Les occupations d'un Michael un peu perturbé

Michael écouta attentivement la réponse de Mlle Suu. Mlle Suu aimait les livres d’images et le gâteau aromatisé à la fraise. Quant à Mlle Roze, elle raffolait du thé et aimait beaucoup se faire coiffer.

*Elle doit sûrement aimer d’autres choses*

Visiblement la liste allait s’arrêter là puisque Mlle Suu ne se souvenait plus. Dommage ! Michael aurait pu citer des quantités de choses qu’il aimait voir, des livres qu’il aimait. Pour les sons, Michael préférait le passer sous silence, ses oreilles étaient un peu éprouvées et tous ses morceaux préférés, il ne s’en souvenait plus. Parler de ça lui serait donc plus douloureux qu’autre chose, il avait du mal à faire son deuil.

Il regardait Mlle Roze manger… Elle touchait à sa nourriture du bout des dents. Michael prit un nouveau morceau de pain et mordit dedans en arrachant une petite bouchée qu’il mastiqua lentement.

Puis le visage de Mlle Roze s’éclaira en un radieux sourire qui ébranla un peu Michael. C’était la première fois qu’elle souriait comme ça ? Peut-être, en tous cas c’était magnifique, une des plus agréables choses qu’il n’ait jamais vu. Il aurait voulu rester contempler ce sourire, sourire qui lui créait une grande émotion un peu incompréhensible. Le sourire de Michael s’élargit également puis il percuta enfin qu’elles attendaient une réponse…

« Anglais oui…»

Michael reposa le pain sur la nappe improvisée et étendit ses jambes qui commençaient un peu à s’engourdir. Le soleil l’aveuglait alors il referma les yeux. Le visage souriant de Mlle Roze lui apparut à nouveau lorsque ses paupières étaient closes…

*Comme j’aurais aimé leur jouer du piano*

Contraction douloureuse de son estomac. Il ne pouvait leur offrir ce qu’il réussissait le mieux avant, puisqu’il avait tout oublié. Il ne pouvait plus leur dire que de la poésie à vrai dire…

« Est-ce que vous aimez la poésie ? »

Le petit blond ouvrit les yeux et plissa les paupières à cause du soleil aveuglant. Il regardait les nuages blancs prendre différentes formes toutes plus fantastiques les unes que les autres.

[hj < erf un mois... je hais les exams !]

Roze continuait à manger par petite bouchée et à boire son jus de fruit comme si il s'agissait d'un thé grand standing. Elle réfléchissait à la question, c'est qu'elle connaissait peu de poésie, Goethe mis à part...

- Toi tu n'en a jamais entendu n'est ce pas Suu ? Moi si, Goethe, on l'apprenait à l'école quand j'y allais, c'est très jolie, mais je ne connais que ça.

Suu rapporta les paroles de son amie, et l'esprit de Roze vagabonda dans des contrées lointaines.

- Il aimerait peut être entendre du Goethe ?

Elle but une gorgée de boisson et rangea la nourriture dans une serviette, elle ne pouvait pas manger plus, il fallait faire attention à ne pas grossir pour rentrer dans ses robes de poupées.

- Bien, j'ai terminé mon repas, toi aussi Suu ? C'est agréable à cette saison n'est ce pas ?

Elle s'étira et fit un nouveau sourire à Michael.

- Allez, Suu, demande lui pour la poésie, nous avons encore du temps devant nous.

[hj : désolé pour la pirouette, c’est pas top…]

Le pique nique se déroulait de la meilleure façon qu’il soit. Michael se sentait mieux et tendait l’oreille pour percevoir le chant des oiseaux. Tout en étant à l’affût, en quête de la moindre mélodie, il regardait Mlle Roze manger du bout des dents. Contempler cette fille si semblable à une poupée avait quelque chose de vraiment apaisant, quelque chose qui le ravissait.

Sa petite poupée lui demanda de lui réciter de la poésie. Michael sourit en pensant à Ronsard, un poète français qu’il appréciait énormément. Il n’était pas dit que Roze comprenne le sens du poème, mais l’histoire était très belle… Poème écrit pour une femme beaucoup plus jeune que lui : Cassandre (on suppose) qu’il aimait éperdument et qui elle restait de marbre devant ses avances.

Dans tous les cas même si Roze ne comprenait pas tout, elle serait sûrement sensible à la douce mélodie que faisait le poème en français.

« Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté. »

« C’est du Ronsard, un magnifique poète… »

Malheureusement à peine Michael avait terminé de réciter son poème, une pluie battante se mit à tomber, trempant complètement le peu de choses qu’ils avaient apporté pour leur pique-nique.

Michael se releva et tendit la main à Mlle Roze pour l’aider à se relever.

« Il vaut mieux rentrer… »

Puis il commença à se diriger vers le château d’un pas léger mais pas trop rapide, laissant passer Mlle Roze devant lui. Il avait complètement abandonné les restes du pique nique sur place, et l’idée de ranger ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Dans sa tête, son attention était fixée sur le poème à Cassandre et Michael se demandait si Cassandre ressemblait à Mlle Roze.

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