Avant manger (Maybel) [Terminé]

Midi, heure terrible où tous les élèves de Poudlard se retrouvaient devant les portes de la grande salle en attendant qu’elles s’ouvrent sur le déjeuner préparé par les Elfes de maisons dont l’armée qui se trouvait dans la cuisine sous les tables semblait tous les jours se dépasser pour faire quelque chose de différent et de meilleur que la fois précédente, c’était en tout cas là l’avis de Nina Moreau, en première année à Gryffondor, qui de toute façon n’était pas bien difficile, mis à part quand elle se trouvait face aux légumes verts. En effet, la demoiselle détestait cette couleur pour une raison totalement inconnue et déjà ancienne, dont finalement nous n’avons rien à faire. Il y avait une seule exception à ce que je viens de dire : la Gryffondor ne détestait pas l’herbe et les arbres à cause de leur couleur.

Dans la cohue du grand hall qu’un professeur, peut être Flitwick, essayait de calmer, Nina se retrouva à côté d’une autre fille pas très grande, donc sans doute en première année comme elle, mais à Poufsouffle à en juger par le blaireau qui ornait sa robe de sorcier. Elle ne la regardait pas, et Nina se fichait un peu de l’endroit où portaient les yeux de la rouquine : elle allait la pousser à se tourner vers elle, parce qu’elle ne l’avait sans doute pas vue, sinon elle lui aurait parlé. Bien entendu, tout ça était évident pour la lionne qui avait le contact facile et donc abordait sans aucune gêne les autres élèves, particulièrement quand ils étaient de son âge ou peut s’en faut. En effet, comme rien ne lui plaisait plus que parler, elle était toujours en quête d’autres personnes qui puissent l’écouter. Et puis il faut ajouter qu’elle adorait rencontrer les gens, ce qui était un facteur également déterminant dans ses prises de paroles.

- Salut toi ! Ca va ? Tu es aussi en première année ? En fait, je m’appelle Nina Moreau, et je suis à Gryffondor.

Nina aurait pu ajouter une foule de chose, mais elle préférait d’abord laisser le temps à l’autre fille, qui était encore une inconnue, de pouvoir répondre, sinon elle risquait d’avoir peur. La lionne savait en effet que certaines personnes n’aimaient pas ceux qui parlaient trop sans permettre aux autres d’en placer une, ses parents le lui avaient déjà assez répété. Et les profs aussi, qui usaient de remarques ironiques quand ils la surprenaient à parler qui lui faisaient bien comprendre qu’elle n’avait pas le droit de bavarder en cours et qu’il était important qu’on puisse lui répondre. Seulement, l’écoute passive de Camille lui avait fait prendre des habitudes qu’il lui était difficile d’abandonner aussi facilement, même si elle commençait à s’y faire.

Autours d’eux, les autres élèves faisaient de plus en plus de bruits, les portes ne semblant pas pouvoir s’ouvrir pour une raison inconnue. Les jeunes gens affamés s’impatientaient et Flitwick semblait avoir beaucoup de mal à contenir toute cette foule sans utiliser la magie, seul pouvoir qui lui conférait un peu d’autorité : le statut de professeur n’y suffisait pas, trop atténué qu’il était par la petite taille du demi-gobelin qui enseignait pourtant les sortilèges avec énormément de brio, comme le reconnaissaient de nombreux élèves. Bousculée de temps à autres, Nina ne prêtait cependant attention qu’à la Poufsouffle à qui elle avait adressé la parole.

Maybel avait suivi les autres jusqu'à la Grande Salle, où parait-il se donnaient les repas. Ça adonnait bien, car Maybel mourrait de faim. Cette journée pleine de choses nouvelles lui avait creusé l'appétit, et elle espérait bien pouvoir faire honneur à son assiette - et peut-être même deux! Elle cherchait du regard une de ses nouvelles connaissances, mais ne trouvait pas de visage familier dans la foule. Avant qu'elle ne puisse commencer à tracer des formes imaginaires dans son assiette vide, une fillette à peine plus âgée qu'elle l'aborda. Elle avait l'air joviale et pleine d'énergie, ce qui fit sourire Maybel. La petite se présenta au nom de Nina Moreau, et comme ses vêtements le laissaient présager, elle venait de Gryffondor.

