Les enfants qu'on abandonne se retrouvent seuls dans un monde inconnu qui étend ses ombres atroces vers eux.
Ils tentent de fuir mais il est toujours trop tard, il y a toujours l'invisible pouvoir qui les empêche de vivre heureux.
Elle avait l'impression d'être constamment suivie par d'épouvantables oiseaux noirs. Elle sentait leurs regards vides, sans pupille, sans iris, sans blanc d'œil. Elle entendait le froissement de leurs ailes. Mais, lorsqu'elle se retournait, nulle trace d'aucun volatile. Depuis qu'elle était à Taliesin, l'impression ne disparaissait jamais, elle savait qu'ils l'épiaient depuis ses cauchemars jusqu'à ses cours, jusque dans la bibliothèques. Les oiseaux noirs étaient toujours là.
Fondamentalement, Alaska avait envie d'être normale. Non pas au sens des moldus - elle n'aurait abandonné ses pouvoirs sous aucun prétexte, par aucune menace - au sens des Hommes. Elle aurait voulu un coeur pur, de bonnes intentions. Mais les oiseaux noirs étaient toujours là, et, lorsqu'ils parlaient, ils la persuadaient d'être mauvaise. Tiraillée entre la récompense du bien et la facilité, l'excitation du mal, elle errait, prêtant attention à tout ce qui pourrait lui montrer la bonne voie. Mais jusque là, seuls les oiseaux noirs prenaient place en elle pour la persuader.
*Sans mal, pas de bien...*
Que cela paraissait trivial, mais pour elle, cela avait un sens bien plus profond et cachait plus qu'une simple idée de relativité : faire le mal revenait à faire le bien et donc mêlait excitation, facilité, et récompense morale. Ces idées lui étaient étrangères, elle était incapable de penser ça par elle-même, elle ne savait même pas d'où ces idées lui venaient.
Elle s'assit distraitement sur le premier fauteuil à disposition. Le regard dans le vide. Pourtant ses yeux accrochèrent sur un ouvrage juste devant elle, comme posé là, entre le hasard, la coïncidence et le fait exprès. Elle lu à voix haute :
- The Black Birds Syndrom : De ces enfants qu'on abandonne.