Bibidibobidi...BOUH! [PV: Béré-BOUH]

Faire l'autruche est un moyen de se protéger.
Mais comment faire quand la terre n'est pas meuble ?

Disons-le, Bérénice pouvait être mignonne quand elle s’en donnait la peine. Elle n’avait aucune tare physique à déplorer, elle avait même des yeux bleus assez jolies quand elle ne les cachaient pas sous des mèches de cheveux bruns qu’elle utilisait aussi pour cacher la rougeur de ses joues. Mignonne certes mais incroyablement timide ce qui était un gros handicap car comme tout le monde le sait, l’habit fait le moine et à partir du moment où on forçait la petite Bones à sortir, elle se sentait obligée de se cacher sous les plus amples vêtements de sa garde robe et de lâcher ses cheveux au lieu de, simplement, les attacher pour montrer son minois. Ce jour ci ne faisait pas exception, du moins pas quand elle était sortie de chez elle mais maintenant qu’elle était chez Madame Guipure, elle se retrouvait avec une queue de cheval, des joues rouges et des bras levés pour des essayages d’une robe de soirée cintrés prévue pour le bal de noël prochain.

« Y’a… y’a vraiment pas moyen de… de la faire plus large ? » Bafouilla-t-elle en baissant les yeux sur la couturière qui la foudroya du regard. « Mademoiselle Bones, votre mère nous a demandé de ne surtout pas vous écouter. » Erf, que sa mère la connaissait bien. Baissant les yeux d’un air résigné, elle laissa la couturière finir d’ajuster l’étoffe avant de la diriger vers la cabine pour l’aider à se déshabiller ce qu’elle fit mais elle oublia d’enlever sa queue de cheval… Au moins jusqu’à ce qu’elle sorte et qu’elle ne voit la robe partir dans l’atelier. « A… » Commença-t-elle, prête à supplier à genoux la sorcière de ne surtout pas faire ces ajustements qui lui donnait l’air d’être de la viande sur le marché ! Enfin ça c’était dans sa tête car la robe était longue et le décolleté avait beau être marqué, il était adapté à son jeune âge. Sa tentative échoua malheureusement de manière lamentable car un jeune homme était juste devant elle, obstruant le passage. Elle vit la couturière disparaître et s’écroula effondrée sur un tabouret. « Oh non… » Murmura-t-elle en passant la main sur son visage. « Oh non ! » Répéta-t-elle d’un air encore plus effarée et un peu plus fort. Sur quoi, elle fit un rapide tour d’horizon des personnes alentours et son regard accrochant le grand jeune garçon à côté d’elle, elle se leva prête à s’enfuir avant de se souvenir que sa mère devait revenir la chercher quand la robe serait prête. Au lieu de partir à toute jambe, elle se contenta donc de défaire sa queue de cheval, de se rasseoir et de baisser la tête pour regarder ses souliers. C’était tout elle ça, vouloir être discrète et, finalement, se donner en spectacle… Mais qu’avait-elle donc fait pour mériter ça ?

Oh my god O_o Il lui parlait ? Vraiment ? Elle n’était pas transparente ! ! ! Certaines filles dans la boutique se pâmerait sûrement à la simple pensée qu’un joli garçon leur adresse la parole mais Bérénice n’était pas du tout, du tout dans ce cas ! S’il lui parlait c’est qu’il l’avait vu et celui qui voit regarde et Bérénice savait pertinemment que dès qu’on posait le regard sur elle, elle paniquait et ne savait plus quoi faire. Le truc amusant (ou pas remarque) c’est qu’en même temps, elle était trop polie pour faire comme s’il ne lui avait pas parlé… trop prudente aussi, il devait avoir genre trois ou quatre ans de plus, elle avait pas spécialement envie de se le mettre à dos.