Maybel lui répondit avec un ton mi-timide, mi-assuré :

- Bonjour... Bah oui! Je suis en première année... ça se voit tant que ça?

Elle laissa échapper un petit rire chaleureux.

- Moi c'est Maybel, de Poufsouffle... J'aurais bien voulu être à Gryffondor, j'aime bien le rouge, mais le Choixpeau à décider que je serais mieux chez les blaireaux. Tu te plais bien, ici? Quels cours as-tu pris? Tu sais c'est quoi le menu, ce midi? J'ai faim!

Maybel posait ses questions d'un naturel peu commun. Fallait croire que soit ses rencontres l'avaient dégênée, soit la petite Gryffondor avait un don pour mettre les gens en confiance...

Nina entendit avec plaisir l’autre fille lui répondre avec autant d’aisance et de naturel qu’elle-même lui avait adressé la parole. Ainsi, elle ne passerait pas tout le déjeuner toute seule à attendre désespérément l’arrive de Camille, qui devait être quelque part dans la foule, les deux Moreau étant trop petits par rapport aux grandes années pour réussir à se retrouver entre les cinquièmes, sixièmes et septièmes années, peu enclins à se préoccuper des plus jeunes qu’eux, et d’autant plus quand ils ne faisaient pas partie de leur maison. Et puis, il n’y avait pas que lui, dans la vie, même s’il prenait une place plus qu’importante dans le cœur de la demoiselle, le petit Gryffondor appréciait sans doute d’être débarrassé de temps en temps de sa sœur pour être avec d’autres garçons. Et puis, au pire, il y avait Hugh.

- Ben, tu sais, on est pas des masses à être aussi petits, ici, et comme tu es toute seule j’ai pensé que tu ne devais pas encore connaître énormément de monde, donc que tu es en première année, donc oui ça se voit tant que ça. Les plus vieux sont généralement tous en groupe, tu n’as jamais remarqué ? En tout cas je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à être parfois un peu perdue.

Le rire qui s’échappa de la prénommée Maybel se transmit à Nina, qui sourit elle aussi, sans trop savoir comment. Elle n’avait jamais eu besoin d’une raison explicite pour rire ou sourire, cela lui venait naturellement, comme à une jeune fille qui n’avait jamais eu de soucis dans sa vie et qui évidemment s’en portait très bien. Sa famille n’avait pas été inquiétée par les Mangemorts, ou en tout cas les enfants n’avaient pas eu à en subir les conséquences, et ils étaient depuis toujours très liés, plus que la moyenne des autres frères et sœurs. Pas des jumeaux, ils ne l’étaient pas, mais les enfants Moreau avaient tous plus ou moins le même âge et cela s’était reflété dans leurs relations pendant leur enfance.

- Enchantée, Maybel. Bah, tu sais, j’pense que toutes les maisons se valent plus moins, et je doute que le Choixpeau décide vraiment selon les couleurs qu’on préfère, mais comme toi j’aurais pas aimé être à Serpentard, je déteste le vert. Et puis on peut pas dire qu’ils aient une super bonne réputation, de ce que m’en a dit mon frère, avec Tu-Sais-Qui et tout ça….Enfin bref, de toute façon je suis à Gryffondor et toi à Poufsouffle et on a rien à dire. Si le Choixpeau en a décidé ainsi, c’est que c’est le mieux, tu ne crois pas ?

Nina laissa passer quelques secondes, le temps de reprendre son souffle mis à mal par sa tirade débitée à toute vitesse et de permettre à son interlocutrice de bien saisir tout ce qu’elle racontait, et aussi d’en placer une, à l’occasion. Avec Camille, la demoiselle avait l’habitude de pouvoir parler sans s’arrêter, mais lui n’aimait pas parler, ce qui n’était pas le cas de tout le monde.

