Les atterrissages, et toi [ PV ]

Kaïn n'était jamais vraiment un garçon prévisible. Et c'était justement pour cette raison qu'il pouvait comprendre qu'il y avait bien des personnes qu'il continuerait d'étonner même au bout de plusieurs années. C'était une chose qu'il pouvait comprendre sans problème, bien entendu, mais ça pouvait toujours le surprendre tout de même. Que l'on soit bien d'accord, même si on pouvait sans problème voir qu'il était un dragueur qui ne pouvait pas s'empêcher de sauter sur tout ce qui bougeait, c'était bel et bien la seule chose que l'on pouvait réellement savoir de lui. Il n'était pas de ceux en qui on pouvait lire comme dans des livres ouverts. Il n'en restait pas moins mystérieux. Etrange pour bon nombre de personnes. Prenons Frédérique par exemple, s'il s'avérait être étrange pour elle, c'était avant tout parce qu'il préférait le monde moldu à un monde sorcier alors qu'il était un sorcier. Il s'agissait de ses goûts, de ses envies, mais ça pouvait en choquer plus d'un. Evidemment.  « Oh tu sais, je pense que c'est préférable. Si nous avions la possibilité de revenir souvent dans le château, je suis persuadé que cela pourrait créer une quelconque dépendance. Quitter Poudlard, c'est tiré un certain trait sur l'école. Mais je pense que la peur est un excellent sentiment pour définir la sortie de Poudlard. On y est de 11 ans à 17, on ne sait pas quoi faire après et on est lâché, comme si nous étions obligé de le savoir. Mais ça ne vient pas... »

Après, bien sûr, il était vrai que retourner à Poudlard aurait pu apporter un certain plaisir. Non mais c'était vrai quoi, si l'on y regardait de plus près, lorsque l'on se trouvait dans une phase de perdition, pouvoir compter sur des bases sûres aurait été un réel plaisir. Après tout, Poudlard était un lieu dans lequel on pouvait avoir une parfaite confiance, dans lequel on finissait par se sentir comme chez soi. Mais c'était vraiment quelque chose de compliqué. Bien sûr. On faisait tout ce que l'on pouvait, mais on ne pouvait pas faire grand chose. En faite. Bref, l'époque de Poudlard était terminé et venait, pour Kaïn le temps de la célébrité ou en tout cas, le temps de tout faire pour ça. Ce qui ne changeait pas grand chose, puisqu'il était persuadé de pouvoir faire tout ce qu'il voudrait.  « Poudlard, c'est terminé pour moi mais pas encore pour toi Frédérique. Profite donc encore du temps que tu as dans ce château, tu as le temps pour réfléchir à l'après-Poudlard. Tu vas entrer en 6ème année si je ne me trompe pas non ? »

Frédérique n'avait absolument rien d'une gamine. Déjà, puisqu'à 16 ans, on n'est déjà plus une gamine et ceci est donc un aspect non négligeable, même si, après, ça pouvait très bien rester gamin à cet âge-là. Mais Frédérique ne l'était pas. Ses traits fins pouvaient y faire penser, mais pour autant, ce n'était pas le cas de son mental. Parfois, le jeune Haner en venait même à se laisser à penser qu'elle était peut être plus mature que lui. Mais ce n'était jamais vraiment difficile puisque si on y songeait de façon plus précise, on finissait par se rendre compte qu'il avait toujours été un grand gamin dans sa tête. Mais il avait également toujours trouvé que la vie était plus marrante ainsi, on ne pouvait pas lui en vouloir. Même si l'aspect non émotif et qui ne montre pas ou peu ses sentiments avait un léger problème aux yeux du jeune homme. Et on ne pouvait absolument pas lui en vouloir pour si peu, bien entendu.  « Tu n'as rien d'une gamine ».

