Premier combat : trouver une place… [libre]

Demleza traînait toujours derrière elle sa lourde valise. Ce n'était pas possible, ses parents avaient dû mettre du plomb dedans ! Ou alors, c'était Caleb qui s'était amusé à y fourrer des briques… Bien sûr, son frère avait un sens de l'humour assez particulier. Elle préféra ne pas imaginer ce qu'il avait bien pu cacher dans ses affaires.
Mais ça pouvait bien aussi être un coup de sa mère. Elle avait eu l'air tellement triste de la voir partir… forcément, Demleza était bien pratique pour faire la nounou avec ses frères ! Alors peut-être que Mme Rolins espérait qu'elle allait se casser le cou et qu'elle soit obligée de rentrer à la maison… Non, tout de même, elle n'était pas aussi sadique ! Non ?

**Calme-toi, Mel, sinon tu vas cramer sur place…**

Elle faillit crier de frustration en ouvrant la porte d'un compartiment occupé par deux élèves de deuxième année qui la toisèrent d'un air mauvais. Elle poussa un soupire, et poursuivit sa lente ascension vers la fin du train.

**C'est pas possible, ils ne sont que deux, ils pourraient faire de la place !**

Furieuse, elle se laissa tomber sur le sol, un peu essouflée. Ce n'était pas son genre, elle était plutôt sportive et il fallait vraiment y aller pour la fatiguer. Depuis toute petite, elle ne dormait pas plus de huit heures par nuit – et apparemment, ça n'allait pas aller en s'améliorant –, et pourtant elle avait toujours de l'énergie à revendre. Forcément : il en fallait, quand on passait son temps à surveiller trois petits adorables monstres comme ses frangins ! Elle souffla un bon coup, puis repartit.
Elle dut traverser la deuxième moitié du train pour enfin trouver une place. Les trois ou quatre derniers compartiments n'étaient pas encore occupés, et elle se jeta sur le premier venu avant que quiconque est eu le temps d'y entrer avant elle.

**Maintenant, deuxième combat : hisser ma valise jusque dans le filet à bagages…**

Elle jeta un regard à sa valise, puis au filet, comme si elle tentait d'évaluer la distance entre le sol et le filet à bagage. Finalement, elle préféra poser son bagage sur un siège, et se laissa enfin tomber sur celui à côté. Elle se laissa bercer par le paysage qui défilait par la fenêtre et par les soubresauts du train.

**Bon, ça c'est fait.**

Neville tirait lui aussi tant bien que mal, et non sans ahanement, sa malle contenant les affaires de toute une année… Ou presque, car il avait certainement oublié deux ou trois bricoles chez sa grand-mère.
Dans sa cage, Errol exprimait son excitation par des «Ouhouh» bruyants qui ajoutaient à l’exaspération du Gryffondor. Pour la discrétion, il repasserait !
Les départs étaient toujours insupportables : tout le monde courait dans tous les sens, s’irritait, criait…

Le jeune garçon aperçut la tête des jumeaux Weasley émerger de la foule, à quelques mètres devant lui, dans le couloir. Autrement dit, un continent les séparait. Neville était entouré de premières années geignards et égarés qui semblaient incapables de pousser une porte de compartiment pour s’y installer et ainsi dégager le couloir.

Il était injuste et il le savait pertinemment. Après tout, au cours de son premier trajet dans le train, il serait probablement restée assis dans le couloir, sur sa malle, à pleurer toutes les larmes de son corps, s’il ne s’était pas miraculeusement retrouvé devant Hermione Granger, laquelle avait pris les choses en main avec son autorité coutumière.

Il adressa un sourire tremblotant à une fillette blonde qui serrait nerveusement contre elle ce qui ressemblait fort à une peluche rose, presque décidé à lui proposer de l’aide (sa valise avait l’air plus lourde qu’elle) mais la gamine poussa un cri perçant et se carapata aussi vite que ses petits pieds (et sa valise) le lui permettaient.

Surpris, Neville haussa les sourcils, lançant des coups d’œil de tous côtés, visiblement à la recherche d’une explication ? Elle venait de voir passer Crabbe et Goyle ou quoi ?
En fait, ce que Neville ne voyait pas, c’est qu’ayant bien poussé au cours de vacances, il devait être, du point de vue d’une fillette de onze ans qui ne le connaissait pas encore, un peu impressionnant.
Finalement, le garçon rosit et rentra la tête dans les épaules avant de reprendre cahin-caha son chemin, craignant à tout instant qu’un préfet ne l’interpelle pour maltraitance.

