Repos d'insouciante [ PV POTTER]

C’était en fin d’après midi. Ginny venait de finir ses heures de cours. Plutôt que de retourner immédiatement à la salle commune des Gryffondor, elle préféra sortir pour prendre un peu l’air et se changer les idées.

La Rentrée venait à peine de passer et déjà l’année était riche en événements. En effet, dès le premier repas dans la Grande Salle, Dumbledore avait annoncé à tous et à toutes le déroulement du tournois des trois sorciers, ici à Poudlard. Prise de cours, la jeune rouquine avait vu apparaître deux écoles étrangères, leurs directeurs respectives et leur étranges… cultures. Entre les vélanes et ces garçons de Dumstrang… voilà qui la gâtait question bizarrerie.

Ce n’était toutefois pas une mauvaise chose. Le tournois en lui même avait quelques choses d’excitant. Pour le moment, la coupe de feu reposait toujours dans le hall d’entrée, dans l’attente du jour fatidique. Et Ginny attendait ce moment avec impatience. Tout le monde donnait Cédric Diggory favoris pour représenter Poudlard. Il pouvait y avoir tout de même quelques surprises ! Qui sait ?

Ce jour là, Ginny y repensait pour la millième fois. En réalité, et pour sa part, ses avis étaient partagés. Elle savait que le danger rodait autour d’une pareille organisation. Cependant, elle était entraînée, par et comme tous les autres élèves du collège. C’était une nouveauté qui rompait la monotonie des enfants. Mais pouvait-on vraiment parler de monotonie dans un lieu aussi… magique ! Ginny en doutait un peu.

Les pas de la jeune fille la menèrent très rapidement vers l’extérieur du château. Comme souvent, elle était seule. Ce n’était pas volontaire mais finalement Ginny était du genre solitaire. Ce jour là n’échappait pas à la règle. Cependant, un peu imprudente qu’elle était, elle se retrouva rapidement trop loin. Elle avait apporté un bouquin pour lire un petit peu, à l’ombre des arbres. A cette époque de l’année, le soleil n’avait pas encore disparus et continuait de taper. Quel curieux climat que celui de l’Angleterre ! Encore quelques pas…et elle s’arrêterait pour s’asseoir.

Son livre déjà ouvert, la jeune rouquine lisait tout en marchant, ne faisant guère attention du lieu où elle se rendait. Si cela avait été le cas, elle aurait pu remarquer le danger de la proximité du Saule Cogneur. Elle n’avait jamais eu affaire à ce dernier. Son frère si, cependant. Et il lui en avait tellement parlé qu’elle en avait une crainte folle. Et il y avait de quoi.

S’immobilisant un moment, elle fronça les sourcils à la lecture d’un moment immensément dramatique. Vous vous doutiez bien que Ginny ne lisait pas un manuel scolaire. Non ! Par Merlin ! Elle lisait un bouquin moldu que son père avait récupéré lors d’une intervention au ministère. C’est ce qu’ils appelaient une… tragédie ? Un roman à l’eau de lilas ? Elle ne se souvenait plus trop. Les moldus avaient des expressions pour le moins étrange. Ginny avait toutefois vite compris qu’il s’agissait d’une œuvre sentimentale. Aussi s’était-elle très vite retrouvée captivée par la trame, et plus rien autour d’elle ne semblait la faire sortir de sa rêverie. Pas même le son dangereux des branches du Saule Cogneur…

[526 mots]

Comptabilisé

Et encore une nouvelle journée de terminée ! Une journée des plus banale en somme, avec les habituels cours soporifiques de Binns, les tirades sarcastiques de Rogue, les complexes leçons du profeseur MacGonagall et les cours de plein air du professeur Chourave... Vraiment banal pour n'importe qui, mais Harry n'en faisait pas partie justement, car il était bien heureux d'être de retour "chez lui" après ces deux mois de maltraitance alimentaire et d'enfermement. Il n'irait pass jusqu'à dire que Rogua lui avait manqué, mais c'était pas loin, il s'était tout de même un peu langui de ses répliques hautaines pendant les vacances... Oui, ça paraît fou, mais il fau dire qu'il y a de quoi tomber dans la dépression après deux mois chez les Dursley's, et vous en arrivez à penser n'importe quoi... Mais à présent, c'était fini ! Il était de retour à Poudlard et rien ne pourrait lui gâcher cette nouvelle année !

Un petit sourire aux lèvres, le jeune Gryffondor avait donc décidé d'aller se balader dans le Parc après la fin des cours, histoire de profiter un peu du rare soleil qui, dans quelques jours sûrement, ne se manifesterait plus beaucoup dans le ciel britannique... Harry marchait donc tranquillement seul, les mains dans les poches, toujours en uniforme scolaire car il n'avait pas fait de détour par la salle commune. Il lui aurait fallu remonter tout le Grand Escalier capricieux puis se changer etc... Trop long, et il n'avait pas eu envie de perdre du temps, aussi avait-il donné ses affaires à Ron qui lui, n'avait pas souhaité l'accompagner à cause de sa punition à rendre le lendemain. Hermione quant à elle, et bien, elle devait sûrement être partie rejoindre son petit ami de Poufsouffle, ou bien devait être plongée dans ses grimoires presque plus lourds qu'elle...

