[THEME] Le temps des bêtises [PV Roman Jones] [TERMINE]

Depuis qu'elle était de retour à Poudlard, la petite Annagovia Quirm (qui, soit dit en passant, ne perdait jamais une occasion de se redresser de toute sa hauteur, quand un groupe de première année passait à proximité, pour bien montrer que elle, attention, elle était une "grande" de deuxième année, maintenant !) n'avait eu de cesse de tanner Roman Jones pour qu'ils mettent enfin à exécution le plan diabolique qu'ils avaient échafaudé dans le Poudlard-Express, et qu'Anna appelait, par devers elle, "L'Affaire de l'entrée secrète", un nom, certes, un peu long, mais ami historien, si tu passes dans le coin, tu devineras indubitablement ce dont il est question qui avait le mérite d'être suffisamment énigmatique pour que nul ne mette sa noirceur à jour.

Potaches comme ils étaient, les deux jeunes sorciers n'avaient pas été longs, lors de leurs retrouvailles, à imaginer une plaisanterie qui, à leurs yeux, n'était que drôle, mais qui risquait bel et bien de donner le signal de départ à un bain de sang des plus tragiques. Car il s'agissait ni plus ni moins que de s'attaquer à la Sacro Sainte maison de Salazar Serpentard oui, Gryffondor, c'est cela, c'est bien, je vois que vous suivez. Malheureusement, l'expédition qui devait permettre aux deux larrons d'accomplir leur méfait avait été remise à plusieurs reprises, faute de préparation. Roman et Annagovia avaient beau être des petits rigolos, il n'en restait pas moins qu'à leurs yeux, mettre sur pied une bonne plaisanterie (bonne selon leurs critères, cela allait sans dire !) était une affaire plus que sérieuse... Surtout dans un cas comme celui qui les intéressait présentement : les conséquences, en cas d'échec, ou pire, d'interception par Rusard, seraient désastreuses, et pas uniquement pour le sablier de Poufsouffle ! Ils avaient donc fomenté leur coup avec le plus grand soin, glanant des informations à droite et à gauche, dessinant des plans approximatifs sur des bouts de parchemin, espionnant les Serpentard durant leur temps libre, et chuchotant à n'en plus finir avec des airs de conspirateurs, dans un coin de la salle commune.

Tous ces préparatifs, auxquels venaient s'ajouter cours et devoirs, notamment pour Roman, qui devait d'ores et déjà penser sérieusement aux BUSE, les avaient conduits, sans même qu'ils s'en aperçoivent, à la veille d'Halloween. Le temps clément de septembre avait cédé de pas à un automne froid et pluvieux, et les grands arbres qui bordaient le lac avaient depuis longtemps perdu leurs feuilles aux couleurs rouges, brunes ou mordorées, qui, désormais, jonchaient le sol en un bourbier glissant. En fait, les Poufsouffle avaient bénéficié du dernier sursaut du beau temps avant que l'automne ne s'abatte sur eux, lors du premier match de Quidditch. Les prochaines équipes à s'affronter, elles, devraient probablement composer avec un temps maussade sinon franchement hivernal : les gelées matinales semblaient un peu plus tenaces chaque jour, et il n'était désormais plus rare de boir encore à midi de larges bandes de pelouse toujours blanches de givre pour peu qu'elles fussent exposées au Nord.

Tous ces changements, Annagovia les avait, bien entendu, constatés, mais seulement de façon mécanique. Elle enfilait ses gants lorsqu'elle avait botanique en première heure, avait ressorti sa grosse écharpe, s'emmitouflait savamment dans sa cape dès qu'il fallait traverser les couloirs, mais, tout cela, elle le faisait machinalement, sans même y songer. Ce ne fut que lorsqu'elle entendit, au détour d'un couloir, Rusard pester contre Peeves qui avait, apparemment, décidé de décorer le château à sa façon pour Halloween (visiblement, l'esprit frappeur considérait que badigeonner de fientes de chauve-souris les murs de tout un couloir était le summum du bon goût), qu'elle réalisa avec stupeur qu'ils étaient déjà si bien avancés dans l'année.

Ce soir-là, donc, elle avait suggéré à Roman qu'il était peut-être temps de passer à l'action, arguant qu'Halloween était d'ailleurs la meilleure des dates possibles pour réaliser leur plan. Après tout, il s'agissait d'une date symbolique, et leur petite plaisanterie était tout à fait dans l'esprit du 31 Octobre. En fait, à bien y réfléchir, il y avait même fort à parier que Peeves ne l'aurait pas reniée s'il en avait eu vent. Ils étaient finalement tombés d'accord pour agir le lendemain soir, après le banquet d'Halloween, ce qui signifiait, bien entendu, qu'il leur faudrait rôder dans les couloirs après le couvre-feu. Mais cette partie du programme ne rendait que l'expédition plus excitante, et Anna n'avait aucune appréhension : ils avaient manigancé leur affaire des heures durant, et elle était à présent très impatiente de la mettre en oeuvre. En réalité, elle était même si excitée qu'il lui fut bien difficile de se concentrer en cours et qu'elle se précipita, pendant chaque interclasse, aux toilettes, pour réviser inlassablement le plan qu'elle avait mis au point avec Roman.

