Baignoire pleine de bulles. PV Alan Carmichael

- Vraiment, ne vous embêtez pas, ce n'est vraiment rien.

- Ben tiens ! La tête en sang, une brûlure au deuxième degré, un petit malaise vagal et une plaie qui risque de s'infecter. C'est la 'teuf' comme vous dites, vous les jeunes ! Vous allez me faire le plaisir d'avaler ça.

Lança une Mme Pomfresh au bord de l'apoplexie en tendant un morceau de chocolat à Alan « Merci. ». De tous les soins que lui avait prodigué Mme Pomfresh depuis son arrivée à Poudlard (et ça remontait tôt : Alan était tombé de son balai dès son premier match de Quidditch), manger du chocolat était de loin son préféré : pour la peine il se ferait presque volontairement offert à une crabe de feu, quotidiennement, si la douleur que provoquait la brûlure de ce dernier n'était pas si forte.
Plus que douloureuse, son expérience avec les créatures magiques de Poudlard avait aujourd'hui été embarrassante. Lui qui passait tant de temps avec les animaux qu'il étudiait en SACM avait été victime d'un accident pour le moins idiot. Ridicule aurait-il dit.
Alors qu'Alan jouait avec un des Fléreurs, Hagrid s'occupait des Crabes de feu et prenait – comme à son habitude – beaucoup de plaisir à jouer avec. La flamme qui sortit de l'animal fut si soudaine et rapide qu'Alan n'eut pas le temps de l'éviter, trop occupé à tenir le Fléreur à l'abri du danger. Le Poufsouffle se brûla le bras et bêtement, se prit les pieds dans une racine, pour s'échouer tel une baleine disgracieuse au sol, lamentablement. L'histoire aurait pu s'arrêter là si le Poufsouffle ne s'était pas cogné la tête contre une pierre et si la vue du sang ne l'avait pas dérangé outre mesure – chose qu'il ignorait d'ailleurs, n'ayant été jamais exposé à de l'hémoglobine. Résultat des courses : il était là, allongé sur un lit de l'infirmerie, pénard, Mme Pomfresh gesticulant dans tous les sens comme si sa vie était en danger il exagérait à peine.
Cette expérience lui avait au moins appris qu'une vigilance constante était indispensable, qu'on soigne un dragon, ou un juste un Niffleur quoique moins dangereux, il était aussi très important de surveiller un Niffleur. Si, si..

Après plus de quarante-cinq minutes passées à l'infirmerie, et alors qu'Alan continuait encore de rassurer Mme Pomfresh sur son état « Je vous assure, je vais très bien. Si j'ai la moindre douleur, je viens vous voir. Si je n'ai plus de crème anti-brûlure, je viens vous voir. Et si la plaie se réouvre – chose qui est impossible comme vous me l'avez dit une douzaine de fois, oui je sais – je viens aussi. Merci pour tout , bonne soirée et bon dimanche. » il eut enfin le droit de vaquer à ses occupations.

Trop content de pouvoir enfin quitter l'infirmière de l'école – qu'il trouvait d'ailleurs franchement à cran depuis l'épisode 'séquestration des professeurs' – Alan décida de ne pas se rendre tout de suite dans la salle commune de Poufsouffle. Du sang avait coulé sous les ponts dans son cou et même si ce n'était rien, il trouvait plus propre et plus rassurant pour tout le monde de s'en débarrasser avant de rejoindre ses amis, Prudence « OH PUTAIN. Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Tu t'es battu ? Qui t'a fait ça ? T'as répliqué, hein, hein, hein, dis moi ? Tu lui a réglé son compte j'espère ! S'il est pas au moins mort, le gars, j'te parle plus. » et Quino  « EURK, du sang ! T'as fait ça comment ? Attend, j'espère que t'as pas affronté une Chimère. Purée dis moi que tu l'as pas tuée ? Non c'est très cool que tu sois en vie hein, mais quand même, c'est hyper rare comme créature ! ».

