Le jeudi à 11h était l'heure où les Poufsouffle de 5ème année n'avaient plus cours jusqu'à 15h : Alan avait alors insisté – dès la réception de son emploi du temps en début d'année – naturellement, pour habilement y placer un entrainement de Quidditch. C'était du luxe ? Bien sûr que non. Poufsouffle n'avait jamais fait d'aussi mauvais résultats en Quidditch depuis que les Faraday-Carmichael-Kostas étaient à Poudlard. Ô, rien qui ne changea de l'an dernier me direz-vous : pour l'instant Poufsouffle avait perdu ses deux matchs et il n'était pas impossible qu'ils gagnent le troisième, comme l'an passé. Ce n'était pas impossible, certes, mais c'était possible aussi. Après tout, la chute aux enfers semblait continuer. Après trois ans de victoire de coupe de Quidditch, Alan commençait sévèrement à se demander ce qu'il avait changé dans son management de capitaine pour subir pareils résultats. Il avait beau se convaincre que c'était les autres équipes – plus désireuses de vaincre après trois victoires consécutives de Poufsouffle – qui étaient plus motivées qu'eux, rien n'y faisait, Alan le prenait personnellement, comme si tout était de sa faute. Hors de question de mollir en 5ème année donc – ils avaient certes leurs BUSEs à travailler, mais ça n'enlevait pas le Quidditch du programme – Alan comptait bien multiplier les entraînements. Pas qu'il ait peur de perdre : non, la défaite mettait l'Irlandais très à l'aise c'est son dada. En revanche, il ne supportait pas ne pas donner le meilleur de lui-même en toutes circonstances Elizabeth Harris sors de ce corps. Et c'était précisément ce qu'il ressentait depuis plusieurs mois à présent : l'impression d'être un demi-Carmichael, flemmard, moins énergique et beaucoup moins frétillant l'adolescence.
Quand Alan se dirigea de la salle de méta' au terrain de Quidditch, Prue et Quino devant lui, il fronça les sourcils. Il en était sûr, Viska aurait du être là. Elle lui avait proposé de manger ensemble tous les trois au déjeuner, mais comme l'entraînement finissait souvent assez tard, Alan lui avait proposé de plutôt les accompagner au terrain de Quidditch. Et même, pourquoi pas, les voir jouer si elle voulait (elle seule : autant avoir Viska ne le dérangeait absolument pas, autant avoir Jensen en plus - le capitaine des Serpentard - aurait été contre-productif), Prue et lui. Elle avait – semblait-il – accepté : bien que la sorcière était dans un état de fatigue peu commun (depuis qu'elle avait été agressée et que son père cherchait à la kidnapper, ndlr) Ne voyant pas la jeune fille arriver, l'Irlandais se dit qu'elle était trop fatiguée pour les rejoindre et haussa les épaules pour lui-même le gars se parle tout seul. Ou qu'elle avait oublié. Ou que Jensen s'était opposé à la laisser seul. Bref, dans tous les cas, elle devait avoir une bonne excuse et Alan était sûr de trouver un message la lui expliquant, sur sa tablette magique. Viska n'était pas du genre à poser des lapins, même à bout de force. Hélas, la tablette que lui avait donné Vanellope était sagement posée sur son lit, dans la salle commune : il l'oubliait souvent un peu comme le téléphone de ma mère. Le sorcier ne s'en focalisa pas et suivit Prue et Quino et ses autres amis joueurs que nous appellerons les invisibles par soucis de cohérence sur le terrain de Quidditch.
L'entraînement se passa plutôt bien : Prue avait mangé du lion, Quino aussi et lui-même avait peaufiné un plan d'attaque contre Gryffondor aux petits oignons c'est pas compliqué : Ted, tu cours tout nu sur le terrain de Quidditch. James devrait être distrait assez longtemps pour qu'un de nos batteurs l'assomme et Victoire elle, fera sûrement une syncope toute seule en te voyant. Débarrassés des deux meilleurs, hop ! C'est ok ? Allez parfait ! Quoi, le fair-play ? Ah oui.. Galvanisés par leurs efforts et leurs performances, Alan et ses comparses descendirent de leur balais. L'Irlandais se fit la réflexion que quelque chose avait changé avec ses deux meilleurs amis. Il n'aurait su dire quoi, mais depuis qu'il leur avait parlé de son agression, tout était différent. Déjà lui-même n'était plus pareil : il était moins stressé, plus confiant, il se sentait plus en sécurité. Il était de surcroit toujours accompagné de quelqu'un et il lui était arrivé plusieurs fois de croiser Evan et de ne pas baisser les yeux. Le travail commençait : l'Irlandais avait moins peur de son agresseur, l'objectif était de ne plus avoir peur du tout. Bientôt, il pourrait tout dire à sa directrice de maison, le professeur Montgomery-Bones (il n'avait pas encore eu le temps de le faire, mais avait promis à Viska que ce serait fait) et à confronter Evan. Il ne savait pas quand, et peut-être qu'inconsciemment, il repoussait l'échéance. Un petit coup de pression de la part de son amie de Serpentard ne tarderait pas à le faire agir.
Une fois à table, les jaune et noir parlèrent d'un peu de tout : des BUSEs, du Quidditch, des nouveaux élèves, de Viska, et des BUSEs encore un peu 'Je t'ai dit que Binns avait pour projet de nous mettre la révolte des Géants alors qu'il avait dit que ça y serait pas ?!. La Grande Salle était presque vide, tous les élèves ayant terminé leur repas depuis belle lurette : le phénomène fut accentué quand Quino accompagna ses camarades de Quidditch dans la salle commune avant le début des cours. Seuls restaient ou presque, Prudence et Alan qui continuaient à discuter. Ils se levèrent presque en même temps : ils avaient des affaires à récupérer, eux-aussi, dans la salle commune de Poufsouffle. Quand Prue arriva dans le Grand Hall, un hibou majestueux entra dans la Grande Salle par une haute fenêtre et arriva sur Alan. Il lâcha un exemplaire de la Gazette du Sorcier dans ses doigt expert d'attrapeur à la ramasse. Il le recevait d'ordinaire au moment du déjeuner mais comme ils étaient encore sur le terrain de Quidditch à ce moment-là, il revenait maintenant pour lui porter sa missive. Alan déplia le journal, et tout en rejoignant Prudence, survola la une de la Gazette, qui n'avait rien de sensationnel depuis plusieurs jours.
- PRUE !
Alan resta pétrifié, ses yeux balayant à toute allure la une de couverture du quotidien sorcier. Ce n'était pas possible.
Accueil 
