Une première rentrée

Andy, devant retourner à ses occupations, avait laissé le jeune Fitz devant la gare de King's Cross où il allait partir pour Poudlard. Fitz regarda son billet, il était écrit que le train partirai à onze heures sur la voie 9 3/4. Il relut le billet plus attentivement.

*Le quai 9 3/4 mais il n'existe pas !!*

En effet, il avait lu sur le panneau d'affichage à l'entrée de la gare que les quais étaient toujours désignés par des nombres entiers. Ainsi il y avait un quai numéro 9, un quai numéro 10, mais pas de quai numéro 9 3/4. Fitz se retourna pour demander à Andy, mais celui-ci avait déjà disparu.

*Comment vais-je faire ? Je ne vais pas demander à quelqu'un on me prendrai pour un fou ...*

Fitz se retrouva livré à lui-même et commença donc à chercher ce fameux quai 9 3/4. Andy l'avait amené à la gare à dix heures et demi, et Fitz le remercia pour cette avance car ça faisait maintenant quinze bonnes minutes qu'il déambulait dans la gare, plus précisément entre le quai numéro 9 et la quai numéro 10. Il commençait à être un peu fatigué de devoir trimbaler ses bagages avec lui, il fit donc une petite pause pendant laquelle il observait un peu tout le monde dans la gare. Son regard s'arrêta sur un père et sa fille qui parlaient tranquillement en marchant et en se dirigeant dangereusement vers une barrière. Fitz détourna brièvement le regard pour ne pas voir le choc, mais il n'entendit rien, pas le moindre rire ni la moindre plainte et encore moins un choc qui prouverai qu'ils se seraient cogné. Et lorsque, une petite seconde plus tard il essaya de les retrouver du regard, ils avaient disparu. La gare était plutôt calme car le prochain train partait à midi et demi, il n'y avait presque personne et pourtant il ne les retrouvait pas, ces personnes s'étaient volatilisées.

*Où sont-ils passés, c'est impossible de disparaitre comme ça, ce serai de la ...... magie*

Fitz se rappela pourquoi il était là, pour aller à Poudlard, une école de sorcellerie. Il se dit alors que ces choses surnaturelles ne devraient, à partir de maintenant, plus le surprendre, il allait entrer dans un nouveau monde, un monde de sorcellerie et que cela devait être banal. Il se rapprocha un peu plus de cette barrière et attendit un peu. Une famille de cinq personnes arrivaient en discutant. Fitz réussit à écouter un peu leur discussion et entendit, entre autres, les mots "maléfices", "magie" et "Poudlard". il décida alors de les suivre et les vit disparaitre un par un à travers la barrière. Après une grande inspiration, il s'avança vers la barrière d'un pas rapide mais un peu hésitant. Il n'osa même pas penser à ce que les personnes autour de lui penseraient si jamais il ne passait pas mais se cognait. Finalement tout ce passa bien et il passa la barrière. Derrière cette barrière, Fitz découvrit une tout autre gare avec une locomotive rouge le long du quai. Il vit une pancarte écrit "Poudlard Express - 11 heures". Il était dix heures cinquante, il avait trouvé son train juste à temps. Il marcha lentement à travers la foule espérant entendre une discussion intéressante qui lui en apprendrait un peu plus sur Poudlard, car même si Andy lui avait expliqué les bases sur le monde de la magie, il ne lui avait rien appris sur Poudlard. Malheureusement tout ce qu'il entendit n'était que les adieux des familles à leurs enfants. Il décida donc de rentrer vite dans le train espérant trouver un compartiment vide. Ce ne fut pas sans mal mais il trouva finalement un compartiment vide dans lequel il s'installa. Après avoir rangé ses bagages et fermé la porte, il commença à lire son roman préféré en espérant rester seul tout le long du voyage.

