Le printemps, ses fleurs. Poudlard, ses couloirs.

A quoi peut bien servir le fait de compter les marches que l’on descend ? Vanity songeait sans doute que le jour où elle serait aveugle elle pourrait retrouver par cœur son chemin rien qu’en comptant ses pas. Ou alors se disait-elle simplement qu’on avait bien droit de combattre le silence et l’ennui d’une dizaine de manières différentes, si elle choisissait celle là, ça ne faisait pas d’elle une tarée trop prévisible ou une Serpentard déshonorante.
*Je défis quiconque de rejeter mon honneur…*
Elle lança, pour appuyer ses pensées, un regard assassin à l’armure qui avait tourné sur son passage. Au moins, si les armures savaient lire dans les pensées, celle là saurait qu’on ne se moquait pas de Lady Vanity Wrath, même si elle s’en foutait carrément.
D’après l’une des deux Gryffondor qui passaient à côté d’elle, c’était une magnifique journée. Vanity trouvait que la journée était exécrable pour son teint de porcelaine et, comme elle n’était pas du tout du genre petits oiseaux et flowers qui sentent bon, que les Gryffondor étaient vraiment très gnangnan.
*Oui ! D’ailleurs allons jouer dans la prairie avec nos poupées !*
Elle fit un clin d’œil complice à son amie l’armure médiévale puis elle reprit son chemin interrompu par le passage des deux parasites. Elle songea que, longtemps auparavant, toutes les maisons avaient dû êtres amies. En fait non, c’est un mensonge, jamais Vanity n’aurait pu songer des trucs pareils. Vanity donna un coup de pied dans un gallion d’or. Elle le regarda glisser sur le sol. N’importe qu’elle jeune fille, de n’importe qu’elle maison, se serait jetée sur le gallion et l’aurait empoché sans se poser de question. Mais Vanity en avait décidé autrement et elle laissa le soin à un Serdaigle en quatrième année de ramasser la pièce qui lui explosa dans les doigts.
Elle entendit les rires très particuliers des jumeaux Weasley et fit comme si de rien n’était. Ils semblaient pourtant déçus, sans doute leur victime n’était-elle pas assez croquante, ils auraient préféré tomber sur une Serpentard comme Vanity. Celle-ci faisait d’ailleurs un pas de côté alors que le Serdaigle furieux devenait vert pomme ; c’était peut-être contagieux.
*Pathétique…*
Pathétique ce n’était pas vraiment le mot qui qualifiait le mieux la situation si l’on se dit que pathétique a pour synonyme des mots comme attendrissant, touchant, bouleversant ou même troublant. Vanity était loin, très loin, d’être attendrie, touchée, bouleversée ou troublée, la situation pouvait peut-être faire naître en elle un peu de pitié. Et elle reprit son chemin, accompagnée par les chuchotements des tableaux qui riaient encore de la plaisanterie des jumeaux. Elle priait au fond d’elle pour qu’aucun ne lui demande ce qu’elle en pensait.
Elle s’engagea dans un couloir un peu plus sombre qu’elle empruntait d’habitude pour se rendre au cours de sortilège. Elle devait en effet se trouver vers le troisième étage même si elle n’était pas vraiment sûre d’avoir compté tous les étages intermédiaires que les escaliers ne desservaient qu’exceptionnellement.
Elle se laissa finalement tomber sur un banc et s’adossa au mur. Elle plissa les yeux à l’adresse du tableau d’une jeune fille qui cueillait des fleurs dans un jardin. La petite se mit à pleurer.
*Qu’est-ce qu’elle a encore celle là…*

Vanity avait, d’une main assurée, sorti sa baguette d’une poche aménagée dans sa cape. Elle voulait faire taire la toile qui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. On a pas idée de peindre des toiles animées qui vont emmerder un minimum les élèves d’une école. Vanity pensa immédiatement que c’était sans doute une ruse pour faire peur aux petits sang de bourbe qui iraient plus vite en cours et pour inciter les plus grands à se rendre dans une salle calme pour étudier plutôt que de flâner dans les couloirs.
Les seuls sorts qui vinrent sur le moment à Vanity furent Incindio et Cracbadaboum. Elle opta pour le premier qui avait tout de même un peu plus de classe. Elle murmura à la toile de la fermer ou ça allait chauffer mais celle là ne l’écouta même pas, continuant de pleurnicher. Elle épousseta son corset et déplissa sa robe puis elle releva les yeux et tendit sa baguette devant elle. Elle soupira alors qu’une jeune fille de première année se plaçait devant la peinture, se demandant sûrement pourquoi la petite dans le cadre pleurait.
On ne pouvait donc pas lancer des regards assassins aux gens sans que d’autres ne s’en occupent. Vanity rangea sa baguette et resserra sa cape. Elle ne pouvait pas voir dans quelle maison était la fille alors elle se contenta de dire :
-Serpentard ?
Qui qu’elle soit, l’inconnue ne regardait pas vraiment autour d’elle parce qu’elle n’avait pas l’air de savoir qu’une autre personne se trouvait non loin.
*Et si elle n’est pas à Serpentard, je fais quoi ?*
La petite aristocrate leva les yeux en l’air. Elle improviserait, elle trouverait un truc cinglant à dire puis elle l’ignorerait royalement. La question qui se posait maintenant était : Si elle est à Serpentard, je fais quoi ? L’idée d’engager une conversation avec quelqu’un alors qu’elle avait respecté le silence jusque ici ne lui disait pas grand chose. Trois années sans amis, pourquoi serait-ce spécialement ce jour, alors que le printemps était éclatant de santé et que le tout le monde avait l’air content que les couloirs de Poudlard soit tellement propices aux plaisanteries.
C’est vrai que faire connaissance avec les gens lors d’une veillée funèbres ou pendant une période intensive d’examens n’était pas vraiment idéal, mais Vanity ne croyait plus en aucun idéal qui pouvait peut-être exister (Nous soulignerons le peut-être).
-Plus tu la regarderas, plus elle pleurera. J’ai essayé.
Vanity parlait vite et d’une voix nuancée par un accent très Irlandais du Nord. Elle ramena son sac sur son épaule gauche. Il était neuf parce qu’elle avait été obligée de quémander à sa mère un nouveau sac après la mauvaise blague d’un inconnu qui l’avait fait exploser alors qu’elle montait un escalier mouvant. Le ridicule ne tuait pas ? Ah !! c’était donc pour ça qu’elle était toujours en vie ?
*En espérant qu’elle ne le prendra pas mal et qu’elle s’attaque pas à mes vêtements. *