J'ai quelque chose à te dire... [TERMINE]

Elle devait lui dire (comme si il y avait de le dire de toute façon, ça se voyait maintenant, plus possible d’y cacher si ce n’est sous de amples vêtements… Et encore, pour combien de temps ?). Pénélope était enceinte. Elle avait un petit être qui se développait en elle depuis trois mois déjà… l’idée même d’avorter l’écoeurait. Elle le gardait, elle l’avait décidé ainsi et sa décision était irrévocable. Elle savait aussi ce que ça entraînerait. Une rupture, la douleur de la perte d’un être aimé… Encore. Mais elle ne pouvait pas tuer son enfant, même si ce n’était pas un enfant qu’elle avait voulu initialement, elle ne pouvait pas anéantir sa vie avant même qu’elle ne débute. Le père n’était pas son petit ami, d’où le problème… Elle savait que ce n’était pas Jason, puisqu’elle était avec lui depuis deux mois seulement et que normalement ils avaient tout fait pour ne pas avoir d’enfants… Cet enfant était celui de l’homme qu’elle avait vu ce soir là… Elle s’en rappelait encore *heureusement, en même temps xDD elle était pas pétée ce soir là non plus* bien que l’image soit assez vague… Après tout, elle ne l’avait vu que cette nuit là… pas de nouvelles après, normal, logique… Sauf que voilà, maintenant, elle attendait son enfant à lui. Noah.

Soupirant, elle passa sa main sur son ventre, elle venait d’avoir sa première échographie. Elle était posée sur son bureau d’ailleurs… Elle avait encore du mal à bien réaliser ce qui se passait et les larmes menaçaient d’approcher… Inspirant profondément, elle ferma les yeux et s’obligea à conserver son sang froid. Aujourd’hui, elle avait quelque chose à faire et il fallait pour cela qu’elle conserve tous ses moyens. Jason devait arriver d’ici quelques minutes de toute façon, alors autant rester prête à l’accueillir… Moins chaleureusement qu’avant.

Oui, elle ne se faisait guère d’illusion de toute façon. Cette nouvelle vie allait bouleverser celle du jeune couple… Se mordant les lèvres pour refouler sa peine, Pénélope se leva et quitta sa chambre. La jeune femme portait une robe ample, noire. Son gynécologue lui ayant demandé d’éviter le plus possible les pantalons qui serraient trop la taille (bien que pour l’instant, elle n’ait qu’un léger ventre). Voir Pénélope en jupe ou robe était extrêmement rare, puisqu’elle n’en portait plus depuis Poudlard (enfin quand elle le pouvait en tout cas). Là, cependant, elle avait du acheter quelques robes avec sa mère ce jour là. Evidemment, la maman était au courrant pour sa fille et bien que mécontente initialement avait fini par prendre la jeune femme sous son aile, évidemment, elle aimait quand même sa fille !

Aussi Pénélope s’était-elle sentie moins anxieuse avec sa mère à ses côtés. Là, cependant, elle était très inquiète. Marchant avec nervosité dans la maison, elle se tordait les mains, tout en sentant bien que son cœur battait trop vite, incapable de le calmer. Inquiète, elle continuait à tourner en rond, Ralia l’observait avec une sorte d’inquiétude… Couinant, la chienne suivait sa maîtresse la gueule vers le sol, les oreilles baissées.

