta potion pour Maman. » lui dit-elle, sans pouvoir cacher la rancœur dans sa voix. Elle tourna ensuite les talons, et disparu au détour d’un couloir, sans attendre sa réponse.


******

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, Alexandra passa sa tête derrière le coin du couloir, et constata que Maximilien n’avait toujours pas bougé de l’endroit où il était, occupé à préparer sa potion. Soupirant, elle se dirigea d’un pas léger vers lui, et se rassit sur le banc, les yeux fixés sur un point imaginaire droit devant elle. Elle posa ensuite une serviette dans laquelle elle avait mis des petits bouts de toasts tartinés des confitures préférées de Maximilien, ainsi qu’une petite flasque de jus de citrouille. « Je t’ai apporté ton goûter. » lui dit-elle à voix basse, sans le regarder.

Elle se releva ensuite, passa près de lui, et le prit dans ses bras. Elle serra la robe de sorcier de son frère de ses petites mains minuscules, et essaya de lui  faire comprendre à travers cette étreinte, qu’elle s’en voulait pour la dispute de cette après-midi. « Désolée pour tout à l’heure… » murmura-t-elle, au cas où ça ne soit pas suffisant, et que la colère qu'il éprouvait contre-elle brouille la connexion qu'ils avaient entre eux. Celle qui leur permettait de se comprendre parfois sans avoir à dire un seul mot. « Je… J’essayerai de ne plus faire de choses derrière ton dos, mais ça risque de prendre un peu de temps… alors… si tu veux bien être juste un petit peu patient… » lui demanda-t-elle, presque suppliante. « Mais je ferai des efforts pour toi. » acheva-t-elle, la voix brisée. Elle lui déposa ensuite un baiser sur la joue, lui fit un sourire triste, et quitta le couloir pour le laisser seul.

[ 2819 mots ]
[ Terminé pour Alexandra ]

Mis à part ses rires à s'en décrocher la mâchoire, Alex' ne commenta pas le petit instant de panique de Maximilien. En soi, il était prêt à admettre que sa retraite précipitée suite aux bruitages et gesticulations de sa cadette avait de quoi être comique, d'où le sourire qui vînt rapidement se glisser sur ses lèvres, mais ça ne voulait pas dire pour autant qu'il souhaitait s'y attarder pendant des plombes. Allez savoir pourquoi, il avait tendance à préférer les situations où il était en position de s'esclaffer aux dépends de quelqu'un, plutôt que l'inverse. Et pourtant, entre McCornick, Ally et Alex', il échappait difficilement à ces occasions funestes où il se ridiculisait, à leur grand ravissement. La glissade dans les escaliers ne faisait pas encore partie du passé qu'il recommençait déjà à faire des siennes. Mouchoir ?

L'idée que Rudy Spencer puisse s'auto-cloner avait de quoi fournir matière aux cauchemars les plus terrifiants. Quelque part, devant la tension que provoquait un tel récit chez l'auditeur, il n'était pas étonnant que Max' se soit fait entourlouper et par conséquent effrayé, par sa sœur. Spencer était actuellement un danger public incapable d'utiliser correctement sa baguette magique et souvent impliqué dans des histoires de lynchages d'élèves le gendre idéal. Alors en voir apparaître un modèle identique - voire diminué intellectuellement, si jamais le sort requérait qu'ils partagent leurs neurones ? - avait de quoi filer la chair de poule à n'importe quel individu normalement constitué. « Pas que je sache, ça me parait impossible... Il faudrait demander au prof de Métamorphose, par précaution. » répondit-il histoire de calmer le jeu. Pour ce qui était du Polynectar, il doutait très fortement que Spencer ait les capacités nécessaires pour préparer une telle potion. Et même si dans un univers parallèle complètement loufoque ça avait été le cas, le deuxième Spencer aurait, de toute façon, conservé sa propre identité. Le pire scénario imaginable serait donc que Bradley prenne du Polynectar pour devenir le second Spencer, et à deux ils pourraient faire sauter le château en moins d'une journée. Traumatisant. Profitant des récits d'Alexandra concernant la famille Spencer, Maximilien saisit l'occasion pour passer du dramatique au comique - de son point de vue - et compara leurs deux familles. Il savait parfaitement que l'analogie la plus logique - et évidente - aurait été d'associer Jérémy à Rudy, et Alex' à un autre des frangins le plus dingue, mais il avait envie d'embêter sa sœur, aussi n'hésita-t-il pas un instant. C'était sa revanche pour la frayeur récente, en quelque sorte. « Si tu le dis ! » commenta-t-il donc dans un haussement d'épaules, sourire moqueur aux lèvres. Elle en profita pour se comparer à un dénommé Riley encore un ?, et le blond s'inclina poliment, comme pour lui donner raison, bien que le petit air narquois qu'il arborait toujours en dise long sur ce qu'il pensait.