Continuant à suivre ses pieds d'un air distrait, le jeune Gryffondor se perdit rapidement dans ses pensées. Il y avait tellement d'évènements importants cette année ! Le Tournoi ! Harry n'avait pu s'empêcher, sur le coup de l'annonce de Dumbledore, de s'imaginer tenant le Trophée entre ses mains, comme bon nombre d'autres élèves en fait, avec le sentiment d'avoir enfin réussi à faire ses preuves aux yeux de tous ! Comme le lui avait dit le Choixpeau il y a quatre ans... Mais ça n'avait été qu'un moment euphorique du à la surprise de l'évènement, maintenant, en y réfléchissant bien, il n'avait pas vraiment envie de risquer sa vie pendant toute l'année dans des épreuves sûrement trop dures pour lui. Après tout, il n'avait que 14 ans, si le règlement stipulait qu'il en fallait 17, ce n'était certainement pas pour rien, il fallait sûrement conaître des sortilèges très puissants hors de sa portée, pour avoir une chance de survivre... Et puis la Gloire Eternelle, très peu pour lui, il avait déjà du mal à assumer sa célébrité stupide alors bon... Il préférait se faire oublier d'ailleurs.

Et puis, passer enfin un année normale à Poudlard ne pourrait lui faire que du bien. Lui qui en rêvait depuis si longtemps. D'autant plus qu'il serait déjà assez débordé par le Quidditch ! Bientôt aurait lieu le match contre Serdaigle, il fallait qu'il soit prêt ! Cela faisait à présent pas mal de temps que le jeune Gryffondor marchait sans but précis, s'éloigant du château sans même le vouloir. Tout en déserrant un peu sa cravate et en sortant sa chemise de son pantalon à cause de la chaleur, Harry se dit que ça ne serait pas mal d'aller au bord de la petite falaise délimitant l'enceinte du château, un peu plus loin après le Saule Cogneur. C'était un endroit très joli et très calme où l'on avait une formidable vue sur une partie du Lac Noir et sur les montagnes de l'autre côté de la rive.

Partant de cette idée, Harry changea légèrement sa direction et se dirigea vers la partie déserte du Parc, où personne n'osait jamais aller, c'est-à-dire, vers le Saule Cogneur. Le Gryffondor savait comment faire pour le contourner, il l'avait affronté assez de foi l'année dernière pour le savoir. Il descendit la petite pente menant à l'arbre pour arriver sur un plateau. Il fit quelques pas et se retrouva ensuite devant l'arbre cogneur. Mais son regard ne resta pas plus d'une fraction de seconde sur lui, au lieu de ça ses yeux furent immédiatement attirés par la fine silhouette d'une jeune fille aux cheveux flamboyants, immobile et en pleine lecture, qui n'était autre que Ginny Weasley.

Elle ne semblait pas avoir remarqué qu'elle se trouvait à quelques mètres du Saule Cogneur, et totalement à la portée de ses branches meutrières, qui d'ailleurs commençaient à s'agiter. Harry se figea direct, et son coeur s'emballa aussitôt, paniqué, ses yeux passant tour à tour de Ginny à l'imposant Saule dont les branches fouettaient frénétiquement l'air d'un air menaçant, prêtes à l'attaque.

"GINNY ! GINNY ! NON ! ATTENDS ! Ne bouge SURTOUT pas !" lui cria-t-il, en levant ses bras à mi hauteur, comme pour lui dire de ne pas avancer. Il voulait juste anticiper une possible réaction de la part de la rouquine qui aurait peut-être un peu trop bougé après qu'il l'ai interpellé ainsi. Et il ne voulait surtout pas attiser la colère de l'arbre par des mouvements brusques, seulement, c'était visiblement trop tard. Harry vit fuser une énorme branche en direction de la jeune fille, et réagit au quart de tour. Il s'élança sans hésitation et lui sauta dessus afin de l'obliger à tomber avec lui et ainsi à éviter de justesse la branche qui frôla leur tête de quelques centimètres à peine.

Mais, d'instinct, Harry n'attendit pas la prochaine attaque et se releva en suivant en entraînant Ginny avec lui en lui tenant fermement la main, zigzaguant dans tous les sens pour éviter les multiples branches qui tentaient de les faire tomber et de les attraper aux chevilles...

[HJ : j'te laisse décider de la suite des évènements... ]

« Isabelle cria de désespoir en voyant le corps mutilé de son amant. Désespérée, elle courut vers lui et… »

"GINNY ! GINNY !”

La jeune Gryffondor fut coupée de sa lecture par le cris qu’on lui lançait. Surprise, elle releva vivement la tête en fronçant les sourcils. Non loin d’elle se trouvait Harry qui semblait paniquer. Que lui arrivait-il ? Intriguée, elle s’apprêtait à refermer son bouquin et à le rejoindre lorsqu’il la prit de court en ajoutant :

« NON ! ATTENDS ! Ne bouge SURTOUT pas ! ».

Ginny mit une fraction de seconde avant de repérer le danger. Quelques secondes auparavant, elle était bien trop absorbée dans son livre pour entendre le bruit dangereux du saule cogneur. Mais à présent…

Son cœur fit un bond dans sa poitrine en comprenant à quoi Harry voulait en venir. Lentement, très lentement, effrayée à l’idée de ce qu’elle allait découvrir, Ginny tourna la tête. Une ombre se faufila au dessus d’elle, et bouche bée, elle vit une énorme branche en train de s’abattre sur sa tête. La couleur déserta totalement son visage. Oh non !!!! Elle allait mourir ! Juste au moment où cette pensée lui traversa l’esprit, un énorme poids la percuta et le plaqua par terre, tout de suite suivis par un bruit sourd fendant l’air. Complètement sonnée, elle ne reconnut Harry que lorsque celui-ci se releva et lui prit la main pour l’inciter à courir.