Obligée de tourner la tête et de regarder la robe, elle repoussa une mèche de cheveux brun pour mieux voir et essaya de se persuader que, non, non, il n’était pas le grand méchant loup, il n’allait pas la manger. Elle faisait pourtant très petit chaperon rouge avec sa robe de sorcière rouge trois fois trop grande. « Je ne sais pas… » Commença-t-elle en tentant uniquement de faire appel à son sens de la mode – qui était aiguisé quand ce n’était pas elle qu’il fallait habiller – « Je crois que les manches sont un peu longues. Esthétiquement ça fait un peu négligé. » Elle fronça les sourcils et s’approcha du garçon, laissant sa lourde chevelure brune retomber autour de son visage, le cachant partiellement. Elle avait arrêté de rougir – une bonne nouvelle quand on y pense – parce qu’elle se concentrait plus sur la question que sur le garçon ce qui lui évitait de penser qu’il la regardait forcément (à moins d’être très impoli).

« Je pense qu’il faudrait les raccourcir d’un ou deux centimètres avec peut-être un point spécial pour faire un peu plus original. » Tout ceci enfin dit, elle releva enfin la tête vers le garçon et croisa pour la seconde fois de la journée son regard, elle ne le soutint pas et baissa pudiquement les yeux mais elle ne prit pas la fuite non plus et plus seulement parce qu’elle devait attendre sa mère. Sa première frayeur était passée… cela ne suffisait pas à vaincre sa timidité maladive mais le fait qu’il lui ait adressé la parole l’avait au moins occupé assez pour qu’elle oublie qu’elle était dans un endroit plein de monde et qu’elle ne ressemblait à rien… Parce qu’elle le voulait en plus ! Elle savait parfaitement comment s’habiller pour paraître bien mais ça lui faisait plus peur encore que des moqueries. On ne fait pas attention aux moches, on les laisse dans un coin… Ils peuvent même devenir transparent s’ils ne le sont pas trop… Oh oui ! Elle aurait aimé être une fille comme son amie Ophélia ! Elle aurait voulu être blonde, mignonne et sûre d’elle mais elle n’était que brune, banale (du moins de son point de vu) et tellement timide qu’à une époque on l’avait crut autiste.

D’une voix moins forte, presque un murmure, elle conclut en se rasseyant, les mains sagement croisés sur ses genoux dans une tentative pour se faire de nouveau oublié « J’espère que cet avis vous aura aidé… » Sinon, tant pis, on le lui avait demandé, elle l’avait donné, un point c’est tout !

Raté, il se rendait compte (encore) qu’elle n’était pas invisible et qu’elle était bien là à côté de lui. Lissant les plis de sa robe trop grande, elle tritura ensuite le tissu d’un air gêné. C’était bête quand même de préférer à ce point rester dans l’ombre… mais ça la paniquait qu’on fasse attention à elle, comme si elle pensait en permanence qu’elle n’en méritait pas tant. Elle avait pourtant été élevée avec amour mais elle avait toujours eut le sentiment que ça ne devrait pas être le cas justement… et elle se cachait, tentait de gêner le moins possible sa grande famille. Toutefois, elle finit par lever le nez de son bout de tissu et par répondre parce que 1) le contraire aurait été très impoli et 2) sa crise de panique était passée, ne restait que sa gêne – qui elle était permanente -. Et puis, lui il semblait si différente d’elle que cela l’attirait de la même façon que la lumière attire le papillon… elle espérait seulement qu’elle ne s’y brûlerait pas les ailes.

