Et il est où, le rayon sur les moldus ? [PV]

Lundi, début de soirée. Les premières semaines de la jeune Pétronille à Poudlard avaient été bien chargées. Elle avait été prise dans la ronde des cours à découvrir, des premiers devoirs à rendre et des couloirs à apprivoiser, tant et si bien qu'elle n'avait pas eu le temps, depuis septembre, de se rendre à la bibliothèque pour autre chose qu'une recherche encyclopédique sur la transformation d'une épingle à cheveux en aiguille.
Pourtant, à ses yeux, la bibliothèque de l'école était bien la seule chose valable entre ces murs ! Issue d'une famille purement sorcière, Pétronille n'avait pas été très pressée de rejoindre Poudlard. En réalité elle avait même espéré être sang-de-bourbe, afin de pouvoir rejoindre la communauté moldue. Car la petite fille ne jurait que par les moldus - au grand dam de ses parents, qui trouvaient ce penchant fort peu conventionnel - et elle avait déjà déclaré à plusieurs reprises que plus tard, elle serait moldue, ou elle ne serait pas ! Autrement dit, les cours de sortilèges et autres potions malodorantes lui seraient parfaitement inutiles. Elle avait bien essayé de laisser entendre subtilement à ses parents qu'il serait autrement plus judicieux de l'inscrire dans une école moldue plutôt que de l'obliger à aller à Poudlard, mais les Bindweed n'avaient pas semblé comprendre ses allusions. Et lorsqu'elle s'était montrée plus claire, sa mère avait frôlé la crise d'apoplexie, aussi la fillette s'était-elle fait une raison. De toute façon elle pourrait toujours se faire renvoyer. D'ailleurs, elle les soupçonnait d'être profondément déçus de ne pas la voir rejoindre les rangs de Serpentard. Mais quoi ?! Elle n'avait jamais montré d'affinités avec les valeurs prêchées par Salazar. Parfois, elle avait vraiment le sentiment d'être tombée dans la mauvaise famille. Il devait y avoir eu un échange de bébés, à la maternité, ou un truc dans le genre...

Mais passons. Fillette docile et enfant sage, Pétronille était montée dans le Poudlard-Express, sans enthousiasme mais sans rébellion et s'était efforcée de faire contre mauvaise fortune bon coeur. Après tout, il ne s'agissait que de sept malheureuses années à passer. Elle pourrait toujours s'occuper en apprenant le programme des écoles moldues en parallèle de ses leçons de métamorphose !
D'ailleurs, Pétronille avait placé quelques espoirs dans l'enseignement de Poudlard. Si elle dédaignait d'avance les sortilèges et la défense conte les forces du mal, elle ne pouvait que considérer avec une certaine curiosité la classe d'étude des moldus et celle d'histoire de la magie. Malheureusement, elle avait rapidement déchanté : l'étude des moldus - qu'elle avait attendue avec impatience - se révélait plus un cours anti moldus mené dans les règles de l'art et l'histoire de la magie était enseignée de manière si ennuyeuse que la jeune Serdaigle avait été obligée de prendre sur elle pour ne pas piquer du nez après deux minutes d'un monologue professoral aussi monotone qu'insipide !
Restait la bibliothèque. Car un établissement séculaire comme Poudlard ne pouvait avoir qu'une bibliothèque bien fournie en matière de romans moldus et autres ouvrages techniques, n'est-ce pas ?

*A moins que l'administration actuelle n'ait déjà tout brûlé...* songea-t-elle, non sans amertume, en s'orientant d'un pas hésitant à travers les rayons.

Elle s'était promis que fouiner dans la partie réservée aux moldus de la bibliothèque serait sa première tâche, à Poudlard, mais - rythme scolaire aidant - elle avait été obligé de revoir son programme. Ce soir-là, pour la première fois en six semaines, elle s'arrêta enfin devant les hautes étagères surmontées d'une affichette aux couleurs passées portant la mention "Monde Moldu".
Pétronille sentit une vague d'excitation la traverser. Enfin ! Elle allait pouvoir étancher sa soif de savoir moldu sans avoir à redouter l'ire parentale ! Elle inspira profondément et tendit une main quelque peu fébrile vers un premier ouvrage, qu'elle retira religieusement du rayon.
Moldus : Entre méchanceté et médiocrité, annonçait le titre. Ah. Très bien. La fillette écarquilla les yeux d'un air à la fois profondément blessé et incrédule. Visiblement, Rogue et son équipe avaient revu la composition des étagères.
Pétronille esquissa une grimace dégoûtée avant de reposer précautionneusement le livre et de s'essuyer machinalement les mains sur le devant de sa jupe, comme si l'ouvrage lui avait sali le bout des doigts...