Aussitôt, elle fut entraînée dans son sillage, sentant à quelques centimètres d’elle les coups de fouet matérialisés par les branches du Saule. L’arbre avait tellement de force, qu’en touchant le sol, il fit vibrer ce dernier, manquant de faire tomber Ginny qui se raccrocha de justesse à Harry. Essoufflée, effrayée, elle fut déstabilisa et trébucha une nouvelle fois. Une nouvelle branche fouetta l’air et s’abattit sur le droite. Un gémissement de douleur apprit à la jeune fille que son sauveur avait été blessé. Son sang ne fit qu’un tour et, prenant son courage à deux mains, elle se remit à courir, plus vite.

Enfin, les deux élèves arrivèrent hors de portée de l’arbre. Hors d’haleine, Ginny se laissa tomber par terre, fermant les yeux. Un grincement se fit entendre. Le Saule Cogneur reprenait sa position initiale, indifférent de nouveaux à leur présence. Il fallut quelques secondes à Ginny pour qu’elle se remette de ses émotions. Seulement après, elle rouvrit ses paupières et ses yeux se posèrent sur Harry, avachi à coté d’elle. Aussitôt, elle se souvint qu’il avait été blessé et elle se redressa pour l’examiner. La branche avait écorché la bras droit du jeune homme. Ce n’était pas beau à voir, mais il avait eu beaucoup de chance.
Se sentant coupable, Ginny se rapprocha encore et prit le bras ensanglanté. Encore une fois, Harry était venu à son secours. Et encore une fois, il s’était blessé par sa faute. Cela lui rappelait étrangement sa première année. Cette horrible année où Tom Elvis Jedusor l’avait manipulé afin de tuer d’autres élèves. Elle avait eu beaucoup du mal à s’en remettre. Aujourd’hui encore, elle y repensait, sans toutefois oser en parler.

Ce n’était toutefois pas le moment de penser à elle. Levant les yeux vers le visage crispé de Harry, elle dit :

« Je suis tellement stupide ! A cause de moi, te voilà bien amoché ! »

La cadette Weasley était loin de repenser à son bouquin. Son fichu bouquin qui avait failli lui coûter la vie ! Et qui était à présent dispersé tout autour du Saule…. Non, elle était trop occupé à avoir mauvaise conscience et à se dire que si Harry n’avait pas été là… elle aurait sûrement été réduite à être de la chair à pater.

Complètement déboussolée, elle balbutia :

« Je ne sais pas comment te remercier…je… »

J’attire encore les ennuis, ajouta t-elle intérieurement, en pensant qu’elle avait belle et bien la poisse. Elle songeait vraiment à s’enfermer dans la salle commune pour être sur de courir aucun danger… et de n’en faire courir à personne de son entourage.

[676 mots] --- Semaine terminée dimanche 08 à 23h59

Toutes les pensées d'Harry n'étaient plus tournées que vers le moyen de sortir de là, concentré à fond sur son objectif, comme à chaque fois qu'il se retrouve confronté à un certain danger. Plus rien ne venait le perturber, il anticipait la plupart des attaques de l'arbre, Ginny à ses côtés. C'était ce genre d'état d'esprit qui lui avait plusieurs fois sauvé la vie dans le passé, et il se félicitait de l'avoir si brillament conservé. Seulement voilà, cela ne faisait pas de lui quelqu'un d'invincible non plus, bien loin de là !

Il sentait que la jeune fille se cramponnait régulièrement à lui à cause des tremblements que provoquaient les branches en tombant sur le sol avec une violence hors du commun. Lui-même manqua de tomber de nombreuses fois, mais le stress de se voir tout d'un coup tué par une branche en pleine tête décuplait ses forces. Ses poumons étaient en feu et il commençait à ne plus sentir ses jambes cependant, même s'il tentait d'ignorer tous ces signes de faiblesses.

Puis, Ginny trébucha alors qu'une branche fondait sur elle. Harry la poussa instinctivement sur la gauche et encaissa donc le coup à sa place. La branche fine mais rapeuse, lui lacéra le bras droit avec une violence inouie, lui arrachant un horrible cri de douleur. Il sentit immédiatement fit les larmes lui monter aux yeux sous le coup de la surprise. Il chancela sous la force de la frappe, mais heureusement Ginny se remit à courir, l'obligeant à la suivre, le jeune Gryffondor s'élança sur ses talons sans faire au sifflement menaçant d'une nouvelle branche juste à quelques centimètres de sa nuque.

Dans les derniers mètres, Harry crut qu'il n'arriverait jamais jusqu'au bout tellement ses jambes tremblaient dépuisement, mais finalement, il y parvint alors qu'une dernière branche tentait de le faire trébucher. Il du sauter pour l'éviter et roula plusieurs fois sur lui un peu plus loin, hors de la portée dangereuse du Saule Cogneur. Epuisé, il resta à terre un bon moment, à côté de Ginny qui semblait aussi exténuée que lui. Ils s'en étaient sortis de justesse, vraiment ça avait été moins une !

Reprenant peu à peu sa respiration normale, le Gryffondor grimaça alors que de l'herbe venait effleurer la blessure de son bras. Il pouvait sentir malgré lui plusieurs minces filet de sang chaud couler le long de son bras.

« Je suis tellement stupide ! A cause de moi, te voilà bien amoché ! » entendit-il à ses côtés, tandis qu'il sentait qu'on lui prenait doucement le bras. Il serra les dents quelques secondes à cause de la douleur que cela provoqua, puis se redressa un peu maladroitement pour contempler cette blessure. En effet, ce n'était pas joli à voir du tout ! Mais Harry ne voulait surtout pas qu'elle s'inquiète pour lui, et encore moins qu'elle se sente coupable.

