A Poudlard, le nombre de personne avec qui Eva-Rose avait eu une vraie conversation, j’entends par là qui aie duré plus de deux minutes, était très réduit. Plus réduit encore était le nombre d’élèves qu’elle avait revus après cette première discussion, sachant qu’elle-même n’avait que peu souvent fait d’efforts en ce sens, et que généralement, quand elle avait été vers les gens, ça avait été plutôt payant, comme par exemple avec Jane Iverson, qui était l’une des rares personnes à Poudlard de qui la jeune fille se sentait un peu proche, même si on n’en était pas encore à une grande amitié qui aurait pu se fonder au début de la première année de chacune, alors même qu’elles étaient dans la même classe. Bon, certes, il y avait aussi eu des moments où ça n’avait pas été aussi bien réussit : Frederique LeeRoy, de Serpentard, n’avait apparemment pas apprécié quand, l’année précédente, elle lui avait adressé la parole, mais en même temps il fallait être un peu perturbée pour vouloir parler à une vipère. Tout ça pour dire, en tout cas, que si finalement il pouvait arriver à la rouquine de parler à plusieurs personnes, il était fort rare que ça aille plus loin, ce qu’elle regrettait, bien entendu.
C’était donc seule qu’Eva-Rose sortit du cours de botanique en plein mois de février. On pouvait dire qu’il ne faisait vraiment pas chaud, et comme tous les élèves la jeune fille avait resserré sa cape d’hiver autours de ses épaules déjà couvertes par sa robe de sorcière, également mise au dessus d’une autre couche de vêtements normaux, comprendre moldus. La Poufsouffle ne voulait pas tomber malade alors qu’on approchait de plus en plus de la fin de l’année, et donc des examens où elle comptait de nouveau avoir d’excellents résultats, parce qu’être (très) forte à l’école était sans doute son seul moyen de compenser sa solitude chronique qu’elle ne parvenait pas à régler, malgré les efforts qu’elle tentait de mettre en œuvre, apparemment en vain, comme je l’ai dit. Elle ne savait plus trop quoi faire d’autre que de travailler sans relâche et de temps en temps rigoler un peu avec quelqu’un le temps d’une partie de cartes ou d’un autre truc du genre. Cela la rendait parfois triste, mais seulement quand, seule et sans travail à faire elle s’ennuyait, soit généralement tard le soir, à l’heure d’aller se coucher, y compris quand ses camarades de dortoirs discutaient toutes, par deux ou en groupes.
C’est alors qu’en passant près du potager, Eva-Rose vit une autre personne seule, qu’elle connaissait, l’une de ces trop rares personnes avec qui elle avait eu une longue discussion, et dans ce cas c’était le moins que l’on puisse dire : Annaelle Yates et elle s’étaient rencontrées à l’infirmerie où la Poufsouffle avait fait un très long séjour l’année précédente, malade qu’elle avait été. Et la Serdaigle s’était trouvée dans le lit à côté d’elle pendant quelques heures, après qu’elle s’était fait mal en tombant d’un escalier, si la blairelle se rappelait bien, et elle avait généralement bonne mémoire. D’ailleurs, cette journée c’était très bien passée, peut être celle que la rouquine avait le plus appréciée parmi toutes celles qu’elle avait passées à l’infirmerie, ce qui n’était pas compliqué : Mme Pomfresh n’était pas forcément une femme très chaleureuse, c’était le moins qu’on puisse dire. Eva-Rose s’approcha donc de sa camarade, plus jeune qu’elle d’une année.
- Hé ! Salut Annaëlle !
Elle n’avait rien dit de plus : à quoi bon ? Parler n’était pas dans ce qu’Eva-Rose préférait faire. Ou plutôt, elle préférait rester discrète, et sachant qu’il y avait sans doute encore pas mal d’élèves dans les environs, elle préférait ne pas se faire remarquer, de la Serdaigle mise à part, vous l’aurez compris.