Le cœur de plus en plus serré, Pénélope ne cessait d’aller et venir dans le salon, fidèlement suivie par Ralia qui ne la lâchait pas d’une semelle (et l’expression convient très bien dans le cas d’un berger allemand…). Quand la sonnette retentit (bien trop tôt de l’avis de l’Auror), la sorcière frémit de crainte… Alors ça y est… Ce serait bientôt fini… Tout un univers qui s’écroulerait de nouveau… Et dire que grâce à Jason elle avait su oublier toutes les horreurs qui la poursuivaient. Pourquoi devait-elle encore perdre une personne qui lui était chère… Tellement chère ? Le premier qui s’éclipsa de sa vie fut Cédric qu’elle avait aimé dans son adolescence… jamais elle ne lui avait avoué ses sentiments, et après sa mort, elle l’avait longuement regretté… Elle s’était jurée de ne plus faire la même erreur et pourtant… Avec Jason aussi elle avait eu du mal à s’ouvrir. Il fallait dire aussi qu’après le départ de Cédric, Pénélope avait beaucoup changé. Elle était devenue plus froide, très méfiante… Naturellement prudente et s’ouvrir aux autres était devenu pour elle une véritable torture. Pourtant avec Jason, même si les choses avaient pris beaucoup de temps, la sorcière avait appris à le connaître, à l’aimer pour sa personne… Et à présent, alors qu’elle avait vu en lui l’homme avec qui elle aurait voulu rester, elle devait faire ses adieux… Inspirant profondément, elle se dirigea vers la porte qu’elle ouvrit. Son visage refusa d’afficher un sourire, elle devait déjà lutter bien assez pour retenir ses larmes alors de là à sourire… Oui, Pénélope n’avait jamais été une bonne comédienne… Mentir, ce n’était pas sa spécialité.

ET le plus dur restait à venir… Quand Jason lui tendit un bouquet de fleur, elle ne sut que faire. Elle le prit alors pour le poser plus loin, profitant du fait qu’elle lui tourna le dos, elle essuya ses larmes qui avaient refusé de rester dans ses yeux. Une nouvelle inspiration, et elle se tourna vers lui. Bien qu’il eut semblé dupe au début, il ne tarda pas à voir que du côté de Pénélope, les choses n’allaient pas (en même temps il la connaissait trop bien pour ne rien voir…). Quand le regard de Jason vint affronter celui de l’Auror, elle crut un instant défaillir. Elle ne voulait pas le perdre, elle ne voulait pas qu’il parte. Mais… D’un autre côté elle savait bien qu’il allait mal réagir, c’était normal… Comment lui en vouloir ?

« Je… J’ai quelque chose à te dire… »

Reculant pour échapper au regard de Jason qui la faisait plus souffrir encore, elle chercha ses mots. Oh, elle y avait bien réfléchi, elle avait d’ailleurs tout préparé dans sa tête mais là, tout s’était embrouillé… Elle voulait juste être dans ses bras, oublier la douleur qui lacérait son cœur. Mais cette paix là ne lui était interdite.

« En fait… Tu sais que je fais souvent des cauchemars au sujet de… la bataille de juin… »

Ca, il le savait, elle se réveillait très souvent en hurlant, transpirant et tremblant de tous ses membres. Pénélope n’arrivait pas à oublier tous les morts qui s’étaient écroulés ce soir là. Ces étudiants, ses collègues… Inspirant de nouveau, elle chercha ses mots pour continuer :

« Je… Ca s’est beaucoup calmé maintenant, mais les premiers temps, j’ai cru que je devenais folle… J’étais insomniaque. Alors un soir, j’ai voulu le changer les idées alors je suis… sortie. Et… Je l’ai rencontré. »

Pénélope fronça les sourcils, ne sachant comment continuer.

« On ne se connaissait pas et on ne s’est jamais revu depuis mais le fait est que… »

Et mercredi >_< Maintenant, il fallait le dire mais… C’était tellement…. Dur !

« Je suis enceinte. »

C’était plus dur que prévu… Oh, non, jamais Pénélope n’avait osé imaginer qu’il serait facile d’annoncer la nouvelle à Jason, et c’était bien pour cela qu’elle avait préféré patienter. Trois mois… Elle ne pouvait plus avorter. Jamais elle ne se le serait pardonnée si elle l’avait fait… mais à présent, il lui fallait assumer les nombreuses conséquences de son geste… La première, étant la réaction de son petit ami… Evidemment qu’il était surpris… c’était on ne peut plus logique… mais malgré tout, cela fit un terrible coup au cœur à la jeune femme qui se sentit faiblir face au désarroi de l’homme qu’elle aimait.

