L'Oeil de Jupiter [PV Siegfried]

Comme le temps passait vite. Si vite. Trop vite. Pour Jack, cela était si frustrant. Mais le plus ennuyeux dans toute cette histoire était le fait qu’il n’avançait pas. Malgré ses recherches, il ne trouvait rien. Rien de rien. Nada. Que du vent. Peau d’zob. Circulez, y a rien à voir ! Et pourtant, ce n’était pas faute d’avoir cherché dans de nombreux ouvrages. L’Oeil de Jupiter semblait inexistant…sauf sur cette page qu’il avait déchirée dans un vieux livre.

Tout avait débuté en France, alors qu’il passait son année à Beauxbâtons. Durant l’une de ses nombreuses heures perdues que Jack passait à la bibliothèque, il était tombé sur un vieux livre qui traitait des objets et sortilèges mystérieux. La première page sur laquelle il était tombé concerné un objet dont la nature était inconnue, mais qui possédait un immense pouvoir. Sur le moment, le jeune homme fut si intéressé qu’il arracha la page pour la garder avec lui et effectuer des recherches ultérieures. Il avait l’impression d’être un vandale, mais surtout un idiot. A la fin de son année en France, le Poufsouffle avait pris soin de dérober le livre de la bibliothèque. Il s’en voulait tellement d’avoir arraché cette page de ce si précieux livre qui était devenue sa propriété. Oui, certes, cela n’était véritablement pas digne d’un Poufsouffle, mais parfois il fallait aller à l’encontre des règles. Ne serait-ce que pour le bien de l’humanité. Bon, le bien de l’humanité n’est peut-être pas le bon terme, mais pour le bien…tout court, en général.

Aujourd’hui, il était de nouveau à Poudlard et il avait passé de nombreuses heures à la bibliothèque afin d’en apprendre plus sur l’Oeil de Jupiter, mais il n’y avait rien. Pour autant, ce n’était pas cela qui allait décourager le jeune garçon. Ce dernier avait pris l’initiative de contacter son meilleur ami, Siegfried Léthé. Il l’avait croisé ce matin même dans la grande salle, lors du petit-déjeuner, et il lui avait donné rendez-vous à la bibliothèque à quatorze heures tapantes. Et il était…quatorze heures et demie…il n’était même pas fichu d’être à l’heure. Ce fut donc en voyant l’heure que Jack lâcha un juron parmi le silence absolue qui régnait dans la grande bibliothèque. Le résultat fut simple : tous les regards se braquèrent sur lui. Irma Pince, la bibliothécaire, ne semblait véritablement pas apprécier cela. L’air gêné, Jack baissa la tête vers sa petite feuille et ses nombreux livres.

* S’il n’est pas là avant la fermeture, je m’en vais !*

Telles étaient les pensées du jeune Poufsouffle, profonde et sincère. Oui, il tenait véritablement à ce que Siegfried fasse son apparition, il voulait de lui pour ce coup-là. Car, oui, Jack avait la ferme intention de partir à la recherche de l’Oeil de Jupiter…et pour cela il allait avoir besoin d’un coup de main. Pour certain, cela était le comble de l’ironie, mais il ne pouvait véritablement avoir confiance qu’en Siegfried. Si on lui demandait pourquoi, il répondrait bien volontiers que c’était une longue histoire. Mais au fond de lui, il connaissait cette histoire par cœur ainsi que le plaisir qui le parcourait à chaque fois qui se la remémorait. Le passage des douches lui semblait soudain d’un goût exquis. Mais c’était aussi une histoire qui ne faisait que débuter. Sacré Siegfried…

D’ailleurs, ce fut en pensant au loup que Jack pus en voir la queue. Le Serpentard finit par faire son apparition à la bibliothèque. Ce n’était pas trop tôt !

Le jeune serpentard ne s’était pas levé de très bonne humeur. Même lui était sujet aux rêves difficiles, et aux nuits sans sommeil. Le petit déjeuner n’avait été d’aucun réconfort, et lorsque sont ami était venu lui donner rendez vous à la bibliothèque entre deux tartines, il n’avait aucunement eu l’opportunité de le contester.
C’est donc un Siegfried maussade qui s’assit en face de Jack, et qui coupa court à toute expression de bienvenue d’un geste de la main.

« On est Vendredi aujourd’hui. Tu sais ce que je fais le vendredi ? Non, je ne mange pas de poisson. J’ai cours de sortilège, et j’en profite pour martyriser Susan Bones. Avant le cours, elle se plonge en général dans ses notes dans un coin de l’école, et elle revoit tout ce qu’elle doit nous apprendre avec la frénésie d’une abeille butineuse frétillante à la vue du miel. Et à chaque fois, je cherche à la débusquer pour gêner sa lecture en lui envoyant des premières années dans les pattes, et faisant intervenir de petits animaux pour la déconcentrer. Et puis, lorsque vraiment j’arrive à la rendre folle, j’interviens pour lui rappeler mon existence, pour lui rappeler à quel point j’aime la voir se noyer dans un verre d’eau. »

Siegfried repoussa un livre de la table et y posa ses pieds dans une attitude trop décontractée pour être considérée comme correcte dans une bibliothèque.

« J’ai bon espoir de la voir consulter un psy rapidement. Et si c’est le cas, j’aimerais bien pouvoir lire les comptes rendu des entretiens, je la vois déjà expliquer combien elle se trouve nulle, et combien sa vie est nulle, et qu’elle en parle à sa mère, qu’elle en parle à ses plantes vertes, qu’elle en parle au professeur Flitwick qui ne comprend jamais rien, qu’elle en parle à son chat, et que parfois son chat lui répond en Slave. Bref, tout ça pour dire que, tu viens de me priver d’un de mes rares instants de profond réconfort ici, alors j’espère que tu ne m’as pas fait venir juste pour que je t’aide à faire tes devoirs, ou pour m’expliquer que tu n’oses pas aborder … Je ne sais pas quelle élève ! »