Le sorcier se dirigea donc vers la salle de bain des préfets puisqu'il n'était pas préfet, logique y avait accès depuis sa nomination au poste de capitaine de Quidditch. Sa plaie à la tête avait été habilement désinfectée et refermée par Mme Pomfresh et elle était déjà invisible. Sa brûlure au bras était cependant encore en cours de guérison et il avait pour consigne d'appliquer de la crème à fréquence régulière pendant 24h. Mme Pomfresh l'avait protégée avec une simple bande nouée dessus et bien évidemment, il devait éviter de la mouiller la bande, pas Mme Pomfresh. En plus de tout le reste, Alan trouvait plus judicieux et pratique de se laver dans la baignoire de la salle de bains des préfets, que dans la douche de son dortoir : ainsi, il ne risquait pas de mouiller quoique ce soit.

Entrant dans la salle de bain, Alan fut soulagé de constater qu'elle n'était pas occupée par une fille : dans ce cas là, la porte serait restée fermée. Convaincu ainsi d'être seul, vu l'heure peu avancée du début de soirée, Alan entra, sans chichi. A peine à l'intérieur, il se rendit compte que la salle de bain n'était finalement pas plus libre qu'un homme marié : la baignoire était remplie d'eau et de bulles et Graham reposait gentiment dans le grand bain.

- Oh purée... purée, purée, purée, purée.

Alan écarquilla de grand yeux, moins surpris par la présence de quelqu'un dans la salle de bain que par celle de Graham. Grahaam ! Oh pinaise...

- Oups, je suis désolé. Je te laisse finir, je ne te dérange pas.

Bien qu'ils soient amis, hors de question pour Alan de déranger le Gryffondor dans ce moment là. Déjà il trouvait très gênant de surprendre quelqu'un en train de se laver – ça ne lui arrivait jamais, dans le dortoir il attendait toujours que Quino ait fini pour emprunter la salle de bain – mais en particulier ici : plus qu'une salle de bain lambda, la salle de bain des préfets était faite pour se relaxer. Et lui qui détestait déranger les gens, aurait très mal vécu de briser la quiétude des lieux par sa présence. Et en plus, il s'agissait de Graham donc double pression.

Mal à l'aise au possible, Alan entra dans un grand jeu de comédie dont il ne se sentait au début pas capable : il n'avait à vrai dire pas le choix, s'il laissait le vrai Alan Carmichael s'exprimer, la discussion prendrait des airs de cauchemars éveillés, en commençant par un « Oh mon Dieu... Euh... Oh purée. », continuerait par un « J'ai eu... poney. Euh, aqua-licorne ! Non ! Il faut que j'y aille, Voldemort m'attends, euh, Prudence. » et se terminerait par son départ immédiat et brinquebalant de la salle de bain les yeux exorbités et la bave aux lèvres. Si Alan avait bien appris quelque chose en étant à Poudlard depuis 4 ans, c'était à cacher sa timidité sous un léger jeu d'acteur, qui lui donnait un air cool assez souvent, pour qu'il en oubliât sa timidité maladive.

Graham n'était pas la personne qu'Alan voulait voir. S'il s'était imaginé une seule seconde voir son camarade préfet dans cette salle de bain en y allant, jamais il n'aurait prit le risque d'y monter. La situation était bien trop tendue entre eux : enfin, elle était surtout tendue du côté d'Alan, en fait, le Poufsouffle fuyait son camarade comme la peste depuis la rentrée, la faute à un été beaucoup trop bizarre, à penser à lui un peu trop souvent. La faute surtout à un rêve, qui mi-juillet, lui avait fait prendre conscience de choses qui leur aurait paru risibles Quino et lui quelques mois plus tôt. Alan voyait à présent Graham différemment et il était hors de question pour lui de se lancer dans une discussion avec le sorcier avant d'avoir soigneusement identifié ce qu'il se passait et réfléchi à quoi dire, comment, quand et à quelle fréquence. Sauf que le destin en avait ironiquement choisi autrement.

- Euh... T'es sûr ?

