L'ignorance est parfois préférable à la vérité [Pv]

Depuis combien de temps était-elle là ? Combien d'heures, combien de jours, combien de mois ? Cherise n'en avait aucune idée. Elle avait perdu la notion du temps. Elle ne savait pas quel jour de la semaine on était, elle essayait tant bien que mal de deviner le mois correspondant au temps qui s'affichait dehors mais n'arrivait à aucune conclusion satisfaisante. Un jour elle se disait "c'est bon, ce sont les giboulets de mars" puis le lendemain elle se disait "quoique, avec un froid pareil, c'est sûr, on est en février".
Elle n'avait qu'une seule date en tête, c'était celle de Noël. Elle avait été capturée peu avant Noël, et avait réussi à compter les jours jusqu'à cette date, en se disant qu'on ne pouvait pas la garder le soir de Noël, quand même ! Elle s'était accrochée à cet espoir, arrivant à peu près à garder le moral grâce à cela, en se disant que de toute façon, ce serait bientôt fini, ils se rendraient compte de leur erreur, que sa mère et elle n'avaient rien fait de mal et que c'était beaucoup de moyens déployés pour pas grand chose. Mais non... Cela durait, durait, à n'en plus finir. La petite était triste, tellement triste. Elle n'avait tellement pas l'habitude de rester tant de temps toute seule, dans une même pièce, avec personne pour lui tenir compagnie. Cherise, normalement, c'était la joie de vivre, le dynamisme (un peu trop parfois, d'ailleurs), la sociabilité ! Dès qu'elle était toute seule, ça la rendait malade... Il fallait toujours qu'elle soit en compagnie de quelqu'un, qu'elle fasse de nouvelles rencontres, qu'elle improvise dix mille trucs pour se sentir bien.
Là, il n'y avait rien de tout ça. Notre petite en arrivait à préférer la solitude à la compagnie. Parce que bon, la "compagnie" qu'elle avait lui faisait trop de mal. Elle avait trop peur à chaque fois que quelqu'un entrait dans sa pièce. Trop peur que ce soit la fin, qu'on vienne la tuer ou la torturer, mais à cette peur se mêlait l'espoir que ce soit quelqu'un d'autre qu'un Mangemort, qui vienne la chercher, ou que le Mangemort vienne pour la libérer... Un mélange de peur et d'espoir. Mais ces sentiments étaient tellement opposés que la petite était fatiguée, exténuée, de voir son cœur palpiter un coup à cause de l'un, un coup à cause de l'autre. Tellement fatiguée, que ses joues s'étaient creusées, que de grosses cernes apparaissaient sur son visage anormalement blanc (elle qui a un physique typique de la Méditerranée, avec peau mate et cheveux noirs).
Le temps passait trop lentement, c'était pour cela qu'elle avait complètement perdu ses repères. Elle en arrivait à des occupations qui ne lui seraient jamais venues à l'esprit auparavant, du genre tenir un journal (qu'elle planquait sous une latte du plancher), regarder par la fenêtre pendant des heures entières sans bouger...

Cherise était justement "occupée" à regarder la pluie tomber, remuant dans sa tête des idées sombres, à l'image du temps. Elle avait souvent tendance à pleurer, ces derniers temps. Elle le trouvait bien loin, ce tempérament courageux qui l'avait envoyée à Gryffondor. Elle se sentait tellement minable, tellement inutile. Non seulement elle était bloquée là (et pour combien de temps encore ?), mais en plus elle ne comprenait absolument rien à ce qu'il se passait. Pourquoi elle ? Apparemment, cela n'avait pas été à cause de son implication dans l'AD, vu qu'on ne lui avait jamais parlé de ça... Et puis, elle ne comprenait pas le rôle que sa mère avait dans tout ça. Souvent, elle se repassait le film de son enlèvement, pour essayer de voir si elle n'avait pas oublié un détail qui lui échappait et qui lui permettrait de comprendre. Mais non, elle ne pigeait rien. Elle avait compris qu'elle était l'objet d'un chantage vis-à-vis de sa mère, mais elle ne comprenait pas pourquoi les Mangemorts avaient tant d'intérêt pour sa mère. Elle était une femme normale... Peut-être qu'elle avait trop résisté aux Mangemorts et que ça ne leur avait pas plu ? Mais dans ce cas, pourquoi ne l'auraient-ils pas simplement tuée ? Et pourquoi avait-elle parue si pâle, si stressée ? Tant de questions que se posait sans cesse Cherise, et qui n'avaient pas de réponses. C'était aussi pour cela que la petite avait été gagnée par une immense lassitude.

