Un mot pour vous, Monsieur... [Ap à Rufus]

Apophis Sykes avait fini de déjeuner et s'était rendu sans plus tarder jusqu'à la salle de classe du professeur Aurora. Ayant, avant toute chose, vérifié que la jeune femme était toujours en train de manger et qu'elle ne le dérangerait pas, il s'était élancé dans les couloirs droit vers ladite salle de classe.

Une fois à l'intérieur il ferma la porte mais jugea inutile -et surtout suspect- d'aller jusqu'à la vérouiller. Ainsi la laissa-t-il close tandis que, d'un tour d'horizon, il balayait l'endroit de son regard clair.
Il avisa une chaise et une petite table -endroit où il s'asseyait de temps à autre lorsqu'il devait surveiller le cours- et s'y installa aussitôt.

Produisant d'un coup de baguette une plume et se levant pour "emprunter" un rouleau de parchemin dans l'une des armoires remisées il reprit place et mouilla la pointe de sa plume avant de commencer à écrire :

"Poudlard, le 14 avril 1995.

De l'Auror : Apophis Sykes.

Cher Monsieur Scrimgeour,

Demeurant toujours votre humble et plus dévoué serviteur, je me permets ainsi de vous écrire cette lettre de manière à vous tenir informé de l'avancement de mon travail de sentinelle auprès de l'école Poudlard.
Ma requête ne pouvait décemment attendre mercredi -jour où je devais vous remettre mon rapport- et il me tarde de vous entretenir à ce sujet de façon un peu plus approfondie. Soit... ne tournons guère autour du pot et venons-en au fait !

Monsieur Scrimgeour, il y a, à Poudlard, des événements qui me laissent à penser qu'une menace muette plane sur l'école et je suis très inquiet quant à la sécurité des élèves ainsi que des professeurs et du personnel. De plus, je m'étonne de n'avoir pas vu plus de Détraqueurs ces derniers temps. Dumbledore vous aurait-il donné l'ordre de les éloigner ?

Soit, ce n'est guère cela qui me tracasse en priorité. Le fait est que, pas plus tard que la semaine dernière, une élève et moi-même avons été attaqué par le Saule Cogneur alors que nous nous tenions à distance respectable, non loin des remparts Est.

L'arbre est devenu comme fou furieux et s'en prenait délibérément à nous... J'ai réussi à sauver cette enfant in extremis mais elle est maintenant à Sainte-Mangouste dans un état préoccupant. Quant à moi... un bandeau sur l'oeil tente d'appaiser la douleur d'un coup porté par une de ses lianes.

J'ai tâché d'en toucher quelques mots à Aurora Sinistra mais elle est souvent occupée et m'ammène donc à reconsidérer tout ceci tout seul.
Pour tout vous avouer, cela me laisse perplexe, extrêmement perplexe. Cet arbre n'avait jamais manifesté la moindre hostilité auparavant et voila qu'il s'est mis à nous attaquer délibérément. C'est à n'y rien comprendre...

Je n'ai pas voulu m'attarder sur cela pour le moment, mais j'attire quand même votre attention sur un fait préoccupant.
Tandis que je me rendais au réfectoire samedi dernier afin d'y faire ma ronde habituelle, j'ai surpris un ancien camarade de classe actuellement professeur d'Etude des Moldus à l'école. September Quint -car c'est son nom- m'a salué mais il semblait extrêmement mal à l'aise.

Il m'a regardé et à essayer de "deviner" un détail sur moi -où plutôt sur la veste que je portais alors.
Il ne s'est pas attardé outre mesure et a fixé son regard sur mon badge -Dumbledore m'a demandé de le porter de manière à ce qu'il n'y ait aucun malentendu de la part des élèves- puis il est parti. Il avait l'air soulagé, comme renseigné par quelque chose...

Au tout début, je n'ai pas pensé à mal. En effet, à l'époque où je l'ai connu, je dépendais encore de l'influence de mes parents et de ma famille... Je crois qu'il se sera étonné de ma présence ici et des bruits qui courent concernant ma profession...
Mais n'en parlons plus ! Il y a de cela deux jours, je me suis dirigé vers la bibliothèque et l'y ait à nouveau rencontré. Quelle ne fut pas ma stupeur en voyant de quelle allée il sortait !
L'allée concernant les ouvrages de Magie noire. Il transportait nombre de livres dans ses bras, ainsi lui ai-je demandé ce qu'il avait choisi. J'ai ainsi constaté qu'il ne s'agissait là que d'archives concernant Poudlard...