Quelques minutes plus tard, et après s’être cassé le nez en tombant sur plusieurs compartiments bondés, il ouvrait le porte du wagon qui abritait une fillette de première année, d’après les apparences.
Elle était seule, il y avait donc de la place pour deux. L’épuisement de Neville eut raison de sa timidité. Il sourit maladroitement à la fillette et demanda d’une voix hésitante :

- Salut je… Est-ce que je peux m’installer ici ? Tout est plein à côté et je n’ai pas très envie de finir dans le couloir.

Il se mordilla la lèvre et adressa un regard de Bambi suppliant à la jeune sorcière sans en avoir conscience. Si elle le repoussait, il allait se retrouver du côté des compartiments occupés par Drago Malefoy et sa bande. Tout le monde savait que Neville était leur liste des élèves à abattre, juste derrière Harry, Hermione et la clique des Weasley au grand complet. Or, le Gryffondor avait bel et bien l’intention de commencer cette année sur ses deux jambes et non mourant dans un coin du train, transformé en méduse géante.

(519 mots)

[ :lol!: pour la méduse ! XD]

Demelza ruminait encore sur le poids démesuré de sa valise, en se demandant que sa mère avait bien pu mettre dedans… Sûrement pas grand-chose, peut-être un ou deux Abraxans, mais rien de plus. Toujours est-il que, alors qu'elle se faisait ces réflexions très philosophiques, un garçon poussa la porte de son compartiment. Il était vraiment grand, un peu trop grand d'ailleurs, et elle se demanda, l'espace d'un instant, si elle ne ferait pas mieux d'aller se cacher dans un autre compartiment, très loin, comme par exemple le cabinet où était rangés les caisses de bonbons… Ah ! oui c'était une très bonne idée, ça !
Mais le garçon se semblait pas être plus à l'aise qu'elle : ce devait être un troisième année, à en juger par sa carrure et sa voix qui commençait à muer. Elle se demanda ce qu'un troisième année faisait ici, seul, alors que cela faisait trois ans qu'il était à Poudlard. Il aurait dû faire comme tout le monde et aller voir ses amis, non ? Ce n'était pas très logique…
Comme elle était du genre plutôt gentille et pas du tout méprisante, elle adressa un joyeux sourire au garçon, en lui faisant signe d'entrer.

– Te gêne pas. Comme tu vois, ajouta-t-elle avec un petit rire, c'est pas la place qui manque !

Elle regarda le paysage : bien sûr, elle avait oublié sa montre, et lorsqu'on voulait connaître l'heure, ça n'était pas si pratique. Le soleil était à son zénith, ce qui signifiait que le train avait encore une longue route à parcourir, jusqu'à Poudlard.

**Quand je pense que j'habite en Écosse ! En Écosse ! Et que j'ai dû descendre jusqu'à Londres, pour revenir où : en Écosse ! Ok, j'ai pris la Poudre de Cheminette pour venir en ville, mais quand même, c'est mal foutu…**

Elle se demanda si elle devait demander l'heure au nouveau venu, mais il ne semblait pas être très à l'aise et n'avait pas de montre, lui non plus. Elle décida de se présenter. C'était plus poli, et elle était bien élevée. Et puis, ainsi, elle détendrai un peu l'ambiance !

– Je m'appelle Demelza Rolins, dit-elle d'un ton enjoué.

Elle n'attendit pas sa réponse et observa de plus près la cage qu'il tenait à la main. Il y avait à l'intérieur un hibou défroqué qui semblait un peu… disons-le franchement, qui semblait très mal en point. Malgré tout, elle le regarda d'un air fasciné : avec ses frères, ses parents avaient toujours songé qu'il n'était pas très prudent d'avoir un animal à la maison. Demleza leur avait souvent fait remarqué que c'était de leur faute, qu'ils n'avaient pas qu'à faire autant d'enfants. Et à en juger par leur réaction, elle n'avait pas tout à fait tord.
Elle aurait réellement adorer avoir un hibou… ou un chat… même un rat aurait fait l'affaire ! Non, tout bien réfléchi, non, quand même pas un rat. C'était d'horribles bestioles, et elles les détestait presque autant que les Bandimons.
Les Bandimons, encore une autre horreur ! Évidemment, Mme Rolins ne s'était jamais appelée la Mère Grattesec, et on trouvait parfois des parasites sous les lits. Ils étaient plus difficiles à éviter que la poussière ! Mais Modesty Rolins était fille unique, la petite enfant chérie de ses parents, et le père de Demleza était cadet, il n'était donc pas très étonnant que ces deux-là n'ai aucune responsabilité…
Demelza préféra se passer de commentaires. Elle avait l'impression qu'une remarque sur cet oiseau, même élogieuse, ne serait pas la bienvenue… du moins, si elle jugeait par les regards dégoûtés que lui adressait son maître.