- Euh les cours…bah j’ai les mêmes que tout le monde, je suppose, je veux dire, Défense Contre les Forces du Mal, Sortilèges, Métamorphose…mais non, je ne sais pas ce qu’on mange, mais ça sera sans doute bon, comme d’habitude.

Maybel écoutait parler sa nouvelle amie avec intérêt. Puis, elle fit un lien plutôt drôle dans sa tête. La petite s'appellait Nina Moreau, tout comme Camille, le petit garçon qu'elle avait croisé à la bibliothèque. Puis, Nina avait mentionné qu'elle avait un frère. Serait-il possible que les deux soient parents?

- Euh, j'ai une question indiscrète à te poser... Mais si tu veux pas répondre, ça va hein? C'est juste que... J'ai croisé un garçon avant de venir ici... Il s'appelait Camille Moreau... Est-ce que ça serait ton frère, par hasard?

Maybel se sentait gênée. Elle qui n'avait pas de famille, ces liens l'avaient toujours fascinée. En plus, Camille ne ressemblait pas trop à Nina, ce qui dans la tête de Maybel, était un peu étrange.

Elles parlaient maintenant des différentes maisons. À l'évocation de Serpentard, elle fit une grimace de dégoût.

- Mouais, c'est vrai que les Serpentards, ils ont pas l'air sympathiques... Mais j'en ai croisé une qui était pas si mal... Malgré qu'elle donnait froid dans le dos... J'aime mieux pas me la mettre à dos, celle-là, conclua-t-elle en riant.

Le repas fut servi et Maybel pu enfin goûter à son premier repas chez les sorciers. Tout semblait meilleur ici! Elle se permis, entre deux bouchées, de faire le commentaire à Nina.

- Miam! Tu avais raison, c'est tout simplement délicieux!

Quand quelqu’un commençait une phrase par « euh » ou « j’ai une question indiscrète », généralement, c’était que la discussion devenait assez intime. Non non, je vous jure, je n’ai pas du tout sorti cette théorie foireuse de mon chapeau, elle existe ! Alors bon, imaginez ce que c’est quand les deux sont associés. Nina se dit donc qu’elle devait tendre l’oreille et bien faire gaffe à ce que lui disait sa toute nouvelle connaissance, parce qu’on lui reprochait souvent son manque de sérieux dans les situations importantes, alors que c’était totalement faux ! La demoiselle savait prêter attention aux autres quand il le fallait et arrêter de parler sans cesse, ce qu’elle fit donc, intriguée par la révélation de la mort qui tue qu’allait lui faire la Poufsouffle, comme l’avait laissée présager son entrée en matière.

Et là, patatra. Tout ça pour lui parler de son frère. Détrompez-vous, Nina était très contente que la rouquine qu’elle avait en face d’elle connaisse Camille, c’est juste qu’elle s’était attendue à quelque chose de plus…inhabituel ? La lionne ne trouvait pas vraiment la question de Maybel indiscrète, au contraire, elle trouvait même logique qu’elle l’ait posée. Elle-même en aurait sans doute fait de même, et encore plus tôt. Pourquoi se gêner sur des sujets aussi triviaux ? De toute façon, la Poufsouffle aurait bien finit par rencontrer le jeune garçon, puisque le frère et la sœur étaient à peu de choses près toujours ensembles, ce qui ne s’arrangeait pas du fait qu’ils étaient tombés dans la même maison, ce qui n’était sans doute pas un hasard. Qui se ressemble s’assemble, dit l’adage. En l’occurrence, il ne pouvait plus mal fonctionner, ou alors les ressemblances se terraient dans ce qui faisait d’eux deux des lions plutôt que des serpents, des blaireaux ou des aigles. Bien malin cependant celui qui pourrait deviner d’où venait cette proximité entre les deux jeunes Moreau.