La jeune Pétronille était de fort méchante humeur. Ou plutôt, elle l'aurait été si elle avait été capable d'exprimer un peu plus ses émotions. Mais à sa nature farouchement anglaise s'ajoutait une propension non négligeable à l'égalité de caractère aussi sa mauvaise humeur était-elle toute relative et, avouons-le, déjà balayée par un sentiment de résignation teinté de curiosité. Oui, curiosité. Elle avait beau se défendre de vouloir aller à Poudlard, il lui était difficile de ne pas faire preuve du moindre intérêt pour un lieu dont elle entendait parler depuis sa plus tendre enfance. Pour Pétronille, comme pour beaucoup de petits sangs purs, Poudlard avait des allures de palais légendaire. Le dragon en moins. Quoique Rogue... Il n'en restait toutefois pas moins qu'elle aurait réellement préféré se mêler à une foule de petits moldus faisant leurs premiers pas dans la cour des grands. Troquer les cours de sortilèges contre des heures d'arithmétique et l'Histoire de la magie contre de l'Histoire tout court n'aurait pas été pour lui déplaire, loin s'en fallait ! Car Pétronille - pour le plus grand malheur de ses parents - n'aspirait qu'à devenir moldue. Or, même le sorcier le plus borné savait qu'un moldu n'avait besoin ni de baguette magique ni d'incantations farfelues pour mener son petit bonhomme de chemin. Les moldus étaient si fascinants... Hélas ! Father and Mother avaient catégoriquement refusé de l'inscrire dans une école moldue. A la vérité, ils n'avaient de cesse que de chercher à détacher leur fille unique de sa lubie moldutesque qui faisait, il faut bien l'avouer, tache au milieu de la famille.

La fillette esquissa une moue fataliste. Il n'était plus temps de s'apitoyer sur son sort de (future) moldue incomprise (il y avait certainement eu une erreur à la naissance : une malheureuse moldue devait actuellement sentir la magie lui titiller le bout des doigts). Elle était dans ce train et elle n'avait guère d'autre choix que d'y rester (sauf à faire une fugue, mais cette solution aurait été aussi stupide que suicidaire, maintenant que le Poudlard-Express avait démarré).
D'un air déterminé, Pétronille entreprit de se frayer un chemin à travers les couloirs bondés des wagons pour trouver un compartiment libre. Sa tâche était rendue malaisée par les cahotements qui malmenaient la locomotive presque incessamment. Hé bien, le voyage risquait d'être gai ! Et puis, pourquoi diantre tous ces élèves s'échinaient à faire le pied de grue dans le couloir ? Il devait certainement rester de la place dans les compartiments ! A croire qu'ils aimaient être agglutinés. Ce phénomène social était, aux yeux de Pétronille, parfaitement incompréhensible. Mais il était vrai qu'elle tenait la tranquillité en haute estime. Luxe, calme, et volupté.
Elle comprit rapidement qu'elle n'irait pas bien loin, surtout avec sa valise à traîner derrière elle, et résolut bien vite de s'installer dans la première voiture libre qu'elle pourrait trouver. Et ce fut sans la moindre gêne qu'elle fit coulisser d'une main ferme le panneau qui séparait le compartiment douze du couloir.

Passant la tête par l'ouverture, elle constata avec satisfaction qu'une seule personne - visiblement peu âgée - occupait les lieux. Parfait. Elle avait de la chance, sa "quête" s'arrêtait ici. Cerise sur le gâteau : le jeune garçon n'était pas entouré de toute une bande d'amis bruyants. Mieux, il lisait. Il serait donc probablement un compagnon de voyage tranquille.
Sans plus attendre, Pétronille entra dans le compartiment et referma prestement la porte, retenant de justesse un soupir de soulagement. Ouf ! Le brouhaha du couloir était considérablement atténué et elle se surprit à se demander si ce phénomène avait un quelconque rapport avec la magie. Les parois du wagon lui semblaient, en effet, un peu trop minces pour avoir une quelconque propriété isolante avérée. Ce n'était cependant pas exactement le moment de se poser la question.
Elle avança jusqu'à la banquette libre et grimpa sans vergogne dessus pour caser sa malle dans le porte bagages, non sans difficulté (quelle idée ridicule d'avoir des portes bagages aussi élevés ! Comme si tous les élèves se promenaient avec un escabeau ou un septième année à leur service ! Franchement, c'était très mal pensé !).
Une fois redescendue de son perchoir, elle prit encore le temps d'épousseter machinalement la banquette, puis sa jupe, avant de remettre en place la barrette qui retenait ses cheveux. Ce n'est qu'à ce moment là seulement qu'elle se tourna vers son camarade pour se présenter d'une voix flûtée, certes, mais qui ne manquait pas d'aplomb :

- J'espère que mon installation ne te dérange pas trop. Je suis Pétronille. Pétronille Bindweed. Et je jure solennellement que je saurai me tenir tranquille tout au long du voyage.