Lança le Poufsouffle au lion, dubitatif : le sorcier doutât qu'en des centaines d'années d'existence du château, quelqu'un – préfet ou professeur capitaine – ait déjà prit avec un bain avec quelqu'un d'autre mais après tout il faut une première fois à tout, allez hop !. Vraiment, vraiment, Alan s'en serait voulu de briser le moment de quiétude de Graham... sans parler du fait que prendre un bain avec lui – prendre un bain avec quelqu'un en fait, peu importe la taille de la baignoire – était bizarre.

Dorénavant en pleine de partie de 'Qui sera le plus cool ?', Alan n'avait d'autre choix que de riposter avec aisance : c'était ça Poudlard, pour lui, c'était faire croire aux autres qu'il n'était pas un intello coincé et snobinard, aussi à l'aise en société que Mme Pince dans une Wave Party : il devait donner au change, si un jour il comptait plaire à quelqu'un, prendre sur lui pour avoir l'air détendu était une nécessité. Il n'y avait qu'à voir comment Prue et Quino l'étaient naturellement pour vous donner des complexes, d'ailleurs : c'était à se demander comment ils étaient amis.

- Ok.

Lança le sorcier, en se grattant la tête de sa main valide. Il n'avait à présent plus de choix : tout faire pour paraître à l'aise et espérer que Grahman ne le dévisage pas trop du temps où il allait se déshabillerait et irait à l'eau. Si le corps d'Alan n'avait jamais été un problème pour lui – il avait toujours été relativement fin et depuis qu'il pratiquait le Quidditch, quelques nouveaux muscles semblaient poindre après chaque match – il n'était pas très à l'aise avec la nudité partielle la nudité totale par contre, ça passe. Il voyait bien – de surcroît – que Graham n'était pas un garçon particulièrement complexé : le haut de son corps sortait de la mousse dense de la baignoire et il n'y avait pas de quoi rougir. Il n'y avait manifestement pas que le Quidditch qui musclait « Tu fais des combats de boxe clandestins, Graham ? Tu as des choses à me dire ? »

- Moi ? Ça va... J'essaie de bosser le plus sérieusement possible, malgré les entraînements de Quidditch qui nous prennent beaucoup de temps. Je me prépare à l'an prochain du mieux que je peux : je n'ai envie de rater aucune BUSE. Je ne sais toujours pas quoi faire après Poudlard, donc je ne veux me fermer aucune porte.

Ce qu'Alan ne lui disait pas, c'était qu'il espérait décrocher toutes ses BUSEs, l'an prochain, avec mentions. Eddie Carmichael était très attaché aux résultats scolaires de son fils et il était hors de question pour lui de ne pas donner au moins le meilleur de lui-même dans toutes les matières. Hélas, Alan était loin d'avoir un niveau Optimal dans toutes les matières de Poudlard et malgré les encouragements de ses parents, en plus du Quidditch, trois options étaient compliqué à gérer sans parler de la BAM qui honnêtement, nous prend facilement une heure de temps tous les jours.

Alan enleva son tee-shirt, si rapidement qu'on doutât presque d'avoir vu le geste : il voulait autant que possible écourter son strip-tease non désiré devant Graham : une fois dans l'eau, ils pourraient parler tranquillement et sans gêne que tu crois, avec l'autre à poil. Le Poufsouffle enleva son pantalon, ses chaussettes et une fois en caleçon, rejoignit la baignoire avec autant d'aisance qu'il pouvait jouer. Il avait enlevé sa bande au bras, histoire d'appliquer à nouveau de la crème, une fois le bain pris.

- Derek ? Comme s'il me faisait peur...

Lança Alan en rigolant : alors oui et non. Alan respectait beaucoup le Serpentard, surtout depuis qu'il avait été nommé capitaine de Quidditch en étant arrivé à Poudlard peu de temps avant. Ils partageaient le Quidditch comme passion et bien qu'ils soient adversaires, ils s'entendaient très bien. Après, Derek était bien plus âgé qu'Alan, donc, fatalement, plus impressionnant. Il savait donc par avance l'issue d'un bras de fer avec lui.

