Quand les générations se mêlent... (Irma Pince)

Laura entra dans la bibliothèque, une Histoire de Poudlard sous le bras. Elle avait presque finit le livre qu’Abbygael lui avait prêté dans le train et pourrait bientôt le rendre. Mais il lui restait tout de même quelques page à lire, et la bibliothèque était plus calme que la salle commune pour bouquiner. Elle s’assit seule à une table et tourna délicatement les pages jusqu’au dernier chapitre. Tout cela l’intéressait vivement, elle qui était née-moldue, même si certains termes étaient aussi compréhensibles pour la jeune Gryffondor que le Chinois.

Après une petite demi-heure de lecture, la jeune sorcière referma le livre, sa curiosité non satisfaite. Elle resta quelques minutes encore assise, afin de faire le tri dans tout ce qu’elle avait apprit en lisant l’Histoire de Poudlard, et afin de savoir ce qui lui manquait encore. Les fondateurs l’intriguaient beaucoup, en particulier Serpentard. Laura se demandait pourquoi sa maison et celle des verts et argents se détestaient tant, et ce qu’elle avait trouvé dans l’ouvrage prêté par Abby ne l’avait pas entièrement satisfaite.

Très vite la jeune sorcière s’ennuya. Réfléchir pendant des heures n’était pas pour elle, quand bien même le sujet l’intéressait au plus haut point. Elle se retourna sur sa chaise et regarda la bibliothèque en cherchant quelque chose, ou quelqu’un, qui pourrait l’aider. Son regard s’arrêta sur la bibliothécaire. Cette femme lui faisait un peu peur, avec son air sévère, mais elle était sûrement le mieux placée pour la renseigner.

Laura se leva donc, replaçant sa natte noire dans le dos et avança jusqu’au bureau de Mme Pince. Elle y posa les mains et regarda la vieille femme dans les yeux. Elle demanda ensuite :

Mme, que pouvez vous me dire à propos des fondateurs ? Et plus particulièrement de Serpentard ? En fait, y a-t-il un livre qui en parle ?

Elle interrompit un instant ses questions, se demandant s’il ne fallait pas attendre avant de continuer, au risque d’énerver l’irascible bibliothécaire.

Irma Pince avait pour habitude de scruter chaque élève qui entrait dans sa sacro-sainte bibliothèque adorée. Cette furtive et discrète observation lui permettait généralement et par avance de repérer les possibles fauteurs de troubles et donc de leur accorder une attention plus soutenue. Pas question de laisser les impertinents, les bavards, les sales, ... semer le moindre désordre en ces lieux. Irma y protégeait une ambiance quasi-religieuse, toute entière tournée vers le sacerdoce de l'étude.
Or les élèves, elle le savait, lorsqu'ils sont laissés ~~à l'état sauvage~~ sans encadrement strict, peuvent facilement glisser sur leur pente naturelle qui mène au chaos. Aussi veillait-elle bien à ce que chacun comprenne qu'il n'était pas question de ça ici. Qu'ils aillent faire leurs bêtises dans le parc ou leurs salles communes! Mais certes pas entre ces murs du moins tant qu'elle serait en vie.

Irma soupira. Elle ne comprenait pas le laxisme de certains de ses collègues qui donnaient ~~aux affreux morveux~~ aux élèves de mauvaises habitudes. Elle en avait trouvé deux l'autre jour qui roucoulaient indécemment dans les couloirs! Oser s'embrasser dans une école! Quel toupet! Heureusement qu'Argus mettait un peu d'ordre dans tout ça. A la pensée du brun idalgo, les joues d'Irma se colorèrent.

Elle fut cependant tirée de ses pensées par l'entrée d'une petite élève, visiblement une première année. Irma plissa aussitôt les yeux, scrutant les petites mains malhabiles qui assurément, allaient chiffonner en les tournant les précieuses feuilles de livres centenaires, ou pire, laisser tomber de l'encre partout!

Cependant Irma eut une heureuse surprise: malgré son jeune âge, la demoiselle était soigneuse, et tournait les pages avec attention. Soulagée et satisfaite (s'ils pouvaient être tous aussi bien éduqués), Irma eut un demi-sourire satisfait, le même (rare) qu'elle réservait aux deux ou trois étudiants les plus studieux de l'établissement.

Une deuxième bonne surprise attendait la bibliothécaire, l'enfant vint la voir et lui demanda poliment des renseignements sur un sujet qui ne pouvait pas être pour un cours. Ainsi la petite étudiait-elle pour le plaisir ou la curiosité! Le visage d'Irma Pince se détendit tout-à-fait et c'est avec bienveillance qu'elle se tourna vers Laura pour lui répondre:

"Les livres qui parlent de Poudlard et de sa fondation se trouvent sur la rangée là-bas. Il y a une excellente biographie d'Helga Poufsouffle que je vous conseille. Mais si c'est Salazar Serpentard qui vous intéresse, je crains que vous ne trouviez pas grand-chose sur ce sujet, la plupart des livres le concernant se trouvent dans la réserve, qui est interdite aux élèves."