"Mais non, ne t'en fais pas, ce n'est rien, juste une petite égratinure, j'aurais très bien pu me faire ça en coupant des racines d'Asphodel en cours de potion que ça n'aurait rien changé..." plaisanta-t-il avec l'espoir de la rassurer, tentant de masquer en un sourire les quelques grimaces que provoquaient les picotements de sa plaie.

La jeune rouquine begaya quelques autres mots un peu confus, et Harry s'empressa de répondre, voyant bien qu'elle continuait à s'inquiéter et qu'elle avait l'air totalement déboussolée :

"Ca va Ginny, calme-toi, tu n'as pas à me remercier, toi aussi tu m'as sauvé en limitant les dégâts, je serais mort sur le coup si tu ne t'étais pas remise à courir en m'entraînant avec toi..."

Il avait dit ça d'une voix qu'il voulait calme et posée, afin de la rassurer et de lui montrer qu'il n'y avait plus matière à se ronger les sangs. Mais en y repensant, après avoir encaissé le coup destiné à Ginny, il aurait pu avoir la nuque rompue net si elle n'était pas repartie aussi vite avec lui. A cette pensée, il frissonna. Puis il croisa son regard. Il venait de repenser à ce livre qu'elle tenait, et dans lequel elle avait été si absorbé pour en oublier le Saule Cogneur. Un livre... Encore... Ce n'était pas la première fois, Harry se rappelait très bien du journal de Jedusor et de ce qu'il avait provoqué en elle. Il continua à la fixer intensément, très inquiet pour elle soudainement. Il en oublia totalement sa propre blessure.

"Et toi ? Ca va tu n'as rien ?" lui demanda-t-il en voyant son teint des plus pâle, sûrement encore un peu choquée par ses évènements. Tout comme lui d'ailleurs. Ses mains en tremblaient encore. Mais il entendait aussi par là, si elle allait bien moralement, car elle avait du elle aussi et avant lui se rappeler de ce journal maudit. Son bras guérirait vite, ce n'était qu'une blessure physique, les plus dures, ce sont les blessures psychologiques, morales, Harry le savait par expérience.

En fait, il se demandait si elle en avait déjà parlé à quelqu'un, si elle s'était confiée au sujet du journal. Car il fallait toujours se confier à quelqu'un pour éviter de se replier sur soi-même... ou de se renfermer dans un autre bouquin au point de ne plus faire attention à la dangereuse réalité. Mais si jamais elle n'en avait pas parlé, alors cela voulait dire qu'elle gardait cela pour elle depuis deux ans... Comment ne pas craquer subitement après tant de temps à garder un tel poids ? Le plus dur étant bien sûr de pouvoir trouver quelqu'un capable de comprendre ce que l'on ressent après ce genre de choses...

"Mais non, ne t'en fais pas, ce n'est rien, juste une petite égratignure, j'aurais très bien pu me faire ça en coupant des racines d'Asphodel en cours de potion que ça n'aurait rien changé..."

Harry faisait mine de plaisanter mais Ginny voyait bien à sa crispation que la douleur était bien là, vive et latente. Et elle se sentait d’autant plus coupable. Mais quand allait-elle faire un peu attention à ce qui se passait autour d’elle ? Probablement quand ce qui se passait autour d’elle allait s’intéresser à elle… Ce qui était en réalité peu probable. La jeune Weasley n’était pas du genre pessimiste, mais il fallait avouer que c’était son humeur pour le moment. Et cet accident n’allait pas en arrangeant.

"Ca va Ginny, calme-toi, tu n'as pas à me remercier, toi aussi tu m'as sauvé en limitant les dégâts, je serais mort sur le coup si tu ne t'étais pas remise à courir en m'entraînant avec toi..."

Harry tentait de la rassurer, en vain. Ses paroles ne faisaient qu’empirer son état d’esprit. Mince ! Pourquoi fallait-il que tout le monde soit gentil avec elle, sans pourtant lui accorder une quelconque importance ! Avaient-ils pitié ? Si c’était le cas, ils pouvaient bien se la garder. Elle se souvenait en cet instant, que les rares fois où Harry s’était intéressé à elle, se révélaient être principalement lorsqu’elle était en danger de mort. C’est à dire deux fois. En première année et maintenant. Ce qui était très peu en fait. Il allait probablement l’oublier, une fois revenus dans le château… Ou lorsqu’il sera guéri... Car cette vilaine blessure allait le faire grincer pendant quelques jours, surtout s’il n’allait pas à l’infirmerie. Il allait probablement la maudire tout bas.

Allons Ginny, pourquoi tant d’idées noires ? … Et bien probablement parce qu’elle venait de frôler la mort. Et qu’elle réalisait tout ce qui n’allait pas dans sa vie. Harry n’était pas la seule chose dans sa vie, bien entendu… Heureusement d’ailleurs ! Seulement, sur les autres points… Question familiale, elle n’avait rien à redire. Elle adorait ses parents, ainsi que ses frères bien qu’ils lui mènent la vie dure. Elle était toujours choyée et aimée, et le fait qu’ils soient pauvres ne changeait rien à l’affaire. Question scolarité, elle n’avait pas à se plaindre non plus. Elle se débrouillait sans pour autant briller dans toutes les matières. Elle faisait seulement partis des « normaux », ceux qu’on remarquait rarement.

Oui… en réalité, le problème avec Ginny, c’était sa sociabilité. Qu’est-ce qu’elle était piètre dans ce domaine ! Elle faisait des progrès d’année en année mais ce n’était toujours pas ça… quoiqu’il en soit, cela ne résoudrait en rien la situation présente.

