We all go to hell [Septy]

Une seule personne nous manque. Et le monde est dépeuplé. Leandrà n'avait jamais voulu y croire, et pourtant, c'était bel et bien ce qu'elle ressentait. Aaron lui manquait, plus que quiconque. Horrible d'entrer dans son appartement, et de se dire qu'elle ne le révérait jamais dans la cuisine, entrain de se faire du café, avec pour seule tenue une mini serviette. Se dire qu'elle ne s'amuserait plus de lui et de ses situations saugrenues. Se dire qu'elle est bel et bien seule. Se dire que Millers avait réellement quittée LadyLys.

Un quatrième verre pour oublier, pour arrêter de se dire tout ça. Quatre, c'est rien, mais pour un si petit gabarit, ça fait beaucoup, même trop. Assise dans le coin d'un bar, sans connaître son nom. Ne rien dire, juste se noyer dans le liquide ambré. Magnifique couleur qu'avait le Whisky Pur Feu, la jeune femme s'en émerveillait. En plus d'une brioche au four, Aaron lui avait laissé son goût très prononcé pour l'alcool. Merci, fallait pas, non non, vraiment, fallait pas.

Son regard vitreux se posait plus ou moins sur des gens qui passaient, et qui l'observaient bizarrement, se demandant quand est-ce qu'elle tomberait dans un coma éthylique, ou bien quand est-ce qu'elle irait vomir. Ni l'un, ni l'autre, juste un cinquième verre. Et l'Auror ne se sentait pas encore mal. Juste la sensation de ne plus faire parti de ce monde, d'être déconnecté de la réalité.

Pour on ne sais quelle raison, elle se leva, avec une habilité insoupçonnée vu le nombre de verre qu'elle avait descendu. Et dans ce décor mouvant, Pink avançait, lentement, vers la sortie. Peut être qu'un peu d'air frais lui ferait du bien. S'aérer l'esprit, lui qui était embrumé par l'alcool.

Se retrouver dans la rue, marcher d'un pas titubant, sans comprendre comment cela se faisait qu'elle puisse encore tenir debout. Se rétamer sur le pavé, s'exploser la mâchoire, et ne plus se relever, cela aurait été la suite logique des choses, mais non. Ou serait l'utilité du topic, hein? Alors Leandrà marchait, encore. De vagues images lui rongeaient la tête. Les souvenirs de ces derniers temps. Il ne s'était passé que trop de choses en peu de temps. Elle n'avait pas réussi à tout digérer, à tout comprendre.

Marcher encore, continuer malgré les vertiges qui commençaient à l'assaillir de toute part. S'enfoncer dans les ténèbres, sans calculer qu'elle entrait doucement dans l'Allée des Embrumes, ivre, seule, au beau milieu de la nuit. Une jeune femme aux cheveux légèrement ébouriffés, tout de noir vêtu, plutôt jolie, ne risquait pas de faire de vieux os dans cet enfer. Mais ça, évidemment, elle n'en avait aucunement conscience.

Ses jambes pesaient lourd, très lourd, mettre un pas devant l'autre était de plus en plus dur, comme si l'air frais de Londres avait accentué l'effet de l'alcool. Un trou au sol, qu'elle aurait éviter en étant sobre, lui fit obstacle, pas vu. Dommage. Leandrà qui trébuche, se rattrapant lamentablement au mur, puis ne pas s'en décoller, puis pleurer, comme une vulgaire dépravée pleurnichant sur sa pauvre vie chaotique. C'est stupide une fille, pourquoi vivre que par amour? Pourquoi ne pas trouver autre chose que ce sentiment si futile et éphémère (pourquoi la joueuse se ment-elle a elle même? XD) ? Fuir dans l'alcool était lâche, fuir devant la cruauté de la vie n'avait rien de Gryffondorien! Doux Merlin, qu'était-elle devenu? Une pseudo-alcoolique aux envies suicidaires chroniques.

Les larmes coulaient, tandis qu'elle s'était adossé aux briques, plongeant son visage dans ses mains. Se laisser glisser lentement, jusqu'à sentir l'humidité glacé du pavé. Éclater en sanglot. Et le fin du fin, parler seule en marmonnant des bouts d'phrases parfois incompréhensibles.

C'est d'ta faute Millers... J'aurais ta peau, comme celle d'Apo... Ahahaha... La bonne blague, peau/Apo... Ahaha...

Quand on arrive au stade de se faire rire tout seul, c'est qu'il faut songer à faire un petit séjour dans une chambre aux murs capitonnées, avec plein d'hommes en blanc qui te donne des petits bonbons de couleurs. Ou une bonne cure de desintox'. Quoi qu'une bonne grosse cuite de temps en temps, histoire de pleurer sur son sort, ça ne faisait jamais de mal à personne, sauf quand cette même personne se retrouve assise dans la rue la plus dangereuse de la ville, complètement éméchée et en larmes.

Et dans un effort surhumain, ramper un peu, et se relever. LadyLys ne se doutait pas du danger qu'elle encourait, ou peut être que si, mais qu'elle n'en avait rien à cirer. M'enfin le suicide n'était pas très courageux non plus. Peut être n'était-ce que de l'inconscience pur et dur. On s'en tape, le résultat reste le même.

