L'accident (Pv Frédérique)

Cette fois, c'était bien la meilleure. La honte de sa vie ! Bien qu'elle ne rattait pratiquement jamais ses sortilèges, qu'il ne lui arrivait presque jamais d'accidents liés à ses sortilèges, elle réussissait par contre toujours à causer des accidents lorsqu'il s'agissait de potions. Cette fois, elle avait échappé un chaudron d'une potion bouillante sur elle, ne manquant pas de se brûler. Heureusement, elle s'était brûlée seulement au mollet gauche. Cependant, le pire dans tout ça était sans doute que son orgueil en avait été gravement affecté. Très gravement. En effet, la jeune fille n'acceptait jamais la moindre erreur de sa part. Peu importe quelle elle était. Mais vu l'état de sa brûlure, elle avait tout de même été forcée d'aller à l'infirmerie.

Lea était assise sur un lit de l'infirmerie, attendant ce que l'infirmière aurait à lui dire. C'est alors qu'elle vit quelqu'un entrer dans l'infirmerie. Quelqu'un qu'elle connaissait, et dont elle n'appréciait guère la compagnie ... Frédérique LeeRoy. La dernière et la seule fois fois qu'elles s'étaient parlées, la discussion des deux jeunes filles avait viré au vinaigre, question de divergeance d'opinion. Mais que venait-elle faire ici ? C'était comme si le hasard l'avait emmenée ici seulement pour embêter la Serpentard ...

L'adolescente prit le livre déposé sur la table de chevet à côté d'elle, sans même regarder de quoi il s'agissait. Elle fit mime d'être plongée dans sa lecture, se cachant derrière son livre. Elle voulait tout faire pour éviter de parler à Frédérique, avec qui elle semblait décidément avoir plusieurs différents.
"Pas elle ! pensa Lea. Pas elle ! Mais qu'est-ce qu'elle fiche ici ?"
Comme si elle n'en avait pas déjà eu assez de l'endurer dans la Salle Commune de Serpentard ... Apparemment, elle était condamnée à l'endurer pour le reste de ses études ...

Depuis peu, il y avait eu une nouvelle politique dans le suivi des élèves. On faisait tout aussi attention à leur performance qu’à leur état et santé. Ce qui n’était pas au gout de tous, ce qui était le cas de Frédérique. Ça faisait un an qu’elle avait perdu ses parents et depuis un an qu’on l’obligeait de se présenter une fois par semaine à l’infirmerie où elle devait discuter, oui s’était le mot, discuter avec le médicomage en chef. Tout ça, s’était pour s’assurer que tout tournait bien rond dans sa tête. Cette année, on avait baissé le rythme à une rencontre par mois. Et ce mois ci, ça tombait aujourd’hui même. Elle détestait ses rencontres. Elle leur racontait à chaque fois ce qu’ils voulaient entendre et ce n’était pas bien difficile. Brillante comme elle était, elle commençait à comprendre comment on pouvait manipuler les gens. Là ils tenaient à la voir avant le bal de Noel et avant les vacances. Ça ne l’enchantait vraiment pas. Elle avait réfléchi à comment leur cacher ses angoisses et joies pour ce bal, et angoisse et stresse pour les vacances.

Trainant les pieds, marchant d’un air nonchalant, les mains dans les poches de son pantalon d’uniforme et sa chemise dépassant celui-ci, elle entra ainsi à l’infirmerie. Alors qu’elle pensait trouver le lieu vide, comme à chaque fois, elle fut surprise de voir Léa Isaac assise sur l’un des lits. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien faire par ici ? Elle venait de se rendre compte à quel point elle était si détachée de Serpentard, qu’elle aurait tenté de s’auto punir ? Au non, ça aurait été trop bien si ça avait été le cas.
Droite et fière, Frédérique continuait à avancer dans la salle. Elle ne la fixa pas pour autant, et s’adossa à un des lits attendant qu’une infirmière se rend compte de sa présence. Mais elle était bien trop curieuse pour laisser sa camarade sans rien lui dire.