De même, alors que le festin d'Halloween lui était apparu, l'année passée, comme une débauche fastueuse de magie, il lui sembla, de soir-là, qu'il durait une éternité, tant elle avait hâte de sillonner les couloirs en compagnie de Roman, et elle était sur le point de mourir d'ennui lorsque MacGonagall annonça enfin la fin des festivités.
C'était précisément le signal que les deux Poufsouffle attendaient si avidement, du moins de la part d'Annagovia. Tandis que leurs camarades, un peu assommés d'avoir fait si bonne chère, se levaient pour quitter la Grande Salle par petits groupes, Annagovia et Roman prirent soin, au lieu de se mêler à eux, de rester en retrait, de sorte que, lorsque le dernier revers de cape jaune eut disparu dans les escaliers menant à la salle commune, ils purent se précipiter jusqu'aux toilettes du rez-de-chaussée.

Après réflexion, il leur avait, en effet, paru plus simple de ne pas redescendre jusqu'aux dortoirs après le repas : l'un comme l'autre savait pertinemment que leurs camarades monteraient, pour la plupart, se coucher très rapidement (la soirée étant déjà bien avancée et les cours commençant tôt le lendemain), si bien que leur absence avait toutes les chances de passer inaperçue et que si quelqu'un venait à la leur faire remarquer par la suite, ils auraient toujours beau jeu de répondre : "Bien sûr que si, j'étais là, seulement tu dormais déjà quand je me suis mis au lit !" ; Tandis que, au contraire, s'ils revenaient avec leurs camarades, il leur faudrait nécessairement attendre que les derniers bavards quittent la salle commune pour s'éclipser, ce qui les retarderait considérablement. Or, plus ils se feraient prendre à traîner tard dans les couloirs et plus ils risqueraient gros. Se réfugier aux toilettes était la meilleure solution.

La rouquine referma la porte derrière eux et poussa d'autorité Roman jusqu'à la dernière cabine où elle les enferma tous deux, des fois que quelqu'un aurait eu la mauvaise idée de venir faire un tour dans les parages.
Un peu essoufflée et les joues roses d'excitation, Anna adressa un large sourire radieux à son aîné c'est douillet, ici, non ? avant de murmurer :

- Tu crois qu'on va devoir rester ici longtemps ? J'ai vu que quelques élèves traînaient encore dans le Hall, en refermant la porte, mais je ne sais pas dans quelle maison ils sont. Si c'était des Serdaigle, ça ira, parce que leur salle commune est à l'opposé, mais si c'était des Serpentard...

Laissant sa phrase en suspens, Annagovia fronça les sourcils et secoua la tête, comme pour en chasser une pensée désagréable avant de reprendre plus calmement :

- En tous cas, j'ai tout bien fait comme on a dit ! Je suis allée cacher les robes de Gryffondor et les perruques dans la réserve à papier toilettes, juste sous les lavabos, après les cours... Peut-être qu'on devrait se changer maintenant ? suggéra-t-elle en se baissant pour regarder par le trou de la serrure, je ne pense pas que quelqu'un va venir par ici maintenant...

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Nous y étions. Le jour-J, the D-Day était là. Comment décrire l'état peu commun d'excitation de Roman en cet instant précis ? Disons... qu'une volée d'hyppogriffes chargés de bonbons, de chocolats et de gâteaux des meilleurs pâtissiers et chocolatiers du monde entier, aurait pu débarquer dans la grande salle dans une explosion de feux d'artifices qui aurait fait voler en milles morceaux de verres toutes les vitres de la salle – tout ça en se posant sans ménagement sur la table des Serpentard avec le plus de fracas et pertes humaines possibles – que Roman n'en aurait pas été plus excité. C'était dire.

Soirée d'Halloween, et Roman avait prévu avec Annagovia de mettre leur plan à éxécution. Mais quel plan ? THE plan, pardi ! Celui qu'ils avaient imaginé depuis le jour de la rentrée scolaire, celui dont ils parlaient presque tous les jours et celui dont ils avaient passé des heures à en discuter, à en établir la moindre petite parcelle de programme ! THE PLAN, quoi !

Roman se tenait à la table des Poufsouffle et bavardait tranquillement avec Alban et Ophélia, qui se tenaient en face de lui. Alban était vraiment un Poufsouffle sympathique en fait et Roman l'appréciait de plus en plus (c'était dire). Pour ce qui était d'Ophy, pas la peine d'en rajouter plus, on savait déjà tout. Roman avait mis un point d'honneur à ne pas s'asseoir à côté d'Annagovia – qu'il laissa avec ses amies – puisqu'il ne voulait éveiller aucun soupçon, mais surtout parce qu'il avait peur de lâcher une information importante pendant le repas (ce qui n'aurait pas été impossible, connaissant le personnage).

Une fois que McGonagall eut lâché que le banquet pouvait se terminer, Roman tourna la tête en direction d'Annagovia, un fin sourire malicieux s'étirant sur ses lèvres. Pas la peine d'être prudent outre mesure, personne n'avait l'intention de s'attarder sur deux Poufsouffle, et tout le monde avait bien évidemment mieux à faire en cet instant là.

Roman se leva donc, l'air parfaitement innocent ce qui du coup, faisait louche attrapa le sac qu'il tenait à ses pieds, et le jeta avec nonchalance sur son épaule. Il suivit enfin les Poufsouffle qui quittaient la grande salle, vers le couloir. Toujour sans parler à Annagovia qui se tenait un peu devant lui, Roman suivait ses camarades (et les autres, d'autres maisons) et ne pipait mot. Quand les jaunes et noirs biffurquèrent sur la gauche en direction des escaliers menant aux sous-sols, le jeune Jones lui, continua tout droit, en direction des toilettes. Personne n'avait fait attention, après tout, rien n'attirait l'attention sur lui, en bien ou en mal. Marchant d'un pas calme vers les toilettes, Roman y entra, et ferma derrière lui la porte, en en profitant pour jeter un dernier coup d'oeil discret derrière lui, histoire de voir si quelqu'un le suivait. C'était des toilettes de filles, et il voulait éviter de se faire voir dedans, merci bien.