Ceci étant dit, elle gratifia Fitz d'un coup d'oeil perçant avant de s'asseoir, le dos bien droit, et de tirer elle-même un livre de son petit sac de voyage.

Le train avait démarré depuis un petit moment déjà et, bien qu'il y ai des bruits de conversation dans le couloir du wagon, personne n'était encore entré dans son wagon. Fitz était soulagé et pensait donc voyager, comme il le souhaitait, sans personne pour le déranger. Mais à peine ces mots lui traversèrent l'esprit que, comme pour le contredire, quelqu'un passa la tête par la porte du compartiment, puis entra. C'était une jeune fille qui avait à peu près le même âge que lui. Elle était plutôt petite, avait des cheveux châtains clairs bouclés tenus en place par une barrette. D'après la façon machinale qu'elle avait d'épousseter la banquette puis sa jupe avant de s'assoir Fitz pensa qu'elle avait était bien élevé et donc qu'elle venait d'une famille de sorciers respectés. Andy le lui avait expliquer, chez les sorciers la pureté du sang de sorciers qui coule dans nos veines a une place importante dans le statut social. Elle devait être née de parents sorciers. Puis lorsque, juste avant de s'assoir, elle s'était tourné vers lui et lui avait dit spontanément :

"J'espère que mon installation ne te dérange pas trop. Je suis Pétronille. Pétronille Bindweed. Et je jure solennellement que je saurai me tenir tranquille tout au long du voyage."

Fitz faillit sursauté, il ne s'attendait pas du tout à ce qu'elle lui adresse la parole.

*Comment pouvait-elle s'adresser à un inconnu si facilement ?* pensai-t-il, il l'enviait un peu tout de même.

Puis Pétronille sortit un livre de son sac, Fitz observa longuement ce livre. Il n'en avait jamais vu de tels, bien sur c'était normal, ce livre devait surement être un livre de sorciers. La couverture était assez bizarre, elle paraissaient très vielle, et les feuille que le jeune fille tournait délicatement semblaient s'effriter. Il voulait en savoir plus sur ce livre. Sa curiosité fini par l'emporter sur sa timidité, il se présenta alors d'une petite voix :

"Moi, c'est Fitz Patience."

Son cœur avait un peu accéléré le rythme, ainsi ses yeux commençaient à virer tout doucement du bleu au vert. Mais il aurait été difficile pour Pétronille de le remarquer car Fitz avait placé son livre devant son visage. Il savait que cela était très impoli, mais ne pouvait s'en empêcher.

"C'est quoi comme livre que tu lis ? C'est un livre du monde des sorciers ?" Demanda Fitz à Pétronille.

Le cœur de Fitz battait maintenant la chamade, ses yeux avaient totalement viré au vert. Il avait baissé son livre pour découvrir ses yeux et continuer d'examiner le livre. Il n'osa pas croiser le regard de la jeune fille, mais savait qu'elle le regardait.

