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 Dans une bien étrange demeure... [PV Rabastan]

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Dans une bien étrange demeure... [PV Rabastan] Empty
Ξ Sujet: Dans une bien étrange demeure... [PV Rabastan]   Dans une bien étrange demeure... [PV Rabastan] EmptyMar 25 Mar - 18:12

"Bouge pas, petite chose !

Doucement, douucement, tu vas te faire mal...

Voila, c'est bien mieux. Bien mieux. Si tu marches comme ça, tu verras, t'auras plus peur de tomber, hein ?".


Sid Avery Junior sourit. Sa main aux doigts bien planes se laissait parcourir par une araignée aux pattes longues et fuselées dans une dance plutôt aérienne et difficile à exécuter. Chaque mouvement faisait davantage tanguer son gros corps noir et velu, courbant parfois sous le souffle attentif du jeune homme qui l'observait. Sa main à hauteur de son visage, le Mangemort faisait tous ses efforts afin de ne pas bouger.

"Lààà, répéta-t-il d'une voix douce, tu vois ? T'y arrives ! C'pas si difficile, quoi !".

Et il pencha sa paume précautionneusement de manière à ce que l'animal atterrisse convenablement dans une assiette à la porcelaine ternie et aux dorures passées. Cette dernière était d'ailleurs assez poussiéreuse et c'est à peine si l'on distinguait les initials qui était gravées dessus... L'arachnide s'habitua rapidement à cette nouvelle surface plus stable et plus dure et commença à vouloir y évoluer. Cherchant à en sortir son possesseur ramena sa main en coupe et l'obligea ainsi à revenir au centre de l'assiette.

"Non, non, pas si vite ! Pas si vite ! Reste encore un peu ici ! -il se mit à sourire tendrement- Tu es jolie, toute jolie avec tes grandes pattes !".

Puis il se redressa lentement, observant l'assiette fissurée sur laquelle tanguait inlassablement sa petite protégée, posant à chaque fois une patte puis une autre avec grande précaution, telle une danseuse sur un nuage.
Le visage de Junior resta un instant neutre et silencieux comme s'il n'était fait que de cire. Ses deux yeux sombres et ronds contemplaient sans la quitter la malheureuse créature aux pattes et au corps si fragiles...


"Tu sais, tu me rappelles moi. Coupa-t-il finalement, t'as l'air frêle sur tes jambes de baguette, tu sais pas vraiment où poser ton pied... En fait, t'as la trouille de ce qui pourrait t'arriver au moindre mouvement inconsidéré !

Tu tâtonnes le terrain pour voir si c'est fiable, t'attends de voir avant de te lancer...
Parce que tu sais très bien que, si tu calcules mal ton élan, tu risques fort de tomber !

C'est ça la vie, petite araignée ! Une succession de risques et de choix à prendre ! En bref, ça passe où ça casse !".


Il lâcha un long et douloureux soupir, comme si son coeur venait de se déchirer en deux. Jetant un regard alentours et pincé à la cuisine dans laquelle il se tenait, il revint bien vite à sa captive.

"Vrai de vrai, ma vieille. Y a des fois où tu te réveilles et tu te demandes pourquoi on t'a foutu au monde. Tu te dis que, ma foi, tu serais peut-être mieux ailleurs...

Mais c'est des vraies co****ries ça, toute façon, parce que tu sais très bien qu'il y a rien de plus précieux que d'exister ! Et, en plus si l'on est libre, alors c'est franchement le pied !".


Il clotura sa phrase par un léger surbresaut de rire, hochant la tête sur un sourire macabre.

"C'est ce qu'il est, le petit Avery. C'est ce qu'il est !".

Et il porta l'assiette jusqu'à hauteur de ses yeux :

"Et toi, ma vieille, c'est ce que tu n'es pas : un être libre ! D'ailleurs, t'es même pas un être, hihihi !".

Son rire sénile dura ainsi quelques minutes, rougissant ses joues trop clair, plissant son visage en une grimace horrible de petit diable contenté. Il laissa échapper quelques larmes puis reprit finalement sa respiration avant de continuer :

"Ohh mais, trève de bavardages ! Tu dois êtes impatiente et puis faut jamais faire attendre ses invités !".

Il se retourna alors d'une traite, portant l'assiette comme le serveur d'un grand hôtel, solidement calée sur ses cinq doigts et toujours à hauteur de son visage. Raide comme un soldat au garde-à-vous, le coup digne et le front haut, il claqua doucement des talons dans son affreux uniforme de parade étriqué puis se dirigea vers la porte. Cette dernière s'ouvrit d'elle-même sur son passage, débouchant sur une immense salle à manger.