"Et toi ? Ca va tu n'as rien ?"

La jeune rouquine lui lança un coup d’œil étonné. Pourquoi lui demandait-il cela ? C’était lui qui avait été blessé ! Certes, elle était encore secouée, mais rien de bien grave, physiquement. Les sourcils froncés, prise de court, et troublée malgré elle, Ginny secoua vivement la tête, et mentit avec brio :

« Ca va parfaitement ! Grâce à toi ! Je ne sais pas ce que j’aurai fait si tu n’étais pas arrivés à temps… ou plutôt ce que je serai devenu… »

Elle eut un sourire crispé, pressée de changer de sujet. Elle n’aimait pas parler d’elle. Ce n’était pas aujourd’hui que cela allait changer. Jetant un coup d’œil autour d’eux, elle vit au loin un morceau de son livre. Les yeux dans le vide, elle ajouta, sans timbre :

« Les livres sont plus dangereux qu’on ne le pense… »

Elle resta un moment immobile… Puis se secoua mentalement. Ginny se releva vivement avant de changer d’avis et baissa les yeux vers son sauveur. Tendant un main vers lui, elle changea une fois de plus de sujet, espérant qu’il se prête au jeu :

« Je t’emmène à l’infirmerie. Il faut soigner ton bras avant que ça ne s’infecte. »

Le jeune Gryffondor voyait bien que Ginny n'avait pas du tout l'air rassurée par ses paroles, au contraire, il lui semblait lire dans ses yeux qu'elle lui en voulait pour ça. Mais ça n'avait aucun sens, pourquoi lui en voudrait-elle de tenter de la rassurer ? Non, il avait du se tromper, s'imaginer des choses... En tout cas il ne pouvait ignorer l'humeur mélancolique de la jeune fille. Elle sembla se perdre un instant dans des pensées pas très joyeuses, vu l'expression de son visage, et Harry fut alors convaincu que quelque chose n'allait pas. Ou peut-être même plusieurs choses...

Ron ne lui avait rien dit pourtant... Mais il fallait avouer que Ron n'était pas très doué pour ce genre de choses, deviner les malheurs des autres n'avait jamais été son fort. Comme le disait si bien Hermione régulièrement : "Il a la capacité émotionnelle d'une petite cuillère !" (^^) Ce qui faisait toujours rire Harry d'ailleurs. Mais là c'était sérieux, il n'y avait pas matière à plaisanter, la jeune rouquine ne semblait pas au mieux de sa forme, et ce depuis pas mal de temps déjà d'après les dires d'Hermione, qui la voyait beaucoup plus souvent que lui. Pour citer ses paroles, elle lui avait dit qu'elle trouvait Ginny "changée depuis quelques temps", de plus en plus "solitaire" et que ça l'inquiétait. Ron, loin d'être alarmiste, n'avait pas pris la peine de s'en inquiéter outre mesure.

« Ca va parfaitement ! Grâce à toi ! Je ne sais pas ce que j’aurai fait si tu n’étais pas arrivés à temps… ou plutôt ce que je serai devenu… »

Harry continua à la fixer. Quelque chose sonnait légèrement faux dans ces paroles. Il soupira, devinant qu'elle tentait d'éviter le sujet.

"Je ne parlais pas de ça Ginny..." dit-il en un demi-murmure. Il voyait très bien que la jeune fille n'était pas de celles qui aiment parler de leurs problèmes personnels. Lui-même n'aimait pas vraiment le faire et changeait de sujet lorsqu'Hermione tentait d'aborder des sujets délicats pour lui. Elle, elle faisait exactement pareil, elle déviait chaque sujet. Quoi que les paroles qui s'ensuivirent donnèrent un minimum d'encouragement à Harry pour tenter de la fare parler et donc de la libérer d'un poids. Elle parla des livres... On se rapprochait du but...

« Je t’emmène à l’infirmerie. Il faut soigner ton bras avant que ça ne s’infecte. » ajouta-t-elle alors en lui tendant le bras.

Mais Harry ne bougea pas, et la força à croiser son regard émeraude. Son bras pouvait attendre, Mme Pomfresh s'en occuperait plus tard, il avait toujours mal mais tant qu'on ne le touchait pas, c'était largement supportable. Quoi qu'il en soit, elle venait une fois de plus de changer de sujet au dernier moment, mais il ne comptait pas en rester là. Il s'en voudrait s'il la laissait repartir dans le même état d'esprit qu'à l'arrivée. Il avait vraiment envie de l'aider, il l'appréciait beaucoup, il la considérait même comme une amie à part entière même s'ils ne se voyaient presque jamais, et ce n'était pas dans ses habitudes de laisser ses proches noyés dans leurs tourments sans chercher à comprendre. Et puis il la sentait à deux doigts de craquer, ne serait-ce que pour avoir prononcé cette phrase mystérieuse au sujet des livres, qu'il était un des rare à pouvoir en comprendre le sens caché...

Sans la lâcher des yeux, il leva doucement son bras valide et prit sa main, mais pas pour se relever.

