* The Come Back .# [ Pv with Wyatt ]

Voilà. Le temps filait à une vitesse folle et tout avait changé. La mort du Seigneur des Ténèbres avait joué un rôle important dans tous ces changements. Les sorciers vivaient enfin en paix, ne craignant plus à présent le retour du mage noir le plus redoutable puisqu’il n’était plus. Bien sûr, comme toujours, il avait fallu assister à bien des sacrifices en échange de cette tranquillité. Des morts… Beaucoup de morts. Des mères et pères de famille. Des enfants. Des adolescents s’étant courageusement battus contre l’invasion des Mangemorts à Poudlard. C’était le prix à payer. On n’avait rien sans rien. Les règles fondamentales de la vie n’étaient pas faciles à contourner. Harry Potter allait définitivement entrer dans la légende. Les Serpentards étaient les plus grands lâches jamais connus dans le monde de la magie et la disparition de quelques uns d’entre eux ne touchait pas grand monde. Tant pis. Tant mieux. La période la plus sombre de l’Histoire venait de s’achever. Elle avait pris fin lors de l’année dernière. Et aujourd’hui, la vie de chacun pouvait reprendre son cours normal. Une petite rivière tranquille après la tempête. La situation d’Ange Davis quant à elle devenait de plus en plus insupportable. Son père. Toujours son père. Un monstre. Une ordure que sa richesse n’avait d’égale que son taux d’alcoolémie dans le sang. Et pour la première fois de sa vie, Ange avait craint son géniteur cet été. Même quand il ne buvait pas, il pouvait se montrer violent. Dangereux. Elle était coincée ; aucun ami à qui raconter ses ennuis. Aucun proche. Et de toutes manières, elle préférait subir les sautes d’humeur de son père et se taire plutôt que d’aller narrer son histoire à quelqu’un en qui elle n’aurait pas confiance. Sa confiance, elle ne l’accorderait jamais à qui que ce soit. Elle était trop méfiante. Elle en avait trop bavé durant son adolescence. Elle avait grandi trop vite et elle avait compris au fil des années qu’elle ne pouvait compter que sur elle-même… Depuis la mort de Sean.
Cette pensée réveilla instantanément une vive douleur au niveau de sa poitrine. Son cœur se mit à battre plus vite, plus fort, l’assourdissant presque. Son estomac se noua. Sa gorge se serra. Ses poumons manquèrent soudainement d’air. Il fut un temps où son air à elle, c’était Sean. La jeune demoiselle savait si elle continuait de penser à lui, elle aurait besoin de plusieurs jours pour s’en remettre. Quelques secondes seulement suffisaient à fissurer un peu plus son cœur déchiré de toutes parts. Des semaines étaient nécessaires à la cicatrisation. Elle avait l’impression d’être une écorchée vive. Lacérée… Et cette torture semblait ne plus avoir de limites dans le temps. Peut-être que cette fois ça ne s’arrêterait plus. Peut-être était-elle destinée à souffrir éternellement. Elle ne pouvait rien faire pour que cela cesse. Elle restait là, allongée dans son lit, éveillée plus tôt que ses camarades comme d’ordinaire. Elle fermait les yeux et s’évertuait à respirer lentement, profondément, attendant que la souffrance reparte aussi vite qu’elle était venue. Rester calme. Se vider l’esprit de tous songes. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. Inspirer… Compter silencieusement les secondes qui passent. Un Mississippi… Deux Mississippi… Trois Mississippi… Se concentrer sur les chiffres. Uniquement les chiffres. Le feu qui la ravageait ne s’atténua pas et il lui était de plus en plus difficile de rester sereine. Elle guettait l’explosion. Elle allait finir par réveiller ses partenaires de chambre qui se réjouiraient sans doute aucun de voir la jeune Davis complètement dévastée, ayant perdu son masque de dureté et d’indifférence l’espace de quelques instants. Aussi, elle fit l’effort de se lever de son lit avant d’aller chercher des vêtements ainsi que sa trousse de toilette dans sa valise. Discrétion. Silence. Elle sortit du dortoir faisant autant de bruit que le battement d’ailes d’un papillon. Il n’y avait encore personne dans la salle commune. Elle soupira de soulagement ; ce n’était pas vraiment le moment pour croiser quelqu’un de sa maison. Ange s’attarda quelque peu devant la cheminée pour contempler les dernières braises sur le point de mourir. Lentement. Elle se voyait comme elles ; le peu de vitalité qui lui restait disparaissait doucement au fil des ans qui passaient. Au fil des coups qu’elle recevait… La jeune sorcière détourna le regard vers la sortie qu’elle eu tôt fait de rejoindre, abandonnant le repère des serpents.
