Se souvient des jours anciens...

Par une soirée de septembre, avant l'heure du couvre-feu, une enfant se trouvait au bord du lac, assise, immobile ou presque. C'était Cáitlín qui s'était isolée là. Un livre était posé sur ses genoux, ouvert. C'était un recueil de poèmes de Verlaine. Le dernier cadeau offert par ses parents. Le dernier avant ce jour d'avril, ce jour fatal et tragique... Ce jour où ils avaient trouvé la mort. Mais, l'enfant ne le regardait pas. Elle avait lu le poème de la page ouverte sur ses genoux, "La chanson d'automne" et à présent, ses yeux étaient posés sur le lac, mais vides, absents et surtout ne le voyant pas. Elle était plongée dans ses souvenirs, ces souvenirs de ce temps révolu où ses parents étaient encore en vie. Si c'était bien un lac qu'elle voyait, ce n'était pas celui qui était devant ses yeux, mais celui d'un autre pays. Elle se revoyait, petite fille encore, pic-niquant et jouant au bord du lac de Sainte-Croix, en Provence, et faisant des ricochets, riant de sa maladresse, s'exclamant de joie quand elle parvenait à ses fins. Le visage de ses parents, tels qu'elle les avait toujours connus, flottait devant ses yeux. C'est alors qu'une boule de larmes se forma dans sa gorge. Ce n'était pas la première depuis ce maudit jour d'avril, mais les premières qui devaient trouver leur chemin depuis. Non pas que Cathy y fut insensible. D'ailleurs, presque toutes les nuits, elle cauchemardait sur un seul et même thème, invariable: la mort de ses parents, à laquelle elle avait assisté, revoyant ainsi, comme cela c'était produit dans la réalité, les Mangemorts assassinant ses chers parents. Comment en avait-elle réchappé? C'était un mystère, notamment pour elle. Et ce n'était pas la question qui la préoccupait le plus pour l'instant, bien qu'elle se fût déjà posé la question de savoir pourquoi elle, elle avait survécu. Non, elle n'était pas insensible à leur mort. Mais, il lui avait fallu du temps pour la réaliser et surtout réaliser ce qu'elle impliquait. Et puis, sa douleur était bien trop profonde pour qu'elle put pleurer. Pendant plusieurs mois, elle avait été bien au-delà des larmes.

"Papa, maman..." murmura-t-elle, en français, les yeux humides de larmes. Un instant plus tard, elle fondait en gros, longs et douloureux sanglots, pleurant de manière irrépressible. Pour une fois, la première donc, les larmes coulaient le long de ses joues, y creusant de longs sillons.

"Pourquoi? Mais, pourquoi donc?" demanda-t-elle, parlant toujours français, sa question restant en suspens dans les airs. Bien des choses se cachaient derrière ce "pourquoi" et pour une part, il s'agissait de questions sans réponses.

"C'est si injuste!" ajouta-t-elle, toujours dans la même langue, sans avoir conscience que depuis un moment déjà, elle ne pensait pas simplement, mais parlait aussi. Dans un geste quasiment automatique et en grande partie inconscient, l'enfant se recroquevilla sur elle-même. Elle aurait voulu se murer dans sa douleur qu'elle n'aurait pas agi autrement.
Des secondes comme des heures pouvaient aussi bien passer, cela ne changeait rien pour Cathy, qui avait désormais perdu toute notion de l'espace ou du temps. L'enfant s'était isolée pour ne pas se donner en spectacle, pour cacher ce qu'elle ressentait. Pourtant, quelqu'un était désormais là et elle ne s'en était pas aperçue, continuant de verser toutes les larmes de son corps. On aurait dit qu'elle n'allait jamais s'arrêter, que le torrent de larmes ne devait jamais cesser. C'est que c'était là la marque non d'un petit chagrin, mais bien d'un profond désespoir qui ne s'était jusqu'alors pas réellement exprimé.

Un pas devant l'autre, cheveux et robe de sorcier au vent, Eva-Rose Watters se dirigeait tranquillement vers les portes de Poudlard, afin de se réfugier dans le dortoir de Poufsouffle, et plus précisément dans le lit douillet qu'elle avait retrouvé quelques jours plus tôt. Ah! Poudlard! Qu'elle était contente d'être revenue, et ce même si elle aimait bien être chez elle. Entre le collège et la maison, il n'y avait rien de semblable, d'autant que pendant l'été elle s'était fréquemment ennuyée, car il y avait beaucoup de travail à faire un peu partout et ni sa mère, ni sa demi-sœur n'avaient été très présentes pour elle.

En passant près du lac, Eva-Rose entendit cependant quelqu'un parler une langue étrangère, qui ne ressemblait pas à l'Allemand que certains élèves utilisaient de temps en temps. La Poufsouffle n'avait en tout cas pas assez de connaissances linguistique pour deviner de quel pays venaient ces paroles, mais elle était curieuse et s'approcha de l'étendue d'eau bleue et sans aucun doute glacée, étant donnée la période de l'année à laquelle on était, et cela bien qu'il fasse encore relativement doux. L'automne, et à sa suite l'hiver, approchaient.

C'est alors qu'Eva-Rose remarqua l'élève qui était assise au bord du lac. De là où elle était, la jeune Poufsouffle reconnu une fille de sa maison, ou plutôt en reconnu la robe, puisqu'elle ne pouvait voir le visage de l'inconnue provisoire. Par contre, elle était maintenant sûre de l'avoir entendue pleurer, ce qui n'était somme toute pas très difficile, tant le chagrin de la blonde semblait lourd. En même temps, après les évènements de l'année précédente, les crises de larmes étaient très fréquentes, même chez des élèves qui étaient connus pour être enjoués ou de nature optimistes. Il y avait eu tant de pertes...Même si personnellement elle n'avait rien eu à déplorer, Eva-Rose savait pertinemment que le faible nombre d'élèves dans l'école n'était pas seulement dû à l'apparition de la nouvelle école au Pays de Galles.

Pour autant, Eva-Rose ne comptait pas laisser une fille, surtout une Poufsouffle, pleurer sans réconfort parce que ces cas devenaient nombreux. Ca ne faisait pas partie de ses habitudes. C'est pourquoi elle s'approcha encore, jusqu'à n'être qu'à deux pas de sa camarade. La Troisième année s'accroupit, et posa une main sur l'épaule de la blonde. Un peu inquiète, elle demanda en même temps qu'elle accomplissait ce geste:

- Eh! Quelque chose ne va pas?

Au moment même où elle posait la question, Eva-Rose se rendit compte de la bêtise qu'elle représentait. C'était bien rare que les gens aillent bien quand ils pleuraient, et jamais quand les larmes étaient si fortes. Cela dit, c'était le seul moyen que la rouquine avait trouvé pour aborder la blonde qui se trouvait près d'elle. En trois ans, la jeune Watters n'avait pas encore réellement appris à parler avec des inconnus et rester très timide. C'est pour cette raison qu'elle avait toujours beaucoup de mal à ne pas faire de boulette en accostant les gens. Sans aucun doute, cela passerait un jour. Quand à savoir quand...

[509 mots selon Word, 516 selon AbiWord]

TALIESIN

Tous comptés

601 mots pour Caitlin

» Il y a des jours comme ça... [PV]
» Après quelques jours au lit.
» Premier jours de cours!
» Il y a des jours comme ça... [PV : CALEB]
» [TERMINE] On en découvre tous les jours... [PV]