Estelle ne répondit à Nina que sur le prénommé Colin Crivey, qui était donc un fantôme. Cela ne surprit pas outre mesure la jeune Gryffondor : elle commençait à avoir l’habitude, le nombre de revenants étant assez élevé à Poudlard, et la demoiselle n’avait pas encore eu l’occasion de leur parler à tous, même si elle avait réussit à sa grande fierté à devenir assez proche de Nick Quasi-Sans-Tête, le fantôme de sa maison, même si elle se doutait un peu que le regret de la vie et l’intérêt qu’il portait aux jeunes sorciers le rendait facilement abordable. Le Moine Gras lui paraissait également sympathique, de même que Peeves, bien que ce dernier ne semblât pas éprouver le même intérêt envers elle que celui que la petite lionne lui portait, attirée par son esprit rebelle et réfractaire. En même temps, les préfets l’avaient bien avertie : l’esprit frappeur n’était pas connu pour être doux avec les premières années, ni avec les plus vieux, d’ailleurs. Bref, Nina retint dans un coin de sa tête qu’il y avait un autre ancien lion qu’elle ne connaissait pas dans le château, et qu’il serait sans doute intéressant de le rencontrer. La demoiselle trouvait que les revenants avaient toujours plein de truc à dire, et qui plus est du temps pour écouter.
Estelle sauta soudain du coq à l’âne, déclara qu’il valait en effet mieux aller se coucher, répondant ainsi à la remarque qu’avait faite Nina l’instant d’avant après sa crise de bâillement inopinée. Oui, en effet, elles étaient bien d’accord, sur le coup. La lionne commençait à sérieusement ressentir la fatigue, il devait être assez tard, trop pour qu’elle soit parfaitement en forme le lendemain matin, finalement, mais qui cela embêterait-il, à part Camille, qui lui ne s’occupait jamais de ses affaires, surtout lorsque cela concernait sa sœur. Bref, la blonde aurait sans doute quelques cernes sous les yeux, donc rien de grave, en somme. Juste de quoi donner à parler au troisième Moreau si jamais ça lui en prenait l’envie soudaine. Non, vraiment rien de grave.
Les deux Gryffondor se levèrent donc du fauteuil où elles étaient pourtant si confortablement installées – mais après tout c’était pour aller dans un lit qui l’était encore plus, confortable – et quand Estelle la remercia, Nina haussa les épaules, et répondit d’un ton neutre :
- Bah ça ma fait plaisir, et puis, tu sais, je suis là pour ça. N’hésite pas si t’as encore envie de parler.
La lionne fit un grand sourire à son amie, puis les deux filles se séparèrent et se rendirent chacune dans leur lit, Estelle récupérant son chat au passage. Nina, quant à elle, se coucha dans son lit à baldaquins, et garda un instant les yeux ouverts, le regard perdu dans le plafond du dortoir des filles de première année de Gryffondor. La fatigue ne tarda cependant pas à prendre le dessus et la demoiselle s'endormis bien vite. Pour se réveiller le lendemain matin, bien trop tôt à son goût.
[Terminé]