- Non... J'étais avec Hagrid. J'ai voulu protéger un Fléreur des flammes d'un Crabe de Feu et c'est moi qui les ai prises. J'en ai même profité pour me cogner à la tête, tant que j'y étais...

Lança Alan en souriant – avec honte – et en s'approchant de Graham pour lui montrer sa blessure. Autant qu'il lui montre qu'il était un homme et qu'il n'allait pas pleurer pour une blessure aussi ridicule ! Non, les pleurs, trop peu pour lui ! il préférait clairement s'évanouir, ça c'était plus viril !

Alan trouva une espèce de réconfort une fois son corps dissimulé dans l'eau. Pas qu'il ait une partie du corps à spécialement cacher, mais il ne s'était que très rarement retrouvé en présence de congénères légèrement voire pas du tout vêtu. Il voyait régulièrement Quino en pyjama Bob l'éponge ou en peignoir quand il sortait de sa douche, mais là encore les deux amis veillaient toujours à garder une certaine intimité entre eux. Puis là, les circonstances étaient particulières : plus qu'un camarade capitaine ou préfet, il s'agissait de Graham, un ami certes, mais un ami qui ne  laissait plus Alan indifférent.

- L'histoire de la magie, c'est intéressant... mais Binns n'aide pas les élèves à s'en rendre compte je trouve. Répondit Alan après avoir sourit à la remarque de Graham sur lui les nerds.

Lancez Alan sur un sujet de cours et il aura toujours quelque chose à dire dessus. A l'inverse de ses deux meilleurs amis qui cherchaient à Poudlard le grand frisson, l'Irlandais lui, n'avait que les études dans la tête. Le Quidditch était un excellent moyen pour lui de s'évader et de créer des liens forts avec ses camarades de jeu (et de maison aussi, via leur encouragements), mais il ne ferait jamais passer la réussite de son équipe avant sa réussite scolaire : il jugeait les notes plus importantes et surtout, ses parents ne l'auraient pas permis même si maman avait fait carrière dans le Quidditch.

Maintenant qu'il était près du rouge et noir, le regard du Poufsouffle se riva sur ses yeux noisettes : hors de question de les baisser vers le haut du corps de Graham et ainsi trahir sa gène. Sa poker-face devait tenir quoiqu'il arrive. Alan redoutait plus que tout une réaction violente de son ami s'il voyait que celui-ci ne tenait pas la place qu'on attendait de lui, à savoir celle de quelqu'un qui n'appréciait pas plus qu'une fille le visage agréable - et la musculature, disons le franchement - du sorcier.

- Personne n'est obligé de savoir, non ? Lança Alan en souriant, pris malgré lui dans le jeu de Graham. Il était si à l'aise, si bienveillant et si sympa ! Avec lui, même Alan d'ordinaire plutôt anxieux s’apaisait. C'était ça qui plaisait tant à Alan, l'image d'un sorcier de son âge, populaire, plutôt mignon et incroyablement sympa : pas surprenant qu'il ait été élu Mister Poudlard par les autres élèves. Ce n'était pas à lui que ça arriverait, c'était clair.

- De toute manière je n'ai aucune fille à impressionner... lança t-il en manquant de rajouter « pas comme toi », sur un ton de reproche. Clairement, Alan avait finit par l'identifier, au bal de Noël, oui, il avait été jaloux. Jaloux de voir que d'un, Graham avait choisi une inconnue pour l'accompagner. Il était aussi un peu irrité de voir que toutes les filles lui couraient autour, ce qui devait très certainement, lui plaire.
Il ne pouvait pas le lui reprocher, car il n'y était pour rien, certes. Alan, lui-même, se moquait totalement des filles qui l'entouraient (enfin il en aimait certaines en amies et Dahlia ne l'avait pas laissé indifférent l'an passé, mais cette sombre passade était terminée), il n'était donc pas jaloux de Graham pour ça. Non, en plus de constater que Graham ne le remarquerait sans doute jamais, Alan était juste triste de constater qu'il était seul. Seul la plupart du temps parce que ses amis proches ne lui ressemblaient en rien, seul en amour, parce qu'il était incapable de comprendre ce qui lui arrivait, et surtout seul à constater qu'il changeait de plus en plus, sans comprendre pourquoi la pensée de Graham, subitement, lui faisait atrocement mal au cœur.
Voulait-il lui ressembler ou bien attirer son attention ? Cette énigme rendait Alan complètement confus, en particulier parce que de tout temps, avec Quino, ils n'avaient parlé que de filles, et pas de garçons. Il ne connaissait d'ailleurs aucun garçon amoureux d'un autre garçon. Était-ce autorisé et conventionnel ? Bien que son cœur lui soufflait que oui, il ne pouvait pas s'enlever de la tête qu'il n'était pas normal.