Jambes croisées, dos droit et menton légèrement relevé, Pétronille avait ouvert son livre avec une précaution quelque peu risible mais signalant clairement tout le respect qu'elle portait à l'ouvrage. Et pour cause ! Il s'agissait ni plus ni moins que de son livre de chevet : une oeuvre audacieuse sur la plomberie moldue. La preuve définitive que ces gens étaient des génies ! Quel dommage que ces parents ne le comprennent pas !
Elle n'eut toutefois pas le temps de trouver la page de son chapitre favori (celui qui traitait des mitigeurs) car déjà Fitz, cédant aux conventions sociales établies depuis des siècles, se présentait à son tour. Pétronille reposa son livre sur la banquette et croisa sagement les mains sur sa jupe avant de gratifier le jeune garçon d'un coup d'oeil scrutateur qui n'était pas sans évoquer celui d'une chouette à la recherche d'une souris.
"Souris" (ou peut-être "mulot" ?) était précisément le mot qui convenait, aux yeux de la fillette, pour définir Fitz. Il paraissait avoir un sérieux problème avec la communication. Pétronille s'en sentait toute désolée pour lui. Malheureusement, elle ne se rendait probablement pas compte que son attitude - plutôt raide - de bonne petite anglaise bien élevée, ne devait pas vraiment aider le pauvre garçon à se détendre !
Elle hocha la tête avec un sérieux proche de la gravité et reprit d'un ton formel, visiblement peu perturbée par le fait que son interlocuteur tienne son livre devant sa figure :

- Enchantée.

Elle vérifia machinalement que ses cheveux étaient bien en place avant de se fendre d'un sourire radieux, visiblement plus que ravie que Fitz l'interroge sur ses lectures. Il s'agissait précisément d'un sujet sur lequel elle pouvait se révéler (hélas pour ses auditeurs !) plus que volubile. Aussi renchérit-elle sans la moindre hésitation, et même assez vivement :

- Mon livre ? Oh ! C'est un ouvrage absolument fas-ci-nant sur la plomberie moldue. Les moldus sont tellement incroyables, tu ne penses pas ? Je voudrais tellement être moldue, acheva-t-elle avec un léger soupir.

Pétronille tapota alors négligemment la couverture de son livre, comme s'il s'agissait d'un petit animal familier, et sourit de nouveau, rayonnante.
De toute évidence, il ne lui était pas venu à l'idée que Fitz pouvait lui-même être un moldu. Habituée à évoluer dans un univers purement sorcier (sigh !) elle en était arrivée à occulter la présence des nés moldus et autres sangs mêlés. Ce qui l'aurait probablement désespérée si elle en avait eu conscience !

Malheureusement pour Fitz, l'intérêt que Pétronille lui portait (et qui, jusqu'à présent, n'était, somme toute, que poli) s'accrut sensiblement lorsqu'elle comprit que son camarade était, de toute évidence, d'origine moldue. Merlin, tout ceci était tellement excitant ! Obnubilés par leur volonté de "guérir" Pétronille de sa passion pour les moldus, ses parents s'étaient toujours efforcés de la tenir éloignée de tout ce qui pouvait se rapporter, de près ou de loin, à leur univers. Autrement dit, la fillette n'avait jamais eu l'occasion de discuter avec un moldu. Or Fitz, tout sorcier soit-il désormais, n'en restait pas moins un ancien moldu. Ce qui faisait de lui un sujet d'étude particulièrement intéressant aux yeux de la jeune sorcière. Elle pourrait certainement lui demander des conseils pour sa future vie de moldue, au fil des années. Il fallait prendre Poudlard comme une période de transition entre son existence de sorcière et son accession au stade de moldue. Elle discuterait avec des enfants nés moldus, suivrait les cours d'études des moldus, lirait tous les ouvrages traitant des moldus disponibles à la bibliothèque... Oui, en fait, les études qui l'attendaient viseraient plus à faire d'elle une parfaite petite moldue qu'une gentille sorcière.

Elle se sentit subitement soulagée à cette idée - finalement, elle n'allait pas totalement perdre son temps, à Poudlard - et esquissa un sourire en coin avant de reporter toute son attention sur Fitz, sans s'apercevoir que ce dernier avait visiblement très envie de rentrer dans le plancher. N'étant pas d'une nature timide, Pétronille avait beaucoup de mal à concevoir la gêne qu'elle pouvait susciter chez le jeune garçon. D'ailleurs, elle était bien trop heureuse de pouvoir parler des moldus (sujet formellement tabou chez les Bindweed) pour réellement prêter attention aux émotions - pourtant évidentes - de son compagnon de voyage. En ce qui la concernait, toute réserve bien élevée l'avait abandonnée : ses yeux brillaient d'un éclat passionné et ses joues avaient légèrement rosi.