Mais je demeure toujours en reste et cette histoire me préoccupe et me tracasse. Hier encore je suis venu lui en parler et il ne m'a rien dit, n'a rien sous-entendu mis à part qu'il écrivait un livre sur l'école, ruen de plus.
Je n'ai pas voulu l'interroger tout de suite ni entrer dans les grandes largesses de mon opinion. Je souhaite par-dessus tout n'éveiller aucun soupçon chez lui si mes soupçons s'avèrent être exacts.

Ainsi vous ferai-je part de mon attention : Monsieur Scrimgeour, délivrez-moi une missive de perquisition. Ma théorie est certes infondée mais ces divers détails me tourmentent... J'aimerais en avoir le coeur net de manière à ce que personne ne puisse en pâtir. Mieux vaut prévenir que guérir.

Je souhaiterais donc perquisitionner chez September Quint de manière à fouiller tout son domicile. Je préférerais me tromper et ne rien y trouver mais je ne peux être sûr si vous ne me donnez pas carte blanche afin d'élucider ce mystère.

J'aurais également voulu savoir si, pour cette mission, vous auriez accepté de m'accompagner...

Je ne vous en dévoile guère plus et attends vos instructions.

Cordialement,

Auror A. Sykes".

Apophis roula la lettre et se leva de son bureau, cherchant des yeux un volatile à qui il aurait pu remettre ce message...

Rufus Scrimgeour était en pleine réunion parlementaire avec les différents chefs haut-placés du gouvernement Magique. Les conversations n'en finissaient pas, et Rufus était l'un des plus ardent à défendre ses opinions, ralliant un certain nombre de personnes à sa cause de par son charisme et la véracité de ses propos. Il était principalement en conflit avec un certain Lucius Malefoy, qui s'opposait à chacune de se sthèses et de ses propositions pour améliorer la sécurité dans le monde des Sorciers. Malefoy était un personnage influent au sein du Ministère, particulièrement auprès du Ministre lui-même, aussi Rufus devait-il prendre garde à ce qu'il disait...

De nombreux regards noirs s'échangeaient plus ou moins discrètement entre les deux hommes, mais ils avaient tous deux assez de retenue et de savoir-faire politique pour rester le plus calme possible. C'était une de ces réunions où, lorsqu'on a une ambition démesurée comme Rufus, on joue comme dans un jeu d'échec en déplaçant ses pions à chaque parole. Le Chef des Aurors préparait déjà le terrain pour le poste de Ministre qu'il convoitait tant.

Soudain, la porte de la salle de conférence s'ouvrit et un employé, après s'être excusé, traversa la pièce pour venir aux côtés du Vieux Lion, à qui il chuchota quelques mots à l'oreille, l'informant qu'un hibou l'attendait dans son bureau et que c'était assez urgent. Imperturbable, Rufus acquiesca vaguement d'un signe de tête et l'employé repartit. Ensuite, avec une politesse extrême, il s'excusa auprès de l'Assemblée puis quitta la pièce, tous ceux de la salle comprenant qu'en tant que Chef des Aurors, il devait être disponible 24h/24. Il se dirigea vers son bureau et y trouva le hibou portant la lettre à sa patte droite, debout sur le dossier de sa chaise. Il prit le parchemin tandis que l'oiseau repartait, et le déplia impatiemment, reconnaissant de suite l'écriture de son fidèle Auror, Apophys Sykes.

Alors que ses yeux perçants parcouraient la lettre, il s'assit confortablement puis la posa sur son bureau en bois sculpté, avant de croiser les mains devant son menton d'un air méditateur. Il fixa pendant plusieurs minutes le mur d'en face, plongé dans ses songes, pesant le pour et le contre. Il ne pouvait pas donner de perquisition n'importe comment, il fallait de bonnes raisons. Or c'était ce que son Auror demandait, se basant sur des choses certes curieuses mais insuffisante au regard de la loi. Cependant Rufus accordait parfois beaucoup plus d'importance à l'instinct qu'aux lois elles-même. Lui-même, durant sa brillante carrière, avait beaucoup misé sur son propre flair, et ça l'avait mené très loin en très peu de temps...

