Le pouvoir des Fleurs (PV)

Changer le monde, changer les choses
Avec des bouquets de roses

L’année avait repris depuis un peu plus d’une semaine, et déjà les cinquièmes années se retrouvaient sous une tonne de devoirs, dont l’importance était toutefois justifiée, du moins pour Eva-Rose : les BUSEs se profilaient pour le mois de juin et il s’agissait pour la rouquine de ne pas les louper : elle comptait bien évidemment se retrouver en classes d’ASPICs, et si possible dans toutes les matières qu’elle désirait, ce qui regroupait ainsi une bonne partie de celles qu’elle avait déjà. Bref, il y avait là tout un programme qui la tiendrait en haleine pendant dix longs mois et l’obligerait à travailler au moins deux fois plus que l’année précédente. Heureusement, pas fan de Quidditch, la demoiselle n’avait pas de problème de ce côté-là, et ce n’étaient pas ses trop rares amis qui allaient l’empêcher de travailler ses cours.

D’ailleurs, si Eva-Rose se trouvait dans en ce moment dans le parc, c’était bien pour étudier : elle cherchait des plantes sauvages étudiées en botanique afin de prendre un peu d’avance : elle avait déjà terminé tous ses devoirs et rien de mieux à faire que de tenter de s’assurer la note optimal aux BUSEs. Ainsi, elle était assise sur l’herbe, occupée à dessiner une fleur carnivore en fin de vie. Mine de rien, l’été se terminait tout doucement et certaines espèces commençaient à entamer leur longue nuit jusqu’au printemps. Renseignée sur la plupart des plantes aux programmes de l’année par le livre de botanique, la rouquine tenait à les voir en vrai, avant même que les professeurs leur en parlent afin d’avoir une expérience personnelle de ce qu’on lui expliquait en cours. Elle faisait ça dans toutes les matières, ou du moins essayait : pour la Défense Contre les Forces du Mal, c’était toujours un peu plus compliqué.

Le soleil couchant d’une fin de journée de septembre éclairait les boucles rousses d’Eva-Rose tendis qu’un petit vent frais se levait et soulevait ces mêmes boucles. La demoiselle restait immobile. Seule sa main aussi pâle que son bras et le reste de son corps bougeait sur le petit carnet qui contenait déjà un certain nombre de croquis. La Poufsouffle faisait toujours bien attention de se protéger du soleil en été : la couleur de ses cheveux s’accompagnait d’une grande facilité à attraper des coups de soleil venant rougir plus que brunir sa peau trop blanche.

Eva-Rose se sentait bien, toute concentrée qu’elle était sur son dessin. Elle n’entendait plus ce qui se passait autours, soit les cris des quelques élèves – principalement des premières et deuxièmes années – qui restaient encore autours du lac. L’étendue d’eau intriguait toujours un peu les plus jeunes, tant on racontait de choses à son sujet, comme sur tous les lieux de Poudlard, d’ailleurs. Pour les plus vieux, il faisait pour ainsi dire partie des meubles du château et n’avait pas grand-chose d’exceptionnel, si l’on en excluait le calamar géant et toutes les autres bestioles qui y vivaient. Elle pouvait ainsi tranquillement travailler sans être dérangée. Cependant, cela l’empêcha aussi d’entendre que quelqu’un arrivait. Elle ne s’en rendit compte que quand ladite personne lui cacha le soleil.

Ce soir-là, Jane avait décidé d'aller faire un tour dans le parc de Poudlard. Après avoir passé ses quelques heures libres à étudier à la bibliothèque de l'école, elle s'était dit qu'un peu de bon air frais allait lui éclaircir les idées pour sa retenue du soir, chose qui lui serait sans doute utile pour rester éveillée. Car, en effet, il arrivait à Jane, lorsqu'elle était vraiment fatiguée, de s'endormir à des endroits peu appropriés, comme dans une salle de cours, par exemple. Jamais un jour la Poufsouffle n'aurait pensé avoir une retenue. Pour une simple bêtise, en plus ... L'histoire était que cette fois-ci, la maladresse de Jane lui avait entraîné quelques problèmes, s'en suivant une retenue ... Pour avoir sacagé le travail du concierge, chose qui, dans son cas, fut purement involontaire. Mais ça, évidemment, Rusard, n'eut pu le croire, même venant de la part d'une innocente jeune fille telle que Jane Iverson. En sortant dans la parc de Poudlard, la jeune fille avait donc également espéré se calmer un peu de cette mésaventure, qui l'avait bien évidemment frustrée. (Pourquoi l'injustice devait-elle retomber sur les innocents ?) C'est alors qu'elle aperçut Eva-Rose, une autre élève de Poufsouffle fort sympathique à qui elle avait parlé plusieurs fois auparavant. Elle s'avança donc vers elle, espérant pouvoir, une fois de plus, engager une conversation.
"Salut ! fit-elle, sur son habituel ton joyeux. Ça va ?"

