[THEME- PV] Incompréhension autour d'une citrouille

Fred’ sourit et retira un nouveau paquet de chair de citrouille de dedans le gros légume. Comme si on pouvait en douter tiens. « Creuser des citrouilles ne fais pas parti des actes répréhensibles aux yeux de Vincent je crois. Mais par contre, tu sais, personne ne me drague jamais, c’est dans sa tête hein… J’veux dire, faut en vouloir pour me draguer, c’est connu dans Poudlard que je suis avec Vincent. » A sa connaissance, le pire qui pouvait arriver était que certains garçons se rincent l’œil, mais bon, c’était pas un crime normalement… surtout que Fredericke était impudique. Elle savait parfaitement (naïve, soit, mais pas idiote – complètement -) que les garçons parlaient entre eux des filles et que comme elle était l’une des plus jolies (mais pas la plus belle, elle ne le prétendait plus depuis longtemps) devait bien y en avoir pour fantasmer, mais tant que ça ne venait pas à ses oreilles, elle s’en fichait.

« Si, si, j’imagine. Encore que, tout bien pesé, pour ce que je disais avant, peut-être que elles, elles ne l’ont pas encore compris que j’étais avec Vincent. Elles ont vraiment un petit pois à la place de la cervelle… Heureusement que tu as refusé de sortir avec June. » Comme quoi, tout se savait vraiment pas vrai ? En même temps, la grande spécialité de Marine et June était de changer de coup de cœur régulièrement, c’était à vous en donner le tournis. Et elles étaient commères en plus, collante aussi, toujours à la recherche de nouvelles copines plus ou moins populaires. Depuis qu’elles avaient deux préfètes dans leur dortoir, elles ne se sentaient plus. Mais comme Fred’ ne les appréciait que moyennement une fois sortie de la chambre, c’était Hainoa qu’elles collaient, dans la mesure où Hainie’, elle, parlait à Fred’, qui n’allait pas arrêter de répondre parce que les deux autres suivaient hein…

Sur ces considérations à propos de ses camarades de chambre, Fredericke et Nicolas en revinrent directement à Hainoa. La jeune Allemande ne pouvait réellement qu’approuver ce que lui disait son camarade, sauf peut-être pour ce qui était du tour du monde. « Même si on part faire le tour du monde ensemble, ça ne durera pas toujours. Moi j’ai proposé ça parce que bah… Vincent a un an de moins que moi, il va bien falloir que je m’occupe en l’attendant, et Hainie’ et moi on adore toutes les deux les voyages et les nouvelles découvertes. » Finalement, même si ça la protégerait encore un temps, il était évident que ce serait temporaire, reculer pour mieux sauter finalement… Elle serait donc bien confronter un jour ou l’autre à la réalité de ce monde, et assez tôt finalement, deux ans, deux ans et demi à tout casser.

« Puis si le tour du monde t’inquiète pour elle, tu peux toujours venir avec nous. » mais il se sentirait sûrement un peu à l’écart vu que bah les délires des deux filles étaient particuliers et qu’il n’y avait pratiquement elles pour les partager avec autant d’enthousiasme.

Réfléchissant à la suite, Fred’ se demanda ce que pouvait être ce fameux blocage dont parlait Nicolas. Il avait raison cela dit, ce n’était pas naturel le comportement d’Hainoa, ça devait bien sortir de quelque part. Elle devait bien avouer qu’elle ne s’était jamais posée la question. Elle s’était fait un peu de soucis parce que la jeune fille était son amie bien sûr, mais elle n’avait pas cherché plus loin que ça. Pour elle, cette attitude un rien gamine faisait seulement parti d’Hainie. Il ne fallait pas chercher plus loin… mais peut-être que si, finalement, peut-être qu’il s’était vraiment passé quelque chose… peut-être même que c’était grave ! Et alors, une chape de plomb sembla se former autour de l’estomac de l’allemande qui pâlit visiblement. Elle n’était vraiment pas une bonne amie si Nicolas avait raison et qu’elle n’avait rien vu…

« C’est vrai… Je ne m’étais jamais fait la réflexion parce que… c’est elle quoi. Mais… ce n’est pas naturel comme comportement. » Et puis il y avait ce Evan dont elle parlait tout le temps et qui lui semblait se moquer complètement d’elle… ça aussi c’était bizarre.

Nicolas continua lui aussi son évidage de citrouille, un peu soulagé d’apprendre que Vincent n’en ferait pas son prochain Punching-Ball. « Ouais, il est un peu paranoïaque, quoi. Et puis c’est vrai que ce serait suicidaire d’essayer de te piquer à Fayr. » Le Rouge & Or eu une prière silencieuse pour le déséquilibré mental qui aurait ne serai-ce qu’un instant, songé à cette perspective, puis poursuivit : « Bon ben espérons que dans sa tête, je ne sois pas un minable avorton intéressé par une fille qui aurait fait trop d’UV et qui se serait parfumée de surcroît avec ce qui semblerait être… » -il fit mine de renifler l’air un moment- « …de la citrouille. » Puis il lui adressa un sourire moqueur, et creusa une énorme bouche à son énième cucurbitacée –il avait arrêté de compter au bout d’un moment-.