« Bérénice Bones. Je suis à Poudlard… A Poufsouffle. » Elle ne précisa pas son âge, ça se voyait qu’elle avait dans les 14 ans (elle fêterait son anniversaire à la rentrée en réalité) et puis, il paraissait tellement grand… tellement vieux… tellement sûr de lui… que moins elle parlait mieux c’était. Ceci dit, elle était prête à parier qu’il était à Poudlard aussi mais pas dans sa maison, houla, non ! En dehors de Ernie, il n’y avait pas grand monde dans la maison des blaireaux qui n’aient pas la « pardonnez-moi d’exister » attitude. « Et vous ? » demanda-t-elle après quelques secondes d’hésitation… Mais il avait entamé la conversation alors ce devait être qu’il voulait parler. D’ailleurs, elle mit ses mèches brunes derrière ses oreilles pour dégager un peu son visage. Pour le moment, il n’y avait plus grand risque pour qu’elle rougisse plus que de raison et elle ne se voyait pas entamer une conversation sans montrer un peu son minois. Elle continuait à avoir peur qu’il la juge ou qu’il se moque d’elle, mais elle se souvenait de tout ce que Ophélia lui avait dit sur l’apparence etc… et son amie lui avait toujours dit qu’elle devait être naturelle pour que ça se passe bien avec les autres. Elle regretta quand même de ne pas être maquillée, cela lui donnait toujours l’impression qu’on ne la voyait pas telle qu’elle était quand elle portait de la poudre ou du fard à paupière (voire les deux). Enfin, trop tard pour les regrets ! Elle leva son regard bleu tendre sur le jeune garçon en attendant sa réponse.

*Faites qu’il ne soit pas à Serpentard, s’il vous plaît… Pas un serpentard* Pria-t-elle intérieurement avant de se rendre compte que ça ne servait à rien car elle n’avait jamais la chance de voir ses prières se réaliser. En effet ma belle, tu as bien devant toi un pur Serpentard ! Mais tu l’apprendras bien assez tôt !

Bon bah voilà, problème réglé. Elle l’avait forcément croisé à Poudlard c’est pour ça que sa tête ne lui était pas totalement inconnu mais ça restait assez flou… et là encore c’était plutôt logique puisqu’il était dans les années supérieures et dans une maison pas très aimable avec la pauvre Bérénice : Serpentard. Ceux de son année étaient tous exécrables ! Ils se battaient, se disputaient, tapaient sur tout le monde… des vrais plaies ! Et moqueur avec ça ! Marie était la pire de toute juste après Heaven mais cette dernière n’était pas dans sa classe alors ça allait. Serpentard n’était nid de grands méchants qui avaient pour vocation de se moquer du plus de monde possible… enfin ça c’était ce que pensait Bérénice, au moins jusqu’ici.

« Ah, et c’est une chouette maison ? » Bon, ce n’était guère spirituel mais qu’est-ce que vous vouliez qu’elle réponde hein ? Qu’elle n’aimait pas les verts et argents ? Ce n’était guère diplomatique et pas très charitable car un bon disciple d’Helga Poufsouffle ne jugeait pas les gens aussi vite sur un simple prénom et une maison. Comme elle ne savait pas trop quoi faire, elle recommença à triturer sa robe en attendant une réponse. C’est alors que la couturière revint (la sienne, pas celle de Morgan) et lui intima plus ou moins gentiment l’ordre de retourner en cabine pour le dernier essayage. « Je reviens » précisa-t-elle au risque d’enfoncer une porte ouverte. Elle ne savait pas si Morgan tenait vraiment à ce qu’elle revienne mais bon… le fait est qu’elle partait en pleine conversation… Une fois la robe passée, elle se montra à la couturière qui la poussa en dehors de la cabine bien en vu de Morgan. « Qu’en pensez vous jeune homme ? » En temps normal, Bérénice se serait mise à fondre en larme en se demandant pourquoi la couturière la mettait dans un tel pétrin mais le fait est que le jeune Serpentard lui avait lui-même demandé son avis sur ses vêtements alors qu’il aurait été impoli de ne pas lui rendre la pareille. Se retenant de foncer dans la cabine pour se planquer, elle pinça les lèvres et releva la tête.