Elle ouvrit lentement la porte qui la mena directement dans les cachots la faisant alors pénétrer dans l’air glacial qui y régnait. Un frisson agréable parcourut doucement son échine. Un frisson de bien-être, qui, aux yeux des autres, paraîtrait déplacé dans un tel endroit. Mais Ange n’était pas comme les autres, elle avait toujours admiré ces longs couloirs sombres ; elle s’en était… comment dire ? Entichée. C’était le mot. Pendant que la plupart des filles aimait se réfugier dans les bras de leur Roméo, et bien Ange, elle, filait se perdre dans l’obscurité et la fraîcheur des cachots. Bien évidemment, elle n’appréciait s’y cacher que si, et seulement si, les lieux étaient déserts. Ce jour-là, c’en était le cas. Pas un bruit. Pas un souffle. Pas un élève. Pas un fantôme. Juste elle et les lueurs vacillantes des torches allumées. Des ombres fantastiques dansaient sur les parois des murs. Murs contre un desquels la jeune fille vint appuyer son front brûlant, laissant tomber ses affaires qui heurtèrent le sol dans un bruit sourd. Elle s’apaisa alors immédiatement, reprenant peu à peu contenance au fur et à mesure que le rythme effréné des battements de son cœur se calma. Ses idées s’éclaircirent et elle finit par s’écarter du mur, ramassant ses affaires au passage et rebroussant chemin vers sa salle commune. Elle retournerait dans les cachots plus tard, elle avait juste eu besoin d’un peu d’air frais. Et à présent, la seule chose dont elle avait véritablement besoin c’était d’une bonne douche froide. Tandis qu’elle parcourait le labyrinthe des couloirs sombres du sous-sol dans le sens inverse, elle se maudit intérieurement d’avoir eu un tel moment de faiblesse. Elle détestait se sentir vulnérable, elle détestait savoir qu’une simple pensée vers Sean pouvait la mettre dans cet état. Quand son deuil prendrait-il fin ? Quand la douleur s’atténuerait-elle ?jusqu’à disparaître complètement ? Quand ?