Lorsqu’il glissa son visage dans ses mains, Pénélope ne su que faire. Qu’était-elle censée faire ??? Elle se sentait tellement mal… Et pas seulement psychologiquement… Elle avait terriblement froid… et chaud à la fois. Ses mains tremblaient, son cœur battait à vive allure contre sa poitrine, comme s’il tentait d’en percer la paroi. Quand le jeune homme la supplia presque, elle sentit les larmes couleur sur ses joues, son cœur se serrant plus encore. La jeune femme sentit Jason la prendre dans ses bras. La main glissant dans ses cheveux la fit fondre. Hoquetant doucement, alors qu’elle se rendait compte que tenter de lutter contre sa douleur était inutile, elle souffla :

« Jason… »

*Si seulement tu savais...*

Cherchant son souffle, elle n’arriva pas à parler plus encore. Elle avait besoin de s’assoire… Elle se sentait de plus en plus mal. Inspirant profondément, elle chercha à récupérer le courage qui avait soudainement pris la fuite. Levant les yeux pour poser son regard dans celui de Jason, elle y lu toute sa détresse et sa douleur. Elle devait être claire.

« J’aurais pu le tuer. Faire comme si de rien n’était. J’aurais certainement dû pour nous, je le sais très bien. Mais je n’ai pas pu. Je… Je voie encore tous ces visages… Toutes ces personnes qui sont… mortes cet été. Leurs cris, l’angoisse ambiante… Je revoie ces corps sans vie. Alors je ne pouvais pas sacrifier une vie de plus. Pas maintenant. »

Des larmes silencieuses coulaient sur ses joues. Elle lui avait tout dit. Ou presque. Evidemment qu’elle l’aimait. Il n’avait donc pas encore compris qu’il était tout pour elle ? Glissant sa main sur la joue du jeune homme, elle murmura :

« Je ne veux pas gâcher ton existence. »

La sienne l’était déjà alors si elle pouvait sauver au moins une personne qui lui était chère… Tremblant toujours, victime de l’émotion intense, elle sentait le besoin de s’assoire croître de plus en plus, tandis que le malaise évoluait selon une courbe exponentielle… ne souhaitant quitter les bras qui l’enlaçaient certainement pour la dernière fois, elle ne dit rien cependant. Elle aurait aimé que le temps s’arrête maintenant, pour ne jamais quitter ces bras. Les bras qui avaient su la rassurer, la calmer, la rendre plus douce qu’elle ne l’avait jamais été depuis tant d’années… des bras qu’elle ne reverrait certainement plus jamais. Elle avait du mal à s’imaginer évoluer loin de lui. Les quelques mois de relation qu’ils avaient eu étaient les plus beaux que le petit bout de femme blonde avait su garder en mémoire…

Les convulsions qui n’avait initialement été que de légers tremblements firent frémir la jeune femme qui leva un regard presque douloureux vers son (ex ?) petit ami. La main du jeune homme glissait avec une douceur incommensurable dans les cheveux dorés de la future maman (oui parce qu’il était évident que jamais pénélope ne pourrait abandonner cet enfant… Même si elle n’aimait pas le père (elle ne le connaissait pas particulièrement d’ailleurs) elle se devait d’aimer cet enfant à venir, qui serait après tout le sien *et ça on ne peut assurément pas en douter *. Il ne régissait pas comme elle l’avait escompté. Elle-même ne parvenait pas à agir comme prévu… Elle ne pouvait pas lui faire de mal, elle n’arrivait pas à être froide, dure comme elle l’avait souhaité. L’air détaché qu’elle avait voulu abordé n’avait pas tenu plus d’une micro minute…

Quand Jason l’intima au silence, elle eut le souffle coupé. Elle aurait répondre que non, elle ne se tairait pas et que oui, elle était décidée à rompre là, maintenant, mais elle ne pensait pas ces mots et ils ne voulaient aucunement franchir le seuil de ses lèvres. C’est donc saisi d’un silence pesant qu’elle posa son regard azur dans celui de l’être aimé. Pourquoi ne parvenait-elle pas à tenir bon face à lui ? Elle devait être ferme… Dure. Comme lorsqu’elle travaillait ! Elle s’était entraînée si dur pour ça !!! Et voilà qu’à présent, ses faiblesses resurgissaient du tréfonds de son passé, anéantissant les murailles précédemment fabriquées, la mettant à nue face au puissant sentiment qu’était l’amour.