- Banaux ? Banals ? répéta-t-elle d'une voix perplexe, Oh ! Je ne crois pas, non ! Tu ne trouves pas absolument extraordinaire la manière dont ils gèrent le quotidien sans l'aide de la magie ? L'ingéniosité dont ils ont dû faire preuve pour adapter la nature à leurs besoins ? Nous autres, sorciers, nous basons sans arrêt sur la magie pour régler nos problèmes. C'est tellement ennuyeux ! conclut-elle en fronçant le nez d'un air dédaigneux.

Elle se tut un court instant et lorgna Fitz, pensive. Ce garçon ne mesurait vraisemblablement pas la chance qu'il avait eu de grandir parmi les moldus. L'imagination mécanique, technologique, culturelle même, de ses pairs semblait lui avoir échappé. Mais l'absence de tout mitigeur dans sa salle de bain y était peut-être pour quelque chose... Les orphelinats n'avaient jamais été des lieux particulièrement plaisants et celui de Fitz paraissait même assez désagréable.
Pétronille haussa un sourcil étonné et gratifia Fitz d'un coup d'oeil en biais, se demandant visiblement si poursuivre cette conversation était une bonne idée. En effet, il ne serait certainement pas très délicat de sa part de rappeler au jeune garçon des souvenirs liés à son orphelinat. La politesse la plus élémentaire exigeait même qu'elle changeât immédiatement de sujet. Malheureusement pour son éducation, elle était bien trop curieuse (pour ne pas dire avide) d'en apprendre plus sur les moldus pour réellement se préoccuper de l'avertissement que la partie "conventions sociales" de son cerveau lui soufflait avec véhémence. Ce fut donc sans complexe qu'elle reprit d'une voix fluette :

- Pas l'eau courante ? Oh. Mais alors comment faisiez-vous chauffer l'eau pour votre toilette ? Avec du gaz ? Ou des plaques é-lec-tri-ques ? Vous aviez l'é-lec-tri-ci-té ?

Elle avait soigneusement détaché toutes les syllabes des mots "électriques" et "électricité", visiblement très fière d'être capable de les prononcer à la perfection. Elle semblait même les savourer, un peu comme s'il s'agissait de ses friandises favorites. Mais à part ça, Pétronille est une fille sensée, hein !

Fitz commençait à s'habituer au ton franc et direct de la jeune fille et se sentait un peu plus à l'aise. Pétronille semblait apparemment vouer une admiration sans faille à la technologie moldu, pourtant elle se trompait sur le mode de vie des moldus et donc Fitz la corrigea d'une voix montrant qu'il s'était un peu détendu :

"Se sont les moldus qui se sont adaptés à la nature pas le contraire, il y a encore des phénomènes incontrôlables comme les volcans ou les raz de marée, de plus ils polluent la nature sans aucuns scrupules." Il s'était un peu emporté sur la fin de sa phrase, son respect pour la nature avait parlé pour lui.
"La magie, ça, c'est extraordinaire, on peut tout faire d'un simple coup de baguette et on peut même défier les lois de la nature", avait-il repris d'un ton plus calme.

Fitz essayait de s'imaginer avec sa baguette en train de faire pousser instantanément un bel arbre pour qu'il s'adosse et qui lui permettrait de lire tranquillement où il voulait. Il pensait pouvoir apprendre beaucoup de sort différents à Poudlard, il voulait savoir se servir de la magie le plus vite possible.
Fitz hésitait à répondre à la seconde question de Pétronille mais voyant comme elle était curieuse et fière d'avoir pu prononcé le mot "électricité", il ne voulait pas la froisser et répondit donc d'une voix plus basse et un peu gênée, mais cette fois pas par sa timidité mais peut être un peu par honte, il n'oubliait pas qu'il parlait à une fille de bonne famille qui ne devait jamais avoir eu les mêmes problèmes que lui :

"L'orphelinat était trop pauvre on avait pas l'électricité, on utilisait des bougies comme lumière le soir et pour l'eau chaude quand on se lavait c'est la directrice qui s'en chargeait, je ne sait pas comment elle faisait."