« Quelques mésaventure… ? »

Finalement, son passage à l’infirmerie risquait d’être plus mouvementé que d’habitude. Ça allait la changer. A moins que les deux jeunes filles ne décident d’enterrer la hache de guerre…

Lea leva la tête lorsqu'elle entendit la voix de sa camarade. La sale peste !... N'aurait-elle pas pu se trouver ailleurs, aussi ? Mais non ! Il fallait absolument qu'elle soit là exactement au bon moment et au même endroit où se trouvait la Serpentard. Elle se contenta de porter son regard à nouveau sur son livre, avant de répliquer :
"À part ma merveilleuse rencontre avec une Serdaigle qui se croit Serpentard, tu veux dire ?"
Malgré ses paroles, le ton de voix de la jeune fille n'avait guère changé. Elle avait comme une sorte de don pour rester calme, sans pour autant se laisser faire. (Car en effet, Lea Isaac ne se laissait jamais marcher sur les pieds...) Généralement, lorsque quelqu'un peu apprécié de sa personne se trouvait dans la même pièce qu'elle et tentait de la faire fâcher, elle se contentait de lui répliquer calmement, sans pour autant cacher le fond véritable de ses pensées. Et ça, c'était bel et bien ce qui la différenciait de Kelly-Jane...

"Et toi ? ajouta Lea. Comment te portes-tu ?"
Eh non, la jeune adolescente n'avait pas l'intention de se laisser marcher sur les pieds, peu importe la façon dont elle se servirait pour communiquer son hostilité.

A sa remarque, Frédérique n’avait pas besoin d’avoir une intelligence hors pair pour comprendre que ça lui était concerné. Elle aurait pu lui répondre bon nombre de chose. Comme le fait qu’elle n’avait nul besoin de se prendre pour ce qu’elle n’était pas. Qu’elle était une Serpentard et qu’elle n’avait ni droit ni le privilège de la connaître assez pour en juger par elle même. Elle se disait même de quel droit pouvait-elle oser défier l’avis d’un être aussi vénéré que le choixpeau. Non elle lui dit rien de tout cela, la dévisageant seulement, de son air neutre sans laisser rien transparaître dans son regard.
Et puis, elle ne pouvait que prendre pour un compliment d’être comparée, en partie, à une Serdaigle. Ils avaient la réputation d’être intelligents et des talents incontestés d’érudit. Seuls leur créativité et leur sagesse lui avait fait défaut. Mais sa détermination et ses ambitions étaient bien plus grandes que ses précédentes qualités. Ce qui pour elle semblait bien être le contraire pour la jeune fille présente dans la salle. Il fallait dire qu’elle n’avait guère d’autres qualités qui elle, lui mettraient d’être au dessus des autres, ou de le croire seulement.
Léa pouvait bien mordre aussi bien qu’une vipère… mais était-ce tout ce qu’elle savait faire ?