- Oui ! C’est mon frère ! Tu le connais ? C’est super ! Il n’a pas été trop méchant, j’espère ! Non mais parce que de temps en temps il peut être un peu brusque ou bizarre, mais faut pas lui en vouloir, il est très gentil quand on le connait bien. Disons juste qu’il n’a pas la même facilité de discuter que moi, mais tu verras plus tard qu’il ne ferait pas de mal à une mouche. A un moustique peut être, par contre, parce qu’il veut toujours nous protéger. Enfin surtout moi. Comme si je n’en étais pas capable. Et puis il surveille toujours ce que je fais, vérifie que j’ai bien fait mes devoirs, et tout et tout. Mais je sais qu’il fait ça parce qu’il s’inquiète, c’est normal, mais je vais arrêter de t’embêter avec mes histoires de famille. Tu as des frères et sœurs, toi ?

Et voilà. A force de parler, Nina l’avait commise, la gaffe. Comment pouvait-elle savoir, en même temps ? Certes, ça ne l’excuse pas totalement : ce n’est pas vraiment humain, d’autant parler, et elle aurait dû s’arrêter au minimum, ce qu’elle oubliait toujours de faire. A présent, elle courrait le risque de blesser sa toute nouvelle connaissance, et ce sans le faire exprès. Ah Nina, il faut vraiment que tu te réfrènes. Regarde maintenant ce qu’il va se passer et assume les conséquences de tes actes…

Pendant que sa nouvelle amie parlait (elle avait du souffle, celle-là!), Maybel s'empiffrait de nourriture. Quand Nina posa la question fatidique, par contre, la jeune fille avala de travers. Elle pris une longue gorgée de jus de citrouille avant de répondre tranquillement à son amie. Elle ne savait pas trop comment en parler, en fait, elle détestait qu'on la prenne en pitié parce qu'elle était orpheline. Mais de toute façon, la question allait être élucidée un jour, alors pourquoi pas maintenant?

La petite rousse commença par un vague "Non, je n'ai ni frères, ni soeurs..." et après avoir passé la main dans ses cheveux, geste qu'elle faisait lorsqu'elle était agacée, elle répondit, avec une voix un peu tremblotante:

- En fait, je suis toute seule. Mes parents sont morts il y a peu de temps en fait, juste avant que je vienne à Poudlard. C'est étrange, j'étais aux funérailles, et l'instant d'après, je me suis retrouvée devant le grand château, avec pleins de gens bizarrement habillés qui me disaient que j'allais devenir une sorcière...

Perdue dans ses souvenirs, Maybel finit par remarquer le trouble sur le visage de Nina.

- Oh, mais ne te sens pas mal, hein! Tu devrais te compter chanceuse d'avoir un grand frère comme Camille. Il a l'air de t'aimer beaucoup. D'ailleurs, il n'est pas avec toi?

La jeune fille avait souri à la pensée du garçon. Elle ajouta, le coeur plein d'espoir :

- Et puis, peut-être que je suis ici pour trouver ma nouvelle famille...

Et voilà, la gaffe que j’avais pressentie, annoncée, Nina la voyait maintenant. Elle se rendait compte avec horreur où sa trop grande inclination à parler et sa curiosité infinie l’avaient menée : à demander ce qu’il en était de sa famille à une petite orpheline dont les parents étaient décédés peu de temps auparavant. Bon, ne croyez pas ce qui n’est pas : la Gryffondor n’allait pas changer pour autant. Peut être se calmerait-elle pendant les quelques heures qui restaient de la journée, le temps de penser à l’énorme bêtise qu’elle venait de faire, mais bientôt son caractère naturel reprendrait le dessus. Il faut bien plus qu’une seule erreur pour changer une habitude prise en onze ans de vie calme et heureuse. Et loin de s’apitoyer, la lionne allait maintenant faire ce qu’elle pouvait pour aider sa nouvelle camarade à se sentir mieux et à réparer ce qu’elle venait de casser. Elle espérait d’ailleurs ne pas avoir trop froissé la Poufsouffle au point qu’elle ne veuille plus lui parler, voire qu’elle exige qu’elle disparaisse de sa vue. Malgré son naturel enthousiaste et sa gentillesse, il lui était déjà arrivé de se disputer avec des amies, et elle ne voulait pas répéter cette douloureuse expérience.