Sentant une personne derrière elle, et aussi grâce à l’ombre qui était apparue devant elle, Eva-Rose se retourna à temps pour entendre Jane Iverson, une fille de sa classe super gentille, bien qu’un peu maladroite, et qu’elle appréciait, la saluer et lui demander si elle allait bien. Un peu surprise de ne plus être seule, la rouquine ferma son carnet et se leva face à sa camarade, un léger sourire sur les lèvres. Finalement, elle était plutôt contente d’avoir un peu de compagnie en cette fin de journée. Au moins, elle était sûre de ne pas rentrer seule dans la salle commune de Poufsouffle, ce qui était toujours un peu réconfortant : personne ne sait ce qui peut passer par la tête d’un Serpentard de mauvaise humeur ou d’un Gryffondor farceur. Et puis il y avait Rusard, toujours prompt à embêter les élèves pour pas grand-chose. Mais les demoiselles n’en étaient encore pas là et Eva-Rose n’avait toujours pas répondu à la blonde :

- Saluuut ! Ben écoute, moi ça va, et toi ? La journée n’a pas été trop difficile ?

Eva-Rose l’avait trouvée éprouvante : trop longue, trop dure. Elle était une grande travailleuse et avait donc une capacité de résistance assez forte, mais là il fallait avouer que la demoiselle avait faillit craquer : quatre doubles cours dans les matières les plus difficiles, avec des essais pratiques en métamorphose, Défense Contre les Forces du Mal et sortilèges qui n’étaient pas non plus de tout repos. Même l’heure de divination, la dernière de la journée, avait été dure. La rouquine, fatiguée, avait été bien en peine de voir quoi que ce soit dans la tasse de thé qui lui avait été attribuée avec une autre fille de la classe et avait même senti des rides lui apparaître au front à force de froncer des sourcils.

- Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Tu te promènes ?

Ne voyez aucune agressivité dans les paroles d’Eva-Rose : elle ne faisait que s’intéresser à sa camarade, bien que très maladroitement. C’était à cause du manque d’habitude. A force de rester seule, la blairelle avait énormément de mal à mener normalement une conversation, dans la mesure où elle n’était pas douée pour choisir ses mots quand ils venaient naturellement pour certains. Ses seuls repères jusqu’à présent avaient résidé en sa demi-sœur un poil hystérique, Halloween Strue, et en sa mère débordée. Ah et il y avait eu Laura…mais Laura n’était plus là et la rouquine avait bien du mal à s’appuyer sur ses autres connaissances.

Un instant, Eva-Rose se dit qu’elles devaient avoir un drôle d’air, plantées comme ça en plein milieu du parc. Déjà que quelqu’un regardant du château avait du trouver bizarre de voir une fille accroupie dans un endroit aussi vide, sans arbre sous lequel s’abriter, seule, et assez loin du lac. Tout compte fait, c’était sans doute mieux qu’elles soient deux, mais Rusard serait quand même bien capable de trouver une excuse pour les punir du simple fait qu’elles se trouvassent dans un recoin incongru du parc. Bref, rester là n’était peut être pas l’idée du siècle.

- On marche un peu ?

Et puis, marcher faisait souvent se délier les langues. Du moins, c’était ce qu’on lui avait dit.

Lorsqu'Eva-Rose se tourna vers elle, Jane vit alors qu'elle l'avait interromput dans son écriture. La Poufsouffle eut donc une pointe de remords, qui passa pour ensuite de dissiper, face au ton amical de sa camarade.
"Eh bien, tant mieux, répondit-elle. Mais de mon côté ... Disons que la journée a été un peu ... Spéciale. J'ai eut le malheur de casser quelque chose et Rusard m'a collé une retenue pour vandalisme. Mais je n'avais pas fais exprès ! Il me semble que c'était plutôt évident, non ?"
Jane s'était un peu emportée dans ses propos. C'était comme si elle s'était parlée à elle-même, et non pas à quelqu'un d'autre.
"Mais bon ... C'est Rusard." ajouta-t-elle, au bout d'un moment.

À la deuxième remarque de sa camarade, elle douta soudainement. Était-ce une question pour lui faire comprendre subtilement qu'elle la dérangeait ?
"Oui, si on veut, répondit-elle. Mais ... Es-tu certaine que je ne te dérangeais pas ?"
Ce n'est que lorsque sa collègue de classe lui demanda si elle voulait aller se promener qu'elle comprit qu'elle avait eut tord.
"D'accord, fit-elle. Je veux bien."

