1er cours année 10 [Terminé]

Nom de Zeus ! Elle avait loupé son réveil ! Comment avait-elle pu faire une chose pareille ? Enfin, le verbe faire n'était peut-être pas idéal dans une telle situation, puisqu'elle n'avait rien fait justement, et c'était bien ça le problème. D'ailleurs, elle était endormie, alors comment aurait-elle pu faire quoi que ce soit ? Poussant un juron, elle sauta sans attendre hors de son lit, manquant se prendre les pieds dans ses draps. Chose qui lui était déjà arrivée par le passé, aussi avait-elle la technique désormais. Un petit bond sur le côté, pour dégager son pied, et elle se prit directement le coin de la table de chevet dans les côtes. Nouveaux jurons peu poétiques, ponctués de malheureux "Aïe aïe aïe" traduisant bien mal la souffrance qu'elle éprouvait. Elle était en retard, et elle avait mal comme jamais. Que pouvait-il lui arriver de pire ? Un nouveau regard vers l'heure lui apprit qu'elle avait presque loupé le déjeuner. Le déjeuner ! Aussitôt, elle s'aperçut de sa méprise en apercevant les bouquins éparpillés sur son lit. Elle était tellement à côté de la plaque qu'elle ne les avait même pas vus dans un premier temps. Elle s'était assoupie ! Elle révisait son cours de soins aux créatures magiques pour être fin prête avant le tout premier cours de l'année, et elle s'était assoupie ! Oh misère.

Et son ventre qui gargouillait avec désespoir oui, il est très expressif pour couronner le tout. L'avantage au moins, c'est qu'elle n'avait pas besoin de se changer, elle s'était endormie toute habillée. Plus qu'à espérer que sa robe n'était pas toute froissée, mais elle n'avait pas vraiment le temps de vérifier. Elle ne savait même pas si elle aurait le temps de déjeuner en vérité, et l'idée de se faire remarquer auprès de son professeur dès le premier cours à cause des bruits intempestifs de son estomac lui déplaisait fortement. Pire, et si, affamée, aveuglée par le besoin de manger à tout prix, telle une bête sauvage livrée à elle-même, elle dévorait la créature soumise à leur attention ? Paniquée à cette simple idée, elle attrapa son sac, son manuel de cours et se précipita vers les escaliers. Pas question d'avaler tout rond un strangulot ! Elles avaient très probablement des arêtes ces bestioles là. Sans compter les algues verdâtres et tout ça... Non non non !

La fillette avait rarement quitté sa salle commune aussi vite. Manquant de dégommer la statue d'aigle au passage –vue la tête du truc, manquant surtout de s'exploser les phalanges, oui !– elle descendit les escaliers de la tour en quatrième vitesse. Encore une des nombreuses fois où elle maudissait la localisation plus que contraignante de sa salle commune. Une vraie malédiction ! Rowena devait détester les enfants en fait. Et pour les torturer, quoi de mieux que de balancer leur salle tout en haut d'une tour, loin de tous les points stratégiques dont les cuisines et la Grande Salle, lieux de ravitaillement fondamentaux ? Ah Rowena, tu es démasquée, sadique va ! Après moult péripéties et une fantastique glissade sur la rambarde des escaliers du premier étage qui faillit s'achever à l'infirmerie, Emma débarqua finalement toute essoufflée dans la Grande Salle.

Son déjeuner avalé tout rond, elle fila plus vite que son ombre, et resta plantée une bonne minute dans le Hall, les bras ballants, le regard vide. Où avait-elle cours ? Avec toutes ces aventures, ça lui était complètement sorti de l'esprit. Concentration... Le mot sur le panneau d'affichage ! Allez, on remonte pour aller le lire ! Go go go ! Cours en extérieur. Elle courut aussi vite que ses jambes le lui permettaient, c'est-à-dire relativement rapidement pour une fillette de son gabarit, et repéra aussitôt un petit groupe près du lac.
« ...A titre personnel, je les trouve adorables et extrêmement attachants.»
Essoufflée, agonisant à moitié, apercevant trente-six chandelles, Emma s'arrêta à côté de Rory, pliée en deux pour reprendre son souffle. Voilà, les cours allaient la tuer. C'était définitif. Elle était fière, l'administration de Poudlard ?

