La chambre de bonne miteuse de September

September avait voyagé pendant près de trois heures pour enfin arriver aux environs de Pré-au-Lard. Il était épuisé et la faim, qui sans cesse le tiraillait, recommencait à se faire sentir.

C'est épuisé qu'il arriva devant une vieille demeure victorienne croulant peu à peu sous le poids des ans, menaçant ruine un peu plus chaque jour. Le toit était à refaire, des tuiles manquaient, et cette haute bâtisse finissait par se ratatiner sur elle-même, un peu à l'image d'une tour de Pise.

September soupira. Il avait passé près d'une heure à chercher un endroit où se loger et personne ne voulait de lui... Bien entendu, il n'évitait pas les éventuelles et éternelles insultes "sale moldu !", "sang de bourbe !", etc...

A présent, cette horrible maison était son seul espoir ! d'autant plus qu'était marqué sur un vieux panneau de carton défrâichi : chambre à louer.

Il n'en attendait pas beaucoup d'une telle demeure. Peut-être devrait-il même cohabiter avec des rats pendant quelques temps ?
Le jeune homme avait poussé une dernière petite plainte et s'était finalement décidé à entrer...

"17 gallions !" lui avait-elle dit lorsqu'il avait pénétré la chambre. "17 gallions !" et se fut sa seule phrase. Même pas un "bonjour, comment ça va ?", elle devait être habituée aux gens aigris et aux personnes de passage...

La petite chambre de bonne ne valait même pas un dollar ! Elle était petite, vétuste, extraordinairement humide et sentait le renfermé ! Un lit avait été disposé dans un coin où s'était entassé poussière et copeaux de bois.

A sa gauche, l'on avait mis une petite commode dont l'un des pieds avaient été brisé. De ce fait, la commode penchait, comme le reste du bâtiment. En désespoir de cause, l'on avait posé la cruche d'eau et la bassine pour les ablutions par terre...

September acheva de jeter un regard inquiet à l'aspect misérable de ce qui allait être bientôt sa demeure. Excédé, ahuri il secoua lentement la tête, la bouche ouverte.

"17 gallions !" reprit la vieille femme.

*Rahh j'ai compris, ça va !*

Il observa un peu mieux le plancher et le toit. Le plancher était pourri et défoncé par endroit... quant au toit, cela devait être la partie de la maison la moins touchée par le manque de tuiles. Encore une chance !

"17 gallions !", reprit-elle. Décidemment, elle s'impatientait.

*Ca va ! C'est pas un quatre étoiles non plus, grand-mère !*

Ecoeuré, September passa une main hâtive dans sa poche et sortit ce qui lui restait d'argent. 17 gallions, 15 mornilles et 20 noises en tout...
Il poussa à nouveau un profond soupir, fixant le peu d'argent qu'il avait. Puis son regard passa à la vieille femme, à demi implorant.

"Vous êtes sûr que cela vaut 17 gallions cette chambre ? Marmonna-t-il, sincèrement je trouve que c'est un peu exagéré pour ce que vous offrez !"

Les sourcils de la vieille se fronçèrent. Elle tendit sa main ouverte vers lui, le considérant d'un mauvais oeil.

"17 gallions ! C'est tout ! Sinon, tu pars !"

Les lèvres de September se plissèrent tandis qu'au fond de sa gorge une boule lourde comme du plomb commençait à se former. Il déglutit avec peine puis compta lentement ses 17 gallions dans le creux de sa main.

"Voila ! Fit-il en les lui remettant, mais sérieusement, si vous voulez mon avis, ça ne vaut même pas 1 gallion !".

La vieille femme -à présent contentée- referma la paume de sa main parcheminée de crevasses et de rides -non sans avoir avant croqué dans l'une des pièces de September pour s'assurer qu'elles étaient vraies. Elle les rangea ensuite dans une des poches de son tablier et observa à nouveau le jeune homme.

"Combien de temps tu restes ?".

La mine défaite, épuisé et terrassé par l'argent qu'il avait dû donner, il haussa négligemment les épaules sur un pauvre sourire.

"Je sais pas... marmonna-t-il comme si la force de parler lui manquait, un certain temps...".

Elle parut comprendre ce qu'il voulut dire et acquiesça d'un signe de tête entendu, juste avant de déclarer, les mains sur les hanches :

"Tu restes longtemps, tu te laves dans le couloir ! Ya des toilettes aussi ! Porte de gauche !"

*Sir, YES, Sir ! Héhé !*

Malgré tout, il avait encore la force de plaisanter. Ca l'étonnait par ailleurs...

"Ensuite, ta chambre coûte 17 gallions par semaines ! Et ne viens pas contredire, moi ! Le prix reste le même !

Pour manger, tu fais comme tout le monde ! Je prépare pas à manger ! Tu sors et tu t'achètes un truc ! Interdiction formelle de manger dans ta chambre !".

*Oui, maman !*

September lui esquissa un léger sourire sardonique sur des dents blanches. Il ne fallait absolument pas qu'il éclate de rire devant cette femme, même si l'envie, la situation et surtout la fatigue le poussait à le faire...

"Bien ! Maintenant, je pars !".

Et elle lui tourna les talons, se dirigeant vers la petite porte. Dans un geste, elle avait posée une petite clé en feraille rouillée sur ce qui semblait être une table de nuit.

Avant qu'elle ne refermât la porte, September avait jeté un coup d'oeil au lit dans lequel il allait dormir. Une idée vint lui frapper l'esprit et il s'élança alors vers elle :

"Excusez-moi ! On est en mars et je n'ai qu'une seule couverture !Lâcha-t-il d'une traite, je pourrais pas en avoir une autre ?".

Mais elle ne sembla pas l'entendre. Pire que cela, elle referma la porte derrière elle tout en secouant la tête, visiblement dépité par l'exigence de son nouveau client...

Au cliquetis que fit le loquet dans la porte, September sut qu'à présent il devrait se débrouiller tout seul dans cette chambre de bonne miteuse.
Il passa alors une main temblante de fatigue et de froid sur son menton. D'ailleurs, une barbe de trois jours commençait à s'y dessiner...

"Ohh non... gémit-il, c'est pas possible...".

Puis il vint à s'écrouler sur son lit de fortune qui gémit au passage. Il ne se sentait plus la force de continuer, plus la force de se battre ! Et il l'avait laissée partir avec ce qui lui restait d'argent...
Lentement, il commença à plonger dans le sommeil. Un repos qu'il espérait plus que réparateur...