Fitz préféra changeai de sujet. Il pensait que ce serai mieux de se renseigner un peu avant d'arriver à Poudlard. Il n'aime pas du tout être pris au dépourvu et dans ce monde de magie tout nouveau pour lui il va falloir vite s'adapter, ce qui commence par la recherche d'information. Puisque maintenant il était un peu plus à l'aise, il se permit à lui-même de poser une petite question :

"Sinon comment ça se passe à Poudlard ? Parce que moi je n'y connait rien en magie, c'est la première fois que je viens et j'ai déjà eu du mal à trouver le train alors j'ai un peu peur ..."

Sa voix baissait au fur et à mesure qu'il finissait sa phrase. Il préférait laisser ses oreilles trainer et écouter les rumeurs, que poser les questions lui même. Il n'y avait néanmoins pas d'autres moyens et attendait maintenant la réponse à sa question.

Pétronille haussa un sourcil, à présent totalement prise dans le cours de la conversation. Elle en oubliait même de prêter attention au paysage qui défilait par la fenêtre ou au brouhaha du couloir qui continuait à leur parvenir de manière assourdie. Elle se pencha légèrement en avant, pour mieux fixer Fitz mon Dieu, mon Dieu, que c'est joli ce jeu sur les sonorités. *paaaf* tandis que son cerveau tournait à plein régime. Certes, l'argument du jeune garçon se tenait parfaitement, mais il était également retournable. Les moldus avaient dû s'adapter à l'environnement dans lequel ils évoluaient, mais contrairement aux animaux, ils avaient également été capable de se l'approprier et de le transformer pour améliorer leur quotidien.
La fillette hocha donc gravement la tête avant de répondre d'un ton posé :

- Tu as en partie raison, bien entendu, mais ne penses-tu pas que les moldus ont également su soumettre la nature à leur loi, dans une certaine mesure ? J'entends par là qu'ils ont été capable de gérer les phénomènes naturels pour les transformer de manière à servir leur confort. Regarde l'agriculture, les éoliennes ou l'électricité ! Tu imagines les trésors d'intelligence et de patience dont ils ont dû faire preuve pour en arriver, là ?

De toute évidence, Pétronille avait presque fait de la technologie moldue une religion. Elle se tut un instant et adressa un coup d'oeil appuyé à Fitz. Il n'avait pas tort de parler de pollution, il s'agissait - hélas - du revers du progrès. Tout comme la végétation était celui de la magie. Toute science, quelle qu'elle soit (et la magie était une science au même titre que la physique), était un équilibre subtil entre deux champs de forces antagonistes. Briser l'équilibre, c'était courir à la catastrophe.
Elle pinça imperceptiblement les lèvres avant de reprendre, secouant la tête en signe de dénégation :

- Non, absolument pas. Il est impossible de tout faire d'un coup de baguette. La magie s'inscrit aussi dans les lois physiques et elle est, à sa manière, une science très stricte. Certaines choses sont rigoureusement interdites, d'autres sont totalement impossibles à réaliser.

De nouveau, elle marqua une courte pause avant de renchérir, l'air un peu amer :

- D'ailleurs, la recherche en matière de magie est lettre morte. La dernière découverte date de 1983. 1983, tu imagines ? Pense à toutes les fabuleuses inventions que les moldus ont réalisé depuis ! Nous nous complaisons au milieu de sortilèges séculaires et de règles ancestrales sans penser à évoluer. C'est regrettable, vraiment regrettable.

Elle secoua encore une fois la tête et adressa un regard par en dessous à Fitz en l'écoutant parler de son orphelinat. La bougie ? Grand Dieu ! Il ne devait pas avoir eu la vie facile. Poudlard risquait d'être un véritable paradis sur terre, pour lui, après cela. Pas étonnant qu'il soit si pressé d'y être.
Comprenant pas trop tôt que le jeune garçon n'avait pas très envie de s'étendre sur le sujet, Pétronille eut enfin la présence d'esprit de ne pas insister en posant des questions aussi gênantes que déplacées. D'ailleurs, Fitz lui tendait une perche suffisamment grande pour quelle puisse changer de sujet.