- Avec Prue ? T'es fêlé ou quoi ? Lâcha Alan, un peu familier, car plus surpris qu'il ne l'aurait cru par cette question. Ils avaient quoi, tous, à vouloir le caser avec Prue ? C'était la nouvelle mode, l'inceste ? Parce qu'Alan en était là : Prudence était sa sœur plus ou moins officielle, il avait grandit avec elle, ne se voyait certes pas vieillir sans elle, mais n'avait jamais, jamais imaginé une relation amoureuse avec. Yeurk. Cette idée, pire encore que de s'imaginer embrasser Viska ou Tempérance, le rendait malade. Pour sûr, quand on devenait ami avec lui, ça scellait toutes les autres possibilités.

Sauf avec Graham, éventuellement. Était-ce parce qu'ils n'étaient pas vraiment amis ? Ou parce que malgré ce qu'il se forçait penser, Graham lui plaisait vraiment ? Il était sympa et cool, oui, Alan s'en était toujours rendu compte. Mais depuis cet été, en plus du reste, Alan trouvait Graham beau, attractif. Il devait encore analyser si c'était l'envie de lui ressembler, mais le sorcier en doutait vraiment : il n'avait jamais vraiment fait attention à son apparence. Clairement, il s'en fichait de plaire physiquement à quelqu'un. Il préférait être sérieux en cours, ce qu'il assimilait à tort à de l'intelligence. Non, il n'enviait pas Graham physiquement : tout son être lui soufflait plutôt qu'il aimait le voir, être près de lui. A la réflexion, sa présence le rassurait et il aimait être à ses côtés. A ses yeux, Graham était un peu le garçon parfait, le sorcier bien sous tout rapport qu'Alan ne pouvait s'empêcher de regarder avec envie. Il ne voulait cependant pas que ça se voit : clairement Graham – comme tout le reste de la terre, à part lui qui se sentait de plus en plus bizarre – aimait les filles : il trouvait d'ailleurs les relations garçons-filles tout à fait naturelles, pour preuve il venait de lui parler de sortir avec Prudence.
Non, maintenant c'était décidé, Alan allait prendre sur lui et refouler illico-presto tout ces sentiments honteux qui l'assiégeaient à chaque fois que le rouge et or traversait un couloir. Il aurait été malade de savoir que quelqu'un pouvait d'ailleurs apercevoir l'un de ses regards attendris en direction de Graham et que ça finisse par retomber sur un de ses amis. Alan s'en voudrait toute sa vie si par sa faute, l'opprobre était jetée sur Prudence ou Joaquin. Sans compter que si Graham apprenait ce qu'Alan pensait de lui, il cesseraient certainement d'être amis, au mieux, et au pire il lui casserait la figure à l'aide de ses amis Gryffondor tout en muscles et en mâchoires saillantes. Il avait eu tort de se laisser aller à écouter son cœur - qui manifestement, partait à la dérive à cause des hormones adolescentes – Graham n'était que son ami et le resterait à jamais. Le mieux qu'il avait à faire, c'était rester à sa place et cacher ses nouveaux sentiments trop bizarres bien profondément en lui. Et que personne n'en entende jamais parler.

- Et toi ? Lança t-il, un peu agacé par la réflexion sur Prudence (surtout agacé qu'il ne soit pas le premier à la lui faire) Quelqu'un en vue ? Ta cavalière, peut être ?