- Oh ! Désolée, je ne voulais pas te blesser. C’est que…je ne savais pas…je ne pouvais pas savoir…mais oui, tu as raison, tu es ici pour trouver une nouvelle famille. Et j’en ferais partie, et Camille aussi, (enfin, j’espère se dit Nina), tu verras, tu te sentiras bien ici. Et puis tu sais, je sais bien que j’ai beaucoup de chance d’avoir deux frères et d’aussi bien m’entendre avec eux. Par contre, Camille n’est pas mon grand frère, il est né quelque chose comme six mois après moi, même si on peut parfois avoir l’impression qu’il est bien plus vieux que ça. Et pourquoi il n’est pas avec moi ? Et bien c’est une bonne question, il doit être…quelque part.

Et voilà, qu’est ce que je vous disais ? Il ne fallait pas grand-chose pour que Nina reparte dans ses longues diatribes pendant lesquelles plus personne ne pouvait l’arrêter, hormis un manque de souffle, et elle en avait beaucoup, comme l’avait remarqué sans le dire Maybel, ou ne plus rien avoir à dire, ce qui était également rare. En l’occurrence, la Gryffondor avait su ne pas continuer plus loin, mais aussi elle n’avait pas su quoi ajouter à sa déjà longue tirade. Pour se donner une contenance, ou en tout cas pour montrer qu’elle n’arrêtait pas de parler parce qu’elle ne savait pas quoi dire (sauvons les apparences, après tout), Nina vida à longues gorgées le verre d’eau qui s’était magiquement rempli devant elle, puis avala une bouchée du délicieux repas qui se trouvait dans son assiette poudlarienne à la table des Poufsouffle où elle essayait de plus en plus de cacher son blason rouge et or : inutile de s’attirer les foudres des blaireaux. Quoiqu’elle n’était visiblement pas la seule à faire de l’émigration clandestine entre les différentes tables : les amis se retrouvaient sans doute ainsi. Le problème pour la petite Gryffondor était qu’elle n’avait même pas remarqué qu’elle s’était assise à la mauvaise table. Bon, et les jaunes avaient la réputation d’être gentils. Soyons positifs : elle aurait pu tomber à la table de Serpentard !

Maybel sourit à l'attention que lui portait Nina. Elle sut dès lors qu'elle pourrait lui faire confiance tout au long de son séjour à Poudlard (et peut-être même après, qui sait?). Elle avait eu de la chance d'être tombée sur une fille du même âge et de la même année qu'elle. Ce qui était dommage, c'était qu'elles n'était pas dans la même maison, mais Maybel était certaine qu'elles allaient pouvoir se recroiser. Lorsque Nina se mis à chercher son frère, Maybel ne pu retenir un fou rire.

- Il ne serait pas, par pur hasard, à la table des Gryffondor, avec les autres lions? Mais ne te sens pas obligée de partir hein! J'aime bien ta compagnie... Comme celle de ton frère, d'ailleurs!

Maybel avait maintenant envie d'une autre part de gâteau au chocolat - son dessert préférééé! - et se leva, laissant ses affaires au soin de sa nouvelle meilleure amie.

Suite à sa dernière remarque, Nina vit avec surprise Maybel éclater de rire. Bon, c’était sûr, avec elle, elle ne s’ennuierait pas, et un bon point pour la Poufsouffle, car si la Gryffondor détestait des gens, c’étaient bien ceux qui ne riaient jamais, même dans une situation comique. Bon, en l’occurrence, la première année ne comprenait pas trop ce qui avait fait rire sa camarade, mais ça ne pouvait pas être mauvais, de rire, ce n’était pas le jeune blonde qui allait dire le contraire, puisqu’elle en avait fait une de ses activités favorites, avec le bavardage, ce qui nous donnait au final une demoiselle pas forcément bien vue des professeurs qui aspiraient au calme dans leur classe, et en plus beaucoup de travail pour Camille qui devait la surveiller, mais passons : Maybel s’était expliquée sur son soudain éclat de rire.