Le Gryffondor eut un petit rictus lorsqu’elle revint sur le sujet des deux dindes. Il savait que June et Marine n’étaient pas très éveillées, mais quand même… Vincent était l’un des garçons les plus populaire de Poudlard –pas pour sa beauté ou quoi que ce soit, mais plutôt pour son côté bad boy violent et musclé-, et les camarades de dortoir d’Hainoa en avaient certainement entendu parler –peut-être même qu’elles avaient un dossier spécial Vince, dans leurs fiches des ‘mecs les plus intéressants de l’école’-. De plus, Fredericke était dans leur propre chambrée. Il était donc peu probable qu’elles ne soient pas au courant. Non… Des rapaces comme ces deux-là ne pouvaient pas être passées à côté. Encore que, Nicolas avait eu la fâcheuse preuve que les pintades ne se préoccupaient pas vraiment des petites copines des garçons devant lesquels elles bavaient. Il se souvenait encore du jour où Marine lui avait demandé si elle avait ses chances avec Haven, alors que ce dernier sortait encore avec Cherise Rowle. A cette pensée, il sentit son ventre s’alourdir comme s’il venait d’avaler un gros morceau de ciment. L’évocation de cette rupture lui faisait toujours mal au cœur…

« En même temps, je ne voulais pas d’un caniche pour petite copine… et puis même, je ne trahirais jamais Hainoa. comment ça, on sort pas encore ensemble ? J’ai déjà pensé plusieurs fois à sortir avec une autre fille, pour essayer de la rendre jalouse. Mais ce serait irrespectueux –enfin, ça dépend quelle fille -_-‘- et en plus, je pense que ça ne lui ferait ni chaud ni froid… »

Il soupira, un peu consterné par le caractère si étrange de sa meilleure amie. Puis, d’un coup sec, il repoussa sa citrouille et en attrapa une autre. Fredericke et lui avaient maintenant un très bon rythme, et parviendraient certainement à finir tout le tas qui les attendait dans une petite heure. Une demi-heure, s’ils se dépêchaient un peu. Optimiste, et revigoré à l’idée de prendre une bonne douche prochainement, le châtain continua de creuser joyeusement sa citrouille, en sifflotant ce qui semblait être une réplique de la chanson De bon matin, j’ai rencontré l’Hipogriffe. Il s’interrompit cependant lorsque l’allemande lui reparla d’Hainoa.

« Ce n’est pas tant que ça le tour du monde, qui m’inquiète. Je pense que tu sauras assez bien prendre soin d’elle. Enfin j’y réfléchirais quand même. Mais bon, vous serez entre fille, je serai peut-être de trop. »

C’était étrange de se dire ça, mais il pensait sincèrement qu’il tiendrait la chandelle, si jamais il partait avec elles. Ce n’était pas tant que ça les discussions qui le chiffonnait, vu qu’il avait à peu près les mêmes centres d’intérêt que Hainie, et trouvait fantastique tout ce qu’elle pouvait raconter. Mais il ne savait pas trop… Les filles pouvaient parfois parler entre elles de choses qui le dépassaient un petit peu. C’était un garçon quand même, après tout ! mais oui, t’énerve pas Nico, on a jamais dit le contraire

Il se mit ensuite à réfléchir plus longuement, à propos de l’hypothétique blocage de sa petite princesse. Fredericke avait elle aussi remarqué quelque chose, donc il n’était pas fou. Il n’en avait pas parlé à Orla, puisqu’il n’aurait pas été nécessaire de l’inquiéter avec ça. Anabelle ne l’avait pas vue depuis longtemps… Et puis Haven ne semblait pas non plus trop se soucier de ce qu’il pensait être une autre facétie de la personnalité d’Hainoa.

« Tu penses que… c’est à cause de quelqu’un ? Personnellement, je ne vois pas trop ce que j’aurai pu faire de mal. Mais j’ai fait mes petites recherches… Le problème vient certainement de l’extérieur de Poudlard… son moldu d’Evan, par exemple. »

De toute façon, à chaque fois qu’il se passait quelque chose, Nicolas rejetait systématiquement la faute sur Evan Call. Mais après avoir observé Hainoa pendant un bon petit moment, il avait pu en tirer certaines hypothèses plutôt plausible… et il était certain que quelque chose de bizarre se tramait entre ces deux-là. C’était précisément ça qui l’agaçait plus que tout, chez ce moldu qu’il n’avait jamais rencontré.

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VAMPIRE

« Nous sommes bien d’accord. » Du suicide pur et simple, le genre de truc qu’il valait mieux ne pas trop envisager non plus sous peine de se faire du soucis… parce que comme le lui avait fait très justement remarqué Billie, Vince’ pouvait vraiment être très très dangereux. Bien plus qu’elle n’acceptait de l’admettre consciemment. Elle l’aimait tellement qu’elle ne voulait voir que les bons côtés chez lui, et même quand elle parlait des mauvais, elle se sentait gâteuse du coup, elle amoindrissait tout. Elle savait que Vincent était violent mais elle ne le croyait pas meurtrier. Pourtant, une partie d’elle savait que les mots dits en l’air par Nicolas n’étaient pas si faux que ça. Si quelqu’un venait à vraiment essayer par des moyens trop francs à voler Fred’, Vincent pourrait le tuer sous le coup de la colère. Elle n’en revenait pas vraiment que Olwen soit encore vivant pour dire la vérité pleine et entière… mais elle préférait sincèrement ne pas y penser. « T’inquiète pas, t’es pas du tout mon style et Vince’ le sait parfaitement. Regarde, il n’a jamais touché à un cheveux de Steevy alors que c’est mon seul amoureux transi déclaré. » Steevy avait un an de plus que Nico et Fred’, il se pâmait d’amour pour Fred’ depuis maintenant des années mais elle ne voyait que Vincent et il le savait parfaitement. Le jour où il avait fait sa déclaration, Vincent lui avait rit au nez avant d’entraîner Fred, ce n’était pas gentil, on vous l’accorde, mais il ne l’avait pas frappé. Au moins, il était sélectif. Bon et puis, Steevy faisait dans le gentillet… Il savait rester à sa place, sûrement une qualité apprécié par le copain de Fred’, et en plus Vince’ le trouvait moche. Oui, c’est le premier à trouver Fred’ superficielle… elle-même le pense parfois parce quey a des jours où, à part son physique parfait (au sens de Fred’), elle avait du mal à trouver des raisons valable au fait d’être aussi accro.