Au fond de lui, Alan priait pour que la réponse soit négative, mais il se promit de toute faire, si tel était le cas, pour ne rien lui montrer de la rage qui l'habitait sa déception.

(1233)

Alan ne put s'empêcher de rire quand Graham lui avoua détester au plus haut point l'histoire de la magie. Hélas, il n'était pas le premier à le dire : la majorité des camarades de classe d'Alan trouvait le professeur Binns barbant au possible et il fallait reconnaître – même si Alan adorait se cultiver – que le professeur Montgomery-Bones était autrement plus fascinante que le fantôme multi-centenaire et pas parce qu'elle a combattu avec Harry Potter.

Les yeux d'Alan trahirent son admiration quand Graham lui lança qu'il avait un secret sur lui en l'appelant par son nom de famille, l'air malicieux : ce bref accès d'attention fit plaisir à l'Irlandais, il n'avait pas l'habitude que Graham s'intéresse à lui, ni même le taquine, même si c'était sur le ton de la plaisanterie. Pour ce qui était de la peur des représailles, Alan se fichait pas mal qu'on le trahisse et savait de toute manière que Graham était digne de confiance que tu crois.

- Euh non... très peu pour moi.

Alan ne visait pas du tout la célébrité. D'ailleurs, si le Quidditch avait pu se jouer de manière anonyme, il l'aurait fait. Trop inquiet d'avoir une vie quasi-identique à celle de sa mère, celle d'une célébrité du Quidditch à qui on s'intéressait par essence, Alan avait vite pris en grippe ceux qui osaient d'un peu trop prêt s'enquérir de la vie privée des Carmichael. Alan était discret, on le savait, mais il était surtout très pudique : moins on le remarquait, mieux il se portait.

- Vainqueur, faut-il encore le rester. J'ai l'impression que Victoire a mangé du lion cette année - sans mauvais jeu de mot - et je pense que plus que voir Gryffondor gagner, c'est Poufsouffle qu'elle veut voir perdre. Ou me voir moi mort, au choix. dit-il en souriant.

Alan adorait Victoire, mais des fois elle lui faisait un peu peur. Elle semblait oublier par moment que le Quidditch n'était qu'un sport et qu'ils étaient là pour se dépasser – certes – mais surtout pour s'amuser. il n'y avait qu'à voir ses après-matchs pour comprendre comment une défaite l'irritait doux euphémisme.

Passés sur le sujet Prudence, Alan s'était bizarrement crispé. Plus que l'imaginer avec Prue, c'était de savoir que les gens le croyaient dans le dénis qui l'énervait. Non, non et renon, Prudence n'était à plus d'un niveau, PAS une option. Si seulement Graham le savait !

- Non mais Vic' et Ted' oui, ça c'est évident pour tout le monde sauf pour eux. Mais je crois sincèrement qu'on peut avoir de vrais amitiés garçon-fille. Ça existe. En tout cas Prue est juste une amie... et le restera.

Alan le savait et il aurait bien aimé que Graham le croit sur parole. Ça aurait au moins fait une personne dans Poudlard en dehors de Quino à ne pas le croire destiné à épouser sa meilleure amie.

Les minutes passaient et revenus au sujet « cavalière de bal de Graham », Alan était devenu tout ouïe. Perrine, la mal-aimée, n'avait manifestement pas séduit tout le monde, son cavalier en tête de liste.

- Ah, c'est dommage si elle n'a voulu être ta cavalière que pour ça. Je pense que tu mérites quelqu'un qui t'aime vraiment, et pas pour un titre aussi bête que celui de Mister Poudlard.

Alan ne se serait pas permis de critiquer le titre de Mister Poudlard s'il n'avait pas su que Graham le détestait tout autant que lui. L'Irlandais exécrait tout ce qui avait attrait à la popularité, elle était à ses yeux d'une injustice et d'une inutilité profonde : elle ne servait qu'à encourager le paraître et ne reflétait pas vraiment la réalité. Viska était tout sauf populaire et pourtant elle était géniale. Ben voilà. Ça ne voulait rien dire.
Au fond, Alan préférait qu'elle ne soit pas populaire, il pouvait ainsi la garder dans ses amis proches sans craindre qu'une bande d'intéressés, genre Perrine, ne vienne la déranger.

