Le point de non retour (pv september)

Des arbres sombres comme le plus sombre des cœurs, une brume opaque à couper au couteau, voila ce qu’était la forêt interdite. Les élèves n’avaient normalement pas le droit de venir ici, pourtant nombreux d’entre eux s’aventuraient chaque année aux abords de ce lieu défendu. Chatiel n’était pas de ceux la. Du temps de sa jeunesse, lorsqu’elle portait les couleurs de Poufsoufle, Chatiel s’était toujours garder d’enfreindre le règlement. Dieu n’aurait pas été content sinon. Elle regrettait cette époque. Tout était tellement plus simple avant de devenir adulte. Elle aimait Evan, Evan l’aimait, et c’était tout ce qui importait, ils auraient pu se passer de tout le reste, sauf de Dieu bien sure.

Chatiel s’était toujours interdite de venir ici toute seule depuis qu’elle avait rejoint les mangemort, se présenter comme ca dans l’antre de l’ennemi, c’était très tentant, mai pas du tout raisonnable. Si elle était finalement venue, c’était parce que September lui avait proposé une expérience intéressante. Elle était restée loin de l’entrée de la forêt, enfouie profondément au cœur des bois en serrant sa bible contre elle. Elle espérait ainsi minimiser les risques de se faire repérer par les sortilèges de défense dressés par Dumbledor.

Chatiel songeât « et si september ne venait pas » ? Ca serait très embêtant pour elle, et ca serait très embêtant pour lui aussi. Chatiel avait noirci le tableau de la situation pour September, mais en fait, cet homme avait encore son libre arbitre. S’il voulait s’engager dans une ultime tentative de se racheter aux yeux de l’école de magie, il pouvait toujours essayer de la livrer elle-même au château… Non… Mieux valait ne pas penser à la trahison, il n’oserait quand même pas se mettre les mangemort à dos… Il connaissait trop bien leurs possibilités…

Un craquement de feuilles et de brindilles se fit entendre juste derrière la jeune femme et la silhouette se rapprocha d'elle davantage, éfleurant son épaule de sa propre épaule. September passa tout près d'elle et esquissa un sourire... pour quelqu'un qui s'apprêtait à pénétrer Poudlard pour lui porter un mauvais coup sa tenue n'était pas vraiment adaptée aux conséquences.

Un blue jean un peu délavé, des converses d'un rouge pétant et un pull gris dont quelques fils pendaient aux manches et à la base, révélant ainsi la maigreur pas si désagréable du jeune homme étaient ses seuls habits. Pas de cape noire, pas de capuche qui aurait pu cacher sa véritable identité. Quint était vétu normalement... ou plutôt comme un moldu. Il renfonça les mains dans ses poches tel un adolescent vain et tendit un sourire cynique en direction du lac et du château qu'il contemplait sans en avoir vraiment l'intention. Jugeant que son silence en devenait pesant, il ajouta tout en se tournant vers elle :

"C'est une belle journée pour mourir, pas vrai ?".

Il cogna un caillou de la pointe de sa chaussure et l'envoya rouler quelques mètres plus loin, doit vers le lac. Ses yeux d'un bleu pur et simple se fixèrent davantage sur elle -son visage n'exprimant rien d'autre qu'une neutralité parfaite, sans expression aucune. Un masque. Il reprit :

"Attaquez ce château à deux ne vous semble pas disproportionné, non ? Surtout sachant toutes les protections magiques mises en place par Dumbledore...".

Il fit une pause, ferma les yeux et dit d'une seule traite :

"Mon père et mon frère ne nous rejoindront pas. D'ailleurs personne ne nous rejoindra. J'ai pris les dispositions pour...

Aussi plus personne ne pourra m'arrêter !

Incarcerem !!".

Et le sort fusa de sa baguette, projetant des cordages qui vinrent enlasser en une étreinte étouffante la jeune femme blonde. September, le visage marqué par la concentration, fronça amèrement les sourcils et garda sa baguette pointé sur elle.

"Je vous l'avais dit, Chatiel. Je n'ai plus rien à perdre... mais au contraire tout à y gagner !

Je me demande si vous figurez sur le panneau d'avis de recherche du Ministère ? Hmm... faut voir...

Pas que l'appât du gain m'intéresse, non. La vie ne se joue pas que sur un apport d'argent important".

Un léger sourire taillada son visage, empreint curieusement d'une extrême douceur.

"Certaines choses ont plus de valeur que quelques piécettes... La liberté et la dignité, par exemple.

Ouais je sais, j'ai toujours eu un côté chevalier servant ! On dirait pas, hein ?".

September releva sa tête vers le ciel, une ride inquiète barrant son front tandis que son coeur battait à cent à l'heure. Il s'appesantit davantage sur la jeune femme.

"Ecoutez-moi bien, Chatiel.
Vous et les vôtres ne me font pas peur et vous pourrez vous en prendre à moi ainsi qu'à ma famille cela ne me fera pas sourciller. Je renie votre cause, et ce pour la fin de mes jours... puisse-t-elle arriver vite.

Je n'embrasserai jamais, jamais une carrière de Mage Noir dégénéré ! Ne comptez plus sur moi pour suivre les traces de ma prétendue "famille"".

Il pencha la tête de côté.

"C'est marrant, saucissonnée comme ça vous paraissez plus mince ? Enfin c'est peut-être qu'une impression...

Vous seriez tellement plus jolie sans vos habits du dimanche. Qu'est-ce que c'est que ce délire masochiste et puritain ?

J'y suis ! -et un sourire niais s'épanouit sur son visage- Vous êtes une groupie de Sister of Mercy ?".

Il eut un ricanement faux et se gratta la gorge, pensivement. Décidemment les sarcasmes ne lui allaient pas encore très bien... d'autres choses à apprendre avant de se mesurer aux grands de ce monde ? S'il faisait ce genre d'humour devant Voldemort, il serait cuit. Non, dans tous les cas de figure, ce malade le grillerait sans hésiter !