Malgré sa vue troublée, la Brune continuait à avancer, coûte que coûte. Déterminée à s'enfoncer dans un merdier international, de toute manière, elle avait l'habitude! Pour peu qu'elle croise Sykes, et c'était le pompon. Haha, lui, il devait bien se marrer dans l'histoire, mais ce qu'il ne savait pas, c'était qu'il avait raté son coup, ce gland. Le poignard dans l'bide n'avait pas marché, l'avortement à la barbare avait raté, Leandrà était toujours enceinte de l'autre enfoiré.

S'éloigner de plus en plus du Chemin de Traverse, bientôt se retrouver au coeur de l'Allée des Embrumes, à deux heures du matin. Et retomber comme une bouse d'hippogriffe. Et ne plus vouloir se relever. S'adosser une nouvelle fois contre le mur, et poser son front sur ses genoux. Pleurer, encore et encore, comme une gosse qu'elle était redevenu.

/Wherever my feet lead me/

September l'avait suivie, et ce depuis un petit bout de temps. Il ne savait pas, non, ne déterminait pas ce qui la rendait si accablée, si bouleversée, comme si elle portait toute la misère du monde sur ses épaules et qu'elle ne puisse s'en détâcher... Elle buvait trop, en faisait trop, se laissant abattre et se perdant de délires en délires tandis que, nonchalamment, comme tous ces fantômes remontant les allées sinueuses du Chemin de Traverse elle marchait sans maintien, boîtait presque. Parfois elle s'arrêtait et souriait, baragouinant des mots incompréhensibles et ensuite elle continuait pour se laisser aller aux pleurs contre un mur. Conflit d'émotions, heurts sauvages entre tristesse et euphorie la jeune fille dérivait d'incohérences en incohérences. Et pourtant, mince, elle semblait jeune...

D'un pas feutré et agile, Quint rejoignit un coin de mur derrière lequel il se cacha pour mieux l'observer. Il lui parut, cette fois, que la jeune fille s'était arrêtée pour de bon, mouillant ses genoux de tout son chagrin d'adolescente éméchée et perdue tandis que des sanglots profonds et pénibles ébranlaient tout son être. Le Mangemort s'approcha laissant cette fois-ci le pas de ses chaussures claquer derrière lui. Il se campa devant elle, nonchalant, habile dans le froissement du tissu de son jean noire et le crissement doux de ses chaussures en cuir. Il dit d'un ton neutre :

"Bonsoir".

Et n'attendit pas qu'elle réponde ou lève encore la tête. Dans son état l'on ne souhaitait guère la compagnie de quiconque. De plus ce n'était pas son intention que de la faire parler. Parfois les silences en disent bien plus que les mots...

"Vous semblez éseulée. Je peux peut-être vous aider ?".

Il hésita un instant à reprendre la parole, souhaitant respecter avant tout son silence. Peut-être voulait-elle demeurer seul un instant ? Ainsi il ne venait pas vraiment à point nommé... Mais c'était mal connaître September que de se dire qu'il tournerait seulement les talons sans même chercher à savoir s'il pouvait la raccompagner quelque part ou faire appel à quelqu'un.

Il sourit... cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait ainsi. Peut-être était-il touché par... ? Cela fait beaucoup de "peut-être". D'ailleurs, à bien y réfléchir, sa vie actuelle en était pavée.
Il se baissa à sa hauteur et, dans un même temps, se défit du long manteau de feutre noire qu'il portait pour le déposer avec grande précaution sur ses épaules. Il lui sourit à nouveau afin de la rassurer, de lui prouver qu'elle n'avait rien à craindre et sans doute (tiens ! C'était "sans doute" cette fois !) pour avoir un peu de compagnie lui aussi. Il est de ces instants où l'on se sent mélancolique ou au bord du vide. L'on se demande alors si l'on aura le courage de plonger, si l'on se laissera tomber ou si l'on rebroussera tout simplement chemin. Pour le moment September Quint avait choisi la troisième option.

Ame abandonnée au milieu de ces rues sordides, le sorcier vint à s'asseoir à côté d'elle et reprit un trait de sa personnalité qui l'avait depuis très longtemps quitté.

"Alors ? Fit-il tout en passant son bras par-dessus son épaule, que vous arrive-t-il ? Dites-le moi, n'ayez rien à craindre. Vous pouvez. Et puis vous verrez cela fait du bien de parler !".

Il espérait vraiment qu'avec ces quelques paroles encourageantes -un peu pathétiques et plates certes...- elle viendrait à délier sa langue afin de soulager sa conscience. Il souhaitait vraiment, ne serait-ce que pour un instant seulement revenir à un moment donné de sa vie où tout était facile ! reprendre ce qui finalement lui avait été volé de gré et de force. Ainsi peut-être (encore un "peut-être") que ce soir il réussirait à parler en tête à tête avec une personne sans risquer d'en boulever le cours de sa vie...

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