Ainsi donc, elle voulait s'acheter une guitare. Il n'y avait pas de meilleur lieu pour ça que d'aller à la gamme d'or bien sûr. Il n'y avait pas souvent mis les pieds, mais c'était un lieu relativement sympathique, il n'y avait pas du tout de doute à se faire à ce sujet.  « Sympa... Et bien nous devons aller à la gamme d'or pour ça ! C'est un magasin de musique, il n'y a rien de mieux pour acheter une guitare et des partitions, tu peux me croire »

« La gamme d’or… ? Je ne connais pas cette boutique… Il faut dire que cela ne fait que la troisième fois que je mets les pieds ici… Je suis donc ton conseil… J’ai hâte de voir ce qu’ils vont me proposer comme guitare et partitions… »

Frédérique le trouvait vraiment sympathique, disponible et agréable bien que mystérieux. Elle trouvait dommage de n’avoir jamais pris le temps de mieux le connaître. Il aurait pu devenir de très bons amis. Elle soupira. Des amis, elle n’en avait que peu, si peu qu’elle n’osait jamais se rendre auprès des rares qu’ils étaient quand elle avait un souci ou se sentait seule. Elle se sentait toujours trop seule, isolée, différente.

« C’est ton cas d’être ainsi lâché sans savoir quoi faire après comme si tu étais obligé de le savoir, mais qu’au final ça ne vient pas… ? »

Que savait-elle de la peur ?
C’était un sentiment de forte inquiétude en présence d’une menace, un état de crainte dans une situation précise. Elle ne voyait pas le fait de quitter sa chère école comme une menace et elle ne craignait pas la situation. Elle ne s’en était jamais posée la question avant là en fait. Elle avait et continuer à le désirer profondement en elle, se joindre au Mal. Elle n’en avait pas peur malgré la menace qui planaient au dessus d’eux depuis une certaine déchéance. Elle l’avait longuement admiré d’aller au bout des choses et avait montré une certaine curiosité pour ce qu’il avait mené à cela. Même en cela, elle n’avait pas peur.
Comment pouvait-on dire qu’une chose aussi futile puisse lui faire peur ?

Elle voyait le fait de quitter Poudlard comme une étape, une étape de ce qu’on appelait la vie. La vie, la mort, deux choses qui se reliaient avec de nombreuses étapes entre. La mort… en voilà une chose qu’elle craignait. Elle y avait été confronté trop souvent déjà et s’était peut être à cause pour cela qu’elle ne voulait pas avancer réellement. Elle avait peur de sa propre mort, de sa cessation complète et définitive de la vie. On ignorait toujours ce qui se passait ensuite alors quand dans les étapes de la vie, on pouvait se faire des idées. Il y avait des fantomes qui faisaient partie de leur quotidien. Il y avait les apparitions des êtes chers disparus dans divers actes magiques. Mais la sienne était un sujet d’angoisse constant et elle préférait souvent penser à autre chose que d’y cogiter longuement.

Elle inspira profondément et doucement avant de lui répondre enfin.

« J’ai toujours eu tendance à beaucoup réfléchir, et je ne peux m’empêcher de me projeter dans l’avenir… La peur n’est pas le sentiment qui caractériserait ma sortie de Poudlard… Je n’ai pas d’autres possibilités ni envie de carrière que celui de professeur… Je sais au fond de moi que je retournerais forcement à Poudlard… Si ça en est une dépendance, je l’accepte volontiers… Ma vie est à Poudlard… En dehors je n’ai rien… et personne qui m’attend… »

Elle était devenue de plus en plus solitaire, de plus en plus sombre en elle. Elle n’avait toujours pas connu l’amour et son sentiment le plus fort était la colère.
Il lui affirmait qu’elle n’était pas une gamine. Elle, elle savait qu’elle ne voulait pas grandir bien qu’elle ait pris une trop grande maturité à la mort de ses parents. Elle était posée, assagie, prudente et réfléchie. Quand elle agissait ce n’était jamais sans raison. Pourtant, elle stagnait dans les étapes les plus importantes qui aurait pu orner son existence.
En gros, quand elle quittera Poudlard, il ne valait mieux pas pour elle qu’elle fasse les mauvaises rencontres. Elle y succomberait facile…