Tout à coup, il y eut un bruit derrière elle. Dans un réflexe qu'elle avait pris à chaque fois que quelqu'un entrait dans sa pièce (si on pouvait appeler ça une pièce), elle se jeta sur l'espèce de couverture posée à même le sol et qui lui servait de lit et enfouit sa tête dans ses genoux. Elle ne voulait pas voir qui c'était, et elle essayait de se forcer à chasser ce sentiment d'espoir qui revenait à chaque fois et qui était à chaque fois déçu...
Son cœur se remit à battre plus rapidement, comme s'il n'était toujours pas habitué à ces intrusions qui troublaient la trop grande tranquillité à laquelle Cherise était si peu habituée...

Il fallait de l'action. Un peu de piments, des gens à tuer, ou torturer, ou... N'importe quoi. Mais quelque chose qui divertirait un peu la grande brune. Enfin, pour dire qu'Aelys s'embêtait plus que tout; certes être proche du Lord impliquait être presque intouchable, avoir droit à certains cadeaux de temps en temps - Dire qu'il y avait un an, elle enviait Ellassandra pour ce collier - mais être sous la " protection " de Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom impliquait un peu moins de dangers, malgré les nombreuses missions qui lui étaient offertes. Les missions suicides étaient attribuées aux nouvelles recrues ou même aux plus anciens qui " ne servaient à rien " bref, l'ennui absolu. Seul l'approche d'une bataille assurée contre Potter amenait Aelys à ne pas demander quelque chose de plus dangereux à son Maître. La Mangemort soupira longuement puis se replongea dans la réparation du petit miroir face à elle. Elle frotta légèrement les yeux sous la concentration, souffla une dernière fois et se remit sérieusement au travail. Être dans les manches du Maître ne signifiait pas non plus qu'elle avait droit à faire une erreur.

Une Glace à l'Ennemi. Rien que ça. Nouveau soupir de la part de la brunette; si elle recollait mal cette saleté de glace, le Lord se retrouverait face à sa propre image lorsqu'il regarderait dedans et Aelys ne donnerait pas cher de sa peau. Elle ferma deux petites secondes les yeux, priant pour que ça marche, et murmura une petite incantation de magie noire. Sa baguette s'illumina d'un halo noir - On a bien dit magie noire hein xD - puis entoura lentement la glace. Aelys reprit son souffle pendant une ou deux minutes puis décida de regarder le résultat. Ca passe ou ça casse comme on dit, non ? Elle regarda dans le miroir pour voir une tête brune ébouriffée... La jeune femme eut un sourire satisfait; ce n'était pas elle qu'elle voyait. Dévorée par la curiosité, elle fixa encore pendant un temps le reflet qu'elle voyait; si c'était un ennemi, elle ne pouvait être qu'un stupide Auror dénuée d'intérêt, ce qui entraîna un reniflement dédaigneux chez la vendeuse. Elle chercha encore un peu dans sa mémoire pour reconnaître là Jessie Harris; un Auror brillante paraissait-il mais Aelys ne l'avait jamais rencontré, si ce n'était dans les grandes batailles où elle n'affrontait personne en particulier. Pourquoi donc la voyait-elle, elle ? Devait-elle faire attention ? * N'importe quoi ! *

La McFear enroula son précieux paquet dans un mouchoir très classe - C'était à remettre au Maître, pas à un de ses toutous ! - et regarda au travers de la fenêtre la clarté du soleil qui montait dans le ciel. Elle s'était réveillée tôt pour réparer cette chose. La Mangemort se leva avec lassitude et partit chercher sa cape dans l'intention de sortir, elle irait ensuite donner son colis à Voldemort. Mais alors qu'elle prenait sa cape, la cloche retentit, lui apprenant que quelqu'un venait de rentrer. Sa langue claqua avec exaspération, les gens ne savaient-ils donc pas lire " Close " ? Elle sortit la tête du placard et dit d'une voix cinglante:

« C'est fermé.
- Heuu... C'est... C'est le Maî... Maître qui m'envoi »[/b]

Ses yeux passèrent de l'état " colère noire " à celle " intéressée, dis-m'en plus ". Elle détailla l'homme qui se tenait droit comme un i sur le seuil de l'entrée et ne put que sourire. Un nouveau tout frais, qui devait avoir à peine ses dix-sept ans, sortait-il de Poudlard ? Elle haussa les épaules, à vrai dire, elle s'en fichait complètement. Elle détailla longuement ses cheveux broussailleux blonds et ses yeux bleus; il ne tiendrait pas longtemps avec une gueule d'ange pareille. Elle finit par s'exaspérer.