Les lèvres de Jason effleurant celles tremblantes de Pénélope la laissèrent dans un état secondaire. La blonde, posa une main hésitante sur le bras du jeune homme, murmurant simplement :

« Je… je dois m’assoire. »

Lorsque ce fut fait, elle ferma les yeux, son visage enfoui dans ses mains. Elle avait tout raté. Elle n’était même pas capable de se débarrasser de l’être qu’elle aimait pour son bien. Etait-elle donc si égoïste que ça ? Enfin, elle lâcha :

« Je ne veux pas te perdre, mais je refuse d’être une femme égoïste, comme toutes les autres Jason. Je ne veux pas que tu t’encombres de moi, j’ai bien conscience de n’être qu’un poids. Et toi… Tu mérites quelqu’un de vraiment bien… pas un simple boulet ç traîner à tes côtés parce que tu es trop gentil. »

Elle posa sa main pale sur celle du jeune homme et souffla finalement :

« Quoique tu fasses, tu dois savoir que jamais je ne t’en voudrais. »

Jason était… vraiment trop gentil. Pénélope était persuadée qu’elle était indigne d’autant d’attention, et pourtant… Pourtant elle ne parvenait à rejeter l’amour qu’il lui offrait. Elle en avait tellement besoin ! Chacun de ses mots la berçait de promesses, d’amour, de tendresse… la blonde ne savait que répondre à tant de délicatesse. Elle avait toujours su que Jason était quelqu’un de bien (même si au début, elle avait été plus que prudente vis-à-vis du jeune homme qui semblait un peu trop à l’aise avec tout le monde…). Finalement ils s’étaient connus, vraiment connus… Il lui avait plu… beaucoup plus. Et ils étaient sortis ensemble… les choses s’étaient faîtes naturellement… Pas trop rapidement.

Pénélope, depuis qu’elle se savait enceinte savait, ou plutôt s’était persuadé que ce doux moment de bonheur partagé touchait à sa fin… Elle s’était longuement torturée à ce sujet. Et voilà que, tout compte fait… Les choses changeaient… Rapidement… Ce qu’il venait de lui dire… c’était bien plus qu’une déclaration… Jamais elle n’aurait attendu ce genre de paroles, elle savait bien qu’elle était fautive (même si, au fond, elle n’avait jamais trompé Jason, ayant eu sa relation avec Noah avant de sortir avec l’enseignant…). Malgré tout, elle s’en voulait terriblement. Mettre ainsi en péril sa vie de couple était bien trop douloureux !

Lorsqu’il eut finit de parler, elle ne su quoi répondre. Il voulait quand même rester avec elle… c’était… Tellement… inattendu qu’elle en eut le souffle coupé, et la jeune femme s’approcha alors de son amant, passant ses bras autour de son cou pour l’étreindre affectueusement. Posant son menton dans le creux de son épaule, elle laissa libre cours à sa joie, les larmes de soulagements coulant en silence sur ses joues. Elle redressa le visage lentement pour poser ses lèvres dans le coup de Jason, soufflant enfin à son oreille :

« Jason… »

Elle eut un léger instant d’hésitation, pis finit par murmurer plus doucement encore :

« Je t’aime tellement… »

Oui, elle voulait rester avec lui… Elle voulait essayer de rester avec celui qui faisait battre son cœur et occupé nuits et jours ses songes. Elle voulait qu’il ne rejette pas cet enant qu’elle attendait… Elle voulait même vieillir avec lui… Bien sûr, elle n’en n’était pas à vouloir l’épouser. Non, du tout ! Mais le savoir à ses côtés un moment encore la rassérénait. Sans lui, elle se serait sentit tellement… perdue.

Le cœur plus léger, elle resta un moment ainsi, tenant Jason dans ses bras. Elle était trop heureuse pour pouvoir l’exprimer à voix haute. Même ses songes semblaient s’embrouiller. Mais ils étaient ensemble, et elle le lui avait finalement dit. Tout était bien qui finissait bien alors ?