Seul lieu sûr de l'école : la bibliothèque. Enfin, lorsqu'il disait sûr, c'était un endroit dénudé de populace. Le jeune brun avait toujours une sainte horreur du monde, et depuis qu'il était arrivé à Poudlard, il avait l'impression que les gens décidaient de se retrouver à un même endroit, au même moment. Étaient-ils inconsciemment connecter avec l'esprit des autres ? En toute évidence, c'était le cas. Et, rien qu'à l'idée d'être connecté à des imbéciles, Enry en frémissait d'horreur. Surtout lorsqu'il s'agissait d'imbécile à qui on n'avait pas donner de conscience. Seul le loisir d'ouvrir la bouche pour ne rien dire semblait les animer.

Alors qu'il traversait silencieusement et calmement les couloirs de l'école, se dirigeant vers l'immense bibliothèque qu'il ne reconnaissait d'ailleurs plus. Plus de soixante pour-cent des ouvrages avaient été modifié par ordre de Severus Rogue. Ainsi, au début de l'année, lorsque le jeune Stanley avait désiré lire un livre d'histoire de la magie de l'année précédente, il s'était rendu à l'évidence qu'il ne le retrouverait jamais. Tout avait été modifié, les écriteaux avaient changé de place, des rangers entières avaient été remplacer par des ouvrages à la hauteur de la stupidité des mangemorts qui occupaient l'école. En bref, Poudlard n'était plus comme il était, et surtout, sa bibliothèque avait été complètement retourner. Certes, c'était peut être là hyperbolique, alors que seuls quelques rangées et quelques livres avaient été supprimé. Mais, dois-je vous rappelé que notre jeune aigle a lu une grande partie des livres de la bibliothèque ?

L'odeur de la bibliothèque n'avait pas changer, une odeur de bois l'ampli les narines. Très agréable. Il inspira profondément, jetant un regard neutre à la bibliothécaire qui ne fit pas attention à lui. La table du fond fut occuper par sa personne. Il passa quelques minutes dans une rédaction justement, en histoire de la magie puis, très vite ennuyé, il se leva pour parcourir les rayons. Ses pas étaient si léger qu'on avait l'impression qu'il glissait sur le sol comme un spectre. Chaque fois qu'il passait à coté de quelqu'un, le petit aigle ne le regardait pas. Son esprit était ailleurs, très loin, enfuit dans un monde qui n'appartenait qu'à lui. Seul ses yeux et ses jambes bougeaient, parcourant les rayons avec soin. Lorsqu'un titre l'attira : " Les monstres magiques. " Il n'avait jamais vraiment lu ce genre de livre, s'abonnant plus volontairement à tout ce qui toucher aux plantes. Il ouvrit le livre qu'il venait de saisir, puis, toujours en oubliant qu'il n'était pas seul dans les rayons, il s'avança. Rentrant en collision avec quelqu'un.

Un peu surpris, le petit aigle secoua nerveusement la tête en reculant d'un pas. Il leva les yeux vers la personne qui avait fait obstacle à sa trajectoire. Une jeune fillette, certainement en première ou deuxième année. Bref, il s'en fichait, ce n'était pas ça le plus important. Il leva les yeux vers le rayons qu'elle était en train de parcourir, le rayon sur les moldus. Enfin... Le rayon "modifié" sur les moldus.

Le garçon aux cheveux ébènes haussa les sourcils. Il ne s'était pas douter une seule seconde qu'il y avait des pro-mage-noirs dans cette école, mais une serdaigle. Hem, il fallait s'attendre à tout. Et, vu qu'il était né-moldu, il se devait de contourner cette personne. Pas la peine d'essayer de faire manger une carotte à l'âne lorsqu'il n'a plus faim. Ainsi, il n'y eut qu'un bref échange de regard, puis Enry reprit très vite un air complètement impartial. De plus, il avait bien retenu qu'elle s'était essuyée les mains, comme si quelque chose le répugner. Le mot moldu devait lui donner des nausées à cette petite, trop inconsciente, elle s'était jetée dans ce monde horrible qu'était celui de ces "imbéciles".

Un soupire s'extirpa de la gorge du garçon extrêmement léger, à peine perceptible. Mais juste assez pour son interlocutrice. Il voulut la contourner pour poursuivre son chemin mais lorsqu'il passa près d'elle, le coin de son livre raccrocha contre la robe de sorcier de la première année. Et le livre fit une chute vertigineuse. Comme si sa vie en dépendait, il se baissa brusquement pour tenter de le rattraper, mais, dans un geste brusque, le livre vola encore plus loin...
Alors là, s'il ne s'était pas fait remarquer, c'était vraiment que les gens avaient les tympans troués. Ce serait tellement bien... Le rêve.