« Ah… C’est vrai que même dans mon cas ça n’avait pas très bien marché la jalousie. Pourtant, c’est une valeur fiable normalement. » Là, Fred’ faisait référence à sa très courte relation avec Axel qui s’était soldé par un échec parce qu’elle ne se voyait pas rester avec quelqu’un alors que ça faisait autant de mal à son meilleur ami… qui sortait alors avec Marie, ce qu’elle trouvait gonfler mais elle avait fait son choix quand même. Certes, Vince’ avait été fou de jalousie, mais elle n’était pas sûre que ce soit ce qui ait tout déclenché par la suite. Après tout, ils n’étaient sortis ensemble que dix mois après. Non, elle n’était pas convaincu, par contre ça avait fait fuir Marie, c’était déjà ça, sauf que Nico’ n’avait personne à faire fuir, lui.

« Oh bah non, tu sais, on veut surtout faire du tourisme alors plus on est de fous, plus on rit. En plus, peut-être que la liste des personnes venant avec nous va s’allonger, qui sait ? le problème c’est que moi mes amis sont pour la plupart une année en dessous… » Comme Vincent… madre de dios, elle allait vraiment mal la vivre cette année ! Plus d’Ophélia, plus d’Elyna, plus de Tobias… Bouh ! Heureusement qu’elle aurait encore Hainoa ! Elle allait bien lui coller aux basques tiens ! D’autant qu’elle n’en savait encore rien mais elle en aurait bien besoin…

Enfin, pour l’instant, elle appréhendait surtout ce qui viendrait dans le futur, mais malgré ça, elle restait concentrée à la fois sur ses citrouilles (dont elle avait abattu une bonne partie déjà !) et sur ce que lui disait son camarade. A la mention d’Evan, elle failli quand même en lâcher son couteau tant ça entrait en résonance avec ce qu’elle venait de penser de son côté. « Toi aussi tu le trouves louche ? » Pour Fred’, ce mec se fichait complètement d’Hainie’ mais la jeune fille était tellement naïve qu’elle ne s’en rendait pas compte.

Nicolas eut un petit sourire lorsque Fredericke lui dit de but en blanc qu’il n’était pas son genre. Pour être franc, elle non plus n’était pas du tout son style. Mais ils commençaient un petit peu à sympathiser coexister, alors il n'allait pas non plus tout gâcher en faisant une réflexion pourrie et sans grand intérêt. En tout cas, il ne put s’empêcher de se sentir totalement serein maintenant qu’il savait que Vincent ne lui ferait jamais aucun mal. Il n’était pas assez fou pour vouloir goûter aux poings destructeurs de l’ami Fayr. Bref. Le Gryffondor n’ajouta rien lorsque sa préfète lui parla de Steevy. En fait, il ne connaissait ce type que de loin, donc il ne voyait pas l’utilité d’ajouter quoi que ce soit. Il n’empêche que le 7 ème année avait une chance monstrueuse de ne pas s’être fait démolir le portrait avant. En espérant qu’il continuerait à vivre sous une bonne étoile avant la fin de sa scolarité.

Il resta aussi silencieux lorsque Fredericke revint sur cette histoire de jalousie. En fait, Nicolas ne comprenait vraiment pas les filles. Lui qui pensait que seule Hainoa était assez excentrique pour ne pas devenir rouge de colère s’il se mettait à sortir avec n’importe qui. Pourtant, il en avait eu la possibilité pas mal de fois. Il ne se vantait pas d’être un beau garçon, mais il avait son petit succès aussi. Même si le fait que des harpies comme June lui tournent autour le gênait toujours un peu. En fait, c’était précisément cet aspect de sa personnalité qui attirait les filles comme des charognes. Le type inaccessible qui était timide au possible lorsqu’une paire de chromosomes X essayait de lui faire du rentre dedans. Ouais. Il y en a qui ont des goûts plutôt bizarres.

« Oui, normalement. Mais il y a plein de gens qui ne sont justement pas normaux » soupira Nicolas, en pensant à sa jolie blonde.