[Euh… pour les mots, je crois qu'il y en a 624. XD]

HJ : Je ne sais pas pourquoi j'ai parlé d'Errol... Désolé, Errol, c'est chez Weasley *honte*

Ouf ! Elle n’était ni snob, ni méprisante, ni aigrie, ni… Enfin bref, elle avait l’air sympathique. Neville lui adressa un tout petit sourire timide et entreprit de tracter sa malle au milieu du compartiment avant de refermer la porte derrière lui, étouffant ainsi le brouhaha qui montait du couloir.
Il posa ses mains sur ses flans et respira de grandes goulées d’air plusieurs fois de suite. L’exercice lui avait rougi les joues et ses cheveux étaient en bataille. A bout de souffle, il s’affala dans la banquette en face de celle de la fillette et se présenta à son tour, d’une voix rauque :

- Enchanté, je suis Neville Londubat, de Gryffondor… Merci de m’accepter ici.

Il lança un coup d’œil désespéré à sa malle. Il lui restait encore à la monter… Le plus dur, en fait. Dans un grognement il se redressa tandis qu’au fond de sa poche, Trevor se rappelait à son bon souvenir par un coassement mécontent : il n’aimait pas trop être enfermé.
Neville rougit et s’empressa de le sortir de sa poche avant de se tourner vers sa comparse pour demander, rougissant de gêne :

- Je suis désolé… J’espère que le crapaud ne te gêne pas…

La plupart des filles détestaient les crapauds et il espérait que celle-ci n’allait pas se mettre à lui hurler dessus en le sommant de quitter les lieux et plus vite que ça. Il posa délicatement le batracien sur la banquette. Celui-ci se mit aussitôt en quête d’un endroit sombre et douillet où il pourrait se dissimuler (causant ainsi bien du souci à son maître) sans se préoccuper des deux humains. Il avait un petit côté très hautain, même pour un crapaud.

Neville le regarda faire, fataliste. Il allait encore passer la dernière heure du trajet à lui courir après. Le jeune garçon poussa un soupir et remonta les manches de sa chemise, l’air déterminé. Il repoussa une mèche qui lui tombait sur le front et, saisissant sa malle, la posa sur la banquette avant de monter lui-même à genoux, et tournant le dos à la fillette, dessus.

De là, il prit la malle à bras le corps et la hissa, avec force soupirs excédés sur le porte bagage. Puis, rouge, il se laissa à nouveau glisser, à l’endroit, sur la banquette. Adressant un sourire contrit à sa camarade – il venait tout de même de bien se ridiculiser – il se redressa brutalement en réalisant :

- Oh par Merlin ! Mon uniforme est resté à l’intérieur !

Découragé, il haussa les épaules avant de reprendre, vraiment honteux :

- Tant pis… je suis bon pour tout recommencer… Tout à l’heure.

[Ah… je me disais, aussi, je trouvais ça bizarre ! XD]

Demelza eut un sourire quand elle entendit son nom. Elle avait déjà entendu parler par sa mère de la famille Londubat – naturellement, les Cornfoot étant une famille de sorciers depuis des générations, Modesty Robins connaissait nombre de personnes « importantes »… Ce genre de personnes étaient d'ailleurs souvent des plus exaspérantes et pas du tout sympathique. Mais il y avait des exceptions, apparemment, comme Neville Londubat qui ne semblait pas être prétentieux, au contraire.

– Gryffondor ? Il paraît que c'est une maison géniale ! Mon père y a été, quand il était jeune, mais ma mère était à Serdaigle… C'était une Cornfoot avant d'épouser mon père, et tous les Cornfoot vont à Serdaigle, c'est connu.

Elle s'interrompit pour observer le crapaud qu'il tenait dans sa main. Il était vraiment répugnant, mais Demelza avait toujours apprécier les bêtes bizarres… les insectes et les oiseaux, plus particulièrement.

– Pourquoi il me gênerait ? s'étonna-t-elle. Il est un peu poisseux, d'accord, mais pas plus que les horreurs que rammènent mes frères du jardin…

Elle eut un petit rire en évoquant ce sourire. Neville commença à essayer de monter sa valise dans le filet à bagages, et elle se retint de grimacer. Elle qui n'avait même pas osé essayer…
Elle lui adressa un sourire fataliste lorsqu'il s'aperçut qu'il avait laissé son uniforme dans sa valise.

– Bah, de toutes façons, on ne se change pas tout de suite ! Tu aimes le Quidditch ? damanda-t-elle pour changer de sujet.