De plus, il voyait beaucoup d'espoirs en Apophys Sykes, comme s'il se voyait plus jeune à travers lui, car il lui ressemblait fortement. Sortant de ses pensées, Rufus Scrimgeour se mit tout à coup à farfouiller un peu partout dans son bureau, sortant des liasses de paperasse des tiroirs concernant tout Poudlard : les dossiers de missions, les dossiers sur les élèves, les professeurs, le personnel, les plans du château, les fantômes, etc... Il réétudia tout ceci méticuleusement et y passa toute la nuit dessus. Oui, il allait donner cette perquisition à Sykes, mais il devait d'abord gonfler les maigres preuves qu'il lui avait donné pour être juste devant la loi. Malefoy convoitait aussi le poste de Ministre, il était son rival, et au moindre écart, Rufus savait qu'il lui tomberait dessus... Puis, à 4h38 du matin, ttoujours tenu en éveil par son professionnalisme et son excitation quant à cette suspicion vis-à-vis de Quint, le Chef des Aurors prit un parchemin vierge et commença à rédiger :

"Ministère de la Magie, 15 avril 1995.

Du Chef des Aurors : Mr Rufus Scrimgeour.

Monsieur Sykes,

Ce dont vous venez de m'informer me préoccupe fortement. Si vous pensez qu'une réelle menace pèse sur cette école, je ne peux qu'accorder crédit à vos dires. Vous avez en effet été, et vous êtes toujours, un Auror de confiance, dont l'expérience ne permet pas de doutes quant à vos capacités et vos talents.

J'ai longuement réfléchi sur ces informations que vous m'avez confiées dans votre première lettre, et j'en suis arrivé à une conclusion très simple : je vais vous accorder cette perquisition, et je vais bien entendu vous accompagner. Sachez que de toute façon je vous aurais accompagné même sans que vous ne le proposiez, non pas parce que je doute de vous - au contraire je vous connais très bien et vous sais parfaitement apte à ce genre de mission - mais simplement parce que si vos soupçons se révèlent exacts et que nous trouvons quelques chose de compromettant, il nous faudra agir vite et sans attendre afin d'empêcher Mr Quint de comprendre qu'il est démasqué et de s'échapper. Or nous ne serons pas de trop à deux pour cela, ne serait-ce que par mesure de sécurité...

Cependant, vous devez vous demander ce qui m'a ammené à vous donner raison. Et bien apprenez que je soupçonne depuis un certain temps déjà la mise en place d'un complot à Poudlard, et ce depuis précisément le retour des Mangemorts à la Coupe du Monde de Quidditch. Je vous avais d'ailleurs fait part de mes opinions à ce sujet. Le peuple et la majeure partie du Ministère ne croient pas à une attaque à proprement perler, ils pensent que ces Mangemorts n'ont agis que par distraction, dans un élan de rappel de leur ancienne puisance lors de la Sombre Epoque.

Peut-être est-ce le cas, mais pourquoi auraient-ils fuis devant leur propre Marque ? Je suis comme vous, Mr Sykes, je ne suis pas tranquille, quelque chose se trame à notre insu et il est de notre devoir de découvrir quoi. Le jeune Potter a été intégré au Tournoi pour un but bien précis mais nous ignorons lequel encore. Les Détraqueurs, comme vous l'avez souligné, qui s'éloignent alors qu'aucun ordre ne leur a été donné dans ce sens, le Directeur qui semble en savoir plus qu'il n'en dit, l'arrivée au château d'un second "ancien" Mangemort, en la personne de Karkaroff, étroitement lié à Severus Rogue, le fait que Sirius Black soit encore dehors, la présence de Mr Quint cette année précise où il se passe toutes ces choses...