Laura fut un peu déçue par la réponse de la bibliothécaire, mais sa bonne humeur naturelle reprit bien vite le dessus. Ainsi, les livres sur Serpentard étaient dans la réserve…la jeune sorcière se demandait bien pourquoi, et également pourquoi cette réserve était interdite aux élèves, enfin, elle le découvrirait bien assez vite. Quand elle aurait un peu de temps elle tenterait d’y entrer, mais ce n’était pas son problème pour l’instant.

Ainsi il y avait toute une rangée consacrée à Poudlard, comment n’avait-elle pas pu le voir ? Elle suivrait donc les conseils de Mme Pince, mais plus tard, pour l’instant, elle avait encore des questions. Toutefois, Laura n’avait pas envie d’énerver la bibliothécaire par une foule d’interrogation aux réponses peut être évidentes, comme celles qu’elle venait de poser. La nouvelle Gryffondor resta ainsi quelques secondes immobiles, ne sachant que faire. Enfin, elle se jeta à l’eau.

- C’est grand ici, il y a vraiment beaucoup de livres, d’où viennent-ils ?

Laura se rendit compte que la question pouvait paraître un peu étrange, pourquoi l’avait-elle posée ? Elle même ne le savait pas. Ce qui était sûr, c’est que tous ces ouvrages l’intriguaient. Certains paraissaient si anciens, si épais qu’elle ne savait pas si elle aurait un jour le courage de les ouvrir un jour. Un nombre innombrable de livres traitaient de la magie, alors qu’elle même n’en avait entendu parler que quelques mois auparavant…

Les joues de l'affreuse bibliothécaire rosirent de plaisir.
Enfin une élève réalisait la beauté majestueuse de la bibliothèque, et qu'il n'y en avait pas forcément de semblable pour les quantités d'ouvrages qu'elle proposait ! La plupart ~~des abrutis~~ des élèves qui venaient ici ne se posaient même pas la question, empruntaient sans réfléchir les livres comme s'il était tout naturel qu'il y en eut autant; sans se demander si les autres écoles, à l'étranger, étaient aussi bien pourvues.

Or, c'était quelque chose dont Irma était très fière, et que personne ou presque (les ingrats!) ne réalisait (sauf quelques érudits), mais Irma avait travaillé très dur pour se procurer mille et mille ouvrages, et des plus précieux, et enrichir sans cesse un peu plus le stock de livres, c'est-à-dire la quantité de connaissances disponibles aux élèves, étudiants et professeurs anglais.

"Nous disposons de la plus grande bibliothèque du monde de la magie", dit doctement Irma, en montrant d'un geste large les milliers d'étagères. "Les premiers livres ont été rassemblés par la première bibliothécaire de Poudlard il y a des siècles de cela - elle avait été engagée justement par ce Salazar Serpentard qui vous intéresse - et depuis chaque bibliothécaire en a ajouté un certain nombre. C'est donc mon travail d'enrichir encore ces lieux, et je fais pour cela de nombreuses recherches, correspondant avec des savants, des bibliothèques et des particuliers du monde entier afin de me procurer des manuscrits inédits ou précieux dans les domaines où la bibliothèque gagnerait à s'étoffer encore.

Si vous voulait vraiment et ardemment en apprendre plus, je vous réserverai la petite table qui se trouve juste à côté de mon bureau. Ainsi, vous aurez tout loisir d'étudier les manuscrits les plus précieux, qui sont sur rayons les plus proches de ma chaise, et que je ne laisse consulter qu'aux élèves les plus soigneux. Certains ont été enluminés par des moins copistes du Moyens-Ages, et nous devons avoir grande attention à ne pas les exposer à une lumière trop vive ou à l'humidité, car alors les couleurs extraordinaires de leur fabrication pâliraient."

La bibliothécaire était si passionnée qu'elle pouvait parler pendant des heures et sur n'importe quel sujet une fois qu'elle était lancée. Elle s'interrompit cependant, craignant d'avoir lassé son auditoire; mais elle vit briller les yeux de la petite qui continuait d'écouter. Incroyable. Une pépite au milieu des gravas, un petit diamant pur que cette enfant (selon les critères d'Irma, qui plaçait le goût de l'étude et la curiosité au-dessus de toute autre qualité).

Irma décida en son for intérieur qu'elle poserait ce soir sur la petite table quelques ouvrages susceptibles d'intéresser la fillette, pour qu'elle ait la surprise de les trouver pour elle si elle revenait le lendemain matin, qui était un samedi. (*Voyons, qu'ai-je sur Salazar Serpentard et sur la Maison Serpentard...*, réfléchit-elle).