A peine Roman fut arrivé qu'Anna, qui se trouvait là, lui tira le bras pour l'emmener rapidemment au boût de la grande pièce, dans les toilettes du fond. Ils devaient être discrets, au cas où quelqu'un arriverait et les surprendrait. Surtout, ils ne devaient pas se faire prendre, surtout pas maintenant du moins !

« Des Serdaigles, c'était des Serdaigle, mais ils sont partis quand j'arrivais. Non, non, il va falloir faire vite pour se transformer, le pire des cas est celui où on se fait attraper sans être sous-couverture façon de parler... »

Roman hocha la tête de satisfaction quand Ana lui dit qu'elle avait bien fait tout ce que Roman lui avait dit. Parfait, elle était excellente dans son rôle. Shawnie et Zaza l'exploratrice pouvaient aller se rhabiller, avec leurs aventures à trois mornilles, ils étaient de vrais professionels, eux, et côtoyaient le danger fréquemment, tout ça avec beaucoup de préparation, d'intelligence, de ruse, de classe et de débrouillardise !

« Parfait, parfait ! Tu as été géniale ! On va se changer maintenant oui, c'est le mieux ! Moi je nous ai prit du maquillage pour qu'on ne nous reconnaisse vraiment pas... Après tout, c'est Halloween ce soir !! »

Roman sourit, et pendant qu'Annagovia sortait les costumes et les perruques Roman se tenait collé au mur, sans bouger, Roman sortit le maquillage, tout en laissant dans son sac tout le reste. Une fois que tout fut sortit, Roman fit signe à Anna d'approcher, pour commencer à la maquiller. Pendant qu'il sortait un maquillage rouge pour lui faire de grandes lèvres de pétasse de fille blonde genre les blondes ont des lèvres rouges, tss, Roman articula :

« Il nous faut des noms de code, histoire qu'on ne s'appelle jamais par nos prénoms. Moi ce sera... Indy. En référence à Indiana Jones. Ça me va nickel ça... Et toi, tu veux quoi comme nom de code, Anna ? »

Roman trouvait la référence à son nom de famille parfaitement géniale, surtout qu'Indiana Jones lui ressemblait beaucoup, dans le fond !

Une fois qu'Anna fut parfaitement méconnaissable, Roman lui demanda de lui faire à lui aussi un maquillage du tonerre. Le must étant un maquillage noir autour des yeux ainsi que les lèvres, et tout le reste en vert, ce qu'il dit à Anna. Ça faisait peur, ça faisait très Halloween, et en même temps, personne ne le reconnaitrait. Quand ils eurent terminé de se maquiller, Roman annonça à Anna :

« Parfait, merci ! Maintenant les costumes. J'ai bien fait de ne pas prendre mes tenues de Poufsouffle ce soir, il n'aurait plus manqué que quelqu'un trouve un indice jaune sur nous ! »

Roman se dépêcha d'enfiler ses costumes, manifestement content d'ainsi se grimer et de faire pareille expéridition. C'était trop génial ! Roman enfila donc la tenue du parfait petit Gryffondor, mit la perruque mi-longue brune, et une fois ça fait, jeta son sac sur son épaule. Anna était juste méconnaissable comme ça, et pour lui, ça devait être pareil ! Dire que s'ils ne se faisaient pas attraper, ils auraient fait tout ça pour rien ! Ça vallait presque le coup d'aller se vendre à un préfet, tiens !

« Bon, on fait le point. Si tu te fais attraper, tu es Krystel Adamson, deuxième année à Gryffondor. Répète pour voir, comment ça sonne ? Quant à moi, je suis Thomas Wedding, 5ème année à Gryffondor aussi, pas de soucis. »

C'est bien, Anna maîtrisait bien, elle était parfaite ! Roman saurait qui engager, plus tard, pour repeindre ses murs pour une mission de ce genre là, c'était clair ! Une fois que les deux jeunes gens furent enfin prêts, Roman se retourna vers la porte, pour l'ouvrir, manifestement prêt à passer à l'action. Prêts, ils l'étaient depuis plus de deux mois.

Mais quand la main de Roman appuya sur la poignée pour ouvrir la porte, rien ne se passa. Le jeune Jones essaya de dévérouiller la porte avec sa main, impossible d'y parvenir. Flûte, ils étaient coincés ! Fichues vielles portes ! Et juste impossible de se servir d'un sortilège, puisque Roman savait que quand il jetait ce genre de sortilège, sa baguette prenait un malin plaisir à en éxagérer les effets. Autrement dit, Roman n'aurait pas vraiment dévérouilleé la porte, mais l'aurait plus projetée dans un vacarme assourdissant de l'autre côté de la pièce.

« Flûte, flûte, flûte, c'est coincé ! Et impossible de se servir de sa baguette, ça va faire trop de bruit. Bon, on va passer dessus, t'es prête ?! »

Roman et Anna n'en étaient pas à leurs premières acrobaties, qu'on se rassure. Quand Roman prenait son amie en expédition pour chasser du Peeves, ils faisaient bien pire. Enfin, peut être pas en contorsion après tout, mais en course, et cachettes, c'était sûr !