Je ne crois pas aux coïcidences Mr Sykes, et vous avez entièrement eu raison de m'informer de tout ceci et de vos soupçons, qui comme vous le voyez, se lient aux miens. C'est dans ce sens que j'ai envoyé Alastor Maugrey prendre le poste de Professeur, afin qu'il puisse, comme vous, surveiller l'école de l'intérieur et peut-être dissuader toute tentative de la part des Mangemorts. Car il s'agit bien de cela, ils s'agitent, après s'être si longtemps fait oubliés, ils refont parler d'eux, cela cache quelque chose qui ne me dit rien... Tout semble se tourner vers cette école et c'est pourquoi je vous demande de continuer votre mission à Poudlard, en redoublant de vigilance. N'abandonnez votre poste que si cela s'avère véritablement nécessaire...

Autant que je vous prévienne aussi, Mr Sykes, j'ai fais des recherches sur vous comme sur chacun des Aurors sous ma direction, et je vous sais lié à Mr Quint d'une étrange manière, aussi je préfère m'assurer que vous ne laisserai pas vos sentiments personnels altérer vos jugements et salir votre devoir prioritaire : protéger les élèves. Vous viendrez, comme dit plus haut, avec moi lors de cette perquisition, mais je préfère vous mettre en garde. Si nous ne trouvons rien, je vous demande de ne pas poursuivre votre enquête de façon personnelle sur votre rival d'enfance. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous focaliser sur un seul suspect qui s'évèrerait en fait être innocent alors que le ou les vrais coupables resteraient en liberté dans le château, et totalement insoupçonnés...

J'espère m'être bien fait comprendre, sachez que je n'ai jusqu'à maintenant jamais eu à redire de vos méthodes et de vos résultats, aussi j'aimerais que cela continue dans ce sens... Sur ce, je vous laisse à vos missions officielles - et officieuses - en espérant que vous ayez vu juste. J'aurais aimé être à vos côtés sur le terrain plus longtemps mais les affaires internes au Ministère ne me le permettent pas, encore moins avec toute cette convoistise autour du Ministre, je pense que vous le comprenez. Ce dernier, entre nous, ne semble se rendre compte de rien et se laisse quasi-volontairement influencer par certaines personnes dont vous devinez aisément l'identité. En ce sens, j'ajouterais une dernière chose : prenez garde à ne pas agir en présence de son fils qui est comme vous le savez à Poudlard. Vous savez comme moi qu'il se sert de lui pour tout savoir et je n'apprécierais pas beaucoup le fait qu'il apprenne nos intentions non officielles... C'est un homme influent mais c'est surtout un ancien Mangemort, que je me dois de garder à l'oeil afin de l'empêcher de manipuler impunément notre Ministre.

Je compte donc sur votre plus grande discrétion Mr Sykes, la politique est, au-delà des clichés qu'en a le peuple, un métier à haut risque, et plus spécialement par les temps qui courent. Ces anciens Mangemorts manigancent quelque chose, soyez prudent de votre côté, la balle est plus dans leur camp que dans le nôtre mon cher. Laissons-les bouger leurs pions, soyons patients et aux aguets, leur première erreur nous fixera sur leurs intentions...

Je vous fixerez rendez-vous lorsque je serai en possession de la perquisition, car il me faut d'abord faire jouer de mes relations pour l'obtenir sans craindre d'enquête interne. Continuez de me tenir au courant de vos avancées par voie postale ou par Patronus si vous jugez la voix hibou postale trop dangereuse.

Respectueusement,

Rufus Scrimgeour, Chef des Aurors

Une longue lettre, en effet. Après relecture méticuleuse, le Chef des Aurors la roula et aposa le sceau du Ministère dessus pour la sceller, un sceau magique empêchant toute tentative de lecture extérieure mis à part par la personne dont le nom est en haut de la lettre. Un sortilège des plus pratique. Rufus siffla son hibou qui arriva par la fenêtre dans les secondes qui suivirent, noua la lettre à sa patte, lui donna du Miamhibou pour lui donner des forces et le laissa s'envoler.

