Frshhhhhhhhhh.
Un filet de fumée blanche sort de la locomotive noire, prête à partir. La mère de Valentin panique en voyant ça et ordonne à son fils de monter dans le train. Celui-ci se baisse rapidement sur le fauteuil roulant de sa grand-mère, Agatha, puis embrasse aussi vite sa mère qui finit par le pousser vers le train. La mère pousse la grand-mère devant la porte du train et toutes deux lui firent un dernier et grand sourire. Mais le train commença à avancer…Valentin aurait voulu se jeter sur la voie, et fuir…Mais la porte refermé devant lui passa l’envie de s’écraser contre quoi que ce soit. Il se retrouva donc seul, avec un lourd sac sur son dos voûté , une valise semblable à une malle dans la main droite, et la cage de Badin ,son corbeau, dans la main gauche…Celui-ci regardait tout ce qui l’entourait avec un intérêt et une intelligence déconcertante mais habituel…
Bon, tout ça était bien beau, mais il n’allait pas rester ainsi indéfiniment…Il décida de partir à la recherche d’un wagon…Et ce fut cinq kilomètres plus loin, du moins c’est-ce qu’il lui parut, qu’il atterrit épuisé devant le seul et unique wagon libre…Dix minutes plus tard, il était enfin assis sur la banquette, ses baguages rangées dans ses filets, et Badin posé à côté de lui, sans sa cage…En effet, Valentin avait essayé de le mettre dans sa cage avec les bagages, mais celui-ci s’était mis à croasser aussi fort que le spectre de la mort…Il avait fini par le laisser sortir, avec la même confiance qu’il lui portait d’habitude, et l’oiseau était en effet descendu sur la banquette et regardait le paysage avec une fascination bien lisible…
"-Ca va vite, hein?" murmura t'il à son corbeau
Cet oiseau avait toujours été aussi bizarre…aussi humain…Il était plutôt vieux pour un corbeau, et lorsqu’il était petit, Valentin en avait une peur bleue , mais sa grand-mère avait fini par lui raconter des contes dans lesquelles Badin était le héros, et où il sauvait tout le monde.Depuis il l‘aime beaucoup…Le jeune garçon avait souvent soupçonné la grand-mère d’avoir enchanté elle-même le corbeau ce qui lui a donné sa longévité et son intelligence…Chez lui, Valentin ne voyait jamais Badin, l’oiseau partait toujours dans les montagnes se promener et ne revenait que pour manger, et encore, pas toujours…
Valentin attrapa de son sac à dos une bouteille d’eau qu’il vida à moitié, puis la remit à sa place.Il était bien ains.Il était seul et comme il en avait l'habitude, cela ne lui déplaisait pas énormément Si seulement il pouvait rester ainsi jusqu’à la fin de l’année….Ce serait le bonheur absolu…Il savait bien sûr que c’était impossible mais malgré tout, il réfléchit à savoir si l’on pouvait être seul dans le dortoir, si il pouvait n’avoir jamais personne à côté de lui, oui ce serait si bien…Et pourtant, et pourtant oui il le savait bien qu’il ne serait pas tout le temps seul….Qu’il y aurait toujours quel un avec lui au dortoir ou à côté de lui en cours…Oui, il y aura toujours quelqu’un pour venir dans son wagon, rien que pour l’embêter…