« Tiens, je te fais la courte échelle ! »

Roman joignit ses deux mains pour qu'Anna puisse y mettre un pied dedans, et quand ceci fut fait, Roman la hissa en hauteur. Et tout en chuchotant, Roman lui soufflait des indications.

« Voilààà... La jambe gauche en premier ! Et accroche-toi bien en haut de la porte, pour ne pas tomber ! Voilààà... Laisse toi glisser maintenant, et lâche ! »

Un professeur a un jour dit à Roman : "Avec Jones, pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ?"... On se pose encore la question...

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Annagovia hocha la tête d’un air soulagé lorsque Roman lui confirma que les quelques élèves qui s’étaient attardés dans le Hall étaient des Serdaigle. Certes, il était plutôt étonnant que de jeunes sorciers aussi affreusement sages et disciplinés (pour ne pas dire franchement ennuyeux) que les Aigles savaient l’être restassent à traîner dans les couloirs alors même que l’ordre avait été donné à toute l’école de regagner les différentes salles communes au plus vite, mais ce dernier point n’arrêta pas la Poufsouffle, d’ordinaire pourtant prompte à voir du mystère et du complot partout, outre mesure. Tout ce qui comptait pour le moment, bien plus que de savoir si les Serdaigle avaient, eux-aussi, un plan d’Halloween à exécuter (ce qui aurait été sacrément étonnant !), c’était qu’ils ne présentaient aucune menace pour les projets de Roman et d’Annagovia.

Déballant donc sans plus tarder, et d’une main un peu fébrile, les affaires cachées dans les toilettes le matin-même, la fillette étala robes et cravates aux couleurs de Gryffondor à même le sol, sans grand respect pour la maison à laquelle ils appartenaient. Ceci étant, les Lions n’étaient pas connus pour leur sens inné de la propreté. Un peu de saleté sur les uniformes les rendraient certainement bien plus crédibles que s’ils fleuraient bon la lessive. Elle se débarrassa elle-même en hâte des parties de son uniforme où le blason de Poufsouffle était cousu pour le troquer contre celui de Gryffondor. Elle n’était pas parvenue à trouver un uniforme à sa taille, à la laverie, et, ne pouvant s’y attarder trop longtemps de peur d’être surprise, elle avait opté pour une robe un peu trop grande, estimant qu’elle aurait au moins le mérite de dissimuler un peu plus tout trait distinctif susceptible de la trahir.

Une fois « costumée », et après avoir fourré ses affaires abandonnées dans son sac, la rouquine s’approcha de Roman pour qu’il lui fût possible de la maquiller. L’opération n’était, d’ailleurs, pas aisée ! Car Annagovia, tremblante d’excitation et très impatiente d’attaquer la phase suivante de l’opération, ne cessait de parler et, lorsque, par chance, il lui arrivait de se taire, elle esquissait des grimaces amusées qui laissaient clairement comprendre que la fillette, peu habituée au maquillage, trouvait très étrange qu’on lui en barbouille le visage (c’est que ça chatouillait drôlement, cette affaire !). Roman n’avait peut-être pas eu l’intention de la grimer de manière terrifiante, mais nul doute qu’avec un sujet aussi turbulent ses talents étaient mis à rude épreuve !

- Je peux prendre Choco, comme nom de code ? demanda-t-elle d’un ton enjoué, tandis que Roman mettait la touche finale à ce qui nous faudra bien appeler, faute d’un meilleur terme, maquillage, A cause des chocogrenouilles ? J’aimerais mieux prendre Helga, mais ça risque d’attirer les soupçons sur Poufsouffle, t’vois ! Note, Choco, ça ne ressemble pas trop à un prénom, rajouta-t-elle en fronçant le nez, autant parce que la poudre utilisée par Roman la gratouillait que parce qu’elle sentait que son nom de code n’était pas très convaincant.

D’un autre côté, son propre prénom ne sonnait lui-même pas très crédible… Mais si une erreur administrative s’expliquait parfaitement (à défaut de se pardonner) avec un prénom originel tel qu’Anna-Olivia, il était beaucoup plus difficile de trouver d’où le mystérieux « Choco » pouvait bien provenir.

- Bonsoir Monsieur Rusard ! Renchérit-elle toutefois sans se faire prier, Je suis Krystel Adamson, de Gryffondor ! précisa-t-elle avec le plus grand sérieux et en bombant le torse de manière à bien faire ressortir le Lion d’or qui ornait sa poitrine.

La fillette eut ensuite un petit hoquet lorsque Roman (ou plutôt Thomas Wedding), lui aussi dûment maquillé et vêtu, annonça qu’ils étaient prêts à passer à l’action. Un frisson d’anticipation lui remonta le long de l’échine et elle ne put s’empêcher de sautiller sur place. Sa joie fut cependant de courte durée !

*Hein ? Quoi ? Comment cela, c’est coincé ? Ah non ! On ne va quand même pas rester dans cette cabine toute la nuit, hein ?! Et le plan alors ? Hiiii ! C’est un complot, on veut nous empêcher de mettre notre plan à exécution… Et en plus je suis à moitié claustrophobe !* songea-t-elle en s’approchant de Roman, les sourcils froncés et l’air désespéré de voir leur si beau plan retardé bêtement.

Si Roman et Annagovia avaient eu l’esprit un peu plus pratique, ils auraient certainement songé à sortir leurs baguettes pour lancer un alohomora salvateur et, surtout, silencieux (à peine un léger « clic » lorsque la porte s’ouvrait…). Malheureusement, les deux compères, si doués lorsqu’il s’agissait de mettre au point une grosse bêtise, manquaient terriblement de sens commun pour régler efficacement les petits tracas du quotidien.