« Qu'est-ce que tu attends ? Je n'ai pas que ça à faire, que veut le Maître ?
- Il vous charge d'une petite mission, vous devez aller veiller sur une adolescente enlevée...
- Pardon ?! S'étouffa-t-elle, toi pauvre petit mioche, tu viens ici, courir un certain grand danger en venant me voir, pour me dire quoi ? Que je dois surveiller une enfant ?!
- A... Attendez, le Maître a précisé que vous seriez intéressée de savoir que le nom de l'adolescente est Cherise. Cherise Rowle. »

La baguette qu'Aelys tenait maintenant levée vers son interlocuteur s'abaissa lentement. Rowle. Effectivement, le Maître lui avait peut-être donné une mission bête de dangers, mais dans le genre intéressante, on ne pouvait pas faire mieux. Elle n'allait pas tuer la gamine - si le Maître la gardait, c'était pour une bonne raison - mais la torturer était possible; pas de Doloris non plus, vu qu'elle n'était pas sûr de pouvoir l'amocher, mais vu l'histoire de sa mère et son frère, il y avait bien de quoi faire travailler la petite. Passionnant. Elle finit par offrir un petit sourire malsain au nouveau Mangemort, prit le paquet en faisant bien attention à ne pas le briser une deuxième fois et demanda de but en blanc au blond :

« Tu rentres au QG maintenant ?
- Heu... Oui.
- Bien. Où dois-je donc aller ?
- Nott.
- Prends ça et donne-le au Maître dès que tu es arrivé. S'il lui arrive quoi que ce soit, une poussière sur le verre, une fissure ou que tu le perds, je m'occupe de toi, compris ? Et tu comprendras à quel point ta vie a été rose avant de m'avoir rencontré. »

Elle avait continué sa menace en s'approchant de plus en plus du blond qui avait avalé bruyamment sa salive, au moins il comprenait qu'il devait faire attention à ce paquet comme si sa vie en dépendait. En fait, sa vie en dépendait... Elle le lui donna donc et fit un mouvement de tête vers la sortie; il comprit de suite le message et sortit sans demander son reste. A son tour, la jeune femme sortit de la boutique qu'elle ferma à double tour et transplana devant chez Nott. Elle soupira, elle ne pouvait pas voir cet homme en peinture; ils avaient passé une nuit ensemble et le pauvre restait accroché à elle comme une bouée de sauvetage sans avoir compris que ce n'était que l'histoire d'une nuit. Elle prit une inspiration d'air frais et se composa un visage neutre; elle entra sans frapper et Nott, pour une fois merci Merlin ne fit aucuns commentaires, se contentant de lui montrer d'un signe de tête que la petite était à la cave. Pas très accueillant. La fillette devait sûrement être une monnaie d'échange ou quelque chose ainsi si le Maître ne voulait pas la tuer, ni l'abîmer, mais ne faisait pas attention à elle pour autant. Les pas de la jeune femme se répercutèrent dans la cage d'escalier sinistre et Aelys se retrouva bientôt devant une lourde porte en fer; la clef était accrochée un peu plus loin sur un crochet. Elle l'enleva et la tourna doucement. La porte émit un grincement sinistre en pivotant sur ses gonds et Aelys referma brusquement la porte en regardant la fille brune qui semblait avoir un air triste sur le visage. Elle ne fut pas attendrie pour une poil.

« Alors c'est toi Rowle. Intéressant, je pensais que tu ressemblais plus que ça à ta mère... »



[ HJ ~ J'ai dit chez Nott pour dire chez quelqu'un, si l'une d'entre vous veut que je change, no problem x) ]

[Désolée du retard.... :S]

