Diabalzane ouvrit les yeux sur le plafond du dortoir des filles de première année. Elle se redressa un peu pour voir les élèves qui dormaient autour d’elle. Elle distingua dans le noir les silhouettes de Myrielle, Pansy et Shirley, Daphné et les autres étaient dans le dortoir du dessus, il y avait beaucoup de première année cette année et il n’y avait pas assez de place pour tous. Lorsqu’elle fut assurée que les jeunes filles dormaient profondément elle se leva et revêtit son uniforme en faisant le moins de bruit possible. Elle attrapa sa cape posée sur le cadre du lit et la jeta sur ses épaules. Elle s’avança lentement vers sa table de chevet et prit délicatement sa baguette et la serra dans sa main droite. Un demi sourire s’afficha sur son visage blanc qui faisait presque peur dans l’obscurité. Elle s’agenouilla et prit un bocal de verre qui se trouvait caché sous son lit. Elle regarda avec un peu de dégoût les cinq scarabées qui se battaient pour sortir de leur prison de verre.
Elle la rangea dans une poche de sa cape et, la baguette en main, elle se dirigea vers l’escalier qui menait à la Salle Commune. Il était environ deux heures du matin et il n’y avait personne dans la grande pièce et le feu ravivé par les elfes de maison peu de temps auparavant était la seule source de sons et de mouvements. Diabalzane balaya les tapisseries et les fauteuils d’un regard circulaire, s’assurant que personne n’était présent pour la déranger.
Elle s’assit sur une chaise, devant une table rongée par les vers de bois et prit une feuille de parchemin et une plume. Elle tenta de se souvenir des rudiments de latin que sa mère lui avait fait étudiés quelques années plutôt. Elle trempa la plume dans le pot d’encre en face d’elle et garda la pointe au dessus de la feuille blanche tout en réfléchissant. La tâche était assez difficile, il fallait trouver une formule pour éviter les représailles et que le Ministère de la Magie ne connaîtrait pas pour la simple raison qu’il n’était pas répertorié. Tout d’abord il fallait trouver le nom de ce sortilège.
*Mortuus… non… Mortifere… oh et puis mortuus c’est bien…*
Elle posa la plume sur le papier mais l’encre avait déjà séchée et elle dû une nouvelle fois plonger sa pointe dans le liquide noir. Elle écrivit de son écriture légère et raffinée le mot qui lui semblait idéal.
-Mortus et Cadaver…
Ces mots n’étaient qu’un murmure, murmure dû à sa concentration.
*Singularis.*
Les serpents autour de son cou se serrèrent avec dégoût. Diabalzane hocha la tête, un sourire aux lèvres.
-Obscurus ? Incommoditas ? Comprehendi non potest ?
L’un des deux serpents la regarda et secoua la tête.
-Je ne vois vraiment pas ce que tu veux !
Diabalzane avait l’air un peu idiote au milieu de la Salle Commune vide à se parler à elle même, mais il n’y avait personne et ça n’avait pas d’importance. La fatigue ne se faisait aucunement sentir, elle n’avait pas la moindre envie de dormir.
-Incognito ? Informis ? Diffundus ? Je sais pas moi !
Il lui sembla que le serpent se moquait d’elle, il affichait un grand sourire auquel elle répondit par une grimace.
-Horribilis ? Turpis ? Atrox ?
Elle faisait surtout confiance au sadisme de Dimitri pour l’aider. Les serpents ne réagirent pas… Un bon signe ? En tout cas elle ne chercherai pas plus longtemps. La plume se posa sur le papier et elle écrit Atrox derrière le premier mot. C’était une bonne formule à première vue, et ça sonnait bien. Elle fouilla dans sa cape et en sortit le bocal où résidaient les scarabées.
-A nous six…
Elle en prit un et le posa sur la table avec une petite grimace qui montrait qu’elle n’avait absolument pas envie de faire longtemps la conversation avec l’animal d’une laideur répugnante.
-Bon…
Elle se concentra du mieux qu’elle pu, il fallait qu’elle réussisse, qu’elle prouve à Dimitri que sa sœur était l’une des meilleures sorcières de son âge et qu’elle avait des capacités équivalentes aux siennes. Elle reprit sa baguette et pointa l’animal qui gigotait, elle pensait de toutes ses forces à la formule et à son effet.
* La mort du scarabée, la mort du scarabée… *
Elle inspira un grand coup et c’est à peine si elle se rendit compte lorsqu’elle hurla la formule.
-ATROX MORTUUS !
Un éclair violet éclaira la scène mais le scarabée ne reçu aucun sort susceptible de le faire mourir ni même de le faire bouger.
*Eh merde ! *
Elle ferma les yeux et se forgea l’image d’un scarabée tout simplement mort. Le scarabée avant, le scarabée après…
*Ce n’est pas difficile bon sang ! *
-ATROX MORTUUS !
Cette fois l’éclair fut bleu et il projeta Diabalzane en arrière, la chaise bascula et la jeune Serpentard fut écrasée contre le mur derrière elle. Elle poussa un cri d’effroi et son corps retomba sur le sol glacé comme celui d’une poupée de chiffon. Elle se recroquevilla, chacun de ses membres était parcouru d’un frisson frigorifiant, elle avait froid, comme si le sang de ses veines avait fait place à un torrent quelques secondes après la fonte des neiges. Elle avait froid et elle avait l’impression que son cerveau n’était plus qu’une masse glacée. La douleur l’empêchait de voir quoi que ce soit autour d’elle, une lumière bleue électrique flottait dans la pièce qui semblait être en noir et blanc. Il faisait froid et flou, elle était allongée, ou plutôt roulée en boule au beau milieu de la Salle Commune et il était trois heures du matin.
Elle poussa un petit gémissement qu’elle aurait voulu transformer en hurlement pour que quelqu’un l’entende. Son cerveau ne répondait plus, elle ne contrôlait plus rien.
*Aie…*
Puis se fut le noir total, plus rien, le vide. Elle s’était évanouie.
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Cornelius Fudge: Comptabilisé