Besoin d'aide? (Pv Camille)

Camille adorait les oiseaux. Depuis tout petit, il les contemplait d’un air admiratif en se disant que, vraiment, c’était magnifique. Il aimait toutes les espèces et il les observait pendant des heures. Il savait tout de leurs cycles de vie et des méthodes pour les soigner ou s’en occuper. Dernièrement, il passait beaucoup de temps dans la volière puisqu’en hiver, il n’y avait pas beaucoup d’oiseaux à Poudlard. Il avait vraiment hâte que ce soit le printemps pour étudier les espèces vivant à proximité de la forêt interdite.

Seulement il n’était pas seul dans la volière ce jour là. Il y avait une fille de présente, une plus vieille que lui visiblement puisqu’il n’était qu’en première année. Autant dire qu’il était encore un petit garçon même si sa mère s’exclamait toujours en le voyant « Mais qu’est-ce que tu as grandis ! », le truc un peu bête car il se mesurait régulièrement et il n’avait pas la sensation d’avoir grandi tant que ça. Enfin, sa mère était toujours tellement excitée que dans le fond, elle devait faire marcher son imagination plutôt que sa raison. Passons, la jeune fille semblait plutôt mal en point. Camille n’aimait pas trop parler, en fait, il détestait carrément ça. Mais il adorait aussi se prendre pour le preux chevalier en armure qui allait sauver les demoiselles en détresse sur son cheval blanc !

S’approchant de la Poufsouffle (il reconnut la maison à son blason), il fixa un moment en silence la jeune fille avant de demander calmement « Tu es une jeune fille en détresse ? » bah quoi ? Elle avait de grosses cernes comme si elle n’avait pas dormi depuis des jours, et elle semblait triste. Donc, elle était en détresse, ou elle paraissait l’être. Et puisque c’était une fille, c’était aussi une demoiselle. De toute façon, si elle ne réunissait pas ces deux critères, elle n’était pas intéressante. Camille ne parlait aux filles qui n’étaient pas sa sœur adoptive que lorsqu’elles avaient besoin d’aide. Le truc qu’il se demandait aussi, c’est ce qui pouvait provoquer cet air abattu car visiblement personne ne lui avait fait de mal. Elle n’avait pas de trace de coups, ni quoi que ce soit qui puisse laisser croire qu’elle avait été malmenée. Elle était juste abattue. Camille – d’un naturel froid et impassible – avait du mal à imaginer qu’on puisse afficher une telle mine. S’il avait une tête pareille, il s’enfermerait quelque part justement pour que personne ne lui pose de question. C’était arrivé une fois ou deux quand il était un peu plus jeune et qu’il ne supportait plus qu’on l’appelle le « sans parent » mais bon, maintenant il s’en fichait, il avait simplement fait en sorte de s’endurcir encore plus. Il était comme ça le Camille et il avait du mal à comprendre qu’il puisse en être autrement pour d’autres, pour cette jeune fille par exemple. Bien qu’il possède une formidable capacité à écouter, il manquait d’empathie. C’était un garçon de seulement onze ans après tout mais il est loin d’être sûr qu’il soit capable de progresser vu son caractère.

Il est vrai que Camille était très jeune en comparaison à Jane. Mais bon, de toute façon, quand on est en première année, on paraît toujours plus jeune que tout le monde, même dans son année, Camille était loin d’être celui qui faisait le plus vieux, c’était même plutôt tout le contraire ! Il avait encore une bouille de bébé et il en avait bien conscience même si ça l’énervait. Enfin, énerver, c’était un grand mot, disons plutôt que comme au niveau du caractère il était très mûre, sûrement plus que la plupart, ce n’était pas agréable pour lui de s’entendre encore dire qu’il était chou. Sauf si c’était une grande qui disait ça, il adorait servir de peluche aux sixième ou septième année parce que ça foutait la rage à la plupart des garçons de l’école, surtout que les yeux de Camille trahissait ce qu’il pensait, un bon bisque bisque rageheu non formulé pour ne pas casser l’ambiance.

Cependant, même s’il n’avait que onze ans, il savait reconnaître une jeune fille mal en point quand il y en avait une qui se présentait. Hors c’était tout justement le cas là, en ce moment. Même si elle prétendait le contraire, elle ne semblait vraiment pas bien, la fatigue était une forme de détresse au fond, et puis, pour avoir des cernes aussi grosses, elle avait dû louper plus d’une nuit de sommeil. Perplexe, Camille se demandait ce qu’il pouvait faire et dans quelle mesure il pouvait intervenir.

« Epuisée plutôt que fatiguée si je puis me permettre. » lâcha-t-il après une grosse minute de réflexion tout en s’approchant de Gilbert, un hibou, à qui il donna des graines tout en le caressant sans vraiment y penser. L’animal s’ébouriffa d’un air heureux, il avait envie qu’on lui confie une lettre mais Camille n’y songeait pas pour le moment. Il faudrait bien pourtant qu’il écrive à sa mère adoptive s’il ne voulait pas qu’elle lui envoie encore une beuglante comme la fois dernière où elle lui avait hurlé qu’il était un fils ingrat qui ne donnait pas assez de nouvelles. La honte de sa courte vie, surtout qu’il n’était pas du genre ingrat, c’est seulement qu’il n’avait rien à raconter. Les jours à Poudlard passaient et se ressemblaient tous, il n’y avait vraiment rien à signaler qui méritât qu’il écrive à sa mère. Nina s’était bien moqué de lui et ça l’ennuyait, il faudrait donc qu’il remédie à ceci, mais pas maintenant. Son esprit vif d’enfant était occupé par autre chose.

« Si tu veux parler, j’écoute très bien. » Dit-il finalement toujours poussé par son instinct de preux chevalier venant en aide aux jeunes filles. Il ne lui manquait plus que l’armure et la lance et ce serait parfait. Enfin, il était tellement gringalet que si on le couvrait de fer il ferait une descente dans les escaliers de la volière après s’être cassé la binette mais c’était un autre problème, il ne faut jamais cassé les rêves des enfants. Enfin, maintenant, il ne savait pas si elle accepterait de lui parler, après tout, ils ne se connaissaient pas. Mais il ne mentait pas quand il disait qu’il avait une très bonne écoute, c’était même sa principale qualité. Par contre, il n’était pas un grand bavard mais comme il était plutôt réfléchi, il pourrait peut-être être de bon conseil, on ne pouvait pas savoir avant d’avoir essayé.