Quel plaisir merveilleux qu’être là, allongée sur le gazon, en mordillant une brindille d’herbe, à ne rien faire d’utile, à perdre consciencieusement le temps en regardant les oiseaux passer et écoutant, sans y prêter attention, le babillage indistinct de quelques élèves qui comme elle n’avaient rien de mieux à faire…que ne rien faire !
Magnifique paresse ! Opal n’avait jamais eu le loisir d’en faire étalage, à Kelamera les activités de la ferme commençaient très tôt et tout le monde avait des tâches désignées ,à accomplir rigoureusement, elle inclus.
Opal , quand elle n’était pas à la petite école de Gungellan, travaillait avec les autres, dans la mesure de ses capacités. Elle avait, bien sûr, appris à monter à cheval à peu près en même temps qu’à marcher.
« Sugar », quel nom idiot ! avait été son premier poney, un petit animal de caractère doux qui avait fait les délices de tous les jeunes McLane lorsqu’ils s’entraînaient aux rudiments de l’équitation, affaire rapidement expédié parce que dans ce coin du monde on ne perd pas le temps à chevaucher poliment des poneys et on préfère des bons chevaux robustes et rapides.
Une vague de souvenirs la submergea mais, comme qui chasse une mouche impertinente, Opal les écarta…elle détestait se sentir nostalgique et trouvait parfaitement ridicule avoir le mal du pays comme si on ne devait jamais y retourner. Sa famille lui manquait, certes, mais elle n’allait pas en faire un drame, après tout ils se reverraient pour les vacances de Noël et pendant ce temps elle avait tout un monde à découvrir, plein de nouvelles expériences à vivre et avec un peu de chance peut-être même faire des nouveaux amis…
Et parlant d’amis, où diables était passée Angel ? Cela faisait un bon bout de temps qu’elle ne la voyait pas mais enfin ! Sûrement elle faisait sa petite cure de silence quelque part ou jouait avec Alba dans leur chambre. Opal n’avait pas eu le cœur de laisser Sage enfermé, d’après ce qu’elle savait le climat écossais ne serait pas pour longtemps au beau fixe et bientôt il ferait trop froid pour flâner, c’est ainsi que l’Abyssin libre de la contrainte de quatre murs, découvrait la nature environnante en revenant de temps à autre près de sa maîtresse, qui pour une fois, se prélassait au calme et Dieu merci, en silence !
Un nuage vint troubler la placidité ensoleillée de l’après midi. Opal se redressa en pestant contre l’intrus qui, il va de soi, s’en ficha royalement et comme s’il voulait la narguer, se donna le loisir d’appeler des renforts . Avec un soupir résigné, la petite australienne jeta un coup d’œil aux alentours. Peu à peu les autres élèves reprenaient le chemin du château. Le lac si calme un instant auparavant se ridait de vaguelettes et un petit vent frais s’était mis à souffler.
Envolé l’espoir d’une après midi parfaite, l’orage n’était pas loin.
-Allez, Sage…temps de rentrer si on ne veut pas finir en soupe !!!, une grosse goutte de pluie venait de s’aplatir sur son nez, ramène toi en vitesse, bon sang !
En quelques bonds gracieux le chat la rejoignit et Opal le releva pour se mettre à courir vers le château…trop tard, elle n’était pas arrivée près de l’entrée qu’ une averse diluvienne s’abattit, noyant la nature et Opal en passant.
Elle offrait une piteuse image en entrant dans le Hall, sa robe trempée pendait lamentablement, ses cheveux dégoulinaient et même le pauvre Sage avait triste mine.
En grommelant des jurons peu recommandables pour une enfant de son âge, l’australienne prit le chemin de la salle commune de Gryffondor et de sa chambre pour passer une tenue plus convenable, avaler, si possible, un bon grog pour prévenir un rhume, et permettre à Sage de se remettre des émotions…
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