"Ginny, s'il te plaît..." lui dit-il doucement, sachant très bien qu'elle comprendrait où il voudrait en venir. Il garda sa main dans la sienne et l'attira doucement vers le bas pour qu'elle se rassoit près de lui. Qu'elle se renferme petit à petit sur elle-même était bien la dernière chose qu'il voulait. Peut-être qu'il se trompait, qu'elle n'avait rien, mais franchement, tous les signes montraient le contraire ! On aurait pu croire qu'il allait ensuite rajouter : "Pas avec moi... Ca marche peut-être avec Ron ou les autres, mais pas avec moi..." Mais il sentait qu'il n'avait pas vraiment besoin de le faire. Il voulait qu'elle se confie un peu à lui, mais il ne voulait non plus l'y brusquer, il savait combien ce genre de choses étaient désagréables. Il souhaitait juste lui faire comprendre que si un jour, elle avait besoin de lui, il serait là. Même si ce n'était pas aujourd'hui...

[A toi de choisir Confession ou fuite ? hé hé XD t'es piégée Miss...^^ Prends ton temps pour répondre au fait ^^]

[Sadisme quand tu nous tiens… ]

Ginny sentait le regard d’Harry posé sur elle, et elle fut d’autant plus mal à l’aise. Elle n’était déjà pas très sure en sa présence, alors en ce moment… Elle déglutit difficilement et tenta de se dérober mais les yeux émeraudes du jeune garçon l’en dissuadèrent.

"Je ne parlais pas de ça Ginny..."

Rahhh mais pourquoi Harry se mettait-il à être clairvoyant tout à coup ?! Il ne faisait jamais attention à elle d’habitude alors pourquoi maintenant ? Certes, c’était la première fois qu’ils se retrouvaient seuls depuis l’attaque du basilic… Mais Ginny n’avait pas besoin de ses sermons. Car c’était bien de cela qu’il s’agissait. Les yeux du gryffondor semblaient l’accuser de ne rien dire, de ne pas se confier. Mais elle n’y était pour rien !! Si elle ne se confiait pas, c’était parce que personne n’était là pour l’écouter. Hormis Hermione et ses parents. Cependant, ses parents étaient de nature trop protecteurs et Hermione était beaucoup trop proche d’Harry. Ginny ne voulait pas prendre le risque qu’elle aille tout lui répéter.

Il se souciait d’elle à présent ? Elle aurait du en être flattée mais étrangement, cela la mettait en colère. C’était trop tard…

Elle avait tenté de changer de sujet une fois de plus. Lui rappeler qu’il était blessé lui avait semblé être une bonne idée. Mais inflexible, il ne bougea pas d’un pouce, se contentant de la fixer. La jeune fille avait presque envie de se cacher sous terre. Elle était partagée entre divers sentiments : la tristesse, la timidité, mais aussi la révolte et la colère. Elle avait su se débrouiller seule jusqu’à maintenant. Elle n’avait pas besoin de son aide qui ressemblait plus à de la pitié qu’à du soutien réel.

Tout s’aggrava quand il lui prit la main. Etait-il devenu fou ? Pensa Ginny en écarquillant les yeux. Elle se maudit en réalisant qu’une fois encore, elle rougissait, à en devenir rouge pivoine. Elle avait presque l’impression qu’il pouvait entendre les battements désordonnés de son cœur, tant ce dernier cognait fort.

"Ginny, s'il te plaît..."

La panique l’envahit et elle se laissa faire lorsqu’il la força d’une pression de main à se rasseoir. Elle cherchait à toute vitesse ce qu’elle pourrait dire, comment elle pourrait réagir. Qu’il serait facile de tout lui dévoiler et de pleurer sur son épaule ! Mais qui avait dit que la vie était facile et juste ? Bien qu’il lui fasse clairement comprendre qu’il était là pour l’entendre, elle savait très bien qu’il avait d’autres soucis plus importants encore. A quoi bon alors l’ennuyer avec ses histoires de collégiennes éperdues et complètement traumatisées ? Non… Elle ne pouvait pas faire ça. Elle préférait encore garder tout ça enfouis en elle. Surtout, ne rien avouer dans un journal intime. Elle en avait déjà fait les frais. D’où son désir de ne plus rien dire à propos de ses sentiments.

Qu’est-ce que Tom Jedusor avait du rire en l’écoutant se confier ! Qu’est-ce qu’elle avait du sembler ridicule et idiote ! Quelle honte elle ressentait encore au fond d’elle même ! La honte et la trahison. Aujourd’hui, à qui pouvions-nous faire confiance ?

Le silence s’installa entre les deux gryffondor. Ginny avait détourné les yeux et baissé la tête. Elle savait déjà depuis le début qu’elle n’allait rien lui dire. De toute manière, elle ne le pouvait pas, même si elle le voulait. Elle tenta de calmer son rythme cardiaque et c’est seulement à cet instant qu’elle réalisa qu’ils se tenaient toujours la main. Comme si elle s’était fait brûler, elle lâcha brusquement celle d’Harry et se détourna définitivement.

Courageusement, elle se releva à nouveau et lui tourna le dos. Encore quelques secondes… Et elle reprit, après s’être discrètement raclé la gorge :

« Allons voir Pomfresh pour soigner ton bras… »

Ginny était fière d’elle. Sa voix ne semblait pas faible et brisée… contrairement à elle même. Ginny était condamné à rester au second plan et à reléguer ses ennuis personnels derrière les dangers qui surgissaient un peu plus chaque année. Vous-Savez-Qui n’était pas mort… et bien que faible, tous, plus ou moins, se doutaient qu’il allait refaire surface tôt ou tard…

Harry avait très bien remarqué le changement soudain de couleur de teint de la jeune rouquine, lorsqu'il lui avait pris la main, mais il avait fait comme si, justement, il n'avait rien vu. Ca le mettait on ne peut plus mal-à-l'aise de penser que c'était sans doute lui qui provoquait ça...

