Nos souvenirs [PV Heaven]

Quel bric à brac, tout rempli de brics et de brocs ! Des meubles anciens, des livres magiques, des objets improbables… Siegfried songeât que s’il était directeur de Poudlard, il mettrait le feu à tout ce bazar et ferait un bel espace vide de cette salle sur demande. Un reflexe d’orphelin surement, ne jamais se sentir attaché à rien, et ne jamais rien conserver d’inutile.
Sauf qu’à la réflexion, cet endroit contenait au moins un objet qui lui serait utile. La pensine !
Lorsque qu’il entendit Heaven marquer son dégout devant l’insalubrité de leur environnement immédiat, il ne pu qu’acquiescer mentalement. Il ne manquerait plus qu’elle décide de tourner les talons…
Heaven eut plus de chance que lui dans ses investigations, et elle tomba avant lui sur la pensine. Siegfried la rejoint, examina l’objet avec attention et se pencha au dessus du bassin en pierre.

« Tu as un certain flaire ! Ou alors une sacrée chance ! Et en plus, ils l’ont laissé intacte. Je crois… »

Siegfried plongeât la main dans sa veste et en sorti sa baguette ainsi qu’un carnet dans lequel il avait griffonné quelques dessins, et quelques inscriptions à la va vite. Dans ce carnet, il consignait des souvenirs qu’il avait subrepticement. Des flashs qui lui revenaient de temps en temps de la vie passée d’Evan Hardlex. Une scène avec une pensine lui était revenu il y a peu, et il comparait à cet instant les runes qu’il avait vu dans ses visions avec celles présentent sur les rebords de l’objet magique.

« Pas de doute, c’est bien une pensine, ca ressemble tellement à un mangeoire à oiseau… Et cette lueur au fond, on dirait vraiment de la lumière liquide… Incroyable… Bon, au travail, même si je ne suis pas tout à fait certain de la façon de s’y prendre. »

Le jeune garçon rangea son carnet, et commença à agiter nerveusement sa baguette entre ses doigts. Puis il stoppa brusquement et l’appliqua contre sa tempe somme si il tenait une arme contre lui prêt à se faire sauter la cervelle. Doucement, il essaya de se remémorer comment faire pour extraire ses souvenir. Avoir la sensation qu’on a la tête trop remplie, choisir une scène dont on souhaite s’alléger… Tirer…
Siegfried échoua la première fois, et la seconde aussi… Il n’était pas si évidement de tirer magiquement les souvenir de son esprit. Et si en plus, il ne parvenait pas à tirer le bon souvenir…
La troisième fois fut la bonne, même si il craint très fortement échoué encore une fois.
Il versa le filer argenté dans la pensine, et répéta l’opération rois fois. La scène de l’enlèvement que Heaven avait oublié, la scène de ses retrouvailles avec Voldemort qu’il aurait aimé oublier, et enfin la scène de sa confrontation avec le détraqueur qui avait dévoré l’âme d’Evan Hardlex, une confrontation qu’il n’oublierait jamais…

Une fois les trois souvenirs placés dans la pensine, il invita Heaven à y plongé son regard. Il la mit en garde une dernière fois cependant.

« Heaven, souviens toi ! Tout ce que je t’offre, c’est la vérité, rien de plus.»

Siegfried craignait qu’elle n’accepte pas ce qu’elle allait voir. Mas c’était la seule façon de lui montrer à quel point il avait souffert pendant un an, et combien il aurait voulu lui empêcher de souffrir.

Siegfried arriva plus vite que la lumière auprès d’Heaven, et fut visiblement ravit que cette dernière ait trouvé ce qu’il cherchait. Mais voilà que le plus dur venait…

« Pardon ? Tu veux que je mette ma tête là-dedans ? Non mais tu plaisantes ?! Si c’est là ta façon de vouloir me tuer Siegfried, je préfère encore les poisons… C’est moins dégoutant que ça… »

Bon, okay, en soi, le liquide ne semblait pas réellement offensif, et encore moins tout poisseux, comme elle l’avait imaginé plus tôt, mais quand même… Mais bon, Heaven savait plus ou moins que si Siegfried tenait absolument à ce que la brune le suive, c’est qu’il avait une bonne raison… Mais si ses cheveux avaient le moindre problème par la suite, cela serait entièrement sa faute ! De toute manière, c’était toujours sa faute à Siegfried, on pouvait faire tout et n’importe quoi, il trinquait toujours… Surtout quand il s’agissait de la vipère écossaise.

Soupirant et rejetant ses cheveux d’un noir de jais pour être sûre qu’ils ne subissent qu’un minimum de dommages, la brune avança son visage porcelaine vers le liquide transparent. Elle respira un grand coup avant de s’y plonger définitivement.