C’est perdue dans ses songes sinistres qu’Ange entra enfin dans son repère puis dans la salle de bain commune aux demoiselles. Elle se déshabilla machinalement, prenant soin de ne pas se regarder dans le miroir. Elle savait qu’il lui renverrait le reflet d’un corps meurtri par endroits, là où les mains de James Davis avaient frappé trop fort. Personne pour l’aider. Personne pour s’interposer. Pas même sa femme. La petite et trapue belle-mère n’en avait fichtre rien à faire du comportement de son mari envers sa fille tant que ce n’était pas elle la victime. Ce n’était pas ses affaires. D’autant plus qu’elle attendait un enfant. Un enfant que notre petite poupée de glace méprisait avant même qu’il ne soit encore venu au monde. Pour elle, ce rejeton ne serait rien. Jamais rien… L’eau froide la fit légèrement sursauter et trembler pendant un court instant, la détournant de ses cogitations jusqu’à ce que son corps s’habitue à la température. L’eau se déversant furieusement sur elle lui fit l’effet d’un massage. Ses muscles se détendirent aussitôt tandis qu’elle levait son visage vers le jet. On aurait dit de la pluie. Elle aimait cette sensation. Elle ne se décida à bouger qu’au bout de vingt bonnes minutes histoire de se savonner et de se rincer. Elle sortit de la douche à contrecœur, s’enveloppant rapidement dans une serviette afin de se sécher. Les gestes quotidiens. Routine harassante. Elle ne put s’empêcher de se contempler dans la glace. Des bleus ornaient sa hanche droite, son épaule gauche ainsi que le haut de ses genoux. Ces petites ecchymoses tranchaient merveilleusement bien sur sa peau d’albâtre. Elle se fit l’effet d’un ange déchu. Un petit sourire vint étirer ses lèvres carmines. Deux ans. Seulement deux ans et elle pourrait partir du manoir des Davis. Faire sa vie ailleurs, loin, très loin d’ici. Et oublier. Oui, oublier. En attendant, elle profitait des mois qu’elle passait dans cette école même si les autres la rebutaient toujours autant. Cette école resterait sa seule maison. Elle avait appris à tolérer la présence d’autrui, ne se montrant pas plus agréable et sociable pour autant. Elle avait simplement grandi et manipuler ses camarades ne l’amusait plus tant que ça. Cependant, son ironie et sa froideur étaient restées inchangées. Il n’y avait qu’ainsi qu’elle pouvait se protéger.
L’adolescente sortit des brumes de ses pensées et commença à s’habiller en prenant tout son temps. Comme d’ordinaire, elle avait choisi de se vêtir d’un pantalon noir trop large auquel étaient accrochées des chaînes s’entrechoquant au moindre mouvement. Elle enfila ensuite un T-Shirt vert pomme et se chaussa de converses de cette même couleur. Pour une fois, elle avait laissé ses débardeurs ternes de côté. Son style vestimentaire restait banal, sans intérêt et ça lui plaisait. Elle ne voulait pas être tape-à-l’œil, bien au contraire. Elle voulait se fondre dans la masse, passer inaperçue, et elle y arrivait très bien. La jeune fille était invisible aux yeux des autres et ils étaient invisibles à ses yeux à elle. La preuve qu’ils pouvaient cohabiter sans soucis. Mais évidemment, il y avait toujours des crétins pour la remarquer et se moquer d’elle dès que l’occasion se présentait. La petite Davis garderait toujours cette réputation de fille étrange et distante, ironique et froide, sarcastique et désagréable. Au moins, on ne l’approchait pas, c’était déjà pas mal. Peut-être avait-elle une espèce de don capable de repousser les personnes qui s’aventureraient trop près d’elle. Un ricanement. Parfois ses propres pensées lui paraissaient folles. Cependant l’internement n’était pas pour aujourd’hui xD
La porte de la salle de bain s’ouvrit promptement et le son de talons aiguilles claquant sur le sol vint sournoisement narguer les oreilles de la demoiselle. Il ne manquait plus que ça >.< L’inconnue qui venait d’entrer daigna tourner un regard hautain vers Ange qui leva les yeux au ciel alors que la Barbie entreprenait déjà de se tartiner le visage de peinture sans doute en vue d’un rendez-vous avec Ken -.-‘ Comment pouvait-on avoir l’air aussi stupide ? Ô.ô Effarant. Elle avait beau avoir un corps de jeune femme maintenant, Ange ne se pavanait pas de la sorte pour autant. Et elle faisait comment cette fille pour marcher avec ces objets de torture qu’étaient les escarpins ? Pourquoi faire tant d’efforts plaire ? v.v Autant se montrer sous son vrai jour et se faire apprécier pour ce que l’on est et non pas pour ce que l’on prétend être. Non ? Bref, c’était son problème. Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres de la jeune Serpentard tandis que la créature s’appliquait du mascara sur les cils à présent. Cette dernière haussa un sourcil et se retourna vivement vers Ange qui ne fut pas surprise le moins du monde. Ce genre de filles était tellement susceptible… Tellement prévisible. Du moins, celle-là l’était. Elle lui lança un regard avant de déclarer d’un ton dédaigneux :