Cherise était toujours blottie sur cette espèce de couverture qui lui servait aussi de lit... La tête entre ses bras, elle n'osait relever la tête pour voir qui était rentré. Elle essayait de chasser cette image qui lui venait souvent à l'esprit de voir débarquer des membres de l'AD, ou bien ses amis, ou ses parents, qui étaient partis à sa recherche et avaient tout mis en œuvre pour la délivrer. Elle savait que c'était utopique car c'était certainement chercher une aiguille dans une botte de foin (et en plus il semblait y avoir un peu trop de mangemorts dans son entourage, ce qui compliquait la tâche), mais elle ne pouvait s'empêcher d'espérer. L'espoir fait vivre, comme on dit... Et puis, elle se disait que si elle était restée à l'AD et qu'elle avait appris que quelqu'un avait été enlevé par les Mangemorts, elle aurait voulu le délivrer. Mais bon, il était vrai qu'entre vouloir le faire et pouvoir le faire, il y avait tout un monde. Et puis, si ça se trouve ils essayaient... Et puis même s'ils n'essayaient pas, pouvait-elle leur en vouloir ? Non, il y avait tellement de malheurs en ce moment qu'on ne pouvait pas forcément s'attarder sur le sort d'une des victimes de la guerre. C'est ça la difficulté de la guerre. Il y a des fois où on est obligé de laisser des amis derrière. Ou de les tuer parce qu'ils sont des traitres... Rien que cette idée faisait frissonner notre petite. C'était ça qui était horrible dans la guerre... Comment pouvait-on en arriver là ? Dénoncer, trahir ou tuer ses amis ?
Cela paraissait impossible pour la petite. Elle s'était jurée que même sous la torture, elle ne dirait rien sur l'AD. De toute façon, visiblement, ce n'était pas pour cela qu'ils l'avaient enlevée, sinon ils lui en aurait au moins parlé... Là, non, ils ne disaient rien à ce propos, et ce n'était pas Cherise qui allait les mettre sur la piste !

Une voix sèche, féminine, l'obligea à relever la tête. Évidemment, ce fut une déception. Ce n'était pas quelqu'un qu'elle connaissait, et vu la tête qu'elle faisait (un léger air dédaigneux) ce n'était pas non plus quelqu'un qui lui voulait du bien...
Pfff. C'était tout ce qu'inspirait à Cherise la remarque de cette nouvelle Mangemorte qu'elle ne connaissait pas... Tout ça, c'était histoire de lui montrer qu'elle connaissait sa mère. Comment ça se faisait, d'ailleurs ? Évidemment, la petite était obligée de se poser cette question, même si elle ne le voulait pas, parce qu'elle sentait que c'était absolument ce que souhaitait la jeune femme. Mais elle la chassa aussi vite. Depuis quelques mois, elle ne cessait de se poser trop de questions, et elle en avait marre, car elle n'obtenait jamais de réponses. Elle n'était même pas sûre d'en vouloir, d'ailleurs... Car elle sentait qu'il y avait anguille sous roche. La nature de l'anguille, ça, elle ne savait pas, mais c'était certain qu'il y avait quelque chose qui lui échappait. Quelque chose qui lui permettrait peut-être de tout comprendre.
Notre petite sentit l'énervement la gagner. Pourquoi elle venait là, elle ? Si c'était juste pour la narguer, franchement, elle n'avait pas besoin de ça. Et si c'était pour la torturer... beeen dans ce cas autant le faire tout de suite et ne pas tourner autour du pot. Mine de rien, Cherise s'était aguerrie avec cette histoire. Elle qui se voyait encore souhaiter mourir après qu'on l'ait torturée la première fois lors de son enlèvement... Remarque, à présent, elle pensait toujours la même chose quand on lui jetait cet horrible sort, mais arrivait à voir ça avec un peu plus de recul une fois que c'était fini. Et puis ça la soulait qu'on la torture sans raison particulière. Si encore elle avait quelque chose à dévoiler, à la limite, elle pourrait se sentir comme une héroïne. Mais là, non, elle n'avait rien d'une héroïne car n'avait rien à cacher (à part le truc de l'AD mais visiblement c'était pas ça l'affaire), et ça l'énervait qu'on joue avec elle juste pour faire passer le temps.

"Oui, et alors ? Ça fait quoi ?" répondit-elle, très sur la défensive.

Elle regretta bien vite ses paroles. Elle avait apprit qu'il ne fallait pas les chercher, les Mangemorts... Or, ce n'était pas en étant agressif comme ça qu'on évitait les ennuis, au contraire. Mais elle en avait tellement marre. Elle était tellement triste, se sentait tellement seule (elle qui ne pouvait pas se passer de la compagnie des gens) et tellement incomprise qu'il y avait bien un moment où il fallait que ça sorte. C'était peut-être pas le bon moment, mais tant pis. De toute façon, à la limite, elle ne voyait pas ce qu'on pouvait lui faire de plus...
Et elle se trompait bien, d'ailleurs.