Nouveau chapitre d'une vie (PV Camille Moreau)

Camille révisait soigneusement ses cours. Il était plutôt du genre sérieux contrairement à son frère aîné et à sa sœur adoptive. Il aimait bien avoir des bonnes notes et qu’on le félicite. En plus, travailler correctement, c’était encore le meilleur moyen pour réussir dans la vie. Il avait fini ses révisions quand il se mit à ranger ses livres. Il en avait pris toute une pile et en fit malheureusement tomber car elle était trop haute. Soupirant, il posa ce qui était resté dans ses bras sur une chaise et se baissa pour ramasser le reste. Les vieux bouquins étaient aux pieds d’une fille de son âge. Il l’avait déjà vu en classe mais ne lui avait jamais parlé. Il faut dire qu’ils en avaient peu eut l’occasion. Camille passait beaucoup de temps avec le reste de sa fratrie ou ses autres amis. Ceci dit, Lorenzo était à Poufsouffle donc ça aurait dû aider.

« Pardonnez-moi d’avoir dérangé votre lecture, ce n’était pas mon intention. » Camille parlait très poliment pour mettre une distance avec les autres, et ça fonctionnait. Non pas qu’il soit méchant ou quoi que ce soit d’autre, au contraire ! Mais il était froid, c’était dans son caractère.

Il remarqua ensuite une petite rougeur sur la main de la jeune fille. Un des livres avaient dû lui cogner légèrement la main avant de rebondir et de rouler au sol. Fronçant les sourcils, il posa sa main sur celle de la petite fille de son âge et s’excusa encore une fois « Encore désolé, vraiment. Que puis-je faire pour me faire pardonner ? » Heureusement, il était dans un bon jour. Le petit brun fixait donc de ses yeux bleus perçant la demoiselle avec attention, attendant qu’elle lui dise ce qu’il pourrait faire pour se rattraper. Si elle avait besoin d’un peu de compagnie par exemple, il pouvait la lui fournir bien que son sens de la conversation ne soit pas particulièrement aiguisé.

Camille fit un petit hochement de tête lorsqu’elle l’aida à ramasser ses livres. Il attrapa fermement la pile et se dirigea vers les étagères où se trouvait le plateau sur lequel il fallait poser les livres qu’ensuite la bibliothécaire viendrait ranger. Avec son sérieux habituel, il vérifia soigneusement que tout était en ordre, il les rangea même machinalement par ordre alphabétique, et lorsque tout fût à son goût, il revint vers la Poufsouffle qui semblait ma foi assez sympathique bien que troublée par sa façon de parler. C’était normal, les enfants de onze ans totalement froids ça choquait. Surtout que si on exceptait ses yeux, le jeune garçon était plutôt du genre mignon, à faire craquer toutes les grandes qui voyaient en lui un poupon. Lui il s’en foutait, il se laissait faire, avec la mère et la sœur d’adoption qu’il avait, il avait l’habitude.

« D’accord, May. » Dit-il tranquillement, ne partageant pas du tout le trouble de la demoiselle car lui il était au contraire plutôt habitué à côtoyer des filles. Il restait très souvent avec sa sœur adorée et ses copines, il avait lui-même beaucoup d’amies. Les filles parlent plus que les garçons ce qui lui évitait généralement de devoir prendre la parole trop souvent. Car s’il était loin d’être misogyne, en revanche, il détestait parler.

Il donnait aussi assez difficilement son amitié et en temps normal, il aurait sûrement envoyé paître May sans ménagement. Mais il avait mauvaise conscience à la fois de lui avoir fait mal et de l’avoir dérangé, du coup, il décida donc de couper la poire en deux et de temporiser. Être amis c’était quand même quelque chose d’important, on ne pouvait pas claquer des doigts et hop avoir des amis, mais ils pouvaient déjà discuter un peu, être bons copains, comme ça tout le monde serait content non ?