- A Poudlard ? Oh, hé bien les élèves sont répartis dans quatre maisons. Pour le reste, le fonctionnement est le même que celui d'un pensionnat classique : on suit des cours, on a des dortoirs, des règles de vie commune. La seule différence, c'est qu'au lieu d'étudier la littérature anglaise, tu as métamorphose, expliqua-t-elle d'une voix claire.

Claes était en retard et cela l'agaçait. Après moultes réflexions, il en était venu à la conclusion que mieux valait fuir l'ambiance étouffante et délétère des salons de sa mère que de refuser d'entrer à Poudlard sous prétexte que c'était une école de sorciers. Après tout, il n'était pas exclu qu'il y croise quelques sympathiques moldus qui accepteraient d'échanger leur vie expérience avec lui. Mais bon, malgré cela, son naturel de sympathisant moldu avait repris le dessus et Claes avait oublié sa baguette dans sa chambre. Il l'avait posé juste après son acquisition sur un meuble et n'y avait plus touché depuis. Il faut dire qu'il se demandait bien à quoi pouvait servir une baguette magique. Si les moldus s'en sortaient sans, il n'y avait pas de raison que ce ne soit pas son cas également. Sa mère avait beau lui avoir répété la larme à l'oeil que ce n'était pas le moment d'afficher de telles opinions, rien ne pouvait le faire changer d'avis. Il espérait d'ailleurs que l'école organisait des visites de villages moldus, même s'il savait qu'avec les derniers changements surgis à Poudlard, il ne fallait pas trop espérer pour cette année.

C'est donc d'humeur légèrement maussade que Claes pénétra dans le train. Sans prêter la moindre attention à sa mère qui lui faisait de grands signes d'adieu sur le quai, son visage enserré dans un foulard de voyante dont elle se servait pour sécher ses larmes en ce moment même, le fils ingrat qu'il était parti en quête d'un wagon qui ne soit pas plein et qui contienne au moins un moldu si possible.

Mais très vite, l'excitation de partir enfin de chez lui prit le dessus, et c'est sans se laisser agacer le moins du monde par les élèves qui obturaient le passage à pléthore qu'il se glissa jusqu'à un wagon, presque tout au bout du train.

A l'intérieur, il y avait deux élèves en grande discussion, leurs yeux brillaient d'intérêt et ils avaient l'air en première année. Bon, il y avait une fille qui avait une allure de jeune anglaise bien élevée mais il n'était pas forcé de lui parler.

"bonjour" dit-il sans pouvoir s'empêcher de prendre un air indifférent alors qu'au fond de lui-même il savourait le plaisir inimitable de prendre le train. C'était tellement plus exotique qu'un portoloin ou qu'un balai ! Peut-être même que si les deux autres ne parlaient pas trop de magie, il arriverait à se prendre pour un moldu tout le long du voyage !

Il installa avec difficulté ses bagages et s'installa à l'aise contre les banquettes. Tout aurait été parfait s'il n'avait porté cette chemise bleu nuit. Il n'y avait vraiment pas de couleur plus horrible possible. L'école aurait au moins un intérêt, il pourrait porter du rouge tant qu'il le voudrait. Il espérait d'ailleurs ne pas être réparti à Serdaigle, quelle horreur que de devoir porter un uniforme bleu tant d'années ! Mais bon tant pis, dès lors qu'il ne serait pas en cours il porterait toujours du rouge et ce quelle que soit sa maison !

Ses espoirs d'arriver en plein milieu d'une conversation sur les moldus furent vite réduits en miette lorsqu'il entendit le garçon demander comment se déroulait la répartition entre les maisons. Aussi, puisque le sujet était sur les château ne put-il s'empêcher de demander, de cette voix sûr d'elle d'où ne s'échappait d'autres émotions qu'une impression de constante moquerie :

"Vous savez s'il y a des livres moldus à Poudlard?"

Car finalement, la magie, les gens frivoles et superficiels, un uniforme bleu, tout resterait supportable tant qu'il y aurait Pratchett.