Voyant que la jeune Gryffondor commençait à venir se rassoir alors qu'il lui tenait toujours la main, Harry perçut en ce signe de capitulation une lueur d'espoir. Peut-être allait-elle enfin lui dire ce qui n'allait pas ? Mais, non, Ginny se mura dans un silence pesant, fuyant chacun de ses regards. Et il voyait devant lui et sans pouvoir rien faire, avec un serrement incontrôlable au coeur, ce qui se passait réellement : elle s'emmurait dans sa solitude, se renfermant sur elle-même petit à petit jusqu'à se couper progressivement de tout contact extérieur. A moins que ça ne soit lui qui dramatise la situation ? Non, on ne dramatise jamais lorsqu'il s'agit de Lord Voldemort...

A cette pensée, Harry sentit une colère sourde prendre naissance en lui. Où qu'il soit, quoi qu'il fasse, quelque soit le moyen employé, il arrivait toujours à détruire tout autour de lui... Jetant un regard indescriptible à Ginny, qui continuait à regarder partout sauf vers lui, Harry vit alors encore plus clairement ce qui se passait. IL la rongeait de l'intérieur, c'était Lui qui l'isolait... IL avait réussi à lui faire perdre toute confiance en elle et surtout en les autres, à la persuader que se confier était dangereux...

Et, comme pour confirmer le tout, la jeune fille retira brusquement sa main de la sienne pour au final se détourner de lui. Où qu'il soit lui ausi, il retrouvait toujours sur son chemin des conséquences de Ses actes... Et ce que ne supportait pas le Gryffondor par dessus tout, c'était de voir que ces conséquences se reflétaient au travers de ses amis, de ses proches... Les faisant souffrir à cause de lui, et donc, le faisant souffrir lui aussi par la même occasion. Un horrible sentiment de culpabilité jaillit alors dans sa poitrine. Il aurait tellement voulu l'aider, mais comment s'y prendre ? Il n'était pas doué pour ça, habituellement, c'était Hermione qui avait le plus de tact pour ce genre de choses. Mais quand même ! Il devait bien être capable de venir en aide à ses amis sans elle !

Le jeune lion l'observa se relever tout en lui tournant toujours le dos, pour finalement répéter le besoin urgent de soigner son bras.

*Mais qu'ils sont têtus chez les Weasley !* songea Harry.

Après avoir repensé à Voldemort et aux dégâts colatéraux qu'il avait le don de provoquer dans son entourage, Harry eut une soudaine envie de se mettre en colère contre la jeune fille, de lui reprocher qu'elle se laissait avoir par Lui encore une fois ! Qu'une Gryffondor ne devait pas se laisser prendre dans un tel piège ! Qu'il était digne de confiance, qu'il était d'ailleurs un des rare à l'être sur ce genre de sujets ! Qu'il pouvait comprendre puisqu'il avait été lui ausi concerné même si ce n'était pas de la même manière et même s'il avait moins souffert qu'elle ! Il avait envie de lui dire qu'elle n'avait rien à craindre, qu'elle pouvait se confier à lui, qu'il n'était pas Tom Jedusor ! Mais... Etait-ce vraiment le cas ? Toutes ces étranges ressemblances avec l'Héritier de Serpentard lui revinrent en mémoire et le troublèrent l'espace de quelques secondes. Il aurait voulu lui crier tant de choses... Mais ne le fit pas... La brusquer était bien la dernière chose à faire. Ca ne l'aiderait sûrement pas... Parfois il avait envie de se giffler pour tant de nullité.

Il resta assis dans l'herbe quelques secondes. Les dents serrées et les sourcils froncés, il arracha violement une touffe d'herbe et la balança devant lui, puis une deuxième fois avec tout autant de hargne. Et enfin il se leva, grimaçant un peu à la douleur de son bras tandis que les lambeaux de sa chemise restés accrochés frottaient dessus. Mais à vrai dire, il s'en fichait royalement. Elle venait de résister une seconde fois à ses tentatives, ce qui signifiait que c'était plus grave qu'il ne le pensait. Bien qu'elle fut de dos, il la fixa intensément alors qu'il était debout non loin d'elle. Devait-il insister ou la laisser tranquille ?

Il leva un instant la tête en fermant les yeux pour ensuite reposer son regard sur elle. Enfin, il soupira, capitulant d'une voix éteinte :

"Très bien..."

Il voulut rajouter quelque chose, mais aucun autre mot ne sembla en mesure de dépasser ses lèvres. Que lui aurait-il dit ? Il avait d'autant plus l'impression que, plus il essayait de l'aider, plus elle se braquait... Qu'avait-il donc fait pour qu'elle réagisse comme ça ? Pourquoi semblait-elle se sentir si mal en sa présence ? Pourquoi refusait-elle tout contact physique avec lui ? L'avait-il blessée sans s'en être rendu compte ? Qu'elle soit amoureuse de lui était une chose, mais là ça allait beaucoup plus loin... Il y avait autre chose...

"Il ne gagnera pas Ginny..." murmura-t-il plus pour lui que pour elle.

Le jeune Gryffondor entama alors la marche du retour vers le château, à pas lents, histoire que la jeune fille puisse le rattraper sans problème si elle en avait envie. Il gardait son bras blessé contre son ventre comme s'il l'avait en écharpe, tâchant un peu plus sa chemise mais quelle importance... Sa dernière phrase, bien qu'ayant été chuchotée de façon presque inaudible, signifiait clairement qu'il n'abandonnerait pas, qu'il ne la laisserait pas tomber dans les griffes invisibles mais pourtant bien présentes, de son ennemi... Avec ou sans aide, il trouverait le moyen... Au pire, elle finirait par se confier d'elle-même à quelqu'un, même si ce n'était pas à lui... Elle n'avait fait que reporter le moment faidique rien de plus...

