Ellyn ne comprenait encore qu'assez mal ce qui lui arrivait. Il y a trois mois, elle était encore en train de se demander qu'est-ce qui pourrait définitivement faire taire l'autre idiot de Simon, et si papy et mamy viendraient en vacances avec eux. A présent elle traînait deux grosses malles dans chacune des de ses deux mains au milieu de gens bizarres habillés bizarrement, comme si ils avaient essayé de reproduire quelque chose de normal mais n'y étaient pas vraiment arrivés. Un homme était en PYJAMA sur la voie. Ah oui, cette voie. Ellyn avait seulement traversé un mur de la gare de King's Cross pour se retrouver au milieu de tous ces zigotos attendant comme elle un train censé les mener à l'école qui enseigne la magie, même qu'il fallait y aller parce que tous les gens présents ici étaient des sorciers. Des sorciers, oui. Au Chemin de Traverse, l'endroit où elle avait acheté tout le barda qu'elle traînait maintenant dans ses valises en plus de ses vêtements et de sa brosse à dent (bon, pas que, bien sûr, mais simplifions.), ils étaient carrément habillés en ROBES noires avec des chapeaux noirs, comme pour pour Halloween. Mais attention, pas seulement les femmes, hein, les hommes aussi. Tout cela était parfaitement insensé.
Voilà comment la jeune fille avait malgré elle orienté ses pensées. Pourtant elle était enthousiaste, au début, un peu d'action dans sa vie, c'était une sorcière, ben voilà quelque chose d'intéressant, plus que l'autre Simon et ses blagues à deux balles, elle irait en pension, bah, ça doit être marrant. Mais, réflexion faite, Ellyn s'était dit que tout ça, c'est seulement dans les livres, et peut-être que les gens qui lui avaient envoyé cette lettre bizarre étaient des tarés qui se croyaient ou voulaient se croire plus intelligents que les autres. Les espèces de nains de la banque ultra-sécurisée étaient de simples nains déguisés, les livres de cours étaient des tissus de mensonges, les poudres étranges étaient de l'herbe écrasée, qui pourrait être assez fou pour vouloir écrire avec une PLUME, et un flacon d'encre ? Et les stylos, alors ? Vraiment stupide. Le mur était un hologramme et tous ces animaux, ces hibous caquétant enfermés dans des cages ne faisaient que prouver encore plus la folie de leurs propriétaires.
Tout en attendant ce fichu train, Ellyn observait son entourage. Elle s'efforçait de penser qu'elle allait foncer tout droit à l'asile, ce qui n'avait rien d'enthousiasmant, mais tout ce qu'elle avait vu et qu'elle voyait encore la faisait retourner vers sa première impression. Ces gens n'étaient pas fous. Une mère avait pétrifié la mère d'un autre enfant, d'un coup de baguette, parce que celle-ci avait dit que son enfant avait des oreilles de laitue. Elle n'avait pas dû se contrôler beaucoup, parce que... Comment ça, elle n'avait pas dû se contrôler beaucoup ? Alors, Ellyn s'était rendue à l'évidence. Bien. On pouvait faire des choses pareilles avec un simple bout de bois ? Elle aussi possédait une baguette, elle l'avait acheté chez un vieux monsieur gâteux, même que c'était "la baguette qui l'avait choisi, et non elle qui avait choisi sa baguette". C'est sûr que sur le coup, ça avait l'air plutôt vrai, cette histoire de magie. Bon. Pensons que tout est effectivement vrai dans cette histoire de magie et revenons quelques minutes en arrière.
Quelle ne fut pas la stupeur de M. Mme Danet et leur fille quand les adolescents, poussant un chariot de bagages contenant également une cage avec un petit hibou à l'intérieur, entrèrent dans le mur séparant les voies 9 et 10 ! Comment aller sur la voie 9 3/4 n'était effectivement pas mentionné sur la lettre qu'Ellyn avait reçu. Elle supposa qu'il fallait en faire autant, mais ses parents refusèrent de la suivre. Surtout qu'ils n'était pas du tout sûrs de pouvoir passer le mur, "n'étant pas sorciers". La petite asiatique leur dit donc au revoir avant de marcher à une vitesse mesurée en direction du mur tout en portant ses valises (elle n'avait pas trouvé de chariot), sans hésitation aucune. Si ceux d'avant l'avaient fait, alors pourquoi pas elle ? En effet, elle passa littéralement à travers la pierre froide pour se retrouver sur une nouvelle voie, au milieu donc de tous ces zigotos. Elle s'approcha de la voie. Elle et sa famille étaient venus en avance : il n'y avait pas beaucoup de monde sur le quai et le train n'était pas là. Elle attendit donc dix minutes environ, assise sur sa plus grosse malle. Pendant ce temps, les gens affluaient, tous plus étranges les uns que les autres. A la dixième minute, un sifflement se fit entendre, suivi du train arrivant dans le champ de vision des voyageurs. Le train n'était pas un de ces véhicules modernes qu'Ellyn avait parfois pris. C'était un vieux machin à vapeur, non sans charme, mais vieux. Le "Poudlard Express". Il s'arrêta, et les portes ouvrirent. Ellyn avait cessé de porter attention aux autres enfants, adolescents. Elle se leva, prit une valise dans chaque main et se dirigea vers la porte la plus proche. Elle entra, quelque peu difficilement car l'ouverture n'était pas bien large, et chercha un compartiment libre. Il n'en manquait pas. Elle prit le premier qu'elle vit, poussa la porte, rangea ses valises dans le filet à bagages en montant sur la banquette, du fait de sa petite taille, puis se laissa glisser sur le siège et posa la tête contre la fenêtre.
Accueil 