La Gamme d'or était bien sûr la boutique par excellence, sur le Chemin de Traverse, pour trouver des instruments de musique ainsi que toute la documentation que l'on pouvait bien vouloir pour apprendre à faire de la musique. M'enfin bon, après, il lui donnait peut être un mauvais conseil, il n'y avait, en réalité, jamais mis les pieds. Mais on lui avait tout de même dit que c'était un bon endroit, donc pourquoi est-ce qu'il en aurait douté ? C'était tout simplement impossible hein ! Enfin bon, après, lui son truc, c'était les boutiques moldus. Sans réel raison bien sûr, il n'avait pas la moindre raison de préférer les boutiques moldus à celles sorcières. Mais c'était ainsi et lorsque l'on connaissait le garçon, on pouvait comprendre. Le monde sorcier n'était pas ce qu'il préférait quoi, non pas que cela soit vraiment quelque chose de si impressionnant, mais c'était comme ça qu'étaient les choses. On ne pouvait rien faire bien sûr, absolument rien. Enfin bref, de toute manière, ce n'était pas ça le sujet. Non mais c'était vrai quoi, si on y regardait de façon plus attentive, le sujet de la conversation, c'était bel et bien la Gamme d'or, et non lui. Même si, en soit, ça ne le dérangeait jamais de parler de lui, mais bon, il n'était pas si superficiel que ça ! Que l'on soit bien d'accord ! Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres, tandis qu'il passait négligemment une main dans ses cheveux.  « On m'en a dit beaucoup de bien en tout cas, même si je n'y suis jamais allé. La guitare, c'est moldus, ou en tout cas, il n'y a rien de bien magique là dedans, donc je ne vois pas pourquoi en acheter du côté sorcier ». Et puis les groupes de musiques moldus étaient tout simplement fabuleux ! Mais ce n'était que son petit avis ! Et cela ne plaisait pas toujours aux gens. D'ailleurs, il savait très bien que Frédérique n'aimait pas spécialement le milieu moldu, alors il n'allait pas poursuivre sur le sujet, ça ne servait à rien, mis à part à poursuivre ce sujet. A quoi bon de toute manière.

Kaïn ne comprit pas la question qu'elle lui posa, se contentant d'hausser les épaules, persuadé que de toute manière, cela n'avait pas grande importance. En tout cas, une chose était certaine, cette jeune fille était agréable, de bonne compagnie et il fallait réellement qu'elle comprenne qu'il ne comptait pas disparaître d'un seul coup de sa vie, uniquement parce qu'il n'était plus à Poudlard hein ! Les lettres, ainsi que les vacances, il y avait tout un tas de choses que l'on pouvait faire pour rester ensemble, c'était aussi simple que ça. Oui, si on pouvait dire ça comme ça. Bien sûr, elle pouvait très bien ne pas vouloir de sa compagnie, et il aurait alors le respect de disparaître, mais pour autant et bien il n'avait pas la moindre raison de disparaître, c'était à elle de voir ainsi que de lui expliquer ce qu'elle voulait, mais ce n'était qu'une bricole, d'une certaine manière. Enfin bref, il n'était pas utile de se prendre la tête. Frédérique n'allait tout de même pas se mettre à lui dire qu'elle ne voulait pas le voir non ? Quoique, après, c'était à elle de voir. Elle pourrait très bien lui expliquer calmement les choses elle-même. Bref !

Devenir professeur... Et bien tiens, oui, pourquoi pas, cela restait un projet d'avenir prometteur après tout, ce n'était pas lui qui allait en dire le contraire, ce n'était, de toute manière, pas du tout son genre. Un sourire sur le visage, il se mit à l'imaginer plus tard, dans quelques années alors qu'elle serait plus âgé, ça devait réellement être un spectacle plaisant à regarder. En tout cas, si c'était ce qu'elle voulait, elle devait foncer !  « Cool ça ! Je te souhaite de réussir dans ce cas, je suis sûr que tu feras un grand professeur ! Hm... Et pour ce qu'il est des personnes, tu sais, je suis là moi ! J'espère que l'on gardera contact toi et moi. Je te compte parmi mes amis et j'espère qu'il en est de même pour toi d'ailleurs ». Et si ce n'était pas le cas, et bien soit, il pourrait survivre hein !