Le Rouge & Or eut un sourire lorsque sa camarade lui proposa de nouveau de les accompagner dans leur voyage autour du monde. Bon. Preuve qu’ils parvenaient quand même à bien s’entendre lorsqu’il n’y avait pas de malentendu sur un Serpentard dont on taira le nom. Se passant une main dans les cheveux –de toute façon, vu comment il était sale, un bout de citrouille en plus ou en moins ne changeait pas grand-chose-, la châtain répondit : « J’y penserais, alors. Merci. Ça va finir par se transformer en voyage scolaire, je crois bien » -il eut un petit rire honnête- « A mon avis, je ne serai pas étonné si Orla Quirke et Haven Clarks étaient de la partie aussi. Ainsi que Billie, peut-être. Et puis rien ne t’empêche de retourner voyager l’année d’après. »

Nicolas releva ensuite sa tête tellement brusquement qu’il se choppa un torticolis. Massant sa nuque, tandis qu’il écartait d’un coup de pied la citrouille qu’il venait de finir –un vrai professionnel, maintenant-, le jeune châtain ne put s’empêcher de lâcher bêtement : « Toi aussi ?! » Puis, se disant qu’il valait mieux dire quelque chose d’un petit peu plus constructif, il reprit la parole : « En fait, c’est plus que ça… comme tu le sais, je regarde Hainoa absolument partout –non, non, t’inquiète pas, pas comme un pervers ou quoi que ce soit, hein ?-. Notamment quand elle reçoit du courrier à table au petit déjeuner. Personne n’y a fait attention, et elle est persuadée que c’est le cas, je pense mais… les lettres qu’elle reçoit d’Evan… »

Il prit une grande inspiration, comme s’il s’apprêtait à dire quelque chose de très important. Bah. Après tout, Fredericke était une bonne amie d’Hainoa. Et à part elle, il ne voyait pas quelqu’un de plus proche à qui en parler. Expirant donc l’air un court moment, il poursuivit : « … elles sont vides. Il ne lui envoi que du papier vierge. »

Le 6 ème année donna un grand coup dans la cuticule de sa citrouille, comme si elle l’avait profondément contrarié.

« Il ne prend même pas la peine de lui répondre. Et le pire, c’est qu’elle est super contente à chaque fois que le hibou lui revient. » lâcha-t-il en prenant un air dégoûté.

Non. Décidément, il ne comprenait pas Hainoa.

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Fredericke se rappelait ce qu’elle disait quand elle était plus jeune, ce qu’elle avait même sorti à Vincent parce qu’il se moquait d’elle dans les premiers temps de leur relation. « Il n’y a rien de plus anormal que la normalité. » C’était sorti tout seul et elle avait l’air pensif. En réalité, elle en était venu à repenser à Hainoa qui, comme elle, n’avait aucune envie d’être normale, de rentrer dans le moule. Petite, Fredericke n’avait pas eu le choix, on lui avait volé son enfance à coup de cours particuliers en tout genre dont certains avec lesquels elle n’avait aucune affinité. C’était le cas des cours de musique… Fred’ n’avait pas le talent de son frère ou de sa cousine pour ce genre de chose, mais une jeune fille de bonne famille doit savoir jouer d’un instrument, du piano, du violon ou de la harpe. Elle avait essayé ces trois là et plusieurs autres, mais si elle avait les bases pour tous (oublié depuis en grande partie), elle n’avait jamais fait autre chose qu’imiter et se tromper toutes les mesures dès qu’on sortait des gammes. Hainoa ne semblait pas pousser par ce même désir de sortir d’un carcan qu’on lui aurait forgé de force, non, chez elle c’était sûrement plus naturel, moins conscient, toutefois, c’était parce qu’elles ne voulaient pas spécialement être comme les autres qu’elles étaient si bonnes amies. Bien entendu, Hainoa était trop déphasée pour être dans les amies très très proches de l’allemande. Elles ne parlaient que rarement de choses vraiment sérieuses… mais ça fait du bien aussi d’avoir des personnes avec qui parler de tout et surtout de rien dans son entourage.

« L’année d’après, je reste avec Vincent. Son absence me fait souffrir et un an sera déjà… assez compliqué à supporter. Et le problème c’est que s’il n’a rien contre les voyages – on va aller en France l’été prochain - , je ne le vois pas vadrouiller des mois. Je me suis dit que si je partais avec Hainie’, je ferais d’une pierre deux coups. » Elle pourrait oublier un le fait qu’elle était loin de Vincent (idée qui à elle seule lui était insupportable) et faire quelque chose qui lui plaisait. Que ça tourne au voyage scolaire ne lui posait aucun problème, encore qu’elle n’ait pas d’affinité particulière avec Orla, mais Haven et Billie étaient dans leur classe avec Nico’ et elle les aimait bien. Comme elle l’avait dit, plus on est de fou, plus on rit !

Ce que lui apprenait Nicolas à propos d’Evan par contre, voilà qui n’avait rien d’amusant. Elle repoussa une énième citrouille sur le côté, se disant que leur salle commune allait plus ressembler à un potager avec toutes ces citrouilles qu’à une salle d’Halloween… ils pourraient presque en donner aux autres maisons dis donc ! Mais les citrouilles restaient le dernier de ses soucis du moment. « Et… ça ne la fait pas réagir ? Je veux dire… ce n’est que du papier. N’importe qui pourrait le lui envoyer, ce pourrait même être quelqu’un qui intercepte ses lettres et qui lui envoie un bout de papier pour se moquer d’elle. Elle n’y pense jamais ? » Réalisant l’ampleur du problème de son amie, Fred’ fixa le regard effrayé de celui qui vient de comprendre qu’un ami a un grave problème. « Seigneur… mais qu’est-ce qu’on peut faire ? » Elle ne trouva rien d’autre à dire, car elle venait de saisir sans que Nicolas le lui dise qu’Hainie s’était persuadée toute seule que Evan lui écrivait et qu’il tenait à elle. En bref, elle avait un problème d’ordre psychologique… et ça, Fredericke connaissait. Sa mère s’était suicidé il y a peu, sa cousine était schizophrène… et ça ne pouvait que renforcer son inquiétude, maintenant bien visible sur ses traits fins.