- En tout cas si un jour quelqu'un t'intéresse, je suis sur que tu n'auras aucun mal à lui plaire. Faudrait vraiment faire le difficile pour refuser quelqu'un qui a adoré être élu deux fois Mister Poudlard !   Lança Alan, pour taquiner son ami, un sourire joyeux sur les lèvres. S'il y avait bien une chose qu'il savait sur Graham, c'est qu'il détestait qu'on le croit intéressé par la popularité. Ça leur faisait au moins ça en commun.

(719)

Alan rit quand Graham lui lança qu'il ne savait pas ce qu'il ratait en n'aimant pas la célébrité : c'était sûr, il ne savait pas ce qu'il ratait ! Bien qu'il soit capitaine de Quidditch, son comportement de loup solitaire - hormis avec ses amis -, dissuadait le tout venant de se frotter à lui, il n'en voulait pas et ne savait même pas ce qu'elle impliquait.

- Arrête...

Lança le Poufsouffle en souriant, persuadé que l'idée de titiller Victoire avec l'histoire Teddy / Joséphine était la pire idée du monde. Bizarrement, quand on lui parlait de Jo', Victoire voyait rouge. La française était pourtant la première à tout faire pour protéger le couple Teddoire de toutes les situations, façon Cerbère étranger. Mais Victoire ne semblait être que jalousie quand il s'agissait de Joséphine, alors qu'Alan lui, voyait Teddy toujours un peu plus proche de Tempérance, qu'il connaissait depuis sa première année.

Avoir quelqu'un qui vous protégeait du danger n'était d'ailleurs pas du luxe, quand on voyait Victoire après un match de Quidditch, on se rendait bien vite compte qu'il valait mieux l'avoir dans son camp que dans celui de ses ennemis. Alan était un ami de Victoire et pourtant il lui était déjà arrivé d'avoir peur quand il allait lui serrer la main après une rencontre de Quidditch. Et pourtant, depuis qu'elle était capitaine, Gryffondor avait toujours gagné Poufsouffle, ce qui voulait dire qu'une victoire ne la rendait pas forcément plus tolérante sur les erreurs de ses coéquipiers. Tout ça pour dire qu'il n'y avait aucun mal à dire que Victoire pouvait être dangereuse avec tout le monde : c'était un fait. Que son ire sont dirigée contre vous ou pas, si vous traîniez sur son passage, vous ramassiez.

- Non, personne !

Mentit Alan avec un sourire, pour éloigner au maximum le sujet de la conversation. Si Graham ne pouvait pas creuser, ce serait gentil, merci.

Sauf que... c'était mal connaître Graham. Quand le Gryffondor supposa qu'Alan avait des vues sur lui, le rouge monta aux joues de l'Irlandais sans qu'il puisse rien y faire. Regardant brusquement ailleurs – cette sirène est vraiment ravissante, sur la vitre, de toute beauté, grave ! – l'Irlandais mit toute son énergie pour ne pas bafouiller. Il lança, sans toutefois pouvoir regarder Graham dans les yeux, l'air faussement nonchalant :

- Tu aimerais bien oui...

Alan ne voyait même pas comment il pouvait être crédible : Graham était gentil, fidèle, beau et torse nu face à lui que tu crois, dans cette situation personne ne pouvait être crédible ! Il essaya tout de même, tout à coup un peu rassuré que Graham envisage une attraction envers lui Graham n'était pas homophobe. Ou alors il voyait clair dans le jeu de son 'ami' et n'attendait qu'une chose, que le Poufsouffle se dévoile pour mieux l'humilier devant toute l'école avec ses copains tout en muscle.
Non, c'était de la parano, encore. Alan envisageait toujours tous les cas de figure et comme d'habitude il ne s'attendait à tomber que sur le pire. Et le pire dans ce cas là, avait des allures de cauchemars.