2. Animagus / Métamorphomages [3ème année et +]

Ernie commençait à s’ennuyer ferme : fixer un chat n’avait rien de très passionnant, rester inactif non plus, même pour quelqu’un de plus «cérébral» que physique. Si sa notion de la bienséance l’y avait autorisé, le Poufsouffle aurait très probablement étouffé un bâillement très aristocratique. A la place, il se contenta d’un léger soupir de circonstance et, abandonnant sans même s’en apercevoir sa raideur diplomatique, posa un coude sur la table avant de caler son menton au creux de sa paume et de suivre d’un œil rêveur le vol d’une mouche.

Pas de doute, le printemps était bel et bien de retour, songeait-il, tandis que l’insecte zigzaguait en vrombissant (du moins le supposait-il, car le brouhaha de la salle ne lui permettait pas d’entendre autre chose que les bribes de conversation de ses camarades) à travers la pièce, à la recherche d’une issue. La stupidité des mouches avait toujours laissé Ernie pantois : n’importe quel être vivant, même le plus attardé des papillons, était en mesure de se glisser entre l’interstice de la fenêtre entrouverte et du mur… Une mouche, elle, pouvait tourner autour pendant des heures sans jamais la trouver. Pas étonnant que les cadavres jonchent le rebord des fenêtres l’été revenu : trois heures de vrombissement ininterrompues étaient plus que n’en l’humain de base ne pouvait supporter.

Celle-ci aurait peut-être la «chance» d’être seulement métamorphosé en crapaud qui servirait ensuite aux cours de McGonagall avant d’être légué à Rogue, pour les potions, lorsque le professeur de métamorphose ne lui trouverait plus aucune utilité (au crapaud, pas à Rogue, il va de soi que McGonagall ne trouve déjà aucune utilité à Rogue).

L’embêtant avec le printemps, pensait le jeune garçon, poursuivant son cheminement mental, c’était surtout qu’il annonçait le retour des examens et donc les longues nuits de veille. Ernie était assez pressé, de montrer ce qu’il savait faire au moment des épreuves, mais ce qui l’embêtait, c’était de devoir se priver de soleil (essentiel pour faire le plein de vitamine D et être bien en forme pour l’hiver à venir) pour maintenir sa réputation d’élève travailleurs : sa petite fierté lui ordonnait de rester enfermer, les fesses sur une chaise (et non un fauteuil de la salle commune, malheureux que vous êtes !), les yeux obstinément rivés sur un livre plusieurs heures de suite, sans broncher et ce même si son cerveau refusait de retenir la moindre définition supplémentaire.

Sans compter que révision rimait obligatoirement avec potion : personne ne pouvait tenir le rythme que s’imposait Ernie sans un dopage préalable. Tous les ans, à la même époque, sa mère lui envoyait une caisse de fioles en tout genre «Pour bien dormir/manger/travailler/se concentrer» et «Pour ne pas stresser/paniquer/être malade/déprimer».

Les produits – 100% naturels, bien entendu – étaient tous à base de plantes et avaient, pour certains, un goût particulièrement affreux (il n’oublierait jamais le fameux "stimulant intellectuel" à base de racine dont l’odeur seule avait de quoi retourner l’estomac le plus coriace. Ernie avait soigneusement vidé toutes les fioles dans le lavabo de la salle de bain du quatrième étage : il y avait certains sacrifices qu’il n’était pas encore prêt à accomplir, celui de son système digestif en faisait partie).

A nouveau, il poussa un léger soupir : ses yeux le piquaient, il n’allait pas tarder à sérieusement comater si McGonagall ne se dépêchait pas, il sentait déjà ses paupières devenir lourdes («Dormez, doooormez ! »).
Et le balancement continuel de la queue du chat ne faisait rien pour l’aider à rester éveillé, s’il ne s’arrêtait pas, il allait…

- Haaaan ! fit Ernie en se rejetant brusquement en arrière sur sa chaise, les yeux écarquillés de surprise.

Le chat… McGonagall… Comment avait-elle fait ça ? Un peu remis de sa perplexité première, Ernie lança des coups d’œil furtifs à droite et à gauche, vérifiant à la fois que personne n’avait entendu son ridicule petit cri (point sur lequel il fut rapidement rassuré) et cherchant en même temps à vérifier s’il n’avait pas sauté une étape au cours de quelques secondes d’assoupissement impromptu. La mine étonnée de ses camarades le conforta bien vite dans l’idée qu’il n’était pas le seul à avoir raté un épisode du film.
Reprenant une posture plus digne, le garçonnet se racla la gorge pour se donner une contenance : «Moi, peur ?! Jamais !»).