Une chose était sûre, si Nicolas en avait jamais douté, il avait maintenant la preuve que Fred’ tenait vraiment à ses amis.

Rien de plus anormal que la normalité… Tout dépendait du point de vue, en fait. Nicolas pensait qu’il était plutôt du genre « normal ». Enfin si on mettait de côté le fait qu’il n’avait jamais connu son père, et que son frère aîné était mort. Bon. Pas si normal que ça, en fait… mais niveau tenue, caractère, et comportement, il rentrait assez dans le moule. Il ne faisait pas de vagues, s’habillait comme tous les autres élèves, était poli et assidu en cours et avait le profil type de l’amoureux désespéré jaloux et paranoïaque. Mais comparé à Hainoa, il était parfaitement normal. En fait, c’était peut-être précisément cette originalité qui l’avait autant attiré. A moins que ses sentiments ne datent en fait de leurs premières années à Poudlard, lorsque lui aussi était un innocent et un peu gamin sur les bords. D’ailleurs, depuis quand avait-il aussi mûri ? Et depuis quand était-il aussi amoureux d’elle ? Il n’en savait plus grand-chose… Il n’empêche que, quelques fois, il aurait bien aimé que sa petite princesse soit un peu moins différente des autres. Les choses auraient certainement étés moins compliquées.

« J’avoue que je me sentirais un peu perdu, un an sans Hainoa… ouais, à la réflexion faite, je crois sérieusement que je vais venir avec vous. Ce serait trop difficile de ne pas la voir pendant aussi longtemps. Je comptais continuer mes études quelque part, mais bon… ce genre d’occasion ne se présente qu’une seule fois dans une vie. »

Et le pauvre Nicolas était partagé entre ses ambitions professionnelles, et la présence d’Hainoa. Il ne voulait pas trop prendre de décision précipitée… en même temps, il avait encore presque deux ans pour y penser. Mais la laisser partir toute une année sans lui, et savoir qu’il ne la reverrait pas lui mettait un coup au moral. D’un autre côté, il avait de grands projets pour son après-Poudlard. Il comptait faire des études difficiles et sélectives pour exercer un métier renommé. Devenir médicomage… C’était quelque chose qui l’avait toujours attiré, même si à l’école de sorcellerie, les matières ne le sensibilisaient pas énormément à cette profession. De plus, Isaac Irving, avec qui il s’entendait bien –après tout, Isaac n’était plus vraiment à Serpentard, maintenant- et qu’il avait eu l’occasion de rencontrer grâce à Hainie, lui avait proposé de faire quelques stages avec lui. De quoi avoir déjà un pied dans le plat.

Le Gryffondor fut tiré de ses pensées par ce qu’il appelait le « problème » Evan Call. Fredericke avait l’air tout aussi chamboulée que lui lorsqu’il s’était rendu compte que Hainoa recevait des lettres vierges. Mais évidemment, la petite blonde ne remarquait rien… comme toujours.

« Non, du tout. Quoique, je n’y avait pas vraiment pensé comme ça non plus. En fait, je me disais que ce type était tellement malsain et tordu, qu’il lui renvoyait des lettres vides histoire de faire genre qu’il avait répondu quand même. Se donner bonne conscience, quoi. Canaille… M’enfin bon. Elle ne sait pas que j’ai déjà jeté un coup d’œil à son courrier, hein. Mais à chaque fois qu’elle reçoit quelque chose de lui, elle est folle de joie et me bassine avec des ‘Hiiiii ! Evan m’a écrit !’ tout en me racontant des trucs comme s’il lui avait vraiment étalé sa vie sur papier. Ce ne sont jamais les mêmes histoires, en plus. J’y pige plus rien. »

Il repoussa sa citrouille, et en attrapa une autre, l’air préoccupé. Il avait déjà prévu depuis quelques temps de mettre un terme à cette plaisanterie. Aussi tenta-t-il de rassurer la préfète.

« Ne t’inquiète pas, je lui en parlerai bientôt. On va avoir une semaine rien que tous les deux, donc j’aurai l’occasion de lui en toucher deux mots sans qu’on soit dérangés par qui que ce soit. J’aurai bien voulu le faire dans la Salle sur Demande, mais je pense qu’il nous faudra pas mal de temps pour discuter… Et puis il me faut aussi le temps de préparer ce que je vais dire et tout. Mais je le ferai. et même que je m'y prendrais comme un manche. Mais ça, je suis pas encore censé le savoir. Aaah, les joies du RP ! »

Il marqua ensuite un arrêt, et continua de creuser sa citrouille.

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Pour Fredericke, ce n’était même pas qu’elle se sentirait perdue mais vraiment qu’elle n’était pas capable de supporter l’absence de Vincent. Elle était collée à lui depuis quatre ans, elle avait un peu de mal à imaginer qu’il puisse ne serait-ce qu’en être autrement pendant un mois… Après tout, ils vivaient ensemble. Toutefois, lorsqu’elle essayait d’être objective, elle se disait que ça ne pouvait que leur faire du bien parce qu’ils étaient peut-être un peu trop fusionnel tous les deux. Mais la raison ne sait jamais trop quoi faire face à l’amour, chose qu’elle regrettait car c’était la partie douloureuse de sa relation. Parfois, elle se demandait si Vincent pensait lui aussi à tout ça… Elle en doutait, il était peut-être amoureux, mais c’était un garçon, ils ne pensent pas comme les filles, c’est connu (surtout de Marine qui se plaisait à le dire à chaque fois qu’elle se faisait jeter).