Le Vieux Lion se cala confortablement dans son fauteuil de cuir et observa le plafond d'un air songeur. Il venait de prendre des risques avec cette perquisition, mais le jeu en valait sûrement la chandelle... Il n'avait jamais été déçu par Apophys, il venait de miser sur son instinct et il avait véritablement intérêt à être bon car Rufus risquait quand même gros sur ce coup... Il le lui avait bien fait comprendre dans la lettre, le droit à l'erreur n'existait pas dans ce genre de situations. Si jamais cela ne marchait pas et qu'ils ne trouvaient rien chez Quint, Rufus endosserait en tant que Chef toutes les Responsabilités et devraient rendre des comptes au Ministre. Malefoy se ferait une joie de le descendre et de l'écarter de la course, ce que le Chef des Aurors ne supporterait pas...

Apophis Sykes était tranquillement adossé à un mur, cigarette à la main. Il goûtait à quelques minutes de pauses bien méritées, léger intercours qu'il s'était permis d'avoir entre deux heures de cours théoriques sur l'astronomie. La première heure il avait même réussi à s'endormir ce qui avait fait glousser plus d'un élève et avait obligé Aurora à claquer dans ses mains afin de le réveiller. Lorsqu'elle s'était fachée, tandis que les enfants quittaient la classe, il lui avait simplement rétorqué que, la prochaine fois, il "aménérait un bouquin" puis était parti, paquet de cigarettes à la main, lui déposant un baiser à la dérobée sur la joue. A présent, il se tenait dans les couloirs, à quelques mètres de la salle de cours...

Cependant une présence hullulante vint bientôt briser sa réflexion -qui n'allait guère au-delà de "que vais-je manger ce soir ?"-. L'Auror se retourna et vit ainsi une chouette portant à sa patte un volumineux message. L'animal s'approcha de l'homme, tournant sa petite tête curieuse d'un côté comme de l'autre, cherchant une éventuelle caresse ou signe de remerciement. Apophis se saisit alors de sa patte et, comme un enfant terrible, la chassa d'un bref revers de main. L'animal, dépité, émit un léger cri de protestation et s'envola aussi sec -non sans oublier, dans son battement d'aile, d'heurter le front de l'Auror.

"Raaahhh !! Mais !! Conn*r*es d'oiseau à la gomme ! Barre...", il s'arrêta, l'oiseau était déjà loin. Il ouvrit immédiatement la lettre et en fit claquer les feuilles afin de mieux lire, les sourcils toujours froncés, irrité.

Au fur et à mesure qu'il lisait, un petit sourire narquois et satisfait se peignait sur ses lèvres fines, gonflant son coeur d'une pompeuse et écrasante fierté, le portant ainsi un peu plus haut dans son estime, son égo surdémesuré... Sykes buvait du petit lait, se délectait des nombreuses attentions et compliments de son maître tant estimé en bref savourait cet instant de pure reconnaissance... Mais aussi se grandissait de savoir qu'il avait à présent obtenu son accord quant à cette perquisition. En son for intérieur il lui assurait de mener à bien cette mission et de ne pas le décevoir.

Son expression de jubilation extrême dévala cependant son visage d'ange réjoui dès qu'il lut les lignes concernant September et leur passé... commun. Rufus, le connaissant si bien, l'avait donc à l'oeil concernant son vieil ami et il espérait que cette future mission ne soit pas une façon pour lui de régler ses vieux comptes entre bons amis...
Sykes parcourut les quelques lignes qu'il restait, enregistrant ses ordres, puis replia la feuille dans un sourire crispé. Il fourra le papier dans l'une des poches de son manteau et se dirigea bien vite vers la salle de cours ; plus précisément le bureau d'Aurora.

***

Il avait eu de la chance et était rentré avant la classe, ayant largement le temps de se faufiler dans son bureau sans qu'elle ne le voie. Refermant précautionneusement à clé il s'était assis confortablement dans son fauteuil puis avait sorti une feuille de parchemin et une plume. Traçant les quelques lignes de l'entête, il progressa et attaqua alors :

"Le 16 Avril 1995.

De l'Auror : Apophis Sykes.

Cher Monsieur Scrimgeour,

Je fais suite à votre message et vous remercie pour votre réponse si rapide. De vous à moi, je n'en attendais pas moins de vous et n'avais qu'à peine à espérer que vous m'autorisassiez à exercer mon devoir.
Je tiens également à vous réconforter quant à ce qui concerne September Quint. Il est, en effet, une vieille connaissance, mais je ne cherche en aucun cas à rendre des comptes outre mesure. Je suis ici en tant qu'Auror donc en tant que professionnel et jamais je ne dévierai de ma tâche, si impliquée soit-elle. Je vous prie de me croire... quoique je pense que vous vous en doutiez déjà !