Elle reprit finalement sa respiration, et put écouter attentivement les explications du professeur Broome. Une Poufsouffle qu'elle ne connaissait pas avait pris la parole quelques instants plus tôt, et elle était visiblement calée en ce qui concernait les créatures magiques. Un regard vers la cage lui appris qu'ils étudiaient les Boursoufs, comme cela venait d'être dit quelques instants plus tôt. Elle avait lu beaucoup de choses à leur sujet, des histoires pas très charmantes concernant ce qu'ils mangeaient d'ailleurs et dont le souvenir ne manqua pas de la faire grimacer. Elle n'était pas vraiment en retard au moins, c'est toujours ça, ils commençaient à peine la pratique.

Ils reçurent chacun leur tour une des petites bestioles, et Emma admira joyeusement la sienne. Oubliés les accidents de la matinée, la petite Serdaigle était totalement obnubilée par la petite boule de poils qu'elle avait entre les mains. Tellement adorable !

Sophie sourit à Rory quand celle-ci la remercia. Puis, elle fit également un sourire à Miss Broome quand le professeur la félicita de ce qu’elle avait dit sur les Boursoufs. Sophie était vraiment passionnée par ces petites créatures si mignonnes, comme d’ailleurs par toutes les créatures magiques qu’elle avait eu le loisir d’étudier pendant les cours de Jenna-Ange Peterson, l’année précédente. Elle était également ravie de voir que Camélia Armstrong et Eva-Rose Watters, deux de ses amies de Poufsouffle étaient arrivées au cours. Camélia était la sœur de Gabrielle-Ann, une amie d’Alicia, qui venait de faire son entrée à Poudlard cette année, à Poufsouffle plus exactement. Les Armstrong avaient profité de la toute nouvelle amitié entre les deux fillettes pour organiser des soirées entre els deux familles. Tout naturellement, Camélia et Sophie s’étaient retrouvées à parler et à s’amuser ensemble puisque Gabrielle-Ann et Alicia s’occupaient toutes les deux.

Quant à Eva-Rose, c’était une jeune personne sympathique que Sophie avait rencontré au petit-déjeuner durant l’année où le Régime de Celui-Dont-Le-Nom-ne-Devait-Pas-Etrre-Prononcé avait été installé à Poudlard. Leurs discussions avaient été très intéressantes pour Sophie et elles avaient donc sympathisé. Sophie lui sourit aimablement tandis qu’Eva lui faisait un signe encourageant, probablement pour la féliciter d’avoir manifesté ses connaissances de façon aussi efficace et aussi intelligente. Sophie savait que, d’une certaine manière, dans de nombreuses matières, elle faisait la fierté des Poufsouffle. Mais dans d’autres, comme la Défense Contre les Forces du Mal, elle était vraiment piètre alors ça compensait. Sophie était heureuse que son savoir et son savoir faire soient aimés et reconnus par les membres de sa Maison. Elle aimait être reconnue pour ce qu’elle savait faire et pour ce pour quoi elle était douée.

Alors qu’elle finissait sa phrase, une jeune Serdaigle venait apparemment d’arriver toute essoufflée, mais Sophie ne la connaissait pas et elle ne s’en soucia pas vraiment, préférant se tourner vers son professeur qui allait se lancer dans des explications sur les Boursoufs. Karen Broome lança alors son petit animal sur le sol et il rebondit dans les bras de Sophie qui était enchantée d’avoir la petite boule de poil craquante dans les bras. Karen avait agi devant l’air effaré de plusieurs élèves qui, contrairement à Sophie, ne connaissaient pas le Boursouf sur le bout des doigts. Il ne pouvait absolument rien arriver à l’adorable créature qui venait d’atterrir dans les bras de Sophie. D’ailleurs, ils adoraient rebondit ainsi, cela les amusait beaucoup, même si Sophie ne savait pas pourquoi ils trouvaient cela tellement rigolo. Mais ça devait être aussi drôle pour eux que quand les moldus faisaient du trampoline, ce que Sophie avait déjà expérimenté. En tout cas, elle sourit à la petite créature à présent dans ses bras.