Eva-Rose commença par froncer les sourcils quand Jane lui parla de son humeur du moment. Pourquoi fallait-il que cette fille n’aille jamais bien quand elle la rencontrait ? Ce n’était pas du dédain, mais disons que la Poufsouffle se savait inutile dans ces occasions car elle n’était pas vraiment douée pour réconforter les gens. Le seul vrai contact qu’elle avait était sa demi-sœur, une ex Serpentard dure comme la pierre qu’elle n’avait jamais eu à aider dans ce domaine, d’autant plus que la jeune Watters était la cadette. Mais ces mauvaises pensées se dissipèrent bien vite quand Jane expliqua son problème : elle avait été collée par Rusard. La rouquine ne put empêcher un petit rire de sortir :

- Excuse-moi de rire, c’est pas marrant de passer ses soirées en retenue, surtout avec Rusard, mais bon…Si tu veux, je t’attendrais dans la salle commune, c’est toujours sympas de ne pas être seule le soir en rentrant. Par contre, même si tu l’avais pas fait exprès, ce que je veux bien croire, ça arrive à tout le monde de faire tomber des trucs…Eva-Rose hésita. Elle n’avait pas l’habitude de donner des conseils. Pourquoi tu n’as pas simplement réparé ce que tu avais cassé ? Il aurait peut être été plus sympas…

Eva-Rose en doutait un peu, mais bon. Un silence s’installa quelques instants entre les deux Poufsouffle, camarades depuis cinq ans, mais qui finalement ne s’étaient jamais réellement parlées, ou en tout cas pas plus que ça. Toutes deux trop timides, toutes deux avec leurs propres problèmes alors qu’elles auraient pu s’entraider pour passer plus facilement le temps à Poudlard. A présent, elles préparaient leurs BUSEs et leur avenir. Tout pouvait se jouer en quelques heures d’examen, alors autant ne pas passer cette épreuve seule. Ce fut Jane qui brisa de nouveau le silence par un commentaire sur l’affaire qui la préoccupait. La rouquine ne put qu’acquiescer.

- Ouais, c’est Rusard. Tu crois qu’il prendra sa retraite un jour ? ajouta-t-elle finalement avec un air amusé.

Eva-Rose leva les yeux au ciel quand sa camarade lui demanda si elle ne la dérangeait pas. Elle lui sourit encore une fois, puis répondit doucement :

- T’inquiètes pas, je t’aurais fait dégager si tu m’avais dérangée. Parler, ça fait du bien aussi. A nous deux, je pense…

Eva-Rose fanfaronnait un peu, là. Même si elle avait hérité, comme sa demi-sœur, d’une grande capacité de réaction quand quelque chose l’embêtait vraiment, la demoiselle était beaucoup moins explosive et prompte à mettre en œuvre ses capacités. De fait, il fallait vraiment le vouloir pour l’énerver, et surtout pour qu’elle réplique. Enfin, Jane semblait avoir compris et les deux filles partirent en direction du lac dont le tour était sans doute la promenade la plus convenue de Poudlard. La rouquine ne put de nouveau garder le silence bien longtemps, pour une fois, elle semblait avoir envie de parler, ce qui ne manquait pas de l’étonner.

- C’est quand même passé vite, hein, depuis notre première année, je veux dire. Et on en est déjà aux BUSEs…plus que trois ans à passer ici…

De nouveau, Eva-Rose hésita : elle allait aborder un sujet personnel et ne voulait pas froisser sa camarade, l’une des seules filles de sa maison qu’elle connaissait un minimum. Mais peut être aussi que la blonde allait pouvoir l’aider, ce qui ne serait pas plus mal.

- Dis, tu comptes faire quoi après ? Je veux dire, après les BUSEs, et après Poudlard…

Eva-Rose, elle, n’en savait rien, et ça lui faisait un peu peur. Pour l’année prochaine, pas de soucis, elle continuerait sans doute à tout faire, mais après ? Se retrouver avec 8 APSICs, d’accord, mais à quoi cela pouvait-il servir ?

Jane resta perplexe face aux rires de son interlocutrice. Qu'y avait-il de drôle dans ce qu,elle venait de lui raconter ? Parce que de son côté, elle ne voyait vraiment pas ...
"C'est ce que j'ai voulu faire, au début, se défendit la Poufsouffle. Mais il n'a rien voulu savoir. Il s'est frustré et m'a tout de même convoqué en retenue, en me répliquant que si je tentais de réparer quoi que ce soit, je risquais fort probablement de casser autre chose ..."

À la deuxième question de son amie, elle répliqua :
"Non, à ce rythme-là, je ne crois pas qu'il prendra sa retraite de son vivant

(À terminer)