- Attends, je remonte ma robe, chuchota la fillette grosse dévergondée sans la moindre hésitation, tu crois que je vais pouvoir passer par-dessus ? Avec tout ce qu’on a mangé au banquet… Ouais, note, au pire, tu pousseras hein ! dit-elle avec désinvolture.

Sans plus attendre, la Poufsouffle entreprit de piétiner Roman et de lui écraser tous les doigts de se hisser jusqu’à l’ouverture supérieure de la porte avant de retomber triomphalement (quoique pas très souplement) de l’autre côté. Aha, libre ! Elle était libre ! Et euh…

- Roman ? Appela-t-elle d’une voix perplexe, il n’y a pas de loquet, à l’extérieur… Je veux dire, moi je suis dehors, mais je ne peux pas t’ouvrir, t’vois ! Tu vas faire comment pour sortir, du coup ? Tu veux que j’essaie de repasser pour te faire la courte échelle ? En montant sur la poubelle, ça devrait être possible… suggéra-t-elle naïvement.

Merlin, ils n’étaient pas sortis de l’auberge…

(939 mots)

Quand Annagovia énonça son nom de code, Roman se retint pour ne pas pouffer de rire. Choco ? D'un côté ça faisait un peu Poufsouffle, d'un autre c'était tordant. Pas très approprié à un nom de code donc, s'il vous faisait rire à chaque fois que vous l'énonciez ? Certes, mais ça plaisait à Roman et il ne se sentait à vrai dire pas de faire de la peine à Anna. A dire vrai , à part si elle avait choisit "Anna", "Govy" ou "Annagovia", Roman n'aurait rien refusé du tout, partant du principe que personne de toute manière, ne devrait entendre leurs noms de code. Après tout ils avaient déjà un nom de couverture et le nom de code ne devrait pas être utilisé très souvent, vu qu'ils allaient en principe parler peu souvent. Le seul inconvénient, c'était qu'ils trouvent des préfets, qui les reconnaissent. Là, ça aurait posé problème. C'est pour ça que Roman avait aussi eut l'idée de changer de voix, grace à une opération de chirurgie bénigne à son formidable don pour l'imitation.

« C'est parfait Choco, par-fait ! »

Choco Oui, pour bien refléter l'utilité du surnom dans ce topic, nous remplacerons tous les noms des personnages principaux par leur nom de code articula ensuite une phrase pour bien montrer qu'elle savait jouer. Elle savait jouer. C'était même, une excellente actrice ! On aurait dit à s'y méprendre une pure Gryffondor ! Autant dans l'assurance de la voix, que dans les mimiques et l'attitude. Excellent ! Cette petite finirait haut, je vous le dis, elle finirait très haut, même !

« Rhalala, t'es vraiment géniale ! Ça rend super bien, on dirait une PURE Gryffondor ce qui en soit n'est pas un compliment, hein. »

Indy fit ensuite monter Choco par dessus la porte et arriva à la faire passer derrière sans trop de soucis. Et comme il l'avait prévu, Indy n'avait personne pour lui faire la courte échelle. Pas grave, il pouvait très bien s'en sortir seul, mais visiblement ce n'était le cas de Choco, qui le sous-estimait largement. Comme s'il avait besoin de quelqu'un pour se sortir d'une situation aussi simplissime et aisée que celle-là, attendez, c'était un pro, lui !

« Rho, flûte, je suis coincé... Tant pis, vas-y sans moi, tu viendras me récupérer quand tu auras fini ! »

Un petit trait d'humour ne faisait pas de mal, nous en conviendrons. Indy était un as en la matière et ne s'en privait à vrai dire, pas souvent. Aussi ça dit, le Poufsouffle enfila son sac sur le dos, et sauta de toute ses forces sur la porte en s'accrochant tout en haut. Rien qu'à la force de ses bras, Indy monta le long de la porte et passa de l'autre côté sans trop de difficultés. Une fois qu'il eut sauté sur le sol, devant Choco, Indy sourit, content de lui. Elle était méconnaissable. Sa perruque blonde, sa peau blanche, son rouge à lèvre très rouge, et sa tenue de Gryffondor, Roman se sentait en face d'une lionne, une pure, une dure une nulle. Opération réussie, du moins pour le moment !

« Alors, on y va ? »

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- Quoi ? Y aller sans toi ! Mais… Roman… C’est totalement impossible ! Je n’ai aucun sens de l’orientation ! Soit on le fait ensemble, soit on… Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! s’exclama la fillette, d’une candeur louable, quand Indy décréta, avec un talent de comédien certain, qu’il ne pouvait pas sortir des toilettes.

Elle fut toutefois bien vite coupée dans ses protestations par le bond prodigieux que son comparse effectua pour atterrir de l’autre côté de la porte. Enthousiasmée par la prouesse de Roman (mais, aux yeux d’Anna, tout ce que faisait le jeune garçon était de nature quasi divine), la rouquine sautilla sur place en applaudissant bruyamment bravo la discrétion le Poufsouffle euh, Gryffondor, Gryffondor, pardon ! :

- Waouh, trop fort, Indy ! Tu peux le refaire que je vois bien comment on s’y prend ? Moi je n’y serais pas parvenue… Tu crois que j’aurais dû suivre un entraînement spécial de gymnaste, avant l’opération ? Des fois qu’il faudrait fuir Rusard en sautant du toit ou un truc du genre… rajouta-t-elle, en plissant le front d’un air préoccupé.