Quoique toujours amusé, Max' prit le temps de méditer la comparaison entre leur frère aîné et Rudy Spencer encore un shot ! Déjà bourré ?. « Je ne pense pas que Jérémy aurait été à Poufsouffle, cela dit. » nuança-t-il un peu plus sérieusement. C'était une question qui l'avait souvent intrigué. Si son frère avait été un sorcier, où le Choixpeau l'aurait-il placé ? Certainement pas à Serdaigle, il n'avait ni la curiosité intellectuelle, ni le côté réfléchi. De par son impulsivité, Max' tendait à le placer à Gryffondor, mais un seul trait de caractère ne faisait pas tout. Et puis, Spencer était bien à Poufsouffle, alors qu'on leur rabâchait sans cesse que c'était la maison des 'justes' et 'intègres'. Or, aux dernières nouvelles, cogner sur son prochain n'avait rien de très reluisant. « Eh, au moins il est intelligent. » contra-t-il avec nonchalance quand il fut question du petit dernier de la fratrie. Ce n'était pas comme si Max' n'était pas quelqu'un de plutôt égocentrique. Il avait une haute estime de ses propres capacités intellectuelles, néanmoins, il évitait d'étaler sa science devant le premier venu. Tout était matière de dosage. « Sinon il y a toujours celui qui est bon en sortilèges, Connor ? » Bref, tout mais pas Rudy le pauvre. Maximilien préférait pour sa part les potions aux enchantements, mais qu'à cela ne tienne, une matière de prédilection lui suffisait, tant qu'elle était importante. Il balaya la pseudo insulte de sa sœur en lui adressant son sourire en coin habituel, celui qui signifiait qu'il assumait parfaitement sa propre bêtise. Quant aux prouesses sportives de Rudy, elles avaient autant surpris Alex' que Max'. En temps normal, bien que gigantesque et impressionnant, le Poufsouffle ne payait pas de mine tant il était doué pour les cascades, mais mettez-le sur un balai et il devenait un autre troll homme. Il acquiesça d'un hochement de tête amusé à la proposition de sa cadette de le garder sur un balai à longueur de journée, bien que cette solution ait elle aussi ses failles: l'idée d'un bonhomme gros comme un cachalot, mais virevoltant à travers les couloirs du château était un poil alarmante. S'il s'écrasait sur quelqu'un dans de telles conditions, c'était la mort par chute de cachalot assurée.

Après réflexion, Maximilien réalisa que pour sauver son amour propre et sa réputation, quitte à périr dans un sinistre accident, mieux valait que le responsable soit Rudy plutôt qu'Alexandra. Mourir suite à une commotion cérébrale provoquée par un des attentats au yaourt d'Alex' n'avait rien de très glorieux, ni de très glamour. Il préférait encore que Rudy le zigouille accidentellement en l'envoyant voler vers d'autres cieux lors d'un match de Quidditch, par exemple. Certes, dans les deux cas il ne serait plus de ce monde, mais au moins il aurait la satisfaction de ne pas voir son nom entaché par le ridicule sa mort. Sujet glauque au possible. Néanmoins, il concéda la victoire à sa sœur, ne serait-ce que pour lui faire plaisir. Et pour qu'elle ne le tue pas sur le champ. Par contre, il aurait été bien plus satisfait s'il avait pu se dire que Spencer et le Détonateur quitteraient sa classe à la fin de l'année. D'un côté, ce serait tragique pour Alex', mais au moins il aurait pu passer le restant de sa scolarité sans que ce soit une lutte de tous les instants pour la survie. Et en même temps, il ne regrettait pas d'avoir cours avec les Poufsouffle, puisque ça lui donnait l'occasion de travailler en binôme avec McCornick. « Et oui, du coup je me les coltine pour toi. » conclut-il avec un fatalisme exagéré. Mais bon, il avait survécu jusqu'ici, il n'y avait donc pas de raison pour que ça change. Il pourrait se servir de Tyler comme bouclier, en cas de problème.