L'après-midi se passa bien, sans accrochage sévère qui aurait pu causer le départ de l'un d'eux et tant mieux ! C'était une après-midi qui était donc agréable et tout ça. Rien de mieux. Ils firent leurs achats, tranquillement, et puis, c'était bien ça, la seule chose qui comptait non ?

Ils discutaient, le temps passait, un temps qu’elle ne voyait pas elle même passer. Il y avait quelques années, elle n’aurait jamais imaginé avoir une telle conversation, simple, posée, sans animosité avec lui. Mais s’était le cas et elle n’allait pas s’en plaindre. Bien que proche des moldus, chose qu’elle préférait ne pas penser car elle continuait à ne pas les aimer, elle trouvait qu’il était de bonne compagnie. Un bon ami qu’on pouvait tous souhaiter d’avoir.

« Je te fais confiance alors… et je vais suivre tes conseils pour aller faire un tour dans cette boutique… La guitare serait moldu... »

Il fallait dire qu’elle ne s’en était pas posée la question si s’était réellement et purement moldu. Elle appréciait la musique et elle aimait à quel point cela pouvait la faire s’évader quand elle allait mal et cette année là s’était arrivée assez souvent. Elle craignait la rentrée pour cela, aller mal l’angoissé. Et puis elle avait pris goût à la musique, au son mélodieux que cela avait quand elle avait vu Maureen danser. Depuis elle imaginait jouer un air et voir la jolie blonde danser dessus, avec elle pour seul spectateur.
Elle sortit de ses pensées pour suivre le jeune homme qui avait autant besoin de faire des achats qu’elle et qui avait accepté de passer l’après-midi à discuter en même temps avec elle le temps de faire leurs courses respectives. Celui lui faisait un grand bien de discuter ainsi de tout et de rien avec quelqu’un, et surtout quand on s’intéressait à ce qu’elle pouvait avoir à dire car elle en avait à dire mais personne à qui les dire.

« Merci pour ce soutien… Je ne vois rien de mieux à faire plus tard… Et professeur me semble un métier tout désigné… »

Elle était sincère. Celui lui faisait vraiment plaisir qu’il appuyait son idée de devenir professeur. Professeur de quoi ? Elle l’ignorait encore. Elle était bonne en tout. La petite élite de Serpentard, une des rares. Mais elle se doutait qu’un jour ou l’autre elle saura ce qui lui conviendrait le mieux. Le tout était d’être patiente, ce dont elle n’était pas spécialement. Il allait falloir qu’elle s’y fasse. Mais peut-être que d’ici là, une autre voie s’ouvrira à elle.

Donc ils passèrent finalement tout l’après-midi ensemble, comme de bons vieux copains. Ils se proposèrent de s’écrire. Ce qui n’était pas une si mauvaise idée en soit. Elle, elle pourrait peut-être finir par se confier à lui tout en lui donnant des nouvelles de Poudlard, ainsi il ne l’aurait jamais quitté sa chère école. Et lui, il pourrait garder un lien avec elle lui montrant ainsi que ce n’était pas parce qu’on quittait une institution, qu’on tirait un trait sur tout et tout le monde. L’idée les enchantèrent donc.
Ils finirent pas se dire au revoir, et non pas adieu et partirent chacun de leur coté, l’un retrouvant sa famille, et l’autre retrouvant son foyer d’accueil qu’elle ne retrouva pas l’été suivant, devenant enfin majeure et la possibilité de retrouver la maison qu’elle avait eu en héritage avec ses parents. Elle avait hâte, elle avait réellement hâte. Mais était-elle vraiment pressée de franchir cette étape qu’était la majorité ? Etait-elle prête…