De toute évidence, son imagination venait, une fois de plus, de prendre le pas sur la raison. Car il était peu probable, alors qu’ils s’apprêtaient à sévir dans les sous-sols de l’école, qu’une course poursuite avec le concierge les conduise jusqu’aux toits de l’école ! Déjà parce que Rusard serait mort d’un arrêt cardiaque avant d’avoir atteint le cinquième étage, alors la tour d’astronomie, on n’en parle même pas.

*Mais en même temps, si on est surpris, on ne pourra pas courir se réfugier dans la salle commune, parce qu’alors, tout le monde saura que c’est un coup de Poufsouffle !* poursuivit-elle toutefois, non sans sagesse, en son fort intérieur.

S’ils avaient pris la peine de perdre toute dignité se déguiser en Gryffondor, ce n’était pas pour que Chourave vienne leur annoncer, le lendemain matin, que tout Poufsouffle écopait d’une retenue pour cause de vandalisme, et faute de coupables désignés avec assurance.

*Ouaaaaiiiis mais en même temps, j’étais super fortiche, en saut en hauteur, à l’école ! Alors ça devrait aller sans problème !* se rassura-t-elle presque aussitôt en haussant les épaules en un geste désinvolte.

Ayant refoulé ses quelques appréhensions en ce qui concernait sa souplesse, la jeune sorcière se dirigea d’un pas prudent qu’elle qualifiait, par devers elle, de « furtif » (*Hiiiii ! Comme dans les films d’espionnage ! *) vers la porte, qu’elle entrouvrit légèrement, juste assez pour lancer un coup d’œil à l’extérieur. Parfait ! Le couloir, plongé dans l’obscurité et le silence, était désert.
Bien entendu, Annagovia n’omit pas de lorgner les plinthes qui longeaient les murs, des fois que Miss Teigne ne rôderait dans les parages… Fort heureusement, l’irascible animal de Rusard était parti chasser les souris (ou, à défaut, les élèves bafouant le règlement sans vergogne) ailleurs. Anna esquissa un sourire joyeux et, tournant la tête en direction de Roman, chuchota, une lueur malicieuse dans les yeux :

- C’est bon, la voie est libre !

Han ! « La voie est libre ! » : trop cool, ça sonnait comme dans un James Bond ! Annagovia, très contente et pas peu fière de la petite expédition qu’ils avaient mis au point, se glissa dans le couloir, suivie de près par Indy. Direction ? Ben euh…

- La vache, fait vachement noir, là ! C’est pas où le Grand Hall, déjà ? T’as une carte ? lâcha-t-elle dans un souffle.

(575 mots)

Franchement, Choco l'avait cru ? Oui, en même temps c'était normal, il était plutôt bon acteur et il fallait surtout savoir, que Choco était particulièrement influençable et naïve, il n'y avait donc rien de surprenant. Puis même si Indy avait été bloqué dans une quelconque situation, il n'aurait jamais envoyé Choco seule au casse-pipe, c'était loin d'être son style, croyez-le bien ! Donc juste avant de grimper à la porte, Indy lança, donc d'un ton décontracté et discret :

« Je rigole ! »

Et hop, il apparut devant la jeune fille. Pas question de faire trop de bruits, il ne voulait surtout pas, tout faire capoter ! D'ailleurs ils devraient attendre un peu, tous les deux, que tout le monde rejoigne bien sa salle commune. Ils avait déjà bien prit du temps pour s'habiller mais mieux vallait être prudent, il ne fallait pas qu'ils se fassent découvrir par d'éventuels retardataires, ça aurait été le ponpon. Quoiqu'ils avaient déjà quitté la grande salle assez tard, pour un simple repas (c'était un banquet, mais bon), les préfets avaient donc du insister pour faire rentrer ce beau monde vite fait bien fait dans leur salle commune.

« Ben disons que je l'aurai bien fait une nouvelle fois juste pour t'épater, mais ça sera pour une autre fois, là, on a plus urgent à faire ! Et pour ce qui est de fuir Rusard dans le château, crois-moi, il y'a bien plus efficace que monter sur les toits ! »

Et ils partirent enfin. Indy jeta un dernier regard dans le miroir, et vérifia que tout allait bien sur lui. Il était méconnaissable, en fait et ferait tout dans son attitude pour ne pas qu'on le reconnaisse. Genre il serait beaucoup plus calme, plus sûr de lui et essayerait de changer un peu sa voix, dans le cas où bien sûr, quelquu'n les attraperait.

Indy sortit donc des toilettes des filles derrière Choco et vit que le couloir était parfaitement vide. Parfait. Surtout que l'avantage de voyager sans baguettes allumées, était que d'un, on ne se faisait pas remarquer, de deux, on pouvait s'habituder à l'obscurité et donc y voir beaucoup mieux par la suite, et de trois, on voyait les lumières de préfets ou de Rusard, arriver sans trop de mal. Et oui, les préfets ne pensaient pas à ça, Indy, si !

« Par là... Attends, tu me suis et dès que je lève mon bras, tu t'arrêtes immédiatement et tu te colles au mur. »

Mais laisser passer son amie passer devant, inquiétait Indy. Il voulait la protéger dans cette situation et se faisait malgré tout – sans le montrer – un peu de soucis pour la 2ème année. Elle était jeune, très influençable et le 5ème année des jaunes et noirs ne voulait pas qu'elle risque une quelconque punition, ça aurait été bien trop dur pour lui. Au fond, il voulait la surprotéger, ça c'était sûr.