Il hésita lorsque sa sœur lui posa une colle, pas certain d'être qualifié pour répondre à ce genre de questions. Après tout, même si contrairement à Alex', il se tenait au courant de ses dates d'examen, il provenait quand même du même milieu qu'elle et était plutôt mal informé concernant les BUSEs, ou encore les ASPICs. C'était aussi nouveau pour elle que pour lui - quoiqu'il ait commencé à rattraper son retard au début de l'année. Le fait était qu'il n'aimait pas ne pas être au courant, aussi se promit-il de faire de plus amples recherches sur la question une fois qu'il aurait quitté sa sœur. « Je ne sais pas, il faut le faire quand même, pour rater toutes ses BUSEs. » remarqua-t-il, cette fois sans sa complaisance habituelle. Son propre manque d'information l'empêchait de se sentir - dans l'immédiat - supérieur aux pas doués qui rataient l'intégralité de leurs examens. Ne pas avoir une seule matière pour sauver les meubles ? C'était quand même pas commun. « Oui mais au moins il sait qu'il n'aura que les meilleurs. » contra-t-il simplement, sans souhaiter lancer le débat. Dans tous les cas, ça ne devait être l'affaire que d'un prof, voire deux, les autres devaient bien être conscients qu'obtenir un Optimal n'était pas une tâche aisée. Lui, tant que ça pouvait le débarrasser d'au moins un des hurluberlus qu'il se coltinait à chaque cours, ça lui allait.

Il n'insista pas concernant le cas des Poufsouffle. Il s'était déjà fait la réflexion un peu plus tôt, et en somme, il n'y avait pas grand-chose à ajouter. Il y avait des idiots partout, et malheureusement, Serdaigle n'était pas en reste. Cependant, il n'avait pas envie d'évoquer le cas 'Tyler', aussi embraya-t-il aussitôt sur le triste sort du Détonateur. « Pas la peine, il sait déjà ce que je ressens pour lui. » répondit-il devant l'air amusé de sa sœur. Pas de doute que depuis le temps, ce pauvre bougre était conscient que Maximilien ne le portait pas dans son cœur. Si à la rigueur, il avait été à Serdaigle, Max' aurait fait des efforts dans un esprit de solidarité, mais là, pas moyen.

Maximilien était conscient qu'il lui arrivait de trop fliquer sa sœur, tâchant tant bien que mal de la protéger de tout danger. C'était quelque chose qu'il comprenait malgré le fait qu'il ne l'ait, lui, pas vécu vis-à-vis de leur aîné. Pas depuis des lustres, en tout cas. Il arrivait en revanche qu'Alex' le couve trop, et ça pouvait s'avérer hautement irritant (ou simplement humiliant, quand c'était à la suite d'une bagarre). Il ne voulait pas empêcher sa cadette de faire ce qu'elle souhaitait. Même si ce qu'elle souhaitait était un sport dangereux. Son sport dangereux. Il provenait d'une famille de trois enfants, il savait partager. Peut-être qu'il aurait été moins catégorique s'il avait s'agit des Bavboules (si, si, on dirait pas mais c'est risqué les Bavboules !), parce qu'il ne s'agissait pas de sa passion. En tous les cas, il finit par capituler, et accepta de regarder sa sœur voler. Au fond, ça ne coûtait rien. Si elle jouait bien, elle pourrait être un atout considérable pour l'équipe de Serdaigle, et si on les gardait tous les deux, ils auraient l'occasion d'établir des stratégies inédites avec Jamie, l'autre poursuiveur. C'était plus cool que ça ne lui avait semblé au début. Du moins, jusqu'à ce qu'Alex' lui apprenne qu'elle s'était entraînée aux côtés d'Arthur.

C'était la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Sourcils froncés, regard électrique, il perdit la dernière once de self-control qui lui avait jusqu'alors permis de rester relativement tempéré. Qu'elle joue au Quidditch, au rugby même si elle le souhaitait, au fond, il ne pouvait pas l'en empêcher. Mais le fait qu'elle le lui ait caché pendant tout ce temps pour mieux le partager avec Arthur - et par extension Aélys, devinait-il... C'était trop. Il la laissa s'exprimer à son tour trop gentil, l'amertume qu'il lisait dans son regard lui serrant les entrailles. Comment en étaient-ils arrivés à là ? Tout d'un coup, ses disputes avec Jérémy lui paraissaient moins violentes que celle-ci. Contrairement à Jér', Alexandra était capable de transmettre ses pensées et ses sentiments autrement que par l'usage de ses poings. Et elle marquait des points, là était le problème. Il nota dans un coin de sa tête qu'elle n'avait pas directement mis Aélys au courant, bien que ça n'y change pas grand-chose. Il était évident qu'Arthur lui en parlerait, et Alex' le savait parfaitement. Ils connaissaient les jumeaux Bey depuis suffisamment longtemps pour connaître leur mode de fonctionnement. Mais en l'occurrence, ça n'était pas le plus important. Certes, il n'était rien arrivé à la blonde, mais ça aurait pu. Et au lieu de Tyler, ça aurait été McGonagall qui lui aurait appris la grande nouvelle. Au final, rien de tout ça ne s'était produit, mais ça n'empêchait pas Maximilien de se sentir trahi.