Elle était pourvue d'une grande cheminée et d'une table longue et massive occupant la totalité de l'espace. Les fauteuils en cuir capitonnés dont la couleur était passée s'étalaient d'un côté comme de l'autre à perte de vue. La lumière était absente, seule celle d'un vieux candelabre branlant posé dans un coin perçait cette morbide obscurité...

Sid s'avança jusqu'au siège réservé au maître des lieux et déposa sans ménagement son assiette sur la table. Cette dernière rendit un bruit creux de faïence et l'araignée commença à paniquer, cherchant appui pour se sortir de ce piège infâme. A nouveau, Avery la ramena au centre de son assiette.


"C'est la duuurree loi de la jungle, murmura-t-il d'une voix exagérément glauque, il faudra t'y faire !

Car ce soir... ce soir, mes chers amis...

Ce soir...

Ca sera un réel festin !".


A ces mots il gloussa, passant ses jambes par-dessus l'un des accoudoirs du fauteuil et tirant sa baguette du revers de sa veste. Tendant le bras par-dessus lui il fit s'allumer un gigantesque brasier au sein de la cheminée ; la flamme exulta un grand "vvvwwouuff !" aussi puissant que le grondement du tonnerre, embrasant ainsi la totalité de la pièce.
Sid n'était pas seul, en effet, à cette table...

D'autres personnes siégeaient. Trois corps dont deux avaient été décapités et un gardait les yeux crevés.Ce dernier, par ailleurs, gardait la tête inexorablement penchée sur sa propre écuelle. Quant à la présence de ses cadavres, il était inutile de dire qu'ils rendaient une odeur plus qu'indélicate. Ils devaient être ici depuis plusieurs semaines, à croupir comme des rats... mais cela ne semblait pas incomoder Junior outre mesure.

L'enfant des Averys posa son index sur un délicat sourire, plissant ses yeux sombres sur la vaissellerie disposée sur la table : des verres cassés, des assiettes ébréchées, un service à potages ne datant pas d'hier, bref tout un ensemble laissé délibérément à l'abandon. Et les corps inanimés ne semblaient pas prendre plus de part que ça à cette petite sauterie.


"Puuaahh !! Qui c'est qu'est pas allé se laver encore ? Hein ? 'Ch***er ! Avant de passer à table, on se lave quoi ! Vous n'avez jamais appris les bonnes manières ?".

Il ricana, se renfonçant un peu plus dans son siège de ministre.

"Saaannnss rire !! Vous puez le rat crevé ! Vous m'direz, c'normal ! Toute façon vous êtes que de pauvres sorciers, franchement pauvres d'esprits comme d'énergie pour vous êtes faits avoir par un Lestrange, hihihihi !".

"Qu'est-ce que t'as, Bertrand ? Lança-t-il amer, en se tournant vers le cadavre à sa droite, t'es pas content ?!

Et toi, Richard, ça va pas ? T'es un peu penché de biais par rapport à... -il esquissa une moue sceptique, clignant des yeux- l'axe de la Terre, c'est pas normal ça !

TIENS-TOI DROIT, B****L DE M**** !!!!!".


Sa main frappa brutalement la table, faisant vibrer la vaisselle. Dans sa cage improvisée, la petite araignée tentait toujours de fuir.

"Hihihihihihihihiii... T'as eu la trouille, Gaston ! Ca s'est vu sur tout visage !!".

Il étouffa d'une main malhabile un petit rire fluet, levant les yeux au ciel quant au cadavre désemparé qui, lui, n'en avait pas... Douce réjouissance que celle-là ! Il n'avait pas d'yeux, l'imbécile ! Avery, lui, en avait ! Ils étaient grands, beaux et bruns ! Les yeux de son... Euhmm, mieux vaut ne pas en parler pour ne pas briser les festivités !

"Maman dit toujours -et ça faut écouter- qu'il est préférable de se laver tous les jours et de bien passer ses mains à l'eau claire et au savon avant de passer à table !

Sinon, toutes les s****ries qu'on a touché durant toute la journée se retrouvent dans notre assiette, et ça c'est pas bien, pas bien du tout !".


Il releva les siennes et les contempla un instant, agitant ses petits doigts aux ongles plein de crasses. Son visage souriait, un immense rictus bienheureux comme celui d'une citrouille à Halloween.