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La Métamorphose, ce n'était pas vraiment son cours préféré, surtout parce que la vieille - mais très convenable - MacGo était si stricte... Impossible de parler dans son cours, c'était presque pire qu'avec Rogue!

Non, finalement elle exagérait. Il suffisait de bien travailler et le professeur MacGonagall se révélait très agréable. Dans les longs couloirs de Poudlard, Parvati soupira. Oui, bien travailler... Comme si c'était facile!

Balançant distraitement son sac sur son épaule, la jeune fille était songeuse, et lorsqu'elle arriva dans le corridor des salles de métamorphoses, elle ne s'en rendit pas immédiatement compte. Secouant la tête, elle s'aperçut qu'elle était passée deux fois devant sa salle, pendant que les élèves rentraient dedans.

Poussant un nouveau soupir, accablé cette fois, Parvati rentra dans la salle en même temps que d'autres élèves, pour s'apercevoir... qu'un chat était posté sur le bureau du professeur! La jeune fille haussa bien haut un fin sourcil, élargissant les yeux. C'était presque... anormal, ridicule, de voir un animal sur les affaires du professeur MacGonagall, si stricte, si... ordonnée! Sans cesser de fixer le bel animal, Parvati se trouva une place, au centre de la salle. Son regard changea de direction lorsqu'elle s'aperçut que Lavande n'était pas là, et elle se prit à regarder la porte d'entrée d'un air implorant.

Sans trop savoir quoi faire, Parvati sortit ses affaires: son manuel de métamorphose, sa baguette magique, une plume et du parchemin, tout cela sous l'oeil désespérément stoïque de ce chat étrange. Le silence règnait dans la classe, quelques chuchotements étouffés - ceux là même qu'on tentait vainement de cacher lorsque le professeur était là - persistaient tout de même ça et là.

Parvati se gratta la tête, soupira, posa son menton dans sa main, croisa les jambes, les bras, pianota sur sa table, décroisa les jambes... Tout ça en à peine deux minutes, mais l'inactivité avait un effet quelque peu stressant sur elle.

- " Bon, qu'est-ce qu'il se passe, là?!" demanda-t-elle tout haut, sourcils froncés. "On fait cours ou pas? Pourquoi la prof est.... IIIIIIIH!"

Le chat - ce chat si calme et inoffensif - venait de bondir de la table, et Parvati eut un brusque mouvement de recul. Pourtant, elle le savait bien, elle était loin tout de même du bureau, mais...

- " Mais qu'est-ce que c'est que...."

Une nouvelle fois, elle interrompit sa phrase, la bouche entrouverte en un "O" parfait. Le souffle coupé, elle vit le professeur MacGonagall apparaître en subtilisant peu à peu les traits animaux au chat qui n'en était plus un. La femme réorganisa sa chevelure, adressa un mot de bienvenue et quelques reproches à Ron, puis posa une question.... comme si rien ne s'était passé! Parvati continuait de la fixer étrangement, avec dans le regard, tout de même, quelque chose d'admiratif. Un petit "whouaah" s'échappa de ses lèvres, mais elle fut ramenée à la réalité par une élèves - apparemment allergique - qui donna une réponse au professeur.

Parvati n'avait jamais vu MacGonagall faire, elle n'était même pas au courant qu'elle pouvait se transformer en chat. Beaucoup plus intéressée à présent, elle attendit que la vieille sorcière reprenne la parole, sa plume tendue à la main, goutant de l'encre qu'elle venait de sortir de son sac.

"Anibagus", alors? Mais qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire? Parvati se demanda un instant si ce n'était pas plutôt "Animagus", et là, elle savait ce que c'était! Une petite lumière s'alluma violemment dans son esprit et scintilla de mille feux, clignotant comme un feu de signalisation moldu. Sans réfléchir, Parvati se dressa sur sa chaise et demanda d'une voix pressée, criant presque:

- " Professeur, est-ce qu'on va apprendre à faire ça aussi?! Est-ce qu'on va tous pouvoir devenir Animagus!?"

Surexcitée, sans se rendre compte du ton élevé de sa voix, Parvati jeta à MacGongall un regard plein d'espoir.


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