Se détournant de sa sœur, Max' reprit sa potion là où il l'avait laissée. Néanmoins, ils se trouvaient dans un couloir désert et silencieux, et le - pourtant discret - reniflement qu'elle émit quelques instants plus tard ne lui échappa pas. Il coula un regard discret en sa direction et s'en voulut aussitôt de l'avoir affectée à ce point. Il lui en voulait toujours de lui avoir caché sa nouvelle activité extra-scolaire, c'était indéniable, mais il songea que les choses auraient pu se passer autrement. De manière moins destructrice. Mais c'était caractéristique de Maximilien: lorsqu'il craquait, il le faisait une bonne fois pour toutes. Il ne faisait pas la tête, ne boudait pas dans son coin - sauf après s'être fait refaire le portrait par Jérémy, mais c'était un cas particulier -. Une fois qu'il avait dit ce qu'il avait à dire, il était capable d'aller de l'avant. Et éventuellement, ça serait le cas là aussi, parce qu'il était incapable d'en vouloir à Alex' trop longtemps. Seulement, il ne savait pas s'il en serait autant pour elle. Il était intimement convaincu de n'avoir fait qu'énoncer la vérité, mais à voir son air meurtrier quelques instants plus tôt, il y avait fort à parier qu'elle ne partageait pas ce point de vue. Il n'ajouta plus rien, travaillant en silence pendant quelques temps.

Ils ne s'adressèrent la parole à nouveau que pour discuter du bal, et cette fois, ce fut à Max' de se trouver sur le banc des accusés. Mais même si l'idée de voir Alex' se rendre au bal avec un guignol qu'il devrait éliminer par la suite ne le ravissait pas, il devait admettre que c'était la solution la plus simple. C'était plus rassurant que de devoir la laisser partir toute seule en se demandant si elle arriverait à trouver son chemin dans King Cross, et si un avis de recherche la concernant aurait déjà été lancé avant qu'il n'ait mis le pied au bal. « D'accord. » répondit-il avec neutralité, peu habitué à ce que leurs échanges soient aussi formels. Il n'avait vraiment pas envie que ça devienne une habitude. Il l'entendit ranger ses affaires et lui adresser quelques mots, et l'observa avec impuissance tandis qu'elle s'éloignait. Elle avait raison sur un point: il était effectivement buté. Idiot aussi, mais c'est un autre débat. Et pas que ça. On aurait pu croire qu'au vu de l'état de leur famille, il se spécialiserait dans les conflits, mais ça n'était absolument pas le cas. Il savait se déchaîner à grands renforts d'arguments qu'il jugeait irréfutables, il savait plonger pour tacler son frère avant que celui-ci n'ait le temps de lui envoyer son poing dans la figure, mais il ne savait pas gérer les disputes. Encore moins quand Alex' était concernée. « A plus tard... » murmura-t-il bien que parfaitement conscient qu'elle ne l'avait pas entendu. Elle était partie trop vite pour ça.

Désormais complètement seul, Maximilien se mit en tête d'en finir avec ce fichu cadeau, mais sa tête était ailleurs. Par chance, il connaissait suffisamment bien la potion pour pouvoir accomplir les derniers gestes par automatisme. Il venait d'éteindre le feu, et s'apprêtait à récupérer le contenu dans un flacon, lorsqu'il entendit des bruits de pas. Il se tourna par réflexe et fut à la fois soulagé et méfiant quand il aperçut Alexandra. Il déglutit lorsqu'elle déposa ses victuailles auprès de lui. « Merci, Alex'. » dit-il d'une voix bien moins assurée que précédemment. Il ne voulait pas être en froid avec elle. Sa relation avec Jérémy était déjà suffisamment horrible comme ça, il ne pourrait pas supporter que celle qu'il entretenait avec Alexandra se détériore de la même manière. « Je suis désolé aussi, j'aurais pas dû m'énerver comme ça. » reconnut-il en serrant fort sa cadette dans ses bras, relâchant un souffle qu'il n'avait pas conscience d'avoir retenu. Tout irait bien. « D'accord... » acquiesça-t-il en regrettant fortement la légèreté du début de leur conversation. Tout semblait différent à présent. Il lui adressa un faible sourire à son tour, avant qu'elle ne le laisse à nouveau. Il soupira, versant une partie du chaudron dans la fiole qu'il avait apportée, avant de vider le reste à l'aide de sa baguette. Il avait besoin d'être seul pour l'instant, le temps d'intégrer tout ce qu'il venait d'apprendre, et de faire le tri. S'il avait pu faire ça avant de voir Alex', il se serait probablement senti moins trahi, et moins prompt à lui jeter la pierre. Mais bon, ce qui était fait était fait.