Et oui, il était aussi têtu qu'elle ! (^^)

Harry n'eut pas à attendre bien longtemps avant que la jeune fille ne le rattrape et ne se règle sur sa vitesse de marche. Comme c'était à prévoir, aucun d'eux ne dit un mot, laisant ainsi s'installer un silence oppressant entre eux. Hary fixait le sol devant lui, elle regardait ailleurs, aucun d'eux n'osant se regarder en face. Le jeune Gryffondor était en train de réfléchir à ce qu'il pourrait lui dire, certaines choses lui brûlaient les lèvres, il voulait plus que tout remettre ça sur le tapis et la pousser à se confier à lui. Mais c'était hors de question, elle lui avait fait clairement comprendre qu'elle ne le voulait pas.

De quoi avait-elle peur au juste ? Il n'allait pas le crier sur tous les toits ! Au contraire, pour les secrets, Harry était le meilleur, ne serait-ce que pour en posséder lui-même beaucoup. Et il savait très bien ce que ça faisait de voir que soudain quelqu'un avait parlé, que quelqu'un l'avait trahi... Aussi n'était-il pas du genre à tout répéter dans la minute suivante à la première personne venue... Il était très loin de ce genre de caractère pipelette...

Le Gryffondor se risqua à jeter un regard en biais à la jeune fille. Vraiment, il ne comprenait pas pourquoi avec elle, il y avait toujours ce malaise. Il fallait qu'il lui dise quelque chose, qu'il décontracte l'atmosphère... Mais que dire ? Finalement, ce fut elle qui le devança, et il la remercia intérieurement, même si ce qu'elle lui dit ne fit qu'agraver son sentiment de malaise envers elle. L'allusion à Alehandra était très claire. Il releva la tête et fixa un instant son regard au loin, vers l'horizon. Il avait peur de la blesser en parlant d'elle, aussi choisit-il soigneusement ses mots pour limiter les dégâts.

"Non... Non, ça va aller, je ne veux pas que l'on s'inquiète pour moi..." répondit-il en baissant à nouveau son regard vers le sol et en continuant à marcher.

"Je préfère être tranquille... Histoire de me préparer mentalement aux futurs sermons d'Hermione..." plaisanta-t-il avec un léger sourire, en regardant Ginny dans les yeux.

Il entendait déjà les reproches de son amie qui avait le don de tout exagérer. "La rentrée vient à peine d'avoir lieu et tu manques déjà de te tuer !" La voix crystaline d'Hermione résonnait déjà dans sa tête, et son sourire s'agrandit inconsciemment, se moquant gentiment d'elle intérieuerment. En tout cas, il avait tenté, assez maladroitement certes, de détendre l'atmosphère et de faire passer le moment de gêne entre lui et la jeune rouquine. Et il n'avait aucune idée de si ça avait marché ou pas.

Harry posa un instant les yeux sur son bras meurtri, et contempla la blessure qui était tout sauf esthétique. Elle saignait toujours mais moins abondamment qu'avant. Sa manche, ou ce qu'il en restait, était imbibée de sang, et l'entaille n'était pas très belle à voir. Mais ce n'était rien, Harry n'accordait pas beaucoup d'importance à sa propre personne, ce qui l'inquiétait, c'était elle. Le silence s'était réinstallé entre eux bien malgré lui. De toute façon, il voyait déjà le château qui se rapprochait de plus en plus. Ils seraient bientôt arrivés, il leur restait juste à contourner le Lac Noir et à marcher un peu. Il sentit alors une boule se former au creu de son estomac.

Alors voilà, ça allait se finir comme ça ? Il abandonnait déjà pour aujourd'hui ? Il allait la laisser s'en aller, aussi mal qu'avant, voire peut-être plus ? Lui qui avait l'impression de ressentir une part de son malaise, de partager une part de ses problèmes ? Sans prévenir, il s'arrêta soudain, pour se retrouver finalement un peu en arrière vis-à-vis de Ginny, qui avait continué à avancer de quelques pas.

"C'est parce que c'est moi que tu ne veux rien dire ?" lui demanda-t-il brusquement, avec une certaine dureté dans la voix qui le surprit lui-même. Fixant la longue chevelure rousse de la jeune Gryffondor, Harry resta là, à la regarder et à attendre une possible réponse. Peut-être allait-elle continuer à marcher sans lui répondre, ou peut-être qu'elle s'arrêterait, qu'importe, tout ce qu'il savait, c'était que les mots lui avaient échappé et que c'était maintenant trop tard pour reculer. De toute façon, il ne le souhaitait pas, il était déterminé à aller jusqu'au bout à présent...

"Tu ne pourras pas tout le temps fuir tes problèmes Ginny, un jour ou l'autre il te faudra les affronter en face..." rajouta-t-il avec tout autant de dureté, tentant de maitriser cette colère sourde qui était subitement revenue à l'assaut. On pouvait presque percevoir un sentiment de reproche dans sa voix. Il lui reprochait entre autres, de fuir au lieu de se battre.

*Et ce jour-là, je serai là si tu as besoin...* pensa-t-il plus calmement pour compléter ses propres mots. Il ne voyait pas encore son visage, et n'avait donc aucune idée de sa réaction... Allait-elle exploser et tout lui balancer à la figure ? Le traiter de tosu les noms pour tant de brusquerie ? Ou bien continuer à marcher sans se retouner vers lui ? Les possibilités étaient très vastes...