- Oui, c’est évident, il doit être à notre table. Mais ne t’inquiète pas hein, je ne comptais pas me sauver, pas avant d’avoir finit de manger, je termine là où je commence. Enfin, sauf si tu avais voulu me virer d’ici. Quoi que je serais peut être même restée rien que pour t’embêter. Bon, là, j’ai pas besoin, vu que tu veux bien que je reste, donc ya pas de soucis et tout le monde est content. Pis Camille il peut bien se débrouiller seul un peu de temps en temps, hein. D’ailleurs, je crois que c’est lui qui a pas compris que moi je peux me débrouiller seule sans l’avoir sur le dos pour me surveiller. Mais peut être que je serais triste s’il ne faisait plus autant attention à moi. Enfin j’en sais rien. T’en penses quoi, toi ?

Nina n’était pas sûre que Maybel avait suivit tout son raisonnement, mais après tout, quelle importance ? La Gryffondor avait parlé autant pour elle que pour son interlocutrice, comme ça arrivait souvent. Et puis elle avait plus besoin qu’on l’écoute que qu’on lui réponde : même seule, la blonde pouvait parler sans s’arrêter pour peu qu’elle ait quelqu’un à qui s’adresser. D’ailleurs, la Poufsouffle aurait pu penser à tout autre chose qu’à son flot presque ininterrompu de paroles que la toute nouvelle lionne ne l’aurait sans doute même pas remarqué et ne s’en serait pas formalisée. Camille remplissait très bien ce rôle, même s’il semblait toujours garder une grande attention à ce que pouvait déblatérer sa sœur adoptive. Par contre, la fin de la phrase de la rouquine surpris Nina.

- T’as bien aimé la compagnie de Camille ? Et bien tu as eu de la chance à mon avis, il devait être de bonne humeur.

C’était toute joyeuse que Nina avait déclaré cela, contente que son frère semblait apprécier la Poufsouffle. Quoi que, mieux valait ne pas tirer de conclusion hâtive : elle ne savait pas comment cette rencontre s’était passée. Par contre, il ne faudrait pas croire que la Gryffondor avait voulu déprécier ou critiquer son frère par ses dernières paroles : la demoiselle était simplement consciente que le garçon pouvait paraître un peu froid et bizarre quand on ne le connaissait pas et qu’il ne voulait pas qu’on lui parle. Il fallait juste y être habitué.

Maybel avait écouté son amie et trouvait son monologue bien triste. Ainsi donc, la petite blonde qui avait l'air si épanouie aux yeux de la rouquine cachait un peu d'insécurité? La jeune fille sourit et répondit à son amie d'un ton chaleureux :

- Oui, je pense que tu dois lui montrer que t'es plus une petite fille, maintenant. Mais moi aussi je pense que s'il ne faisait plus attention à toi, tu serais peut-être un peu, beaucoup triste. C'est ton frère hein, après tout! Mais quand tu te seras fait des amis, tu n'auras peut-être plus tant besoin de lui...

Puis, Nina avait eut l'air surprise que son frère ait fait bonne impression sur Maybel. Celle-ci rit un peu et elle lui confia :

- Bah, c'était peut-être parce qu'il se sentait coupable.. il m'a échappé un livre sur la main, tu vois?

La rouquine montra la marque rougeâtre sur sa jointure.

- Et là il m'a demandé ce qu'il pouvait faire pour se faire pardonner - comme si c'était réellement de sa faute, ça arrive souvent, des gaffes, non?. Et je lui ai dit en riant que s'il voulait tant se faire pardonner, on pouvait devenir amis!

Maybel sourit aux derniers mots avant d'ajouter :

- Et maintenant qu'on est amies nous aussi, ça va faciliter les choses, je crois!

Puis, Maybel regarda l'heure sur l'horloge au fond de la salle. Il était bien tard! Elle qui devait terminé son devoir de Soins aux Créatures Magiques, elle avait bien discuté et devait maintenant se dépêcher si elle voulait atteindre l'objectif qu'elle s'était fixée avant de se coucher...

- Bon! Bah c'est pas tout hein! Moi j'ai des devoirs à faire... Je vais aller dans la salle commune... On se revoit bientôt?

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