« Tu peux circuler, merci ! »

Elle s’était adressée à notre jeune poupée comme elle l’aurait fait avec un domestique légèrement demeuré sur les bords. Pourtant, l’adolescente ne s’en offusqua pas, restant impassible face à la provocation. Elle ne lui lança même pas un de ses fameux sarcasmes dont elle seule avait le secret, ce qui ne lui ressemblait absolument pas. D’ordinaire, elle n’avait même pas besoin de réfléchir, les propos blessants sortaient de sa bouche avec automatisme et tel un venin. Seulement, elle ne dit rien cette fois-ci et se contenta de rassembler ses affaires alors que la petite peste se tournait à nouveau vers son reflet, satisfaite. Le tube de mascara fut remplacé par un rouge à lèvres fuchsia atroce avec lequel elle s’apprêtait à se badigeonner généreusement. Bouark. Un éclair de malice passa dans les yeux caramel de note jeune vipère. Elle prit son pyjama et son sac de toilette dans ses bras avant de se diriger lentement vers la sortie de la pièce. Cependant… Oh quelle maladroite elle faisait ! Ô.Ô Elle trébucha et heurta violemment la Barbie qui se rattrapa de justesse à l’un des éviers pour ne pas s’étaler par terre. Pendant ce temps-là, Ange prit un air de sombre idiote et s’exclama :

« Que je suis bête ! ( Yeux écarquillés ) Je suis vraiment désolée ! ( Sourire niais ). »

La jeune sorcière continua son chemin, fière d’elle. Au moins cette fille ressemblait à quelque chose maintenant. Dans la bousculade, le rouge à lèvres avait dévié de sa trajectoire initiale et avait tracé un grand trait partant du coin des lèvres de Miss Monde et barrant toute la largeur de sa joue. La pauvre, elle allait avoir du mal à enlever tout ça. M’enfin, elle saura à l’avenir qu’on ne parle à pas à Ange Davis comme elle l’avait fait. Cette dernière sortit enfin de la pièce, ayant dans l’intention de rejoindre les dortoirs pour y déposer vêtements et trousse. Elle croisa quelques élèves plutôt matinaux ou qui préparaient simplement de mauvaises blagues à l’un de leurs camarades. Elle espéra silencieusement qu’ils ne la suivraient pas pour l’enquiquiner par la suite T_T Bref, comme elle l’avait devinée, ses camarades dormaient encore quand elle entra dans la chambre et ne s’éveillèrent pas lorsqu’elle rangea ses affaires avec le plus de discrétion possible. Puis elle ressortit du dortoir et quitta rapidement la salle commune qui lui parut bien bruyante après le calme plat d’il y a encore une ou deux heures. Par bonheur, les cachots étaient encore déserts et elle prévit donc d’y passer le reste de la matinée. Elle y serait tranquille. Le samedi matin était généralement consacré à traîner dans le lit jusqu’à des heures indécentes. Tant mieux pour eux. Et surtout tant mieux pour elle. Elle avait pris avec elle la pochette dans laquelle elle gardait ses dessins et ses feuilles vierges. Un simple crayon de papier suffisait pour cette fois.
Une fois accueillie par l’habituelle fraîcheur et inhospitalité des cachots, elle alla s’asseoir sous une torche de façon à ce que la lumière n’éclaire presqu’uniquement la feuille blanche posée sur sa pochette qui était elle-même appuyée contre ses genoux relevés. Lorsqu’elle se pencha vers le papier, ses cheveux châtaigne masquèrent son visage figé dans une expression d’intense concentration. Son crayon commença alors à courir spontanément sur le support fragile et léger encore immaculé il y a encore quelques secondes. Une fois de plus, elle essaya de dessiner le visage de son frère disparu. Une fois de plus elle ne réussit pas, abandonnant seulement une dizaine de minutes après avoir commencé. La jeune fille soupira, agacée et vint appuyer l’arrière de sa tête contre le mur.

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