« Bonjour, toi ! »

Cela devait plaire au Boursouf d’être dans les bras de la demoiselle car il se mit à y sautiller avec une vivacité peu commune. Sophie ne put s’empêcher d’en rire. Bien-sûr, elle garda la petite bête dans ses bras pendant que chacun de ses camarades recevaient un boursouf à leur tour. Tous semblaient ravis. Rory avait l’air extasiée devant le petit animal craquant, l’autre Serdaigle avait l’air obnubilée par sa créature. Quant à Camélia, elle s’amusait à lancer légèrement son Boursouf en l’air et à la rattraper. Sophie, elle, choisit judicieusement une herbe assez longue et s’en servit pour chatouiller le Boursouf qui poussa ce qu’il lui sembla être des cris de joie. Puis, elle se mit à le cajoler et à la gratouiller tout doucement et très affectueusement, comme la guérisseuse qu’elle était censée être. Elle écouta distraitement la question de Rory au professeur Broome pendant que son Boursouf se mettait à ronronner comme un jeune chat.

Elle discutait avec sa collègue depuis vraiment seulement quelques minutes, et fut interrompue par les questions qui commençaient déjà à fuser! Alala les choses sérieuses allaient commencer. Donc il ne fallait pas bagayer ( ça fait toujours très mauvaise impression, et ça ridiculise pas mal le prof), et ne pas montrer que les questions nous perturbaient. Heureusement, les questions étaient assez simples. Une jeune fille lui demandais si le sien n'était pas un mâle.

- C'est une bonne question puisqu'il n'y a aucun différence apparente. Donc le votre qui est plus enrobé n'est pas forcément un mâle, mais peut-être une femelle un peu trop gourmande. En fait, c'est les bourdonnements qui les différencie. Le votre est bien un mâle. Décréta t-elle en entendant le boursouf ronronner entre les mains de Rory. Puis elle écouta celui de Camélia. Le votre est une femelle. Je vous serai, par conséquent, reconnaissante de ne pas trop les faire se rencontrer, je ne suis pas assurée pour les naissances.

Elle sourit puis se tourna vers l'élève de sa maison. En voilà un qui n'hésiterait certainement pas à le faire se reproduire... Ah ces jeunes! Elle s'avança vers lui et lui posa sa deuxième main au-dessus de l'animal, puis rabaissa l'ensemble à une distance plus raisonnable du sol. Pauvre Puffskein!...

- Ils aiment rebondir, mais ne tentons pas le diable. Pour le moment faites connaissance avec lui, ils sont très sociable. Voyez s'il revient vers vous quand vous le lachez par exemple. Ca n'est pas un chien, bien sûr, mais ça s'en rapproche beaucoup. Essayez.

Elle l'encouragea d'un petit sourire puis passa voir les autres. Les petites bêtes semblaient vraiment heureuses qu'on leur prête autant d'attention.

Camélia avait écouté la professeure attentivement. Ainsi donc, son Boursouf était une femelle... contrairement à celui de la Serdaigle à côté... Le commentaire de Mme Broome fit rire la jeune fille, qui se décolla un peu de Rory comme pour montrer qu'elle ne prendrait pas de chance. La professeure leur suggéra d'arrêter de faire rebondir les bêtes et de plutôt essayer de les attirer... Camélia se mit tout de suite à tenter l'expérience. Elle prit le Boursouf dans ses mains, puis lui chuchotta :

- Je vais t'appeller Pouffy.

Le Boursouf ronronna comme pour lui signifier son appréciation. Puis, elle le laissa courir un peu, et tenta de l'attirer avec une plante aux couleurs vives. Le Boursouf arriva presqu'aussitôt dans les bras de Camélia, poussant de petits cris affectifs.

Heureuse, elle leva sa main et dit au professeur :

- Mme Broome! J'ai réussi!