Les yeux de Laura s’agrandissaient à mesure que la bibliothécaire parlait. La plus grande du monde magique, rien que ça ! Est-ce que quelqu’un avait déjà parcouru tous ces ouvrages ? La Gryffondor en doutait. Il y en avait tellement que toute une vie ne suffirait pas. Quoique le directeur paraissait très vieux, il avait sans doute d’autres choses à faire que de parcourir autant de livres, dont certains devaient traités de sujets obscurs et peu intéressants.

Laura fut encore plus surprise par la proposition de la vieille sorcière. On lui avait raconté qu’elle détestait les élèves presque autant que le concierge, qui pourtant semblait vraiment être sans cœur quand il s’agissait de les punir. La première année ne sut que dire, ni que faire. Elle jeta un regard rapide à sa montre. Il n’était pas encore trop tard et le week end approchait, elle aurait le temps de faire ses devoirs un peu plus tard, mais elle ne vouait toutefois pas ennuyer la bibliothécaire dans son travail…

Afin de ne pas rester debout avec l’air bête, elle remercia Mme Pince et se dirigea vers la rangée qu’elle avait désigné quelques minutes auparavant, regardant tous les ouvrages qui la composaient. Les titres étaient plus qu’alléchants et elle aurait aimé tous les lire, mais elle avait encore sept années pour faire ça. Elle commencerait bien entendu par le livre que lui avait conseillé la bibliothécaire. Il se trouvait là d’ailleurs. Elle le sortit du rayon en faisant attention à ne pas faire tomber les autres : ce n’était pas le moment de faire penser à Mme Pince qu’elle s’était trompée à son sujet.

La Gryffondor revint au bureau de Mme Pince et prit une chaise avec elle, car rester debout commençait à lui faire mal aux jambes. Cela lui rappelait le match de Quidditch dont elle était sortie avec tout le bas douloureux d’être restée trop longtemps sur un balais, même si l’euphorie de la victoire avait étouffé un moment la douleur.

Laura avait l’impression d’être un peu stupide, toujours silencieuse, ne disant rien, ne sachant même que dire. Enfin, en désespoir de cause, elle tendis le livre à la bibliothécaire en disant d’une toute petite voix :

- J’aimerais l’emprunter, s’il vous plait.

La jeune sorcière rougit un peu, puis attendit la réponse de son interlocutrice.

"Mais certainement", fit Irma qui prit le livre d'une main experte, l'ouvrit à la dernière page, en retira une fiche qu'elle tamponna d'un coup de baguette à la date du jour et au nom de Laura. Elle mit la fiche dans la petite boîte qui contenait les fiches des ouvrages actuellement emprunté, et rendit le livre à Laura. "A rendre impérativement sous quinzaine", dit Irma avec habitude en lançant un regard sérieux à la petite fille. Rapporter un livre en retard faisait partie des crimes abjectes que réprimait la bibliothécaire, de façon sanglante s'il le fallait.

"Et vous ne pouvez emprunter que deux livres à la fois" , ajouta-t'elle pour que les choses soient d'entrée bien claires. Un garçon avait un jour tenté de subtiliser un livre pour en emprunter en fraude trois à la fois. Il en portait encore les cicatrices aujourd'hui, bien qu'il soit devenu un homme, sorcier respectable au sein de la communauté. Sorcier en tous cas, qui ne tenterait plus jamais d'escroquer une bibliothèque...

Irma laissa l'enfant continuer de travailler à la petite table ou partir avec son livre, comme elle souhaitait; et se concentra sur une revue scientifique consacrée à l'étude des licornes qu'elle venait de recevoir et qui apportait de nouvelles connaissances sur le sujet. Il fallait absolument qu'elle vérifie si à la page onze, ils ne s'était pas trompé, car une autre revue prétendrait le contraire de ce qui était indiqué.
[HJ: on lance un autre topic pour ce qui se passe le lendemain? ]

Laura remercia la bibliothécaire et rangea soigneusement le livre dans son sac afin qu’il ne s’abîme pas le temps qu’elle le transporte jusqu’à la tour de Gryffondor. Elle avait déjà l’expérience de ce genre de mésaventure et ne voulait pas que cela se reproduise à Poudlard, et surtout pas avec Mme Pince qui avait l’air très attachée à ses livres, même aux plus insignifiants, ce qui était somme toute assez logique pour une bibliothécaire.

Elle écouta attentivement les règles de l’emprunt, puis se leva, rangea la chaise, salua Mme Pince et sortit, la tête pleine de pensées diverses. Elle allait tout d’abord devoir lire ce livre qui avait l’air bien complet, tout en prenant diverses notes qui pourraient toujours servir. Elle n’avait pas encore apprit grand chose, mais elle réussirait à arracher ses secrets au murs de pierre. Pour le moment, elle allait écrire à ses parents. Puis dans son journal aussi. En fait, elle avait pas mal de choses à faire, pour une première année, car les devoirs n'attendraient pas non plus, bien que le week end soit là.

[HRP]Oui...[/HRP]

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