On était en décembre. Cela faisait à présent deux mois qu'une nouvelle manifestation de la vague noire avait été repérée dans l'enceinte de Poudlard par le Ministère, et deux mois que cette réalisation s'était faite bien trop tard. C'était égoïste, mais dans un moment pareil, Maïlys était incroyablement soulagée de ne plus être à Poudlard. Certes, rien ne disait qu'elle serait allée dans les serres de botanique. D'après ce qu'elle avait compris, c'était pour une activité optionnelle que les élèves y étaient présents, et rempoter des plantes par bonté de cœur n'avait jamais fait partie de ses attributions. Elle avait par ailleurs abandonné la Botanique à la première occasion, une fois sa BUSE obtenue. On pouvait difficilement faire pire que cette matière. Tous ces organismes microscopiques - et parfois pas si microscopiques que ça - planqués dans la terre, attendant juste la première morsure d'une plante un peu trop gourmande pour pénétrer dans votre organisme et vous infecter. Rien que les plantes en elles-mêmes étaient monstrueuses. Elles n'avaient rien à voir avec le genre de fleurs qu'ils avaient dans leur jardin, à Milan. Elles étaient vicieuses, et souvent dotées de crocs. L'Italienne refusait catégoriquement d'y toucher dans ces cas-là, et laissait sans hésiter tout le travail pratique à son binôme. Le chanceux. Elle pouvait observer la plante, rédiger une maudite encyclopédie dessus s'il le fallait, mais y toucher ? Pas question.
Quoiqu'il en soit, il n'était pas question d'elle, puisque comme dit précédemment, Maïlys avait quitté Poudlard depuis deux ans à présent. Mais elle ramène quand même tout à elle, bonjour l'égocentrisme ! Néanmoins, elle travaillait désormais au Ministère, et avait rapidement pris connaissance des évènements grâce aux bruits de couloir. Fort heureusement, aucun élève n'avait été grièvement blessé. Les proches de Maïlys, ainsi que sa famille, avaient déjà tous terminé leurs études à l'école de sorcellerie, aussi n'avait-elle pas eu à vivre l'anxiété qu'avaient connu bien des sorciers. Elle ne voulait même pas imaginer dans quel état de nerf elle se serait trouvée si elle avait dû attendre pendant des heures un hibou qui n'arrivait pas, afin de lui assurer que oui, Heaven, Haven ou Jenson étaient toujours vivants. C'était une situation ô combien frustrante, parce qu'il n'y avait rien à y faire: on ne pouvait pas se pointer à Poudlard comme ça, on devait seulement attendre.
Deux mois plus tard, les choses semblaient s'être calmées à nouveau. Plus de signe de vague anormale de magie noire à Poudlard, plus d'incident à signaler. C'était un peu ce qui s'était passé l'année précédente, finalement. Des irrégularités, et puis plus rien. Après une brève accalmie suite à la guerre et à la reconstruction, le château était vraisemblablement retombé dans ses travers passés: impossible d'y passer une année normale. Maïlys malgré son grand âge avait pour sa part dû subir les tourments de la disparition de la magie. A ce jour, ça restait la pire année qu'elle avait passé à l'école. En tant que Sang Pure, il lui était impossible d'imaginer une vie sans pouvoir agiter sa baguette et envoyer valdinguer quelqu'un sadique, ou faire apparaître quelque chose. Elle se sentait incroyablement vulnérable sans magie. Et au-delà du simple outil de défense, c'était surtout son outil de soin. Les moldus ne faisaient pas le poids face à la rapidité d'une potion, ou d'un sortilège. Vivre sans magie reviendrait à ses yeux à vivre dans la tourmente pour toujours.
Ces pensées avaient longtemps occupé l'esprit de la blonde, qui en avait rediscuté avec Adam, Elorah et Jenson - qui, elle le savait, avait également très mal vécu la disparition de la magie, à l'époque - après que la nouvelle de l'incident ait fait le tour du monde sorcier. En quittant le Ministère - et bénéficiant d'une pause relativement longue -, l'Italienne songea d'ailleurs à passer rendre visite à ce premier, mais l'idée de le voir à nouveau en compagnie d'une greluche rousse l'en dissuada. Qu'il roucoule avec qui il voulait: ça n'était pas ses oignons (si c'était vraiment le cas, alors pourquoi sentait-elle son sang bouillir rien qu'en y pensant ?) Vaguement irritée à présent, elle opta finalement pour un thé au Chaudron Baveur: elle avait besoin d'avoir les nerfs apaisés avant de retourner travailler sinon elle allait encore assassiner quelqu'un, et les traces de sang sur la moquette étaient horriblement dures à détacher. Au moins elle n'avait plus à faire le grand désinfectage de la maison tous les jours, maintenant qu'elle avait refilé que Tomas avait emménagé avec Haven. Ce n'était pas qu'en soi, l'Allemand soit si dégoûtant que ça, c'était simplement plus fort qu'elle. Elle avait bien essayé de s'y faire - parce que mettre la maison sans dessus dessous tous les soirs était épuisant, surtout qu'elle travaillait généralement tôt le lendemain -, mais c'était au-delà de ce qu'elle pouvait supporter. Elle ne trouvait pas le sommeil tant que ça n'était pas fait. Rassérénée par la pensée d'avoir ce poids là en moins, elle s'installa à une table libre du pub, et commanda un thé aux fruits rouges à une serveuse passant à proximité. Opération zen: enclenchée.
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