« J'ai une meilleure idée, je pars en éclaireur à chaque coin de couloir et je te fais signe quand tu peux me rejoindre, t'es ok ?! »

Ça au moins, c'était un bon plan. Elle protégeait ses arrières, et en même temps, elle ne risquait rien et pouvait fuir en cas de danger, PARFAIT, donc !

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VAMPIRE

Choco la super aventurière trottinait vaillamment dans les couloirs, prenant grand soin de couler un oeil prudent à chaque bifurcation pour s'assurer que la voie était libre. Cette précaution n'était peut-être pas nécessaire : le silence qui régnait dans le château était tel que, si quelqu'un avait approché, Roman et Annagovia aurait entendu sans peine le bruit de ses souliers sur le sol pavé sauf, bien entendu, s'il s'était agi de Miss Teigne qui, elle, ne porte pas encore de chaussures. La fillette tenait pourtant à observer scrupuleusement ce petit rituel à tous les tournants et à ce rythme là, ils seraient encore au rez-de-chaussée dans trois heures : elle avait déniché cette technique dans les films d'espionnage dont, enfant, elle s'était littéralement abreuvée, de sorte qu'elle était intimement convaincue qu'il s'agissait là d'une règle de super espion à appliquer rigoureusement si on voulait réussir sa mission impossible.

* En plus,* songea-t-elle joyeusement en descendant la volée de marches qui menait aux entrailles du château * nous, on a un gros avantage, avec les baguettes ! Bon, je ne connais pas encore beaucoup de maléfices, mais au pire, je peux toujours l'enfoncer dans l'oeil d'un agresseur ! *

Après tout, un ennemi aveuglé était un ennemi neutralisé. Enfin, suffisamment longtemps pour qu'ils puissent se carapater, en tout cas. La petite en était là de ses pensées lorsque que Roman qui visiblement n'appréciait pas de ne pas pouvoir jouer, lui aussi, les super espions lorgneurs de coin de couloir suggéra qu'ils échangeassent le subjonctif imparfait, tout un poème les rôles. Annagovia, enfant conciliante de nature et, surtout, vouant un véritable culte à Roman tout ce qu'il dit est sacré, hocha la tête en signe d'assentiment, avant de chuchoter :

- En fait le mieux, ce serait qu'on avance dos-à-dos, non ? Comme ça, paaaaf, toi tu t'occupes de ce qui se passe devant et moi je surveille nos arrières !

Une idée, certes, intéressante, mais malheureusement peu pratique. Le moindre escalier serait un véritable piège pour Annagovia, si elle marchait à reculons, et Roman n'avait probablement aucune envie d'aller toquer à la porte de l'infirmerie en soutenant une Poufsouffle à la rotule explosée. Madame Pomfresh ne posait peut-être pas beaucoup de questions, mais elle ne manquerait pas de remarquer leurs visages grimés, leurs uniformes de Gryffondor et leurs perruques. Et ils ne se tireraient sans doute pas de ce guêpier sur une pirouette du style : "Non mais si, juré, M'dame ! On était dans la salle commune ! Si on est déguisé, c'est juste pour Halloween... Ah si ! Les Gryffondor sont des créatures vachement effrayantes, excusez-moi, mais moi, je tremble quand j'en croise un dans les couloirs ! Comment Anna s'est pété la rotule ? Ben euuh... Elle est tombée dans les escaliers ! Ah ? Il n'y a pas d'escalier à Poufsouffle ? Euh, beeen... Halàlà, c'est fou ce qu'on peut trouver comme bazar dans cette salle commune, hein ! J'vais aller demander de ce pas aux préfètes ce que cet escalier fichait chez nous, alors !".

Marchant donc désormais à la suite de Roman, mais sans se livrer à aucune acrobatie du type "Houlàlàlà, je me dévisse le cou pour essayer de voir ce qui se passe derrière mais sans perdre de vue ce qui se trame devant..." alors petit jeu pour ceux qui suivent : que désigne le "devant" que désigne le "derrière" pour Annagovia ? Question subsidiaire : pourquoi le strike est-il la vie ?, la rouquine suivit les instructions muettes qu'il lui donnait et manqua au moins trois fois de recevoir son bras dans la figure au fur et à mesure qu'ils avançaient. Lorsqu'ils eurent dépassé le tableau de Gork le divin jouant de la lyre, Anna sentit son coeur battre la chamade : dans quelques mètres, ils auraient atteint leur destination finale... L'entrée secrète de la salle commune des Serpentard. Coucou, c'est nous !

L'idée d'Annagovia n'était pas la meilleure du siècle mais Roman n'eut pas l'occasion de le lui faire savoir étant donné qu'il entendit un bruit juste à se moment là. Il se tourna donc rapidemment et mis un doigt sur ses lèvres pour faire taire la jeune fille. Après s'être immobilisés, Roman resta attentif pour enfin tirer comme conclusion qu'il devait s'agir d'un des tableaux du château qui avait bougé.

Les deux jeunes se remirent en marche et Roman ne parla plus du tout. Annagovia aussi. Ils descendirent d'un étage puis encore un et arrivèrent enfin aux cachots. Roman savait l'emplacement de la salle commune des Serpentard, pour en avoir pisté un un jour, et l'avoir vu y rentrer. Ils n'avaient pas besoin du mot de passe, mais juste d'une bonne prière qui ferait que personne ne sorte de la salle sinon là, éhé, bonjour madame la préfète, non non nous ne sommes pas en train de peindre votre porte ou n'y entre. Prions Merlin et Helga réunis, ce soir, parce qu'on en aura grandement besoin !