"Petit Avery, tu as fait des bêtises... tu t'es pas lavé les mains... maman va pas être contente... -ses poings se refermèrent-

Pauvre petit Avery, va falloir te punir...

Mais comment faire pour que tu te reçoives une bonne grosse raclée, hmm ?".

"Tu veux pas me la donner Bertrand, par hasard ?".


Et, à ce moment précis, un bruit se fit entendre par-delà la porte qui le séparait du hall d'entrée. Sid s'arrêta à l'instant, ses gestes figés et aux aguets dans une expression absolument idiote de surprise.
Il se rasséréna, déglutit, le visage en feu. Dans des gestes lents et calculés il se tira de son fauteuil, passant par-dessus l'accoudoir. Il se saisit finalement de son assiette où demeurait toujours sa captive et s'avança lentement vers la porte. Sa baguette à lui était resté sur la table...

Les secondes s'égrainaient lentement, tombant comme des gouttes d'eau froide le long de son crâne, tandis qu'il avançait graduellement vers son but. Son coeur battait la chamade de ne savoir sur quoi ou sur qui il tomberait. Il se croyait pourtant seul, il avait vérifié !
Et si ces Mangemorts étaient là pour lui rappeler qu'il ne faisait pas son travail ? Qu'il avait un devoir envers le Lord !


"Ils me traîneront jusqu'à lui, murmura-t-il sur des yeux agrandis de terreur, ils me battront, me feront subir un endoloris une fois de plus !

Et mon père sera là... en train de se moquer ! Yarrgghh !".


Il porta une main à sa gorge et lâcha subitement son assiette qui vola en mille morceau sur le sol. Effrayé par tout ce boucan, Avery porta ses deux mains à sa bouche tandis qu'il observait avec effroi l'araignée détaler sous un meuble...

"Ohh non pas ç...".

Il se jeta à plat ventre, l'attrapa de justesse. La pauvre créature se débattit, tâchant de lui pisuer le doigt mais il la rangea rapidement dans sa poche. L'oeil toujours vif, il se rapprocha de la grande double porte en catimini.
Ses yeux se fermèrent un instant, il se concentra sur son souffle, tâchant de ralentir les battements de son coeur de crainte d'être trop entendu. Ses yeux se détâchèrent de l'entrebaillement qu'il avait crée, donnant sur le hall, et revinrent à l'assiette qu'il avait cassée.


"Ils m'auront pas...

Ils m'auront pas ça, je le jure !".


Et il se jeta avidement sur l'un des débris, suffisamment aigu pour traverser la chair de n'importe quel homme... ou créature. Junior passa son doigt avec satisfaction, une lueur délirante imprimée dans son regard. Il souriait avec béatitude.

"J'me laisserai pas prendre par eux. Ici c'est MA planque !

J'me laisserai pas faire ! Pas faire !

Ils ne me feront plus de mal !!".


Tour-à-tour il fixait l'objet puis revenait à la porte entrouverte dans un va-et-vient perpétuel et sénile, entrecoupé de sourires hilares et incontrôlés.
Ses prunelles sombres s'arrêtèrent à nouveau sur son arme... il demeura calme, silencieux, contemplatif.


"Alors, j'commence par quoi ?

J'lui enfonce dans la gorge ou dans le coeur ? Dans la tête, ou dans le ventre ? Hihihihiii...

Ils me laisseront jamais tranquille...".


Puis il fit un pas, puis un autre, le visage fermé et fermement décidé à sauter sur son assaillant.
Il compta jusqu'à trois ne serait-ce que pour se donner du courage puis ouvrit la porte en grand, passant à travers le hall dans un grand cri féroce et possédé...

Il ne savait guère ce qui allait lui arriver, s'il allait ou non tomber dans un piège affreux, ou simplement hurler à la lune sachant qu'il n'y avait probablement personne d'autre que lui ici...
Dans sa folle course il buta contre une dalle mal fixée avant même d'avoir franchi la porte et s'étala de tout son long. Le souffle coupé, le morceau de faïence lui échappa des mains et le laissa à terre, le ventre douloureux.


"Aiiiiee, aiiiee, aiiiiiiee, aaaaaiiiiiiiiee !!!

Mon ventre, aïe ! Mon dos...".


Puis il se recroquevilla sur lui-même telle une âme en peine, le visage rougit et les yeux piquetés de larmes, cachant sa honte derrière ses épaules renfoncées contre lui-même, reniflant bruyamment à chaque sanglot de désespoir...
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