Et là, se fut l’assaut de dizaines d’images. Des scènes qui dataient d’un an et demi, Heaven et Siegfried, ensembles dans le Poudlard Express, puis le noir, une cave… Tout se succédait rapidement, mais Heaven n’avait aucun mal à en saisir le sens. Tout ce qu’elle voyait là, c’était le pourquoi de comment. Pourquoi Siegfried l’avait abandonnée à l’aube de sa troisième année, et aussi comment lui, ainsi que sa mère, s’étaient battus pour préserver ce à quoi ils tenaient. Siegfried, ou Evan peu importe, à sa vie, et Ellasandra sa fille… Voilà pourquoi Heaven ne se rappelait de rien. Un petit coup de baguette magique, et sa mère lui avait falsifié la mémoire, pour qu’elle ne se rappelle de rien …

Hum, non stop ! STOP ! Ce n’était pas possible ! Sa mère ne pouvait en aucun cas faire une telle chose ! Non… Quoi que… Heaven s’était sentie assez bizarre au début de l’été… Elle avait des nausées, et ne se rappelait pas vraiment de ce qu’elle avait fait, alors que c’était pourtant bien récent… Alors peut-être qu’il ne mentait pas… Une fois qu’elle fut sortie de toutes ces images, la brune inspeca tout d’abord ses cheveux. Superficielle un jour, superficielle toujours ! Puis elle posa son regard vairon sur Siegfried.

« Et maintenant, il va se passer quoi ? Siegfried, ou Evan, ou peu importe le nom que tu as… Maintenant, il se passe quoi ? »

Parce que non, ce n’était pas tout ce qui s’était passé qui dérangeait la jeune fille, mais plutôt tout ce qui allait se passer… Elle ne pouvait plus changer le passé, il était révolu, mais le future… Elle pouvait s’éloigner de Siegfried, détester sa mère… Qu’est-ce qui allait se passer, maintenant qu’elle était plus ou moins au courant de toute la vérité ?

Heaven était en proie au doute, et au questionnement. Il lui avait littéralement asséné la vérité, et elle s’était prise toutes ces nouvelles certitudes comme une déferlante faisant vaciller ses convictions. Avec une tendresse qui lui était autrefois inconnue, Siegfried porta la main vers sa camarade, il lui prit le bras.

« Non, Siegfried, seulement Siegfried, seulement moi désormais. Je me suis débarrassé de ce démon qui m’obscurcissait l’esprit. Je l’ai vaincu pour être enfin moi-même, sans entrave, et sans fardeau ».

Il la tira doucement vers lui, et porta son autre main vers son visage. La peau d’Heaven d’était si douce, comment avait il pu rejeter le contacte d’une peau si douce pendant tout ce temps ?! Evan l’avait réellement privé de toute une part de son existence, et aujourd’hui, le jeune serpentard en prenait toute la mesure. Du moment où Heaven l’avait abordé en cours de potion, depuis le jour de la sélection de la nouvelle équipe serpentard, et pendant chaque jour passé à Poudlard, il avait ressenti pour elle quelque chose de différent. Un désir différent de la possession, un désir différent de l’envie. Juste un besoin d’Heaven, mais comment pouvait il le comprendre avec Evan et son amour corrompu pour Chatiel dans sa pauvre tête d’adolescent ?

« Je t’ai toujours voulue pour moi Heaven. Pas toujours de la même manière c’est vrai, et pas toujours avec la même intensité, mais ce sentiment était sincère. Mais je ne pouvais pas y répondre, Evan était si fort dans ma tête… Il m’a poussé à agir pour m’éloigner de toi quand il le fallait. Aujourd’hui, c’est fini. Je suis pour toujours Siegfried, Serpentard calculateur, ambitieux, impitoyable, et sans aucune entrave. »

Siegfried s’approcha de sa camarade pour briser les quelques centimètres qui les séparaient encore, et s’approcha pour l’embrasser. Cette fois ci, il ne voulait pas un baiser pour l’amuser, ou pour être poli. Non, il voulait l’embrasser, pour consumer ce qui brulait en lui depuis tout ce temps. Mais le voulait-elle encore ? Il lui avait fait tant de mal, tant de souffrances sans qu’elle n’ait jamais rien demandé… « Tu es un oiseau de malheur » se dit-il à lui-même. Mais un oiseau de malheur qui ne voulait plus laisser s’échapper sa chance. Heaven, serait elle touchée par ce qu’il lui avait révélé, ou allait elle définitivement le rejeter ?

Heaven venait de se prendre une grande claque. Jamais elle n’aurait cru sa mère capable de lui effacer la mémoire de la sorte. Elle avait suite à cela renier Siegfried comme s’il avait la peste, l’avait haït au plus au point, sans cesser de l’aimer cependant… On pouvait alors dire que la jeune fille était bien pire que contradictoire ! Aimer quelqu’un tout en le détestant, c’était une chose pour le moins… Pas banale ! Car si pendant un an Heaven avait assuré qu’elle n’aimait en aucun point Siegfried, le fait de le revoir ne l’avait pas aidée du tout dans son combat contre l’amour… Pff, c’était nul d’être amoureuse, parole de Clarks !