« C’est toi qui voit. Au fond, tu peux très bien te prendre une année sabbatique avec nous avant d’entrer dans la vie active non ? Enfin, en même temps, je te comprends. Moi je peux vivre de mes rentes et je pense que Hainie’ compte sur son père pour les frais courants, mais il faut pouvoir se le permettre… surtout quand on veut encore faire des études après. » Ce qui n’était clairement pas son cas, elle était sérieuse mais 7 ans c’était son maximum ! Surtout qu’elle ne comptait pas trouver de vrai travail, elle voulait plutôt toucher à tout, faire de la photo… bref, vivre sa vie d’artiste, avant de fonder une famille. Avec Vincent bien sûr, même si on ne sait jamais ce que l’avenir réserve.

« Hum… Hainoa a toujours eu l’imagination débridée, peut-être qu’elle imagine ce qu’elle lit, en toute bonne foi. Mais finalement, le vrai problème, c’est de savoir pourquoi elle agit comme ça. Evan, au fond, on s’en fiche, papier blanc ou pas. » Fredericke soupira, ajoutant Hainoa à la liste des problèmes à régler. Maintenant, la jeune Allemande avait trois listes : les choses désagréables à gérer tout de suite, comme un pansement qu’il faudrait enlever, pour que ça fasse moins mal. Dans cette liste, il y avait le testament de sa mère et le remariage de son père… même si elle ne l’était pas encore, en août prochain elle serait le nouveau chef de famille et s’il espérait qu’elle allait lui faciliter les choses, il se fourrait le doigt dans l’œil. Ensuite, il y avait la liste des problèmes à régler plus tard dont faisait partie Hainoa. Elle, pour le moment, elle ne pouvait rien faire. C’était à Nicolas d’agir, c’était lui le plus proche d’elle, toutefois, elle veillerait sur le sujet discrètement par la suite. Et enfin, il y avait la liste des problèmes qui ne la concernait pas, Anabelle & Adrien en tête. Non que ça ne lui fasse pas de peine de laisser Adrien dans la panade, mais il avait choisi son malheur, et elle ne faisait qu’envenimer les choses… Il avait donc atterrit dans cette liste là, bien qu’à contrecoeur.

« Ok. Si c’est possible… tiens moi au courant. Parce que je pourrais sûrement aider ici si jamais ça tournait mal vu que je suis dans sa chambre. » Elle ne savait aps trop pourquoi ça tournerait mal, mais c’était justement parce qu’ils avançaient dans le flou le plus total que Nicolas aurait peut-être besoin d’un peu d’aide.

Une année sabbatique. C’était une idée. Après tout, il n’allait pas oublier de sitôt tout ce qu’il avait appris durant ces 7 années à Poudlard. Et puis chez les sorciers, ne pas faire ses études d’une traite n’était pas aussi mal vu que chez les moldus. S’il avait envie d’arrêter pendant un an pour faire autre chose, il n’en serait pas pénalisé par la suite. Et puis voyons le bon côté des choses : il verrait du pays, des contrées étrangères, et pourrait au moins mettre tout ça sur son Curriculum Vitae. Plus il en parlait avec Fredericke, et plus il trouvait qu’il s’agissait d’une bonne idée. D’autant plus qu’il serait avec Hainoa, et pourrait veiller sur elle. Il faisait confiance à la préfète pour assurer ce rôle, ce n’était pas le problème. Mais l’idée de la laisser partir sans lui… qui sait quelle espèce de parasite elle pourrait rencontrer en France ou ailleurs. Et Maiden n’était certainement pas aussi possessive que lui vis-à-vis d’Hainoa. Elle la laisserait certainement parler fricoter avec de beaux étrangers à l’accent douteux, ou plein de trucs du genre. Ah ça, pas question ! Oui ! Il allait les accompagner. Ne serai-ce que pour garder un œil sur Hainie !

« C’est vrai que voyager coûtera cher… et j’ai pas forcément vraiment les moyens. Mais bon, j’essaierais de trouver un petit boulot cet été, histoire d’économiser et de pouvoir partir quand même. »

Parce qu’il n’allait certainement pas demander à sa mère de l’avancer ! Ca, jamais ! Il l’aimait beaucoup trop pour devenir un poids pour elle. Ils s’en sortaient plutôt bien jusqu’à maintenant, mais il ne voulait pas claquer tout l’argent qu’elle avait durement économisé dans un voyage autour du monde. Et puis travailler lui apporterait une plutôt bonne expérience professionnelle. D’autant plus qu’il n’avait pas prévu grand-chose l’été prochain… Hormis inviter son ami Haven à passer quelques temps chez lui. Peut-être demanderait-il à Isaac de le prendre comme stagiaire ?

Laissant de côté Irving le médicomage, Nicolas se concentra sur l’autre frère de cœur d’Hainie. *grognement* Non, on ne s’en fichait pas, d’Evan. Il fallait lui régler son compte tant qu’il en était encore temps #PAF#. Enfin. Plus sérieusement, le jeune Gryffondor se devait absolument de savoir ce qui clochait chez Hainoa avant de lui en parler. Elle avait dut avoir un choc psychologique plutôt déroutant, pour continuer d’agir comme une gamine, ou comme une petite sœur heureuse de recevoir du courrier de son frère imaginaire –existait-il vraiment, d’ailleurs, cet Evan ?-.