Mais Frédérique préféra ne pas se rabaisser à son niveau et continuait à la dévisager sans rien dire. N’était-il pas dit que le silence agaçait encore plus que de simple parole ? Ainsi, en ne rétorquant rien, elle se montrait bien plus intelligente qu’elle. Ce qui ne semblait pas difficile. Mais elle ne doutait pas que son agressivité pouvait cacher quelque chose. Et ce fut pour cela qu’elle ne chercha pas à l’attaquer à son tour. Et puis la Serdaigle qui se prenait pour une Serpentard mais qui se trouvait être incontestablement dans les élites des Serpentard n’avait, elle au moins, pas tenter de l’envoyer à l’infirmerie.
En gros, elle lui avait demandé comment elle allait et ce qui lui était arrivée et elle s’était faite mordre. Mais elle n’était pas rancunière, pas tant qu’on la blessait réellement. Elle s’énervait précipitamment mais elle redescendait tout aussi rapidement. Léa restait pourtant calme, elle aussi, mais l’agressivité en moins. Elle qui l’avait reproché de ne pas voir des qualités dans les autres maisons, aurait été étonnée de voir sa proximité avec des Poufsouffle, même si elles n’étaient qu’au nombre de deux qu’elle pouvait encore tolérer, dont une qui ne passait plus vraiment inaperçue depuis le Bal de Noel. Elle n’était par ailleurs pas proche d’un seul Serdaigle et encore moins d’un Gryffondor. Il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Quand elle se rapprochait de quelqu’un, il y avait eu au moins au premier abord, quelques intérêts qu’il soit. Elle ne voulait donc pas retourner dans une joute verbale au sujet des maisons. Elles avaient chacune leur avis et elles l’avaient prouvé. Frédérique allait déjà assez se prendre la tête avec le médicomage pour en rajouter avec une élève de sa maison.

Mais elle lui demanda comment elle allait. Elle était bien plus imprévisible qu’elle ne le pensait !

« On apprend toujours des rencontres, quel qu’il soit…
Pour ma part, je vais bien… Aucune mésaventure qu’il soit… »

Au grand étonnement de Lea, Frédérique se contenta de répondre calmement à sa question, et de simplement ignorer sa remarque déplaisante précédente. Il fallait croire que Lea n'était peut-être, après tout, pas la seule à garder son calme afin d'éviter les problèmes ...
"Ouais ..., répondit la jeune fille. Aucune mésaventure ... On ne peut pas tellement dire qu'il s'agit de mon cas présent ..."
En effet, cette fois, on pouvait bien dire qu'il s'agissait d'une mésaventure, d'une gaffe. Si Lea Isaac n'avait guère l'habitude de faire autant de gaffes, cette fois, elle avait bien réussi son coup ... Fait dont elle avait en fait assez honte ... En effet, s'il y avait un défaut que l'on pouvait reconnaître assez rapidement chez la jeune fille, c'était bien qu'elle avait particulièrement de difficulté à reconnaître qu'elle pouvait faire des erreurs. Et lorsque cela ne devenait que d'évidence, elle en avait terriblement honte ...

Spoiler:

Frédérique était toujours aussi calme. Son air semblait impassible mais pas forcement froide mais pas plus accueillante que ça non plus. Elle changeait mais ce n’était pas Léa qui s’en rendrait compte vu qu’elle passait son temps à l’agresser. Mais aujourd’hui, elle ne semblait pas d’aussi mauvaise humeur qu’à l’ordinaire. Il fallait en profiter pour tenter de discuter. On lui avait dit qu’elle devait s’ouvrir aux autres au lieu de rester dans sa coquille et dans ses livres. Si elle parvenait à faire des efforts face à sa camarade, elle aurait gagné une bataille.
Toujours adossée au lit en face de sa camarade, elle ne cessait de la dévisager afin de percevoir un détail montrant ce qui l’avait mené à l’infirmerie. Mais sa vue était une vraie catastrophe et elle évita de froncer les yeux afin de ne pas contrarier la jeune fille qui lui faisait face. Elles étaient parvenue à ne pas trop s’agresser, il ne fallait pas risquer de s’entre-tuer entre membres de la même maison. Ça serait dommage et inutile.

« Et bien, quel est ton cas présent que je m’avise de ne pas être confrontée un jour à la même mésaventure… »

La jeune Serpentard aimait parler ainsi. Elle trouvait ça plaisant tant qu’on parlait de la même chose. Et pour le moment, elles semblaient en effet sur le même sujet. Sa curiosité demeurant, elle continuait à vouloir savoir ce qui avait pu arriver à sa camarade. Peut-être qu’elle allait continuer à se dérider et qu’elle allait enfin lui parler de Serpentard à Serpentard.

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