L’histoire de Siegfried était complètement démente, mais il lui avait apporté toutes les preuves dont il avait besoin pour qu’Heaven le croie. Etant comme Saint Thomas ou presque, la jeune fille ne croyait que ce qu’elle voyait. Il lui fallait donc des preuves, pour qu’elle soit sûre et certaine qu’on ne lui racontait pas de bobards… Pas chiante du tout la miss hein ! Mais bon, au moins elle était sûre de ce qu’on lui disait, et pouvait être sûre (ou pas, il y avait de très très bons menteurs ! Siegfried excellait d’ailleurs dans ce domaine, voilà peut-être pourquoi elle avait l’habitude de se méfier de ses dires…)

Lorsque Siegfried la rapprocha de lui, Heaven se crispa légèrement. Elle n’avait tellement pas l’habitude qu’il sollicite lui-même un contact physique qu’Heaven en avait du mal à y croire… La main du Serpentard sur la joue de la brune la déstabilisa. Elle ne comprenait plus rien. Heaven avait certes, toujours été plus ou moins proche de Siegfried (encore faut-il que ces deux là aient la même définition du mot « proche ») et même si il lui avait une à deux fois assurer qu’elle était différente des autres personnes qui l’entourait, elle n’avait pas réussit à y croire. Il y avait tellement de nuages noirs qui flottaient au dessus de leur relation tordue qu’Heaven ne savait plus sur quel pied danser…

Mais Heaven s’était cloitrée derrière une haine sans fin pour cacher son amour pour le Serpentard addict aux poisons, toutes les barrières qu’elle avait posées entre eux s’abattirent lorsqu’il posa ses lèvres sur celles froides de la brunette. Il était vraiment insupportable à vivre celui-là ! Enfin, c’était probablement pour cela que ça faisait près de 3 ans qu’elle l’appréciait plus qu’il ne le fallait… A bas l’amour !

« Et ça… Ça veut dire qu’on est ensemble, je suppose… »

Et là, PAF elle supposait mal ! Ça ne la ferait pas hein ! Ça serait la honte totale ! Mais royale quoi ! Heaven ne s’était jamais prit de râteau ! Elle donnait des râteaux mais n’en recevait pas ! Sans réfléchir une seconde de plus, Heaven posa ses lèvres sur celles de Siegfried, oubliant complètement la haine qu’elle avait eut pour lui, pour cacher son amour… Au diable les varices, elle pouvait bien s’octroyer un peu d’amour, non ?

Un baiser un rien tardif, un baiser qui aurait du avoir lieu des années avant. Mais peut être que justement tout aurait été gâché si leur relation avait été concrétisée trop tôt. Enfin il appréciait le doux contacte de sa camarade et, il le craignait, plus jamais il ne saurait s’en passer.
Lorsque leur étreinte pris fin, Siegfried affichait à nouveau un visage sur de lui et se fendait d’un sourire espiègle. Il était à la fois rassuré et conforté par l’idée que cette ultime tentative de réconciliation se soit soldée par cette issue favorable. Cela mettait fin à un an de possession contrainte et forcée. Cela mettait également fin au spectre d’Evan, et de tout ce qui se rapportait à, lui. Maintenant, il était maitre de son destin. Il voulu répondre à Heaven « Tu m’appartiens autant que je t’appartiens », mais il s’agissait du genre de phrase que sa « vie antérieur » aimait répéter à sa maitresse. Il se contenta donc d’une réponse plus… Siegfriedienne…

« Disons seulement que… Notre collaboration vient de passer au stade supérieur… Et à ce propos, je me demande si ta mère acceptera cette nouvelle. Je ne pense pas qu’elle puisse me voir comme le genre idéal. Mais plutôt comme un danger potentiel pour toi. En même temps… Tu as toujours su qu’il était dangereux de vivre dans mon entourage n’est ce pas ? »

Siegfried cherchait à rendre la situation plus facile pour eux deux en prenant un air détaché, Heaven saurait surement lire en lui et comprendre le code. Ils étaient tous deux dignes comme des serpentard.
Un bruit d’horloge résonna au loin, marquant l’heure avancée de la nuit qui venait d’être dépassée, lui rappelant, à l’occasion, qu’il était en dehors de la salle commune alors que le couvre feu était en place depuis plusieurs heures.

« Je pense que nous avons eu notre dose d’émotions pour ce soir Heaven. Nous ne devons pas rester là. Il vaut mieux que je regagne la salle commune, et toi, et bien… Si personne ne te voit patrouiller, on va se demander si tu ne passe pas ton temps de patrouille à torturer des elfes de maison dans un coin sombre. Allons-nous-en. »

Et comme pour marquer la fin d’une histoire, Siegfried poussa la pensine avec son pied. Elle se renversa et rependit toute la lumière liquide sur le sol. Tous les souvenirs écoulés s’évaporèrent scellant pour toujours le secret qu’ils étaient seuls à présent à partager.