« Oui mais il y a quand même un grand pas entre l’imagination, et la… folie. Je ne sais pas trop comment appeler ça, en fait. Mais je le saurai… même si je dois lui tirer de force les vers du nez. »

Il enleva un chapeau à une grosse citrouille, puis l’évida et jeta une grosse partie de la chair dans un second seau qu’il avait disposé à côté du premier. Car non seulement il n’avait pas le droit d’utiliser la magie en présence d’une préfète, mais en plus, il faisait des réserves au cas où Fredericke déciderait de reprendre la bataille de citrouille. Ils avaient beau parler de sa Hainoa, il gardait tout de même une petite partie de son cerveau en éveil –au cas où il faudrait se défendre des attaques de fourbes de Fredericke-.

« Ouais, je t’en parlerais dès qu’on reviendra à Poudlard. A moins que tu ne préfères que je t’envoie un hibou ? Tu seras au château, pendant les vacances, ou tu rentres chez toi ? »

Il pressentait déjà que son beau Hibou Grand-Duc allait faire du chemin… Surtout si la blonde rentrait en Allemagne pour la Toussaint.

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VAMPIRE

En bonne petite fille riche qui se respecte – et qui n’avait donc aucune valeur des choses – elle se contenta de hocher la tête comme si elle comprenait les histoires d’économies de Nicolas. Elle n’arrivait même pas à se représenter ce que ça pouvait faire un mois de salaire, ou deux mois, mais ce ne serait sûrement pas suffisant… Et comme Nicolas était un garçon, Fred’ ne se voyait pas lui dire qu’au pire, rien qu’avec son argent de poche, elle pouvait payer le voyage en classe éco à tout le monde. Elle avait appris avec Vincent que les mecs n’aiment pas dépendre de l’argent des filles, alors que Fred’, elle, trouvait que quand on en avait c’était normal qu’en faire profiter les autres. Après tout, c’était pas parce qu’on le gardait jalousement pour soi qu’il allait faire des petits hein… Fred’ ne connaît pas le principe du compte épargne, elle garda donc son idée pour quand il faudrait vraiment parler organisation, se disant que tout bien pesé, s’il fallait qu’ils voyagent toute l’année, ce serait peut-être plus simple de louer ou d’acheter un avion de petite taille genre jet privée… il devait bien y avoir une des boites de sa famille qui en possédait un, non ? Quoi que, peut-être pas vu qu’ils transplanaient… et eux, ils pouvaient le faire aussi transplaner, sauf qu’on peut pas transplaner vers un endroit qu’on ne connaît pas et que le but du voyage c’était justement de visiter. De fait, ils verraient bien le moment venu comment ils feraient.

« Tu nous tiendras au courant en tout cas. » Que les filles ne prévoient pas un quatre étoiles quand il ne pouvait s’en offrir qu’un deux hein… Mais malgré ces réjouissances, il faudrait avant de partir régler le problème Hainoa qui était quand même balèze, Fredericke s’en rendait compte à mesure que sa conversation avançait et qu’en même temps elle vidait les citrouilles… plus que deux, et elle aurait fait son quota ! Plus qu’à prévenir Hainie’ ensuite pour qu’elle vienne les chercher.

« On appelle trop facilement la folie tout un tas de choses, je préfère ne pas m’aventurer dans ce genre de vocabulaire. Elle a sûrement une très bonne raison d’agir comme elle le fait, c’est juste qu’on ne la connaît pas encore. » Fredericke avait sa cousine Roze qu’on avait très souvent appelée folle à cause de ses hallucinations, mais en réalité, ce qu’on appelait folie n’était jamais qu’une schizophrénie doublée d’un profond traumatisme. Cela n’avait rien de drôle comme ce que le terme folie pouvait sous-entendre pour les gens peu intelligent. Il faut savoir que quand elle était enfant, Fred’ s’était souvent moquée de sa grande cousine parce qu’elle ne comprenait pas et qu’ensuite en vieillissant elle l’avait énormément regretté… comprenant que quand on dit aux gens qu’ils sont fous, souvent ils le comprennent et ça ne fait que les rendre plus sensible et fragile encore. Enfin, elle savait que jamais Nicolas ne se moquerait d’Hainoa, mais elle avait une telle réticence avec ce vocabulaire qu’il était obligé qu’elle transparaisse.

Elle entamait sa dernière citrouille quand Nicolas lui promit de la tenir au courant. « Je suis rentrée pour l’enterrement de ma mère donc je vais rester ici pendant les vacances de la toussaint je pense… ça ne plaît pas à Vincent alors peut-être qu’on ira chez ma cousine… mais pas plus d’un week-end, je devrais recevoir ton hibou avant que tu ne reviennes. Comme ça, je saurais à quoi m’en tenir. » Avant qu’Hainoa revienne sous entendu… Rien que pour recevoir cette lettre, elle serait volontiers rester au château tout le temps, mais ce n’était pas bon pour son couple alors… ils n’auraient qu’à y aller les premiers jours des vacances chez Roze. En la virant au passage tant qu’à faire parce que vous vous doutez que c’est pas par amour pour sa tutrice que Vincent veut sortir du château… c’est seulement parce que Fred’ ne le laisse pas approcher trop près à l’école.