Le Boursouf dont Sophie grattait le ventre semblait particulièrement ravi de cette attention que lui portait l’élève qui était responsable de lui. Sophie connaissait parfaitement la réponse qu’apporta le Professeur Broome à Rory, elle avait même déjà pu affirmer qu’elle avait une petite femelle, comme Camélia. Tenant compte de ce que le professeur Broome venait de dire un instant auparavant, la jeune Poufsouffle s’éloigna un peu, à contrecœur, de sa grande sœur de Poudlard, Rory qui avait un jeune Boursouf mâle. Elle ne voulait pas provoquer un incident pour le premier cours de Mademoiselle Broome, qui semblait particulièrement gentille et qu’elle ne voulait pas blesser ou vexer par un comportement trop puéril ou trop inconscient. Elle tenait vraiment à ce que ce premier cours soit réussi parce qu’ainsi le Professeur Broome aurait envie de leur montrer des créatures Magiques de plus en plus intéressantes et que les cours suivants seraient encore plus passionnants.

Le Professeur Broome demanda à ses élèves de tester leur proximité avec le Boursouf qu’ils venaient d’adopter pour le temps du cours en le lâchant pour voir s’il revenait vers eux. A cet instant, Sophie vit toute une série d’élèves courir après leur Boursouf, des élèves qui probablement, n’avaient pas manifesté assez de sympathie à leur petit animal qui préférait aller se sociabiliser ailleurs. Sophie sourit en voyant certains de ses camarades poursuivre en courant le Boursouf de leur choix, puis se tourna vers celui dont elle s’occupait avec douceur, affection et gentillesse. Le Boursouf la regarda d’un air intrigué, comme s’il se demandait ce que la jeune fille avait en tête, avant de pousser des petits cris de joie devant le sourire de sa partenaire d’un cours. Sophie lui sourit encore davantage en entendant le petit être piailler avec satisfaction. Puis, elle décida de lui expliquer en quoi allait consister la petite épreuve qu’ils allaient faire afin qu’elle ne se sente pas vexée et qu’elle revienne vers Sophie.

« On va faire un jeu, d’accord ? Tu vas revenir me voir le plus vite possible ! Tu es prête ? On essaie ! »

Sophie lança la petite boule de poil avec beaucoup de douceur. Celle-ci rebondit doucement avant de se retourner et de rouler en direction de Sophie qui la récupéra impeccablement dans ses bras protecteurs. Elle fut ravie de voir que Camélia avait réussi elle aussi. Elle adressa un sourire à son amie qui avait une femelle comme elle et qui avait l’air de s’en sortir très bien pour ce cours de Soins aux Créatures Magiques sur les Boursoufs.

Le professeur sembla trouver Camélia mignonne quand celle-ci se montra fière d'avoir réussi l'exercice que le professeur demandait. Pour Sophie, ce n'était pas quelque chose de compliqué, mais elle avait l'habitude des créatures magiques, en particulier, de s'en occuper et d'assurer un soin tout particulier à lui apporter. Sophie savait tout particulièrement bien s'occuper des Créatures Magiques qu'elle trouvait adorables et le Boursouf, tout comme la licorne, en faisait partie. Sophie connaissait donc beaucoup de choses à-propos de ses créatures préférées, non sans connaître également un certain nombre de choses sur des créatures qu'elle ne trouvait pas aussi adorables que les autres. Sophie n'estimait pas ses compétences exceptionnelles, mais en réalité, il fallait bien avouer que c'était de la modestie et que ses compétences en Soin aux Créatures Magiques dépassaient de loin les compétences attendues en Quatrième Année

Sophie sourit quand le Boursouf que son professeur avait pris dans les bras se mit à la lécher avec affection. Sophie regarda le phénomène, attendrie, jusqu'à ce que son professeur se mette à tirer sur la langue du petit animal. Sophie la regarda faire d'un air horrifié. Bien-sûr, elle savait que son professeur était gentille et qu'elle ne ferait jamais de mal à une Créature Magique et, de plus, elle conseillait bien évidemment aux élèves de ne pas l'imiter, mais la jeune fille ne pouvait pas s'empêcher d'être ennuyée en voyant le professeur faire. Elle n'aimait pas tellement ce genre de comportement mais cela aidait pour son travail et c'était sans doute pour cela qu'elle le faisait. Sophie secoua la tête brutalement pour se reprendre et écouta attentivement la question du professeur. Une idée lui vint en tête et elle s'empressa de lever la main. Elle répondit dès que le professeur l'eut interrogée.

"Je suppose que ces petits coquins qui aiment voler les restes de repas doivent se servir de cette langue pour mettre leur nourriture à leur portée, n'est-ce-pas ?"