« Ce serait quand même mieux avec une coiffure haute. » Sur quoi, elle lui souleva sa tignasse brune, dégageant complètement son visage. Cette fois, elle se mordit bien visiblement la lèvre inférieur… encore un peu et elle défaillait ! Elle croisa les bras sur sa poitrine et demanda à contre cœur. « A… Alors ? » En évitant soigneusement le regard du Serpentard. On avait pas idée de demander l’avis d’un garçon qu’on ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam en pleine boutique… Un Serpentard en plus ! La couturière aurait tout aussi bien pu signer son arrêt de mort !

*Respiration, expiration… Tout va bien, personne ne me regarde, personne ne me juge…* Elle répétait encore une fois son mantra contre la peur mais elle avait l’impression qu’il marchait moins bien que d’habitude. *Saleté de couturière trop zélée…* Heureusement que Bérénice était trop timide ET trop polie pour exprimer le fon de sa pensée pas vrai ? D’autant que même quelqu’un de plus sûr de lui qu’elle ne se sentirait pas forcément à son aide alors qu’elle se tenait là, droit comme un piquet avec une robe de soirée destinée à noël prochain… ça lui donnait presque envie de s’empiffrer les cinq prochains mois pour ne plus rentrer dedans… Mais non, elle serait incapable de faire ça… parce qu’elle l’aimait bien quand même cette robe…

Plaisanterie ? Est-ce qu’elle avait la tête de la fille qui se marre franchement ? Quoi que… il avait sûrement pas vu beaucoup sa tête vu qu’elle la cachait derrière ses cheveux ! Bien qu’il l’ait peut-être plus vu en 20 minutes que certains des camarades de Bérénice en deux ans mais ça, c’était un autre problème. Fronçant les sourcils, elle répondit du tac au tac comme si c’était vraiment une question importante (et pour elle ça l’était) « Je ne suis pas sûre qu’on soit à proprement parler des boute-en-train chez Poufsouffle. Ce serait plutôt les Gryffondors ça, non ? ». Bérénice avait le donc pour transformer une petite phrase banale en grand questionnement métaphysique… alors même qu’elle avait du mal à réfléchir à deux choses en même temps car elle avait une cervelle de moineau.

Mais revenons en à la robe, soit disant magnifique, de Bérénice. Toujours sans trop regarder Morgan, elle fit oui de la tête et baissa les yeux sur l’étoffe. La robe était vraiment belle mais c’était justement le problème ! Elle était bien trop belle pour elle ! Et puis, elle n’était pas certaine de vouloir aller faire tapisserie au bal de Noël… Mais sa mère considérait qu’elle devait y aller parce que c’était important de participer aux événements festifs pour je cite « s’intégrer ». Oui, enfin, si Bérénice avait eu une chance de trouver sa place à Poudlard, ce serait peut-être déjà fait non ?

« Oui mais je me demande si elle n’est pas trop… voyante. » Comme la couturière commençait à se sentir de trop, elle sourit aux deux jeunes et s’en alla non loin, de toute façon, la robe était finie. Bérénice s’approcha de son tabouret (que décidément, elle aimait bien) mais ne s’assit pas, regardant le bas de sa robe qui trainait presque à terre parce qu’elle était pieds nus. « En plus, je n’ai pas vraiment envie d’aller à ce bal… Mais ma mère y tient absolument. » Elle haussa les épaules et prit une de ses mèches pour jouer avec, ce qu’elle faisait toujours quand elle réfléchissait. Elle tortillait et tortillait encore ses boucles brunes dans l’espoir peut-être qu’elles deviennent un peu moins brunes justement… elle se tâtait encore à se teindre en blonde mais elle avait peur que ça choque un peu trop.

« Et toi, tu sais déjà ce que tu porteras ? » Parce que Bérénice adorait parler chiffon et dans un magasin de fringue, c’était plutôt… approprié. De toute façon, elle n’était plus aussi gênée, qu’il ne se soit pas moquée d’elle dans sa robe alors qu’elle était intimement persuadée d’être ridicule lui redonnait un peu confiance – au moins temporairement – pour pouvoir parler plus librement avec ce jeune Serpentard.