Les deux jeunes arrivèrent enfin devant la salle commune des Serpentard et Roman sortit immédiatement ses affaires. GO GO GO, ils allaient tout déchirer ! Roman posa son sac à terre et sortit les pots de peinture rouge. Il sortit aussi les pinceaux, et en tendit un à Annagovia. Roman lui fit signe de se dépêcher sans parler (ils étaient à côté de la salle commune) et commença à peindre la porte lui aussi. De mouvements rapides, Roman essayait d'étaler un maximum de peinture sur toute la surface de la porte et Anna faisait de même.

« Vite, vite, vite ! »

Roman se rendit compte que si quelqu'un voulait sortir de la salle commune des Serpentard, il tombera directement sur eux. Manifestement inquiet de ça (disons qu'éviter de se faire voir de quelqu'un situé à un mètre devant est plus dur que quelqu'un situé à l'autre boût du couloir), Roman paniqua, et demanda à Anna de se reculer.

Il prit ensuite le pot de peinture et lança son contenu directement sur la porte et son contour. Paf, au moins, pas de scrupules.

Roman jeta un regard à Anna, lui sourit, et rangea tout ça dans son sac à dos. Et histoire de ne pas faire les choses à moitié, le Poufsouffle sortit sa baguette, et jeta un maléfice de glue perpétuelle sur la porte. Paf, avec ça, ces glandus de Serpentard allaient bien savourer ! Aha !

Roman sourit une nouvelle fois à Anna, et lui fit signe que c'était bon. Roman commença donc à partir en courant, parce que quand même, ça aurait été con de se faire attraper maintenant.

(Terminé pour Roman)

Là où l'on voyait que Roman et Annagovia étaient vraiment une paire de gentils boulets, c'était qu'ils avaient pris la peine de traîner des pots de peinture à travers le château, au lieu de se renseigner bêtement sur les sortilèges qui pouvaient remplacer l'utilisation de tels artefacts. Après tout, d'une baguette magique pouvaient bien jaillir des fontaines d'eau ou des geysers de vin pratique pour la sauterie de fin d'année, alors un peu de peinture rouge de plus ou de moins... On aurait pu penser que, même avec des pots de peinture, ils auraient trouvé le moyen de se servir de la magie pour l'étaler, mais là encore, on aurait largement sous-estimé le talent des deux Poufsouffle pour se compliquer la vie. Pourquoi, en effet, faire usage d'un wingardium leviosa pour soulever le pinceau et lui imposer les mouvements que l'on souhaitait, quand on pouvait se coller de la peinture plein les mains ?

Et encore, les mains, c'était gentil. Car Annagovia, qui s'en donnait, certes, à coeur joie, mais qui n'en restait pas moins une incroyable maladroite, et dont l'enthousiasme n'avait d'égale que la ferveur de ses coups de pinceaux, avait de la peinture jusque sur le bout du nez. Si quelques Poufsouffle traînaient encore dans la salle commune à leur retour, ils ne manqueraient pas à le remarquer et alors, gare aux délateurs potentiels ! La confiance règne à Poufsouffle, mais quand on sait que certains sortent avec des Serpentard... En réalité, il fut probablement heureux que Roman songeât à écarter Annagovia pour carrément lancer son pot de peinture contre l'entrée secrète, car, au rythme auquel elle était partie, la fillette n'aurait certainement pas tardé à avoir les souliers imbibés de rouge vif. La tâche de Rusard aurait alors été drôlement simplifiée ! Il n'aurait eu qu'à suivre les traces de pas pour découvrir que des Poufsouffle étaient à l'origine de tout ce joyeux fourbi !

* Haaaan ! Trop cool, de lancer toute la peinture d'un coup ! * songea-t-elle, les yeux brillant d'excitation et les joues rosies * Allez, paf ! Même pas peur, on y va, on est trop des sauvages ! * rajouta-t-elle mentalement, visiblement aux anges, en saisissant à son tour son pot de peinture.

Avec un sourire carnassier, Annagovia prit son élan, et, tirant la langue sous l'effet de la concentration c'est qu'il fallait bien viser !, envoya tout ce qui lui restait de liquide contre l'entrée. La peinture décrivit une courbe gracieuse dans les airs avant d'atterrir dans un "splasch" peu discret sur le pan de mur qui abritait la salle commune de Serpentard aux regards des simples mortels. Toute émoustillée par cet acte de bravoure, Annagovia resta un instant figée sur place, les yeux fixée sur la peinture qui maculait le mur et qui dégoulinait, lentement mais sûrement. D'ici quelques minutes, les premières gouttes auraient atteint le sol où elles formeraient une mare écarlate.

- Ils vont avoir une sacrée surprise, demain... Chuchota-t-elle, plus pour elle même que pour Roman.

Elle fronça les sourcils, secoua la tête, comme pour se sortir de sa rêverie, avant d'adresser un sourire candide à Roman, qui rangeait déjà tout leur matériel. A son tour, elle s'empressa de ramasser son sac (traîner dans les couloirs après le couvre-feu était déjà risqué, mais y traîner après que l'entrée secrète d'une salle commune ait été dégradée, c'était suicidaire !), et emboîta en hâte le pas à son ami, non sans avoir lancé un dernier coup d'oeil à leur oeuvre... A présent, elle était impatiente de savoir ce que les Serpentard diraient en constatant les dégâts, le lendemain matin...

(Terminé pour Anna)