« Je ne suis pas sûr d’être de bonne compagnie mais je veux bien rester avec… toi. » Il tiqua sur le tutoiement mais fit comme si de rien n’était. S’il devait jouer la mascarade de la camaraderie (qui le fatiguait par avance), il devait laisser tomber le masque des convenances qui le protégeait des rapports humains encombrants. Si seulement Nina était là… elle était tellement bavarde qu’elle ferait tampon ! « Je m’appelle Camille, Camille Moreau, en première année à Gryffondor. » Il avait éluder la question de l’amitié par politesse, mieux valait voir s’ils s’entendaient bien avant même d’aller plus loin. Camille n’avait jamais été de ces enfants qui décidaient en quelques minutes que tel ou tel était son ami. Il n’avait rien contre May’ bien sûr, il lui faudrait juste un peu de temps car un Camille Moreau, ça s’apprivoise !

Oui, tout le monde le lui disait qu’il avait un joli prénom. Il l’aimait beaucoup aussi, lui, son prénom. C’était la seule chose qu’il avait gardée de ses parents biologiques. Bien sûr, il était loin d’être un enfant malheureux, il n’était resté qu’un an et demi en orphelinat quand il était tout petit, il ne s’en souvenait que par bribes et les Moreau étaient absolument géniales avec lui. Il adorait sa sœur Nina, ainsi que sa maman Cynthia et son papa Oliver. Ils étaient bons et gentils, de vrais crèmes. Il avait beaucoup de chance et ne souffrait pas de sa condition d’orphelin, toutefois, il aimait quand même avoir un lien concret – son prénom – avec ces gens qu’il n’avait pas eut la chance de connaître mais dont ses parents adoptifs lui disaient beaucoup de bien.

« C’est cela, je suis en première année. » Précisa-t-il à contrecoeur car il n’aimait pas parler. Ce n’était pas la jeune fille qui l’ennuyait, simplement le fait de devoir prononcer des mots tout haut. Comme ce serait plus simple si les gens pouvaient lire dans ses pensées !

« J’ai un frère et une sœur dans la même maison que moi. » Dit-il enfin pour répondre à sa question première. Il ne précisa pas leur année, si la question l’intéressait, elle semblait bien partie pour la poser. Elle embraya d’ailleurs déjà sur autre chose, laissant Camille dans une certaine perplexité. Est-ce qu’il aimait les chats ? Hum… bwah, comme tout le monde supposait-il, mais pas plus que d’autres animaux, en plus, il avait toujours eut un sérieux problème avec le chat de son voisin qui s’entêtait à vouloir bouffer ses oiseaux.

« Je n’ai rien contre. Mais je préfère les oiseaux. » Si Camille devait un jour se réincarner dans un animal, croyez bien que ce serait dans un rouge-gorge ou un joli moineau ! Pas de perroquet quand même, c’était trop bavard ces animaux là !

Camille haussa les épaules. Voilà quelqu’un qui n’y connaissait rien aux oiseaux et qui ne comprenait pas ce qu’ils avaient de formidables. C’était pourtant une évidence, du moins pour Camille. Il sortit d’ailleurs de son sac son cahier de croquis et le poussa jusqu’à May’ pour qu’elle puisse y jeter un œil. Rien qu’avec lui, on pouvait déceler qu’il y avait toutes sortes d’oiseaux. Certains plus colorés que d’autres, et de toutes les tailles. Un colibri par exemple, ce n’est pas comme un rapace (aigle royal ?), d’ailleurs, les rapaces étaient à part dans les oiseaux, et puis il y avait les perroquets, qui pouvaient reproduire des sons… et même dans une seule espèce (les bécasseau par exemple), il y avait une dizaine de sous-espèce avec des couleurs et des plumages très différents.

« Chaque oiseau est différent. » Bah quoi ? C’est vrai non ? Comme les humains d’ailleurs. « Je les trouve joli, gracieux et j’aime les voir voler. » Tout simplement. Il avait une perruche autrefois mais malheureusement, elle était morte et on l’avait remplacé par un hibou. C’est vrai que pour le courrier c’était plus pratique, mais finalement, Camille n’était pas très porté sur les oiseaux nocturnes, sauf pour les dessiner. Il aimait bien dormir la nuit, alors il ne les voyait pas voler, ça perdait de moitié son intérêt pour lui.

« Les chats n’ont pas plus d’intérêt. Que fait ton chat si ce n’est dormir et ronronner dis moi ? » Raisonnement par A + B, très Camille dans le fond, il aimait aller droit au but. Un oiseau était aussi utile qu’un chat. Un chat tue les souris, un oiseau tue les pucerons, chacun son truc c’est tout.