Finissant sa dernière citrouille, elle tapa dans ses mains « Bon, j’ai fini. Comme je dois me préparer pour mon rendez-vous, je pars devant. Hainoa viendra t’aider à tout ramener. » Elle se leva et regarda Nicolas d’un air sérieux « N’oublie pas de me prévenir ok ? » Et elle tourna les talons, pas vraiment soulagée de mieux s’entendre avec Nicolas désormais alors que c’était dans ces circonstances…

Nicolas n’avait pas le pouvoir de savoir tout ce que pensait Fredericke. Mais en effet, il n’aurait jamais accepté que l’allemande, ou même Hainoa ne lui finance le voyage. Ce n’était pas qu’il avait sa fierté masculine, ou quoi que ce soit. Disons plutôt que le jeune Gryffondor avait toujours peur de déranger. Il ne voulait rien devoir à personne. Au moins, on ne pourrait rien lui reprocher par la suite. Quoi qu’il en soit, il était réellement motivé pour trouver de quoi subvenir à ses besoins lors de l’hypothétique tour du monde : déjà, il trouverait du travail. Et ensuite, il avait économisé tout son argent de poche depuis des années, au cas où quelque chose du genre l’obligerait à dépenser de grosses sommes. Il ne s’attendait pas du tout à un voyage autour du monde… mais plutôt à des frais occasionnés par les écoles d’enseignement supérieures qu’il fréquenterait par la suite. Il était évidemment bien trop optimiste de penser que tous ces établissements étaient totalement gratuits : rien que l’école de médicomage n’était pas donnée. Bien sûr, il y en avait toujours de publiques, dans les domaines qui l’intéressaient et qui lui permettraient d’accéder au métier qu’il voulait… mais la sélection était particulièrement rude, et il lui faudrait décrocher des Optimal dans pratiquement toutes ses matières principales… Et puis il y avait tout le matériel à acheter, à côté… M’enfin. Nicolas était loin de s’imaginer que Fredericke pourrait leur dégoter un avion qui ne leur couterait presque rien du tout. Pour le Gryffondor, c’était précisément cette partie transport qui faisait trembler son porte-monnaie. Il était impensable de transplaner : de toute façon, les transplanages inter-continents étaient très difficiles à maîtriser. Quant aux balais… Hainoa avait une peur bleue du vide. Les avions ne lui faisaient pas grand mal, puisqu’elle ne voyait rien à l’extérieur… mais l’idée de voyager dans les airs avec un simple bout de bois entre les jambes ne la séduirait certainement pas. M’enfin bon…

« Ouais, pas de problèmes. »

Bah. Il avait encore presque un an et demi pour y penser. Rien ne servait de se torturer l’esprit pour le moment. Et puis à la rigueur, il pourrait toujours reprendre une année sabbatique après le tour du monde pour gagner l’argent qui lui manquerait pour ses études. Après tout, il y avait très peu de chance qu’on lui claque les portes au nez après qu’il ait visité tous les pays et qu’il se soit familiarisé à toutes les civilisations. Mais laissons le voyage de côté.

Pour le moment, Fredericke et Nicolas se penchaient sur un problème bien plus important –surtout pour la préfète, puisque selon elle, le voyage n’en était pas un-. Le châtain eut un haussement d’épaule lorsqu’elle le reprit sur le terme de folie. Mais faute d’autre vocabulaire, il avait employé celui-ci sans penser qu’il signifiait précisément quelque chose pour sa camarade.

« Oui en effet. J’ai entendu parler de pas mal de maladies qui pourraient s’en rapprocher, mais aucune n’est exactement semblable. Quoi qu’il en soit, quand nous seront revenus à Poudlard, elle ira beaucoup mieux. J’y veillerais très personnellement. »

Et il était motivé, le Nicolas. D’autant plus qu’il comptait avouer à sa princesse ses sentiments. Hainoa reviendrait donc au château grandie, et avec un charmant petit copain en prime ou pas, parce que cet abruti va se dégonfler, mais chut.
Le Lion fut néanmoins soulagé d’apprendre que Fredericke comptait rester sur Poudlard pendant cette période. Au moins, s’il y avait vraiment un gros problème, il pourrait lui en parler et compter sur une réponse plutôt rapide, Poudlard n’étant pas si loin de la demeure des Stewart. Et puis même, son petit doigt lui disait qu’il aurait besoin des conseils de l’allemande. Que ce soit pour consoler Hainoa, ou pour autre chose… Il était d’ailleurs plutôt étonnant de voir comment la préfète était rapidement remontée dans son estime. Avec les explications qu’ils avaient eues au sujet des Serpentard et de Vincent, et l’implication dont elle faisait preuve au sujet du Problème Evan, Nicolas ne pouvait que l’apprécier beaucoup plus. Et puis quelques fois, il était plus facile de se confier à une personne qu’on ne connaissait pas énormément, qu’à un ami proche. Il n’avait en effet rien révélé de tout ça à Haven… pour une raison qu’il n’arrivait pas à cerner. Mais qu’importe.

Il acheva de tailler sa dernière citrouille, et contempla avec satisfaction le joli tas de cucurbitacées évidés et prêts pour Halloween. Finalement, l’après-midi s’était passée plus rapidement que prévu. Avec un sourire bienveillant, il répondit donc à la blonde, qui s’était déjà levée, prête à partir :

« Pas de soucis, tu seras la première au courant. Bonne fin de journée. »

Il entassa ensuite les citrouilles pour qu’elles soient moins éparpillées, puis, se rappelant de quelque chose, il se tourna vers la préfète déjà loin, et il lui cria :

« ET AU FAIT MAIDEN !! J’AI GAGNE LA BATAILLE DE CITROUILLES ! »

Puis profitant de l’absence de sa camarade, il débarrassa les seaux de leurs contenus, et se hâta de rentrer au château.

[ Terminé pour Nicolas ]
[ Topic terminé; Thème réussi ]