Comme vous le savez, je vous suis entièrement dévoué et donc parfaitement libre. Il ne reste plus qu'à vous d'obtenir une date pour qu'ensemble nous puissions nous rendre au domicile de cet homme. J'espère -j'en suis même sûr- que nous trouverons des preuves suffisantes afin de l'écrouer. Mon instinct, d'ordinaire, ne me trompe jamais...
Pour ma part, je reste à la disposition de Poudlard tout en enquêtant sur ce curieux phénomène. J'espère, à cela, pouvoir vous rapporter des preuves plus flagrantes.

Monsieur Scrimgeour, une dernière chose : restons sur nos gardes et travaillons dans l'ombre ! J'estime que cette perquisition devrait rester secrète et ne pas sortir du cercle des personnes concernées... que nous formons déjà. Si vous dites que Lucius Malfoy n'attend qu'une occasion pour bondir, n'ébruitons pas l'affaire. Ceci dans une simple mesure de sécurité...

Je connais partiellement sa famille quoique ne les ayant pas réellement fréquentés. Mais je sais qu'ils observent, ont des yeux et des oreilles partout et n'hésite pas à passer à l'attaque une fois l'occasion présentée. Je n'ai pas eu le temps de voir vraiment le jeune Drago, toujours est-il qu'il ne manque pas à la tradition de ses aïeux. Peut-être m'évite-il sachant qui je suis ? En tout cas, si c'est bien ce que je pense, une chose m'apparaît comme certaine :

Drago n'hésitera pas -ou n'a pas hésité- à venir dire à son père que je suis à Poudlard. Je ne passe décemment pas inaperçu avec ce maudit badge... Bref !
Lucius, en bon sang-pur, a fait comme tous les autres c'est-à-dire renier jusqu'à mon existence. Je ne suis qu'un être insignifiant à leurs yeux. Pas exactement un "sang-de-bourbe" -passez-moi l'expression- mais je reste quand même un traître à leur sang... Et les familles de sang-purs ont la mémoire très longue, croyez-moi !

C'est donc la raison pour laquelle je me permets d'insister sur ce détail, sur cette mission que nous devons tenir à l'abri des regards indiscrets, sur ma présence qui, bien malgré moi, est étroitement surveillée. Au moindre faux-pas, Monsieur, il n'hésiterons pas à s'en prendre à nous !
Mais vous pouvez compter sur votre humble serviteur pour se faire le plus discret et efficace possible...

Je vais sceller cette lettre de manière à ce que personne ne la lise à part vous. Je pense qu'il n'arriverons pas encore à briser mes enchantements...
Un dernier conseil : prenez garde à vous. Les Malfoy sont de vrais vipères ! Et n'oubliez pas ~~qu'eux aussi~~ (il railla nerveusement cette mention) ...qu'ils ont été Mangemorts. Et ces gens-là, Monsieur, sont bien mieux morts que vivants...

Cordialement,

Votre dévoué serviteur,

Auror A. Sykes".

Ses mains tremblaient, inconsciemment, sans qu'il ne s'en soit rendu compte. Des souvenirs assez pénibles, tout du long, étaient remontés à la surface, embrumant son esprit de phrases vagues et d'images floues qui n'avait ni sens, ni logique, ni intérêt. C'était comme s'ils n'arrivaient pas à outrepasser une barière imaginaire formée dans l'esprit de l'Auror.
Ce dernier roula la lettre et la ferma d'un sceau frappé des initiales "A.S". Un semblant de sourire se dessina sur ses lèvres et il caressa d'une douce pensée la mémoire de ces pauvres Détraqueurs qui, autrefois, l'avaient laissé aussi vide qu'une coquille de noix. Bientôt les images s'estompèrent...

Se levant de son siège il sortit rapidement sa baguette et l'agita dans un dernier coup.
L'Auror se retourva bien vite au seuil de la volière de l'école cherchant du regard un docile volatile...

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